La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)
Chapitre 9
La situation explose
Les jours passèrent dans la Terre des Illusions, et Olivier n’était pas parvenu à convaincre Reimu, Remilia et Eirin du danger qui planait. Désespéré de ne pas parvenir à les convaincre d’intervenir, il finit par s’isoler du reste du monde pendant quelques jours, avant de décider de réapparaître. Durant ce laps de temps, il n’avait cessé de réfléchir sur ce qu’il devrait faire. Il hésitait entre suivre son cœur, et devoir « jouer le rôle » de héros, qu’aurait immédiatement endossé son ami Tom, et suivre sa propre nature, ce que sa cervelle lui disait de faire, se tenir à l’écart de ces affaires qui le dépassait. Quand il réapparut aux yeux de la Terre Illusoire, il avait finalement décidé de s’imposer, et à défaut de convaincre, d’y aller lui-même résoudre l’incident.
Cependant, ces quelques jours de réflexions furent ceux de trop.
Il découvrit un Gensokyo en proie à des montées de tensions extrêmement violentes. Partout, des sortes de clans se formèrent, centrées sur des figures centrales. Ces clans n’étaient rien de plus que l’expression la plus violente des différentes localisations et de leurs habitants.
Ce jour-là, tous attendirent la réponse de Reimu afin de résoudre ce désordre ambiant. Olivier se pressa afin d’y assister et de savoir ce qu’elle comptait faire pour remédier à ces conflits. Ce qu’il l’entendit le fit frémir.
« Habitant de Gensokyo, je sais bien que vous ne faites plus que vous engueuler en permanence, vous menaçant toujours plus. Vous attendez une réponse de ma part. La voilà ! Si vous êtes si agités, vous notamment, Yokais, c’est qu’un très puissant artefact magique s’est réveillé dans les ruines de l’ancien palais. Afin de résoudre les tensions qu’occasionne cet objet, j’ai décidé que, dans précisément 21 jours, un tournoi sera organisé ! Tout le monde peut y participer, pour se représenter ou représenter quelqu’un. Le gagnant de la compétition deviendra le propriétaire de ce puissant artefact. Ainsi, après cela, les tensions causées par celui-ci cesseront ! »
Olivier tomba dénue. Il se demanda qu’elle fût ce mystérieux objet que Reimu parlait, et comment elle pouvait en connaître l’existence. De plus, il s’inquiéta du tempérament, particulièrement violent et virulent de Reimu, comme de l’ensemble des présents à l’assemblée. Ils semblaient avoir été corrompus par le même mal qui se trouvait contenu dans la montagne, il y avait de cela quelques jours. Il se rendit compte que son désespoir et son isolement temporaire avaient permis à la menace de s’étendre à tout Gensokyo. Essayant de reprendre son calme, il tenta de raisonner et de trouver une solution. Il se disait que l’objet était un objet hanté par cet esprit maléfique extrêmement puissant et corruptif qui pouvait être son ancien ami, Tom.
– À moins que… murmura-t-il en songeant à une autre hypothèse bien différente.
– Moi, Sakuya Izayoi, je me présente pour représenter mademoiselle Scarlet, du clan Scarlet, dit la susnommée en levant bien haut le bras et en forçant sur sa voix avec insistance et sur un ton bien inquiétant.
– La vampire ne posera pas ses sales griffes sur l’objet. Moi, Reisen, du clan Eientei, je me battrai pour obtenir ce précieux présent pour l’offrir à la princesse Houraisan, rétorqua une autre voix.
– Nul Yokais n’emportera ce puissant pouvoir ! Au nom des Humains de Gensokyo, moi, Toyosatomimi no Miko, je l’obtiendrais !
– Pour maîtresse Saigyouji, je me battrai et je gagnerai.
– Pour la Montagne, et pour le sanctuaire de maîtresse Yasaka et de maitresse Moriya, j’obtiendrai la victoire.
– Pour les Enfers, moi, Yuugi, et le corbeau de dame Komeiji, on gagnera !
Rapidement, les cris et les oppositions se firent de plus en plus forts avant que chaque clan ne se disperse. Olivier se retrouva alors rapidement seul sur les marches du sanctuaire, encore hagard par ce qu’il se passait. Il avait l’impression d’être dans un mauvais rêve et souhaitait autant que possible sortir de celui-ci. Là, une main se posa sur son épaule, c’était Reimu. Son expression était d’une neutralité effrayante.
– Tu vas participer au tournoi ?
– De… le tournoi…
– Oui, celui pour l’objet de pouvoir… et de contrôle.
– De quoi tu parles ? marmonna Olivier de plus en plus inquiet, alors que la main de la prêtresse se serait de plus en plus sur son épaule.
– Tu vas le faire oui ou non ?!
– Reimu, calme-toi un peu. Ton esprit est manipulé par cet objet… commença-t-il avant de se faire empoigner et être obligé de se relever.
– Si tu veux qu’on règle ça, vient dans mon sanctuaire tout de suite !
Sur ces mots, elle le lâcha, se retourna et monta les marches en lui faisant signe de la suivre. Il s’exécuta, redoutant un affrontement contre elle. Ils traversèrent rapidement la cour et elle ouvrit une porte coulissante, le fit rentrer avant de l’inviter à s’asseoir à une table basse japonaise. Elle le laissa quelques minutes, pendant lesquelles il s’angoissa, tout en se demandant ce que voulait Reimu pour l’avoir invité jusqu’ici. Au bout d’un moment, elle revint, profondément affaiblit. Elle s’assit à côté de lui. Olivier lui demanda ce qu’il n’allait pas. D’une voix presque intangible, elle lui parla.
– Olivier, tu vas t’inscrire au tournoi, et le gagner…
– Mais… pourquoi ?
– Tu dois le faire… pour… nous…
À cet instant, elle s’effondra sur la table. Le jeune homme inquiet, se leva rapidement et alla la voir. Il se rendit compte qu’elle s’était endormie. Cela le dépassait et il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer, et cette étrange demande, presque comme une supplication. Il quitta rapidement les lieux et respira un bon coup avant de foncer voir comment allait Rika, afin de vérifier si elle allait bien.
En arrivant devant chez elle, il découvrit la porte entrouverte. Mort d’inquiétude, il l’enfonça et l’appela, sans qu’aucune réponse ne lui parvienne. À cet instant, il se prit un puissant cou à l’arrière de la tête et s’effondra au sol.
Quand il se réveilla quelques heures plus tard, il était allongé dans un vieux canapé troué de partout, une poche de glace à l’arrière du crâne, lui servant d’oreiller. Il se plaignit de douleurs avant de voir quelqu’un arriver près de lui, c’était Rika. Elle est à la fois soulagée de voir qu’il allait bien mais également furieuse contre lui. Olivier le voyait très bien au travers des yeux marron de sa petite amie. Elle posa sa main sur son front et s’excusa mollement, alors qu’elle tenait toujours une clé à molette dans l’autre main, comme si elle était prête à de nouveau le frapper avec.
Dans un instant de réflexion, il se releva, se saisit d’elle et la « désarma ». Sur le coup, il vit qu’elle ne comprenait pas ce qu’il venait de faire, et lui demanda de la relâcher et d’aller se rallonger dans le canapé. Olivier s’excusa en le faisant, prétextant qu’il croyait qu’elle comptait l’achever avec l’outil qu’elle tenait en main, craignant qu’elle soit elle aussi corrompue par ce mal hantant désormais tout Gensokyo. Il vit que cela l’amusa légèrement.
– Comment cela se fait que tu ne sois pas changée ? lui demanda Olivier.
– D’après ce que j’ai vu, plus la personne est considérée comme « faible », moins l’influence marche. Et puis, je n’ai qu’une obsession, me venger de Reimu. Il n’y a pas pour d’autres mauvaises pensées. D’ailleurs, j’ai bien vu ce qu’il s’est passé dernière, au contraire de toi, dit-elle avec un ton sarcastique.
– Je…
– Ce n’est pas parce que tu sens que tu as échoué à démontrer à cette fainéante de prêtresse que tu n’as pas le droit d’intervenir par toi-même et de sauver la situation. Tu es un héros oui ou non ?!
– Je ne suis pas assez puissant pour pouvoir les vaincre, expliqua Olivier avec une voix douloureuse, comme si annoncer cela lui arracherait la gorge.
– Toujours la même excuse.
– Si tu y tiens tant… je n’ai qu’à réparer les pots cassés. Je vais m’inscrire au tournoi.
Face à cette soudaine réponse d’Olivier, l’atelier fut plongé dans un profond silence, alors que Rika s’assit à côté de son amant avant d’inspirer profondément et se concentrer sur ce qu’elle allait lui répondre.
– Mais cela ne va pas bien dans ta tête ?!
– Tu m’as dit d’aller m’en occuper ! rétorqua le jeune homme avec une voix plus forte que celle de sa chérie.
– Oui ! Au moment où ce n’était que la montagne qui n’était qu’en jeu ! Tu te rends compte que ce tournoi verra les plus puissantes personnes de la Terre des Illusions s’affronter pour cet objet ?! J’ai réussi à t’assommer, tu crois vraiment pouvoir faire face à qui dans ces conditions ?!
– De toute façon, je dois le faire.
– C’est trop tard !
– Rien n’est trop tard si on est prêt à se battre !
– Toi, te battre ?! Pour le simple fait d’avoir échoué ton investigation, t’es allé te morfondre pendant des jours. La mort de Tom t’a ramolli ! lança-t-elle avant de se rendre compte qu’elle était peut-être allée dans ses propos.
– C’est possible… mais… dans un sens… c’est l’occasion de me racheter auprès de lui. En sauvant Gensokyo, je pourrais…
Avant d’avoir pu terminer sa phrase, il se prit une claque de Rika dont l’expression du visage mêlait colère et tristesse. Après s’être frotté la joue, il tendit le bras vers elle, qu’elle repoussa d’un revers du sien.
– Ma chérie…
– Ne me parle pas.
– Rika. Tu sais bien que quelqu’un doit sauver la situation. Et cette fois, Reimu est devenue une « méchante ». Et Tom n’est pas là pour sauver la situation.
– Et donc, tu proposes de te suicider dans une mission impossible ?
– Sauver Gensokyo de Tom lorsqu’il était devenu tyrannique, c’était aussi mission impossible. Me reconstruire après la perte de mon bras et la disparation de Tom, c’était aussi mission impossible. T’empêcher d’attaquer le Sanctuaire Hakurei à plusieurs reprises, c’était aussi mission impossible.
– Pour ce dernier point, c’est certain…
– Rika. J’aurais besoin de toi pour m’aider, ne m’abandonne pas dans cette mission.
La jeune ingénieure ne répondit pas et se leva du fauteuil avant de marcher vers un coin assez sombre de la pièce. Là, dans la pénombre, il la vit se baisser et sortir quelque chose cachée dans un morceau de tissu. Sans se retourner, elle s’adressa d’un ton sûr à Olivier.
– Tu peux me promettre quelque chose ?
– Cela dépendra. Si c’est pour me dissuader d’aller participer à ce tournoi, ce n’est pas la peine d’espérer.
– Non, ce n’est pas ça.
– Qu’est-ce alors ?
– Tu me promets de revenir en vie ?
– Si cela peut te faire plaisir. Je te promets de revenir en vie.
– Et de venir d’installer définitivement avec moi ?
– Je te le promets aussi.
– Dans ce cas… va t’entraîner comme jamais, je veux que dans vingt jours, tu sois devenu un véritable héros. Pendant ce temps, je te préparais quelques petites choses qui pourraient t’être utiles.
– Je le ferais, ma chérie.