La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)

Chapitre 8 : L'inquiétude grandit

2094 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/09/2025 21:42

Chapitre 8

L'inquiétude grandit

 

Le soleil avait déjà disparu derrière l’horizon quand il rentra dans son « chez lui ». Il jeta ses affaires sur un canapé et s’attabla sur son bureau, posa son holster et son revoler dans un coin du meuble. Il tira un tiroir et prit un tas de papier. Il s’empara d’un encrier et d’un stylo et commença à écrire frénétiquement. Les feuilles griffonnées s’accumulèrent rapidement. Puis, il s’arrêta, s’enfonça dans son fauteuil en bois qui grinça légèrement.

En se redressant, il posa le stylo et relut ses notes, se souvenant des comportements hostiles, agressifs, voire effrayants de Momiji et de Nitori. Il se remémorait sans cesse aux paroles de Mamizou. Il ne pouvait s’empêcher de se de se souvenir de la dangerosité des ruines.

L’ensemble de ces éléments mit bout à bout ne le laissait pas sans réaction. Il voyait bien que la menace qui habitait ces ruines était réelle et particulièrement active, répandant son influence déjà sur l’ensemble de la montagne, et bientôt, sur toute la Terre des Illusions. Il savait bien que les accusations d’une menace sur la montagne se devaient être étayées par des éléments solides et probants, avant de persuader les bonnes personnes d’agir. Hélas, il n’avait que quelques témoignages et ressentis personnels. Olivier ne se doutait trop bien que Reimu était au courant du fait que les ruines en haut de la montagne fussent hantées. Cependant, cela ne justifierait pas à ses yeux son intervention, d’autant plus qu’il savait très bien qu’elle mettrait sur le dos du Sanctuaire Moriya de s’occuper de cette histoire.

 

Le jeune homme, désespéré de n’avoir récupéré aucune preuve, était à côté dans cette sorte de grand hangar, la demeure de Rika, son « chez lui », quand il se décidait d’habiter quelque part. Sortant de son coin « bureau », une petite dépendance en briques et métal, adossé à la structure principale, il marcha vers la porte d’entrée et frappa dessus à deux reprises la main fermée. Quelques secondes plus tard, on lui ouvrit. C’était Rika. Celle-ci, heureuse de le voir, prit Olivier dans les bras et l’invita à entrer.

Une fois à l’intérieur, celle-ci lui demanda de se retourner, ce qu’il fit. Face à lui, se tenait cette jeune femme, pleine d’énergie, aux cheveux marron mi-long dont deux nattes descendaient jusqu’au milieu du dos, et dont les yeux marron fixaient le jeune homme avec intérêt.

Olivier se demanda pourquoi sa petite amie paraissait aussi enjouée de le voir ce soir-là. Le regard de celle-ci sembla alors rapidement dirigé vers le grand établi qui d’ordinaire était envahi de toute sorte de choses. Or, quand il posa son regard sur celui-ci, il ne vit qu’un plat comportant une tarte. Il lui demanda pour quelle raison il y avait cela sur cette table. Rika soupira alors, semblant désespérée de voir qu’Olivier n’avait pas compris. Elle lui prit les deux mains et lui répondit qu’il s’agissait d’un plat qu’elle avait préparé pour eux, à l’occasion de l’anniversaire de leur première rencontre en Gensokyo. Sur le coup, il avoua qu’il avait oublié qu’il s’agissait de cette date-là. Il expliqua qu’il avait tellement réfléchit sur son enquête qu’il avait oublié le reste. Elle se retint de s’énerver, faisant légèrement la moue, avant de se détendre, lui prenant la main et l’invitant et manger son plat en amoureux.

 

Il ne fallut qu’une poignée de minutes avant que lui et elle ne se retrouvent autour d’une table, en train de déguster la tarte. Olivier fut invité par sa petite amie à goûter son œuvre le premier. Il prit alors une bouchée et la mangea. Il ne parvint pas à en déterminer le goût et l’avala le plus rapidement possible, essayant de réduire le plus possible ce goût désagréable en bouche. Rika l’interrogea avec joie sur son dessert. Gêné, il bafouilla avant de lui prendre un petit morceau de la tarte et de lui faire goûter. Il ne fallut guère longtemps avant que l’expression de joie de la mécanicienne ne se transforme. Elle tenta malgré tout de cacher son dégoût pour son échec cuisant, voyant qu’Olivier la fixait avec insistance. Elle finit par avaler le morceau et soupira. L’humain se releva, se pencha au-dessus de la table et embrassa sa tendre sur le front.

 

– Ce n’est pas grave que tu te sois plantée sur le gâteau, c’est ton intention qui me touche le plus. Je ne pourrais pas rêver de plus précieuse femme que toi, ma chérie, affirma Olivier à voix basse à l’oreille de Rika après lui avoir embrassé le front.

– Olivier… je t’aime, répondit-elle, la voix noyée d’émotions.

 

Olivier se redressa puis s’excusa de s’absenter avant de monter à l’étage, dans leur chambre. Une fois dans celle-ci, il s’assit sur le lit et y posa l’ensemble des notes et des quelques photos qu’il avait prises. Il tourna sans cesse cet étrange appareil, conçu par Rika d’après des modèles du Monde extérieur. Un étrange objet qui ressemblait à des modèles d’appareil photographique instantané. Il se souvenait encore et toujours des étranges comportements des habitantes de la montagne. Il prit alors la photo qu’il avait prise juste avant de définitivement quitter les ruines et se plongea dans une intense réflexion tout en la regardant fixement. Il pensait avec une grande gravité. Il connaissait cette aura, une aura extrêmement puissante et maléfique. Cependant, il ne parvenait pas à mettre un nom dessus. C’était comme s’il manquait une pièce dans sa mémoire, une pièce qu’on lui avait retirée.

Englouti dans ses pensées, il n’entendit pas la porte s’ouvrir et ne vit Rika qu’au moment où elle s’assit à côté de lui. Il tourna le regard sur le côté, là où se trouvait celle qu’il aimait. Sur son visage, il y lisait l’inquiétude.

 

– Mon chéri, tu sais, je ne suis pas du genre à te demander ce que tu fais constamment. Mais là, je m’inquiète pour toi. Tu peux me dire ce qui te tracasse à ce point ? demanda-t-elle avec une voix hésitante et remplit d’angoisse.

– Rika… sur la montagne… il y a quelque chose de très dangereux, je le sais ! Je n’arrive pas à mettre un nom dessus mais je le connais.

– Tom… murmura la maîtresse d’esprits.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– J’en connais un rayon sur les esprits et spectres. Il serait possible que l’esprit si puissant et maléfique soit… Tom.

– Mais… c’est impossible ! s’insurgea Olivier en se levant avec violence. Tom était un homme bien ! Il s’est sacrifié pour sauver ce monde ! Comment oses-tu dire que c’est un esprit maléfique ?!

– Ce n’est qu’une possibilité… dit-elle l’air attristée après avoir été légèrement effrayée par la réaction violente d’Olivier.

– Je… je suis désolé… dit-il en se rasseyant à côté d’elle.

– Ce n’est rien, mon chéri. C’était ton meilleur ami, dit-elle en lui caressant le bras gauche.

– Tu crois qu’il aurait pu devenir un esprit maléfique et hanter ces ruines ?

– Son âme était traversée par un mal extrême. Rien n’est impossible à ce stade. En mourant, sa partie maléfique serait restée dans ce lieu qui le caractérisait tant.

– Mais pourquoi les habitants de la montagne changeraient de comportement ?

– Une hausse soudaine, rapide et prolongée de force aussi négative que tu le dis affecte toute créature vivant à proximité.

– C’est donc possiblement ça…

– Par contre, tu peux m’expliquer pourquoi ton bras à l’air un peu différent ?

– Hein ?

– Je suis sérieuse, dit-elle en lui enlevant sa chemise afin de bien examiner le bras mécanique qui remontait jusqu’à l’épaule. Ne serais-tu pas passé voir cette maudite kappa ? Olivier ?!

– Je suis allé l’interroger, et elle en a profité pour faire une inspection des mécanismes.

– Tu sais bien que je ne suis pas du style à jalouser, mais là, c’est trop ! Tu pourrais aller voir n’importe qui d’autre, mais pas elle ! C’est une fausse ingénieure ! Je suis la seule et unique en Gensokyo ! Si tu as un nouveau bras maintenant, c’est grâce à moi, pas à cette affamée de concombres ! Eh, tu m’écoutes là ?! s’emporta la jeune humaine.

– Rika…

 

Olivier était de nouveau profondément perdu dans ses pensées pendant que sa chérie était en train de lui crier dessus. Il repensait encore et encore sur les paroles de Mamizou, de Momiji, de Nitori et de Rika. Il essayait de faire des liens. Il ignorait si l’esprit maléfique hantant la montagne était l’esprit de Tom ou non. Cependant, avec la mort de celui-ci, il ne pouvait ignorer cette hypothèse. L’émanation du mal venait bel et bien des ruines de son ancien palais quand il avait sombré vers le mal, et plus précisément, dans ce qui restait de la tour principale, là où il résidait. Malgré cela, il essayait de repousser cette hypothèse, en se persuadant que la part maléfique de Tom, Corruption, n’était plus qu’un lointain souvenir pour lui au moment où il s’est sacrifié pour sauver la Terre des Illusions. Mais une idée lui vint à l’esprit. Corruption était un dieu, une divinité d’une nature particulière. Celle-ci était extrêmement proche de Tom. Il était possible que malgré sa « destruction », Tom était corrompu par lui et qu’il avait continué d’exister partiellement en lui au moment où il s’était sacrifié. Olivier redoutait cette hypothèse. Cela signifierait que Tom, corrompu, sous la forme d’un esprit maléfique, hanterait et propagerait une aura maléfique dans la montagne.

À cet instant, il sentit un léger coup sur la tête. Il revint à ses esprits et vit qu’il s’agissait de Rika, une clé à molette à la main et touchant la tête du jeune homme. Il avait une légère douleur et se frotta le haut du crâne. Avant d’avoir pu protesté, il vit le visage de la jeune femme, marqué par l’inquiétude. Il la prit alors dans ses bras et tenta de la rassurer.

 

– Ma chérie… tu ne dois pas t’inquiéter pour moi. Je suis là et je serais toujours présent auprès de toi.

– Je le sais. Fais juste attention à toi.

– Je te le promets.

 

À ces mots, il resserra davantage encore Rika contre lui et lentement, leurs lèvres se caressèrent avant de s’embrasser tendrement. De ce bref baiser, il relâcha son emprise sur elle. La jeune femme se releva, une petite larme à l’œil avant de lui dire qu’elle allait le laisser un peu travailler sur son enquête. Il la remercia. Elle ouvrit la porte, quitta la pièce et la referma derrière elle, laissant seul le jeune homme dans la chambre, avec ses notes, photos et idées. Il prit l’ensemble des éléments, se leva et se dirigea vers le bureau présent ici, qui se trouvait dans un coin de la pièce. Sur ce vieux meuble en bois, il y posa ses affaires avant de regarder par un petit œil-de-bœuf, donnant une petite ouverture vers le ciel, dominé par une étendue immense d’étoiles qui scintillèrent d’un éclat magnifique. Olivier s’assit sur un petit siège, alluma une vieille lampe à huile puis observa ses informations toute la nuit durant, posant sur papiers l’ensemble des idées et hypothèses qu’il élabora durant le règne de la Lune.


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