La Couronne de la Terre des Illusions (CTI)
Chapitre 11
Des alliées inattendues
D’étranges bruits se faisaient entendre, émanant de derrière la bâtisse du héros disparu. Dans la cour, à l’arrière de la belle maison, le jeune homme s’entraînait, sous le regard amusé de celle qui l’accompagnait dans la vie. Olivier avait installé de nombreuses affaires d’entraînement dans le jardin de son ami Tom et s’occupait des lieux et du chat, Houdini, depuis la disparition du propriétaire de ces lieux. L’humain travailla dur durant toute la matinée, enchaînant les déplacements, terrestres et aériens, avec des masses toujours plus conséquentes, portant sur les épaules, aux poignets et aux chevilles, des kilos de poids en plombs. Il espérait pouvoir augmenter sa vitesse et sa force de la sorte. Son « équipement » d’entraînement lui servait également lors des phases où il souhaitait se renforcer musculairement en soulevant toujours plus de poids. Il utilisait également son équipement lors de séances d’entraînement d’esquive et de tir. À ces exercices purement physiques, il travailla également ses pouvoirs magiques, en étudiant sans cesse les ouvrages que Tom avait accumulés dans son petit manoir. Face à ce déchaînement d’entraînement, Rika était auprès de lui, afin de l’aider dans ces exercices.
Olivier ne cessait jamais de se renforcer, des jours durant, afin d’augmenter sa puissance physique comme magique, sa vitesse, son esquive et sa cadence de feu. Cependant, jour après jour, il voyait bien que sa puissance n’augmentait que trop peu pour espérer vaincre ses puissants adversaires. Ce jour-là, fatigué par ces heures d’exercices, il plia et tomba à genoux. Le voyant à terre, Rika se précipita vers lui, inquiète. Au moment d’arriver à son niveau, elle l’aida à lui retirer son équipement et à le relever. Elle l’aida à marcher jusqu’à une chaise où il s’assit. Il prit une gorge d’eau posé sur une petite table située juste à côtée et but de nombreuses gorgées avant de s’asperger la tête avec le reste. Il respirait fort et vite. Son corps tremblait par intermittence. Il transpirait à grosses gouttes. Elle lui demanda s’il allait bien. Il lui demanda de quoi grignoter. Elle se déplaça alors vers la maison, ouvrit la porte puis accéda à la cuisine avant de revenir avec un gâteau de riz qu’il dévora avec appétit avant de la remercier et de reprendre son souffle.
– Je n’y arrive pas… murmura Olivier.
– Qu’est-ce que tu n’arrives pas ? Tu t’entraînes sans relâches, lui rétorqua Rika.
– Je n’arrive pas à m’améliorer. C’est à croire que je suis déjà à mon maximum, répondit le jeune humain avec une once de désespoir.
– Ne t’inquiète pas mon chéri, dit-elle en le prenant dans ses bras. C’est toujours quand on essaie de faire mieux que l’on est déçu du résultat. Je vois bien que tu fais des progrès. Tu es bien plus fort qu’avant.
– Peut-être… mais c’est pas assez !
– Olivier ! dit-elle en le relâchant tout en le voyant se relever et faire quelques pas.
– Je vais devoir affronter des êtres dont la puissance dépasse largement ce dont je suis encore capable.
– Avec la règle des cartes de sorts, la force n’est pas l’unique variable sur laquelle compter.
– Sur les autres variables aussi je suis bien trop faible. Pas assez rapide pour égaliser un Tengu, pas assez fort pour affronter un Oni, pas assez puissant pour me confronter à une magicienne, pas assez résistant pour tenir face à des sorts. Sur tous les tableaux, je suis trop faible.
– Tu es loin d’être un idiot aussi.
– Et je ne parle même pas de mon handicap, le vol.
– N’en fais pas tout un plat, tu voles bien.
– Pas tout à fait. Je ne vole que sur des temps trop limités et dans des bonnes conditions, pas en pleins combat. Et au sol, je serais vulnérable.
– Olivier, tu n’es qu’un simple humain ! Tu t’en demandes beaucoup trop ! Tu n’es ni un Youkai, ni une prêtresse et tu manipules la magie depuis peu de temps au final ! Tu n’es même pas un fils de dieu, comme ton ami ! Arrête de vouloir te comparer avec ce qui n’est pas comparable !
– Je ne suis peut-être qu’un simple Humain mais je dois sauver la Terre des Illusions.
– Je le sais bien. Et cela te met beaucoup trop de pression !
– Et qu’est-ce que je pourrais faire contre ça !
Sans répondre, Rika se rapprocha de lui par-derrière et l’enserra dans ses bras tendrement avant de poser sa tête contre le haut du dos de son amant, entendant le cœur de celui-ci battre très vite. Il se laissa faire, évacuant progressivement sa frustration et son dépit. Sentant qu’il se calmait lentement, elle sourit et lui parla tendrement.
– Je sais que tu vas réussir.
– Et comment tu le sais ? On n’est pas dans une histoire où le héros gagne forcément à la fin.
– En Gensokyo, c’est pas forcément si éloigné de ça parfois. Et puis, tu n’es pas obligé de tout affronter seul.
– Que veux-tu dire ?
– Tu connais Ellen, Kotohime et Kana ? Celles qui t’ont aidé lors de la guerre contre Tom lorsqu’il était devenu empereur.
– Je m’en souviens. C’était aussi au moment où tu menais son armée contre nous.
– Là n’est pas la question. Ces trois-là vivent très au sud d’ici, dans un vieux palais. Même si elles ne participeront pas au tournoi à tes côtés, tu pourrais trouver de l’aide là-bas.
– Tu crois qu’elles m’aideraient ?
– Je ne vois pas pourquoi elles refuseraient, surtout que la menace actuelle risque de s’étendre à elles aussi. Et elles ne sont pas du genre à attendre que le problème soit chez elles pour intervenir, comme une certaine prêtresse que je connais bien.
– Je n’ai rien à perdre que d’y aller. Je vais me changer puis j’y vais.
– D’abord, tu vas passer un peu de temps avec moi, tu as besoin de te détendre et j’ai besoin que tu t’occupes un peu de moi… lui dit-elle en susurrant à l’oreille.
Après quelque temps passé auprès de l’être de son cœur, Olivier s’était envolé vers le sud. Il se concentra autant que possible afin de pouvoir voler les longues heures qui s’écoulèrent avant d’arriver vers cette zone extrêmement étrange qui se trouvait à la limite de ce que les habitants de Gensokyo appelaient la Plaine de sang. Progressivement, le relief disparaissait pour laisser place à une étendue de forêt, vaste, mais surtout, très vide. Même si les animaux vivaient aussi ici, ils étaient beaucoup plus rares. Il vit beaucoup de cours d’eau mais ceux-ci semblaient apparaître à un endroit et disparaître un peu plus loin. La notion d’espace semblait bien plus étrange que dans les terres qu’il côtoyait quotidiennement.
Finalement, il vit l’objet de sa quête. Il s’agissait d’un véritable palais, pratiquent construit sur un plan vertical où les tours semblaient sortir de la roche du pic sur lequel la structure était bâtie. Il ressemblait vaguement aux représentations des châteaux de princesses dans les contes de fées, avec ces hautes tours blanches et ses toitures avec de légères teintes cuivrées.
Il fit le tour de la structure afin de découvrir l’entrée et se posa devant celle-ci. Il faisait face à une gigantesque porte à double battant, en bois et en fer, par endroits, sculptée et ciselée. Il posa sa main sur le battant du heurtoir qui ressemblait à une tête d’Oni puis frappa à trois reprises avant d’attendre.
Après quelques secondes, il entendit le bruit d’un imposant loquet être actionné avant que la porte ne s’ouvre. La porte ouverte, elle dévoila une personne portant un uniforme de femme de chambre bleu et blanc avec un tablier opalin à volants, un chapeau à large bord sur lequel était attaché un ruban rouge. Elle avait des yeux jaunes intenses et ses cheveux blonds. Elle semblait surprise de recevoir de la visite et interrogea le visiteur.
– Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
– C’est bien le château de demoiselle Kotohime ? demanda Olivier se doutant bien que c’était le cas.
– C’est bien ici. Et vous êtes ? Votre tête me rappelle quelque chose.
– Je suis Olivier Marc, on s’est battu ensemble lors de la grande bataille contre Tom, quand il était devenu empereur de Gensokyo.
– Ah oui, je m’en souviens de ça. La situation s’est bien améliorée après ça. Il va comment maintenant ?
– Il est mort… il y a un certain temps déjà…
– Je suis désolée de l’apprendre. Venez, entrez donc.
La jeune Poltergeist laissa passer Olivier qui en entrant put découvrir l’intérieur du palais, dont son vestibule. C’est une pièce extrêmement en désordre comprenant des centaines d’objets divers dont de très nombreux panneaux de signalisation, en particulier, un panneau sens interdit qui semblait surplomber tout le reste ainsi que de nombreux tableaux sur les murs. Il n’eut pas le temps de réfléchir davantage que déjà, la « domestique » lui demandait de bien vouloir la suivre.
Après avoir marché quelques dizaines de mètres et franchit quelques pièces, ils arrivèrent dans ce qui ressemblait à un salon. Elle l’invita à s’asseoir sur l’un des fauteuils qui faisait face à une gigantesque cheminée dans laquelle une énorme bûche brûlait. Avant de s’en être rendu compte, elle avait disparu. Il était désormais seul, dans cette pièce bien trop grande et dont la décoration était extrêmement hétéroclite, mélangeant influences européennes et asiatiques de différentes époques. Cela provoqua une légère sensation de malaise en Olivier face à ce chaos ordonné, d’autant plus, qu’il avait l’impression de ne pas être seul dans ce salon.
Cependant, cela ne dura guère longtemps. Une porte s’ouvrit et une personne vêtue d’un kimono violet avec d’étranges marques de fleurs rouges et d’un nœud jaune attachant ses cheveux roux en queue-de-cheval entra en grande pompe. Ses yeux étaient aussi rouges que deux rubis parfaits. Sa démarche était d’une sublime élégance alors qu’elle s’approchait avec grâce du fauteuil faisant face à celui d’Olivier. Elle inspecta le jeune homme de la tête au pied avant de confortablement s’installer dans le meuble qui paraissait confortable.
– Olivier… Cela faisait longtemps que l’on ne s’est pas revu, dit-elle sur un ton assez décontracté.
– Effectivement. Depuis la bataille pour libérer la Terre des Illusions.
– C’était un bon moment. Même si les enjeux étaient extrêmement importants. Cela m’a permis de récupérer un certain nombre d’objets intéressants. Quelle est la raison de ta venue ici ? Après tout, c’est bien loin de là où tu vis.
– La Terre des Illusions est en grand danger, et j’ai besoin de votre aide. Un mal terrible s’est emparé de l’esprit de la plupart des habitants de Gensokyo et il ne reste pratiquement plus que moi pour les libérer… mais j’en suis incapable.
– Tu pourrais demander de l’aider à Reimu. C’est son travail de résoudre les problèmes comme ça.
– Elle-même est corrompue par ce mal, rétorqua Olivier avec gravité, provoquant un lourd silence dans le salon avant qu’elle ne lui réponde.
– Dans ce cas… c’est une situation bien grave.
– C’est ce que je disais.
– Et tu n’as pas été affecté par cela ?
– L’origine de ce mal est douée de conscience. Il se méfie peu de moi car je suis insignifiant pour lui…
– En tant que policière, il est de mon devoir d’intervenir pour arrêter le mal. Mais sache une chose. Moi et mes « amies », nous ne sommes guère de puissantes combattantes. Nous ferons notre mieux pour t’aider.
– Pour moi, c’est déjà beaucoup. Je vous remercie.
– Bien ! Dans ce cas, il faut se préparer. Olivier, reste pour dormir cette nuit, et demain matin, on partira avec toi. Kana ! Prépare nos affaires ! Et préviens Ellen, on part demain.