Petite Etincelle
Bonne lecture !
CHAPITRE 31
{==3 cycles plus tard, infirmerie==}
POV Moonlight
Le temps s’écoulait plutôt vite à l’infirmerie. Les groons défilaient tandis que Ratchet prenait soin de moi avec une attention rigoureuse, s’attardant sur chaque détail pour garantir l’efficacité de ses soins. Il tenait à ce que je me rétablisse dans les meilleures conditions, avec un suivi digne de ce nom. Et je lui en étais infiniment reconnaissante pour son travail acharné, vouant ses cycles entiers à ses patients sans jamais perdre de vue son objectif qui était de nous voir sortir d’ici en bonne forme. Même si tout cela me paraissait parfois exagéré, le médecin Autobot savait toujours trouver les bons arguments. Ses méthodes de traitement, à la pointe de la technologie, me laissaient régulièrement sans voix. En seulement quelques cycles de convalescence dans ce lieu aux mille et une facettes, j’avais appris bien plus sur les procédures de réparation que durant les quatre derniers vorns !
Je passais les différents examens à la chaîne, je les connaissais bientôt tous sur le bout des doigts ainsi que leur fréquence. Chaque cycle débutait invariablement par un check-up complet de mon CPU, suivi d’un examen de mon Spark, avant que je ne reçoive ma ration quotidienne d’energon. Ratchet veillait à ce que mon réservoir atteigne tout juste les cinquante pourcents. Pour éviter les purges, selon ses propres mots. Mais j’étais persuadée qu’il limitait surtout ma consommation pour m’empêcher de faire une bêtise, pour freiner mes déplacements dans l’infirmerie… Pour éviter que je ne prenne la fuite à toute vitesse dès que l’occasion se présenterait. Et par Primus, l’envie de le faire ne me manquait pas ! Même si j’étais bien soignée et que je me sentais en sécurité entre ces murs, j’avais terriblement envie de voir autre chose. De retrouver le monde extérieur, de revoir mes amis qui me manquaient plus que je ne l’aurais imaginé. Je n’avais eu aucune nouvelle d’eux depuis mon réveil dans la sécurité de l’infirmerie Autobot.
Pensaient-ils à moi, comme je pensais à eux ?
Après les examens matinaux, Ratchet passait aux recalibrages de mon protoforme puis de mes membres, qui présentaient parfois quelques dysfonctionnements dus aux multiples chocs électriques. C’était comme si mon corps se souvenait des électrocutions, les revivant en boucle, incapable de distinguer le réel du souvenir. Et en toute honnêteté, moi-même je n’arrivais plus à faire la différence quand ces douleurs fantômes envahissaient mes circuits, brouillant mes repères entre passé et présent. Il n’y avait rien de pire que cette sensation de se sentir perdue entre deux réalités… Incomprise et hantée. Durant ces moments plutôt embêtants pour un médecin, il lui arrivait de dire que j’étais un être intelligent beaucoup trop complexe pour un robot de mon envergure et que parfois, ce serait bien plus simple si je n’avais pas de processeur. Son sarcasme me faisait toujours rire, surtout quand la tension atteignait son comble. Je le disais souvent, mais heureusement que les Autobots avaient un médecin tel que Ratchet, car à mes optiques, il était le seul capable d’allier efficacité et humour grinçant face à chaque situation. Disons simplement qu’il sortait du lot et qu’on s’ennuierait affreusement sans lui.
Une fois cette tâche pénible accomplie, il passait à la maintenance de mon système par le biais d’une liaison cortycopsychique. La partie que je redoutais le plus dès ma sortie de recharge… C’était non seulement extrêmement délicat à réaliser, mais aussi terriblement effrayant comme procédé. Une intervention particulièrement envahissante, car son but était de trier les morceaux de mémoire erronés. Branchée à la base de mon casque par un câble, je devais rester allongée de longs breems à fixer le plafond pendant que Ratchet effectuait une série de tests sur mon processeur parfois capricieux. Je détestais ce moment plus que tout, tout simplement parce que mon esprit n’était plus occupé, et cela se traduisait souvent par des flashbacks désagréables ou des sensations que je ne voulais plus jamais revivre. Des images indésirables s’affichaient devant mes optiques ouvertes pendant que Ratchet trifouillait dans mon CPU via son ordinateur, à la recherche de résidus informatiques susceptibles d’altérer le bon fonctionnement de mes composants.
Pour moi, c’était l’examen quotidien le plus éprouvant qui puisse exister… Mais aussi le plus long, à mon grand désarroi. Durant ces interminables breems immobile, le médecin restait silencieux pour éviter toute distraction tandis qu’il pianotait furieusement sur le clavier de son ordinateur, juste à côté de ma couchette. Les optiques rivées à son écran bleu, le regard plongé dans une concentration absolue.
Puis, quand venait enfin la fin de cette épreuve que je qualifierais plutôt de calvaire, je me retrouvais ensuite sous l’optique experte du médecin Autobot qui passait alors à la manipulation. La dernière ligne droite avant d’être enfin laissée tranquille pour le reste du cycle. Toujours selon le même rituel, je devais me redresser sur la couchette et me positionner au bord afin que Ratchet puisse m’examiner à l’aide de son scan visuel intégré. Placé juste devant moi avec une main transformée en une lumière blanche aveuglante, il commençait par scanner mon visage puis mon châssis. Avant de finir par l’étude minutieuse de mes quatre membres, un à un. Littéralement de la tête aux pedes, j’étais analysée, alors que les résultats de chaque évaluation apparaissaient en dizaines de lignes indéchiffrables sur l’écran de son ordinateur. C’était très impressionnant. En dépit de la monotonie, Ratchet s’appliquait toujours à me manipuler avec la plus grande délicatesse, malgré le caractère répétitif et souvent lassant de ses gestes. Il se montrait peut-être cinglant par moments, mais jamais il n’avait été brusque physiquement avec moi. Il prenait le temps de m’expliquer chacune de ses actions dans le but clair de me mettre en confiance.
Car il savait à quel point une réadaptation pouvait être compliquée.
«Ouvre la bouche.» Me demanda-t-il en positionnant la lumière vive face à mon visage, son index relevant lentement mon menton pour adopter la bonne position.
Je m’exécutai aussitôt sans aucune objection, mon regard espiègle s’attardant sur son visage si sérieux. Lorsque je le fixais de la sorte, j’avais toujours cette envie de rire ! Je finis toutefois par me résigner. Il plongea le faisceau lumineux à l’intérieur de ma bouche, l’auscultant dans ses moindres recoins à la recherche de rouille ou de quelque chose d’autre. Mais je ne faisais que des suppositions, puisqu’il ne me donna aucune indication cette fois-ci. D’humeur taquine ce matin-là, j’observai attentivement l’évolution de son expression au fil de ses recherches, visiblement peu concluantes d’après son froncement de crêtes optiques. Il semblait si concentré, imperturbable. Il basculait ma tête d’un côté à l’autre, les crêtes optiques se creusant davantage tout en étudiant mon visage et l’intérieur de ma bouche avec une concentration sans faille. Son attention s’égara un court instant vers mon optique droite, qui devenait parfois incontrôlable. Il y plongea son rayon lumineux pour tester la réactivité de mon anneau. Une sensation plutôt désagréable mais par chance, il revint rapidement à ma bouche avant d’abandonner après quelques kliks supplémentaires.
«Tu pensais y trouver Megatron à l’intérieur ?» Plaisantai-je d’un sourire narquois, haussant les crêtes optiques au médecin qui me regardait avec étonnement avant de m’attribuer une petite claque sur le casque. Quelle petite effrontée je faisais… Mais Primus, que ça faisait du bien.
«Je vois que tu n’as pas perdu ton humour, c’est bon signe.» Répliqua-t-il en levant les optiques au plafond.
Je ne pouvais m’en empêcher, c’était plus fort que moi ! J’aimais taquiner notre médecin grincheux. Quelques cycles plus tôt, jamais je n’aurais imaginé faire ce genre de blague tant ces visages m’effrayaient, tant ils instauraient un sentiment de peur dans mon Spark. Ce qui voulait assurément dire que j’étais sur la voie de la guérison, si dorénavant je m’autorisais à plaisanter sur le plus grand tyran de tous les temps, pas vrai ? En tout cas, le petit sourire amusé de Ratchet semblait le confirmer alors qu’il se retournait pour prendre un cube d’energon qu’il me tendit ensuite, m’encourageant à boire son contenu. Intriguée, je le regardai avec de grandes optiques rondes, jusqu’à ce qu’il m’explique que les résultats des examens étaient très positifs et que je pouvais désormais augmenter ma réserve d’energon jusqu’à soixante-dix pourcents. Une victoire de plus ! D’ici quelques temps, j’aurai enfin le droit de remplir mon réservoir à son maximum. J’avais si hâte de ressentir à nouveau cette sensation d’être entièrement rassasiée, d’avoir ma pleine puissance, d’être libre de mes mouvements…
Même si je n’avais toujours pas récupéré de T-Cog pour remplacer celui qu’on m’avait arraché, cette absence me faisait bien plus souffrir que je n’osais l’admettre.
Optimus était revenu de mission quelques joors seulement après être parti avec une équipe. Bredouille, car les mines à grandes ressources avaient toutes été pillées durant l’attaque de Kaon. Ce qui était plutôt prévisible en fin de compte, lorsque l’on connaissait les Decepticons et ce dont ils étaient capables dès qu’une occasion comme celle-ci se présentait. Curieusement, ils avaient toujours un coup d’avance sur nous. J’avais l’intime conviction qu’ils savaient ce qui arriverait, ou tout du moins qu’ils avaient entendu quelque chose concernant le plan d’attaque des Autobots ce cycle-là. Une simple intuition. Je n’osais y penser, mais à chaque fois que je fermais les optiques, je revoyais le visage en colère de Megatron qui comprenait que ses plans avaient été anéantis. L’intensité de ses optiques rouges me hantait toujours. Puis j’entendais à nouveau sa voix gutturale me dire que ce n’était pas fini, que ce n’était que le début, avant que le trou noir ne m’emporte. Que voulait-il dire par là ? Je n’arrivais pas à le décrypter, je ne comprenais pas sa signification, j’étais complètement perdue.
Chaque cycle, mon Opiluk venait me rendre visite avec un peu de lecture pour m’occuper, mais aussi pour m’aider à recharger lorsque j’étais sous l’emprise des cauchemars. Grâce à sa présence et à notre lien. Assis à mon chevet, à ma gauche comme à son habitude, il me lisait des histoires ancestrales datant de l’époque des treize Primes. Des archives qu’il avait soigneusement conservées quand il portait encore le nom d’Orion Pax. Des récits qui, jusque-là, ne m’avaient jamais vraiment captivée, car j’estimais que le passé appartenait au passé et qu’il ne fallait pas le recenser si nous voulions avancer. Mais depuis peu, j’avais développé une véritable passion pour ces histoires qui nous enseignaient comment était la vie avant toutes ces technologies, avant que la vie ne prospère sur Cybertron. Lorsque Primus vint à la vie. Optimus avait une voix si douce, avec une touche d’enthousiasme à chaque fois qu’il me lisait ces datapads historiques, son visage s’illuminant d’une manière que je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir alors qu’il partageait ses propres notes de l’époque où il était archiviste.
«Leur bataille fut légendaire et sera plus tard gravée dans nos mémoires. De ce conflit naquit l’équilibre du monde tel que nous le connaissons. Unicron fut banni à jamais, tandis que Primus donna naissance à la race des Transformers, sous la dynastie des Treize Primes Originels. Solus et Quintus furent à l’origine de la création de toutes choses qui nous entourent. Micronus devint notre énergie vitale et celui qui, plus tard, donnera vie aux Minicons. Amalgamous nous transmit le pouvoir de la transformation. Alchemist, gardien de l’ordre naturel, déchiffra les lois de la création grâce à son immense savoir. Vector Prime, Maître de l’espace-temps, guida le flux des réalités. Liege Maximo, l’ombre des Primes et un guerrier rusé et manipulateur, osa les défier. Puis vint Onyx Prime, être spirituel destiné à devenir le dieu des Predacons. Nexus détenait la clé de la combinaison, l’essence même de l’unification. Pour sceller leur union, Primus forgea Prima et lui confia le rôle de chef suprême. On raconte que sa force dépasse l’entendement et que son sabre peut trancher les étoiles.» Récita tranquillement Optimus assis sur sa chaise, le précieux datapad historique entre les mains.
«Pourquoi avoir créé un puissant guerrier manipulateur ?» Lançai-je sans le vouloir à haute voix, un froncement de crêtes optiques se formant. Les mains croisées sur mon châssis et allongée sur ma couchette, je le regardais avec incrédulité au moment où il levait les optiques de l’écran bleu de son datapad.
«Eh bien, pour rétablir le juste équilibre. Le bien ne peut subsister sans le mal, c’est ainsi que le monde fonctionne.» M’expliqua-t-il simplement.
Pour le moment, je n’avais pas besoin de plus d’explications, malgré ma confusion.
Un cycle peut-être, mon créateur me donnerait plus d’informations. Mais en attendant, je profitais de cette proximité avec lui pour écouter son récit qu’il partageait avec une passion à peine dissimulée. C’était touchant. J’appréciais ces rares instants de complicité. Allongée, presque immobile sur ma couchette de l’infirmerie face au plafond gris, j’écoutais attentivement les histoires évoquant notre passé. Un passé mouvementé qui avait forgé ce monde dans lequel nous évoluons, et qui était à nouveau sur le point de basculer dans une guerre de pouvoir. Encore une fois. L’histoire se répétait inlassablement… Et nous en étions les acteurs principaux. Au fond de moi, j’espérais qu’un cycle nous retrouverions cette paix qui existait à l’époque de l’Âge d’or, où il ne manquait ni ressources ni lumière, et où les différents peuples cohabitaient pacifiquement. Cela me paraissait si lointain, maintenant… Comme un mythe créé de toutes pièces pour que l’on garde toujours espoir.
Durant cette longue période de rétablissement, Ratchet m’autorisa également à aller voir Bumblebee. Bien sûr, il fallait systématiquement que mon comportement soit irréprochable si je voulais avoir le droit de quitter ma couchette. C’était un privilège, d’après les mots exacts du médecin strict. Alors je faisais toujours de mon mieux pour respecter les consignes afin d’obtenir les faveurs de Ratchet et ainsi avoir ce droit d’aller voir l’état de mon cher Bumblebee, éternellement inconscient. Je passais parfois des groons entiers à son chevet, simplement pour lui tenir la main. Je lui parlais des histoires que me racontait mon Opiluk, de mes exploits quotidiens concernant les étapes de la restauration, de nos souvenirs partagés… Quelque part au fond de moi, je savais qu’il m’entendait où qu’il se trouvât. Je ne voulais pas qu’il se sente seul, je ne voulais pas qu’il se sente abandonné dans les pires moments de sa vie. Je voulais qu’il sache que j’étais toujours là pour lui, quoi qu’il arrive.
«Je sais que tu m’entends. Je sais que tu n’es pas parti, que tu es là, quelque part… À attendre de retrouver la lumière. Je veux que tu saches que tu n’es pas seul. Je suis là, avec toi.» Murmurai-je tandis que je serrais sa main inerte contre ma joue, le visage marqué par l’inquiétude. Mais il demeurait à jamais inexpressif.
Je n’attendais désormais plus qu’une seule chose : le retour de mon meilleur ami.
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
POV Normal
Optimus Prime alternait entre son devoir de Prime et celui de créateur. Chaque cycle, il rendait visite à Moonlight pour discuter avec elle et lui raconter ces fameuses histoires qu’il prenait plaisir à transmettre à sa fille. Des deca cycles de travail acharné pour se documenter, cela représentait des orns de recherches solitaires dans les archives d’autrefois Trypican. C’était il y a bien longtemps maintenant, mais Optimus gardait un très bon souvenir de cette période où il n’était pas encore acculé par le travail colossal que représentait le statut de Prime. De vieux datapads qu’il avait dépoussiérés pour l’occasion. Des moments de partage qu’il chérissait alors qu’il passait du temps avec sa fille, toujours confinée après trois orns enfermée entre les murs épurés de l’infirmerie. Et chaque cycle passé à ses côtés, il constatait de nettes améliorations, autant sur l’aspect physique que mental.
«Zeta Prime fut le sixième détenteur de la Matrice de commandement, celui-là même qui transmit plus tard l’artefact à mon mentor, Sentinel Prime. Il avait jadis été gladiateur, avant de devenir le dirigeant des Autobots, puis mon conseiller lorsque le moment fut venu. À cette époque, je n’étais encore qu’un simple archiviste. Il me confia les récits de mes prédécesseurs pour que je ne répète pas leurs erreurs. Il voyait en moi celui qui ramènerait la paix entre les nations. Mais moi, je doutais encore. Ce rôle… Était une lourde responsabilité. J’avais besoin de temps, de conseils et de sagesse.» Dévoila le Prime qui lisait son datapad avec une pointe de regret dans sa voix barytonne.
«Pourquoi tu n’es pas resté dans les archives ? Je veux dire, si tu étais si bien dans cet univers, pourquoi ne pas avoir décliné cette proposition ? Rien ne t’y forçais.» Interrogea la petite fembot intriguée allongée sur la couchette pendant qu’elle jouait avec le câble raccordé à son coude.
«Ce n’était pas une décision à prendre à la légère. Il faut du temps, beaucoup de temps, et surtout une grande clairvoyance pour observer, comprendre, et choisir celui qui sera digne de porter la Matrice. Des orns de réflexion, d’épreuves et de remises en question. Sentinel avait la possibilité de décider rapidement, mais il a préféré prendre son temps pour m’étudier, pour s’assurer que je serais à la hauteur de cette responsabilité. Car la Matrice ne doit jamais tomber entre de mauvaises mains, comprends-tu ?» Répondit Optimus qui haussa les crêtes optiques à sa fille lorsque cette dernière hocha lentement la tête.
«Oui, je comprends. Mais tu n’as aucun regret ? Fouiller dans l’histoire ne te manque pas ? Avec ce nouveau rôle, tu as quand même dû faire une croix sur beaucoup de choses… Je trouve ça triste.»
Regretta Moonlight, un pincement au Spark pour son créateur qui avait dû faire des choix difficiles dans sa vie. Elle savait qu’elle faisait partie de ces sacrifices.
«En effet. J’ai dû faire face à des choix parfois difficiles. Mais la vie est ainsi faite, elle est constituée de choix, et il arrive que tu regrettes certains d’entre eux. Cela dit, ils te conduisent aussi à faire des rencontres fabuleuses que tu n’aurais jamais imaginées. L’essentiel, c’est de ne jamais regretter. Toujours avancer, peu importe la difficulté, peu importe les obstacles que tu rencontreras. Faire confiance à son instinct.» Récita Optimus avec conviction, accompagnant ses mots d’un léger signe de tête tandis qu’il se remémorait un flot de souvenirs empreints de sens pour ses optiques. Après quelques nano-kliks de réflexion, il reprit la parole.
«Je ne regrette pas ma vie d’avant, ni celle de ce cycle. Je ne suis peut-être plus dans les archives, mais cela ne m’empêche pas de diriger une équipe de chercheurs. Et si je n’avais pas endossé le rôle de Prime, je n’aurais jamais pu devenir ton créateur… Je n’aurais pas pu découvrir les joies qu’implique cette grande responsabilité. Bien plus grande qu’être commandant d’une puissante armée, je dois le reconnaitre !» Dit-il d’un minuscule sourire en connaissance de cause.
«C’était si difficile que ça ?» Ricana Moonlight, amusée par le comportement évasif de son Opiluk qui partageait ses opinions. Elle en apprenait tellement sur lui en si peu de temps… Enfin, il s’ouvrait à elle sur son passé et ses ressentis longtemps enfouis au fond de lui, par peur d’être vulnérable. Mais pour elle, il avait toujours été la parfaite figure de créateur.
«Bien plus que tu ne l’imagines. Et ça l’est toujours.» Optimus soupira par ses évents alors que sa fille se mit à rire à vocaliser déployer à cette dernière révélation. Ce son réchauffait son Spark endolori. Il était si précieux, si authentique... Il avait l’impression que cela faisait une éternité depuis la dernière fois qu’il l’avait entendu. Il voulait graver cette image dans son esprit et ne plus jamais retourner dans les cycles sombres de son histoire, se laisser emporter par la quiétude de ces rares moments de joie. Juste voir ce merveilleux sourire chaque cycle, jusqu’à la fin des temps.
«Je t’aime aussi, Opi. Ne t’en fait pas. Tu es vraiment parfait dans le rôle de créateur, je ne pouvais pas rêver mieux. Aussi parfait que dans le rôle de leader des Autobots !» Rassura la fembot enjouée tout en posant sa petite main sur le grand bras rouge du Prime abasourdi par sa déclaration sincère.
La perfection n’existait pas, il le savait maintenant, mais cette simple déclaration d’amour avait un effet incroyable sur lui. Comme une onde de chaleur qui le traversait de part et d’autre. Une sensation qu’il n’avait plus ressentie depuis longtemps : être aimé, chéri par quelqu’un qui lui était proche... Il ne s’était pas rendu compte à quel point il avait besoin de l’entendre. Dès sa découverte dans le cratère, il s’était immédiatement attaché à ce petit étincelant qui ne demandait qu’à vivre. C’était instantané, un lien presque naturel. Optimus n’était pourtant pas du genre émotif. Il affectionnait chacun de ses Autobots, mais jamais il n’avait ressenti un tel attachement pour qui que ce soit. Un amour véritable, qui se traduisait par des émotions profondes qu’il déversait dans le lien créateur, son lien précieux avec elle. Pour lui, ce rôle de créateur qu’il avait choisi n’avait pas toujours été facile, et il était bien loin de la fameuse perfection que Moonlight lui attribuait avec tant de grâce. Il n’avait pas toujours été à la hauteur, surtout ces derniers temps. Malgré tout, elle employait ce mot si fort, sans la moindre hésitation.
Un mot tellement significatif.
Se considérant comme un échec la majeure partie du temps, car bien trop maladroit dans la plupart des situations, Optimus ne se voyait pas comme un bon créateur. Mais plutôt comme un créateur qui faisait de son mieux pour protéger. Un créateur qui voulait le meilleur pour sa progéniture, même si cela impliquait de prendre de dures décisions allant à l’encontre de son Spark. Il voulait garder en sécurité cet être qui lui était si cher aux optiques, même s’il avait lamentablement échoué dernièrement. Un échec qui le hantait depuis lors, le rendant horriblement coupable de n’avoir pas su la protéger des ambitions de Megatron. Par conséquent, cette révélation pourtant banale, avait l’effet d’une tornade sur lui. Il se sentait comblé, ces quelques mots chassant la culpabilité qu’il portait constamment sur le dos et baignant son Spark d’une intense chaleur. Avec elle il apprenait à s’ouvrir, à partager ses émotions.
Enveloppé de son amour inconditionnel, il allait lui répondre quand la porte de l’infirmerie s’ouvrit au même moment, brisant ainsi ce moment important.
«Pardon pour cette intrusion matinale, mais j’aurais besoin de vous parler.» S’exclama Silverbolt dès qu’il pénétra dans les locaux, se frottant les mains l’une contre l’autre tandis que ses optiques bleues inexpressives se posèrent sur Moonlight. Offrant un bref signe de tête dans sa direction, il la salua solennellement ; «Je suis ravi de voir que vous allez mieux. Vous avez bonne mine.»
«Cette discussion devra attendre. Je serai disponible plus tard dans la matinée.» Coupa brusquement le Prime, agacé d’avoir été dérangé par le chef des Aerialbots. Les crêtes optiques froncées, il toisa le mécha blanc et rouge jusqu’à ce que ce dernier ne se racle le vocaliser derrière son poing.
«C’est urgent. Cela concerne Sentinel Prime.» Révéla le grand robot ailé qui se balançait sur ses pedes alors que le visage du Prime se lissa, perdant toute expression à ces quelques mots.
«Je reviens dans quelques instants.» Assura Optimus à Moonlight après s’être levé de son siège pour rejoindre son ami et allié proche des portes automatiques. Il tentait de cacher ses émotions, mais il était livide. La fembot hocha doucement la tête, puis lui offrit un sourire nerveux avant de lâcher son avant-bras pour laisser son Opiluk partir avec le robot impatient, ayant remarqué le changement soudain dans l’infirmerie.
«Ce ne sera pas long. Je serai bref.» Silverbolt se retourna pour enclencher le déverrouillage du verrou mais à l’instant même où les portes s’ouvrirent devant lui, un cri retentit.
«FONCEZ !»
«Wow ! Mais qu’est-ce que... ?!» S’écria Silverbolt, stupéfait, alors qu’une horde d’Autobots en furie le bousculait violemment sur le côté. Les optiques grands ouverts sous la surprise, il faillit perdre l’équilibre tandis que trois robots plus petits que lui se précipitaient à l’intérieur de l’infirmerie.
«Moonlight !» Hurla Hot Rod en posant enfin ses optiques sur la fembot allongée sur la couchette. D’abord perplexe face à toute cette agitation, elle lui offrit bientôt un sourire resplendissant.
«Hot Rod, Isis, Niltrex ! Vous êtes là !» Heureuse de tous les revoir, Moonlight ouvrit aussitôt les bras pour les inviter à la rejoindre sur la couchette, son Spark sur le point d’imploser de bonheur.
Optimus observa les amis de sa fille se précipiter vers elle, prêts à lui faire un câlin après avoir été maintenus si longtemps dans une ignorance presque totale. Ratchet avait volontairement mis un verrou sur les portes de l’infirmerie, réservant l’accès à ceux possédant le pass spécial. Il ne pouvait lui en vouloir pour cette décision quelque peu drastique, certes, mais nécessaire pour optimiser les soins de Moonlight. Patients et personnel médical méritaient la tranquillité au sein de ces locaux, loin de l’agitation et des cris, afin de se rétablir dans les meilleures conditions. Toutefois, il comprenait aussi la frustration des proches qui percevaient cette mesure radicale comme une véritable punition… Il saisissait les raisons des deux parties. Ils étaient tenus dans l’ignorance depuis bien trop longtemps, et les paroles ne suffisaient plus à apaiser leurs inquiétudes. Ils avaient désormais le droit d’obtenir des réponses.
Offrant un dernier regard à sa fille entourée de ses plus proches amis, le commandant des Autobots sortit juste derrière Silverbolt en veillant à refermer les portes derrière lui pour leur laisser un peu d’intimité.
«Je suis si heureuse de vous revoir ! Vous n’imaginez pas à quel point vous m’avez manqué… Je n’arrêtais pas de penser à vous. Vous occupiez constamment mon esprit.» Pleura Moonlight en entourant son bras gauche autour du mecha orange et jaune, puis son bras droit autour de la fembot bleu foncé muette. Les larmes de joie aux coins de ses optiques, elle les serra fort contre elle, presque ensevelie sous leur poids. Le mecha le plus turbulent de la bande prit la parole dans un éclat de rire.
«Et nous donc ! Ça fait une éternité ! On essayait sans arrêt de tromper la vigilance de Ratchet, mais il avait toujours une longueur d’avance sur nous. Crois-moi, on a essayé tout un tas de choses pour enfin te voir, je ne compte même plus les échecs. J’ai bien cru qu’on n’y arriverait jamais… Ce grincheux a toujours les audios qui traînent partout, c’est infernal.» S’agaça Hot Rod en levant les optiques au plafond, pensant à ses nombreux plans qui avaient foiré rien qu’à cause de Ratchet. Il les comptait par dizaines. De l’autre côté de la fembot à deux roues, Isis hocha vivement la tête en signe d’accord.
«Ce n’est pas grave. Je savais que vous n’étiez pas loin, que ce n’était qu’une question de temps.» Rétorqua Moonlight avec un petit rire. Puis soudainement, elle se rendit compte que quelqu’un manquait à l’appel.
Son sourire s’estompa de son visage ravivé alors qu’elle épiait ses deux amis avec confusion, avant qu’elle ne lève les optiques vers Niltrex qui se tenait nerveusement au coin du comptoir face à sa couchette. Le mecha noir en retrait était légèrement recourbé sur lui-même, son regard évitant le sien. Sa main droite tenant son autre bras, il semblait incertain, comme s’il ne savait pas ce qu’il devait faire maintenant qu’il se retrouvait face à elle. Elle avait déjà deux de ses amis auprès d’elle pour la soutenir, et il n’était pas vraiment à l’aise dans ce genre de situation. Les regrets inscrits sur son visage marqué par la honte, il osa à peine redresser la tête dans sa direction quand il sentit son regard insistant sur lui. Mais dès l’instant où leurs optiques se croisèrent, Niltrex devint vite très anxieux. Il avait l’impression que sa place n’était pas ici aux côtés de Moonlight, qu’il ne méritait pas de la revoir après ce qu’il avait fait… Que jamais elle ne le pardonnera. Il se sentait si coupable. Alors quand Hot Rod et Isis se décalèrent puis que Moonlight ouvrit les bras pour l’accueillir d’un sourire encourageant, il ne perdit pas un seul nano-klik pour la rejoindre.
La tentation était trop forte.
«Je suis tellement contente de te revoir. Tu es sain et sauf, merci Primus. J’avais eu si peur pour toi… Je croyais que l’explosion t’avait tuée. Je ne savais pas si tu allais bien, je ne savais rien… Je n’avais aucune idée.» S’apitoya Moonlight qui enterrait son visage dans le cou de Niltrex, le serrant pour la vie chère contre son châssis. Elle reçut deux petites tapes maladroites dans le dos avant que la voix agréable mais fébrile du mecha résonne dans ses audios.
«J-je vais bien… Comme tu peux le constater. Je n’ai eu que quelques égratignures contrairement à toi. Alors je vais retourner la question, est-ce que toi, tu vas bien ?» Demanda-t-il en prenant la fembot émue par le bout des bras pour la regarder de haut en bas à la recherche des blessures visibles sur sa carrosserie. Cependant, son regard frénétique se bloqua brièvement à son cou où figurait une étrange trace noirâtre qu’il toucha du bout des doigts, Hot Rod s’indignant de l’autre côté de la couchette.
«Quelques égratignures ?! Tu te fiches de qui ? Tu as failli perdre ton bras, je te signale ! Aouch !» Glapit ce dernier lorsque le poing d’Isis rencontra durement son épaule droite. Il fusilla du regard la grande fembot qui, en réponse, lui lança un regard noir pour son manque de perspicacité. Moonlight se racla le vocaliser.
«Je vais bien. Ne t’en fais pas pour moi, je suis très bien entourée. Je me porte de mieux en mieux à chaque cycle qui passe et je pourrai bientôt sortir d’ici, dès que j’aurai reçu le bilan final de Ratchet. J’ai tellement hâte de pouvoir sortir, si vous saviez à quel point l’extérieur me manque…» La fembot bleu terne gémit doucement puis leva les optiques avec une petite moue, rêvant de sentir l’énergie des deux soleils sur son visage, d’être baignée par leur chaleur si généreuse. Elle enviait ses amis, libres de toutes contraintes…
«Tu nous as tellement manqué. Ça fait du bien de te revoir.» Niltrex hocha la tête avec un faible sourire, entrelaçant ses mains aux siennes quand elle posa sur lui un regard rempli de sympathie. Assis à sa gauche, Hot Rod s’exclama en levant les mains à hauteur d’épaules.
«C’est peu dire ! Maintenant, il ne manque plus que le dernier membre de l’équipe pour qu’elle soit à nouveau complète ! On a besoin d’aller fêter tout ça dignement ! J’en rêve depuis des cycles. Vivement qu’il sorte de son vortex cérébral, j’ai deux ou trois mots à lui dire, au scout de pacotille...» Grogna-t-il alors qu’il se levait de la couchette avec mécontentement pour rejoindre le pare-vent situé à seulement quelques pas des machines de contrôle. D’un coup de bras, il l’ouvrit pour dévoiler la silhouette méconnaissable de Bumblebee occupant une couchette médicale bien plus grande et reliée de tous les côtés à des engins médicaux. Comment savait-il qu’il se trouvait là ? Il l’avait deviné au son ralenti du monitoring.
Et puis, les nouvelles se propageaient vite dans la ville.
«Allez ! Debout là-dedans ! On sort de cette stase qui dure depuis des plombes ! Un petit effort, mon grand. On retourne dans le monde des vivants, c’est le moment de revenir et de profiter que tout le monde soit encore en vie.» Hot Rod tapa plusieurs fois dans ses mains pour tenter de motiver l’Autobot inconscient branché de toute part. Étant dos aux autres, il réussit à cacher sa grimace face à l’apparence désastreuse de son ami qui arborait normalement de jolies couleurs jaune et noire, mais qui n’était plus qu’un amas de métal grisâtre. Il ne s’attendait clairement pas à ça… Pris de court, une douleur aiguë transperça son Spark, et il ne parvint pas à retenir son vocaliser qui se serra violemment.
«Tu n’as vraiment aucun respect pour personne.» Soupira Niltrex qui se massa le front, irrité par le comportement déplacé du mecha arrogant. Il ne trouvait cependant pas le courage de lever les optiques sur le pauvre Bumblebee.
«Ma deuxième désignation c’est irrespectueux.» Rétorqua vite Hot Rod d’un petit haussement d’épaules nonchalant alors qu’il se tournait vers eux, affichant un visage désinvolte plutôt que triste. Il tenait à garder sa dignité intacte malgré la situation !
«Je croyais que c’était trouillard…» Provoqua Niltrex en croisant les bras sur son châssis.
«Nan, ça, c’est cet idiot de Sideswipe qui s’est pris un dard de ver des sables. Un autre commentaire ?» Trouvant la conversation drôle, Hot Rod imita la posture de Niltrex avec un sourire narquois pendant que le bot noir secouait la tête avec dépit.
«Non. Je n’ai aucun argument là-dessus.» Ou plutôt, il ne voyait pas l’intérêt de défendre ce crétin de première classe, toujours prompt à rabaisser les autres pour amuser la galerie. Non, en effet, il ne l’appréciait vraiment pas.
«Quoi, un dard ? C’est quoi cette histoire encore ? J’espère qu’il n’a rien de grave ! Comment va-t-il ?» S’inquiéta Moonlight les optiques grandes ouvertes, balayant du regard les robots autour d’elle avant de s’arrêter sur le mecha orange et jaune qui lui répondit en levant les mains avec paresse.
«T’inquiète, il va bien. Maintenant, il se la pète devant les autres en racontant à tout le monde qu’il a combattu un ver géant à mains nues. Alors qu’il n’a même rien vu de ce combat. C’est vraiment un étincelant dans sa tête, il n’en manque pas une… Je vous jure.» S’accoudant à la barre de la séparation ouverte, Hot Rod observa comment l’expression de Niltrex passa d’ennuyée à exacerbée en une fraction de nano-klik, rien qu’à la simple mention de Sideswipe. C’était si facile de le perturber ! Se réjouit-il intérieurement d’un petit sourire railleur, au plus grand dam de son interlocuteur plus petit et frêle.
«Malheureusement.» Grommela le bot noir entre ses dentas.
«Oh ! D’ailleurs, il faut vraiment que je te parle de nos exploits ! Tu vas voir, tu vas halluciner ! On a traversé le désert des ruines de Trypican avec Arcee pour trouver une entrée secrète et te retrouver, mais on a croisé des Vehicons ! Ces bots-là ne plaisantent vraiment pas… Ils ne sont pas très fut-fut non plus pour nous suivre jusqu’à ce trou paumé qui sentait la rouille et le gaz d’échappement. Et ça, c’est sans parler des tempêtes meurtrières et des vers des sables qui ont failli nous arracher les parechocs… Je déteste ces trucs-là. Ils sont laids et puants, comme Niltrex.» À cette plaisanterie peu subtile, le robot en question lui fit un geste insultant, ce qui n’arrêta pas pour autant Hot Rod dans son récit sommaire.
«On s’est bagarrés et on a gagné haut la main contre ces ringards. Arcee était géniale, tu aurais dû la voir avec Bee sur le terrain ! On formait vraiment une super équipe. Sauf Sideswipe, hein… Lui, il a joué le rôle du tapis dans l’histoire. Mais bon, c’est toujours mieux que de traîner avec un tas de ferraille inutile. Au moins, j’ai bien rigolé avec lui, ce que je n’aurais pas pu faire avec un simple morceau de métal ! Faut le dire. Ouais, c’était une grande aventure pleine de rebondissements ! Attends, je dois absolument te raconter tout ça en détail !» Hot Rod tapa joyeusement dans ses mains puis se redressa, prêt à débuter ce qu’il jugeait être une histoire passionnante, jusqu’à ce qu’Isis lui fasse rapidement signe d’arrêter son futur monologue. Son système était sur le point de surchauffer avec toutes ces infos d’un coup !
«Laisse-la tranquille, tu vas pas commencer à lui bourrer le casque avec tes histoires ridicules et ennuyeuses en plus. Il y aura tout le temps pour ça quand elle sortira d’ici.» Réprimanda platement Niltrex en levant une crête optique vers l’Autobot qui pouvait parfois être vraiment ridicule quand il s’y mettait. Bon, c’était apparemment inné chez lui, mais hélas irréparable à ce stade avancé de la bêtise…
«Tu es juste jaloux parce que tu n’étais pas là pour sauver Moonlight.» Répliqua aussitôt Hot Rod, pas le moins du monde déstabilisé par le mordant habituel de Niltrex. La provocation, ça le connaissait !
«Je ne suis pas jaloux.» Simulant l’incrédulité, le mecha sombre assis au bord de la couchette cligna des optiques.
«Si, tu l’es.» Confirma l’autre robot déterminé à avoir le dernier mot.
«Je te dis que non. Je ne vois pas en quoi risquer inutilement sa vie me rendrait jaloux. Nonsense.» Se défendit encore Niltrex, tandis que les deux fembots à ses côtés laissaient échapper un gémissement d’irritation face à cet échange stérile et à Hot Rod qui en profitait pour en rajouter une couche.
«Et pourtant tu l’es !»
«Ça va, arrêtez, vous n’allez pas recommencer. Comme Niltrex vient de le dire, nous aurons tout le temps pour raconter nos histoires respectives quand je sortirai d’ici. Un peu de patience.» Moonlight leva la main vers l’Autobot orange et jaune puis tourna la tête vers Niltrex qui gardait les bras croisés. Une fois certaine qu’ils ne recommenceraient pas, elle poursuivit d'un ton nostalgique ; «Mais je dois bien le reconnaître que vos chamailleries m’ont beaucoup manqué. Merci d’être là, à mes côtés.»
Souriante, Isis se pencha vers son amie pour gentiment lui tapoter l’épaule, comme elle le faisait à chaque fois pour soutenir la petite fembot dans les bons comme les mauvais moments. Jetant un bref coup d’optique inquiet vers la couchette de Bumblebee, elle se recentra rapidement sur Moonlight, refusant de céder aux larmes qui menaçaient de brouiller sa vision. Pourtant son sourire, un instant voilé par la tristesse, reprit de la grandeur lorsque la fembot posa sa main sur son genou, exprimant par ce simple contact sa reconnaissance et son soutien. C’était une nouvelle épreuve à traverser… Mais une épreuve qu’ils surmonteraient tous ensemble, cette fois. Hot Rod abandonna alors Bumblebee pour rejoindre le comptoir immaculé, s’y asseoir et entamer une conversation bien plus joyeuse, savourant enfin cette occasion de retrouver Moonlight après tout ce temps d’éloignement. Ils en avaient tous besoin maintenant qu’ils étaient à nouveau réunis.
Ou presque tous…
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Juste après être sortis de l’infirmerie, Optimus et Silverbolt entamèrent rapidement leur conversation.
«Quelles nouvelles m’apportez-vous ?» Interrogea le Prime une fois certain qu’ils étaient seuls dans les couloirs heureusement désertés à ce moment du cycle. Croisant les bras sur son torse, le leader intrigué s’appuya dos contre le mur en attendant les explications du chef des Aerialbots qui montrait des signes visibles de nervosité.
«Malheureusement, ce sont des nouvelles qui ne sont pas bonnes. Tout du moins, pas celles espérées. Sentinel a complètement disparu des radars. Impossible de le localiser, il s’est comme… Volatilisé. Autrement dit, j’ignore où il se trouve, et s’il est même encore en vie quelque part. Mais il ne s’est plus manifesté depuis notre retour à la base.» Admit Silverbolt d’un haussement d’épaules suivi d’une secousse désespérée de la tête. C’était comme si Sentinel savait qu’il avait été démasqué…
«Non, il est toujours en vie. Je connais les capacités de mon mentor. Il est rusé, il a de la suite dans les idées. Il doit forcément être quelque part. Mais quelque chose d’autre semble vous tracasser… De quoi s’agit-il ?» Appuya le Prime en plissant suspicieusement les optiques devant cette agitation qui ne voulait plus quitter les circuits de son ami blanc et rouge, ce dernier fixant un point invisible sur le côté. Il prit quelques nano-kliks de plus avant de partager ses pensées troublantes.
«J’ai recueilli des témoignages de guerriers relatant ses faits. Il aurait conduit la première vague offensive au front, puis escorté le transporteur aérien numéro cinq au-dessus de l’arène de Kaon. Je n’ai cependant pas pu vérifier cette dernière information, mais Optimus, faisons preuve de lucidité un instant. Je ne pense vraiment pas qu’il joue un double rôle. Imaginez un peu le travail que cela représenterait, rien que pour ne pas se faire attraper par l’un des deux camps. Toujours être aux aguets, faire attention à chaque mot employé pour n’éveiller aucun soupçon. Un travail pharaonique étendu sur des deca cycles ! Sentinel est sage, mais il reste ancien. Très honnêtement, je le vois mal assumer un rôle d’espionnage… Pensez-vous vraiment que c’est possible ? Ce sont de graves accusations.» Déclara-t-il tout en se frottant nerveusement le casque sous le regard intense du commandant des Autobots en pleine introspection. Au bout d’un moment, ce dernier brisa le silence.
«Je reconnais que c’est difficile à croire, mais nous devons rester ouverts à toutes les possibilités. Et envisager le pire. Tout le monde peut être un suspect potentiel, même les plus anciens et les plus sages d’entre nous. Je ne veux plus que les Decepticons aient encore un tour d’avance sur nous. C’est pour cette raison qu’il faut que l’on retrouve Sentinel au plus vite pour écarter cette hypothèse qui ne me plaît guère, ou dans le cas contraire, confirmer mes plus sombres craintes.» Regretta Optimus qui souffla par ses évents au scénario dramatique qui se formait d’ores et déjà dans son CPU, une douleur sourde dans son Spark s’ajoutant au poids sur ses épaules.
Si sa fille disait vrai, alors il subirait la plus grande trahison de tous les temps.
«Il faut que je connaisse son alibi. Que l’on me rapporte tous ses allers et venues dans la base durant le cycle précédent l’attaque. Ses fréquentations, ses dernières paroles, sa présence sur le terrain… Je veux qu’on le retrouve au plus vite pour qu’il me donne sa version des faits.» Poursuivit-il d’un léger grognement à la fin de sa phrase tandis que ses optiques bleues anormalement claires se rétrécissaient, les lèvres pincées.
«Et si votre fille se trompait ? Si son esprit avait été volontairement altéré pour nous induire en erreur ? Pour nous diviser ? Nous ne pouvons pas écarter cette hypothèse non plus. C’est un risque majeur à considérer, malheureusement. Je sais que c’est fâcheux, et que jamais vous ne pourriez douter de la véracité de ses paroles, mais n’oublions pas d’où elle revient. De surcroît, nous ignorons toujours à quel point son esprit a été manipulé. Cela pourrait être un signe.» Rappela soudainement Silverbolt, déterminé à empêcher son chef d’être aveuglé par son désir de justice envers sa protégée, lui rappelant qu’il fallait envisager toutes les possibilités. Car les possibilités étaient nombreuses, et ce n’était pas le moment de perdre le nord.
«Si elle se trompe, alors Sentinel sera gracié. Je retirerai toutes les accusations portées contre lui et j’endosserai les responsabilités d’un pareil jugement. Mais je ne remettrai pas en cause les paroles de Moonlight. Pas après ce qu’elle a vécu et vu chez l’ennemi. Je connais ma fille, elle ne mentirait pas sur une information aussi capitale. Ô combien elle me désole.» Avoua le Prime avec tristesse, ne pouvant supporter l’idée de devoir juger Sentinel après tout ce qu’ils avaient vécu, après tout ce que cet Autobot lui avait transmis : la sagesse des anciens, le respect, le courage et la justice. C’était impensable de croire qu’il aurait pu, à un moment ou à un autre, se retourner contre eux et rejoindre les lignes ennemies… Inconcevable d’imaginer que cette figure emblématique, que son mentor et ami, ait pu les trahir d’une quelconque manière.
Et pourtant, le doute s’installait.
«C’est peu probable qu’il soit du côté des Decepticons, si vous voulez mon avis. Je suis sceptique, Optimus. Pardon d’insister, seulement je pense que nous faisons vraiment fausse route… Sans parler des conséquences irrémédiables si vous accusez à tort votre mentor. Avez-vous pensé aux répercussions sur votre statut ? Je préfère vous avertir. La confiance des citoyens en serait lourdement impactée, et votre image potentiellement dégradée. J’insiste, réfléchissez bien à votre décision. Nous ne parlons pas d’un petit soupçon !» Prévint encore Silverbolt qui croyait dur comme fer à une erreur de jugement. Soucieux, il examina le visage du Prime qui montrait des signes d’incertitude avant de redevenir le leader confiant et déterminé qu’il connaissait bien.
«Si Sentinel représente un danger pour ma fille ou pour les citoyens de Iacon, alors je prendrai les mesures nécessaires. Même si cela implique de faire des sacrifices.» Optimus hocha lentement la tête, convaincu d’avoir pris la bonne décision. Ses paroles étaient terriblement difficiles à prononcer, mais il ne pouvait se permettre de commettre une autre grave erreur.
«Loin de moi l’idée de vouloir remettre vos paroles en cause, mais est-ce vraiment sage ?» Insista le chef des Aerialbots qui tentait d’instiller le bénéfice du doute dans le Spark du Prime sur le point, selon lui, de commettre une méprise. Il n’avait rien contre sa fille à proprement parler, mais ne faisait absolument pas confiance aux Decepticons et à leurs méthodes peu conventionnelles. Son instinct le mettait en garde, cette affaire lui semblait des plus louches.
«Un créateur protège, c’est sa raison d’être. Un leader guide, et c’est ce que je compte faire. Vous guider pour prendre les bonnes décisions, pour assurer la sécurité des Autobots et de cette ville pleine d’innocents. En commençant par neutraliser les informateurs de Megatron qui circulent librement sur notre sol. C’est primordial.» Expliqua Optimus en se décollant du mur, décroisant les bras au moment où les épaules de son interlocuteur obstiné s’affaissèrent, abandonnant un combat déjà perdu d’avance.
«Très bien. Puisque vous restez sur votre position, j’enverrai mon escadron ratisser les alentours à la recherche de Sentinel. S’il n’a pas été fait prisonnier par l’ennemi, nous devrions le retrouver dès qu’il donnera le moindre signe de vie. Air Raid est le dernier à l’avoir aperçu en compagnie du soldat Ironhide, je vais donc faire équipe avec eux pour récolter un maximum d’informations sur sa position éventuelle. Si vous me permettez, bien sûr, d’emprunter l’un de vos soldats.» Se résigna-t-il.
«Prenez autant de guerriers que nécessaire. Je veux que l’on retrouve Sentinel au plus vite.» Accorda l’Autobot rouge et bleu après avoir posé sa main droite sur l’épaule de Silverbolt pour lui redonner courage mais surtout confiance en lui. Car il avait besoin de son soutien et de celui de ses alliés pour affronter la pire situation à venir. Une menace qui ne les laissait pas indifférents et qui pourrait diviser leur peuple.
Surtout Optimus désormais partagé entre deux camps.
«Ça sera fait. Vous pouvez compter sur moi.» L’Aerialbot, un peu plus grand que le Prime, hocha fermement la tête avec détermination, masquant son inquiétude du mieux qu’il le pouvait derrière cette expression placide.
Et à cet instant précis, les portes automatiques s’ouvrirent brusquement puis trois jeunes Autobots, prenant leurs jambes à leur cou, se ruèrent dans le couloir. Créant un vacarme dans leur sillage. Sur le point d’entrer en collision avec les deux robots en pleine conversation, ils évitèrent de justesse l’impact en faisant un écart sur le côté, mais ne s’arrêtèrent pas pour autant afin de présenter des excuses. Bien trop effrayés, à priori. Hébétés, Optimus et Silverbolt se regardèrent, pour finir par comprendre la raison de cette soudaine panique lorsqu’une clé de neuf vola devant leurs optiques écarquillées. Derrière les trois robots, la voix très en colère de Ratchet retentit.
«Combien de fois devrais-je encore répéter que ce n’est pas une garderie ici ! Si je vous chope, croyez-moi que je vais réaliser quelques expériences sur vos pauvres petites carrosseries flambant neuves de juvéniles ! Je vais y laisser ma magnifique signature sur chacun d’entre vous, vous allez voir. Vous ne serez pas près de l’oublier, ça, c’est moi qui vous le dis !» Gueula le médecin révolté à l’intérieur de son infirmerie, son ton ne laissant rien présager de bon.
«Sans façon, merci !» Hurla Hot Rod en retour tandis qu’il s’engouffrait avec Niltrex et Isis dans le couloir menant à la sortie, la peur au réservoir en revanche très amusé.
«Vous devriez peut-être attendre un peu avant de revenir au chevet de votre fille… Conseil d’ami.» Silverbolt toussota dans son poing puis jeta un regard insistant à Optimus, qui fixait l’intérieur de l’infirmerie avec stupéfaction. Les optiques toujours écarquillées, l’Aerialbot encouragea le Prime d’une tape sur l’épaule avant de rejoindre à son tour les couloirs d’où s’élevaient les nombreux rires des jeunes amis de Moonlight.
Plus euphoriques que jamais.
À suivre…
L’OC Isis appartient à AnnabelleCoteZircon de Wattpad
À bientôt, VP