Petite Etincelle

Chapitre 35

10733 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/04/2023 10:35

Un brin d’humour, un brin de tendresse, et… Une note d’angoisse. Voici ce que vous retrouverez dans ce chapitre.

Bonne lecture !

CHAPITRE 35

{==Ruines du Passé==}

POV Normal

Ils touchaient au but.

Enfin, il le sentait au plus profond de son Spark. Comme un tiraillement, un sixième sens qui se réveillait. Leurs recherches étaient sur le point de prendre une toute nouvelle direction. Avec empressement, le commandant des Autobots indiqua de son index deux zones sur la carte holographique où reposaient encore des fondations datant d’une époque lointaine : celle des Primes Originels. D’énormes piliers, dépassant facilement les soixante-dix mètres à peine entamés par le temps, soutenaient le poids du temple mystique et de son entrée encore scellée aux optiques des curieux. Ils avaient déblayé la majeure partie des décombres qui empêchaient d’accéder à cette entrée impressionnante, mais ces piliers inquiétaient les scientifiques sur le terrain, car d’après eux, la moindre secousse risquait d’anéantir des deca cycles de recherches.

La structure en elle-même était bien trop fragilisée pour espérer pouvoir employer les gros moyens, en parlant bien sûr d’explosifs adaptés à ce type de métal d'une solidité hors norme. De toute façon, il était hors de question d’utiliser ce genre de technique, car ils s’étaient tous mis d’accord pour ne pas abîmer les ruines malgré la nouvelle difficulté à laquelle ils faisaient face. Les anciens savaient comment faire pour conserver leurs précieux artéfacts. À l’abri de la lumière, à l’abri de l’avidité. À l’abri des mauvaises mains... Mais Optimus pouvait le sentir, les vibrations ensorcelantes de la forge de la grande Solus Prime, derrière cet épais métal faisant office de porte. Ils n’avaient jamais rien vu de tel… Une pareille construction dépassant largement leurs connaissances en matière d’architecture. Cette porte gravée de symboles était tout bonnement spectaculaire, une merveille de l’ancien temps. Penché sur sa table sous un abri de fortune, le leader des Autobots déchiffrait la carte holographique à la recherche d’une entrée secondaire sous les tonnes de métal avec la supervision de Beachcomber, le géologue, et de Wheeljack, le Wrecker.

«Il y a peut-être un autre moyen d’accéder aux étages inférieurs si nous passons par là. Les structures semblent moins fragilisées dans cette zone et pourraient supporter plusieurs charges.» Proposa Optimus tout en se baissant pour avoir un meilleur point de vue de la zone en surbrillance sur l’hologramme vert affichant les variations de terrain. De l’autre côté de la table, Beachcomber prit la parole pour argumenter.

«À condition que ça tienne le coup. Regarde, le scan indique une brèche sous le pilier numéro cinq. Si la moindre plaque est déplacée lors de notre passage, nous pourrions mettre en péril des vies… Le haut de la structure est maintenu par ces deux piliers,» Tout en expliquant sa constatation, le mecha blanc et bleu ciel se décala à l’opposé de la table pour désigner du doigt le présumé secteur ; «Juste ici. Ça pourrait vite dégénérer. Il suffit qu’un bot ne fasse pas assez attention, et cet effondrement pourrait tout engloutir sur son passage. Le plus petit faux pas, une secousse un peu trop forte… Les dégâts seraient irréparables et entraîneraient un écroulement de la partie ouest de la ville dans un immense cratère.»

«C’est impensable ! Le risque est beaucoup trop grand. Autant que j’aime le danger et l’aventure, jamais je ne m’engouffrerai là-dedans. Ça pue le piège. Alors, que faisons-nous ? On explose ce truc ? Cette porte ne s’ouvrira pas d’elle-même, à moins de connaître la combinaison exacte pour déverrouiller les verrous. Et je ne pense pas qu’ils l’aient écrite sur les murs pour nous faciliter la tâche.» Interrogea Wheeljack consterné par cette révélation, mais restant prudent sur la suite à adopter. Les bras croisés et muni d’un rictus exacerbé, il se redressa en attendant de recevoir l’avis de Beachcomber, qui ne tarda pas.

«Pour tout vous dire, j’ai déjà réalisé plusieurs simulations, mais aucune n’est vraiment rassurante… Mis à part forcer la porte d’accès, je ne vois aucune autre solution. Mais je ne crois vraiment pas que ce soit l’idée la plus brillante d’employer la manière forte dans un lieu tel que celui-ci…» Admit-il d’une petite grimace suivie d’un redressement de ses larges épaules quand le commandant à ses côtés acquiesça aussitôt, les optiques absorbées par cet hologramme au centre de la table.

«Respectons nos anciens et leurs croyances, n’agissons pas que par intérêt. Je n’accepterai jamais de mettre mon équipe en danger inutilement, au même titre que d’abîmer ce lieu historique. Nous ne profanerons pas ce sanctuaire. Nous trouverons un autre moyen d’accéder à cette salle, même si cela représente des orns de travail supplémentaires. Commencez dès à présent à programmer un logiciel qui essaiera toutes les combinaisons possibles pendant que nous, nous poursuivrons nos recherches en sécurité.» À ces nouvelles directives de son supérieur, le visage de Wheeljack devint livide avant que le bot ne se racle le vocaliser pour chasser sa stupeur.

«Mais Monsieur, vous imaginez le temps que ça prendra ?! On ne parle pas de deux ou trois orns, mais de plusieurs deca cycles ! Et encore, je reste optimiste ! Peut-être même que certains d’entre nous seront rouillés et croulants lorsque l’on trouvera la bonne combinaison. Et je ne vise personne en particulier.» S’alarma ce dernier d’une pointe d’humour même si pour lui, la situation était bien plus dramatique qu’Optimus ne voulait l’admettre.

Car du temps, ils n’en auraient bientôt plus.

«Qu’il en soit ainsi. Si Primus est avec nous, nous trouverons la combinaison dans le temps imparti. Alors prions dès à présent pour que ce soit le cas.» Rétorqua Optimus de sa voix grave qui ne laissait plus la place au débat pendant qu’il chassait l’image holographique d’un rapide coup de main.

«C’est complètement fou…» Marmonna Wheeljack, dépité, après s’être détourné de la table pour rejoindre son poste de travail qui consistait à extraire les décombres avec Ironhide et Inferno. Que c’était barbant… Il n’avait qu’une hâte, sortir et se défouler avec son meilleur ami Bulkhead pour se changer les idées.

Suivant du regard Beachcomber qui s’éloignait lui aussi de l’abri, les optiques d’Optimus s’arrêtèrent sur une silhouette familière aux côtés d’Ironhide et de Chromia. La toute nouvelle recrue, le dernier membre à avoir intégré son équipe de chercheurs, Moonlight assistait les deux robots pour prendre des mesures de la porte gigantesque au centre de la salle aux dimensions exagérées. Sa fille riait à vocaliser déployé avec le couple qui ne cessait de s’engueuler pour un oui ou pour un non, au grand malheur des autres chercheurs se retrouvant malgré eux au milieu de leurs disputes incessantes. Tenant un dispositif de mesure à laser infrarouge dans sa main, elle se dressait sur une pile de débris à gauche de la porte tandis que Chromia se trouvait à l’opposé avec le même appareil, Ironhide leur dictant la marche à suivre pour que les mesures soient parfaites. Un peu trop à gauche… Un peu trop à droite, trop bas ou trop haut, le mecha noir au timbre bourru n’était jamais satisfait, ce qui avait le don d’agacer Chromia.

«Un peu plus à gauche, j’ai dit !» Gronda Ironhide, positionnant ses mains autour de sa bouche pour porter sa grosse voix jusqu’aux deux fembots sous ses ordres. À cela, Chromia soupira de lassitude tout en redressant son bras tenant l’appareil pour s’aligner avec Moonlight de l’autre côté.

«Qu’est-ce que tu peux être pénible quand tu t’y mets ! On est déjà à gauche ! Regarde le laser, il est bien droit. Ouvre un peu tes optiques.» Rétorqua-t-elle avec impatience, se retenant de l’envoyer balader car elle n’avait pas envie de contrarier son chef, sans doute un peu plus loin à l’écoute de leur conversation. Mais forcément, il fallait qu’il revienne à la charge… Il ne pouvait pas faire autrement.

«Ce n’est pas du tout droit, là ! Si je vous dis que vous êtes trop à droite, c’est que vous êtes trop à droite ! Ce n’est pourtant pas compliqué !» Ironhide claqua ses mains contre ses hanches puis secoua la tête de découragement, toutes les optiques rivées sur lui en attendant l’explosion inévitable de Chromia.

«C’est toi qui rends les choses compliquées ! Il faut toujours que tu places des commentaires stupides quand il n’y a absolument rien à dire. Tu ne peux pas t’en empêcher !» Répliqua cette dernière en jetant un coup d’optique à la fembot plus jeune qui n’osait pas s’immiscer dans la conversation, par peur des représailles. Oh que non ! Très mauvaise idée. Tout le monde ici savait que ces deux-là pouvaient faire trembler le sol lorsqu’une dispute éclatait, et qu’il valait mieux éviter de désamorcer la bombe s’ils ne voulaient pas recevoir de bosses.

«Et ça recommence… Ce n’est pas le moment de nous faire une scène, on a du travail ! Ces fembots, je vous jure… Toujours quelque chose à dire.» Déclara le mecha noir indifférent tout en levant les optiques au plafond de la salle, les mains en poings sur les hanches.

«Aurais-tu l’audace de me le répéter droit dans les optiques ?» Chromia plissa furieusement les optiques, le bras toujours tendu pour rester alignée avec le laser de Moonlight. La situation devenait particulièrement gênante pour elle, car tout pouvait servir de prétexte à un conflit, et elle n’avait soudainement plus envie de rire en constatant ce changement d’atmosphère. C’était devenu électrisant. Elle grimaça lorsqu’Ironhide répliqua avec légèreté.

 «J’ai dit que vous faisiez du bon boulot ! Même s’il n’est pas toujours droit.» Il se mit à rire, au grand dam de tout le monde.

«Fais bien attention à ce que tu dis, mon gros. Ou tu risques d’avoir de sérieux ennuis une fois sorti d’ici. J’ai pas envie d’être à l’origine d’un éboulement parce que Monsieur Ironhide a décidé d’en faire qu’à sa tête en me provoquant ! À tes risques et périls, tu sais dans quoi tu mets les pedes, vieux débris.» Prévint Chromia après s’être tournée vers lui pour le menacer du doigt, ses optiques bleues méchamment plissées au mecha en contrebas. Ce qui ne le découragea pas pour autant, au contraire, il trouvait ça amusant.

«Je ne suis pas gros ! Je suis corpulent, nuance, c’est pas pareil.» Grogna Ironhide en croisant les bras sur son châssis.

«Ta bouche rivalise avec ta corpulence.» Riposta aussitôt Chromia, ravie d’avoir touché un point sensible quand l’expression insouciante d’Ironhide se changea en outrée. Elle sourit victorieusement.

«Quoi ?! Répète un peu pour voir ! Descends, qu’on en discute face à face, entre quatre optiques ! Tu vas voir si ma bouche est plus grande que mon artillerie !» Fulmina-t-il tout en gesticulant vivement, activant ses canons au niveau des bras, prêt à provoquer la fembot effrontée qui testait sa patience.

«Tu n’as qu’à monter, encore faut-il que tu arrives à déplacer toute cette masse…» Haussant paresseusement les épaules, Chromia laissa son sourire s’élargir alors que les optiques du gros mecha s’écarquillaient et que sa bouche s’ouvrait béatement. Elle aurait presque juré voir de la fumée s’échapper de son casque… C’était franchement hilarant.

Se tenant immobile sur sa pile de décombres, Moonlight attendait patiemment que la dispute s’arrête. Les optiques grandes ouvertes à chaque réplique cinglante que le couple s’envoyait, elle sentit ses évents s’échauffer, craignant que les deux ne finissent par s’entretuer. Pourquoi personne ne s’interposait avant que l’irréparable ne soit commis ?! Pris entre deux feux, la fembot bleu ciel chercha désespérément du regard quelqu’un qui aurait l’amabilité de la sortir de cette situation gênante. Toujours le bras levé au-dessus de sa tête, elle commençait à sentir que l’energon dans ses câbles refluaient et que bientôt elle n’aurait plus la force de tenir dans cette position ridicule. Par Primus… Mais dans quoi s’était-elle encore embarquée ? Déplora-t-elle en envoyant un regard suppliant vers son créateur, proche de la tente où étaient stockées les archives. Toutefois, ce fut un autre bot qui prit la décision d’intervenir, un Wrecker pas comme les autres qui ne craignait pas la confrontation. Un mecha blanc, rouge avec des notes de vert.

«Ça suffit les pignoufs, on se calme. Vous avez fait votre petit spectacle, mais maintenant, laissez les autres bosser sans subir vos chamailleries répugnantes de couple à longueur de cycle. On a compris que vous vous aimiez fort, mais on aimerait bien terminer ce cycle sans que personne ne perde une optique, OK ?» Wheeljack vint se positionner à côté d’Ironhide pour le dissuader de poursuivre cette dispute qui n’avait ni queue ni tête.

«Pignouf ?! C’est moi que tu traites de pignouf, Wrecker de mes deux ?» S’écria le mecha noir, scandalisé.

«Est-ce que je regarde quelqu’un d’autre ?» Demanda tranquillement le robot blanc et rouge, un haussement de crêtes optiques insolent accompagnant sa question alors qu’il désignait le vide autour de lui. Ironhide s’apprêtait à laisser éclater sa colère, mais le chef des opérations décida qu’il était temps d’y mettre définitivement un terme.

«Que cela cesse immédiatement !» Gronda subitement Optimus en descendant la pente pour se rapprocher des deux mechas en pleine embrouille. À l’intonation de sa voix, tout le monde dans les ruines se tut, suivant du regard l’imposant chef qui venait de perdre patience. Le bruit lourd de ses pas résonnait contre les murs comme un dangereux avertissement. Le Prime autoritaire fusilla du regard les trois responsables de ce grabuge avant de reprendre la parole sur le même ton sévère.

«J’exige de la discipline. Je ne tolérerai plus aucune dispute en ces lieux sacrés. Vous avez le devoir de vous respecter les uns les autres et de respecter ce sanctuaire. De travailler ensemble et de mettre de côté vos rivalités pour que notre projet se développe dans des conditions optimales. Nous ne sommes pas là pour des règlements de compte, mais pour chercher un moyen d’offrir une vie meilleure à nos semblables, de nous offrir une meilleure vie. Restons unis, même dans l’adversité. Si quelque chose ne vous convient pas, ou si quoi que ce soit vous dérange, alors je vous prierai de m’en faire part en privé afin de ne pas perturber le reste de l’équipe pendant les fouilles. Est-ce suffisamment clair ?» Somma Optimus, les crêtes optiques froncées de colère aux deux mechas plus petits qui s’échangeaient des regards noirs à tour de rôle.

«Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?» Répéta le Prime calme mais ferme, une légère menace cachée derrière ses mots, jusqu’à ce que Wheeljack soupire et qu’Ironhide secoue la tête.

«Très clair, chef.» Grommela Wheeljack en appuyant bien sur le mot «chef».

«Limpide.» Acquiesça Ironhide entre ses dentas.

«Bien. Maintenant, retournez à vos postes. J’ai besoin de la topographie détaillée de cette porte avant la fin du cycle.» Ordonna Optimus en désignant d’un petit coup de menton la porte ovale face à eux, offrant aussi un regard d’excuse à Moonlight par la même occasion.

Les deux mechas ne se firent pas prier. Sans même s’échanger un dernier regard assassin, Wheeljack et Ironhide se séparèrent pour obéir à leur leader mécontent, non sans une pointe d’agacement. Leurs regards chargés de rancune révélaient une longue histoire de tensions jamais résolues entre eux. Ils avaient toujours eu du mal à s’entendre, c’était une évidence… Cependant, la peur d’un accident majeur semblait momentanément calmer leurs différends, même si la rivalité restait palpable. Mais dans un lieu sacré comme celui-ci, l’entente était primordiale. La moindre dispute éclatant en bagarre pourrait fragiliser davantage la structure et provoquer un effondrement de toute la cavité sur eux. Sans compter l’affaissement des tours juste au-dessus de leurs têtes... Déconnectant de nombreux bots innocents dans le processus. Ce serait une véritable catastrophe qu’Optimus préférait éviter à tout prix, même si cela signifiait exercer son autorité sur ses Autobots lorsqu’ils manquaient de discipline. Une tâche qui ne l’enchantait guère, mais qui faisait partie de son devoir.

«Ahem. Bonjour, Prime. Navré de débarquer à l’improviste, mais j’aurais besoin de vous emprunter Ironhide.» Résonna subitement la voix reconnaissable de Silverbolt, le chef des Aerialbots. Le robot en question se tenait non loin de l’abri, les bras croisés derrière son dos, se balançant légèrement sur ses grands pedes après avoir été témoin du sermon.

«Bien sûr. Tu es levé de tes fonctions, Ironhide. Pars rejoindre Silverbolt, je te remplacerai.» Accorda le Prime d’un petit signe de tête respectueux envers le chef ailé, avant de tendre la main vers le mecha grognon. Silverbolt échangea un rapide regard avec le commandant rouge et bleu tandis qu’Ironhide lâchait le trépied fixe pour le rejoindre.

«Ah, pas de chance, le devoir m’appelle. À plus tard, ma petite enclume d’amour. Bonne chance avec elle, Moon. T’en auras bien besoin, crois-moi.» Dit ce dernier en marchant à reculons pour saluer sa belle Chromia qui se contenta de lui tirer la langue.

«Où est-ce qu’il va ?» Questionna Moonlight, intriguée, alors qu’elle observait Silverbolt et Ironhide s’éloigner par le tunnel de sortie.

«Il aide les Aerialbots à localiser Sentinel. C’est déjà la troisième tentative en un deca cycle… Je me demande bien où il a pu disparaître. Apparemment, il serait quelque part vers l’est, derrière les dunes figées par la glace. Ils auraient détecté un signe de vie près des frontières du Néant, pas loin de Kaon. J’espère que ce tas de ferraille me reviendra en un seul morceau...» Se soucia Chromia, le Spark contracté d’inquiétude à l’idée qu’Ironhide se blesse durant cette nouvelle excursion.

Moonlight pouvait clairement percevoir la pointe de peur dans la voix suave de la fembot se tenant de l’autre côté de la porte. Elle ne voulait peut-être pas le montrer, mais ses optiques anxieuses parlaient à sa place. Il était clair que malgré les apparences, ces deux-là s’aimaient profondément. D’un sourire triste, Moonlight reprit sa position d’origine pour enfin achever le tracé au laser de la largeur de la porte, pendant qu’Optimus prenait des photos à l’aide de son appareil ultra sophistiqué. Il ne fallut que deux breems supplémentaires pour venir à bout de ce travail laborieux. Satisfaits, les trois robots libérèrent la porte mystique de leur présence et regagnèrent la tente afin de ranger le matériel dans une caisse de protection. Au loin, Wheeljack taquina Blurr après que ce dernier se prit les pedes dans une barre de fer pour s’écraser de tout son long sur le sol, déclenchant un éclat de rire chez Inferno. Une réaction en chaîne qui fit vibrer un peu l’ambiance générale plutôt sérieuse… Moonlight cacha un sourire amusé derrière sa main puis s’éloigna de l’abri pour rejoindre une petite dune de débris non loin de la porte illuminée par des spots blancs, afin de profiter de la vue après un dur cycle de travail.

Optimus remercia Chromia pour son implication avant de verrouiller les caisses de stockage, en attendant un nouveau cycle à venir. Il n’était pas tard, mais il ne voulait pas épuiser son équipe ni les laisser trop longtemps confinés sous le métal, au risque d’affecter leur moral. Personne n’aimait être privé de lumière trop longtemps ! Et ils avaient déjà assez travaillé. De plus, il leur faudrait désormais du temps pour trouver la bonne combinaison afin d’ouvrir cette porte, encadrée de piliers aux allures de panthéon… Enthousiaste néanmoins tourmenté, le Prime tourna légèrement la tête vers la gauche en direction de la petite fembot perchée sur la pile de débris, les genoux repliés, le menton posé sur ses bras. Son regard malheureux était perdu dans le vide, mais à chaque sollicitation dans le lien créateur, elle lui envoyait des réponses positives. En apparence, rien d’anormal. Pourtant, son visage racontait une tout autre histoire, assez troublante pour éveiller en lui une inquiétude croissante, au point de le pousser à intervenir.

Le commandant décida donc d’escalader à son tour la pile pour rejoindre Moonlight au sommet. Prenant garde à ne pas trébucher par mégarde sur un morceau de tôle, Optimus atteignit sa destination sans encombre, mais la vraie difficulté commençait maintenant : l’approche verbale. Peu habile avec ce genre de choses, il hésita à s’asseoir à ses côtés, cherchant d’abord ses mots pour engager la conversation. Faire des discours devant des centaines de milliers de robots ou raconter des histoires sur le passé ne lui posait aucun problème, en revanche, s’ouvrir émotionnellement… C’était une tout autre affaire. Par où commencer ? Désemparé, le leader des Autobots baissa le regard vers le sol, avant de s’apercevoir du coin de l’optique que Blurr et Inferno lui levaient leurs pouces pour encourager leur Prime à faire le premier pas.

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POV Moonlight

Je regardais mon Opiluk avec une pointe d’amusement tandis qu’il hésitait sur sa prochaine action. En contrebas de la pile de décombres, je pouvais voir Blurr et Inferno faire des signes pour inciter Optimus à m’aborder, un geste que je trouvais plutôt adorable. Ils voulaient simplement l’aider, car je savais à quel point il pouvait être difficile pour lui de faire le premier pede. Il avait perdu l’habitude au fil des vorns. C’était toujours plus facile d’aborder un petit étincelant plutôt qu’un robot adulte avec qui nous n’avions plus beaucoup de contacts émotionnels… Mais pour être honnête, moi-même je n’étais pas très douée. Décroisant mes bras de mes genoux, j’étendis lentement mes jambes devant moi dans une position plus confortable, puis me penchai en arrière sur mes mains pour pouvoir voir les optiques du mecha bien plus haut. Il fallait presque que je louche pour atteindre la bonne hauteur alors qu’il passait son regard incertain des deux bots à moi, et vice versa. Je pris la décision de rompre ce malaise.

«Tu veux t’asseoir ?» Lançai-je en me décalant sur la gauche pour lui faire de la place, un sourire complice aux lèvres quand mon créateur accepta ma proposition sans hésiter.

«Comment se passe ton intégration ? C’est déjà ton huitième cycle dans l’équipe, et je remarque que tu progresses très vite. Tu sembles t’épanouir.» Partagea Optimus une fois assis à côté de moi dans une posture presque détendue.

«C’est sympa. Au début, je ne pensais pas que fouiller des ruines me plairait autant, en toute franchise. Jusqu’ici, je n’avais jamais compris ton intérêt pour ces vieilles reliques… Pourquoi tu t’obstinais à recenser le passé alors que le futur était là, dehors. Mais notre passé recèle des mystères qui ne demandent qu’à être révélés. Et j’aime participer à ces découvertes, avec vous tous pour m’apprendre comment les interpréter. J’admire vraiment votre travail. Il y a presque un côté reposant à tout ça.» Répondis-je à mon Opiluk qui se souciait de savoir si mon adaptation se passait comme je l’espérais.

«Le passé nous permet d’apprendre à ne plus reproduire les mêmes erreurs, à comprendre nos faiblesses. Sans lui, nous ne pourrions pas évoluer. Notre politique ne progresserait pas, tout comme cette société et notre façon de vivre.» Expliqua-t-il sommairement, désignant de la main droite les ruines éclairées face à nous, son regard rassurant tourné vers moi.

«Il me fait peur. Il me terrifie.» Admis-je aussitôt après avoir reculé mes genoux contre mon châssis pour entourer mes bras autour de mes tibias.

«L’inconnu fait toujours peur. Mais il faut apprendre à l’apprivoiser, à le conquérir. Ne laisse pas cette peur prendre le contrôle sur toi, transforme-la en curiosité, et ta perception du monde changera.» Révéla-t-il avec douceur.

Au lieu de lui répondre, je me contentai d’hocher la tête tandis qu’un silence apaisant s’installait entre nous. Le menton posé sur mes avant-bras croisés, je me retrouvai vite fascinée par la grande porte du sanctuaire et les nombreux symboles dorés qui la recouvraient. Ils m’intriguaient… Que signifiaient-ils ? Que renfermaient-ils ? J’étais remplie de questions à propos de cette porte qui dissimulait l’un des plus grands secrets de notre peuple. Une relique capable de créer et de guérir de tous les maux. Ma curiosité me rongeait alors que j’examinais avec attention chacun des caractères gravés dans le métal épais, chaque courbe gracieuse de l’ancien Cybertronien. J’aurais aimé apprendre à le déchiffrer, à le parler couramment. Cette œuvre ancienne rayonnait d’une beauté qui captivait l’âme. Seule une poignée de robots savaient encore les lire et les interpréter, notamment les plus sages et les plus anciens d’entre nous. Sentinel en faisait hélas partie.

«Est-ce que tu penses que nous parviendrons à ouvrir cette porte ? Et que nous réussirons à mettre la main sur la forge de Solus Prime ?» Me surpris-je à demander à voix haute, mes optiques bleues rivées sur cette architecture antique.

«Seule la persévérance le déterminera. Mais le temps est relatif. Tout dépendra de ce que nos recherches révéleront, et si nous parviendrons à trouver la précieuse combinaison qui permettra de l’ouvrir. C’est mon plus grand souhait.» Optimus baissa la tête après avoir posé sa main droite sur les plaques de son châssis, juste au-dessus de son Spark vaillant.

Le lien créateur révélait à quel point cela avait une grande importance pour lui.

«J’ai entendu Beachcomber et Wheeljack parler d’explosifs…» Avouai-je ensuite.

«Ce que nous n’utiliserons pas. Pas dans un lieu sacré comme celui-ci. Je tiens tout particulièrement à laisser cet endroit intact après notre passage, pour ne pas réveiller la colère des anciens.» Il me rassura rapidement en reconnaissant l’inquiétude dans ma voix. Tournant la tête dans ma direction, je fus baignée par la lumière bienveillante de ses optiques tandis qu’il posait sa grande main sur mon épaule, me tirant doucement de ma rêverie passagère.

«Moonlight, je ressens ta peine. Dis-moi ce qui ne va pas, je pourrais peut-être t’aider…» Hésita Opi en serrant doucement mon épaule, cherchant à me consoler ou peut-être à m’encourager à m’ouvrir à lui. Sans doute un peu des deux, connaissant sa nature.

En revanche, je ne m’attendais pas à ce qu’il me pose cette question, et encore moins à ce qu’il me propose son aide. Rigide sous sa paume, je me redressai puis esquivai son regard soucieux pendant que mes joues chauffaient d’embarras. Comment faisait-il pour lire aussi facilement en moi ? Je faisais pourtant attention à ne pas trop donner d’informations via le lien, en le gardant le plus neutre possible… Depuis toute petite, il avait toujours eu ce don de déceler ma tristesse. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi alors qu’il avait déjà largement assez de travail avec la ville et les fouilles. Je voulais leur montrer que j’étais pleinement capable d’assumer seule tout ce qui me tracassait, tout ce qui me faisait du mal. Je voulais leur prouver que j’étais guérie, que je n’avais plus besoin d’aide. Que je prenais mes responsabilités en main. Mais surtout, je ne voulais plus jamais faire subir ma propre douleur à mon Opiluk, plus jamais. Il ne le méritait pas. Je ne le supporterais pas. Nerveusement, je tapotai mes doigts contre le métal de mes bras avant d’offrir un sourire que j’espérais rassurant à mon Opiluk, toujours en attente d’une réponse.

«Je vais très bien, je t’assure. Tout va parfaitement bien.» M’empressai-je de lui dire, mais face au regard sceptique qu’il me lança, je repris d’une voix tout aussi agitée. Pourquoi n’avais-je aucun contrôle sur mon vocaliser quand j’étais prise au dépourvu ?

«Promis ! Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter.» Lui mentis-je en forçant un nouveau sourire sur mon visage. J’avais honte, terriblement honte de mentir ainsi à mon créateur… Mais je ne voulais vraiment pas qu’il s’inquiète pour moi. Ma priorité pour l’instant, était de travailler sur moi-même puis de gérer mes émotions dans le lien créateur afin qu’il n’y ait aucun soupçon sur une réalité bien différente.

Je m’interdisais de le faire souffrir d’une manière ou d’une autre, quitte à lui cacher la vérité.

«En es-tu sûre ? Tu sembles épuisée.» Évidemment, il doutait quand même. C’était le Prime, il décelait facilement les menteurs quand il en voyait un, à mon plus grand malheur.

«Oui, Opi, je ne te cache rien. Je manque juste un peu de recharge, mes batteries ne sont plus aussi performantes qu’avant. Je vais voir Ratchet pour régler ça, ne te fais pas de soucis. Je serai présente le cycle prochain.» Assurai-je d’un léger ton ennuyé alors que je me frottais les optiques avec le pouce et l’index, fatiguée de toujours devoir me justifier.

«Là n’est pas la question. Je veux simplement m’assurer que tu vas bien. Que rien ne te préoccupe.» Optimus se pencha légèrement vers moi, cherchant à capter mon regard mais je gardais mes optiques baissées sur mes genoux, mon Spark devenant douloureux face à l’inquiétude contenue dans sa voix. Mon créateur se souciait de moi, et j’étais incapable de m’ouvrir à lui pour toutes ces raisons-là.

La nuit dernière après mon cauchemar particulièrement violent dans l’infirmerie, Ratchet n’avait pas prononcé un seul mot. Pas même quand je suis sortie des locaux pour me rendre dans les ruines en ce début de cycle, il ne m’a même pas adressé l’un de ses fameux regards analytiques. Rien. Juste une compréhension silencieuse. Il avait agi comme à son habitude, se rendant au chevet de Bumblebee tout en me donnant les instructions quotidiennes, en attendant de revenir le soir pour recharger dans la sécurité de ses locaux. Et je lui en étais infiniment reconnaissante, car je n’avais absolument aucune envie d’en parler, de peur de revivre cette terreur qui m’avait emprisonnée dans mon propre protoforme pendant de longs kliks. Les plus longs de ma vie… Cependant, j’avais l’impression qu’Optimus savait quelque chose que j’ignorais. Mais quoi ? Pourquoi me regardait-il ainsi, avec tant de peine ? Juste au moment où j’étais sur le point de parler à nouveau pour effacer cette expression déçue sur son visage, je refermai vite la bouche quand il reprit la parole.

«Dans ce cas, je suis dans l’obligation de te laisser. Je dois me rendre au Haut Conseil de Iacon. Nous nous retrouverons ce soir devant le centre médical. Comme toujours, je compte sur ta ponctualité.» Indiqua-t-il en se redressant sur ses pedes pour revenir à sa pleine hauteur, retrouvant par la même occasion son impassibilité légendaire ainsi que cette aura autoritaire qui imposait le respect.

«Oui, Opi.» Me contentai-je de répondre d’un regard attristé lorsqu’il se détourna de moi pour entamer la descente, mon Spark se serrant douloureusement à l’intérieur de mon châssis.

Pourquoi avais-je l’impression d’avoir tout gâché ?

{==Hall des Archives, 1 breem plus tard==}

Après ma courte conversation avec mon Opiluk, j’eus une idée pour occuper la fin de mon cycle. N’ayant pas spécialement envie d’errer dans les rues en pensant à mes amis qui ne voulaient plus me parler, je m’étais dit qu’aller au grand Hall des Archives pourrait m’aider à penser à autre chose. Je joindrais l’utile à l’agréable. Non loin du centre de Iacon, cet immense bâtiment conique s’imposait parmi les autres tours alentour. Là-dedans se trouvaient tout un tas d’archives sur l’ancien monde, et plus particulièrement sur l’ancienne civilisation des Transformers. Je voulais impérativement mettre la main sur des datapads qui pourraient potentiellement parler du sanctuaire de Solus Prime pour espérer trouver quelque chose d’intéressant sur cette porte blindée… Et avec un peu de chance, trouver une combinaison qui fonctionnerait pour la déverrouiller ? En réalité, je voulais surtout faire plaisir à mon Opiluk et au reste de l’équipe.

Car si jamais je trouvai des informations intéressantes à partager, elles pourraient nous offrir d’autres champs de possibilités encore inexplorées. J’apporterais par la même occasion ma contribution personnelle aux recherches et permettrai à mon créateur d’accéder à son grand rêve… Un idéal. C’était très important pour moi, autant que de satisfaire ma curiosité croissante. Alors, avec toute ma détermination et des idées plein la tête, j’escaladai les grandes marches pour atteindre les doubles portes forgées qui me conduisaient à l’intérieur des archives historiques de Iacon. L’un des plus précieux monuments. Je fus instantanément frappée par l’immensité de cet endroit aux mille et une étagères chargées de savoirs anciens, où chaque recoin semblait murmurer les secrets du passé. De gigantesques rayonnages remplis de datapads se dressaient de chaque côté de l’allée principale, menant tout droit à un guichet où un mecha était assis sur une chaise. Émerveillée par la beauté de cette salle qui ne semblait connaître aucune fin, je tournai sur moi-même pour contempler toutes ces archives soigneusement triées par catégorie.

Guerres, politique, géologie, astres, histoire, légendes… Il y avait absolument de tout ici. Allant des conquêtes ayant marqué l’histoire, au plus folklorique des contes. Il y avait même une catégorie civilisations exotiques, et le rayon était grand. Jamais je n’aurais imaginé qu’un endroit comme celui-ci puisse exister, j’étais totalement à court de mots devant tant de merveilles concentrées en un seul lieu. Pourquoi n’avais-je jamais pensé à venir dans ce bâtiment avant ? Avait-il toujours existé ? Franchement, je me posais la question tandis que je me rapprochais peu à peu du guichet au fond de l’allée principale. Si seulement je m’y étais intéressée plus tôt… Me réprimandai-je intérieurement. Je commençais à comprendre tout l’intérêt que portait mon Opiluk aux archives quand je voyais tout ce savoir mis à notre disposition, et pourquoi il se terrait dans des endroits comme celui-ci lorsqu’il était encore connu sous la désignation d’Orion Pax. Le savoir était là, à portée de mains.

Il n’y avait pas foule, tout était d’un calme reposant, de quoi permettre une grande concentration. Grâce à la taille titanesque des archives, c’était à peine si j’entendais les pas des autres robots présents… C’était hallucinant ! Je découvrais un univers dont j’ignorais complètement l’existence. Rien ne rivalisait avec ce lieu atypique, où le plafond en verre était si haut qu’il m’était impossible d’en évaluer la hauteur. Me ressaisissant au moment où j’atteignis le guichet, je posai mes mains sur le comptoir et remarquai que le robot gardien des lieux avait des optiques rouges. Je fis de mon mieux pour ne pas le dévisager, mais sans le vouloir, un sentiment de terreur m’envahit. Je ne pouvais m’en empêcher… J’avais trop de mauvais souvenirs liés à cette couleur. Une petite plaque fixée à ma droite indiquait que le mecha se prénommait Whistel. Je ressentis comme un électrochoc lorsqu’il redressa son regard ennuyé dans ma direction pour me scruter de la même manière. De couleur bleu verdâtre, ce robot aux verres grossissants destinés à améliorer sa lecture leva une crête optique de dédain avant de mettre son datapad de côté pour se pencher vers moi.

«Qu’est-ce que tu veux ?» Me demanda-t-il avec agacement, une crête optique arquée.

«Euh… Je cherche le rayon histoire des Treize Primes.» Me sentant réduite sous son regard irrité, je manquai cruellement d’éloquence sur le coup.

«Allée B-A-147, étage du bas.» Me répondit le mecha aux optiques rouges en désignant de la main la direction à prendre, montrant l’allée gauche en question. Il détourna aussitôt le regard pour reprendre la lecture de son datapad, m’ignorant une nouvelle fois.

«Merci.» Perplexe, je m’engouffrai entre les étagères immenses à la recherche des précieuses archives. Par chance, il ne me fallut pas longtemps pour trouver la catégorie de datapads que je recherchais activement. Subjuguée par cette quantité de savoir accumulée, je laissai traîner mon index sur leur rebord pour finalement m’arrêter sur celui qui parlait de Solus Prime et d’un certain Temple Céleste. Intriguée par le titre plutôt racoleur, je l’emportai avec moi pour aller m’asseoir à une table libre, éclairée par un cristal d’energon en guise de lampe. Il n’y avait vraiment pas grand monde dans les parages, mis à part deux robots assis à des tables plus loin contre un mur et une fembot seule dans un canapé, un datapad allumé entre les mains. J’aimais ce silence. Il me permettait de me détendre alors que j’activais mon datapad pour découvrir une image représentative de la puissante Solus Prime, tenant dans ses mains la fameuse forge.

«Grendy, il est temps d’y aller maintenant.» Chuchota une voix féminine dans l’allée derrière moi. Je me retournai et aperçus un mecha noir, orange et vert perché sur une échelle tandis qu’une fembot bleue et verte au sol lui faisait signe de la rejoindre. Tous deux avaient la particularité d’avoir deux optiques différentes : une bleue et une rouge. Les grandes portières dans le dos de la fembot s’ouvrirent alors que le bot la rejoignait, tenant dans ses mains deux datapads, un sourire ravi se dessinant sur son visage marqué. Une fois partis, je retournai à ma lecture.

Je ne savais pas combien de temps j’étais restée dans la même position, absorbée par la lecture et l’histoire détaillée de la grande Solus Prime, quand je finis par me rendre compte que mon réservoir protestait contre le manque de carburant.

«Pas maintenant.» Je râlai à voix basse pour ne déranger personne, les dentas serrées d’exaspération.

En effet, d’un simple scan de mes systèmes, je découvris que le niveau de mon réservoir était assez bas et que mes batteries atteignaient tranquillement les quarante pourcents d’autonomie, ce qui n’était franchement pas énorme. Un peu plus, et j’aurais beaucoup de mal à marcher jusqu’à mes quartiers en haut de la tour. Je grimaçai fortement, c’était à cause de ma mauvaise recharge. Tout au long du cycle, j’étais épuisée physiquement et moralement, au point de me demander si je ne ferais pas mieux d’aller recharger plutôt que de faire des recherches. Me frottant le casque avec lassitude, je posai ma joue contre ma paume pour soutenir le poids de ma tête qui devenait de plus en plus lourde au fil des lignes que je parcourais. Sans prévenir, un frisson parcourut mon châssis quand mes ailettes dans le dos se dressèrent, signalant une présence inhabituelle. J’avais l’impression d’être observée… Avec insistance. L’atmosphère paisible des archives se fissura brusquement sous cette sensation oppressante d’être sous un regard perçant.

D’abord figée sur ma chaise, je me retournai avec précaution pour regarder derrière mon épaule afin de voir qui était à l’origine de mon malaise. Évidemment, il n’y avait personne susceptible de remplir ce rôle. J’étais donc seule dans cette zone de lecture. Les allées étaient complètement désertes, et le couple de l’instant précédent n’était nulle part en vue. Me raclant nerveusement le vocaliser pour le libérer de cette pression insoutenable, je passai mes optiques d’un côté à l’autre, persuadée que quelqu’un allait apparaître comme par magie. Je me sentais affreusement mal… Je n’aimais pas du tout cette sensation éprouvante qui me serrait le châssis et brouillait mes pensées. Pourtant, j’étais certaine que quelqu’un m’observait, là, entre les allées où le silence régnait dans la pénombre. Un peu comme si mon monde tournait au ralenti, avec cette peur contenue à l’intérieur de mes circuits, j’attendis quelques kliks de plus dans cette position immobile en espérant que ce malaise disparaisse de lui-même pour me libérer de ce poids. J’étais angoissée, les ailettes toujours raides dans mon dos.

«Tu deviens paranoïaque, ma fille.» Chuchotai-je subitement en secouant la tête d’un geste ridicule, avant de glisser le datapad sous mon bras pour rejoindre la sortie.

J’étais peut-être paranoïaque, mais je n’avais plus aucune envie de rester ici un seul nano-klik de plus. Mon instinct me hurlait de quitter les lieux, et je préférais l’écouter plutôt que de découvrir trop tard que mes craintes étaient fondées.

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POV Normal

Moonlight rejoignit vite la sécurité de ses quartiers au sommet de la Tour des Cieux. Durant tout le trajet, elle n’avait de cesse de se retourner pour s’assurer que personne ne la suivait. Véritable course contre sa propre ombre à travers les rues de Iacon, la fembot anxieuse se dépêcha de gravir les étages jusqu’à se retrouver derrière la porte verrouillée des quartiers qu’elle partageait avec son Opiluk, lorsqu’il pensait à venir recharger de temps en temps. Le stress toujours présent dans chacun de ses circuits, elle activa ses évents dans l’espoir de refroidir son protoforme bouillant après avoir couru comme une dératée jusque dans la tour. Elle avait besoin de se sentir en sécurité. Mais elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle réagissait ainsi, car probablement que personne ne l’avait prise pour cible. Sinon, elle l’aurait d’ores et déjà remarqué, pas vrai ? Elle tenta de se convaincre que ce n’était qu’une réaction excessive, un simple contrecoup du manque d’énergie.

Reprenant le contrôle de ses émotions, elle s’installa calmement à son bureau dans sa chambre avec un cube d’energon pour remplir son réservoir pratiquement vide. Elle plaça le fameux datapad des archives sur la surface face à elle. Elle espérait sincèrement que le mecha gardien, nommé Whistel, ne lui en voudrait pas d’être partie à la hâte en embarquant son précieux datapad… Elle n’avait aucune envie de s’attirer des ennuis ni d’être bannie des archives. Dorénavant installée sur sa chaise à son bureau contre le mur, Moonlight dégusta son cube au fur et à mesure qu’elle avançait dans sa lecture passionnée. En effet, les écrits parlaient d’un Temple Céleste qui aurait été bâti après la Grande Guerre pour préserver les artéfacts des Treize Primes de la cupidité. Mais les coordonnées de ce temple n’avaient jamais été découvertes ni mentionnées, ce qui laissa Moonlight supposer qu’il ne s’agissait pas du même sanctuaire que celui dissimulé sous la capitale. Peut-être y en avait-il plusieurs, dispersés un peu partout sur la planète ? Pour minimiser les risques qu’une âme malintentionnée ne mette la main sur chaque artéfact ? En tout cas, sa lecture lui permettait de découvrir une nouvelle facette de cette histoire jusque-là réduite au silence.

Volontairement ? Il se pourrait bien.

Les groons passaient, et Moonlight sentit ses optiques devenir de plus en plus lourdes. Luttant désespérément pour garder le contrôle sur ses batteries, la fembot finit par s’affaler sur son bureau, les mains à plat sur le datapad lumineux. Elle s’était arrêtée à mi-chemin d’un passage faisant mention d’une guerre de territoire avec l’ancienne civilisation des protecteurs du Allspark. À côté d’elle, son cube à moitié entamé faisait office de veilleuse, car la luminosité baissait naturellement avec la disparition des soleils derrière la fenêtre. Son CPU ordonnant à ses membres de ne plus coopérer, Moonlight entama donc la recharge qui la réclamait depuis bien trop longtemps pour qu’elle continue à résister. La fatigue avait finalement eu raison d’elle. Il ne lui fallut que quelques kliks à peine pour se retrouver plongée dans le monde des rêves. Dans un endroit qui, pour une fois, lui était totalement étranger.

«Bonjour ?» Se manifesta-t-elle au beau milieu d’un couloir vide.

Comme d’habitude lorsqu’elle se retrouvait dans ces endroits coincés entre le rêve et la réalité, il n’y avait aucun son. À la seule différence que, cette fois-ci, elle pouvait s’entendre parler, tout comme percevoir les vibrations qui l’entouraient. D’étranges vibrations, profondes et continues. Perdue au milieu de ce large couloir lumineux, où pas une âme ne semblait vivre, la fembot regarda de gauche à droite dans l’espoir de trouver une issue qui la conduirait loin d’ici. Elle n’aimait pas particulièrement cet endroit stérile, avec juste le bourdonnement de son Spark comme unique son répétitif. Encore fallait-il qu’il y ait bien une sortie quelque part… Car la plupart du temps, elle était coincée dans une boucle infinie, sans la possibilité d’en sortir sans une aide externe. Ou, dans le meilleur des cas, avec la sortie automatique de stase une fois un certain pourcentage de récupération atteint lui permettant de retrouver son autonomie. Mais avec le peu d’énergie qu’il lui restait avant de sombrer dans l’inconscience, Moonlight doutait qu’elle puisse utiliser ce moyen durant les prochains breems.

«Moonlight ?» Appela une voix derrière elle qui lui prodigua un intense sentiment de bonheur.

«Bumblebee ? C’est bien toi ?» Sous le choc de voir que son meilleur ami se tenait bel et bien dans le couloir avec elle, Moonlight sentit des larmes de joie remplir ses optiques bleues alors qu’elle trébuchait à ses pedes pour le rejoindre.

«Mais, qu’est-ce que tu fais ici ?» Interrogea-t-elle d’une voix tremblante sous le coup de l’émotion soudaine. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait plus entendu le son de sa voix… Qu’elle ne l’avait plus vu aussi vivant, tout simplement. Une main posée sur sa bouche pour dissimuler sa surprise, elle tendit l’autre bras pour effleurer son châssis jaune et noir du bout des doigts. Il était solide.

«C’est à toi de me le dire.» Confus, Bumblebee haussa les épaules pendant que Moonlight baissait les optiques envahies par la tristesse.

«Tu me manques terriblement, si tu savais… La vie n’est plus la même sans toi. Je me sens si seule… J’aimerais pouvoir revivre certains souvenirs pour ne plus ressentir cette solitude, ce sentiment de vide dans mon Spark. Avoir le pouvoir de remonter le temps pour t’empêcher de prendre cette décision. Je veux que tu saches que je suis désolée. Pour tout. Et que quoi qu’il arrive, jamais je ne t’abandonnerai. Je serai toujours auprès de toi.» Moonlight hoqueta à ces retrouvailles poignantes, même si ce n’était qu’une autre illusion de son esprit traumatisé. Les optiques larmoyantes, elle observa le scout qui n’avait pas changé.

«Je sais. Ce n’était pas de ta faute. Il n’y a qu’un seul vrai coupable dans l’histoire.» Lui offrant un sourire attendri, le mecha jaune et noir tendit la main pour essuyer les résidus d’energon sur les joues grises de Moonlight. Au contact de ses pouces sur ses joues, la fembot ferma les optiques.

«Quand est-ce que tu reviendras ?» Lui demanda-t-elle d’un chuchotement débordant d’espoir. Elle rouvrit les optiques pour croiser son regard désolé, mais alors qu’il s’apprêtait à répondre, son expression changea radicalement.

Il était effrayé.

«Il arrive.» Murmura-t-il avant de prendre la main de Moonlight pour la tirer avec lui dans le couloir derrière lui.

Leurs pas précipités ricochant contre les murs, un détail que la fembot remarqua, elle essaya de le faire ralentir pour pouvoir lui demander ce qui n’allait pas aussi soudainement. Les deux bots tournèrent brusquement à l’angle et débouchèrent dans un autre couloir, beaucoup plus spacieux cette fois, doté d’une alcôve où reposaient des caisses empilées sur une structure métallique. Tout à coup, Moonlight fut submergée par un souvenir de l’époque étincelant. Elle revit Bumblebee blessé, résultat de sa propre imprudence lorsqu’elle avait décidé de grimper pour lui prouver qu’elle n’avait pas peur. Cette scène lui était si familière… Était-ce vraiment son CPU qui contrôlait ce rêve ? Elle en doutait fortement. Les deux robots s’arrêtèrent net à côté de l’alcôve plongée dans l’obscurité, d’où s’échappait un fin panache de fumée blanche provenant d’un conduit d’aération. L’arrêt brutal de Bumblebee fit basculer Moonlight contre son flanc gauche. Mais sans perdre une astroseconde, il la plaça face à lui en tenant fermement ses épaules pour qu’elle focalise son attention sur son regard anxieux. Il s’abaissa doucement, ses optiques rondes et apeurées plongeant dans les siennes exprimant une profonde incompréhension.

«Il ne faut pas faire de bruit. Sinon il va nous repérer.» Murmura le scout d’une pointe d’impatience dans sa voix.

«Mais qui ? Bee, de quoi tu parles ! Qui ?» Déroutée par le comportement énigmatique de son ami, Moonlight attrapa son bras lorsqu’il l’ignora puis qu’il regarda frénétiquement derrière lui.

«Je ne comprends rien-» S’agaça-t-elle, mais le mecha agité lui colla rapidement sa main sur la bouche.

«Shhhh ! Il va t’entendre !» S’empressa-t-il de lui dire avant de l’obliger à se baisser pour passer sous la structure métallique, derrière l’épaisse fumée qui s’échappait des tuyaux et recouvrait les caisses. Un parfait camouflage, selon Bee.

Sur le point de sommer des explications, Moonlight se tut instantanément lorsqu’elle sentit de fortes vibrations traverser tout son cadre. C’était gros, lourd, et cela venait droit vers eux. Quelque chose approchait, une menace. L’angoisse et le suspense à leur comble, les deux bots se tapirent dans l’ombre de l’alcôve, optiques grandes ouvertes aux bruits de pas qui se faisaient de plus en plus nets dans le couloir. Pour s’assurer que la fembot ne fasse aucun bruit, le jeune scout posa ses quatre doigts sur sa bouche en faisant un signe de silence pour la rassurer. La lumière grésillait au-dessus d’eux, le couloir s’assombrissait… L’attente était insoutenable. Ils étaient pétrifiés de peur, mais les pas finirent par s’éloigner, devenant lointains puis finalement inexistants. Comme si ce danger inconnu n’avait jamais existé. La lumière des néons cessa de clignoter tandis que l’atmosphère redevenait stable, assez pour que les deux robots ressentent un profond soulagement. Bumblebee ne perdit pas un nano-klik pour sortir de sa cachette avec Moonlight, non sans s’être assuré qu’ils étaient bien seuls.

«Écoute-moi, c’est très important. Ne te retourne pas. Je veux que tu fonces ! Mais surtout, ne te retourne sous aucun prétexte !» Affolé, le scout secoua les épaules de la fembot pour qu’elle l’écoute attentivement.

«Ne pas me retourner… Mais et toi, qu’est-ce que tu vas faire ?» S’inquiéta-t-elle en attrapant les avant-bras de Bee d’une poigne serrée, craignant de le voir disparaître.

«Faire ce que j’ai toujours fait. Assurer tes arrières.» Répondit-il avec un petit sourire ému. Poussant Moonlight vers la porte ouverte du couloir pour l’empêcher de répliquer, il répéta juste avant qu’elle ne franchisse la lumière aveuglante ; «Surtout, ne te retourne pas !»

La fembot trébucha sans pouvoir crier pour Bumblebee.

Moonlight sursauta violemment sur sa chaise de bureau, les optiques grandes ouvertes sous le choc. Elle était de retour dans ses quartiers privés, en haut de la Tour des Cieux, avec son Spark battant à tout rompre à l’intérieur de son châssis comprimé. À droite de sa vision, le sigle du réservoir vide clignotait pour lui indiquer qu’elle approchait dangereusement des vingt pour cent. Encore embrouillée par son étrange rêve, elle leva la main droite pour toucher son casque, mais remarqua à ce geste que son cube d’energon était rempli… Pourtant, elle était certaine d’en avoir bu avant que ses systèmes ne se mettent en veille automatique. Les crêtes optiques froncées de confusion, elle sentit de l’humidité sur ses joues et comprit, au contact de ses doigts, qu’elle avait pleuré durant sa période de recharge. En même temps, elle avait eu l’occasion de parler à Bumblebee dans son rêve… Une chose loin d’être anodine, vu que cela faisait une éternité qu’elle ne lui avait plus adressé la parole. Mais ce rêve lui paraissait si réel… Si douloureusement réel.

Soudain, Moonlight se raidit sur sa chaise en entendant un bruissement derrière elle, près de la porte de sa chambre. Tous ses sens en alerte, elle attrapa le rebord du bureau d’une poigne ferme tout en écoutant ces bruits irréguliers qui se répétaient dans son dos où un frisson s’infiltra le long de ses câbles. Son système optique peinait à ajuster la mise au point, comme brouillé par la peur. La lumière vive du datapad éclairait l’expression horrifiée de Moonlight, qui n’osait pas se retourner… Par crainte d’y trouver quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Elle n’était plus seule. Cette constatation libéra un vent de panique qu’elle tentait en vain de maîtriser, luttant pour empêcher ses mains de trembler. Sentant son Spark pulser si fort qu’elle craignait qu’il ne finisse par sortir de son châssis, elle tenta de rester silencieuse alors que les bruissements continuaient. Son processeur surchauffait légèrement, parasité par une avalanche de scénarios d’intrusion. Après quelques hésitations, elle se retourna lentement et vit qu’effectivement, quelque chose se trouvait au pas de sa porte. Une ombre. Cette ombre bougeait, cherchant à déverrouiller la porte.

«Tu es entrain délirer à cause de la fatigue.» Se rassura Moonlight tout en fermant hermétiquement les optiques. Elle serrait tellement son bureau qu’elle pensait pouvoir déformer le métal, ses doigts creusant sa surface au point d’entendre un petit craquement de ses écrous.

«C’est n’importe quoi…» Chuchota-t-elle encore dans l’espoir d’effacer son hallucination qui se jouait clairement d’elle. Son processeur était malade, il n’avait pas encore totalement retrouvé ses fonctions à cause des décharges à répétition. C’était ce que Ratchet s’évertuait à lui dire à longueur de temps pour qu’elle comprenne qu’elle avait besoin d’aide et de soutien…

Et pourtant, elle continuait à traverser cette épreuve seule.

La peur, rapidement remplacée par l’énervement accompagné d’un sentiment d’impuissance, poussa la fembot à se lever d’un bond de sa chaise. Elle fit face à la porte argentée et plissa les optiques sur l’ombre projetée au sol. Elle en avait assez de s’imaginer des choses ! Il était temps qu’elle prenne en main sa peur irrationnelle et affronte la réalité. Elle n’était plus chez les Decepticons. Elle n’était plus le cobaye du scientifique uni-optique. Elle avait appris à faire face à ses plus grandes frayeurs, elle avait appris à se débrouiller toute seule pour survivre ! Des situations périlleuses, elle en avait connu un paquet chez les Decepticons ! Alors ce n’était pas un mauvais tour de son processeur, encore secoué par son rêve récent, qui allait lui faire peur. Ayant retrouvé courage tout en restant sur ses gardes, Moonlight s’approcha prudemment de la porte pour tendre la main sur le verrou à sa gauche. Ses doigts tremblants effleurèrent la surface verte de la console de commande, tandis qu’elle gardait ses optiques rivées sur l’ombre qui cessa tout mouvement dès que la porte glissa à l’intérieur du mur.

Moonlight laissa échapper un petit cri de stupeur en voyant la chose qui se trouvait sur le sol à ses pedes. D’abord confuse, elle reconnut immédiatement l’innocent petit Predacon qu’elle avait affectueusement renommé Jinx. Elle ne l’avait plus revu depuis la fois dans l’infirmerie, quand elle se remettait encore de ses blessures. Ses longs appendices faisant office d’audios pendaient sur le côté, alors que la petite créature aux optiques vertes penchait la tête pour regarder la fembot perplexe. Il laissa sortir un petit sifflement de curiosité lorsqu’elle cligna des optiques, puis se pencha vers lui avec un grand sourire, rapidement suivi d’un rire nerveux. Tout ça pour ça… Moonlight attrapa le minicon sous les pattes pour le soulever contre son châssis, tout en plaçant son visage contre sa tête pour le saluer, ses doigts grattant les plaques de métal à son ventre. Sa réaction ne se fit pas attendre. Jinx ronronna de bonheur en se tortillant pour offrir un maximum de surface à la fembot, vraisemblablement rassurée de le voir.

«Tu es ridicule !» Soupira Moonlight en levant les optiques au plafond, réalisant qu’elle avait tant dramatisé pour pas grand-chose. Comment avait-elle pu oublier le petit Jinx ? La pauvre créature devait se sentir abandonnée… Ici, toute seule.

«Je suis aussi ravie de te voir, mon ami.» Souriante au petit Predacon qui ne cessait de réclamer des câlins, la fembot se dirigea vers le grand salon pour constater que la fenêtre de la baie vitrée était ouverte. S’arrêtant net dans ses pas, elle fronça les crêtes optiques avant de balayer du regard l’intégralité de la pièce par précaution. Toutefois le salon n’avait pas bougé, tout était toujours en place comme elle l’avait laissé. D’ailleurs, qui grimperait tous ces étages pour passer par une fenêtre trop petite, même pour elle ?

«Ça n’a aucun sens. Je délire complètement ! Il faut que je me fasse soigner.» Grogna-t-elle d’agacement en empêchant Jinx d’atteindre son visage avec son museau, puis le reposa au sol pour pouvoir fermer cette maudite fenêtre qui lui donnait des frissons.

Regardant un instant en contrebas la ville en pleine activité nocturne, elle redressa ses optiques vers le ciel de plus en plus obscurci par la tempête qui approchait, ressentant une petite traction douloureuse derrière son optique droite. Elle ne se souvenait pas qu’une tempête était prévue dans la soirée… Malgré tout, les gros nuages noirs ne présageaient rien de bon et une pluie d’acide n’allait pas tarder à tomber sur Iacon. Maudissant tranquillement cette optique défectueuse qui se réveillait de temps en temps pour l’embêter, elle attrapa la poignée de la fenêtre puis la claqua fermement dans un bruit sourd. L’energon ne fit qu’un tour dans ses câbles. Son reflet dans la vitre montrait deux optiques rouges qui la fixaient intensément. Impossible. Ce n’était pas elle… Pétrifiée sur place devant ce reflet qui n’était pas le sien, le Spark de Moonlight s’emballa violemment dans son châssis tandis que ses lèvres se pinçaient pour retenir le cri qui menaçait de sortir de son vocaliser. De toute façon, elle n’en était pas capable tant l’effroi la paralysait.

Jusqu’à ce que la Moonlight dans le reflet n’esquisse un vil sourire.

La fembot poussa un hurlement strident avant de trébucher en arrière dans la table basse du salon, brisant la vitre en son centre quand son cadre la percuta. Affalée sur le dos et écrasant ses ailettes, elle se dépêcha de se redresser pour se traîner en arrière dans la précipitation, cherchant à atteindre la porte de ses quartiers sans jamais décrocher ses optiques terrifiées de la baie vitrée. Elle voulait crier, s’éloigner le plus vite possible de cette chose qui l’avait fixée à travers la vitre. Sur le sol près de sa chambre, le petit Predacon l’observait avec une grande confusion. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Dans un élan de panique, Moonlight s’élança dans le couloir, fuyant cette vision d’horreur qu’était son propre reflet… Sans un regard en arrière.

À l’extérieur, le ciel se déchira puis une pluie corrosive se mit à tomber sur la ville.

À suivre…

L’OC Grendy appartient à MarivaPrime, tout comme la fembot qui l’accompagnait (Mariva).

L’OC Whistel appartient à TFomegastar


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