Une nouvelle aventure

Chapitre 6

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:59

Une nouvelle aventure : Chapitre 6

 

Assit contre un arbre dans une dimension inconnue, un jeune homme habillé d’une tunique noire, la tête entre les mains, réfléchissait. Il semblait abattu. Sa tristesse se ressentait, et on pouvait voir que ses épaules étaient secouées de sanglot, apparemment incontrôlables. Il avait des cheveux de couleur chocolat qui lui tombaient sur le visage, si bien qu’on ne pouvait distinguer ses yeux. Il faisait nuit et le ciel déversait des trompes d’eau, mélangeant les gouttes de pluie aux larmes de l’adolescent. Ce dernier semblait être un combattant, ce que nous prouvaient les taches de sang sur ses vêtements ainsi que l’épée posée à ses côtés. Dans sa tête, se ressassait sans cesse la même phrase : « Elle est morte. ». Ces trois mots, il se les répétait comme pour se convaincre que leurs sens étaient vrais. Les faits qu’ils énonçaient semblaient être la raison de ses pleurs. Car il venait de perdre la personne la plus précieuse à ses yeux. Incroyable à quelle vitesse la vie s’évade. Une demie seconde, et elle s’enfuie. Un coup d’épée, et tout est terminé. La douleur de cette perte l’avait néanmoins sortit de sa torpeur, et la phrase qui semblait résonner dans son esprit cachait la voix qui autrefois le contrôlait. Cette voix, qui sans interruption, lui rappelais sa mission : récupérer les plumes à tout prix, quoi qu’il en coute. Seulement cette fois ci, le coût avait été la vie de la princesse qu’il chérissait. Il releva soudainement la tête, permettant ainsi de percevoir deux yeux vairons. Le gauche était d’une belle couleur ambrée, tandis que l’autre était d’un bleu clair pareil à une agate. Seule ombre au tableau, la lueur vengeresse qui illuminait son regard.

Une brèche permettant de passer d’une dimension à l’autre s’ouvrit devant le jeune homme, qui s’y engouffra. A présent, il n’avait plus qu’une idée en tête : venger celle qu’il aimait. Pour cela il lui fallait tuer celui qu’il croyait responsable de la mort de la princesse. Tuer la personne à partir de qui il avait été cloné.


PDV Sakura

 

La vie de la princesse Sakura semblait avoir été bien remplie. J’avais déjà assisté à grand nombre de ses réminiscences, dont la plupart étaient en commun avec Shaolan. Ils passaient pratiquement tout leurs temps libre ensemble. Les sentiments de la princesse envers le petit garçon étaient évidents. En ce moment, j’étais spectatrice d’un souvenir mettant une fois de plus en scène les deux enfants. Shaolan, qui devait certainement revenir des fouilles, avait emporté avec lui un ‘’ lapin des sables ‘’ qu’il montra à la princesse. Elle fut tout de suite attendrie par le petit animal, et demanda à l’apprivoiser. Bien plus tard, je la vit dans le jardin royal. Il faisait nuit et elle pleurait la mort de son petit compagnon dans les bras de son père, lui demandant s’il y avait un moyen de lui redonner vie. Ce par quoi il lui répondit : « Quand la vie s’en vas, on ne peut plus rien faire. La vie ne revient jamais. La vie est un cadeau, nous devons savoir en profiter, mais il est impératif de la respecter. Ton compagnon vient de te donner une leçon très importante, garde la présente à l’esprit toute ta vie. ». Des paroles aussi profondes ne pouvaient venir que d’un puissant magicien, me dis-je tout en reconnaissant la sagesse du créateur des cartes de Clow. La princesse pria accompagnée de son père, et je me demandai quelle serais la réaction de Shaolan en apprenant la mort de l’animal. Sans doute consolerait-il la princesse, au vu de son attachement envers celle-ci. La petite fille semblait posséder un grand pouvoir, car aucun ne résistait à son charme et à l’insouciance qu’elle dégageait. Je m’en aperçus en visionnant un souvenir où je la voyais aider une marchande à vendre ses pommes, sous le regard réprobateur de Toya. Dans le Pays de Clow, il semblait que tout le monde aimait la petite fille.

Le décor se dématérialisa pour laisser place à un tout autre paysage, mais cette fois ci, la princesse était adolescente, ainsi que Shaolan.

 

« Shaolan qu'est ce que tu fais ici ? »

« Sakura ! » Sourit Shaolan.

 

La princesse venait de le surprendre en train d'arroser des fleurs dans une sorte de temple en ruine à ciel ouvert. Ils s'assirent tous deux contre un des piliers en pierre qui composait le monument.

 

« Grâce à mes recherches sur les ruines, j'ai compris qu'il y a longtemps, il y avait un jardin ici. »

« Et tu y as planté des fleurs ? » Lui demanda Sakura, apparemment impressionnée.

« Je voulais lui redonner son aspect passé. »

« Je vois... Dis Shaolan, je peux en parler aux autres ? »

 

Elle se leva et continua.

 

« Beaucoup de villageois viennent ici pour se détendre, ils voudraient tous savoir qui a planté ces fleurs. Je suis sûre que la nouvelle parviendra jusqu'aux oreilles de mon frère. Il m’a dit que s'il découvrait qui avait planté ces fleurs, il le considèrerait comme son ami. »

« …Tu penses que tu pourrais… garder ce secret? »

« Pourquoi ? »

« Pour le moment, tu pourrais le garder pour toi ? »

 

La princesse parue étonnée de cette demande.

 

« Je comprend.» Dit-elle, le sourire toujours aux lèvres. « Mais je serais peut être nerveuse, les deux seuls à connaître la vérité seront toi et moi ! Ce sera notre petit secret. »

 

Une nouvelle fois, le paysage se brouilla pour laisser place au prochain souvenir. J'ouvris les yeux et me rendit compte que je me retrouvais une fois de plus à ‘’ la pierre aux oiseaux ‘’. Cet endroit devait être un lieu où les deux adolescents aimaient aller. Je n’entendis que quelques brides de leur conversation.

 

« Je ne sais pas encore faire grand chose, mais je veux me donner à fond. Je resterais la même si je ne fais rien. Même si c'est une toute petite chose, même un tout petit pas en avant, je sais que ça me conduira vers mon futur. » Racontait Sakura en s'étirant, sous l'oreille attentive de son ami.

 

Ils se dirigèrent ensuite vers les ruines, que j’avais déjà vu dans le rêve que j’avais fait en cours. Là, ils descendirent jusque dans les entrailles du monument et la princesse déballa de son panier un repas pour deux. Cette sortie semblait être un pique nique organisé depuis longtemps. Shaolan complimenta la princesse pour sa cuisine, et cette dernière parue soulagée d’entendre son ami dire que le plat était bon. Le temps passa vite, si bien que Sakura du quitter le jeune homme.

 

La princesse était accoudée à une des rambardes du balcon du palais. Elle semblait pensive, et soupirait en regardant les ruines d’un air nostalgique. Le prêtre Yukito la rejoint et, sans doute inquiet du silence de la princesse, lui demanda si elle s’était une fois de plus disputée avec son frère. Elle l’informa que ce n’était pas la raison de son attitude plus discrète qu’habituellement, sans pour autant expliquer ce qui n’allait pas. L’ami de son frère lui donna néanmoins un conseil, celui de persévérer pour avancer, même si pour cela elle devait avoir l’air ridicule. Qu’il ne fallait jamais baisser les bras, ni garder en soi ce que l’on rêve de dire à certaines personnes. Elle acquiesça et remercia Yukito en disant qu’elle savait maintenant ce qu’elle devait faire. Je compris moi aussi, le sens des paroles du prêtre. Et de nouveau le décor s’effaça.

Pour la troisième fois je me retrouvais dans la maison de Shaolan, qui était une fois de plus vide. Je savais que Fujitaka était mort car je l’avais vu dans un autre souvenir, mais je m’attendais à voir Shaolan. Il poussa la porte de sa maison quelques minutes après mon arrivée, et je le vis poser ses affaires. Apparemment, il revenait du chantier. Il jeta un coup d’œil au cadre placé sur le bureau avec nostalgie, mais fut interrompu par des coups frappés à la porte. A peine lui ai t’il ouvert que la princesse se jeta sur lui, heureuse de revoir son ami d'enfance. Après lui avoir demandé la durée de son séjour, et s’être vue répondre que le soir Shaolan repartait, je vis la déception se peindre sur le visage de Sakura. Le remarquant, le jeune homme s’empressa de lui proposer de faire quelques courses en sa compagnie. Il ne s’agissait pas seulement d’une manœuvre pour la consoler, mais bel et bien d’un moyen pour qu’ils puissent passer du temps ensemble. Je sentais que Shaolan avait besoin lui aussi de la présence de la princesse. Ils arrivèrent devant une marchande de pomme qui reconnu Sakura et qui lui pria d’accepter le fruit qu’elle lui offrait. Ses réflexions peu discrètes sur le fait qu’elle ne pouvait laisser la princesse du Pays payer eurent pour effet d’amener les gardes du château chargés de retrouver la jeune fille. La princesse ne voulant pas rentrer, Shaolan la prit par le bras et tout deux s’enfuirent en courant vers un endroit où ils pourraient être tranquilles. Ils discutèrent un moment, et Sakura avoua à son ami qu’elle pensait tout les soirs à lui et qu’elle voulait le voir plus souvent. Je sentais qu’elle avait pris les conseils de Yukito comme une invitation à révéler ses sentiments à son ami d’enfance. Quand elle fut sur le point de se déclarer, la cloche du palais sonna, mettant ainsi un terme à l’entrevue des deux adolescents. Ils se quittèrent sur une promesse que fit Sakura : dire un jour prochain au jeune homme ce qu’elle avait voulu lui confesser. A son retour au palais, la princesse se fit surprendre par son frère, qui ne semblait pas aimer le jeune archéologue. Toya, à présent roi, traita Shaolan de bon à rien, ce qui évidemment déplut à la princesse. Celle-ci décida de prendre l’air sur le balcon, mais entendit un son étrange qui l’attira irrémédiablement vers les ruines. Comme hypnotisée, elle sortit du palais en direction du chantier ou travaillait Shaolan. Arrivée à l’intérieur des ruines étranges, elle posa ses mains sur le sol recouvert d’un graphique représentant un sceau, qui s’ouvrit au contact de la princesse. Shaolan, ayant vu la scène, avait essayé d’empêcher son amie de tomber dans le trou, en vain. Il sauta donc dans l’espace vide du sol et aperçut sa princesse dans un état second, flottant dans la pièce, une paire d’ailes sortant de son dos. Elle commença à être absorbée par le mur se trouvant derrière elle, mais juste à temps, Shaolan se jeta sur elle et l’attrapa en faisant ainsi s’envoler les plumes de Sakura. Je compris donc comment toute cette histoire avait commencé. Affolé, Sakura dans les bras, Shaolan courut vers la sortie des ruines. Je m’aperçus en même temps que lui qu’une bataille avait été engagée à l’entrée du chantier, entre les gardes du palais et les soldats qui m’avaient attaqué au parc Pingouin. Toya était aux prises avec l’un d’eux. Shaolan semblait désespéré de ne savoir quoi faire, mais Yukito arriva et grâce à ses pouvoirs, sonda les pensées des deux adolescents. Il fit comprendre à Shaolan que les plumes qui s’étaient envolées étaient en fait les souvenirs de la princesse, et que son corps n'était maintenant plus qu'une coquille vide. « Gamin, je te confie ma sœur. » déclara le roi avant de s’élancer vers la horde de soldats. Le prêtre mena Shaolan jusqu'à l’intérieur des ruines, et se servi de son sceptre pour envoyer les adolescents dans ce qu’il appelait le monde de la sorcière des dimensions, m’entrainant par la même occasion dans le passage interdimensionel.


PDV Normal

 

Le jour s’était levé depuis peu à Tomoeda, et dans la chambre de Sakura, une jeune fille venait de se s’éveiller. Tout d’abord surprise d’ouvrir les yeux chez sa meilleure amie, elle n’eu par la suite aucun mal à se remémorer les évènements de la veille. Il est vrai que Tomoyo n’avait plus l’habitude de dormir chez Sakura, en raison de la distance que cette dernière avait mise entre elles. Mais maintenant, tout cela était fini, et la chanteuse avait bien l’intention de reprendre ses bonnes vieilles habitudes, c'est-à-dire, filmer ouvertement la maitresse des cartes. Ce qu’elle voulait surtout retrouver, c’était la complicité qui unissait les deux jeunes filles auparavant. Pour ce faire, Tomoyo avais décidé d’offrir à Sakura un cadeau assez spécial. Discrètement, elle sortit de la chambre en prenant garde de ne bousculer personne et descendit les escaliers. Elle entendit du bruit dans la cuisine et décida d’y faire un petit détour. Toya et Yukito étaient tout deux aux fourneaux, préparant ce qui semblait être un petit déjeuner gargantuesque.

 

« Bonjour Tomoyo, tu es bien matinale. Tu n’as pas bien dormis ? »

« Au contraire Yukito, mais je te retourne la question, tu as l’air d’avoir passé une toute petite nuit ! » S’exclama la chanteuse, faisant ainsi émettre un petit rire à Toya.

 

Le fait de savoir que Sakura avait continué à prendre soin d’elle malgré leurs différents la mettait d’une humeur excessivement joyeuse, si bien qu’elle n’aperçut pas les rougeurs qui étaient apparues sur les joues de Yukito au moment de sa réflexion sur la fatigue.

 

« Dites, j’aurais besoin d’une paire de bras musclés pour m’aider à transporter ça dans la chambre de Saki ! » Enchaina t’elle, en faisant sortir d’on ne sait où une immense boite en carton.

 

Aux mots ‘’paire de bras musclés ‘’, Toya qui s’était senti visé, avait fièrement relevé la tête, mais il déchanta vite en voyant la livraison à faire. D’un air ahuri, il demanda quel était le contenu du paquet, mais Tomoyo lui fit un clin d’œil en l’informant que c’était un secret.

Quand les deux jeunes hommes eurent fini de manger, ils suivirent l’adolescente et déposèrent la boite dans la chambre. Sur les trois voyageurs présents dans la pièce, seul Shaolan était réveillé. Il se tenait debout, près du lit de Sakura, lançant des regards quelque peu antipathique envers Eriol qui venait de sortir du lit. Le chinois recula néanmoins quand il s’aperçut de la présence de Toya. Ce dernier s’en rendit compte, et lui fit signe de le suivre. Il voulait s’excuser de son comportement pour le moins… brutal lors de son arrivée. Même s’il n’avait jamais vraiment apprécié le gamin, il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Jamais il n’aurait pensé que le chinois avait été enfermé pendant trois ans. Il le pensait repartit en chine, se moquant bien des sentiments que sa petite sœur éprouvait pour lui, mais il avait eu faux sur toute la ligne. Même si il ne se souvenait pas de son passé avec Sakura, Toya savait que Shaolan éprouvait toujours - même inconsciemment - des sentiments pour la maitresse des cartes. Quand il s’était levé ce matin, il avait jeté un coup d’œil dans l’entrebâillement de la porte, et avait vu le jeune homme tenir la main de sa sœur.

 

« Bon, t’as intérêt à percuter ce que je vais te dire parce que je ne me répèterais pas... » Commença l’étudiant en médecine tout en fixant d’un œil noir le chinois, qui lui s’attendait à de nouveaux reproches. Toya inspira un bon coup et poursuivit. « … Je suis désolé pour hier. Voilà. »

 

« Il n’y a pas de mal. » Répondit poliment Shaolan.

 

Le ton de ce dernier étonna grandement Toya. Il ne s’attendait pas à ce que le voyageur soit aussi calme. Il ne ressemblait vraiment en rien au gamin - d’après lui arrogant - qu’il avait connu. Peut être s’adressait t’il à lui de cette façon car il croyait être en face du roi du Pays de Clow. Car oui, l’étudiant était au courant de tout, grâce aux conversations de la veille. Masquant son trouble, Toya mit une dernière fois en garde Shaolan.

 

 « Par contre, un pas de travers avec ma sœur et je te refais le portrait ! »


PDV Sakura

 

  

J’atterris inconfortablement sur les fesses dans un monde qui ressemblait beaucoup au mien. Je me retrouvais désormais devant une boutique pour le moins mystérieuse. Shaolan était non loin de moi, tenant toujours Sakura dans ses bras tout en suppliant Yuko de sauver sa princesse. Deux hommes apparurent soudainement, et je les reconnus aussitôt. Il s’agissait de Kurogane qui exigeait de rentrer dans son monde, et de Fye, qui lui sollicitait l’envie d’aller dans une dimension autre que la sienne. Le magicien était néanmoins différent de celui que j’avais rencontré : ses cheveux était plus court et ses deuxyeux étaient bleu clair. La sorcière des dimensions leur annonça qu’ils devaient payer un tribut à la hauteur de leur demande s’ils voulaient voir leurs vœux exaucés. Elle prit donc à Kurogane son sabre, Dragon d’Argent, à Fye le sceau magique tatoué dans son dos, et à Shaolan le lien qui l’unissait à Sakura. Yuko leur donna ensuite le moyen de traverser les dimensions en leur prêtant Mokona, et les trois hommes furent transportés dans un autre monde.

 

Nous nous retrouvèrent dans une ville qui, à première vue, paraissait vide de présence humaine. C’est du moins ce que je cru avant d’entendre des détonations ; ce monde vivait en fait au rythme des guerres de gangs. Un petit garçon qui disait s’appeler Masayoshi accourut auprès de Shaolan, Fye, Kurogane et Mokona pour leur conseiller de ne pas rester où ils se trouvaient, mais par un malheureux hasard, la plume que Fye venait de trouver sur les vêtements de Shaolan s’envola, contraignant ainsi l’adolescent à se retrouver dans la ligne de mire de deux gangs. Il se retrouva confronté aux deux leaders à la suite, mais fut protégé par un étrange renard de feu. Masayoshi expliqua aux voyageurs que c’était un Kudan, c’est-à-dire une émanation de l'âme d'un être vivant que chacun possédait dans la République de Hanshin. Grâce à son Kudan, Shaolan envoya les gangs au tapis et pu récupérer la plume. Il s'empressa d'aller la remettre à Sakura qui reprit instantanément des forces sans pour autant se réveiller.

Les voyageurs dimensionnels restèrent trois jours dans la République de Hanshin, durant lesquels ils cherchèrent en vain la deuxième plume qui se trouvait dans ce monde, d’après les indications de Mokona. En effet, celui-ci leur avait révélé qu’il pouvait détecter l’onde qu’émanait un fragment de mémoire, aidant ainsi grandement Shaolan dans sa quête des plumes. Ils finirent par la trouver dans le Kudan de Masayoshi lors d’un combat au château de Hanshin. En la récupérant, la princesse s’éveilla enfin. Malheureusement, elle fut incapable de reconnaitre Shaolan, malgré tout les moments qu’ils avaient passé ensemble. Quand elle lui demanda qui il était, je pus percevoir dans les yeux de Shaolan la profonde tristesse que cette phrase lui avait causé. Il se reprit cependant bien vite, pour que ses compagnons ne remarquent pas sa détresse. Il sortit dehors, histoire probablement de remettre en ordre ses pensées et fixa un instant les immeubles devant lui, puis laissa libre court à son chagrin en pleurant de tout son saoul. Je me sentis mal pour lui, moi qui auparavant avais éprouvé de la jalousie envers la princesse. Bien sûr, je n’avais pas envié son état léthargique, mais plutôt le fait que Shaolan soit aussi attentionné envers elle. Toute cette histoire faisait remonter en moi un grand sentiment de nostalgie, sans que j’arrive à comprendre le pourquoi du comment. Seulement, le désarroi de Shaolan qui était habituellement impassible, me fit oublier cette jalousie. J’aurais aimé pouvoir le consoler, mais c’était impossible puisque je ne faisais pas partie de ces souvenirs. Je ne savais que trop bien ce qu’il pouvait éprouver : un sentiment d’impuissance, de regret et peut être même de culpabilité. J’avais l’impression en le voyant, de ressentir le même malaise que j’avais vécu quand j’avais appris le départ du Shaolan de mon enfance. Le désespoir, puis était venu la colère et finalement la mélancolie. C’était en tout cas les différentes phases de ma « dépression » comme dirait mon frère. Je ne savais pas si cela allait se manifester de la même façon pour le Shaolan de la princesse. La perte de la mémoire de Sakura – et donc par la même occasion la perte des sentiments qu’elle éprouvait envers Shaolan – s’était produite au moment ou elle voulait lui avouer qu’elle l’aimait, une chose qui contrarierais toute personne normalement constituée. Il savait qu’à présent le comportement de la princesse serait totalement différent, car elle ne se souviendrait jamais de lui, même en récupérant ses plumes. Cela changerait toute sa personne et il se doutait qu’elle ne serait plus celle qu’il avait connu. Il allait en quelque sorte subir la perte d’un être cher.


PDV Normal

 

Dans la cuisine des Kimonoto, le regard dans le vague, un jeune homme possédant des cheveux noir aux reflets bleutés buvait tranquillement son thé. Il aurait pu paraitre détendu si un pli soucieux ne barrait pas son front. Il était effectivement préoccupé par les conversations qu’il avait entendu et auxquelles il avait participé la veille, seulement il y avait d’autres raisons à son tracas. Il porta la tasse d’Earl Grey fumante à ses lèvres, et en reprit une longue gorgée.

 

« Quelque chose te contrarierais t’il mon cher Eriol ? » Le fit sursauter une voix douce aux intonations quelques peu moqueuses.

 

Dans l’encadrement de la porte se tenait le fruit de certains de ses tourments. Tomoyo, un sourire amusé aux lèvres, prit place sur une chaise en face d’Eriol et repris :

 

« Serait-ce par hasard le regard peu avenant que t’as lancé Shaolan tout à l’heure qui te rend si perplexe ? »

« Non pas du tout, au contraire ça me fais plutôt rire ! J’ai l’impression de le revoir à l’âge de douze ans quand il était jaloux de ma complicité avec Sakura. » Répliqua Eriol sur le ton de la plaisanterie.

« Mais c’est peut être à nouveaux par jalousie qu’il t’a lancé ce regard, tu ne penses pas ? »

« Que veux-tu dire par là ? »

« Eh bien c’est pourtant simple. Il a du remarquer à quel point tu t’intéressais à ce qui est arrivé à Sakura hier, et ça lui a autant plu que lorsque l’on était plus jeune. »

 

La jeune femme se gifla mentalement d’avoir prononcé cette phrase. Elle insinuait par ses mots qu’elle enviait - pour sa part - la bonne entente que Sakura entretenait avec le jeune anglais. Elle était déçue de ne pas avoir eu le monopole des correspondances avec Eriol. Elle n’avait pourtant jamais été jalouse de Sakura, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être dépitée.  Elle n’en voulait pas à sa meilleure amie, et encore moins maintenant qu’elle l’avait retrouvée. Après tout, même si Sakura et Eriol s’envoyait des lettres, cette dernière avait tout fait pour que l’anglais vienne directement chez Tomoyo après son atterrissage. A croire que la maitresse des cartes avait deviné les sentiments de la chanteuse malgré leur éloignement. Elle savait qu’elle aurait du profiter de cette opportunité pour avouer à Eriol ce qu’elle ressentait pour lui, mais l’incrédulité de sa présence lui avait fait tout oublier. Mais maintenant que la chance avait tournée en sa faveur et qu’elle lui offrait un nouveau « tête à tête » avec le jeune anglais, Tomoyo comptait bien ne pas se défiler !

 

« Je vois ce que tu veux dire ! D’après toi, Shaolan serait en train de recouvrir certaines brides de sa mémoire en se remémorant inconsciemment nos anciennes querelles ? Ton idée tient la route. » Lança tout à coup Eriol.

« … Ou…oui exactement, c’est bien ce que je voulais…dire. » Se rattrapa Tomoyo, ne sachant si elle devait être soulagée que l’anglais n’ai pas compris le bon sous entendu de ses propos, ou si elle devait en être consternée.

 

Ne remarquant pas l’hésitation de la jeune femme, Eriol se perdit dans ses pensées. Le fait d’être seul en compagnie de Tomoyo le rendait quelque peu mal à l’aise. Se rappelant de la confusion de la veille quand il s’était retrouvé sur le pas de la porte de la chanteuse, il ne pu s’empêcher de ressentir brièvement du ressentiment envers Sakura. Pourquoi avait elle eu l’idée de lui donner la mauvaise adresse ! Pas que cela ne le dérangeait de se retrouver face à Tomoyo, mais il s’était sentit terriblement idiot quand celle-ci avait ouvert la porte. Il ne doutait pas qu’il s’agissait là d’une idée de la maitresse des cartes pour lui donner une occasion de se déclarer, seulement elle aurait été productive s’il avait osé le faire. Ce qui, de toute évidence n’avait pas été le cas. L’envie ne lui manquait pas, mais il avait eu peur de passer une fois de plus pour un imbécile en cas de non réciprocité de ses sentiments. Cependant, il avait une nouvelle opportunité pour se révéler à Tomoyo, et il devait à présent saisir sa chance.

 

« Je… »  Commencèrent t’il d’une même voix.

 

Un instant de silence.

 

« Après toi Eriol. »

« Non les femmes d’abord ! Que voulais-tu me dire ? »

 

Stressée, Tomoyo passa maladroitement la main dans ses cheveux, et essaya de reprendre un semblant de contenance avant de se lancer.

 

« … En fait je… je voulais te dire… »

« VOUS AVEZ TOUT MANGER ?! » S’écria soudainement une voix enfantine passablement énervée.

 

Kerobero venait de s’incruster dans la pièce, fixant avec horreur la table peu chargée qui était censée déborder d’un immense et délicieux petit déjeuner.

 

« Alors ça, ce n’est vraiment pas juste ! Toya vient juste de me dire qu’il avait préparé plein de bonnes choses pour le p’tit dej’ et quand j’arrive il n’y as plus rien ?! Pourtant je ne me souvenais pas que vous aviez un si gros appétit tout les deux ! Vous auriez pu m’en laisser un peu quand même, je vais faire comment moi pour tenir toute une journée sur mes jeux vidéo si je n’ai rien à me mettre sous la dent ?! Ça ne va pas se passer comme ça, foi de Kerobero ! » S’indigna le petit être ailé avant de se mettre en colère.

« Alors toi tu n’as vraiment pas changé mon petit Kero, tu es toujours un ventre à pattes ! » Pouffa Tomoyo.

 

Mais derrière son rire se cachait une pointe de déception. Encore une fois, elle n’avait pas pu se déclarer à Eriol. Néanmoins, elle se demandait ce qu’il avait voulu lui dire avant de décider de la laisser parler.

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