La fille aux yeux rouges

Chapitre 28 : TRAHISONS

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:38

A notre retour au manoir, l’ambiance semblait électrique. Démétri était en grande conversation dans le salon avec Carlisle et Edward. Ils s’interrompirent quand Caius et moi entrâmes.

_ « Que se passe-t-il ici ? » demanda Caius d’un ton bourru.

_ « Nous étions inquiet de votre absence, maître. » répondit Démétri.

Carlisle s’approcha de moi.

_ « Tout va bien ? » me demanda-t-il.

_ « Oui, j’ai attrapé un élan. Ca m’a fait du bien, j’étais drôlement énervée. »

Cela sembla le rassurer. Edward, par contre, me lançait des regards insistants. Je compris qu’il cherchait probablement à savoir ce qui s’était passé en fouillant mon esprit. Mais comme je n’étais pas du tout en train de penser à ça, il faisait choux blanc.  Je me concentrais et me repassais le film de ma balade avec Caius afin de combler sa curiosité. Je vis son sourcil gauche s’arquer au fil et à mesure que je récapitulais ma conversation avec Caius.

Pendant ce temps-là, Caius avait rejoint Démétri. Ils semblaient se disputer à voix basse.

Quand j’eus fini mon rapport, je me retirais dans ma chambre. Le monde des vampires était bien trop compliqué pour moi.

L’aube se levait. J’observais le soleil monter dans le ciel inexorablement. C’était un spectacle magnifique. J’étais contente de pouvoir encore être en mesure d’assister à cela. J’aurais vraiment eu du mal à me passer du soleil.

Je soupirais. Le soir était encore loin. L’attente était pénible. Dans quelques heures une meute de loup garou allait déferler sur nous. Je commençais à réaliser l’ampleur de ce qui allait se passer. Certains d’entre nous allait peut-être être blessé voir pire tué. Je frissonnais.  J’étais tout de même soulagée que tout cela se passe loin de Hanover et de Josh. Quoique qu’il se passe, Josh serait à l’abri.

J’essayais de m’imaginer à quoi les loups garous allaient ressembler. Dans mon imagination, ils étaient gigantesques et terrifiants.

On frappa doucement à ma porte. Edward, la mine inquiète, fit son entrée.

_ « Je te dérange ? » me demanda-t-il.

_ « Tu sais bien que non.  » Je soupirais. « A ton avis, combien seront-ils ce soir ? »

_ « Je ne sais pas. Peut être entre 20 et 30.  »

_ « Ca fait beaucoup. » remarquais-je.

_ « Ne t’inquiètes pas. Nous les vaincrons.  » m’assura-t-il l’air triomphant.

_ « En tout cas, je ne serais pas d’un grand secours. Je n’ai aucune idée de la manière dont je dois me battre. »

_ « Contentes toi d’esquiver les attaques et restes toujours près de moi ou d’Emmett. »

_ « Mmmh. » acquiesçais-je. « Sinon, que penses-tu de la conversation que j’ai eu avec Caius ? »

_ « C’est plutôt engageant.  » répondit-il, un sourire en coin. 

_ « Engageant ? Moi je dirais plutôt flippant. »

_ « Caius n’a pas tort. Tu pourrais les renverser. »

_ « Toi aussi tu t’y mets ! Ca vire à l’hystérie collective ! Combien de fois vais-je devoir le répéter ? Je n’ai pas du tout l’intention de les renverser et de régner à leur place ! »  m’agaçais-je.

_ « Ce n’est pas une question de vouloir. C’est une question de pouvoir. Tu peux changer d’avis mais tu ne changeras jamais ce que tu es. Caius le sait. Derrière les mots qu’il a prononcé cette nuit, il y avait un message très étonnant venant de sa part. »

_ « Et c’était ? »

_ « Caius t’a proposé son aide pour renverser Aro. »

_ « Tu en es sûr ? Parce que je n’ai rien entendu de tel. » m’étonnais-je.

_ « Caius ne peut pas parler ouvertement car il devra rendre compte à Aro. Et tu sais qu’Aro peut tout savoir grâce à son pouvoir.  Mais j’ai pu lire très clairement ses intentions. »

_ « Il trahirait son propre frère ? »  

_ « Apparemment, oui. Je n’ai pas pu déterminer quelles étaient ses raisons mais il a l’air… convaincu. »

_ « Qui voudrait d’un traître pour allié ! » m’exclamais-je dégoûtée.

_ « Regardes le bon côté des choses. Au moins, Caius n’a pas l’intention de te tuer. »

_ « Super ! » m’exclamais-je, ironique.

Au bout de quelques heures, Edward finit par me laisser seule. Esmée passa me voir dans l’après midi. Nous discutâmes un peu. Je n’étais pas très bavarde. Les révélations d’Edward me tracassaient. Néanmoins, elle ne sembla pas s’en offusquer. Ces derniers temps, personne n’avait le cœur aux bavardages.

Enfin, la lumière du jour commença à décliner. Je descendis rejoindre les autres dans le salon.

_ « Des gardes sont postés sur le toit. » me glissa Esmée.

_ « Nous attendrons leur signal, pour sortir du manoir et aller à la rencontre de ces sales clébards. Restes près de moi ou d’Edward. » intervint Emmett.

_ « Il n’y a pas de gardes Volturis postés dans la forêt pour guetter leur arrivée ? » m’interrogeais-je.

_ « Non, Caius et Carlisle veulent attirer les loups-garous dans le manoir où ils seront désavantagés à cause de leur taille. » m’expliqua-t-il. « Si les loups-garous perçoivent des éclaireurs, ils risquent de flairer le piège. En plus, il est préférable qu’on reste groupé. »

Emmett semblait tout excité. Le soleil avait maintenant totalement disparu. Une lueur pâle régnait dehors. La pleine Lune.  Je frémis. Je commençais à regretter de ne pas avoir plus insisté sur les leçons de combat.

Edward rentra à son tour dans le salon, l’air encore plus sombre que d’habitude. Il me lança un regard torve dont j’ignorais la signification.

Il fit mine de m’ignorer mais son attitude avait éveillé ma curiosité. J’avais la sensation qu’il tentait de me dire quelque chose. 

Tout d’un coup, il repartit dans l’autre sens vers le bureau de Carlisle. J’attendis quelques secondes tout en discutant avec Rosalie puis lui emboitais le pas.

A peine eus-je passé le pas de la porte qu’il me tomba dessus.

_ « Desmond est là ! » me chuchota-t-il, presque hystérique.

Je le regardais stupéfaite.

_ « Co… Comment ? »

_ « Je l’entends ! Il est là aux abords du manoir ! »

Je commençais à reprendre mes esprits. Desmond était là, tout près et il était en grave danger.

_ « Non ! » me dit Edward en m’attrapant par les épaules alors que je songeais déjà à le rejoindre.

_ « Mais il va se faire tuer ! » lui dis-je.

_ « C’est trop dangereux ! »

_ « Donnes moi 5 minutes. Je vais lui dire de s’en aller !! » le suppliais-je.

_ « C’est peut-être un piège ! »

_ « Arrêtes de délirer. S’il y a le moindre problème, je cours à toute vitesse vers le manoir. »

_ « C’est une très mauvaise idée. »

_ « Je n’en ai pas de meilleur et toi ? »

_ « Laisses moi plutôt y aller. »

_ « Hors de question. Desmond ne te connais pas. Il se méfiera de toi.  »

Edward ouvrit la bouche puis la referma. Il semblait à court d’argument.

_ « J’y vais. Si dans 5 minutes je ne suis pas revenue tu sonnes l’alerte. » lui dis-je sur le ton le plus ferme que je pouvais prendre à un tel moment.

Je me dirigeais vers la fenêtre. Je lui lançais un dernier regard, surprise qu’il n’ait pas tenté de m’en empêcher.

_ « Si je t’en empêche et qu’il se fait tuer, tu m’en voudras pour l’éternité. »

Je grimaçais un sourire rassurant.

_ « 5 minutes. » répétais-je.

J’ouvris la fenêtre et me jetais dehors. Les gardes postés sur le toit ne me virent pas, trop occupé à regarder au loin. Je courrai aussi vite que possible  pour me mettre à couvert sous les arbres de la forêt. Une fois à l’abri des regards, je m’arrêtais. Aussitôt, je sentis l’odeur bestiale de Desmond. 

_ « Desmond ! » chuchotais-je.

Après quelques secondes d’attente, je ressentis une présence près de moi. Je n’entendais aucun bruit mais je savais qu’il approchait.

_ « Desmond ! » chuchotais-je à nouveau.

Du coin de l’œil, je détectais un mouvement. Je distinguais tout d’abord un souffle rauque et le battement rapide d’un cœur. Alors que je tentais de me rapprocher,  une énorme masse sombre s’écarta d’un bond à une vitesse fulgurante.

_ « N’aie pas peur ! C’est moi, Lucy ! » l’encourageais-je.

Deux billes jaunes étonnamment brillantes semblaient flotter au dessus du sol. Intriguée, je me concentrais dessus. La masse sombre du corps de Desmond se détacha alors derrière et je compris que ces deux billes étaient en réalité ses yeux. Je m’approchais doucement. Il esquissa un pas prudent vers moi.

_ « Oui, approches ! »

Il fit un autre pas. La clarté lunaire l’illumina enfin. Je ne sais pas pourquoi mais je m’attendais bêtement à le voir sous sa forme humaine. La bête qui se présenta devant moi avait la gueule d’un loup, le corps d’un ours et l’agilité d’un fauve. Mais ce qui me frappa le plus, c’était qu’elle était énorme. J’avais sous estimé ses mises en garde. Desmond devait maintenant mesurer dans les deux mètres au garrot. Du haut de mes 1m 70, je ne faisais vraiment pas le poids.  Son énorme gueule était parsemée de crocs acérés qui auraient été capable de couper en deux une vache d’un seul coup de mâchoire.

_ « Desmond ? » demandais-je encore d’une petite voix.

Il émit un grognement qui me sembla signifier un « oui ».

Le pelage sombre de Desmond miroitait sous la clarté de la pleine lune. Je pouvais distinguer ses muscles qui jouaient à chacun de ses mouvements.

Je n’en revenais pas qu’une espèce aussi imposante soit passée inaperçue au fil des siècles. Comment l’humanité avait-elle pu rater ça ?

Desmond n’était plus qu’à quelques mètres. Il semblait hésiter. Je m’approchais doucement. Il émit un petit glapissement. Je m’approchais encore. Desmond humait l’air autour de nous. Je tendis mon bras vers son énorme tête et plongeait ma main dans son pelage soyeux.

_ « Bonsoir  » lui dis-je d’un ton apaisant.

Je lui grattais la joue et, d’après le ronronnement sonore qui émanait de lui, il semblait apprécier.

_ « Desmond, ce n’est pas prudent d’être là. »

Il me donna un coup de langue qui me noya sous la bave.

_ « Beurk ! Je vais bien, tu vois ! Il faut que tu t’en ailles maintenant.»

Il lâcha une sorte de glapissement puis regarda autour de nous en reniflant bruyamment.

_ « C’est hyper dangereux pour toi ici. Il faut que tu partes !» insistais-je fermement.

Il me regarda intensément. Je crus un instant qu’il allait se résoudre à partir.

Au lieu de ça, il commença à s’agiter. Sa queue battit l’air avec fureur et son corps fut agité de frisson. Il secoua  la tête avec vigueur puis se cabra sur ses pattes arrières. Je reculais de quelques pas.

_ « Calme-toi ! Je t’en prie !» le suppliais-je.

Mais Desmond était enragé. Il semblait se débattre contre quelque chose d’invisible. Soudain, il se calma et retomba sur ses pattes. Il me fixa du regard et lâcha un grognement.

Ses yeux n’étaient plus que des fentes qui me fixaient d’un air menaçant. Je commençais à avoir peur.  Quelque chose avait changé. Au début, malgré sa nouvelle forme, j’avais retrouvé mon Desmond. Mais maintenant, je me retrouvais face à une bête féroce qui semblait prête à me sauter dessus. Desmond avait disparu.

Je reculais encore.

_ « Ecoutes, il faut que je rentre au manoir. Sinon, les autres vont s’inquiéter. » dis-je la voix tremblotante.

Desmond me tournait autour, l’air menaçant. Sa queue fouettait l’air rageusement. Puis, sans que je prenne garde, il me sauta dessus. Au lieu d’esquiver comme Edward m’avait appris, je me recroquevillais et me protégeais derrière mes bras.

Je fus projetée violemment contre le sol en même temps que je sentis les crocs de Desmond s’enfoncer dans mon abdomen. J’eus le souffle coupé sous le choc. Son baiser mortel ne dura que quelques secondes. Il me relâcha et s’éloigna de moi.  Je tentais de me relever mais j’en fus incapable. Une onde de douleur commença à me parcourir. Le venin, songeais-je me rappelant la leçon d’Edward. Desmond continuait de tourner autour de moi en grognant. J’étais totalement à sa merci.

Comment avais-je pu être si stupide ?

Mes yeux me piquaient terriblement. Desmond m’avait trahi. Il avait tout manigancé et je m’étais fait avoir comme une débutante. J’avais la gorge nouée par la déception et l’humiliation. Comment avais-je pu me tromper à ce point ? _ « Edward ! » hurlais-je de rage.

J’allais peut-être mourir mais je ne laisserais pas sa trahison impunie. 

Desmond me ramassa dans sa gueule, me souleva du sol et partit à toute vitesse vers les profondeurs de la forêt.

 

 

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