REDEMPTION

Chapitre 4 : LA FEMME PARFAITE

Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/01/2010 17:20

Chaque jour, je me félicitais  d’avoir choisi Léonova pour épouse. Elle était la compagne idéale. Sans effort, nos deux caractères se complétaient de la manière la plus parfaite. 

Léonova était si facile à vivre. Elle ne se plaignait jamais, ne réclamait jamais rien.

J’avais toujours vécu seul. Aussi avais-je besoin de solitude assez régulièrement. Lorsque la nécessité s’en faisait sentir, je m’isolais donc dans mes appartements. Léonova respectait ces moments. Elle avait compris sans que je lui explique que j’avais besoin d’être seul. Elle ne me dérangeait jamais et attendait patiemment que je revienne vers elle. Je ne sais pas si elle prit ombrage de mon attitude mais en tout cas elle ne me le montra jamais.

Sa discrétion lui faisait honneur. Pour ne pas qu’elle s’ennuie lorsque je la délaissais, je lui offris toutes ces nouvelles technologies qui me faisaient tant défaut. Je fis installer par des techniciens de Chisinau une antenne satellite qui nous permit de recevoir la télévision et internet.

Lorsque nous sortions chasser, je lui enseignais tout ce qu’elle devait savoir sur la vie d’immortel. C’était une élève attentive. Elle se montrait curieuse et je tâchais de répondre à toutes ses questions.

« Ne pouvons nous nous nourrir que de sang humain ? Le sang d’animal ne pourrait-il pas nous convenir ? » Me demanda-t-elle un jour alors que nous croisions la piste d’un ours.

« Assurément non. » lui répondis-je.

Elle attendit que je précise ma pensée.

« Le sang d’animal peut dépanner mais il ne suffit pas pour vivre. Survivre tout au plus. Il ne peut pas combler nos besoins comme le fait le sang humain. De plus, si nous buvons du sang d’animal trop longtemps, nous finissons par nous comporter comme des bêtes. Nous régressons vers l’état sauvage. J’ai entendu dire que des vampires avaient perdu la raison à force de boire du sang d’animal. Ils ont dû être éliminés car leur comportement mettait en danger le secret de notre existence. »

Elle médita ma réponse en silence. Léonova était ainsi, secrète et silencieuse.

La chasse était le moment que je préférais le plus partager avec elle.  En tant que jeune vampire, elle n’avait aucun contrôle sur ses pulsions. Elle se jetait sur ses victimes sans aucune retenue. Et je trouvais cela fort excitant. Toutes nos chasses finissaient par du sexe. Léonova s’avéra être une amante douée et inventive.

Elle comblait tous mes désirs et il n’y a rien que je n’aurais pu lui refuser. Mais Lèn (comme elle voulait que je l’appelle) ne désirait rien pour elle-même. Elle m’était entièrement dévouée.

Les années passèrent et Lèn développa ses talents. Il se révéla qu’elle possédait un don très particulier et très subtil. Je l’ai étudié avec attention alors qu’il se développait. Lèn l’utilisait sans même s’en rendre compte parfois. Il était totalement complémentaire avec sa beauté. Léonova envoûtait littéralement les humains. Elle était capable de leur faire croire n’importe quoi pour les attirer vers elle. Elle lisait en eux et voyait ce qu’il désirait le plus au monde puis elle les persuadait qu’elle pouvait leur donner. Ses victimes mourraient toutes le sourire aux lèvres.

Je l’encourageais à utiliser son don le plus possible. Il était primordial de le tester pour connaître toute son étendue. J’enlevais des humains et les ramenais au château pour qu’elle puisse s’exercer. Lèn s’exécutait docilement mais au bout de quelques temps elle ne fit plus beaucoup de progrès.

« Ivan »

Elle venait de tuer une femme à qui elle avait fait croire qu’elle était un ange.

« Oui, ma tendre épouse. »

« Je pense que nous devrions partir d’ici. »

Je restais un moment sans voix face à cette révélation.

« Tu ne te plais plus ici ? »

«Non, ce n’est pas ça. Les gens d’ici ne sont que des paysans superstitieux. Ils sont trop faciles à envoûter. J’utilise toujours les mêmes ruses. Je pense que si nous voulons que mon pouvoir évolue, il faut que nous partions nous installer ailleurs. Près d’une grande ville. » M’expliqua-elle.

Je gardais le silence. Cette perspective ne m’enchantait guère. Voyant mon hésitation, Lèn tenta de m’apaiser.

« Excuse-moi, Ivan. Cela paraissait si important pour toi que mon pouvoir évolue. Je voulais juste te faire plaisir. J’ai si peur de te décevoir. »

Mon cœur s’attendrit devant cet aveu.

« Me décevoir ? C’est impossible. Tu es si belle, si parfaite, mon amour. »

Je réalisais que c’était la première fois qu’elle me demandait quelque chose. Et encore c’était uniquement dans le but de me satisfaire.

« Nous partirons dès que nous serons prêt. » décidais-je.

Son expression inquiète se transforma en sourire ravi. Elle me sauta au cou.

Nous partîmes donc pour Prague. Je connaissais bien la ville, j’y possédais même une maison.

Le fait de vivre en ville modifia considérablement nos habitudes de chasse. N’ayant auparavant été en contact avec les odeurs humaines qu’au moment où nous chassions, Léonova dut s’habituer à la proximité des humains. Mais elle révéla des capacités d’adaptation fascinantes et elle surmonta très rapidement ses pulsions. 

Nous fréquentions les boites de nuit branchées. Ces endroits pleins de jeunes humains désœuvrés étaient des terrains de chasse idéaux. Néanmoins, Lèn me convainquit de ne s’attaquer qu’à des clochards ou autres laissés pour compte. Ces personnes n’avaient souvent aucune famille et les autorités se désintéressaient totalement d’eux. Aussi personne ne les recherchait lorsqu’ils disparaissaient.

Néanmoins, de temps en temps, je m’accordais quelques extras. J’avais un faible pour les jeunes gens de bonne famille.

Léonova faisait énormément de progrès dans la maîtrise de son don. Elle était capable de faire croire n’importe quoi à n’importe quel humain. C’était réellement impressionnant. Elle pouvait lire dans les âmes et écrire dans les esprits tout ce qu’il lui chantait.

De temps en temps, Lèn aimait attirer des beaux jeunes hommes de son âge. Elle se laissait courtiser, acceptait des rendez vous. Mais au final ses prétendants finissaient toujours de la même manière. Je ne comprenais pas bien son comportement. Non pas que j’étais jaloux de ces humains qu’elle fréquentait mais je ne saisissais pas l’intérêt d’une telle mise en scène. Pourquoi perdre son temps ainsi ? Je ne voyais pas comment cela pouvait la divertir. Surtout qu’une fois qu’elle les avait tués, elle paraissait triste.

Et puis, ce que je redoutais le plus arriva. Nous croisâmes le chemin d’un couple de vampires. Je les avais senti depuis déjà quelques jours lorsqu’ils décidèrent de venir se présenter. Je connaissais déjà l’homme, il s’appelait David. Je l’avais rencontré lors d’un voyage aux Etats-Unis au début du siècle. Il appartenait alors à un clan plutôt belliqueux qui avait tenté de me tuer.  Mes talents de lévitation m’avaient alors bien aidé...

Néanmoins, David avait quitté ce clan et ses intentions étaient pacifiques. Nous passâmes donc quelques temps avec eux. Lèn semblait bien s’entendre avec la compagne de David, Clémence. 

Puis ils repartirent. Suite à leur départ, l’humeur de Léonova s’assombrit. Elle chassait de moins en moins souvent. Elle attendait d’être totalement assoiffée pour consentir à m’accompagner. Elle ne me parlait presque plus et s’enfermait le plus souvent dans un mutisme buté. Je ne parvenais pas à comprendre ce qu’il lui arrivait. Clémence lui manquait-elle ?

Une fois, j’ai même retrouvé une de ses proies encore vivante et en pleine transformation. Léonova était prostrée à côté de lui, le regard vide, se balançant d’avant en arrière en répétant qu’elle était désolée. Je brisais le cou du garçon et saisit Lèn par le bras pour la relever.

« Qu’est-ce qui te prends ? » grondais-je.

Lèn me repoussa.

« Lâches moi ! »  me lança-t-elle férocement.

Je voyais brûler une fureur incompréhensible au fond de ses yeux. Elle ouvrit la bouche pour rajouter quelque chose puis s’interrompit, hésitante. Soudain, elle se détourna et disparut aussi rapidement qu’un vampire pouvait disparaître.

 C’en était trop. Une telle attitude était intolérable. Lèn était tout simplement trop jeune pour vivre aussi près des humains. Aussi pris-je la décision de rentrer au château.

 

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