Recueil d'un vampire

Chapitre 14 : Tensions

Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:32

Je sirotais une énième poche de sang, je n’en faisais plus le compte, depuis que j’avais ouvert les yeux ma soif ne tarissait pas. J’étais perdue dans mes pensées, installée en tailleur sur la courtepointe du lit de Corin le menton dans la main, je fixais le mur opposé comme si je pouvais y trouver des réponses à mes questions ou plus exactement, des solutions à mes ennuis. J’avais dans l’idée que rien n’était terminé que cela ne faisait que commencer.

Corin et moi avions fait le point des événements et nous nous étions accordés pour dire que la seule personne susceptible de me vouloir des ennuis était Caïus.

Il m’évitait comme la peste depuis mon arrivée à Volterra et s’était montré virulent quand il ne pouvait pas faire autrement que se trouver en ma présence. Notamment lors des deux assemblés ou j’avais compté parmi les vampires.

J’imaginais sans mal sa réaction quand Aro lui avait  fait par de ma transformation et surtout de mon don. D’après moi il aurait été bien plus facile pour lui de m’éliminer quand j’étais encore une faible humaine même en prenant compte de cette curieuse emprise que j’avais sur eux. Après tout, Caïus comptait parmi les vampires les plus anciens et par conséquent les plus puissants, je doutais qu’une simple humaine puisse lui résister quel que soit son don. Cependant, il avait eu plusieurs semaines pour mettre sur pied un plan visant à me faire manger les pissenlits par la racine et pourtant rien  ne s’étais produit avant aujourd’hui.

Le plus curieux dans tout cela et Corin avait grondé comme un fauve à cette pensée, c’était que je comprenais Caïus. Je n’avais pas eu le temps de prendre conscience de toute la portée de mon don jusque là. Je ne savais même pas en quoi il consistait exactement, mais les yeux de tous les vampires que je croisais qui s’allumaient comme des phares de voiture dans la nuit m’obligeaient à me poser des questions.

Corin se sentait libéré de la noirceur de son âme, il me l’avait confié, ajoutant que tant qu’elle n’avait pas disparut, il n’avait pas eu pleinement conscient du poids de ses meurtres sur celle-ci. Les vampires semblaient cohabiter avec cette noirceur comme si elle était le tribu de l’immortalité.

J’avais appris par Aro que les vampires en général se croyaient dépourvu d’âme. Je ne comprenais pas comment ils en étaient arrivés à cette conclusion. Si l’humain le plus cruel, les psychopathes, les dictateurs avaient une âme alors pourquoi les vampires en seraient-ils dénués ?

La question ne se posait plus à mes yeux, puisque j’étais celle qui avait le don de voir, de toucher et de débarrasser de sa noirceur les âmes. Je ressentais l’âme de chaque vampire du château, même maintenant assise seul, je les sentais autour de moi. Je ne pouvais bien sûr pas les localiser ou même dire quel vampire était dans les murs, mais je les sentais comme une énergie, une force, de la chaleur qui gravitait autour de moi en permanence, courant sur ma peau dans mes cheveux sur la paume de mes mains.

Je ne savais pas si j’étais capable de voir celle des humains, je n’en avais pas eu l’occasion et elle ne se présenterait pas de sitôt si on prenait en compte le nombre de poche de sang que je liquidais dans une journée.

Dépité j’attrapais le deuxième verre XXL et repartis dans mes pensées tout en sirotant.

Les possibilités de mon don étaient terrifiantes. J’avais bien conscience qu’utilisé a mauvais escient il pouvait nuire aux immortels. Comment avais-je pu développer un tel don ? A moi seule je pouvais renverser la théorie qui disait que nous développions notre caractéristique humaine la plus marqué une fois immortel.

J’avais été une humaine banal sans grand talent ni particularité, constamment plongée dans de vieux livres poussiéreux qui n’intéressaient plus que moi.

Désormais Aro me regarder avec des yeux nouveaux, depuis qu’il avait compris les implications d’un tel don, bien avant moi bien entendu ! Sa perplexité face à moi s’était mué en une espèce de respect teinté de déférence, un peu comme celle qu’on accordait à un prêtre ou à un chamane.

D’après moi mes épaules venaient de s’alourdir d’une sacrée charge ! De toute façon je refusais que quiconque me touche et j’évitais de fixer leurs yeux, de peur d’être tenté de m’y noyer, pour me vautrer dans un monde de lumière coloré et de sensations. Je devais choisir une conduite et la suivre.

Pour le moment c’était de ne rien faire sans en avoir parlé au préalable au propriétaire de l’âme à manipuler. Je devais respecter le libre abrite de chacun. Et puis qui me disait que c’était une bonne chose. Que cela changeait-il exactement ?

Corin était le seul à pouvoir partager son ressenti, mais il n’avait pas l’âme la plus noire, au contraire elle était belle lumineuse et sa noirceur n’avait été due qu’aux victimes qui lui avaient servie de repas.  Au moment de la manipulation il avait déjà choisi de se nourrir d’une autre façon qu’en tuant ses proies. Quel impacte cela aurait-il sur une personne comme Jane ou Alec ? Des personnes qui se vautraient dans la cruauté ? Cela servirait-il même à quelque chose ?

Peut être que cela les laveraient de leurs meurtres pour leur permettre de continuer de plus belle, comme le paroissien qui venait se confesser après avoir pêché et fort de ce soulagement revenait la semaine suivante pour les mêmes pêchés, puisque dieu pardonnait toujours.

Bon peut-être exagérais-je, mais cela n’était pas sans fondement je ne savais pas trop où je mettais les pieds et la seule façon d’en avoir le cœur net était de tester ce don et je m’y refusais pour le moment. Je ne pouvais pas jouer avec l’âme des gens en toute impunité.

Quand a Caïus je comprenais ses craintes. Il craignait simplement que je ne face ce que lui aurait fait si un tel pouvoir était tombé dans ses mains. Il était bien évidemment conscient que je pouvais agir comme bon me semblais et que personne n’aurait pu m’arrêter. Je pouvais bien choisir de rendre tous les vampires de Volterra doux comme des agneaux et fini les soldats cruels et menaçants, enfin en théorie, je doutais qu’un pouvoir aussi absolu exista, mais j’étais sûr que Caïus en avait tiré de telle conclusions, il n’était pas près à regarder son monde basculer de manière aussi radical.

Si j’avais été encore humaine le mal de tête n’aurait pas été bien loin, en soupirant je me levais et décidais de faire un tour. Me terrer dans la chambre de mon apollon n’était pas une solution à mes problèmes.

Je parcourue les couloirs en courant le vent soulevant mes cheveux détaché, la sensation était grisante. Je comprenais pourquoi les vampires aimaient tant courir. Je passais une porte à toute vitesse et m’arrêtais au milieu de la pièce inconnue en riant gagné par le sentiment de liberté que me faisait ressentir la course.

- Exaltant, n’est-ce pas ?

Avant, j’aurais sursauté surprise de trouver quelqu’un derrière mon dos, mais mes sens de vampire m’avaient prévenu qu’un immortel se trouvait dans la pièce, mon odorat me donna même le nom de cette personne.

- Bonjour Félix.

Je fis un tour rapide de la pièce, c’était une salle de musique, je doutais que Félix aie l’âme musicale.

- Tu joues d’un instrument ? Lui demandais-je.

- Non, je ne suis pas taillé pour ça.

- Je te l’accorde.

- Comment va Gianna ? Lui demandais-je me rappelant notre dernière rencontre.

- Elle se sent seule, je lui aie appris ta transformation, tu lui manques je suppose. Tu es magnifique je dois dire.

- Merci.

Il avait un drôle de comportement, comme si je n’étais plus la même. Il ne se moquait pas de moi comme à son habitude, il se contentait de me regarder fixement les yeux légèrement plissé. Puis je compris, il m’évaluait.

- Il y a un problème ? Il commençait à me rendre nerveuse et sa posture réveillait mes instincts, j’étais tentée de m’accroupir pour riposter en cas d’attaque, bien sur je savais qu’il ne pouvait me toucher, mais c’était instinctif.

- Non, pourquoi ? Demanda Félix.

- Tu me regardes d’une étrange façon.

- Excuse-moi, dit-il en se redressant et en souriant faisant redescendre la pression. Je ne voulais pas te rendre nerveuse, c’est à cause du bruit qui cour à ton sujet.

Je le regardais dans les yeux, là où scintillait une lueur coloré. Qu’est ce qui pouvait bien se dire à mon sujet ?

- Quel bruit ?

- Tu aurais un don très particulier, qui met tout le monde mal à l’aise, tu es le sujet de discutions principals aujourd’hui.

- Ho non ce n’est pas vrai, gémis-je, vous n’allez pas vous mettre à me scruter comme une bête de foire dans l’attente d’un tour de magie quand même.

Il s’esclaffa bruyamment faisant tressauter le piano que touchaient ses genoux. Il s’approchât de moi dans l’intention de me donner l’accolade, je fis un pas de côté gracieux pour l’esquiver.

- Je préfère éviter les contacts.

Il était resté interdit devant mon geste, figé la main en l’air, il la reposa doucement sur son flan méfiant.

- Pourquoi ?

- C’est compliqué à expliquer. Mais crois-moi sur parole tu n’apprécierais pas plus que moi.

Je ne tenais pas à ce que tout le monde rase les murs en me voyant, de peur que je ne m’introduise en eux donnant un coup de tourne vice par si, un autre par là comme dans un moteur encrassé. A présent il affichait un masque d’impassibilité.

- Très bien comme tu veux, pas de contact.

- Merci, bon je te laisse, dis-je pour me sortir de cette situation embarrassante. Je dois aller voir Aro.

- Je t’accompagne.

- Non ! He…pas la peine, tempêtais-je.

 Il m’observait toujours yeux plissés, plus suspicieux que jamais.

- Tu ne pourras pas nous cacher ton don longtemps, fini-t-il par dire de nouveau souriant, je suis sûr que ce n’est rien d’extraordinaire et que tu le caches parce que tu as honte.

- Tu m’as percé à jour bravo, m’esclaffais-je à mon tour.

Il leva la main une nouvelle fois pour taper mon épaule et je l’esquivais encore.

- Oups désolé, j’avais oublié, pas de contact, dit-il malicieux.

Je lui tournais le dos et repartie comme si j’avais le diable aux trousses, en quelque sorte c’était le cas, le démon en tout cas ! Il allait mettre un point d’honneur à raconter à tous que je cache quelque chose d’important et tout le monde voudraient tenter de me toucher rien que pour voir ce qui se produirait dans ce cas là. Je me voyais déjà esquivant un vampire a tous les tournant, m’approchant à petits pas dans l’attente qu’un de ces démons m’attrape.

- Et crotte !!!

- Entre, lumineusa.

Je pénétrais dans l’entre d’Aro, je voulais lui parler sans la présence protectrice de mon ange déchut.

- Pourquoi m’appeler ainsi ? Lui demandais-je perplexe.

- Cela veut dire la lumineuse, c’est ce que tu es lumineuse.

Je ne relevais pas et attaquais sans préambules :

- Des rumeurs dérangeantes cours sur moi.

Je m’étais mise à faire les cent pas devant l’imposant bureau, si vite que j’aurais surement disparut aux yeux d’un humain. Je me sentais agité et déstabilisé. J’étais bien conscience que mon statu de nouveau né expliquait en partie mes nerfs à vif, bien que le fait de faire l’objet d’un attenta et toutes les bizarreries autour de moi n’arrangeait rien. Je me sentais au bord du précipice prête à craquer et Aro le comprit, car sa voix en général voilée claqua comme un fouet :

- Cesse de t’agiter et assis toi !

Je m’exécutais un millième de seconde plus tard et posais sagement mes mains sur mes genoux, toute tension oublié.

- J’ai eu vent en effet des bruits de couloir te concernant. Tu les as toujours intrigués et ils le sont encore plus maintenant, tu caches quelque chose et ils veulent le découvrirai tu ne peux décemment pas le leur reprocher.

Je poussais un soupir agacé, mais il avait raison j’étais pour eux l’attraction qui les sortaient de plusieurs siècles d’ennuis, je ne pouvais pas le leur en vouloir, ce qui ne m’empêchais pas de ronchonner.

- Pourquoi cacher ton don Olivia ? Il est certes peu commun, mais ne le sommes-nous pas tous un peu ?

- Caïus a tenté de me tuer à cause de ce don, je ne suis pas assez naïve pour croire qu’il ne se trouvera pas un vampire à Volterra pour l’aider à y parvenir.

C’était la première fois que j’accusais ouvertement Caïus, mais je savais qu’Aro avait déjà fait le rapprochement entre mon attenta et son vieil ami.

-  Ha Caïus, soupira-t-il et me dévisagea froidement, j‘ai moi-même envisagé de contourner ton emprise par un moyen quelconque, malgré toute…l’affection que je te porte, après-tout personne n’est infaillible Olivia. Et Caïus, comme tu peux l’imaginer, était plus que disponible à l’exécution d’un tel projet.

Je restais bouche bée, enfin façon de parler, je me figais soudain méfiante.

- Pourquoi ? Demandais-je calmement. Calme que j’étais loin de ressentir, il y avait certain avantage à être un vampire, notamment celui de cacher les sentiments les plus déchainer sous un masque de froideur.

- Comme tu en as fait la conclusion seule ton don pourrait nuire à la majorité des immortels si tu décidais de l’utiliser d’une façon peut judicieuse. Mais les choses sont bien faites, sourie-t-il, puisque un tel pouvoir est tombé dans tes mains intègres. Il m’aurait été bien difficile de prendre la décision de ton exécution. Et c’est ce que j’ai expliqué à Caïus quand nous avons abordé la question. Quant à Marcus il s’en remet à ma décision. Il s’avert qu’il t’apprécie tout particulièrement.

Non en effet je n’avais pas l’intention d’abuser, mais je n’hésiterais pas à m’en servir pour me défendre, comme sur le malabar dans les champs. J’étais un peu déstabilisé parce que je venais d’entendre certes Aro restait un chef, un roi régnant sur une espèce entière et il ne pouvait pas donner dans le sentimentalisme, mais savoir qu’il avait envisagé ma mort m’ébranlais quelque peu.

Néanmoins, ce n’était pas la première fois, il avait faillit y arriver le jour de mon arrivée, ensuite la question avait été soulevé et je ne devais mon sursit a ce moment-là qu’à mon étrange don qui opérait déjà, puis Caïus, sans oublier que la transformation n’étant pas sans risque, je n’avais pas été à l’abri d’une énième presque mort même dans les bras de Corin. Si je faisais le point depuis mon arrivéé, une épée de Damoclès était suspendu au-dessus de ma tête et elle était tenu par Caïus en ce moment-même.

 - Qu’allez-vous faire concernant Caïus ?

Je ne voulais pas passer ma vie à regarder par déçu mon épaule.

- Il est en mission pour une durée indéterminée, ne te fait pas de souci il ne t’importunera plus, me rassura-t-il de nouveau affable.

Mais je ne m’y trompais pas, je devinais, que Caïus avait été éloigné de Volterra sciemment par Aro et sans doute Marcus, contre sa volonté. Cela ne présageait rien de bon pour moi je soupçonnais Caïus d’être particulièrement rancunier.

- En ce qui concerne le clan, fait comme bon te semble.

Bien voyons, pour une fois j’aurais bien aimé recevoir un ordre ce qui m’aurait évité de prendre seule des décisions que je pourrais regretter. Je pris congé, il n’y avait plus rien à dire et repartie avec l’intention de me terrer dans la chambre de mon amoureux et de l’attendre vautré dans ses draps qui portaient encore son odeur.

C’était compté sans cette commère de Félix. Je n’avais pas encore passé le premier tournant que je sentis l’odeur de Jane et Alec, je ne les entendais pas, mais je savais qu’ils se trouvaient tout proche. Je pris le parti de marcher à vitesse humaine pour ne pas être surprise au détour d’un couloir.

Plus je m’approchais de la fin du couloir plus leur odeur était forte, il devait être tapis à l’angle du mur.

- Je peux faire quelque chose pour vous ? Demandais-je innocemment.

Je n’entendis que le rire carillonnant de Jane et le soupire d’Alec.

- Nous t’attendions, me dit ce dernier enfin visible.

- Hum ?

- Désolé, s’excusa Jane, mais Félix nous a soudoyé pour te soutirer des informations.

- Tu m’en diras tant !

Je soupirais et décider de lever le voile pour ma tranquillité et celle de Corin, mais il n’allait pas s’en sortir comme ça, j’allais leurs faires la frayeur de leur vie. Je les attrapais chacun par un bras, Alec tenta de se dégager, mais j’étais bien plus forte que lui. Quant à Jane elle semblait confiante. Je fixais ses yeux qui n’étaient plus rouges et basculais, mes mains étincelèrent et je vis du coin de l’œil les yeux d’Alec s’écarquiller sous la surprise.

- Qu’est-ce que…

Je rentrais en contact avec l’âme de Jane sans la toucher toutefois, je ne voulais que la regarder et leurs donner à tout deux une bonne leçon.

Je fus surprise, je m’attendais à bien plus de noirceur. J’avais imaginé que cette enveloppe de poupée délicate et fragile abritait l’âme la plus noire. A la place d’une sphère noire de la taille de Pluton je trouvais, certes un noyau très important, mais qui ne surpassait pas son essence lumineuse violette, bleu et rose.

En l’effleurant je compris qu’il s’agissait en grande partie de l’amour qu’elle portait à Alec. Avant de pouvoir investir plus avant les sentiments de Jane, je me détournais de son âme. Je n’avais pas été autorisé à la toucher et je ne voulais pas qu’elle prenne cette intrusion forcée comme un viol. Je les libérais de mon emprise et regardais, avec eux les résidus rayonnant s’attarder sur mes doigts.

- Qu’est-ce que tu lui as fait ? S’écria Alec inquiet devant l’expression de stupeur de Jane.

- Rien, je vais bien, répondit celle-ci en posant la main à plat sur son torse pour le rassurer.

Quel rapport entretenait-il tous les deux exactement ? J’étais curieuse, j’avais d’abord crut que leur rapporte étaient fraternel, idée surement inspiré par leur ressemblance et leur jeunesse apparente, bien qu’ils soient tous les deux bien plus âgés que mon grand-père.

 Toutefois, En touchant l’âme de Jane c’était son amour pour Alec qui m’avait saisi en premier lieu. Pas un amour fraternel, mais bien l’amour avec un grand A que partageaient deux êtres, passionnés l’un par l’autre. En étaient-ils conscient ? Ou ce sentiment languissait-il de ne pas être partagé ? Finalement Jane pouvait bien être cruelle et sans pitié, elle était aussi capable du plus pure des amours, cette découverte me déstabilisa et je la regardais d’un œil neuf.

Nous nous fixions du regard toute deux. Elle, tentant de savoir ce qu’il s’était passé, moi tachant de comprendre ce que cacher cette belle enfant cruelle.

- C’était étrange, me dit-elle, j’avais l’impression de t’étreindre à l’intérieur de moi.

Comme pour Corin c’est ce sentiment qu’elle gardait après mon intrusion, mais au contraire de lui je n’avais pas délivré la jeune fille du poids de ses crimes.

- Je sais ce que tu as ressenti, pour moi c’est différent j’ai l’impression de pénétrer en toi, par l’intermédiaire de tes yeux.

Je pris une grande inspiration et leur expliquais en quoi consistait mon don, bien consciente que dans moins d’une heure tout le monde dans le château seraient ce que je suis devenue. Une sorte de chamane de pacotille qui pouvait les absoudre de leurs pêchés, beurk !

A présent il m’observait tout deux les yeux légèrement plissés par la méfiance, comme Félix un peu plus tôt.

- Bon voilà, vous savez tout, je vous laisse.

Je m’esquivais sans plus attendre pour aller m’isoler dans la chambre de Corin priant pour ne croiser personne.

J’entrais en courant d’air et me jetais sur le lit la face contre le matelas et inspirais à fond l’odeur de mon apollon pour me calmer. Je sentais que toute la tension accumulée bouillonnait comme du magma en fusion prêt à détruire tout sur son passage si je le laissais exploser.

Frustré, je levais la tête, nez plissé pour apercevoir ce qui m’empêchais de reniflé l’odeur enivrante qui m’aurait permis de relativiser un peu à défaut de me calmer complètement.

Je me levais en apercevant sous moi un bout d’étoffe satiné, c’était de ce bout de tissu que provenait l’odeur de murier que je venais de respirer a plein poumons. En me redressant pour le dégager, j’aperçus un bout de papier caché sous mon ventre. Je m’en saisis et lus : « Lumineusa chaque membre de Volterra porte une cape».

Le mot n’était pas signé, mais je savais qu’Aro l’avait écrit. D’une part il était le seul à m’appeler ainsi et je reconnaissais son écriture, c’était avec elle que tout avait commencé je ne pouvais pas l’oublier.

Je m’emparais de la cape et restais interdite, celle des chefs Volturi étaient noires et leur gardes proche portait des capes grises anthracite. J’avais remarqué que plus le grade était important plus la couleur de la cape était foncée. Les simples gardes et nouveau arrivés portaient l’uniforme gris très clair, certainement pas ivoire.

La mienne n’était pas entièrement ivoire, un liserai argenté ornait les contours du vêtement. L’étoffe était douce sous mes doigts, je reniflais, habitude que j’avais pris depuis que j’étais immortelle, encore cette odeur de murier, cela devait être de la soie, cela expliquait l’odeur végétale. Tous les vêtements que je portais jusqu’aux draps des lits, portaient des traces chimiques des produits de teinte et des fixateurs de couleur.

Je la passais sur mes épaules et la fermais à l’aide des cordons argentés prévu à cet effet, puis allais me mirer dans le miroir à pied qui se trouvait dans la salle de bain de Corin.

Je devais dire que l’ivoire rehaussait la perfection de mes trais et le rouge de mes yeux cette dernière constatation me fit grimacer. Dorénavant les seuls yeux cramoisis que je rencontrerais seraient ceux qui me contemplaient en ce moment même. Autant m’y faire tout de suite.

Je sentis dans l’air que produisit la porte en se refermant sans bruit, l’odeur de mon ange déchut.

- Tu es magnifique, murmura-t-il en s’encadrant dans la porte de la salle de bain, dieu parmi les dieux.

- Merci, tu n’es pas mal non plus, souris-je.

Il portait sa cape elle n’était pas grise anthracite comme Alec ou Jane, mais d’une teinte plus claire.

-Tu sais pourquoi la mienne et de cette couleur ? Lui demandais-je.

Il eut un sourire mystérieux.

- Je te le dirais peut-être si tu me saluts comme il se doit.

Je traversais la pièce à toute allure et le percutais de pleins fouets riant aux éclats. Je savais que je ne lui avais pas fait mal et cela me permis de le renverser sur le tapis moelleux et de le dominer. Je regardais son âme se refléter dans ses pupilles, mes cheveux soyeux formant un rideau bouclé autour de son beau visage, nous coupant du monde extérieur.

Je me penchais sur lui et l’embrasser à pleine bouche prise d’un désir trop longtemps inassouvi. Je me tenais à califourchon sur ses hanches, dominantes, exigeante,  me délectant du gout de son haleine sur ma langue, de ses lèvres gourmandes sur les miennes. J’avais un besoin impérieux qu’il se fonde en moi et je m’ouvrais pour lui.

Nous roulions sur le tapis tentant de prendre le dessus sur le désir de l’autre, les capes volèrent à travers la pièce, retirée à la hâte. Le reste de nos vêtements suivirent le même chemin et bientôt tout ce qui n’était pas lui, sa peau, son odeur, son contact sur mon épiderme disparu.

Les minutes passèrent sans que nous ne nous en rendions compte, puis les heures. Quand nous émergeâmes enfin de notre bulle de bonheur, deux jours étaient passé comme un claquement de doigts, deux jours que nous nous vautrions sur le tapis. Nous n’avions même pas pris la peine de grimper sur le lit, celui-ci pourtant tout proche, quelle honte !

Corin se mit à rire devant mon expression embarrassée.

-Ne t’en fais pas, personne ne nous a cherché, dit-il en me ramenant dans ses bras.

Je cachais mon visage dans son épaule et gémi de honte, ce qui fit redoubler ses rires.

- Mon dieu ils savent tout ce que l’on a fait ces deux derniers jours ! Comment deux jours ont-ils pu passer comme deux heures ?

- Tu n’as pas à avoir honte mon amour, me dit Corin en caressant mon épaule nue, ici il n’y a pas de secret, nous en avons tous l’habitude, tu t’y feras aussi très vite. Quant au temps c’est l’impact de l’immortalité sur nos vies. Nos journées ne sont pas rythmées par les contraintes humaines, nous mangeons plus rarement, nous ne dormons pas, nous ne nous soucions plus du calendrier et puis je trouve que c’est une belle façon de passer le temps, ajouta-t-il en embrassant mon épaule.

Je l’enlaçais à nouveau m’enroulant autour de lui comme une liane souple.

 - Hum…oui merveilleuse façon en effet…

Je ronronnais, quand il entreprit de partir à la découverte de la moindre parcelle de mon épiderme. Il m’allongea sur le tapis pour avoir un accès facile aux zones les plus sensibles.

Corin me chatouillait le ventre avec sa langue et remonta lentement se délectant de mes gémissements.

C’était merveilleux et à la fois si étrange. Je n’avais aucune expérience humaine dans ce domaine, pourtant j’étais à peu près sûr que personne ne passait deux jours au lit ou sur un tapis, sans interruptions !

Encore un avantage du à ma condition, je n’allais pas m’en plaindre ! Il m’apparue que je n’avais même pas ressentie le besoin de me nourrir.

Je cessais de réfléchir et grogner fort peu élégamment quand Corin souleva mon mollet et le posa sur son épaule, m’emportant dans des tourbillons de plaisir, nos deux âmes enlacées.

Une sonnerie stridente me sortie de ma léthargie. Je me tournais vers Corin qui se leva vivement pour attraper le téléphone portable dans la poche de son jean.

Tendis qu’il répondait je restais allongé sans bouger, abrutie de plaisir et à la fois très alerte, le ton inquiet de sa voix me tira de mes nuages.

- Calme toi, je te la passe, disait-il.

Il revint vivement vers moi et me tendit l’appareil.

- Olivia ? Chuchota une voix essoufflée à l’autre bout.

- Gianna ! Que ce passe-t-il ? Elle n’était pas essoufflée contrairement à ce que j’avais cru, elle sanglotait et haletait en tentant de retenir ses pleurs.

- Je dois te voir tout de suite, je t’en pris viens seule. Elle laissa échapper un gros sanglot bruyant.

Corin secoua la tête véhément, je savais bien que je ne pouvais la voir, j’étais un vampire depuis moins de deux semaines, j’allais n’en faire qu’une bouchée.

- Je ne peux pas te voir et encore moins seule, je ne me contrôlerais pas, je ne veux pas te faire de mal.

- Fait moi confiance tu ne m’en feras pas je te le garanti. Viens je t’en pris, hoqueta-t-elle.

Je ne savais pas où elle voulait en venir en affirmant que je ne lui ferais pas de mal, mais je pris le parti de la croire. Et puis son ton suppliant me disait que cette fois, il s’agissait de bien plus qu’une prise de bec avec Félix.

- Je dois me nourrir suffisamment avant, où veux-tu que je te rejoigne ?

- Dans la cuisine où nous prenions nos repas, viens seule, répéta-t-elle puis elle raccrocha avant que je ne puisse répondre.

- Tu ne peux pas y aller et encore moins seule, attaqua Corin sans attendre.

Il avait le regard dur et me saisi le poignet pour que je ne me détourne pas de lui, j’aurais pu lui arracher ma main aisément, mais je ne voulais pas me disputer avec lui.

- Tu l’as entendu, que veux-tu que je fasse d’autre ? Je ne peux pas la laisser comme ça, elle est mon amie bon sang ! Je baissais le ton et lui caressais la joue, Je vais me nourrir un peu plus que d’habitude, je retiendrais ma respiration et tu ne seras pas trop loin.

Son visage redevint serin.

- Je serais derrière la porte.

- Elle a bien insisté pour que je vienne seule, me renfrognais-je.

- C’est à prendre ou a laisser je reste derrière la porte ou tu n’y vas pas. Si tu l’as tue tu ne te le pardonneras jamais, je serais là pour t’en empêcher au cas où, tempéra-t-il.

Il n’avait pas tors, je ne pouvais courir le risque de tuer mon amie, j’allais devoir la jouer fine, je soupirais vaincu par ses arguments.

- Elle ne saura même pas que je suis là, tu seras la seule à le savoir.

- C’est bon, tu m’accompagnes voir Heidi ?

- Pas la peine.

Il attrapa son portable et comme la dernière fois appuya sur une touche et raccrocha.

Je bu quatre verrer XXL de sang chaud et je me rendis compte à ce moment-là a quel point j’avais soif, je faillis renverser Heidi en sentant l’odeur enivrante, puis enfin rassasié, je me rendis, avec Corin pas loin derrière moi, à la cuisine.

Je perçus les sanglots de Gianna avant même de me trouver dans le même couloir que la cuisine. Elle avait l’air paniqué et désespéré. Qui avait bien pu lui faire du mal pour la maitre dans un état pareil ? Elle si courageuse. J’avais dans l’idée que ce n’était pas une peccadille.

Je reniflais doucement pour tester l’air autour de la cuisine, pas de folie meurtrière à l’horizon je me détendis un peu et continuais d’avancer silencieusement. Je sentais la jeune fille, mais son odeur ne provoquait pas de brulure dans ma gorge.

- Ca va ? Demanda Corin invisible.

- Ca va, elle ne me donne pas soif, répondis-je assai doucement pour que lui seul m’entend.

- Sois prudente tout de même.

- Oui papa !

Il s’esclaffa doucement.

J’ouvris la porte de la cuisine confiante et trouvais Gianna assise parterre, adossé au mur, les genoux relevé de façon à étouffer ses sanglots déchirant.

- Olivia ! Et elle se jeta dans mes bras.  

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