Recueil d'un vampire

Chapitre 13 : Attaque

Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/03/2010 16:21

Nous étions installés sur le promontoire. J’avais refusé temporairement de me mêler aux vampires de Volterra. J’avais besoin de réfléchir au changement radical dans ma vie. Désormais Corin et moi étions unis par une chose bien plus précieuse encore que l’amour, j’avais touché son âme et à présent je comprenais ce qu’il s’était passé dans ma chambre.

Cette sphère sombre était une manifestation de tout ce qu’il y avait de sombre en Corin, les cris qui s’en échappaient étaient ceux de ses victimes et les sentiments violents qui m’avaient saisi à son contact résultaient de la bête qui était tapis dans l’ombre de chacun de nous. Elle entachait et rongeait l’âme de mon ange déchut.

En touchant la sphère, elle avait été attirée par la lumière et celle-ci l’avait absorbée libérant je jeune homme de son côté sombre.

Il m’avait confié se sentir différent, plus léger, libéré d’un poids considérable et j’étais contente d’avoir le don de lui offrir une certaine délivrance. Mais, j’étais troublée, il avait utilisé le mot rédemption. J’en frissonnais intérieurement, j’étais un très jeune vampire insignifiant, je ne pouvais pas détenir un tel pouvoir sur mes semblable.

- Je n’ai jamais vraiment cru en dieu, Commença Corin, je me disais qu’une entité aussi pure n’avait pas put créer de créatures aussi cruels pour cohabiter avec les humains. Alors, j’ai pensais que nous étions une espèce luciférienne, créé par le prince des ténèbres en personne, modelés à son image. Nous attirons les mortels par notre magnificence et notre charisme surnaturel comme Lucifer pour attirer leurs âmes humaines dans ses filets, nous sommes presque indestructible et vivons un temps infini pour perpétrer son œuvre, sans parler des dons, ils renforcent encore notre supériorité. Il soupira et sourit. Puis tu es arrivé à Volterra. Je me suis dit que dieu crée de belles, mais bien fragiles choses, tous les vampires en ta présence sentaient la pureté, mais aussi la force de ton âme, tu avais quelque chose de si attirant…tu réveillais un instinct de protection que nous avons seulement pour protéger nos proies des autres. Toutefois cela n’a rien de comparable, cela pourrait s’apparenter à ce qu’on peut ressentir pour un membre de sa famille, pourtant les vampires ne forme pas de familles, mais des clans à part une ou deux exceptions.

- Les Cullen, murmurais-je.

- Oui les Cullen, auprès de toi nous avons l’impression d’avoir une sœur, une cousine…

- Hé !! L’interrompis-je en lui donnant une tape, tu me vois comme ta sœur !

- …ou une femme ! Petite impatiente, si tu me laissais finir ma phrase.

- Tu me vois comme ta femme ? Murmurais-je doucement.

- Oui mon amour, tu es ma femme, ma meilleure amie, mon âme sœur, tu es à moi.

- Ce n’est pas de la protection ça, mais de la possession, dis-je en riant.

Il me serra un peu plus fort dans ses bras et dit sérieux :

- C’est de l’appartenance, tu m’appartiens comme je t’appartiens corps et âmes.

- Hum corps ? Ça c’est intéressant.

Corin était allongé sur le sol rocailleux, sa tête soutenu pas un rocher, je me mis à ramper sur son torse pour atteindre sa bouche. Je savais qu’il n’était pas incommodé par mon poids et que le sol qui m’avait paru dur humaine était dorénavant moelleux sous notre peau de marbre. Le soleil brillait haut maintenant la faisant briller de mille feux, je ne me lassais pas du spectacle. J’approchais mes lèvres des siennes et goûtais doucement sa bouche au parfum sucré.

Comme à chaque fois que je l’embrassais, un brasier m’enflamma des orteils à la pointe des cheveux, je le désirais avec une telle force que s’en était douloureux.

J’ouvrais les yeux et sans y penser plongeais dans leurs profondeurs, les lèvres toujours celées aux siennes.

Je me retrouvais propulsée dans un monde de lumière colorées. C’était diffèrent de la veille j’étais consciente des bras tièdes de Corin autour de moi, de ses mains caressantes, de sa bouche qui se mouvait sur la mienne, mais j’étais aussi à l’intérieur de lui, je flottais entourée de son âme lumineuse. Mes mains n’étincelaient pas contrairement à la dernière fois. J’avais l’impression de me baigner dans sa lumière, je ressentais son amour pour moi je m’en drapais. Toutes les sensations merveilleuses qu’un être pouvait ressentir, je les goûtais en cet instant.

Puis le jeune homme me repoussa brusquement les yeux écarquillés, je repris brutalement pied et le fixais étonnée.

- Qu’est-ce que c’était ? Demanda-t-il essoufflé.

- Quoi donc ?

- Je ne sais pas, j’ai vu quelque chose dans tes yeux et je me suis sentie…il haussa les épaules, étrange.

-Etrange comment ? Demandais-je intriguée.

- Eh bien c’était comme si la lueur dans ton regard m’avait tirée vers elle et je me suis sentie bien, même très bien, je ne sais pas comment l’expliquer.

- Comme si tous les sentiments positifs jamais éprouvé se manifestaient en même temps ? Demandais-je curieuse de savoir s’il avait ressenti la même chose que moi.

Il me regardait une expression éblouit et étonné à la fois sur le visage.

- Oui, c’est exactement ça.

- J’ai éprouvé la même chose que toi, ce qui est étrange c’est que tu es vu la lumière dans mes yeux,  de quelle couleur était-elle ?

- Elle était belle, blanche, nacrée comme l’intérieur d’un coquillage, elle m’attirait comme si elle me connaissait. Qu’est-ce que c’était ?

- C’est ce que j’ai vu dans tes yeux à mon réveil, une âme.

Il prit mes mains dans les siennes et m’aida à me relever.

 - Te rend tu comptes que nos âmes se sont rencontrées et reconnu ? Me demanda-t-il presque religieusement.

- Oui j’en suis consciente.

Et c’était vrai après tout j’avais le don de toucher l’âme des immortels. Il était logique que mon âme sœur ait accès à la mienne, même si je ne savais pas par quel processus. Notre intimité devait en être la cause.

- C’est fabuleux, souri mon ange déchut.

- Oui, dis-je distraite par tout autre chose.

Je commençais à avoir soif.

Nous avions été imprudents, il nous fallait traverser la cité à une heure très fréquenté par les humains et la soif commençait à envahir mon esprit doucement, mais surement. Je pouvais entendre les voitures passer sur la route menant à Volterra pourtant éloigné de plusieurs kilomètres, j’entendais un jeune homme chanté dans l’une d’elle un vieux tube de Bob Dylan, stéréo poussée à fond. Les bruits de la citée me parvenait également, mais moins distinctement, heureusement sinon j’aurais pu percevoir le battement des cœurs qui propulsaient le sang chaud dans les grosses artères l’entourant. Celle image suffit à me faire monter le venin à la bouche.

- Corin, appelais-je apeurée de perdre une fois encore le contrôle.

Il lui suffit d’un regard pour comprendre.

- Viens nous rentrons au château.

- Mais il est midi la cité est pleine d’humains.

- Mon amour il est temps que tu découvres les secret de Volterra, ne tardons pas.

Il me tenait la main, je ne sais pas si c’était pour m’empêcher de sauter sur des proies éventuelles, mais j’y puisais du réconfort et une certaine sécurité dans son contact.

- On saute, cela ira plus vite, prête ?

Je regardais dans le vide, le promontoire surplombait de plusieurs mètres les champs entourant la route principale, je savais que les vampires pouvaient sauter de plusieurs mètres sans souci, mais je ne l’avais jamais fait.

- Bien sûr, dis-je bravache.

Corin me sourit pas dupe et s’élança dans le vide. Je n’avais jamais été peureuse, en même temps passer des heures dans une bibliothèque ne requerrait pas beaucoup de courage.

- Aller courage, murmurais-je pour moi-même.

Je pris mon élan et sautais peut-être avec un peu trop d’entrain et atterrie à plusieurs mètre de là où le jeune homme patientait. Grisée je fis retentir les clochettes de mon rire.

- Tu es magnifique mon amour, me dit Corin en me rejoignant.

Il prit ma main et y déposa un baiser adorateur, je rie de plus belle émerveillé d’être aimée d’un être aussi merveilleux, il me semblait l’avoir toujours attendu, j’étais enfin complète.

Nous courions main dans la main, les yeux dans les yeux, nous n’avions pas besoin de regarder devant nous pour savoir où nous allions, s’était exaltant.

Nous étions si absorbés l’un par l’autre que ni lui ni moi n’entendîmes les pas des vampires tous proches.

La main de mon ange me fut arrachée brutalement et prise par surprise je valdinguais à plusieurs mètres de là. Un vampire costaud comme un taureau, me tenait le visage contre terre, m’empêchant de lever la tête. Mon premier réflexe fut la peur, puis je me souvins de qui j’étais depuis peut. Un vampire nouveau né, n’étais-je pas censée être plus forte que tous les vampires plus âgés ?

Je décidais de mettre à l’épreuve ma supposée force et donnais un coup de coude dans les côtes du mastodonte, cela eut l’effet escompté puisqu’il me lâcha une fraction de seconde qui me suffit pour me dégager et lui assener un coup de genoux dans l’estomac. Il fut projeté contre un arbre solitaire planté au milieu du champ que nous traversions au moment de l’agression.

Je tournais sur moi-même à la recherche de Corin et le trouvais finalement aux prises avec un colosse identique à celui que j’avais fait valdinguer.

- Il les fabriques par paire, marmonnais-je dans ma barbe.

J’allais rejoindre Corin quand le fut happé par derrière, leçons numéro un ne jamais tourner le dos à un adversaire, j’avais entendu Jane le dire pour plaisanter avec Renata.

Il me ceintura par derrière avec force. Je remarquais au passage qu’il ne me faisait jamais face, contrairement au vampire qui se battait avec Corin et ne cherchait pas à me rouer de coups. A bien y réfléchir, cette attaque avait quelque chose d’étrange, pourquoi nous attaquer sans raison ? Je ne croyais pas beaucoup aux coïncidences, mon petit doigt me disait que ce n’était pas le cas. Le fait que le vampire dans mon dos ne m’attaque pas de face était pour le moins troublant.

Le bruit du combat qui faisait rage me parvenait, je tentais de me libérer quand j’entendis un grognement de douleur qui me figea dans ma tentative. Corin était en mauvaise posture, l’immortel tentait de lui arracher le bras droit. Une haine viscéral, décuplé par la soif inassouvi, enfla en moi obscurcissant ma vue. Je me cambrais brutalement pour donner un coup de tête au vampire qui me tenait toujours. Cela n’eut pas l’effet escompté. Il tomba à la renverse, m’entraînant dans sa chute. Je poussais des grognements encore jamais entendu dans ma bouche, le feulement de douleur de Corin m’aida à trouver la force de ruer suffisamment fort pour me retourner et fixer les yeux du malabar.

J’en eus le souffle coupée. Je me fis happer par ses yeux cramoisis. Je me retrouvais en une fraction de seconde engluée dans une âme noire qui me collait à la peau avide de la lumière que je dégageais. Mon réflexe premier fut de la repousser. Ses sentiments néfastes me submergèrent. Je poussais un grognement de rage et serrais dans mes mains le cou du vampire que je tenais à mon tour dans un étau. J’allais décapiter l’immortel quand j’aperçus au milieu de la marré sombre, une sphère lumineuse. J’étais  attirée malgré moi par sa lumière nacrée, mais pour l’atteindre je devais me débarrasser de la masse sombre qui l’étouffait.

Je tendis les mains devant moi, elles irradiaient toujours une lumière blanche, elle s’accru d’elle-même devant l’ampleur de l’ombre de cette âme, celle-ci qui tournoyait devant moi prit une forme sphérique et roula dans mes mains en coupe, comme avec Corin. Au moment où elle disparut la sphère colorée, blanche, jaune et bleu prit de l’ampleur comme si, d’une grande inspiration elle s’était débarrassée de ses entraves.

Je reviens dans la réalité et repoussait le vampire qui me regardait ahuri. Sans plus lui prêter d’intérêt, je balayais le champ à la recherche de Corin. Mon intermède avec le malabar n’avait dû durer que quelque seconde, car Corin était toujours dans la même position, à genoux devant le vampire qui le tenait de la main gauche par le cou, la droite tirant son bras en l’air pour l’arracher de son buste.

Je feulais de rage et allais percuter l’immortel responsable de mon courroux, une soif de vengeance destructrice contre lui monta en moi et je plantais mes dents dans sa chair.

Il poussa un hurlement qui réjouit la bête qui avait prit possession de moi. Je sentis qu’on essayait de me tirer en arrière. Je tournais la tête une fraction de seconde avant de lancer mon coude dans la figure de l’importun, ce qui me permis de saisir à temps que c’était Corin qui tentait de me calmer. Je réalisais qu’une fois encore j’avais perdu le contrôle et que je me comportais comme la bête que je ne voulais pas être.

- Chut mon amour.

Je n’avais pas eu consciences des sanglots secs qui m’agitaient avant qu’il ne me prenne dans ses bras pour me consoler.

- Tu n’as rien ? Demandais-je enfin calme.

- Non mon amour, au moment ou tu lui as foncé dessus, j’étais en train de lui endolorir le bras, il aurait fini pas me lâcher. Et toi je vois que finalement tu n’as pas besoin de moi pour te défendre.

Je tournais la tête vers l’endroit où il regardait. Le colosse qui m’avait ceinturée un peu plus tôt était assis à même le sol où je l’avais laissée, une expression hébété sur la face. Son comparse quant à lui s’était enfuit aussitôt que le l’avait lâché.

Corin me serra soudain bien fort dans ses bras.

- J’ai eu tellement peur pour toi Olivia, dit-il douloureusement.

- Moi aussi, j’étais terrorisé à l’idée qu’il t’arrive malheur, à l’idée de te perdre j’ai perdu les pédales.

- Chute il ne me serrait rien arrivé je suis un solda aguerri, ne l’oublie pas je suis en mesure de me protéger et de te protéger Olivia, dit-il avec force, c’est à moi d’assurer ta sécurité et tant qu’il me restera un souffle de vie, si je puis dire, je te protégerais.

Je l’embrassais heureuse que tout se soit bien terminé.

- J’ai de plus en plus soif, dis-je en le lâchant.

- Rentrons vite, nous irons ensuite parler à Aro, cette attaque ne me dit rien qui vaille.

Nous reprîmes notre chemin en courant.

- Je suis d’accord avec toi, c’était prémédité, lui dis-je.

- Qu’est-ce qui te le fait croire ?

- Le vampire ne m’a pas attaqué, il s’est contenté de m’immobiliser.

- Cela peut s’expliquer par ton don, personne ne peut te faire de mal.

- Cela ne m’aurait pas interpellée s’il n’avait pas mis tout en œuvre pour ne pas me regarder dans les yeux, comme s’il connaissait mon don.

- C’est étrange en effet, l’immortel qui s’est jeté sur moi par-contre, cherchait à me tuer, il ne pouvait pas être plus claire, il a essayé de me démembrer tout de suite.

Je frissonnais intérieurement de l’entendre discourir comme cela de son « presque » meurtre.

Je reléguais toutefois mes émotions au second plan, de plus en plus préoccupé par ma soif grandissante.

Je grimaçais et avalais le venin qui envahissait ma bouche pour apaiser la brulure. Nous n’étions plus très loin. J’apercevais les rempares de la cité, malheureusement avec elle vint les bruits des badauds occupés dans leurs taches quotidiennes. Des relents de légumes et d’épice que j’avais trouvée appétissant deux jours plus tôt, me firent retrousser le nez de dégout, mais au-delà me parvenais le fumé délicat du sang chaud courant dans leurs veines, je n’entendais pas encore le bruit des cœurs battant, mais je pouvais les flairer.

Je compris vite quand mes muscles se tendirent que je courrais à la catastrophe si je continuais à humer le vent qui charriait cette merveilleuse odeur. Je retins ma respiration et accélérais encore l’allure.

Nous arrivâmes enfin devant le mur d’enceinte derrière le château. Corin poussa sur une pierre et une porte s’ouvrit en grinçant, on se serait cru dans un nouvel épisode d’Indiana Jones.

Quand la porte se referma sur nous j’inspirais prudemment.

- Ouf ! J’ai bien cru que j’allais jaillir au marché, toutes dents dehors, dis-je maussade de constater que je n’avais pas de contrôle.

- Je suis fière de toi, tu te contrôles merveilleusement bien, je suis sûr que j’ai plus de mal que toi et j’ai plus de deux cents cinquante ans. C’est comme si tu mangeais une tablette de chocolat, ont t’en met une autre dessous le nez, elle ne te fait pas envie tout de suite, mais si tu manges un carré, tu seras toujours tenté de manger la tablette qu’on te propose.

C’était vrai que tous c’est humain devait être appétissant pour le jeune homme, j’avais tendance à oublier qu’il s’était restreint à un régime moins rassasiant, depuis peut et pour moi qui plus est.

Je passais mon bras sous le sien, la main sur la gorge.

- Comment allons-nous nous nourrir ? Demandais-je.

Il me fit un clin d’œil et dit :

- Tu verras que Gianna Heidi et moi avons beaucoup travaillés pendant ta transformation.

Je le suivis encore plus intriguée par tant de mystère. Nous parcourions les couloirs ne croisant personne, mais je notais tout de même que le château que j’avais toujours trouvé silencieux, raisonnait à présent des bruits des autres vampires.

Mon ouï ultra fine me permettait d’entendre les combats qui se déroulaient dans les salles d’entraînements ainsi que les télés allumées à des endroits différents du château, sans oublier les rires et grognements que la cohabitation de tant de monde engendraient forcement.

- Tu es bien silencieuse, me dit Corin.

- Je n’avais jamais remarquée qu’il y avait autant de bruits dans le château.

- Il est vrai que pour tes faibles oreilles humaines, il devait paraitre silencieux.

- Oui je n’entendais rien de ma chambre et même quand je me déplaçais dans les couloirs, d’ailleurs une chose m’a toujours intriguée, j’y ai rarement croisée de vampires.

- C’est normal, tu les rends nerveux.

- Ils m’ont pourtant l’air parfaitement détendu en général, répliquais-je vexé.

- Ne te vexe pas, quand tu n’es plus en leurs présences ils se demandent ce que tu as qui les rend si doux avec toi, cela les rends nerveux, mais rassure toi dès que tu apparais, ils sont doux comme des agneaux.

- Cela ne les empêche pas de se terrer comme des rats, dis-je boudeuse.

- Ho ! Toi tu es  bien maussades d’un coup, fit remarquer Corin.

- J’ai soif, dis-je.

- Nous y somme.

Nous nous étions arrêtés devant la porte de la cuisine où Gianna et moi prenions nos repas.

- Je ne comprends pas.

- Viens Gianna n’est pas là.

Il me tira vers la porte et nous pénétrâmes dans la pièce. Rien n’avais changé si ce n’est, les détailles qui me sautait toujours aux yeux maintenant et l’odeur qui n’était plus appétissante.

Il sortie son téléphone portable de sa poche, fit un numéro puis raccrocha sans rien dire. Moins d’une minute plus tard, Heidi ouvrait la porte, deux gigantesques verres en plastique blanc dans les mains. Ils étaient fermés hermétiquement, si j’en jugeais par l’absence d’odeurs. Des deux couvercles dépassaient des pailles surmontées toutes deux d’un bouchon.

- Le repas de madame et avancée, dit Heidi en jouant les serveuses.

Elle me tendit un des verres que je pris par réflexe.

- Tu joues les serveuses, râlais-je toujours maussade.

- Ha ! Bois, cela ira mieux ensuite, conseilla-t-elle, nullement démontée par mon ton.

Je m’exécutais aussitôt. J’en aurais gémi de plaisir si Heidi ne s’était pas trouvée avec nous.

Quand je fus à nouveau moi-même, détendu et souriante, elle expliqua :

- C’est moi comme tu le sais qui m’occupe du ravitaillement de tous ici, le fait que vous ayez décidé Corin et toi de vous nourrir différemment n’entre pas en considération, c’est moi qui ravitaille, répéta-t-elle.

Corin souriait, comme s’il savait quelque chose que j’ignorais, je compris quand la jeune femme reprit :

- Cette hurluberlu de bas étage a cru qu’il pouvait faire ses petites affaires dans mon dos, dit-elle indignée.

- Heidi, expliqua Corin suave, n’a pas l’âme guerrière, pour être précis elle est incapable de se battre. Heureusement qu’elle a le don de transformer ses adversaires en amoureux transit, sinon elle serait morte depuis longtemps. Les maîtres ont décrétés qu’elle ne s’occuperait que du ravitaillement ce qu’elle fait avec beaucoup d’efficacités. Elle prend tellement à cœur sa tâche que si par malheur un vampire de Volterra ou de passage venait à se nourrir en dehors des proies choisis par cette jeune péronnelle, il lui en cuirait sévèrement.

- Exactement ! J’ai eu vent de ses manigances à deux sous avec cette écervelée de Gianna, il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Heidi ce qui est à Heidi, je m’occupe de tout le ravitaillement, martela-t-elle au cas où je n’avais pas compris.

Je m’attaquais au deuxième verre.

- Cela ne me dit pas comment vous vous procurez du sang frais sans vider Gianna du sien.

- Il faut avouer qu’Heidi est un génie dans la matière, Gianna et moi réfléchissions à une solution qui aurait pu te convenir. Tu n’avais jamais goûtée de sang frais nous pensions que les dons de sang obtenu dans les hôpitaux aurait pu te convenir, je m’y serais habitué aussi. Cette solution était simple le sang s’achète. Puis Heidi a fait irruption toutes griffes dehors en nous insultant au passage, mais cela valait la peine de supporter son mauvais caractère je dois l’avouer, puisqu’elle a trouvé une solution qui nous conviendrait à toi comme à moi. Et puis ne perdons pas de vu que Gianna aussi deviendra un vampire et elle refuse également de tuer.

Je vis Heidi faire une grimace, pour elle il était tellement naturel de s’abreuver directement à la source qu’elle ne pouvait pas envisager de se nourrir autrement et je ne lui reprochais pas. La belle lueur blanche dans ses yeux prouvaient qu’elle n’était pas mauvaise, elle n’allait pas contre sa nature, elle ne se posait pas plus de questions que cela.

- Et alors cette solution est… ?

- Te souviens-tu de notre conversation sur les illuminés, comme tu les appelais, qui veulent devenir des vampires et qui prolifèrent sur le net ? 

J’avais un vague souvenir de cette conversation, mais je ne me souvenais pas des détailles, comme un souvenir qui remontait trop loin dans l’enfance. Je commençais à oublier. Cette pensée me terrorisait, heureusement j’avais tenu ces derniers mois un journal relatant les faits de ma vie que je ne voulais pas oublier.

- Vaguement, dis-je en haussant les épaules comme si cette perte de ma mémoire humaine n’avait pas plus d’importance que cela à mes yeux.

- Ce n’est rien, me rassura Corin, nous en passons tous par là.

Il n’avait pas été dupe, j’étais très attachée à mes souvenirs et il le savait très bien. Je voulais qu’il reste encrés dans cette vie comme dans l’autre.

- Donc, reprit-il, Heidi a eu l’idée de leur donner ce qu’ils voulaient.

J’écarquillais les yeux d’horreur ils n’allaient quand même pas transformer des humains contre un peu de sang ! C’était de la folie !

- Pardon ? Vous voulez faire quoi ?

Corin se mit à rire devant ma mine défaite et m’embrassa le bout du nez.

- Pas au sans propre, disons que nous leur faisons croire que nous sommes une communauté de vampire, qui vivons caché dans un château.

Le levais les yeux en l’air.

- C’est ce que nous sommes ! M’exclamais-je.

- Oui, mais eux croirons que nous sommes des illuminés, ils ont beau prôner le vampirisme sur leur site internet, ils n’y croient pas une seconde. Nous leur donnons matière pour vivre leur culte et il nous donne le sang dont nous avons besoin en temps et en heures.

- Et vous n’avez pas peur qu’il découvre le poteau rose ?

- Non, répondit Heidi en se perchant sur la table d’un mouvement gracieux, mon pouvoir marche encore mieux sur les humains que sur les vampires, quand ils sortiront délester d’un peu de sang, ils se souviendront à peine de ce qu’ils ont fait. Et puis si le besoin s’en fait sentir nous avons des vampires qui détiennent des pouvoirs forts utiles pour notre petit commerce, sourit-elle en battant de ses sublimes jambes dans le vide.

- Et Aro est d’accord avec ça ? Demandais-je l’air d’en douter.

- Je lui ai demandé en personne, dit la jeune femme, il est d’accord dans la mesure où nous sommes prudent. Comme tu le sais les humains ne doivent pas connaitre notre existence.

Oui j’étais bien placée pour le savoir et j’imaginais sans mal ce qu’il adviendrait si un seul de ces humains venait à apprendre notre existence, Aro les feraient exterminer jusqu’au dernier. Je connaissais trop bien son obsession, légitime, de l’anonymat. Tout au long de la lecture de son journal cette idée avait dirigée toutes ses actions, bonnes comme mauvaises.

Je devais avouer que l’idée d’Heidi était ingénieuse, se nourrir de ceux qui voulaient devenir eux-mêmes des immortels avait un autre avantage, celui de garder un œil sur leurs agissements. Des fanatiques de cet acabit pouvaient nous nuire à fouiner partout.

-  Bravo l’idée est astucieuse, dis-je admirative.

- Je te passe les détails, tout est mis en place. J’ai créée un site internet pour attirer les humains, acheté un local médicale pour les prélèvements, seule contrainte pour vous, l’heure. Vous devrez vous nourrir aux même heures et ensemble.

Corin m’adressa un sourire complice. Passer encore plus de temps ensemble n’était pas un problème, loin de là !

Nous étions occupés à nous contempler tous deux, mais je voyais quand même du coin de l’œil Heidi froncer les sourcils en me jaugeant.

- Qui a-t-il ? Lui demandais-je.

- Olivia, l’immortalité te va comme un gant, mais dis moi qu’est-il arrivé à tes vêtements ?

Je baissais les yeux et constatais en effet qu’il ne restait que des lambeaux de mes vêtements heureusement ils couvraient l’essentiel. Maintenant que les problèmes de ravitaillement avaient été réglés nous allions devoir nous entretenir avec Aro à propos de l’agression dont nous avions été victime.

-  Ha oui, nous avons été agressés par deux malabars que je ne connaissais pas et toi ? Demandais-je en me tournant vers Corin.

- Non, répondit-il en fronçant les sourcille, donnant à son beau visage une expression soucieuse. Ils ne sont pas de Volterra, c’était surement des nomades.

Heidi réagit à la nouvelle de façon inattendue, elle m’attrapa par les épaules.

- Tu n’as rien ? Elle avait l’air affolé.

Elle m’inspecta des pieds à la tête, se faisant elle me fixa dans les yeux et bien sûr je me perdais dans leurs profondeurs.

Heidi avait une belle âme lumineuse blanche et pourpre, son noyau était sombre, mais pas très important. Je commençais à m’habituer doucement aux sensations que me procurais l’essence des âmes et le fait que la soif n’obscurcirait plus mon esprit me permettait de garder un certain contrôle sur mes émotions, de les dissocier un tant soit peu de celle d’Heidi.

La sphère sombre d’Heidi était essentiellement dû aux victimes qu’elle avait tué. Je pris le temps de la réflexion, Corin avait décidé de se nourrir autrement, il n’était donc pas bête de lui ôter le poids de ses meurtres. Mais Heidi quant à elle ne comptait pas changer de vie, elle ne considérait même pas ces meurtre pour ce qu’ils étaient.

Je devais être prudente, manipuler les âmes sans en parler à leurs propriétaires pouvait avoir des conséquences que je n’appréhendais pas encore. Je n’avais pas envisagée de faire plus de mal encore que de bien, mais c’était possible. Si je débarrassais Heidi de son côté sombre peut-être souffrirait-elle de se nourrir à nouveau d’humains, une telle décision ne pouvait venir que de la jeune femme elle-même.

Je me concentrais pour reprendre pied, jusqu'à maintenant cela se faisait après la disparition de la sphère noire, sans que j’aie besoin de faire quoi que ce soit, mais rien ne se produisait. Puis j’eus une intuition.

Heidi me tenait par les épaules, je tenais Corin par les avant bras et le colosse par le cou au moment ou j’avais plongée dans leurs âmes. Il était donc possible que le contact soit indispensable. Je n’avais fait qu’apercevoir la lueur dans les yeux d’Heidi, un peu plus tôt. Avant qu’elle ne m’attrape les épaules rien ne s’était passé.

J’attrapais ses mains crispées sur mes épaules et m’éloignais d’elle immédiatement.

- Il va falloir que tout le monde apprennes à garder leurs mains dans leurs poches, soupirais-je.

- C’était quoi ces illuminations ? Demanda Heidi.

- C’est compliqué à expliquer, je ne pourrais même pas d’ailleurs, répondit mon ange déchut.

Je repris mon souffle moins ébranlée que les précédentes fois, mais pas tout à fait à l’aise non plus.

- Je  vais prévenir Aro de votre arrivée, aller vous changer vous n’êtes pas décent, nous dis Heidi sans plus chercher à comprendre.

Corin me prit dans ses bras en prenant soin de ne pas me regarder dans les yeux.

- Ca va ?

- Oui ne t’en fais pas je m’y habituerais, ça va déjà mieux, mais j’ai besoin de comprendre comment cela marche et surtout ce que cela implique, mais ce n’est pas le moment nous devons nous entretenir avec Aro impérativement, l’attaque de toute à l’heure a été perpétré contre nous, j’en suis sur et il n’y a pas beaucoup de monde au courant de mon don. C’est louche.

- Allons-y.

Nous étions debout dans le bureau d’Aro, il était assis songeur. Nous n’avions pas pris la peine de lui raconter la situation nous contentant d’un contacte bref.

Depuis il n’avait pas décroché un mot.

- En effet peu de personnes sont au courant de ton don Olivia, ce qui est très gênant, cela ne laisse pas beaucoup de place au doute.

Il avait une petite idée de qui pouvait être derrière tous cela et je commençais à entrevoir moi aussi une possibilité.

Laisser un commentaire ?