Recueil d'un vampire
Je passais devant la porte de mon ancienne chambre, à travers le battant j’entendais Gianna pousser des cris déchirants qui me firent froid dans le dos. J’appelais sans ouvrir et sans hausser la voix. Félix devait voir ses enfants. La porte s’ouvrit et je fus choqué par son visage marqué par la souffrance.
- Comment va-t-elle ? Demandais-je.
- Elle vit, mais elle souffre beaucoup, soupira-t-il.
J’imaginais sans mal, j’y étais passé il y avait quelques semaines seulement.
Il s’approcha de moi et se mit à caresser la joue du petit garçon.
- Ils sont magnifiques, dit-il émut.
- C’est vrai et ils sont très intelligeant. Vous aviez réfléchi à des noms ?
- Nous en avions parlé, mais nous n’avions rien arrêté. Je me fais du souci, la transformation de Gianna va durer trois jours et ensuite je ne suis pas sûr qu’elle soit en mesure de s’occuper de nos enfants.
En effet nous avions déjà abordé le sujet. Gianna nous avait suppliés de nous occuper de son bébé dans l’éventualité ou elle aurait été incapable.
Je me demandais tout de même s’il n’y avait pas comme pour moi une alternative aux trois jours. Après-tout je n’étais pas comme Bella Cullen, particulière, je n’avais fait qu’accepter, au lieu de rejeter, la douleur et le venin. Cette méthode pouvait peut-être s’appliquer à n’importe qui.
Ma décision prise, je fourrais les bébés dans les bras de leur père.
- Occupe-toi d’eux, ils vont avoir faim en se réveillant, demande à Heidi de préparer les biberons.
Avant d’avoir passé le seuil de la chambre il m’attrapa le bras.
- Que vas-tu faire ? Demanda-t-il soucieux.
En évitant de m’attarder sur ses pupilles scintillantes, je lui répondis :
- Je ne sais pas si ça va marcher, mais j’aimerais l’aider. Ma transformation a duré moins de deux jours parce que j’ai cessé de lutter contre le venin. Je ne pense pas avoir grand-chose de spéciale, je voudrais voir si ça peu aidé Gianna.
- Si, tu es spéciale Olivia.
Je lui souris et entrais dans la chambre. Gianna s’agitait en geignant, priant qu’on mette fin à sa souffrance. Avais-je appelée, comme elle, la mort avec autant de ferveur ?
Je m’approchais du lit et lui pris la main. Elle était encore bien chaude, le venin n’ayant pas encore accomplit totalement son œuvre.
Mon amie ouvrit brutalement les yeux et gémie en serrant ma main aussi fort qu’elle le put, elle ne me fit, cependant pas mal, car elle n’avait pas encore acquit la force d’une immortelle.
- Olivia… ! Son cri s’étrangla dans sa gorge.
- Chut… la calmais-je, Gianna, écoute-moi concentre toi sur ma voix.
Ses yeux s’agrandirent sous la panique, alors qu’une nouvelle vague de douleur la submergeait. Elle agrippa mon bras et le serra contre sa poitrine, comme s’il c’était agi d’une bouée de secoure.
- Olivia ! Cria-t-elle en haletant.
- Ecoute moi, ne crie pas, lui ordonnais-je, cela intensifie la douleur. Voilà, respire, profondément.
Elle s’exécuta et un instant elle sembla se calmer, puis un long cri déchirant s’échappa de ses lèvres crispées.
Ca ne marchait pas, je m’y prenais comme un manche. Puis j’eus une illumination.
- Gianna concentre-toi sur ma voix oublie la douleur, elle n’est rien, elle va te rapprocher de ceux que tu aimes. Pense à Félix il t’aime tant, il s’inquiète pour toi et tes bébés, ils sont fabuleux un beau garçon et une superbe petite fille, ils t’attendent, ils ont hâte de rencontrer leur courageuse maman.
Je continuais à lui susurrer des paroles apaisantes, l’encourageant à ne pas lutter contre le venin. Au bout d’une heure, elle fini par s’apaiser. Desserrant l’étreinte de sa main autour de mon bras je me détendis moi-même en soupirant. Gianna fixait sur moi un étrange regard, il brillait d’une intensité douloureuse.
- Merci, murmura-t-elle, avant de fermer les yeux.
Je voyais ses muscles se tendre à cause du control qu’elle tentait d’exercer. Son cœur battait de façon désordonné rendant sa respiration haché et sifflante, mais elle teint bon et plus un cri ne franchit ses lèvres.
J’allais rejoindre Félix qui trépignait derrière le battant.
Il me posa les bébés délicatement dans les bras, déposa un baiser sur leurs tête et se précipita au chevet de Gianna serrant sa main dans son point fermé, elle paraissait si frêle à côtés de ce grand costaud, tout en grandeur et en muscles.
- Elle va bien, le rassurais-je en berçant les enfants dans mes bras.
Il soupira, passa une main fébrile dans ses cheveux noirs et me remercia d’un sourire.
- Grace à toi oui elle va bien, il adressa un regard tendre à ses enfants, ils ont mangé, de vrai petits goulus, me dit-il en tentant de plaisanter.
Je ris à mon tour pour détendre l’atmosphère qui restait lourde.
- Il ne se lâche jamais, murmura-t-il songeur.
- Oui tout à l’heur, je les aie emmitouflé dans deux serviettes différentes et ils se sont mis à gigoter mal à l’aise, j’ai tout de suite compris que la perte du contact était le problème.
- Ma fille a gémie quand j’ai pris son frère pour le nourrir. C’est étrange, ajouta-t-il songeur, certes ils sont jumeaux, mais j’ai l’impression que c’est plus que cela, ils semblent paniquer dès lors qu’ils ne sont plus en contact.
Je baissais les yeux sur les deux merveilles, j’observais la position qu’ils avaient adopté naturellement, le bras gauche de la fillette était posée sur la nuque de son frère, celui-ci étrennait le torse de sa sœur, sa tête reposait sur son épaule. Oui c’était étrange, un lien très fort les unissait, je pouvais le sentir, bien plus fort qu’un simple lien fraternel.
Gianna s’agita légèrement. Il ne devait pas être facile de se détendre tout à fait, mais elle se débrouillait à merveille, j’espérais que cette nouvelle approche de la transformation écourterait les souffrances de mon amie.
La porte de la chambre s’ouvrit sur mon ange déchut, je ne me lassais pas de le regarder. J’étais toujours étonnée de voir l’amour qu’il me portait briller dans ses yeux lorsqu’il les posait sur moi.
- Désolé de ne pas être arrivé à temps, murmura-t-il avant de m’embrasser.
Puis il contempla émerveillé les deux bébés pelotonnés dans mes bras, bien sûr la nouvelle de la naissance des jumeaux s’était rependu dans le château comme une traînée de poudre. Je m’étonnais encore de ne pas voir apparaître une file indienne de vampire curieux.
- Crois-moi ils trépignent d’impatience ! S’exclama Corin rieur, mais Aro leur a interdit d’approcher la chambre, pour la journée au moins, ajouta-t-il.
- Monseigneur et trop bon, lançais-je ironique.
Corin haussa les épaules et alla se poster derrière Félix posant sa main sur son épaule.
- Elle est très silencieuse, nota-le jeune homme.
- C’est grâce à Olivia, je ne sais pas comment elle s’y est prise, mais voilà le résulta, expliqua Félix plein de reconnaissance.
Corin me dévisagea admiratif.
- Je n’aie strictement rien fait, Gianna est très courageuse voilà tout.
Je ne voulais pas qu’il me face passer pour l’héroïne que je n’étais pas.
- Oui elle est courageuse, je m’en rends compte plus que jamais après ce qui s’est passé aujourd’hui, avoua Félix en embrassant la main de sa bien-aimé.
Tandis qu’il racontait d’une voix angoissé la naissance des jumeaux, je caressais leurs petites têtes aux cheveux fins soyeux.
J’étais attiré par ses deux bébés comme du fer à un aimant. J’étais lié à eux par un lien invisible aussi surement qu’à tous les vampires présents à Volterra. En plus ils étaient captivant, ils allaient faire fondre plus d’un vampire à Volterra. Je me demandais un instant comment ces deux êtres si purs allaient grandir au sein d’une communauté de vampire qui n’avait jamais eu à se soucier que d’eux-mêmes ? Au sein d’immortels qui combattaient pour satisfaire des maîtres avides de pouvoir ?
- Je vous aie apporté un petit cadeau, déclara Corin en se dirigeant vers le couloir.
Il en revint chargé d’un lit à barreaux. Il était blanc laqué plutôt ordinaire pour un lit de bébé ce qu’il l’était un peu moins en revanche s’était sa forme. Il n’était pas rectangulaire, mais carré à la manière d’un parc, des draps de coton fin immaculé avaient été disposés sur le matelas.
- Merci beaucoup, je n’y avais pas songé, le remercia Félix.
Moi non plus, j’avais tellement focalisé sur la naissance qui s’annonçait difficile et dangereuse, ce qu’elle avait été, que je n’avais pas pensé au « après ».
Bien entendu nous avions mis en place avec Heidi un plan d’action pour les « repas » qui était plus fréquent pour les bébés, avions-nous supposé, ce qui venait s’ajouter à Corin et moi sans oublier Gianna, qui à son réveil, s’abreuverait aussi souvent que ses enfants.
Si Gianna se réveillait plus tôt, je devais prévenir Heidi de prévoir du sang en quantité suffisante.
- Je peux en prendre un ? Me demanda mon ange qui regardait par-dessus mon épaule.
- On ne peut pas les séparer.
- Comment ça ?
- Félix t’expliquera, dis-je en installant les jumeaux au creux de son bras musclé, je dois aller voir Heidi.
Je l’embrassais doucement sur les lèvres et partis comme une flèche à la recherche de l’ensorcelante immortelle. Il n’était pas nécessaire de parcourir tout le château pour la trouver, le lien que je tissais avec tous les vampires, me permettait de sentir quand il n’était pas loin, ainsi je me dirigeais directement vers la cuisine où la jeune femme préparait deux biberons en acier.
- Je n’entends plus de hurlement, ne me dis pas qu’elle à trépassé ! Railla-t-elle.
- Ne sois pas méchante, rappelle toi ta transformation, ça te forcera à un peu de compassion, balançais-je peu amène.
Je la vis simuler un frisson et lui lançais un regard entendu.
- Ca va, ça va, Comment va-t-elle ?
Je l’examinais pour m’assurer que la question était sincère.
- Ca va, j’espère que la transformation va s’achever bientôt.
- Comme toi ?
- Oui comme moi, je suis persuadée que si on ne luttait pas contre le venin la transformation en serait facilitée.
Elle me regarda comme on regarde un gamin qui ne veut pas comprendre.
- Si tu veux mon avis TU es exceptionnel, point à la ligne, martela-t-elle en vissant les tétines rigide sur le goulot des biberons.
- Si tu le dis, bref, je ne suis pas venue philosopher sur les joies de la transformation, mais pour te prévenir qu’au cas probable d’après moi et improbable selon toi ou Gianna se réveillerais plus tôt, nous aurions besoin de sang plus tôt.
- Pas de souci je me suis organisée pour tous vous nourrir comme il faut, je m’amuse comme une folle avec mes dingues ! Ajouta-t-elle des notes de rire dans sa belle voix envoutante.
- Contente d’avoir pimenté ta vie.
- Tu n’imagines pas à quel point, soupira-t-elle redevenue sérieuse. L’éternité c’est long Olivia.
- Je n’aie jamais pensé que c’était simple.
- tant mieux parce que le prix de l’éternité est très lourd, dis-t-elle comme une mise en garde.
- Je tacherais de m’en souvenir.
Elle désigna de la main le verre qui était posé sur le comptoir, désireuse d’abandonner les sujets sérieux.
- Le cocktail de madame, bois-le je dois préparer d’autre verre pour Corin et Félix, je ne tiens pas à te voir te jeter sur moi les crocs en avant.
Je ne me fis pas prier, je mourais de soif. Malgré le tumulte de ces dernières semaines, je restais une néophyte assoiffé.
Tandis qu’elle remplissait de sang frais et tiède les deux verres devant elle, je lui racontais la naissance des bébés et mes impressions.
- Je monter donner le biberon aux petits bouts, dis-je rassasiée.
- Je peux venir avec toi ? Je sais qu’Aro nous l’a interdit, mais moi ce n’est pas pareil je vous apporte vos repas, je devrais avoir droit à un passe droit.
- Ok accompagne moi, je ne pense pas qu’Aro te fasse éviscérer pour ça.
Elle leva les yeux au ciel et m’emboîta le pas sans commenter, les verres à la main. Je ne préférais pas les porter moi-même, il n’était pas sûr que je les apporte plein à leur destinataire.
Heidi insista pour donner le biberon à la petite fille qui ne broncha pas, tendis que Félix sustentait son fils.
De temps en temps j’entendais Heidi roucouler doucement pensant passer inaperçu. Pathétique ces vampires ! Ça joue les gros bras et ça fond devant une petite frimousse rose.
Quand les bébés furent rassasiés, ils se mirent à gigoter mal à l’aise. La petite fille poussa une plainte sourde.
- Qu’a-t-elle ? Demanda Heidi affolée.
- Ils n’acceptent pas d’être loin l’un de l’autre, plus que nécessaire, expliqua Félix en posant le petit garçon contre le petit corps de sa sœur.
Aussitôt ils s’enlacèrent doucement.
- C’est…curieux.
- Oui, m’esclaffais-je devant la mine interloquée d’Heidi. Mais n’oublions pas qu’il ont passé des semaines serré l’un contre l’autre isolé du monde.
Corin était derrière moi ses mains enlacé sur mon ventre, le menton posé sur mes cheveux. Je le sentais contre mon dos sa poitrine se gonfler, certainement pour s’imprégner de l’odeur de mes cheveux.
Nous étions restés debout tous les deux et je ne ressentais aucune fatigue, je m’attendais toujours, comme un ancien réflexe, à éprouver, à un moment ou à un autre, une faiblesse qui me conduirait à m’asseoir ou à me coucher, mais je savais que cela n’arriverait plus jamais. Dorénavant, j’étais infatigable, forte et immortelle. J’éprouvais encore le besoin de me le répéter comme si mon moi humain était toujours là, ce qui devait être le cas et je l’espérais même.
- Une balade te plairait-elle ? Susurra mon amoureux à mon oreille pour que je sois la seule à l’entendre, tu m’as manqué.
Lui aussi m’avait manqué et j’aurais adoré me balader avec lui, il s’était passé une éternité depuis l’attaque dont j’avais été victime et je supposais qu’Aro avait étouffé toute vileté chez Caïus, mais il y avait aussi Gianna qui gisait encore sur son lit de torture, je voulais m’assurer que tout allait bien.
Devinant mon incertitude, mais aussi mon envie de prendre d’évasion, il ajouta :
- Il est peu probable qu’elle se réveille bientôt et puis Félix veille sur elle, avec Heidi.
J’acquiesçais finalement, ne demandant qu’à me laisser convaincre de m’octroyer un peu d’intimité avec mon ange déchu.
Main dans la main nous partîmes pour le promontoire. Prendre l’air me fit un bien fou, je me rendais seulement compte maintenant de ma lassitude, elle était certes mental, mais bien présente. Je me hissais sur la pointe des pieds pour atteindre les lèvres charnus de Corin et me laissais emporter dans une danse lascive.
Plus tard, bien plus tard, alors que la nuit était bien entamée, nous reposions toujours dans les bras l’un de l’autre repus, pour un temps en tout cas.
- Tu sais que je baigne dans ton âme à chaque fois que nous faisons l’amour ? Lui murmurais-je pour ne pas briser le silence, toute en laissant le bout de mes doigts errer sur sa poitrine glabre.
- Oui je le sais, répondit-il un sourire dans la voix, je le sens, c’est comme si tu te fondais en moi, je ne sais plus où je commence et où tu finis, nous ne sommes plus qu’une même personne.
J’étais émue qu’il sente ce qui animait nos étreintes, le seul mot qui me venait à l’esprit était « osmose ».
Je fermais les yeux, heureuse d’être aimé, écoutant le chant des cigales qui ne jouaient que pour célébrer notre amour. Une bise tiède agitait doucement les pans de la chemise de Corin que j’avais enfilé sur ma peau lisse.
Soudainement sans que rien ne bouge, je sentie une impulsion remonter le long de ma colonne vertébral. Les sens en alerte je me raidis en même temps que Corin. Je me redressais brusquement, mon corps avait adopté une position d’attaque instinctivement.
- Tu entends ? Chuchota-t-il.
Je tendis l’oreille, mais je n’entendais rien, le silence était total. Les cigales s’étaient tus, les petits animaux ne grattaient plus dans leur cachette, seul le murmure du vent bruissait faiblement dans les feuillages.
- C’est trop silencieux, lui répondis-je, il hocha la tête.
Mon corps était en alerte maximal, tendu comme la corde d’un arc. Je scrutais les alentours nullement gêné par l’obscurité qui colorait la faune de mauve.
Nous nous tournâmes d’un même mouvement quand une branche se brisa à quelques mètres sur notre gauche.
- Reste là, m’ordonna Corin.
Alors qu’il allait s’éloigner je l’attrapais vivement par le bras.
- C’est hors de question, je reste avec toi.
Il me regarda durement et je pus entrevoir le solda implacable de la garde d’Aro. Envolé l’ange tendre et aimant, bonjour Rambo.
- Je suis plus forte que toi, je peux me battre, lui affirmais-je.
Il ouvrait la bouche pour répondre quand un grognent sourd l’interrompit, je me figeais. Corin se mit aussitôt devant moi me protégeant de son corps, un instant je fus agacé par son comportement protecteur.
J’allais le contourner quand je le vis. Ses yeux verts, où se reflétaient les rayons de lune, nous fixait tel le prédateur sa proie, ce qu’il était incontestablement. Bouche bée, je regardais cent soixante kilos de muscles s’avançaient sans bruit dans notre direction. Corin écarta les bras devant moi, tendu à l’extrême. Il ne semblait pas aussi surpris que moi devant l’animal qui avançait toujours, ses muscles puissants jouant sous sa fourrure doré tacheté de noir.
Il stoppa à six cents mètres de nous, ses petites oreilles couchées sur son crâne massif, les babines retroussées sur des dents grandes comme des poignards. Le moindre de mes cellules savait que cet animal était là pour tuer.
Une bourrasque de vent tiède agita mes cheveux amenant dans son sciage une odeur répugnante, d’ammoniaque et de chenil mal entretenu.
Je plissais le nez écoeuré, Corin en fit autant.
- Mon dieu, mais qu’est-ce que c’est ?
- Je dirais un jaguar.
Oui il avait raison, s’était belle et bien un jaguar, mais il était bien plus grand et massif que ce que j’avais pu apercevoir au zoo de Phoenix. Il mesurait, pas loin d’un mètre cinquante au garrot, tout bonnement impressionnant !
La bête ne nous quittait pas des yeux, Corin bougea imperceptiblement sur la gauche puis la droite, l’animal suivi son mouvement les muscle bandé prêt à bondir.
Corin me fit reculer une main tendue derrière lui.
- Quand je te le dirais saute.
Nous étions à trois mètres du promontoire, bien assai près pour en sauter d’un bond.
La bête se ramassa sur elle-même et bondi, pendant une fraction de seconde je fus subjugué par la grâce et la beauté du mouvement.
- Saute !
D’un bond je me retrouvais dans les champs qui s’étendaient jusqu'à la route menant à Volterra, je me retournais pour m’assurer que Corin me suivait, mais il n’avait même pas quitté le promontoire.
Horrifié, je le vit sauter sur le dos de la bête en passant son bras droit sur sa gorge comme pour l’étrangler, les mâchoires de l’animal claquaient dans le vide.
Je rebroussais chemin pour prêter mains forte à Corin.
D’un bon je fus près des combattant, le jaguar s’était dégagé de l’étreinte du jeune homme, il était face à face dans une position presque identique, si on exceptait les quartes pattes du félin.
L’air épaissit de tension m’enveloppait et faisait tournoyer des particules de feuille morte et de poussière, comme pour délimiter un ring autour des deux adversaires. Corin gronda, la bête lui répondit. Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais intervenir, j’étais certes plus forte, mais bien moins expérimenté que le jeune homme je risquais de le gêner plus que de l’aider.
Une peur visqueuse rampa dans mon dos. Je n’avais pas peur pour moi, j’avais fleureté suffisamment de fois avec la mort pour ne plus en avoir peur, mais pour Corin.
J’étais plus que conscience de leur détermination, un combat à mort se déroulait sous mes yeux et l’un des combattants était ma raison de vivre.