Recueil d'un vampire

Chapitre 19 : Chapitre 18 : Capac

Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/06/2010 16:56

L’animal bondi. Ma vision vampirique décomposa l’action image par image. La bête se ramassa sur elle-même bandant les muscles de ses épaules et de ses cuisses, puis elle les détendit brutalement, comme des ressors, lui donnant  l’impulsion nécessaire pour s’élancer dans les airs ses énormes pattes aux coussinets brillants et aux griffes acérées tendu devant elle.

Elle ouvrit sa gueule aux lèvres noires, découvrant des incisives pointues et tranchantes, ses petites oreilles noires étaient couchées sur son crâne massif ne laissant aucun doute de ses intentions.

Un instant son corps gracile fut illuminé par un rayon de lune donnant à sa fourrure l’éclat de l’or pur. L’horreur de la situation ne m’empêcha pas d’admirer la beauté et la grâce du jaguar.

C’est en grondant que l’animal retomba sur ses pattes, se redressa puis gifla l’air de ses griffes là où se trouvait la tête de Corin un millième de seconde plus tôt.

Je retins un cri de frayeur. Il n’était pas temps de pousser des glapissements de demoiselle en détresse, une seconde d’inattention et cela couterait la vie du jeune homme. Je ne pouvais pas non plus rester planter là, à le regarder se faire déchiqueter en menu morceaux par la créature enragée. Pas que je sous-estimais Corin, loin de là, je le croyais tout à fait capable de se défendre voir de se montrer impitoyable, après-tout on ne rentre pas au service d’Aro quand on est un enfant de cœur et j’avais accepté depuis longtemps cette part de mon ange. Moi-même en le voyant en mauvaise posture sous l’animal, je sentis enfler quelque part dans un petit recoin de mon être, la bête qui m’était apparu le jour où nous avions été attaqués Corin et moi par les sbires de Caïus.

Le combat se poursuivit. Les deux adversaires donnaient l’impression de danser. Corin esquiva une attaque particulièrement vicieuse, il tourna sur lui-même amorça un pas de côté avec la fluidité d’un danseur de flamenco les bras levés au-dessus de la tête les reins cambrés, dans le même temps il s’accroupie sur le sol et tendit la jambe pour balayer les pattes de l’animal qui se réceptionnait souplement derrière lui, celui si bondi sur le côté pour éviter le coup. La plupart du temps, ils ne faisaient que s’effleurer, pourtant le bruit assourdissant des corps qui s’entrechoquent et des grognements de plus en plus sonore remplissait le silence nocturne.

Un feulement de rage sortie de la gueule du jaguar quand Corin le plaqua au sol sur le dos le maintenant fermement par les épaules. Il rua violemment tentant de se dégager de l’étreinte du jeune homme, mais le jeune homme assit à califourchon sur son abdomen entortilla ses jambes aux pattes de l’adversaire l’immobilisant totalement.

Corin approcha la tête du cou de l’animal. Il ouvrit la mâchoire, comme l’animal un peu plus tôt, comme pour planter ses dents dans la fourrure du jaguar, il stoppa à deux millimètres de la jugulaire et murmura :

- Je sais ce que tu es.

Je les regardais interdite nageant en plein confusion, je ne comprenais pas où le jeune homme voulait en venir. Certes l’animal avait quelque chose d’étrange, quand j’avais croisé son regard je l’avais trouvé presque humain et ses mouvements lord du combat paraissaient presque trop fluides comme s’il avait eu des muscles où il n’y aurait pas dû en avoir.

L’animal gronda en réponse à son affirmation.

- Je ne te veux pas de mal, continua Corin en chuchotant toujours, mais je n’hésiterais pas à t’arracher la gorge si tu attaques une seconde fois, prévint-il en grognant.

Je le vit éloigner son visage de l’animal prudemment et se redresser sur ses avant bras sans pour autant lâcher les épaules du jaguar.

- Reprend forme humaine, ordonna Corin avant de se lever et de me rejoindre sans quitter des yeux l’animal qui se retourna en feulant, ses muscle agitées de tremblements.

Les tremblements s’intensifièrent faisant presque disparaitre à nos yeux les contours de sa silhouette. Je serrais la main de corin dans la mienne.

Je sentie sur ma peau comme une petite onde de choque, un frémissement de l’air et l’animal explosa, laissant place à un homme nu et haletant.

J’en restais comme de rond de flan,  un petit cri étranglé m’échappa.

- N’ai pas peur, me rassura Corin, en serrant mes doigts.

Je restais figé, aussi immobile qu’un mannequin dans une vitrine. L’homme était accroupi sur le sol les mains à plat dans la terre, ses genoux plaqués contre son ventre. Corin enleva la veste qu’il avait enfilée par-dessus son teeshirt bleu roi et la lui tendit.

Celui-ci grogna apparemment peu enthousiaste, mais accepta le vêtement. Après tout ce n’est pas comme s’il avait eu le choix, il était nu comme un ver. Je le vit plisser le nez de dégout. Je le comprenais, si pour lui nous dégagions une odeur aussi nauséabonde que lui pour nous, je n’aimerais pas rentrer dans ses vêtements.

Toutefois, n’ayant pas le choix, il l’enfila. Heureusement pour moi, il était plutôt petit pour un homme si bien que la veste lui tombait sur le haut des cuisses préservant un semblant de pudeur. Ouf !

Le silence qui suivi était si épais que j’aurais pu marcher dessus, j’en profitais pour détailler l’étranger de la tête aux pieds, il mesurait un petit mètre soixante-cinq, mais sa large carrure compensait sa petitesse, le faisant paraitre plus imposant. Il avait un physique peu conventionnel. Ses cheveux, noir et raide comme des baguettes, étaient coupés au-dessous des oreilles encadrant son visage plat aux larges pommettes. Il arborait en son centre un nez épaté et de larges narines. Ses yeux émeraude étaient un peu trop éloignés l’un de l’autre lui donnant un petit air surpris. Il me faisait penser à ses petits hommes d’une tribu australienne que j’avais vue dans un reportage, ils enduisaient leur visage de maquillage rituel rouge et jaune et des pagnes de tissu multicolores, ceignaient leurs hanches. Il devait avoir mon âge mais difficile d’être certaine, il aurait pu en avoir cinq de plus. En tout cas il avait autant sa place dans le décor, que moi dans un temple bouddhiste.

Personne ne prenait la parole, les deux hommes se toisaient les jambes légèrement écarté comme dans les westerns, n’y tenant plus je demandais :

- Qu’êtes-vous ?

J’aurais pu formuler « qui êtes-vous » mais, cela me semblait moins adapté après la petite démonstration de tout à l’heure.

Il quitta Corin des yeux et fixa ses incroyables yeux verts sur moi. Eux n’avaient pas changé sous cette forme. Dire qu’ils étaient verts ne leur rendaient pas justice, ils étaient d’un vert tendre comme les jeunes pousses d’un arbre au printemps et des éclats émeraude entouraient la pupille noire. J’écarquillais les yeux quand je pris conscience d’une chose, depuis que j’étais un vampire personne ne pouvait me regarder dans les yeux sans que j’aperçoive dans leur profondeur leurs âmes, hors cet homme me dévisageait de ses yeux parfaitement normaux. Il fronça les sourcilles et j’en fis autant.

- Qu’êtes-vous ? Répétais-je.

Se pouvait-il qu’il soit dénué d’âme ? Non impossible, j’étais persuadé que toutes choses en ce monde en procédait une, mais alors comme se faisait-il que je ne voyais pas la sienne ? Peut-être qu’un contact physique était nécessaire, mais loin de moi l’idée de tenter le coup pour avoir une réponse. Un homme qui se transforme en animal ! Décidément si en rencontrant des vampires je n’avais pas tout vue, qui avait-il encore ?

L’homme ne paraissait pas décidé à ouvrir la bouche, alors Corin expliqua :

- C’est un métamorphe, j’en ai rencontré une fois, mais ceux-ci était des loups, je l’ai reconnu à son odeur précisa-t-il en plissant le nez comme l’homme avant lui.

- Vous ne sentez pas meilleurs, crachat-il avec hargne.

Il s’était exprimé avec un léger accent, mais je n’aurais su dire lequel, espagnol peut-être ou portugais, non ce n’était pas ça, mais quelque chose d’approchant.

- Pourquoi nous attaquer ? Lui demandais-je.

Il eut un reniflement dédaigneux et ne répondit pas, se contentent de nous observer comme des sourires qui se prendraient pour des chats.

Son arrogance commençait à me courir sérieusement sur le haricot. Que voulait-il ? Après-tout c’était lui qui nous avait attaqués sans raison apparente.

- Je ne partirais pas sans vous avoir tué tous les deux, assena-t-il tranquillement comme s’il parlait de la pluie et du beau temps.

Je croyais avoir touché le fond de la froideur meurtrière en atterrissant à Volterra, ce n’était visiblement pas le cas, il nous fixait maintenant l’œil vide, comme celui d’un tueur avant d’appuyer sur la gâchette.

Au lieu de se remettre en position d’attaque, réaction qui aurait dû être logique, Corin croisa les bras sur la poitrine et resserra les jambes dans une attitude nonchalante.

- Je crains que cela ne soit pas possible. Nous sommes deux et même sous ta forme animale, tu n’es pas plus fort que nous, en nous attaquant tu y laisses ta peau.

Un éclair de rage traversa le regard du jeune homme. Il en était tout à fait conscient devinais-je. Depuis le début, il savait qu’il n’aurait pas le dessus, peut-être avait-il compté sur l’effet de surprise pour nous tuer, mais c’était compter sans la vigilance dont faisait preuve Corin en toute circonstance.

Je compris que le danger était écarté, pour un temps au moins, mais alors que voulait-il ? Pourquoi s’attaquer à nous, alors qu’il était conscient de la force adverse ?

Ou cet homme était suicidaire, ou il avait quelque chose à y gagner. Je penchais la tête sur le côté, plissait les yeux et lui demandais inquisitrice :

- Qu’avez-vous à gagner à notre mort ?

Il haussa les épaules comme si cela importait peu :

- Deux buveurs de sang en moins est une récompense en soi.

Je n’y croyais pas, il y avait autre chose. Il aurait dû prendre ses jambes à son cou quand  Corin l’avait lâché la première fois, au lieu de ça, sachant qu’il ne nous tuerait pas, il restait tout de même à palabrer. Pourtant, tout dans son maintien et ses paroles montraient qu’il aurait préféré être ailleurs.

- Non ce n’est pas ça, même si je ne doute pas un instant que ce serais un petit bonus pour vous, mais il y a autre chose.

Corin se tourna vers moi pour la première fois depuis l’attaque.

- Que veux-tu dire ? Les autres métamorphes que j’ai rencontré son nos ennemis naturels, le simple fait de tuer des vampires est leurs raisons d’être, qu’est-ce qui te fait penser qu’il y a une autre raison à sa présence ?

- Nous sommes deux, comme tu l’as souligné, il n’a pas l’avantage, pourtant il reste là au lieu de détaler, ce n’est pas logique.

- Tu as raison il y a quelque chose qui cloche.

Nous nous tournâmes vers l’homme jaguar dans un bel ensemble, j’ignore ce qu’il vit, mais un frisson de dégout parcouru sa colonne vertébrale.

Tout cela n’était pas le fruit d’un malheureux hasard, il savait quoi chercher et où chercher j’en aurais mis ma main à couper.

Puis j’eu une pensée farfelu et si Caïus était une nouvelle fois derrière tout ça. Les vampires ne pouvaient pas me faire de mal, alors il se serait assuré que d’autres monstres y parviennent. Je ne ressentais aucune attraction envers cet homme, je ne voyais pas non plus son âme se refléter dans ses yeux. Se pouvait-il que Caïus ait compté là-dessus pour arriver à ses fins ? L’idée n’était finalement pas si farfelue que ça. Si je ne me trompais pas, il fallait que cela cesse, je n’allais pas passer ma vie à regarder derrière moi en me demandant si un écureuil mutant ne chercherait pas à me tuer. Je dû grogner tout bas car, les deux hommes me dévisagèrent les sourcils froncés.

- Quelque chose ne va pas Olivia ? Me demanda Corin.

- Hum, une idée très déplaisante vient de me traverser l’esprit.

- Laquelle ?

- Imaginons que Caïus n’ait pas fait le deuil de ma mort comme Aro nous l’a assuré.

Corin grogna à son tour, je n’avais pas lâché des yeux l’homme qui nous observait. Une fuguasse contraction de la bouche m’appris que je n’étais pas loin de la vérité, Caïus était dans le coup.

- Nous sommes ennemis, comment pouvez-vous vous acoquiner avec les méchants ? Lui lançais-je pour le déstabiliser.

Ses épaules se contractèrent violemment, des soubresauts l’agitèrent un instant, je crus qu’il allait me sauter à la gorge, mais il fini par se contrôler et m’adressa une grimasse qui aurais pu passer pour un sourire, s’il avait été sincère.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Je ne comprends pas votre acharnement à garder ça pour vous, Caïus est un vampire et pas des moindre, il n’hésiterait pas à vous tuer s’il n’avait pas besoin de vous, pourquoi dans ce cas, le protéger ?

Au moment ou je proférais ses mots je m’aperçus que la réponse était dans la question, il protégeait quelqu’un, mais certainement pas Caïus.

- Vous protégez quelqu’un, affirmais-je.

Il m’adressa un regard plein de hargne, visiblement j’avais tapé dans le mille et ça ne lui plaisait, mais alors vraiment pas.

- Votre roi vous déteste, crachat-il. Il vous veut morte, le mâle il m’a dit de le tuer si nécessaire parce qu’il savait qu’il ne me laisserait pas vous approcher.

Tien donc notre roi me déteste qu’elle grande nouvelle ! Je ne comprenais vraiment pas l’acharnement de Caïus, il était acquis que je n’userais pas de mes pouvoirs, même sans ça je ne me trouvais pas si dangereuse pour Caïus. De quoi pouvait-il avoir si peur en ce qui me concerne ?

Corin soupira. Je supposais qu’il était agité par les mêmes questions que moi. Une nouvelle s’imposa à moi, comment faire pour que les choses s’arrangent ? Visiblement les mises en gardes d’Aro n’empêchaient pas Caïus d’agir dans son dos et j’en avais assai de devoir me plaindre à lui. Après-tout nous faisions peut-être partie de son fief, mais nous pouvions aussi bien régler cela par nous-mêmes, il avait eu sa chance et avait échoué lamentablement.

- J’en aie plus qu’assé de Caïus et ses manigances !

Corin me serra brièvement dans ses bras faisant courir un courant d’air chaud sur la peau nue de mes bras pour me réconforter, il ne voulait pas tourner le dos trop longtemps à l’homme qui nous fixait toujours avec colère.

- Je sais. Caïus détient quelqu’un d’important pour vous n’est-ce pas ?

L’homme ne répondit pas.

- Il ne dira rien, devinais-je, il a le couteau sous la gorge.

J’eus une idée. Je me penchais par-dessus l’épaule de Corin et soufflais doucement à son oreille :

- Peut-être pourrions-nous l’aider à libérer la personne qu’emprisonne Caïus, ainsi nous pourrions par la même occasion mettre fin à tout ça.

- Il est hors de question que j’accepte de l’aide de sangsues dans votre genre, plutôt mourir !

Je le regardais surprise je m’étais efforcé de murmurer, visiblement son ouïe était aussi bonne que la mienne.

- Vous avez besoin de notre aide, Caïus est impitoyable, croyez-moi il n’hésitera pas à faire du mal à vos proches.

Maintenant le désespoir se disputait à la rage dans ses yeux, il était sur le point de capituler et je n’avais pas besoin de super pouvoir vampirique pour m’en rendre compte.

- Il détient ma femme, l’achat-il finalement à contrecœur, nous vivons au Pérou, nous n’avons pas vue de vampire depuis des années, Ma femme et moi sommes les seuls de notre communauté à muter, visiblement votre roi (je grinçais des dents) était venu mettre la main sur des métamorphes.

- Comment a-t-il sut qu’il y en avait au Pérou ?

C’est Corin qui répondit :

- Nous avons rencontré l’année dernière, les indiens Quileutes qui se trouvaient être les amis des Cullen (encore eux surprise !), ils se sont allié à eux contre nous, grimaça-t-il. Après la défaite cuisante que nous avions essuyé, Aro a décidé de laisser les Cullen tranquille une bonne fois pour toute, mais il s’est mit dans la tête que les Quileutes ne pouvait pas être les seuls mutants sur terre. Cela fait un an que des équipes parcours le globe pour vérifier des légendes ancestrales, elles ont souvent bien plus qu’un fond de vérité, précisa-t-il. Aro a convaincu Caïus d’aller en personne s’assurer de la véracité des légendes péruviennes, en grande partie pour l’éloigner de toi, je crois qu’Aro non plus ne comprend pas l’animosité tenace de Caïus à ton encontre.

- Il nous a trouvé, enchaîna le péruvien, il nous a capturé, ma femme d’abord puis sous la menace moi. Il m’a promis qu’une fois vous deux mort, il nous rendrait notre liberté, pour moi ce n’était pas un problème de vous tuer, c’est dans ma nature, dit-il froidement.

En effet il n’aurait pas fait grand cas de notre mort, je le lisais dans ses yeux, ça faisait froid dans le dos.

- Je devais vous tuer ou vous capturer et vous amener à lui.

Je lui jetais un regard surpris puis je me souviens des deux malabars, eux aussi n’avait pas tenté de me tuer, il voulait m’enlever, j’avais mis ça sur le compte de leur incapacité à me faire du mal, mais finalement peut-être Caïus voulait-il vraiment de moi vivante, mais pourquoi faire ? Me torturer ? Me cuisiner aux petits oignons ? Ma surprise dû se voir car il ajouta dans un sourire menaçant :

- Il vous veut vivante en premier lieu, mais morte le satisfera tout autant.

Un froid glacial s’empara de moi et avec lui une rage incommensurable, je me mis à gronder férocement, un voile rouge obscurcit ma vue, mes poings se serrèrent convulsivement, le venin afflua à ma bouche, je craquais.

- Olivia ! Calme toi, tenta de me raisonner Corin.

Mais ma rage était telle que sa voix ne creva pas la bulle de fureur dans laquelle je venais de m’enfermer. Depuis mon réveil je me contrôlais, j’étais le bon petit solda, mais là je craquais, je n’arrivais plus à me raisonner je n’étais plus en mesure de réfléchir, je n’avais qu’une seule envie c’était de planter mes crocs dans de la chaire chaude et me repaitre de sang.

Je me tapie sur le sol couvert de feuilles mortes et bondit sur le péruvien comme la prédatrice que j’étais désormais, mes lèvres retroussées découvrant mes dents et je sus instinctivement où il fallait frapper pour tuer. Je me plaçais derrière son dos, lui ceinturais les épaules en passant mon bras gauche en travers, sans qu’il ait eut le temps d’esquisser un geste et tirais violemment sur ses cheveux pour lui faire étirer le cou, laissant ainsi accès à sa chaire tendre et vulnérable. Une fraction de seconde avant de me pencher, je me fis la réflexion que son sang avait vraiment mauvaise odeur, mais ma rage demandait un tribut pour refluer et ce tribut était le sang, mais je me contenterais d’une livrée de chaire.

Je me penchais sur la jugulaire offerte, mes lèvres étaient à moins de dix centimètres de leur but quand ma proie me fut arrachée des bras et le cou mat, remplacé par un bras. Je n’eus pas le temps de dévier mon attaque et frappais. Mes dents s’enfoncèrent dans le bras, j’eus la désagréable impression de mordre dans un cierge, puis le gout du venin emplie ma bouche, pas le mien, mais celui de Corin. Epouvantée je me rejetais en arrière, arrachant mes dents à sa chair, gardant dans ma bouche le goût du venin que j’avais tant de fois goûté par l’intermédiaire de ses tendres baiser.

Je poussais un petit cri et me laissais tomber sur le sol. Au lieu de me lâcher violemment et de s’écarter de moi comme de la peste, Corin accompagna mon geste toujours accroché à mes épaules. Il m’assit sur ses genoux, mon dos contre son torse et me berça doucement. Quelqu’un au loin poussait des gémissements pitoyables. Je levais la tête que j’avais baissé sur ma poitrine, pour chercher le responsable et m’aperçus que c’était moi. Je ne pouvais pas pleurer, mais mon corps exprimait tout de même mes sentiments débordant.

- Chute mon amour, ce n’est rien, calme toi, je t’aime, me rassura mon ange.

Mes gémissements s’intensifièrent. J’étais ignoble. Comment pouvait-il encore me toucher ? Il aurait dû me repousser avec dégout, me hurler dessus ou au moins me regarder comme un maître regarde son chien qui vient de le mordre après des années de loyaux services, mais certainement pas me consoler et me dire qu’il m’aimait toujours. Je me dégoutais, moi qui me targuais d’être un nouveau-né hors normes, je ne valais guerre plus que les autres, violente et assoiffé de sang, même de celui des gens que j’aime.

Le péruvien entra dans mon champ de vision, je l’avais oublié et avec lui toute ma colère. Il me regardait d’une étrange façon, il avait abandonné son air arrogant et la colère était remplacée par la méfiance. Je baissais les yeux et gémi :

- Je suis un monstre, je suis un monstre…

- Non mon amour, tu n’es pas un monstre, tu n’as fait de mal à personne, je t’en pris calme toi.

- Comment peux-tu dire que je n’ais fait de mal à personne, je t’ai mordu, gémis-je.

Il attrapa mon menton et tourna ma tête vers lui, contrairement à si j’avais été humaine le cou ainsi étiré n’étais pas douloureux. Il planta ses yeux éclairés par son âme dans les miens et aussitôt je fus happée par celle-ci. Je ne sais pas si c’était son intention première, mais le contact physique et visuel provoquait toujours ça.

Mes mains comme à leurs habitudes s’illuminèrent et je me baignais dans son essence. Je fus enveloppé de ses sentiments comme une couverture de fourrure l’hiver au coin du feu quand il fait froid dehors. Il me caressa de son amour réconfortant et de son pardon sans condition. Oui Corin m’aimait, son âme me le disait et une âme ne ment pas.

Je fermais les yeux pour rompre le contact visuel sans rompre le contact charnel et détournais les yeux.

- Merci mon amour, murmurai-je en embrassant la trace de ma mâchoire imprimer sur sur son avant bras.

Puis je me tournais dans ses bras et prudemment comme pour ne pas l’effrayer, j’approchais mes lèvres des siennes sans croiser ses yeux, il eut bien moins de scrupule que moi et fondit sur ma bouche en gémissant.

Un raclement de gorge mi-gêné mi-amusé mit fin à notre étreinte. Heureusement que je ne pouvais plus rougir, sinon j’aurais viré au rouge pivoine.

Nous nous redressâmes tous les deux et fîmes face au péruvien.

- Je m’excuse de m’être emporté ainsi, lui dis-je honteuse.

Il ouvrit la bouche ébahit

- Vous vous…excusez d’avoir faillit me bouffer ? Demanda-t-il sans sembler y croire.

- Oui, c’est bien ça, je suis vampire depuis seulement quelque mois, moins de trois pour être exact et apparemment je me contrôle bien moins que je le croyais.

Pour le coup sa mâchoire s’en décrocha.

- Olivia n’a pas conscience de s’en sortir comme un chef, c’est comme si elle se croyait encore humaine.

Le péruvien hocha la tête sans pouvoir s’arrêter. Quand il prit conscience de ce qu’il faisait, il stoppa net et dit :

- Je comprends mieux pourquoi votre roi cherche à la liquider apparemment elle est assai… particulière.

Ha non il n’allait pas s’y mettre lui aussi ! Je n’ai rien de particulier et l’éclat de tout à l’heure en était la preuve flagrante.

Je me redressais sans difficulté agacé, par les deux hommes.

- J’en ai plus qu’assai des manigances de Caïus, je veux que cela cesse et pour ça j’ai un plan qui pourrait se révéler payant pour nous tous.

Corin épousseta son pantalon plein de terre et me demanda :

- Je t’écoute.

- Cela ne peut marcher que si le matou, ici présent, coopère.

Corin étouffa un éclat de rire à la mention du matou, mais reprit son sérieux rapidement quand le péruvien lui jeta un regard assassin. Nous ne devions pas oublier qu’il s’était posé en ennemie dès le départ et que Caïus détenait un être cher. Tout le monde pouvait passer sur ses principes pour sauver l’être aimer et je n’oubliais pas que le péruvien tuait des vampires comme le dératiseur des rats.

- Ne m’appelle plus jamais comme ça, femelle.

- Vraiment charment, râlais-je, peut-être que si vous me donnez un nom je ne serais pas obligé de vous donner des sobriquets ridicules, bien que l’idée me plaise assai, me moquais-je, rien que pour l’embêter.

Je le trouvais agacent, j’y pouvais rien.

Il grogna pour la forme et lâcha à contrecœur :

- Je me nome Hauayna Capac.

- Huayana Capac ? Comme fils de Tupac Yupanqui l’inca ?

Il acquiesça de la tête une étincelle dans le regard et une légère crispation de la bouche, il tourna la tête un instant puis présenta à nouveau un visage serin. Je l’observais attentivement, il cachait quelque chose. Il y avait quelque chose qui clochait chez lui. J’en avais déjà eu l’impression en l’observant. Tout d’abord, j’avais cru que c’était l’absence d’âme dans ses yeux, mais en fait ce n’était pas la seule raison. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.

- Es-tu près à collaborer, Capac ? Demanda Corin.

Capac ouvrait la bouche pour répondre quand cela me sauta aux yeux.

- Quel âge as-tu ? Demandais-je les yeux écarquillé.

Corin me jeta un regard qui voulait dire (qu’est-ce que ça peut bien faire ?), je ne lui accordais pas un regard, préfèrent observer la réaction de Capac.

Il se raidit puis soupira :

- Cela se voit tant que cela ? Me demanda le péruvien en me souriant doucement, ce qui me surpris grandement.

Jusque là il n’avait fait preuve que de hargne, de menaces de morts et autre subterfuge pour se monter supérieure, mais finalement ce n’était peut-être pas seulement le fruit de l’arrogance, mais l’apanage de l’âge comme je le croyais. C’est ses yeux qui m’avaient mis sur la voix, ils ont cette maturité qu’on les vieux vampires comme Aro et Marcus et je suppose Caïus.

- Vos yeux vous ont trahis.

Corin semblait nager en pleine confusion car son regard passait de l’un à l’autre comme s’il suivait un match de tennis particulièrement intense, ce qui aurait pus être ridicule chez un humain ne l’était pas du tout pour lui.

- Tupac Yunpaqui était mon père.

Je me gorgeais depuis que j’avais l’âge de lire d’histoire du monde et aujourd’hui je rencontrais des vampires vieux de plusieurs siècles ce qui en soit été scotchant et aussi passionnant, mais tomber sur un authentique Inca de cinq cents dix-sept ans c’était hallucinant surtout si on prenait en considération le peu d’information que l’histoire détenait réellement sur les incas, mais là je m’égarais.

- Les livres d’histoire vous disent mort en mille cinq cents vingt-sept.

- Je sais, dit-il dans un sourire, c’est mon propre peuple qui a rependu la nouvelle de ma mort, après m’avoir vu me transformer en jaguar, ils m’ont prit pour quelque dieu animal, mais la réalité était tout autre, quand j’ai repris forme humaine plusieurs mois s’était écoulé et mon peuple se trouvait déjà aux mains des conquistadores, parmi eux se trouvait tout un clan de vampire, j’ai sus plus tard que s’était leur présence qui avait précipité la transformation, fini-t-il amer.

Malgré le caractère terrible de son histoire j’étais fascinée, je me trouvais face au dernier Inca encore sur terre.

- Je suis désolée pour ce qui vous est arrivé, dis-je sincère.

- C’était il y a longtemps il ne sert a rien de ressasser le passer et nous ferions mieux de nous pencher sur le présent, votre roi détient ma femme Anamaya et je refuse de la perdre dans une guerre de sangsue.

En cet instant on voyait qu’il était âgé de plusieurs siècles et que la perte de son peuple était encore vivace.

- Cessé de l’appeler «  votre roi », je vous rappelle qu’il essaye de nous tuer et ce n’est pas la première fois.

- Peut importe son nom, j’accepte de vous aider parce que je n’ai pas le choix, je veux que les choses soient claire, je déteste les vampires et cet état de fait ne changera pas après notre collaboration.

- N’ayez crainte je n’aime pas les gens qui tentent de me tuer, non plus, répliquais-je.

Corin me prit dans ses bras réconfortant et me murmura :

- J’arrache la tête du premier qui te fait du mal.

Et je savais que ce n’était pas des paroles en l’air destiné à me réconforter. En levant la tête vers lui je captais le regard d’avertissement qu’il lança à Capac, finalement c’est mots ne m’étaient peut-être pas destinés.

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