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Chapitre 6 : EPILOGUE FINAL

Chapitre final

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 16:40

Epilogue

 

Un violent coup contre le volet en bois de notre chambre me réveilla en sursaut. Je me relevais sur un coude, la tête dans le brouillard et le cœur battant, puis me calmais en entendant rire et piailler à l’extérieur de la maison. Mon regard se porta sur la place vide à mes côtés et je soupirais. Quelle heure était-il ? Je m’arrachais du lit et me dirigeais vers le miroir, histoire de me rendre présentable en ce jour si particulier. J’enfilais une robe (celle que Jacob préférait) et sortis de la chambre. Le silence de la maison m’indiqua qu’ils étaient tous dehors. Je passais quand même dans la chambre des jumeaux, pour voir s’ils avaient bien fait leurs lits comme je leur avais demandé la veille, leur expliquant que depuis l’arrivée du petit dernier, je ne pouvais plus être partout. Je dus être convaincante car la chambre était impeccable ! Je souris, contente de leur travail. Mais, en passant, je remarquais que celle de mon fils ainé, David, était tout aussi bien rangée et je compris que Jake était passé par là de bonne heure…

Je me dirigeais vers le séjour et fut heureuse de voir un rayon de soleil éclairer les murs boisés, rendant l’ambiance de la maison très feutrée. Je me servis une tasse de tisane dont seul Jake avait le secret et qu’il avait préparé à mon attention, accompagnée d’un petit bouquet de fleurs des bois.

En ouvrant la porte pour sortir, je manquais de recevoir une balle en pleine tête et entendit aussitôt :

  • Oh pardon maman !

Je soupirais gentiment en levant les yeux au ciel, posais ma tasse sur la table basse et relançais la fameuse balle à mon petit Aaron, qui couru rejoindre ses deux frères dans de grandes enjambées en criant :

  • Et au fait, bon anniversaire !

Je secouais la tête, amusée par sa fougue de jeune chien fou. Oui, ceux-là, je ne les avais pas vus venir…trente ans…et pourtant, je me sentais toujours aussi pleine de vie qu’à dix huit, heureuse conséquence de la quantité astronomique de sang que j’avais reçu de Jacob. Je ressentais moins cette furieuse envie de courir, de bouger, qu’au début mais j’étais pleine de vitalité et je sentais que ce n’était pas prêt de s’estomper.

  • Oui, bon anniversaire maman ! s’exclama ma fille Rosalie en se jetant à mon cou.
  • Oh…merci ma chérie, répondis-je en lui souriant chaleureusement, tout en la serrant contre moi.

Ses longs cheveux noirs, aussi magnifique et brillants que ceux de son père, se balancèrent dans son dos et je constatais qu’elle avait encore grandit.

  • Bon sang…tu me rattrapes ma puce !
  • Ça, c’est pas trop compliqué, déclara-t-elle en riant. Je vais appeler mes imbéciles de frères qui ne pensent qu’à jouer.
  • Laisse-les, ils viendront plus tard…
  • Non, non…ils t’ont préparé une surprise !

Je ris et la regardais courir pour chercher le groupe qui jouait au ballon. Elle changeait si vite…je la voyais encore dans mes bras à sa naissance, si heureuse d’avoir une fille en premier, mais hélas, la seule que j’aurai étant donné les complications que j’avais eues pour notre dernier enfant… elle était si magnifique avec sa peau cuivrée et ses yeux couleur chocolat avaient rendu Jacob fou de joie… aujourd’hui, elle entrait dans l’adolescence et se réjouissait de commencer la semaine suivante au lycée de Forks ! J’avais beaucoup insisté sur ce point, Rosalie n’irait pas au lycée de la réserve. Je tenais à ce qu’elle rencontre du monde et qu’elle se fasse pleins d’amis dans la ville. Oui, Rosalie grandissait vite et elle deviendrait vite celle dont la destinée se chargerait.

La voiture de mon père se garait et Sue en sortit avec les bras chargés de paniers. Je souris en imaginant encore la quantité de nourriture qu’elle avait dû m’apporter.

  • Sue ! Il ne fallait pas…
  • Il faut bien les nourrir ces petits monstres ! Riposta-t-elle. Bon anniversaire Bella !
  • Oui, merci …
  • Ma chérie, murmura Charlie en me prenant dans ses bras. Tu es superbe.
  • Merci papa. Ça va ? Tu supportes la retraite anticipée ? le taquinais-je.
  • Ne m’en parle pas…je tourne en rond à la maison, bougonna-t-il. Tiens, une carte de ta mère et de Phil…
  • Oh, c’est gentil, merci.

Depuis que je vivais à la Push, je n’avais plus d’ordinateur et le téléphone sonnait souvent dans le vide…ma mère m’envoyait donc régulièrement du courrier via Charlie car elle avait peur que le facteur ne trouve pas ma maison. Elle n’était pas venue souvent ici, pourtant, elle appréciait énormément les Quileute et le caractère enjoué de Jacob. Il l’avait séduite dès leur première rencontre.

  • Où sont mes petits loups ? demanda Charlie, soudain très souriant.

Je lui fis un signe vers la cour et il me laissa en plan sur mon perron. Billy choisit ce moment pour sortir de sa maison et il rit de voir mon père courir vers le groupe de garçons qui se battaient joyeusement.

  • Regarde-le, rigola-t-il, il ne s’épuisera jamais.
  • Avec eux, c’est impossible Billy ! déclarais-je, heureuse que toute ma famille soit réunie aujourd’hui.

Les jumeaux, Aaron et Noah, se jetèrent contre lui et le firent basculer dans l’herbe. Ils n’avaient que sept ans mais possédaient déjà une force considérable. Mon cœur se serra furtivement à l’idée qu’ils allaient peut être grandir aussi très vite d’un coup, sans que je ne m’en rende compte.

Jacob, lui, avait quitté son loup…enfin, il se plaisait à y croire mais savait parfaitement qu’il pouvait encore muter, il était trop jeune pour en être débarrassé. Il continuait à être l’Alpha suprême en donnant ses ordres tout en restant humain. Il n’avait plus évolué depuis ce changement. Peut-être que ma fille évoluerait d’avantage ? Carlisle, qui la suivait régulièrement, n’était pas encore fixé sur son sort.

Les autres loups-garous mutaient encore de temps en temps, par plaisir. Jacob avait toujours mal accepté ce phénomène et était bien heureux de son pouvoir de contrôle en tant que humain. Il avait donc décidé de se laisser à nouveau pousser les cheveux, pour mon plus grand plaisir. Ils lui arrivaient maintenant en dessous des épaules et j’aimais parfois m’y perdre sans retenue, retrouvant ainsi mon Jacob des jours heureux, sans magie comme il aimait le dire. Je l’avais rêvé ainsi bien des années auparavant et encore une fois, mes visions ne m’avaient pas trompées.

Embry et Quil mutaient plus souvent que les autres car leurs âmes sœurs étaient encore très jeunes (Embry s’étant imprégné de la deuxième fille de Sam à sa naissance) et ils ne voulaient pas vieillir.

Seth et Angela allaient avoir leur troisième enfant tout comme Paul et Rebecca, malgré la vie assez mouvementée qu’ils avaient entre les galas de Rebecca et les longues journées de Paul à son cabinet de kiné de Forks. Parfois, il travaillait de l’aube jusque tard dans la soirée car les gens venaient de partout pour se faire remettre une vertèbre ou une cervicale après le travail ou tout simplement se faire masser par ses mains expertes. Il était devenu très prisé, car très doué et je ne pouvais que me féliciter de sa réussite. Malgré tout ça, il restait très présent dans notre vie, s’occupait beaucoup de Rosalie et venait de temps en temps passer du temps avec moi, pour discuter de tout et de rien.

Notre relation était devenue très saine et très solide. Nous pouvions toujours compter sur lui.

 

Soudain, mon cœur s’accéléra lorsque mon regard se posa sur Jacob avec notre petit Raphaël à qui il apprenait à marcher depuis une semaine. Un fourmillement familier vint me chatouiller le ventre. Ça me prenait encore une à plusieurs fois par jour : son sourire, un mouvement, un regard, ça me déclenchait une sensation qui envahissait la moindre parcelle de mon corps. Au début, ce désir violent proche de l'obsession m’avait fait honte mais elle s’effaçait lorsque Jacob, heureux de mon enthousiasme, assouvissait mes besoins vitaux. Et avec les années, ça ne passait pas, une vraie droguée ! Heureusement pour moi, Jake s'en rendait compte assez vite quand j'étais dans cet état. Je comparais ça à un sentiment de soif intense et je ne me sentais mieux que lorsque je buvais mon eau au contact de sa peau.
Je me mordais les lèvres lorsqu’il tourna les yeux vers moi et le vis émettre un faible sourire. Puis, je l'entendis dire à mon père :

  • Charlie, j'emmène Bella faire une balade dans la forêt. Je vous laisse les petits...

Je n'entendis même pas la réponse de mon père. Mon corps entier venait de se mettre en alerte maximale, j'allais bientôt pouvoir le toucher et mon corps le savait.
Il vint vers moi à grandes enjambées, un sourire éclatant sur son visage qui n’avait toujours pas vieillit. Je le regardais s’approcher, dans un état de manque. Il me prit doucement dans ses bras en murmurant :

  • Allez, viens là toi ...

Je m'accrochais à son cou, enfouissant mon visage dans ses cheveux, respirant le parfum de sa peau. Je me sentais déjà mieux mais mon corps bouillait d'impatience. Quand j'étais comme ça, je n'arrivais même plus à parler.
Il se dirigea vers les bois, nous nous enfonçâmes pendant quelques mètres, je savais déjà où il s'arrêterait...près de la rivière, là où je pourrais me rafraîchir après ...

 

Blottis contre son torse, je soupirais de bonheur, les jambes molles, une sensation de bien être et d’apesanteur envahissant tout mon corps.

  • Bon anniversaire Bella chérie, chuchota-t-il à mon oreille.
  • Merci, soufflais-je, complètement heureuse des années que j’avais déjà passé avec lui et pour celles qui suivraient.
  • Désolé d’être parti si tôt ce matin mais le petit était déjà réveillé. Je voulais te laisser dormir…
  • Oui, c’est gentil mais j’aurai aimé que tu sois là…tu sais que je n’aime pas me réveiller seule…, lui reprochais-je, faussement fâchée.

Je resserrais mon étreinte et levais la tête pour l’embrasser amoureusement.

Jacob s’abandonna à moi pendant quelques minutes puis nous entendîmes des cris, en provenance de la maison. Il soupira :

  • Je vais y aller, Charlie n’a pas l’air de s’en sortir…
  • Laisse-le…, marmonnais-je.
  • Profites-en, chuchota-t-il en lançant un regard vers la rivière.

Je le regardais partir, toujours aussi émerveillée par la grâce de ses mouvements, puis me relevais et allais me glisser dans l’eau froide qui me saisit aussitôt. Une fois que le feu de mon corps s’atténua, je sortis lentement et me fit sécher sur le bord de la rivière. Puis, me disant que je méritais bien un peu de calme pour ce jour d’anniversaire, j’enfilais ma robe et m’allongeais sur la mousse en fermant les yeux, respirant le parfum de ce qui m'entourait, à l’écoute du chant des oiseaux qui étaient en pleine activité à l’approche de l’hiver.

 

Soudain, le silence se fit et, alertée, je levais les yeux vers la cime des pins. Mon cœur s'arrêta de battre lorsque ses yeux dorés captèrent les miens. Je me relevais d'un bond, et sentit que mon cœur avait repris son rythme normal...ce qui me surprit. Edward dut le sentir aussi car il me sourit tristement.

  • Bonjour Bella, murmura-t-il. Bon anniversaire…

Je m'approchais de la branche sur laquelle il était perché, consciente des années physiques qui nous séparaient. Je n'avais toujours pas parlé, croyant peut être à un mirage bien que je savais qu'il était réel. Il n’avait pas changé, fidèle à mes lointains souvenirs.

  • Tu es si beau, soufflais-je.

Et je le pensais vraiment, sa beauté était toujours si parfaite. Cette idée m’interpella : est-ce que je ressentais encore quelque chose pour lui ? Est-ce qu’il pouvait encore m’attirer après toutes ces années ?

Il fronça les sourcils et répondit :

  • Toi aussi Bella, tu es magnifique…

Je le savais, je n’avais pas beaucoup changé physiquement…encore une heureuse conséquence du sang de loup que j’avais reçue douze ans plus tôt. Mon visage était identique, sans aucune petite ride ni cheveux blancs…j’avais gagné sur les deux tableaux : la vie et la jeunesse.

  • Oui…je ne regrette pas d’être parti, j’ai eu ce que je voulais…te voir devenir mère, merveilleuse et heureuse, ajouta-t-il d’une voix tendue par l’émotion.
  • Je le suis, confirmais-je.
  • Je sais… tu as enfin baissé ta garde, répondit-il dans un demi-sourire.
  • Oui et c’est un pur bonheur. Je n’aurai jamais cru que c’était aussi beau…
  • Tu aurais peut être du te laisser aller plus tôt ?

Le passé, que j’avais complètement occulté de ma vie, me revint alors avec une étonnante clarté : mon obstination à devenir vampire, mes hésitations, mes choix… toute cette tristesse, toutes ces larmes que j’avais versées pendant cette longue période de doute…je constatais que je n’avais plus jamais pleuré depuis…depuis…très longtemps.

  • Je ne regrette pas ce que nous avons vécu, déclarais-je alors. Ça fait parti de moi, de celle que je suis aujourd’hui.

Edward hocha la tête et nous nous dévisageâmes pendant une longue minute avant qu’il réponde :

  • Je t'ai vue devenir celle que tu es aujourd’hui, au début, à travers les souvenirs de Jacob...ton mariage, tes enfants ...ton imprégnation, termina-t-il dans un murmure.

Spontanément, je me crispais. L'idée qu'Edward ait pu assister à ce que je vivais avec Jake dans ma bulle me parut soudain intolérable. Combien de fois était-il venu ici, à lire les pensées de Jacob ?  Depuis combien de temps était-il là…aujourd’hui ?

  • Je ne t'espionnais pas Bella...

Je sursautais et il me sourit timidement.

  • Oui…je disais qu’au début, j’avais assisté à ta vie à travers Jacob mais un jour, je me suis rendu compte que je t’entendais…
  • Oui, bien sûr…, murmurais-je, pas vraiment surprise car j’avais bien perdu mon bouclier.

Il descendit de son perchoir et vint se placer face à moi. Sa proximité ne me troubla pas et je n’hésitais pas à plonger mon regard dans le sien.

  • Tes yeux..., murmura-t-il. Même si je sais que tu ne m'appartiens plus, te voir me regarder comme ça, est …insupportable, déclara-t-il, la voix brisée.
  • Je suis désolée …mais j'aime Jacob. Je ne peux plus te regarder autrement Edward.
  • Je sais ...

Une véritable souffrance traversa son beau visage et je posais ma main sur sa joue pour le réconforter. Au contact de sa peau glacée, des souvenirs jaillirent de ma mémoire, défilant un par un…notre rencontre, notre amour si puissant qui avait failli consumé toute mon âme et mon corps, nos promesses et nos baisers, mais aussi mes regrets, ma détermination à reprendre ma vie en main, à résister à mes propres convictions, mon amour grandissant pour Jacob qui m’avait aider à faire mon choix, à me détacher de cette attirance quasi incontrôlable que j’avais pour Edward, jusqu’à cet ultime moment tous ensemble, dans notre clairière, le jour où nous nous étions dit au revoir.

  • Ce souvenir ne m’a plus jamais quitté, chuchota-t-il, en écho à mes pensées.

Je songeais alors aux raisons de son départ et j’en vins à penser à mes fils...la présence d'Edward allait-elle les bouleverser ? Cette idée m'agaça fortement. Ils étaient encore si jeunes…

  • Je ne m’attarderais pas Bella, je m’étais promis d’avoir le courage de venir te voir pour tes trente ans et j’ai réussi.
  • Je suis heureuse que tu l’ais fait, répondis-je sincèrement.

Edward semblait perdu dans le passé, puis il déclara :

  • Je sais que je t’ai déçu, que tu pensais que j’aurai du rester…
  • Oui…mais il ne valait peut-être mieux pas finalement, répondis-je. Si tu as vu ma vie, tu sais que moi, j’ai tourné la page Edward.
  • Oui…

Il releva la tête et son regard se perdit dans le vide. J’attendais, cherchant la véritable raison de sa visite après toutes ces années.

  • Ta fille te ressemble tant …, déclara-t-il soudain.
  • Ne t’approche pas d’elle ! m’écriais-je sans même réfléchir.
  • Je n’y compte pas, je ne veux pas que les mêmes erreurs se reproduisent.

Je baissais la tête, honteuse de mon emportement. Je ne m’étais pas sentie ainsi depuis si longtemps, comme si mon corps cherchait à se protéger de lui… mais surtout, je refusais l’idée que Rosalie le rencontre. Pourtant, elle saurait se défendre, elle ne risquait rien avec son pouvoir …je regrettais ma réaction et levais les yeux vers lui, soudain, plus sûre de moi.

  • Ce n’était pas une erreur, murmurais-je, en repensant à tout ce que j’avais vécu avec lui.
  • Peut être mais Jacob ne me le pardonnerait jamais, plaisanta-t-il. Je suis juste heureux qu’elle existe, qu’elle soit si belle et qu’elle te ressemble tant. C’était mon but.
  • Elle a pourtant le caractère de son père ! le prévins-je.
  • Je sais … Mais je n’ai jamais dit que c’était une mauvaise chose.

Je me sentis soudain enveloppée par l’amour de Jake, comme une aura, et Edward se tendit comme un arc.

  • Bonjour Jacob…, déclara-t-il, sans même se retourner.
  • Tu croyais que je ne te sentirai pas ? Lança ce dernier.

Je reculais d’un pas et l’angoisse m’envahit en voyant le visage grave de mon mari. Je ne l’avais pas vu ainsi depuis si longtemps. Je remarquais à quel point le contraste était saisissant entre les deux. Jacob était si…vivant.

Je rejoignis Jake et l’enlaçais par la taille, dans un geste possessif. Il posa son bras autour de mes épaules et me serra doucement contre lui. Edward se retourna vers nous et une lueur de tristesse brilla dans ses yeux dorés.

  • Je ne suis pas le bienvenu, je n’aurai jamais du venir, excusez-moi.

Je baissais furtivement la tête puis lançais un regard vers Jake qui soupira.

  • Je n’ai rien contre le fait que tu sois là Edward, déclara Jacob d’une voix grave, je voudrai juste savoir si tu comptes rester longtemps ? Je viens d’éloigner mes enfants …

Je sursautais, soudain paniquée. Jake le sentit et me rassura en continuant :

  • Je les ai envoyés chez Sam pour qu’ils ne sentent pas ta présence, expliqua-t-il à Edward qui se crispa aussitôt. Figure-toi que l’un deux se plaignait déjà que ça lui brûlait le nez…
  • Oh non ! M’écriais-je, soudain angoissée à l’idée que la vie de mes enfants soit perturbée avant l’âge.

Edward secoua la tête, attristé par la nouvelle.

  • Alors je te le demande en tant qu’ami Edward, épargne-leur ce calvaire…, ajouta Jake, durement. Toutes ces fois où tu es venu vérifier que tout allait bien, continua-t-il, j’étais le seul à te sentir car tu étais rapide. Je faisais même exprès de penser à ce que tu voulais pour que ta visite soit la plus courte possible. Mais cette fois, j’ai compris tes intentions vis-à-vis de Bella. Pourquoi?

J’étais abasourdi par ce que venait de dire Jacob. Ainsi, Edward était revenu plusieurs fois, tout près d’ici, pas seulement à Forks, près de notre maison et il ne m’en avait rien dit. Pourtant, il avait du craindre à chaque fois le moment qui se déroulait à présent.

  • Je te promets de ne pas rester longtemps Jacob, mais je devais voir Bella, aujourd’hui…je m’en étais fait la promesse.
  • A quel propos ? demanda Jake, tendu.
  • Je sais que ce que je vais te dire ne te plaira pas mais j’aimerai rester seul avec elle.
  • Ça, c’est à Bella de décider ! rétorqua Jacob.

Le ton qu’ils employaient en se parlant m’alarmait…ils s’étaient pourtant quittés en bon terme…pourquoi Edward se plaisait-il à contrarier Jake en faisant tant de mystère ! Ce dernier baissa la tête vers moi et je compris que mon silence devait ressembler à de l’hésitation. Je connaissais bien Edward, il devait avoir une bonne raison. Je hochais timidement la tête. Jacob me prit la main et déclara, assez sèchement:

  • Je vous laisse… Je serai à la maison.

Il déposa un baiser sur mes doigts et me lâcha. Je me retournais pour le regarder s’éloigner, ressentant comme un soudain sentiment d’abandon. Puis, mon regard se porta sur Edward.

  • Très bien, qu’as-tu de si important à me dire que Jacob ne pouvait pas entendre ?

Je vis Edward hésiter puis il sourit faiblement et à ma grande surprise, une jeune femme sortit de nulle part, s’approcha de lui et captura la main qu’il venait de lui tendre dans un geste tendre.

Je l’observais et vis, l’espace d’un instant, ce à quoi j’aurai du ressembler si …

La jeune femme était brune, le teint pale mais à la différence de moi, ces yeux étaient en amande…et dorés. En fait, avant elle devait être très typée. Pendant que je la détaillais sans aucune gêne, elle me souriait. Edward l’approcha de moi, le visage soudain plus heureux.

  • Bella…je te présente Amélia…
  • Bonjour …, répondis-je, émerveillée par sa beauté.
  • Si je suis venu aujourd’hui, c’est parce que je voulais te la présenter. Amélia m’a aidé à remonter la pente. Elle sait tout sur moi, sur toi…et elle m’accepte tel que je suis, avec tout l’amour que j’ai pour toi et tous mes souvenirs. C’est une amie très chère.

Je pensais alors à Jake qui m’avait récupérée après le premier abandon d’Edward, lui aussi m’avait accepté telle que j’étais, brisée…est-ce que Edward serait capable de s’abandonner à Amélia, capable de tourner la page ?

J’observais le couple que j’avais devant moi, me demandant comment Edward l’avait rencontrée ? S’il l’avait crée ?

  • A Londres, me répondit-il aussitôt. Je suis retourné là où nous avions passé du temps tous les deux…et elle venait d’être créée par un…monstre, ajouta-t-il, une soudaine colère dans la voix.

Je compris que leur rencontre avait dû se faire dans la douleur. Elle devait être incontrôlable à ce moment là et Edward avait dû être réellement séduit pour qu’il l’aide à se maîtriser.

Cette dernière n’avait toujours pas prononcé un mot et je plongeais mon regard dans le sien, me demandant si elle avait des sentiments sincères pour Edward ? Si elle serait une amie fidèle ? J’avais un peu l’impression qu’elle me remplaçait, qu’elle venait tout comme Edward l’avait fait avec Jacob, me demander de « passer la main ».

Moi, j’avais ma destinée et je me demandais même avec une certaine honte comment j'avais pu une fois envisager mourir et laisser passer cette vie merveilleuse que j'avais aujourd'hui, ne pas connaître mes enfants, ne pas aimer Jacob...

A son expression de visage, je compris qu’Edward lisait attentivement mes réflexions.

  • Je suis très heureuse que tu viennes me présenter ton amie. Au moins, maintenant je sais que tu n’es plus seul, finis-je par dire, sincère.

Edward hocha la tête en souriant doucement puis il approcha Amélia de moi et ajouta d’une voix soudainement très enjouée :

  • Je voudrais te montrer son pouvoir. Je pense qu’il va te plaire…

J’acquiesçais et Amélia me tendit la main. Je me rapprochais d’elle, légèrement hésitante. Edward m’assura dans un regard que je ne risquais rien. Sa main glacée enveloppa la mienne et dans un flash, je me retrouvais le jour de mon mariage.

Tout paraissait si réel, si présent…je pouvais me retourner et voir les invités autour de moi. Je cherchais Jacob du regard, il venait vers moi, souriant, si beau. Ses yeux brillaient pendant qu’il détaillait mon apparence. Je suivis son regard et revit ma belle robe cuivrée que j’aimais tant…mon père, beaucoup plus jeune, leva un verre dans ma direction et Jacob se pencha vers moi en chuchotant « Tu es merveilleuse…je t’aime tant …madame Bella Black ». J’éclatais de rire, amusée et heureuse de ce nom. Puis, je revis le loup en bois qui me dominait et posais alors mes yeux sur nos mains enlacées dans le collier à plumes… Jacob se rapprocha et m’embrassa avec passion, des applaudissements et des cris de joie éclatèrent…des chants Quileute envahissait ma tête et m’emportais encore une fois.

Soudain, la forêt et le visage d’Amélia réapparurent devant moi.

  • Oh … c’est …c’est incroyable, murmurais-je, troublée d’avoir revécu un moment aussi merveilleux.

Edward me sourit franchement, heureux que l’expérience m’ait plu.

  • Merci, dis-je à l’intention d’Amélia.
  • Excuse-moi d’avoir éloigné Jacob mais son pouvoir ne fonctionne pas en présence de loup-garou, déclara Edward, à demi amusé. Comme pour Alice…
  • Comment le sais-tu ? demandais-je, perplexe.
  • Elle l’a senti quand Jake est arrivé tout à l’heure et elle était très mal à l’aise.

Elle me sourit et je lui rendis son sourire, compréhensive. Puis, je remarquais qu’elle n’avait toujours pas parlé.

  • Elle est muette, me répondit Edward. Nous ne pouvons communiquer que par la pensée.
  • Oh…

Une chance pour cette Amélia et sûrement, une des raisons qui les avaient rapprochés.

Edward hocha la tête, me confirmant ma réflexion.

  • Et si tu es d’accord, je voudrais t’offrir mon cadeau d’anniversaire.

Je relevais la tête vers lui, étonnée. Amélia me prit la main à nouveau dans un magnifique sourire.

Le décor changea subitement.

J’étais allongée sur le sol, les yeux vers le ciel lourd de nuages. Soudain, le visage d’un enfant indien apparut dans mon champ de vision et me fit un large sourire, illuminant tous ses traits. Je me dis qu’ainsi, il pouvait remplacer le soleil qui n’apparaissait pas dans le ciel menaçant. Cet enfant ressemblait à mon fils David quand il avait cinq ans mais il était plus typé…Puis, il se mit à rire et je vis sa main, pleine de boue s’abattre sur mon bras. J’éclatais de rire car le contact de cette terre était froid et gluant.

  • Allez encore un peu par là, s’exclamait-il, heureux du travail qu’il accomplissait.

Il reprit de la boue et en mis sur mes joues.

  • Encore ici !
  • Arrête ! m’écriais-je, saisis par la fraîcheur de la matière. Mais je riais tellement qu’il continua de plus belle.

J’entendis d’autres rires et tournais la tête pour reconnaître Rachel et Rebecca qui riaient aux éclats.

  • Ton père va faire une attaque, lança Rebecca.
  • On s’en fiche ! riposta le jeune garçon. Bella veut être bronzée, comme ça, elle sera bronzée !

Je me forçais à tourner la tête vers lui, je voulais le voir…nos regards se croisèrent et je sentis mon cœur battre la chamade.

L’image se troubla, je sentis la main froide d’Amélia me lâcher. Quel bonheur d’avoir vu ses images ! J’avais l’impression que ma vie se complétait, qu’Amélia venait de m’offrir le morceau qui me manquait…

  • Encore … s’il te plait, lui chuchotais-je.

Son sourire se fit plus radieux et elle reprit ma main.

Je me retrouvais dans un nouveau décor, un champ de maïs. Rachel galopait devant moi et j’entendais ma respiration saccadée pendant que je la suivais à toute allure. J’entendais même le bruit des feuilles me fouetter le visage.

  • Attends-moi, criais-je en riant.
  • Non, non ! Il va nous rattraper !

Soudain, un cri retentit dans mes oreilles et le même petit garçon, mais qui devait maintenant avoir six ou sept ans, se jeta sur moi, imitant le cri d’un fauve. J’éclatais de rire en lui disant :

  • Bon sang Jacob, tu m’as fichu la trouille !
  • Je t’ai eue ! Maintenant, c’est toi le loup !

Et je le vis décamper en riant. Le champ de maïs se troubla à nouveau et je me retrouvais assise par terre, le menton sur mon genou qui me faisait atrocement mal.

  • Bella ? ça va ?

Je relevais la tête et vit Jake qui devait avoir huit ou neuf ans.

  • Non, ça brûle…

Je le vis s’accroupir, ses cheveux lui arrivaient déjà aux épaules. Il jeta un œil attentif aux petits boutons sur ma jambe.

  • Oh…piqûres d’ortie…
  • Hum…
  • Bouges pas !

Et il s’éloigna vers les herbes hautes. Je tournais la tête et vit Charlie lancer sa canne à pêche près de Billy qui était bien campé sur ses deux jambes. Je ne me souvenais pas de lui comme ça…Puis, je vis Jake revenir avec une feuille et le regardais passer la plante sur mes boutons, d’un geste très doux. La douleur s’estompait.

  • C’est quoi ? murmurais-je.
  • Du plantain …
  • Oh…ça fait du bien, merci Jacob.

Il leva ses yeux vers moi et je me dis qu’il serait beau plus tard.

A nouveau, son visage se troubla et cette fois, je me retrouvais dans la petite chambre de Jake. Je le vis jouer avec un petit bonhomme en bois et m’approchais pour regarder l’objet de plus près.

  • C’est toi qui l’as fait ? demandais-je, impressionnée.
  • Oui ! rétorqua-t-il fièrement. Si tu veux, je peux te faire plein de trucs ! Mon père m’a appris.
  • Bah moi je ne sais rien faire, marmonnais-je. Mon père ne m’a rien appris …

Mon regard se porta alors sur un autre petit bonhomme et en le détaillant, je remarquais que c’était une petite fille.

  • C’est quoi ça ? demandais-je, intriguée.
  • Bah c’est toi ! ça c’est Rachel, ça c’est le chien…

Il me montrait un à un ses personnages, sculptés avec une incroyable précision. Il était si petit que je me demandais comment ses petits doigts avaient pu faire toutes ces merveilleuses choses.

  • Et tu fais quoi avec tout ça ?
  • Là, je fais notre mariage ! déclara-t-il, tout sérieux.

J’éclatais de rire et répétais :

  • NOTRE mariage ! Tu débloques ! Tu es plus petit que moi !

Il baissa la tête, vexé que je me moque de lui puis dans une petite moue, il répondit :

  • C’est ton père qui l’a dit à mon père...
  • Quoi ?!
  • Oui, il a dit qu’un jour tu seras ma femme !
  • N’importe quoi !
  • Bah on verra ça tiens ! S’écria-t-il en se levant, en me balançant le petit chien en bois.

Je me retrouvais seule dans la chambre et gloussais du caractère bien trempé de ce petit bonhomme haut comme trois pommes. Puis, je ramassais les petits personnages dans mes minuscules mains blanches et les fit bouger ensemble en riant.  

L’image de nos deux miniatures se brouilla et  le visage d’Amélia apparut devant moi. Je restais un moment sans réagir, craignant que si je faisais un mouvement, toutes ces merveilleuses images disparaîtraient.

  • Ne t’inquiète pas Bella, entendis-je Edward. Amélia est allée chercher des souvenirs enfouis dans ta mémoire mais cette fois, tu t’en souviendras.

J’osais bouger ma tête vers lui.

  • C’est vrai ?

Mon cou était mouillé et je constatais avec étonnement que mon visage était baigné de larmes. J’avais pleuré mais je le sentais au fond de mon cœur, j’avais pleuré de joie…heureuse de retrouver tous ces moments partagés avec Jake que j’avais honteusement occulté de ma mémoire.

  • Merci, soufflais-je à l’intention d’Amélia. Merci Edward pour ce merveilleux cadeau, ajoutais-je, sincère.
  • De rien…j’avais cru comprendre un soir où je t’attendais, que tu regrettais amèrement d’avoir oublié tout ça. Lorsque Amélia m’a montré son pouvoir, cette faculté qu’elle a de montrer des souvenirs heureux, j’ai pensé à toi…et je me suis promis que le jour où j’aurai le courage de revenir te voir, qu’il fallait que je te fasse partager ce bonheur.
  • Quel souvenir as-tu reçu d’elle ? demandais-je, intriguée.
  • Des souvenirs de mes parents, de mon enfance…puis des souvenirs de toi. Grâce à elle, je n’ai gardé en mémoire que nos plus beaux moments, ça m’a permis d’être à nouveau heureux.

Je contemplais Edward, finalement très heureuse de le revoir, de savoir qu’il allait « bien » et qu’il avait peut-être trouvé une compagne idéale pour toutes les longues années qu’il lui restait sur cette terre…nous aurions peut-être pu rester amis, rester en contact…je commençais à l’envisager mais, soudain, une image plus forte s’imposa à moi…mes enfants. Mes fils surtout, eux qui étaient sûrement bouleversés en ce moment même, pendant que je restais là, à hésiter à revoir plus souvent celui qui pouvaient changer leurs vies à tout jamais. Mon cœur se serra en imaginant Aaron et Noah pleurer parce que leur douleur était trop forte, je les voyais déjà comme Jacob, bien des années auparavant, brûlant de fièvre, révolté par leur changement physique, à me demander : pourquoi maman ? Pourquoi aimes-tu ces gens-là ? Pourquoi nous as-tu imposé ça ? Jake avait compris mon attachement pour eux, Seth aussi mais les autres jamais…je ne pouvais pas espérer que mes enfants comprennent. Seule Rosalie allait muter car elle y était destinée.

Mon regard se porta sur Edward et Amélia. Il semblait maintenant en paix avec le passé, avec lui-même, cette femme lui avait apporté de la joie et lui en apporterait encore … et ils allaient vivre ainsi ensemble pour l’éternité.

 

* * *

 

En sortant du bois, deux loups m’attendaient, espérant les ordres de leur Alpha. Je posais ma main sur celui couleur sable en murmurant :

  • C’est bon Seth, il ne reste pas longtemps …

Seth avait toujours apprécié Edward mais cette fois, les choses étaient différentes. Je levais les yeux au ciel et remarquais que le soleil du matin avait bien disparu derrière la masse noire formée par les nuages. Mes enfants étaient chez Sam et Emily, leurs cris n’égayaient plus la maison. Je me sentais triste et angoissé. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti ces sentiments… J’avançais vers le perron, laissant Seth et Paco monter la garde. Je soupirais…

Aaron…je l’entendais encore crier « Papa, ça me brûle !!! »…il avait senti la puanteur…sa force, son caractère et maintenant ça…tout le prédisposait à muter à la moindre occasion. Il était si jeune …mais je savais, de part les récits de nos ancêtres, que des jeunes enfants avaient rejoins leurs loups, même avant la puberté.

J’avais paniqué lorsqu’il s’était jeté dans mes bras en hurlant et mon premier réflexe avait été de demander à Charlie de les éloigner tous au plus vite ! Je revoyais encore leurs yeux écarquillés, ne comprenant pas pourquoi leur père avait soudain changé d’attitude, je leur avais même crié dessus pour qu’ils se dépêchent à monter dans la voiture…ils ne m’avaient jamais vu comme ça…aussi anxieux.

Je tournais mon regard vers la forêt…là où je l’avais laissée…allais-je devoir renoncer et muter à nouveau ? Cette idée me mit en colère. Nom d’un chien ! Pourquoi avait-il fallu qu’il vienne lui parler ? Cette visite, aussi courte soit-elle, allait jeter une ombre sur le bonheur absolu que je vivais avec elle depuis toutes ces années. Même si je n’avais plus rien contre Edward… Bella semblait pourtant hésiter…je me demandais ce qu’elle avait ressenti en le voyant ? Avait-elle eu des regrets ? Elle ne devrait pas mais je n’étais plus sûr de rien.

Nous n’avions jamais vraiment compris pourquoi Bella s’était finalement imprégnée de moi après tout ce temps ? Est-ce que le départ des vampires y était pour quelque chose ? Etait-ce Rosalie et son bouclier qu’elle avait absorbé à Bella ? Ou est-ce que c’était Bella, et elle seule, avec la force de son caractère, avec sa volonté,  qui avait permis à la magie d’opérer ? Est-ce que cette rencontre avec Edward, qui possédait un puissant pouvoir d’attraction pour les humains, allait altérer ce lien merveilleux qui nous unissait ?

L’attente devenait insupportable. Je fixais l’orée du bois, les nerfs à vif…je sentais mes muscles tendus à l’extrême…il était là…en moi, près à surgir, enragé…je fermais les yeux…tentant de calmer la bête…le visage de ma fille qui pourtant fréquentait les vampires fréquemment puis ceux de mes fils défilèrent un à un dans mon esprit mais penser à eux était pire car c’était justement leur avenir qui m’angoissait… alors je me forçais à penser à Bella, à tous les moments heureux que nous avions vécu ensemble mais la seule image qui me venait à l’esprit était celle où elle regardait Edward, les yeux brillants…la colère montait, grondait en moi…je n’avais plus qu’une idée fixe : les ciseaux dans le tiroir de la cuisine ! Une enjambée, un coup tranchant dans la masse de cheveux qui me gênerait lors de ma mutation et en quelques secondes, je partirai rejoindre Seth et Paco mais cette fois, pour ordonner à Edward de quitter les lieux ! Le passé était le passé…même si lui et moi avions mis de côté nos différents, aujourd’hui, ma famille était le plus important.

Du coin de l’œil, je vis Seth se retourner vers moi et me fixer durement…il attendait…il voulait les chasser, malgré sa sympathie pour celui qui venait de faire irruption dans notre vie. Je serrais les mâchoires…Bon sang ! Elle était trop longue ! Il allait la faire changer d’avis ! Je filais vers la cuisine, ouvris le tiroir, balançais tout ce qui n’était pas tranchant pendant que de mon autre main, je tentais de rassembler mes cheveux puis je les vis enfin et, les doigts tremblant, plongeais ma main pour les attraper. Bella allait me tuer mais tant pis, je ne pouvais plus attendre !

  • Mais qu’est-ce que tu fais ? !

Les ciseaux m’échappèrent des mains et se plantèrent dans le plancher en bois. Je tournais les yeux vers elle qui fixait l’objet avec horreur.

  • Bella …

Ce n’était pas un rêve, elle était là, dans l’encadrement de la porte, dans sa belle robe blanche que j’aimais tant…par contre, elle était en colère et je me sentis honteux de n’avoir pas su me contrôler encore quelques minutes.

  • Tu…Tu comptais…, bredouilla-t-elle, choquée par mon attitude.
  • Je ne te voyais pas revenir…, marmonnais-je.

En une enjambée, je la pris dans mes bras. Son parfum…il ne l’avait pas touchée…même pas un peu…j’enfouissais mon visage dans ses cheveux, la caressant pour tenter d’apaiser sa colère.

  • Bella…tu es là…
  • Mais qu’est-ce que tu croyais ? S’écria-t-elle en se dégageant, la voix brisée.
  • Je …je ne sais pas ma chérie…j’étais en train de perdre les pédales…

Elle me fixa durement et je baissais les yeux, plus honteux encore de n’avoir pas eu confiance en elle. Puis, mon air malheureux dû l’apaiser car elle posa sa main sur ma joue.

  • Mais Jake, je croyais que plus rien ne pouvait nous faire douter…pas même Edward, murmura-t-elle tristement.
  • Non, c’est vrai mais …je me disais que …enfin, tu ne vas pas aimer mais je me disais qu’il pouvait peut être te faire encore changer d’avis…que son pouvoir…
  • Quel pouvoir ? me coupa-t-elle, agacée.
  • Et bien…

Je me sentais tellement idiot…comment avais-je osé douter d’elle !

  • Ton imprégnation …c’est arrivé si bizarrement, seulement après son départ et de le revoir, là…j’ai eu peur, avouais-je.
  • Edward n’a rien à voir avec ça ! répliqua-t-elle rudement.
  • Comment peux-tu en être aussi sûre ?
  • Jacob, je me fiche d’Edward ! Moi, tout ce que je sais, c’est que je t’aime et que je suis heureuse avec toi. Très heureuse…, ajouta-t-elle plus doucement.

Mon cœur cognait violemment dans ma poitrine, je l’aimais tellement et j’avais eu si peur de la perdre…je ne l’aurai pas supporté, je le sentais, je serai devenu fou…

Il n’y avait qu’elle dans mon âme depuis que j’étais né, il n’y aurait qu’elle jusqu’à ma mort !

Elle m’enlaça tendrement et je me sentis fondre. Oui, Bella était à moi, elle m’appartenait, corps et âme. Elle était ma femme, comme je me l’étais toujours promis et plus rien ne pouvait nous séparer, plus rien.

  • Merci, souffla-t-elle, interrompant mes pensées.
  • Pourquoi ?
  • Pour avoir soigné mes piqûres d’ortie que je m’étais fait bêtement en voulant échapper en douce à Charlie.
  • Tu te souviens de ça ! M’écriais-je, surpris qu’elle se rappelle enfin de quelque chose de moi dans son passé.
  • Oui…Edward n’était pas seul, il m’a présenté une amie, déclara-t-elle dans un sourire franc, heureuse de me surprendre.

Et c’était réussi ! Si je m’attendais à ça !  Et dire que j’avais voulu y retourner pour quasi lui foutre une raclée.

Bella gloussa, satisfaite de l’effet qu’avait fait cette nouvelle sur mon visage.

  • Amélia a un pouvoir extraordinaire mais qui ne fonctionne pas en ta présence…, m’expliqua-t-elle, éclairant ma lanterne sur la requête d’Edward. Grâce à elle, j’ai le sentiment qu’on m’a rendu une partie de ma vie…une partie très importante.
  • Ah oui ?
  • Tous mes moments passés ici, avec toi…tu étais quand même un sacré phénomène !

Je ris, soulagé, et elle tendit ses lèvres vers moi. Je les capturais avec adoration. Elle s’abandonna pendant de longues minutes puis se dégagea, le regard troublé.

  • Et si on profitait que nous sommes seuls à la maison, chuchota-t-elle.
  • Oh Bella ! Répondis-je en riant. Rien ne t’arrête…
  • Non…

Elle me poussa doucement jusqu’à notre chambre, je me laissais faire, heureux de son enthousiasme permanent et de la retrouver comme si rien ne nous avait perturbé. Je l’embrassais avec passion, une furieuse envie de la dévorer jusqu’à épuisement. Elle s’accrocha à mon cou et força pour me faire basculer. Je suivis le mouvement mais pensais trop tard aux conséquences de notre acte irréfléchi. Le lit se brisa sous mon poids dans un crac sonore qui fit vibrer le plancher.

  • Oh non …, murmurais-je, ça fait combien de fois que je le retape celui-là ?

Sur moi, Bella éclata de rire en enfouissant sa tête dans l’oreiller. Puis elle se redressa et déclara, l’air sérieux :

  • Aucune idée mais on devrait peut être s’en tenir à la forêt…

Je tournais la tête d’un côté puis de l’autre pour constater les dégâts…il était fichu. Je soupirais en pensant déjà au travail qui m’attendait dans les prochains jours.

Bella me rappela sa présence et pourquoi nous étions là en m’embrassant fougueusement. Je la serrais contre moi et elle m’emporta dans ce monde dont elle seule avait les clefs, un monde remplit de caresses, de frissons et de baisers dans le cou, un monde qui n’avait qu’un seul ciel : ses yeux couleur chocolat.

FIN

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