Evolution

Chapitre 5 : Evolution 5

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:47

58 – Si j’avais imaginé tout ça…

 

Pour ma plus grande joie, nous fûmes vite repérés et je savais que l’odeur d’Alice y était pour beaucoup. Seth veillait à l’entrée du territoire Quileute et nous intercepta dans des cris de joies que mon amie ne put pas entendre mais qu’elle devina devant le comportement de mon frère.

Jacob ! Bon sang ! J’avais raison d’y croire ! Je savais bien que tu ne pouvais pas être mort !

Seth ! Mon frère ! Je suis tellement heureux de te revoir !M’écriais-je, tellement content qu’il soit vivant.

Je me sentais tellement soulagé de le voir, j’avais eu si peur pour lui.

Où étais-tu ? Bon sang Jake ! Ça fait des mois que je te cherche, s’écria-t-il.

J’étais avec des amis mais je t’expliquerais plus tard.

Oui…Tu dois revoir Bella !

Ma joie se ternit un peu lorsque je captais tous les souvenirs de Seth mais je pris quand même le temps de reprendre forme humaine pour parler à Alice.

  • Je ne vais pas plus loin Jacob, m’annonça-t-elle. Je préfère attendre là…
  • Non, tu peux venir jusqu’à la Push. Seth t’accompagnera et il transmettra la nouvelle aux autres. Tu ne risques rien.
  • J’espère bien ! S’écria-t-elle faussement indignée. Mais je préfère te laisser retrouver Bella seul…
  • Ok…Reste ici alors.

Je m’apprêtais à filer mais m’arrêtais quelques mètres plus loin en me retournant vers eux.

  • Eh ?
  • Oui ? Demanda Alice, surprise.
  • Tu ne pars pas hein ?

Son rire cristallin résonna dans toute la forêt de Forks et il suffit à me rassurer. Dans un clin d’œil, je me tournais vers le chemin que je devais prendre et la laissais donc avec mon frère pour filer au plus vite jusque chez moi, le cœur battant.

 

Mon père dormait et sans bruit, je pris rapidement de quoi m’habiller pour me rendre là où je devais aller…là où je ne pensais pas qu’elle serait mais qui à l’évidence, était le cas. Les souvenirs que j’avais en tête à présent m’avaient choqué sur plusieurs points et curieusement, c’est sans me pressé que je traversais la forêt qui séparait la maison de mon père et celle de ma sœur. Mon cœur battait pourtant si fort et je sentais mes nerfs à fleurs de peau…il fallait que je me calme.

En silence, j’ouvris la porte de la maison, mes tempes me serraient si fort que j’avais l’impression d’être sourd…je vis ma sœur sur le fauteuil, près du feu. Je m’attardais près d’elle un instant pour la regarder dormir et mon cœur se serra lorsque je vis un mouchoir en boule dans sa main. Je déposais un baiser sur ses cheveux et continuais mon chemin à travers le couloir noir et silencieux, jusqu’à la lueur que j’apercevais dans le fond. La porte n’était pas fermée, je la poussais et entrais doucement, le cœur au bord de l’explosion.

 

Les images que j’avais reçues de Seth m’avaient permis de me préparer au spectacle que j’avais devant moi… « Elle est là où tu l’as laissée», m’avais dit Alice …mais n’empêche que ça faisait mal…surtout lorsque mon regard se posa sur son ventre rond, sur lequel s’étalait le bras de Paul et qui se soulevait sous la respiration régulière de Bella. Les jambes un peu molles, je me dirigeais vers le lit, faiblement éclairé par la lumière du feu et réussis à m’asseoir à ses côtés.

Bon sang, ce qu’elle avait changé !

Je l’avais vue à travers Seth et j’avais reçu mon premier choc sur ses changements physiques mais la voir devant moi… portant mes vêtements, blottis contre lui… Son ventre était énorme et tendu, ses cheveux beaucoup plus longs et malgré le fait qu’elle dormait, je vis tout de suite ses traits tirés par la fatigue et la souffrance. Je posais à nouveau mes yeux sur lui et malgré ça, je ne ressentais pas de vraie colère. Paul ne semblait pas profiter de la situation. Comme un aimant, j’étais à nouveau attiré par son ventre, réalisant alors le temps pendant lequel j’avais été absent, les moments que j’avais loupés et dont Paul avait profité.

Un pincement au cœur me coupa la respiration quelques instants et je ressentis une violente envie de pleurer. Mais je pris une profonde respiration … l’essentiel était que je serai là pour son arrivée !

 

Soudain, je sentis son regard sur moi et nos yeux se croisèrent. Je ne pus m’empêcher de serrer la mâchoire, refoulant mes pulsions. Paul, lui, était surpris mais heureux de me revoir.

  • Jacob !

Il se dégagea d’elle et Bella grogna.

  • Jacob ! C’est pas vrai ! Elle avait raison …

Je levais un œil surpris vers lui, me demandant de quoi il parlait mais je gardais la mâchoire toujours serrée, incapable de lui parler.  

  • Jacob, nous pensions que tu étais mort !

Mais, il stoppa net ses exclamations devant la dureté de mon regard. Je n’étais pas en colère mais je n’avais qu’une envie : qu’il me laisse seul avec elle. Paul dut le comprendre car il se leva alors que je n’avais toujours rien dit.

  • Je n’ai pas profité d’elle si c’est ce que tu veux savoir ! Déclara-t-il sèchement. Il suffirait que tu lises mes pensées pour que je te le prouve ! Je n’ai fait que veiller sur elle….

Je ne savais pas trop dans quel état d’esprit je me trouvais et ça n’avait pour l’instant aucune importance. Je me raclais la gorge et réussis à articuler :

  • On règlera ça plus tard Paul…
  • Je t’attends dehors…, murmura-t-il tristement après un moment de silence.

Je me tournais vers lui, surpris par le ton qu’il venait d’employer. Etais-je trop dur ? Après tout, je lui avais demandé de veiller sur elles. N’aurais-je pas du plutôt lui dire « on parlera de ça plus tard » ? Est-ce que Bella avait raison sur ce point ? Paul était-il mon Oméga, mon souffre-douleur ?

Je le vis hésiter, il voulait me dire quelque chose mais se ravisa. Il comprit que pour l’instant, toute discussion serait inutile. Je savais par Seth ce qu’il était devenu…j’avais vu sa rébellion.

Il quitta la pièce et je me tournais légèrement vers la porte pour vérifier bêtement qu’il nous laissait bien seuls. Puis, je tournais à nouveau la tête vers elle et d’une main tremblante, lui caressais le sommet des cheveux avec douceur…je ne savais pas trop si j’avais envie de la réveiller, ma gorge était atrocement serrée, j’avais du mal à respirer mais soudain ses yeux s’ouvrirent, immenses, me fixant d’abord sans y croire puis brillants comme des diamants.

  • Oh ! Fit-elle dans un cri étouffé en se jetant à mon cou.

Elle s’était relevée à une vitesse époustouflante bien qu’elle soit encombrée par son gros ventre. Ses deux mains enveloppèrent immédiatement mon visage, elle plaqua le sien contre le mien et le caressa de ses lèvres puis de ses joues…

  • Oh mon Jacob, ma vie, mon cœur…je respire enfin, tu es là…Je savais que tu reviendrais, je n’ai jamais abandonné, je l’ai toujours su. Je n’ai jamais cru à ta mort, jamais, chuchota-t-elle en sanglotant doucement.
  • Ma Bella …, murmurais-je, avec un mal fou à contenir mes larmes.

Elle me lâcha et cherchait mes mains fébrilement, les trouva dans son dos et me les colla sur son ventre.

  • Touche-moi…poses tes mains sur moi…touche-la…oh mon amour, elle t’attendait ! Je lui parlais toutes les nuits…je lui expliquais que son papa allait bientôt la caresser…

Mes doigts sentirent alors comme des vagues dans son corps puis quelque chose de dur qui fit tendre la peau de son ventre. Mon cœur cognait à se rompre dans ma poitrine, je ne respirais plus…bouleversé, je ne faisais que sentir là, à travers l’infime peau de Bella, celle qui venait de moi et qui avait grandit si vite.

  • Oh Bella…
  • Tu la sens ? Chuchota-t-elle contre mon visage.
  • Oui…
  • Parle-lui, j’ai tellement besoin d’entendre ta voix…

Elle se nicha alors dans le creux de mon cou, je sentais la chaleur de son souffle sur ma poitrine et ses sanglots étouffés me firent mal. Je l’entourais de mes bras pour tenter de la calmer mais j’étais moi-même tellement bouleversé…j’avais vraiment du mal à retenir mes larmes et ma respiration saccadée secouait Bella, si coller contre moi que j’avais l’impression qu’elle était dans mon corps.

  • Qu’est-ce que j’allais faire sans toi ? Jacob…, pleura-t-elle. Qu’est-ce que je serais devenue ? J’étais en train de me perdre…j’étais perdue mon amour…
  • Chut ma chérie…je suis là maintenant…, murmurais-je, en lui caressant les cheveux.
  • Je ne savais plus quoi faire…j’avais si mal…qu’est-ce que je serais devenue sans toi ? Répéta-t-elle dans un gémissement. Sans mon soleil, j’avais si froid…

Elle sanglotait si fort que son corps fut agité de violents tremblements. Je pris alors conscience de la profondeur de sa peine, des mois de douleurs, d’attente et de doute… Je serrais sa tête fort contre mon cœur et murmurais à son oreille :

  • J’aimerai tellement prendre ta douleur Bella…j’aimerais tellement te faire oublier ces mois de souffrance.
  • J’avais tout prévu, chuchota-t-elle en reniflant, la tête toujours enfouie dans mon cou, si tu n’étais pas revenu, je serai venue te rejoindre…
  • Comment aurais-tu pu ? Murmurais-je. Tu ne savais même pas où j’étais ! J’étais à plus de cinq milles kilomètres de toi Bella, j’étais en Alaska.

Elle releva la tête et planta ses beaux yeux chocolat dans les miens. Je lui souris tendrement mais mon sang quitta mon visage lorsque je vis cette détermination que je connaissais bien dans ses yeux, lorsque je compris avec horreur ce qu’elle était en train de me dire…si je n’étais jamais revenu !

Elle continua d’une voix morne:

  • Je m'étais fait une promesse : le jour où Rosalie se serait imprégnée…elle n’aurait plus eu besoin de moi…
  • Tais-toi Bella…Tais-toi…, murmurais-je en secouant la tête, anéanti.

J’étais en train de prendre conscience de la gravité de la situation, de ce que ça aurait pu être si je ne m’étais pas réveillé, ou alors trop tard…

  • Paul aurait fini par devenir un peu son père, comment aurais-je pu lutter contre ça, hein ? Murmura-t-elle.
  • Bella, je t’en prie…ne dis plus rien…
  • Il lui aurait appris aussi des choses, continua-t-elle, un peu, pas comme toi mais il aurait été là, il aurait veillé sur elle comme sur moi…Alors, je t’aurais rejoins mon amour, nous aurions été ensemble pour l’éternité.  
  • Bella…TAIS-TOI ! Hurlais-je, de cette voix qui résonnait toujours dans ma tête.

Elle s’était tue, surprise par mon cri, mais je savais qu’elle n’en avait pas fini avec mon cœur…mes ordres Alpha n’avaient aucun effet sur elle.

Je la fixais durement, ne pouvant pas retenir un sanglot. J’avais l’impression qu’une lame transperçait mon cœur et que tout ceci n’était qu’un cauchemar. Pourquoi avais-je pris la décision de suivre cette sangsue ? Pourquoi y étais-je allé seul ? J’avais perdu tellement de temps ! J’avais failli la perdre pour toujours…

Elle se colla contre moi, me dominant, et tout en me caressant les cheveux, elle murmura :

  • Ne me laisse plus jamais derrière toi Jacob…tu m’entends ? Ne me laisse plus jamais. Si tu pars, je pars…si tu te bats, je me bats…si tu tombes...je tombe.

Mes larmes ne finiraient jamais de couler, jamais je ne pleurerais assez pour effacer tous ces mois de douleur qu’elle avait vécu par ma faute. Bella serra ma tête contre son cœur et me berçait doucement. Elle était calme à présent, je sentais sa respiration reprendre, encore parfois rompue par des spasmes. Puis, elle me prit par la taille et chuchota :

  • Ce n’est rien…mon cauchemar est enfin terminé…je vais revivre…

Je me calmais, mes larmes avaient soudain cessé et je reprenais ma respiration.

Les yeux dans les yeux, nous nous dévisagions ainsi pendant de longues minutes, chacun se nourrissant des traits de l’autre, chacun réalisant à quel point l’autre lui avait manqué.

  • Je suis désolé …, m’excusais-je. Je n’ai pas vécu la même souffrance que toi …je me suis réveillé il y a seulement un mois et je n’étais pas vraiment en état de revenir, réussis-je à expliquer.
  • Mais où étais-tu mon chéri ? Qu’est-ce qu’on t’a fait ? Demanda-t-elle en voyant alors mes cheveux ras. Oh mon cœur, j’espère que tu n’as pas trop souffert ?
  • C’est compliqué mais rassure-toi, j’étais avec des amis.
  • Quoi ? S’étonna-t-elle.
  • Je t’expliquerais, ajoutais-je. Mais je veux d’abord profiter de toi…

L’enfer commençait à s’éloigner…il nous faudrait reconstruire avec ça mais nous allions y arriver. Elle se nicha à nouveau dans mon cou et je la berçais encore, sentant que nous commencions à reprendre pied…mes lèvres cherchèrent alors les siennes, tremblantes et elle les captura presque avec violence. D’une main, elle agrippa ma nuque et son baiser se fit passionné, presque douloureux tellement elle voulait me sentir vivant. Je n’osais pas trop la serrer contre moi alors je pris aussi son cou entre mes deux mains et le caressais avec douceur. Elle finit par se calmer un peu et déposa des baisers tendres sur mes lèvres puis mon nez, mes yeux…je fus obligé de sourire, amusé par son attitude fiévreuse et elle captura à nouveau mes lèvres dans un geste sensuel. Elle s’approcha plus contre moi, à genoux sur le lit et me caressa les cheveux, le cou, le dos. Je fermais les yeux et lui rendis son baiser avec tout l’amour dont j’étais capable.

  • Jacob…je t’aime tant, chuchota-t-elle.

Je me sentais chavirer mais son état me retenait. J’enfouie alors ma tête contre sa poitrine et nous restâmes un long moment ainsi, à nous bercer. Puis elle s’allongea et m’attira contre elle. Je posais alors mon oreille sur son ventre et entendis avec une joie indescriptible les battements rapides du cœur de ma fille.

 

59 – Adoration

 

Jacob me prit la main et m’entraîna à travers le couloir jusqu’au salon où Rachel attendait, les yeux écarquillés, le visage baigné de larmes. Jacob se dirigea vers elle et l’attira contre lui avec son bras libre. Je la sentais au travers de son corps, secouée par les sanglots et qui murmurait :

  • Oh, mon frère…tu es là…tu es revenu…tout va bien se passer maintenant.
  • Oui je suis là Rachel, tout va bien. Toi aussi tu m’as manqué.

Je restais derrière Jacob, n’osant pas les interrompre. Je savais que Rachel avait souffert autant que moi et avait fini par perdre espoir. Je savais aussi que son « tout va bien se passer maintenant » incluait le fait qu’elle et Paul s’étaient éloignés et que le retour de Jake signifiait mon départ de leur maison.

Jacob finit par la lâcher en murmurant :

  • Excuse-moi, on m’attend dehors.

Je fus surprise par cette nouvelle car en fait, il m’avait soudain aidé à me lever et nous avions quitté la chambre mais il ne m’avait rien dit. Je pensais qu’il m’emmenait tout simplement ailleurs mais apparemment, ce n’était pas le cas. 

Une fois sur le perron, je m’accrochais à son bras de mon autre main et le suivais ainsi, presque collée contre lui. Plus jamais je ne le quitterais d’un centimètre, j’avais beaucoup trop souffert de son absence. Dehors, le jour se levait. Je vis par delà son épaule que des membres de la meute attendaient dans la cour de Paul et à ma grande consternation, ils se mirent tous à genoux, comme dans mon rêve, et baissèrent la tête à notre apparition. Je reconnu Leah, Paco dont le regard triste me bouleversa, Seth en tête et près de lui, Paul. Mais il y avait aussi Jared et Quil un peu plus en retrait, et ça, ça me choqua car leur soumission traduisait parfaitement leurs intentions. Je sentis une légère hésitation de la part de Jacob puis il me lâcha et avança vers eux d’un pas déterminé. En descendant les trois marches qui le menaient à eux, il prononça un mot en Quileute de cette voix étrange à laquelle j’allais devoir m’habituer. Tous ceux qui étaient à genoux, se levèrent dans un seul mouvement. Paul gardait la tête baissée mais quand Jacob fit un pas vers lui, il la releva et planta un regard franc dans les yeux de celui qu’il attendait depuis si longtemps.

Ils s’observèrent ainsi pendant une longue minute, je ne voyais pas le visage de Jacob mais ses épaules étaient tendues. Puis, je le vis poser sa main droite sur l’épaule droite de Paul et à nouveau, il lui parla en Quileute mais cette fois, sa voix était normale. Mon cœur battait très fort dans ma poitrine car j’espérais que Jacob était en train de prononcer les mots que Paul attendait depuis longtemps, lui qui était devenu un loup solitaire en attendant de faire partie de la meute de Jake. Paul hochait la tête et je me dis qu’il serait peut-être bien que j’apprenne cette langue merveilleuse qui me faisait vibrer à chaque mot. Je me promis de commencer à la naissance de ma fille, lorsque son père lui apprendrait les mots simples de tous les jours. Puis, Jacob le lâcha pour se diriger vers Quil qui l’attendait dans un grand sourire, les yeux pétillants de bonheur. Mon regard se posa à nouveau sur Paul qui, tête baissée vers le sol, souriait doucement. Je le vis secouer légèrement la tête comme si il se disait : « c’est pas vrai » puis il leva les yeux et nos regards se croisèrent. Je lus alors en lui une joie sans limite et beaucoup de fierté.

Jacob fit le tour de chacun avec une assurance qui me fit comprendre qu’il avait complètement accepté son rôle au sein de notre famille. Il s’attarda près de Paco et je compris qu’il avait appris la mort de son frère jumeau au combat contre les Volturi. Puis, il revint se mettre sur le perron et me tendit la main que je chopais aussitôt pour me coller à nouveau contre lui. Après un petit moment de silence, il entama un discours à nouveau en Quileute à l’intention de ses frères qui se tenaient tous debout, face à lui, la tête haute. Je ne comprenais pas ses mots alors je me mis à caresser son bras avec ma joue, savourant son parfum et sa chaleur qui m’avaient cruellement manqués. Il s’arrêta de parler et tous ceux qui se trouvaient là répondirent un mot à l’unisson qui me donna la chair de poule tellement le moment était solennel. J’étais si fière de lui, fière de sa force et de son autorité. Je levais les yeux vers lui et le trouvais encore plus beau qu’avant. J’étais si heureuse de lui appartenir et de porter son enfant…mes mois de douleur étaient en train de s’éloigner très vite de mon esprit et je soupirais de plaisir en me serrant encore plus contre lui. Soudain, je remarquais un nouveau silence mais il fut interrompu par un cri, dont la pureté du son me rappela de lointains souvenirs et j’eu le flash d’une amie que je pensais avoir oubliée :

  • Waouhhh ! Jacob ! C’est toi le meilleur !

Tout le monde tourna la tête vers la forêt sauf Jake qui baissa la tête en riant. Et en un battement de cil, le visage d’Alice apparut devant lui, si blanc et souriant. J’avais le souffle coupé par cette vision et il le fut une deuxième fois lorsque je la vis prendre le visage de Jacob à deux mains et qu’elle lui planta un baiser sonore sur la bouche. Elle éclata de rire et je vis du coin de l’œil Paul et Jared afficher une mine écoeurée :

  • Ah ça te démangeait hein ! Lança Jacob en riant.
  • Hum…oui ! Rigola-t-elle.

J’hallucinais et heureusement que je me tenais à lui sinon je crois que je serais tombée.

  • Alice…, murmurais-je.
  • Bon sang Bella ! Mais tu es énorme !!! S’écria-t-elle en s’approchant de moi.
  • Alice …, répétais-je, bouleversée de la revoir.
  • Oh la…tu devrais t’asseoir ma belle, ça fait beaucoup d’émotions pour aujourd’hui…tu vas accoucher là tout à l’heure, rigola-t-elle en lançant malgré tout, un regard inquiet vers Jacob qui ne m’échappa pas.

En effet, ma tête me tournait mais je sentais encore bien Rosalie et d’ailleurs, depuis que les bras glacés d’Alice me tenaient, je la sentais bouger plus que la normale. Je me dégageais car la sensation était désagréable et au même moment, je vis un trait soucieux sur le front de mon amie.

  • Qu’est-ce qu’il y a ? Lui demanda Jake, inquiet pendant que je m’asseyais sur le fauteuil à bascule.
  • Je ne sais pas …c’est étrange, murmura-t-elle. Je viens de recevoir des images troublantes…
  • Quelles images ? S’inquiéta Jake en s’accroupissant près de moi.
  • Mon futur…mais à l’envers… comme si il se rembobinait…

Je déglutis, comprenant que Rosalie venait de renvoyer le pouvoir d’Alice avec son bouclier défensif. Aro m’avait expliqué que son pouvoir pouvait être très dangereux pour ceux qui avaient un don mental comme lui.

  • Alors, ne me touche plus Alice, s’il te plait, déclarais-je.
  • Quoi ? S’étonna-t-elle, en reprenant ses esprits.
  • Oui…Bella a raison. C’est…c’est ce que je révélais à Carlisle, expliqua Jacob troublé. Notre fille a absorbé le don que Bella avait mais apparemment, il agit dans l’autre sens.
  • Oh…elle est déjà très forte, murmura-t-elle dans un sourire crispé.
  • Oui…, répondis-je, un peu chamboulée.

Jacob sentit en même temps que moi l’agitation des autres et il se releva. Alice se dégagea de devant moi et je vis alors Sam et Emily qui arrivaient main dans la main, suivis de Embry qui portait leur bébé. Je déglutis, craignant soudain une altercation mais le regard de Sam me calma aussitôt quand il lâcha Emily pour venir se mettre à genoux devant Jacob en souriant. Jake s’approcha vivement de lui et lui tendis la main pour qu’il se relève. Sam s’exécuta et prit Jake dans ses bras en riant et lui disant des mots que je ne comprenais encore pas.

  • Pardon mon frère de n’avoir pas été là pour la naissance de ton fils, déclara ensuite Jake. Je suis choqué de voir tout ce que j’ai manqué.
  • Le principal est que tu sois là ! Répondit Sam en tapant sur son épaule.

Oui…il était là, il était de retour, il était avec moi, avec nous ! Je ne le quittais plus des yeux, je me sentais si proche de lui, comme si nous ne faisions plus qu’un. Chaque pas qu’il faisait, chaque geste, chaque sourire, je les faisais avec lui mentalement. Sa voix était une douce mélodie qui résonnait avec bonheur dans mes oreilles. Il m’avait tellement manqué ! Jamais plus je ne le quitterais, jamais !

 

60 – Sa reconnaissance

 

Il m’avait dit « après le repas », pendant que Bella se reposerait ou discuterait avec Alice. En y pensant d’ailleurs à celle-là, j’allais devoir aérer ma maison de partout après son départ. Je ne comprenais pas comment Jacob faisait pour la supporter quasi toujours coller à lui et encore pire de se laisser toucher ! Cette « fille » était bien gentille mais son odeur me brûlait le nez au plus haut point et m’écoeurait tellement que je ne pouvais pas rester dans un rayon de dix mètres. Rachel ne la sentait pas, Jacob la traînait partout et Bella l’adorait…bref, j’étais le seul que ça dérangeait. Alors j’avais passé ma matinée dehors, à l’attendre. Je stressais un peu, comme si je me retrouvais sur les bancs d’école que je détestais, prêt à me faire juger par mon prof de math. La porte s’ouvrit et mon cœur s’accéléra. Jacob sortit le premier, le visage fermé qui ne m’annonçait rien de bon…derrière lui, la sangsue et Bella qui semblait de plus en plus fatiguée mais tellement heureuse…la petite pointe d’un couteau vint me titiller la poitrine et j’essayais de la chasser immédiatement de mon esprit.

Il descendait les trois marches du perron quand Bella le rappela. Elle ne me quittait pas des yeux en lui parlant et je compris que mon « cas » était discuté dans les hautes sphères. Jacob hochait la tête, mâchoires serrées puis se tourna vers moi, sans me regarder. Il s’approchait vivement et je ne pus m’empêcher de déglutir lorsqu’il passa devant moi et me fit un signe pour le suivre. Son regard sévère me donnait déjà le ton de cette rencontre. C’est fou comme je me sentais soumis à présent, Jacob avait un tel pouvoir sur moi que je savais déjà qu’il pourrait m’ordonner ce qu’il voudrait, je lui obéirais.

Il s’arrêta à l’orée du bois et se déshabilla, toujours en silence. Je fis la même chose et attachais mon short à ma cheville non sans ressentir un certain stress face aux minutes qui allaient suivre. Jake voulait « lire » en moi et pour ça, nous devions être en loups…je ne pourrais pas lutter contre toutes les images qu’il allait recevoir, claires comme de l’eau maintenant qu’il était mon Alpha et que Sam n’altérait plus la transmission. Je savais déjà ce qu’il chercherait dans ma mémoire : tout ce qui m’avait amené à défier Sam et à le choisir lui mais aussi tout ce que j’avais pensé sur Bella, et fait…

Il se transforma à une vitesse époustouflante et je mutais également en remarquant que j’avais encore du boulot si je voulais atteindre son niveau. Il démarra et nous courûmes ainsi en silence, côte à côte, pendant plusieurs kilomètres. Ce silence était pesant alors que je savais parfaitement que maintenant, il m’entendrait et moi aussi. Je ne captais aucune de ses pensées et je compris à quel point il était devenu fort dans le domaine de la dissimulation et du bouclier mental.

Il finit par s’arrêter sur la plage et à ma grande surprise, reprit forme humaine. C’est vrai que maintenant, il pouvait nous « contrôler » même ainsi mais le fait qu’il ne profite pas de l’accès illimité à ma tête me déstabilisa un peu. Habillé, il avança vers l’océan et je le rejoignis après quelques secondes, toujours sans prononcer un mot. Je me mis à côté de lui, il avait les sourcils froncés et semblait réfléchir. Alors, je le laissais et regardais aussi les vagues fouetter les rochers avec une force admirable. J’étais tendu comme arc, appréhendant qu’il me jette finalement de la meute après avoir vu ce que j’aurai voulu cacher toute ma vie. 

  • Tu occuperas la place de gamma après Seth, déclara-t-il après quelques minutes. Tu seras au même niveau que Sam dans la hiérarchie.

Je tournais brusquement la tête vers lui, sans voix.

  • Mais…
  • J’en ai déjà discuté avec eux, ils sont d’accord, ajouta-t-il sans cesser de fixer l’océan.

Je l’observais un instant puis, jugeant qu’il ne valait mieux pas le faire changer d’avis en répondant n’importe quoi qui attise sa colère, je hochais la tête et répondis :

  • ok…merci Jacob.

Je pensais que après ça, il allait changé de ton ou me dire un « mais ». Or, il semblait toujours réfléchir et finit par baisser la tête sur le sable, les bras croisés. Je sentais qu’il pesait le pour et le contre de quelque chose…allait-il me foutre une raclée ici ou plus tard ? Il se racla la gorge puis se tourna enfin vers moi et planta ses yeux noirs dans les miens.

  • Autre chose…Bella insiste pour que tu sois le parrain de Rosalie…

Quoi ? Je sentis soudain mes jambes ramollirent, comme si on venait de me mettre un coup de batte derrière les genoux.  Moi ? Parrain de Rosalie ? Parrain de leur fille ? De sa fille…Rosalie…Rosalie ? Je réfléchis un moment puis me risquais à demander :

  • Rosalie ? Comme…
  • Oui ! Claqua-t-il, sachant déjà à quoi je pensais. Curieusement il semblait un peu gêné mais se ressaisit aussitôt. Un problème ? Ajouta-t-il sèchement.
  • Non, non…Rosalie…ça me va…

J’y croyais pas ! Bella les aimait-elle à ce point !

  • On laissera donc tomber la tradition de la chasse et tu seras officiellement proclamé son parrain le jour de sa naissance et encore de notre mariage pour ceux qui n’auraient pas compris, déclara-t-il.
  • Ok…merci Jacob !

Mis à part son prénom, j’étais super content !

  • Ne me remercie pas ! C’est elle que tu dois remercier.

Son ton cassant me coupa ma joie en une seconde. Je baissais la tête, constatant qu’il ne m’avait toujours pas vraiment accepté, qu’il en faudrait avant qu’il me traite comme n’importe lequel de la meute. Il dut sentir mon trouble car il ajouta, plus calme :

  • Moi je te remercie pour tout ce que tu as fait pour elle et pour l’avoir sauvée…comme je te l’avais ordonné.
  • Oui…, répondis-je, la gorge serrée.

J’étais fier d’avoir assuré ce jour là ! Et qu’il me remercie précisément pour ça valait tout. Pourtant, je savais qu’à ses yeux, je ne méritais pas tout cet honneur. Il hocha la tête, comme en écho à mes pensées puis ajouta :

  • Et merci pour avoir veiller sur elle comme tu l’as fait ! Sans toi, elle ne serait peut-être plus là.

Puis, sans même me laisser le temps de réagir, il me laissa là, prêt à repartir vers la maison.

  • Et c’est tout ? M’écriais-je.

Il se retourna et revint vers moi. Je regrettais soudain mes paroles.

  • Qu’est-ce que tu veux de plus ?
  • Je ne sais pas…tu as du voir que …enfin, j’ai dérapé Jacob !

Voilà, c’était dit, autant que les choses soient claires.

  • Non, tu as essayé mais tu as vite compris…, répondit-il dans un petit sourire moqueur.
  • Oui mais…
  • Mais quoi ? S’énerva-t-il soudain. Ça ne t’a pas suffit l’autre jour ?
  • Elle m’attire toujours, murmurais-je, sachant que j’allais attiser sa colère mais je voulais qu’il sache !

Je croyais que non, continuais-je, mais ce que j’ai fait prouve le contraire…

  • Alors tu vas devoir apprendre à te contrôler ! Siffla-t-il, son visage tout près du mien.
  • Je sais …Mais parfois, je ne suis pas sûr que ça va passer…
  • Et bien tu t’en prendras encore ! Claqua-t-il. Jusqu’à ce que tu comprennes ! Et si tu ne comprends pas avec ça, tu changeras vite fait de statut ! Tu finiras Oméga et ça aussi c’est une idée de Bella ! Me prévint-il, moqueur.
  • Oméga ? Tu plaisantes là ?

Je devais être aussi blanc que la fille Cullen car il rit doucement puis répondit froidement :

  • J’ai l’air du mec qui plaisante ?

Je finis par secouer la tête tellement son regard me transperçait. Il était et serait toujours le seul à qui j’avais envie d’obéir. Il était hors de question que je gâche cette chance ! Je lui lançais un regard franc, espérant lui transmettre toute ma détermination.

  • Bon…je compte sur toi, soupira-t-il, plus calme. Je ne vais pas passer ma vie à te taper ou à t’engueuler et puis Bella ne le permettrait pas !
  • Oui…, murmurais-je, soudain très heureux.
  • Allez !

Il retourna jusqu’à la clairière et je le suivis, fier d’enfin appartenir à celui que j’attendais.

 

Une fois que nous fûmes chez moi, Jacob rentra dans la maison et à ma grande surprise, Bella en sortit. Elle s’approcha de moi, un léger sourire sur ses lèvres pâles. Je baissais la tête, refoulant le trouble qui m’envahissait déjà et que je parvenais à rejeter avec plus de facilité chaque jour.

  • Salut…, souffla-t-elle.
  • Salut…Jacob m’a dit…je voulais te remercier, déclarais-je aussitôt.
  • Non, ne me remercie pas, c’est le minimum que je peux t’offrir, répondit-elle en s’appuyant contre la rambarde des marches. Pour tout le temps que tu as passé à me protéger, à nous protéger, ajouta-t-elle, les yeux brillants.
  • Tu sais très bien pourquoi je l’ai fait, répondis-je sans la quitter des yeux.

Elle se troubla et je baissais la tête, regrettant d’être aussi direct sur ce que je ressentais pour elle.

  • Oui…mais tu m’as respectée, finit-elle par dire. Tu as toujours été là, tu n’as pas lâché. Et sans toi, sans Rosalie, je n’aurai jamais tenu le coup.
  • Tu es plus forte que tu le crois Bella…, murmurais-je en souriant. N’oublie pas, tu es une dingue…tu y as toujours cru, tu n’aurais jamais flanché.
  • Détrompe-toi, soupira-t-elle.

Elle semblait perdue dans ses pensées puis releva la tête et me sourit. Je lui rendis et nous nous dévisageâmes comme ça pendant une longue minute. Je me permettais pour la dernière fois de lui transmettre par mon regard tout ce qu’elle représentait pour moi et toutes les pensées que j’avais pour elle. Elle hocha la tête et je la vis rougir puis elle me pressa la main brièvement avant de me lâcher et de retourner près de Jacob. Elle respirait enfin...

Je la regardais rentrer dans ma maison peut-être pour la dernière fois, mon cœur cognait violemment dans ma poitrine. J’étais heureux, heureux pour elle, heureux d’être maintenant utile et heureux d’avoir été choisi pour représenter celle qui deviendrait notre Reine un jour. 

 

61 – C’est si bon de rentrer chez soi !

Je me sentais soudain impatient. J’étais en fait envahi par des milliers de sentiments mais là, je n’avais plus qu’une idée en tête et il fallait que je le fasse maintenant. Je me levais et déclarais à ma sœur que nous devions maintenant partir. Je devais voir mon père, qui je le savais par Seth, m’attendait chez lui et la journée ne pouvait pas s’achever sans accomplir la promesse que je m’étais faite avant tout ça ! Bella me suivit et son gros ventre l’empêchait de marcher trop vite. Alice était toujours près de nous mais je sentais que le départ approchait. Nous marchâmes donc tous les trois au rythme de Bella jusqu’à la maison rouge où Billy veillait patiemment. Mon choc avait été grand lorsque j’avais vu son image dans les souvenirs de Seth à mon arrivée, mais là, même de loin, même que je m’y attendais, le choc fut tout aussi immense. Il avait un peu vieilli depuis ma « disparition » mais surtout, le plus douloureux à regarder était cette grande mèche blanche qui garnissait maintenant ses longs cheveux noirs. Tout en avançant vers lui, je baissais la tête, retenant encore une fois mes larmes, et lorsque je l’atteignis, je me mis à genoux près de lui et lui pris la main que je serrais très fort. Les yeux brillants de joie et de fierté, il me secoua doucement en murmurant :

  • Te voilà enfin mon garçon ! Te voilà enfin…je savais que tu leur avais fait la peau à ces sang-froid !

Je n’arrivais pas à détacher mon regard de ces cheveux, réalisant alors toute la peur et la souffrance qu’il avait du ressentir. Je l’imaginais, seul, devant le feu de notre salon, à attendre et espérer mon retour, à s’imaginer le pire…Seth m’avait raconté que le jour de ma disparition, l’annonce de ma « mort » avait provoqué comme une crise cardiaque à mon père. Charlie l’avait retrouvé le lendemain matin sur le perron, tombé de son fauteuil, cette grande mèche blanche était apparue pendant la nuit. Il avait passé quelques jours à l’hôpital et avait fini par vouloir rentrer pour « m’attendre » comme il disait.

Bella, Seth, ma sœur …mon père…tous avaient tellement soufferts, mais chacun dans leur coin…il allait en falloir du temps pour que je parvienne à combler et guérir tout ça !

Je me relevais et Bella s’approcha de Billy, un léger sourire aux lèvres mais les yeux remplis de larmes. Elle lui tendit la main qu’il prit aussitôt.

  • Ah tu revis toi hein ? S’exclama-t-il en riant doucement. Tu m’as manqué jeune fille ! J’aurai aimé que tu viennes me voir un peu…
  • Je suis désolée Billy…je ne pouvais pas revenir ici, s’excusa-t-elle en crispant son visage. C’était trop dur.

Je fis un petit signe à Alice qui hésita un peu avant de nous rejoindre sur le perron. Elle me fixa longtemps avant d’oser poser son regard sur mon père qui la toisait comme on regarde une bête curieuse. Je la sentais si stressée de se retrouver seule face à un Ancien de mon espèce que je m’approchais plus d’elle en déclarant :

  • Papa, je te présente mon amie, enfin notre amie : Alice Cullen…

Bella me fit un petit sourire, riant intérieurement du fait que je m’appropriais Alice.

  • Ta famille est très honorable petite Cullen ! Merci pour tout ce que tu as fait pour mon fils.
  • Oh…c’est normal. Je tiens beaucoup à Jacob, répondit-elle en riant.

Billy lui tendit la main et elle hésita avant de lui serrer. Je le vis se crisper un peu puis il ajouta :

  • Tu transmettras mes amitiés à ton père. Il en aura fait beaucoup pour mes fils ! Sans lui, sans vous…je serais bien seul à présent.
  • Je lui dirais ! Déclara Alice dans un grand sourire tout en lâchant mon père mine de rien. Bon ! C’est pas tout ça ! S’écria-t-elle alors. On va la voir cette maison ?

Je ris de la voir si impatiente et surtout si désireuse de casser cette ambiance trop pesante. Pour elle, j’étais là, c’est tout ce qui comptait. J’aidais Bella à descendre les marches, Alice nous suivait. Je fis un signe à mon père pour qu’il comprenne que nous allions revenir après. Nous marchions doucement pour contourner la maison quand soudain, Alice se tendit et semblait complètement ailleurs. Bella m’arrêta en disant :

  • Tu as une vision ?

Elle ne répondit pas tout de suite puis son visage s’éclaira:

  • Surtout, vous ne bougez pas ! Je reviens !

Elle fila si vite que je ne la vis même pas démarrer. Bella riait doucement, habituée aux délires de son amie. Moi, j’avais encore du mal avec ça. Quoique les rêves de Bella s’apparentaient un peu à ça. Quelques minutes plus tard, elle revint près de nous en riant :

  • Il s’était perdu ! Il a fallu que je l’arrête pour qu’il fasse demi-tour !
  • Mais de qui tu parles ? Demandais-je.

Mais, Alice n’eut pas le temps de répondre qu’un camion s’engageait dans la cour de mon père. Alice sautillait littéralement sur place pendant que Bella et moi regardions ce camion sans comprendre. Je vis mon amie nous lancer un sourire d’excuse avant de déclarer :

  • Ne m’en voulez pas…je n’ai pas résisté !

Connaissant Alice, je commençais à deviner la teneur du camion et commençais à avoir peur. Bella éclata de rire lorsque le livreur fit signer un bon à Alice et ouvrit son véhicule.

Il était plein et je soupirais déjà.

  • Jacob ! Je sais que tu es très doué et que tu aurais aimé faire ça toi-même mais tu n’as pas eu le temps et cette enfant va arriver d’un instant à l’autre et n’aura même pas de chambre !
  • Alice…, soupirais-je à nouveau.
  • Non, non, ne me remercie pas ! J’ai pris du bois ! Je sais que c’est ce que tu aurais fait !

Bella éclata de rire devant ma tête dépitée. Alice sauta dans le camion avec l’agilité d’un chat et aida le livreur à retirer les plastiques autour des meubles.

  • Mais tu as pris toute la chambre ! M’écriais-je.
  • Ah oui ! Et je vous ai pris aussi tout ce qui compose la cuisine aussi ! ça, je sais que tu ne pouvais pas le faire toi-même et c’est notre cadeau de mariage ! A Jasper et moi, ajouta-t-elle dans un large sourire satisfait.

Bella me donna un coup de coude pour que je réagisse, mais j’étais ahuri. Alice vit mon expression et cru qu’elle m’avait vexé.

  • Allez Jacob…soit cool ! Tu feras la chambre des suivants !

Je réussis à secouer la tête tout en haussant les épaules : de toutes façons, maintenant que c’était là ! Et puis, Alice n’avait pas tort. Je n’avais rien préparé. Au moins, Rosalie aurait de quoi dormir maintenant.

  • Super ! S’écria-t-elle en voyant mon petit sourire de capitulation.

Je lâchais Bella et montais dans le camion pour aider le livreur. Bella était aux anges et elle semblait si heureuse que j’en oubliais ma déception de n’avoir pas pu lui offrir tout ça moi-même.

  • C’était ça ton coup de fil avant de partir ? Lui demandais-je sous un faux ton de reproche.

Elle me fit un clin d’œil et je soupirais à nouveau en voyant plusieurs caisses de vêtements au fond du véhicule.

  • Où est-ce que je mets ça ? Demanda le livreur.
  • On va mettre tout ça dans le hangar, répondis-je.
  • Pourquoi pas tout de suite dans la maison ? s’étonna Alice.
  • Parce que je dois faire quelque chose avant, murmurais-je en lançant un regard à Bella qui rougit aussitôt de plaisir.

Je savais qu’elle attendait ça depuis si longtemps que j’arrêtais d’aider le livreur et sautais du camion pour la prendre dans mes bras.

  • Et puis finalement, je vais faire ça tout de suite ! Déclarais-je.

Bella soupira si fort de bonheur que je compris qu’elle était aussi impatiente que moi et je la dirigeais vers l’arrière de la maison rouge.

  • Bon ok les amoureux ! S’écria Alice pendant que nous partions. Je m’occupe de tout hein ! Ne vous inquiétez pas !

Mais nous ne l’entendions déjà plus. Etroitement enlacés, nous avancions lentement tous les deux face à ce qui serait notre demeure pour toujours. Je sentais le cœur de Bella s’emballer et elle me serrait la taille si fortement que je compris à quel point elle était heureuse. Je lui frottais le bras tout en regardant la maison que j’avais construite et qui avait passé l’hiver seule. Pourtant, je m’étais dépêché pour la finir à temps. L’argent de la voiture que Seth avait vendue sans problème m’avait bien aidé à accélérer les travaux, j’avais même pu commander les vitraux gravés de papillons à une entreprise de Seattle et avais eu le temps de l’intégrer à la porte en chêne, un bois que j’avais fait venir exprès de France. Je n’avais pas lésiné sur la qualité, je voulais que Bella ait tout le confort qu’elle méritait et j’étais vraiment fier du résultat. Nous avançâmes jusqu’aux premières marches. J’étais quand même étonné qu’elle ne soit pas plus en état d’abandon que ça et je compris tout de suite pourquoi en voyant tout ce qu’il fallait pour nettoyer les extérieurs sur le côté. Seth, encore lui, avait du veiller au grain jusqu’à maintenant. Bella leva ses beaux yeux vers moi et j’y lus tout l’amour qu’elle était capable de me transmettre ainsi. Je capturais ses lèvres avec douceur et elle s’agrippa à mon cou pour que je la porte. Je la soulevais et la calais contre moi. Elle rit doucement en disant :

  • Nous sommes lourdes hein ?
  • Ça non ! Jamais vous ne serez lourdes, murmurais-je. Le plus lourd c’était votre absence.

Son visage devint grave et elle se blottit contre moi en soupirant. Puis elle releva la tête et m’embrassa avec tellement d’amour que je me sentis basculer un peu. Je ris doucement en déclarant :

  • Ok…on va peut-être y aller maintenant ? Elle nous attend aussi depuis longtemps !
  • Ça oui…, chuchota Bella tout en tournant ses yeux brillants vers notre maison.

Le bruit de mes pas sur la terrasse en bois résonnait étrangement dans ma tête. Je vis Bella se mordre les lèvres lorsqu’elle découvrit les papillons rouges et blancs ornés la porte d’entrée. Puis des larmes coulèrent sur ses joues, silencieuses…des larmes d’une joie infinie qui me remplirent de bonheur. D’une main, je tournais la poignée et poussais la porte qui grinça un peu. Je tournais mon visage vers elle avec un petit sourire satisfait et elle planta ses yeux dans les miens, heureuse.

  • Bienvenue à la maison ma chérie, déclarais-je.
  • Bienvenu à la maison mon cœur, mon soleil, ma vie, répondit-elle en m’embrassant.

Je souris et avançais d’un pas sous la mine réjouie puis émerveillé de Bella lorsqu’elle découvrit l’intérieur. Elle me lâcha un peu et je la fis descendre sur le sol. Elle tournait doucement sur elle-même, découvrant petit à petit chaque détail de sa maison et elle se mordit à nouveau les lèvres en voyant les battants en bois qui menaient à la cuisine qui serait bientôt aménagée grâce à Alice.

  • Oh que c’est beau ! S’écria-t-elle. C’est si chaud…on va être si bien ici.

Je m’appuyais contre une des baies vitrées pour mieux la regarder s’émerveiller. Elle avançait doucement, pas à pas, découvrant chaque pièce que je connaissais par cœur. Je constatais que Seth avait terminé la cheminée qu’il avait tenu à faire lui-même. Tout allait bien se passer maintenant…nous étions chez nous, ensemble et heureux.

Bella s’amusait un peu avec les battants et gloussa de plaisir. Elle entra dans la cuisine et revint, toujours aussi émerveillée dans la grande pièce principale. Elle eut une petite exclamation de surprise en voyant le travail de Seth et me fit un sourire coquin, me disant déjà qu’on passerait des nuits devant cette cheminée. Je ris de la voir si enjouée et satisfaite de ce que j’avais fait pour elle quand soudain elle blanchit et s’agrippa à la rambarde des petites marches qui menaient aux chambres.

  • Bella ! M’écriais-je en la rejoignant en moins de deux. Ça va ?
  • Oh…je ne sais pas, souffla-t-elle.

Je la sentis se crisper puis elle se mit à genoux en mettant instinctivement sa main entre ses jambes. Je l’aidais à s’asseoir lorsque je vis le plancher mouillé. Je lui jetais un regard inquiet, mon cœur battait à toute vitesse car je ne comprenais pas ce qu’il lui arrivait. Elle me fit un petit sourire et me répondit :

  • Appelle Emily s’il te plait…
  • Quoi ?

Elle poussa un petit cri de douleur qui me transperça puis répéta en haletant :

  • Va chercher Emily !

Je compris alors qu’on y était, je me levais d’un bond et sortis de la maison en criant :

  • Alice !!!!

Elle fut à mes côtés en deux secondes en s’écriant :

  • Quoi ? Quoi ?
  • Bella va accoucher !
  • Quoi maintenant !!!! Déjà ??? S’affola-t-elle.

Elle entra dans la maison et je la suivis malgré moi pour voir si elle pouvait confirmer mes pensées. Mais elle n’alla pas plus loin que l’entrée et recula vivement en disant.

  • Ok ! Bon…tu veux faire quoi là ?
  • Je vais chercher Emily et toi, tu restes là !
  • Euh…tu crois que c’est une bonne idée ? S’inquiéta-t-elle.
  • Alice, il n’y a pas de sang non ? Arrête un peu !
  • Jacob…, murmura Bella de l’intérieur. 

Je fonçais vers elle, elle semblait plus calme mais me dit :

  • Dis à Alice d’aller chercher mon père s’il te plait…
  • D’accord…mais tu ne peux pas rester seule !
  • Je ne suis pas seule Jacob…Rosalie est avec moi…allez-y, je tiendrais le coup.

Son visage se crispa à nouveau et elle se retint de pousser un cri. Je ne savais plus quoi faire pour la calmer mais la douleur semblait passer comme elle était venue et dans cette accalmie, je lui dis :

  • je file ! Tiens bon ma chérie ! Dans deux minutes, je suis là, avec Emily !
  • Et moi, je vais d’abord chercher un lit avant d’aller chercher ton père Bella ! S’écria Alice de dehors. Parce que bon…tu ne vas pas déjà nous salir le parquet !

Bella rit doucement et je finis par rire aussi mais moi, c’était nerveux ! Ma tête me tournait un peu, je n’avais pas envie de la laisser mais elle me prit la main et d’une voix tendue me dit :

  • Jacob…vas-y, je t’en prie…je ne suis pas seule…

Je hochais la tête et la lâchais pour foncer en courant vers chez Sam pendant que Alice ramenait mon lit sous le regard ahuri de mon père puis filait vers chez Charlie, à la vitesse de la lumière.

 

62 – Rosalie

Ma respiration saccadée semblait résonner dans la pièce. Mes oreilles semblaient parfois se boucher et mon souffle s’amplifiait dans ma tête… Je n’étais pas préparée, j’avais laissé faire les choses, sans consulter personne et là…je le sentais…je n’étais pas prête ! La douleur revenait, lente et sournoise. Elle démarrait du bas du dos et remontait doucement les reins puis passait devant et là, me contractait tellement le ventre que je hurlais de douleur, laissant sortir cette souffrance par ma poitrine. J’étais seule…je n’inquiéterais plus Jacob…je pouvais me laisser aller…j’avais du mal à reprendre ma respiration et le plus inquiétant, je ne sentais plus Rosalie ! Mon cœur battait si fort…je haletais tout en me passant la main sur le ventre, morte d’inquiétude. Je détendis mes jambes qui s’engourdissaient quand je sentis à nouveau le serpent démarrer sa course du bas de mes reins jusqu’à mon ventre et me mordre si fort que ça me coupa la respiration à nouveau. Crier me faisait un bien fou et ça retentissait si fort dans cette pièce vide. Je sentais les larmes couler sur mes joues et collais ma tête contre le mur en bois. L’odeur du pin me donnait l’impression que je reprenais vie mais cette sensation passait aussitôt dès que la lente douleur remontait à nouveau. J’avais l’impression que mes tripes poussaient et voulaient sortir de mon corps. Mon ventre n’était plus aussi tendu qu’avant et je ne sentais toujours plus Rosalie.

  • Oh ma chérie…, murmurais-je. J’espère que tout va bien.

Mais la douleur me reprit et je me concentrais sur le temps qu’elle durait, sachant à chaque fois quand le pic serait le plus fort et quand la vague finissait sa course. J’ouvris les yeux, j’avais la nausée tellement j’avais mal et mon cœur bondit lorsque je le vis…là, devant moi. Ses yeux dorés me fixaient, un léger sourire sur ses lèvres si parfaites… c’était une vision, je le savais…mais le revoir…

Le serpent démarra à nouveau sa course, plus vite, plus mordant…je poussais un cri, le laissant sortir à nouveau puis, haletante, je me concentrais sur lui qui n’avait pas bougé.

  • Edward…je vais mourir c’est ça ? Couinais-je, angoissée.
  • Non Bella…tu ne vas pas mourir, me répondit-il de cette voix irréelle que je croyais avoir oubliée.
  • Alors pourquoi je te vois ? Quand je te voyais, c’était que j’étais en danger…

Je fus à nouveau interrompu dans mes pensées et cette fois, ça dura un peu plus longtemps. Bon sang ! Ça faisait si mal…

  • Bella…tiens bon…tout va bien se passer mon amour…
  • Pourquoi je te vois ! répétais-je. Pourquoi ? Je vais mourir, je vais mourir !
  • Bella, tu sais que tout va bien se passer…tu as réussi, tu es parfaite…tu es si belle…
  • Edward ! Non ! Non, je ne vais pas y arriver…je vais mourir…oh ma Rosalie !
  • Tu vas être forte…bats-toi !Répéta-t-il.

Je me concentrais sur son visage, étonnée de ne rien ressentir de plus qu’une profonde reconnaissance qu’il soit là pendant mes minutes de souffrance. Il était devenu l’ami et je prenais conscience du chemin que j’avais parcouru grâce à lui. Mon âme n’appartenait plus qu’à Jacob et à celle qui allait bientôt être là…

  • Tu seras la meilleure des mères Bella, je suis si heureux.
  • Oui…merci ! Répondis-je. Merci de m’avoir ouvert les yeux…

Mais, je me crispais à nouveau, essayant de retenir le cri qui remontait dans ma gorge. Soudain, la vision d’Edward fut balayée par le visage inquiet mais radieux d’Alice qui s’accroupit près de moi.

  • Bella ! Bella, tout va bien ?

Je hochais la tête en me mordant les lèvres.

  • Ok ! Ton père sera là bientôt ! Il est fou de joie ! Je rentre le lit dans la pièce, je te mets dessus et Jacob ne devrait plus tarder.
  • Oui …

J’entendis alors des bruits mats et les pas rapides d’Alice qui mettait tout en place. Puis, je sentis ses bras glacés m’enlacer et me soulever du sol pour me poser sur le lit doux et confortable. Elle m’avait mis face aux baies vitrées du salon et de là, je voyais la cime des pins verts recouverts encore un peu par la neige. Alice capta mon regard et déclara :

  • Une vue zen et magnifique pour te concentrer dessus ! Tu verras, tu vas te sentir mieux après.

Je tournais les yeux vers elle et vis son visage se crisper.

  • Alice ? M’inquiétais-je.
  • Oui…ça va ! C’est elle…elle n’est pas trop d’accord que je sois là…
  • Oh…désolée, soufflais-je.

Mais la douleur m’interrompit à nouveau et j’entendis Alice me dire à l’oreille :

  • Oui, voilà…respire Bella…tu es forte !

Je me sentis à nouveau mieux et tournais à nouveau mon visage vers mon amie.

  • Alice…j’aimerais que tu sois la marraine de Rosalie, déclarais-je.

Elle ouvrit de grands yeux ronds avant de s’écrier :

  • Y a des marraines chez les Quileute ?
  • Je ne sais pas, gloussais-je. Mais j’aimerais vraiment…
  • Mais si elle ne m’accepte pas ? Demanda-t-elle alors d’une petite voix.
  • Elle le fera ! Elle sera obligée de t’aimer ! Répondis-je avec force.

Je haletais à nouveau, celle-ci, je n’avais pas pris le temps de prendre ma respiration et je savais qu’elle allait me faire très mal. Je hurlais à nouveau et Alice me prit la main pour que je m’agrippe de toutes mes forces à son corps de pierre.

  • D’accord Bella…c’est un honneur d’être la marraine de ta fille ! Je suis très fière, ajouta-t-elle en me caressant les cheveux.
  • Oh merci…continue, demandais-je. Ta fraîcheur me fait du bien.

Elle gloussa et posa sa deuxième main sur ma joue. Je tentais de respirer correctement mais les contractions revenaient plus rapidement et ne me laissaient pas le temps de me ressaisir. Soudain, j’entendis ses pas et mon cœur bondit de joie. Une seconde après, son visage apparut à la place de celui d’Alice. Je sentis des mains me manipuler le ventre puis les jambes et me laissais faire, sans quitter le doux regard de Jacob.

  • Tiens bon ma chérie, Emily est là.
  • Bella, tu peux me dire combien de temps se passe entre chaque contraction ? demanda Emily en s’approchant de moi.
  • Non…je ne sais pas…je ne la sens plus ! M’écriais-je.
  • Environs une minute, déclara Alice.
  • Très bien ! Répondit-elle. Bella, c’est normal, elle n’est plus vraiment à la même place, elle est descendue, m’expliqua Emily dans un grand sourire. Mais elle est toujours là, ne t’inquiète pas.

Jacob posa son oreille sur mon ventre et me sourit pour me rassurer. Puis, il revint tout près de moi.

  • Elle est là, ne t’inquiète pas ! Répéta-t-il.

Je n’arrivais pas à détacher mes yeux de ceux de Jacob qui avait ma main contre ses lèvres et embrassait mes doigts avec douceur. Je me raidis, sentant à nouveau la douleur revenir et mon ventre pousser vers la bas. Emily vint se mettre devant moi en disant.

  • Laisse-là monter ! Puis quand ça se contracte, souffle très fort ! Vide tes poumons jusqu’à ce que tu n’ais plus rien à sortir ! Allez Bella, tu peux y arriver !
  • Oui…, répondis-je en retenant un cri pour ne pas affoler Jacob.

Je fis ce que Emily me demandait et sentis sur la fin que la douleur était moins forte. La prochaine fois, je m’y prendrais mieux et j’y arriverais ! Me promis-je.

Emily m’auscultait avec une douceur de mère, j’observais son visage à la recherche d’un signe qui me dirait s’il y avait un problème. Mais elle restait sereine et me sourit, effaçant ses cicatrices.  

  • Bella, les femmes Quileute accouchent seules depuis la nuit des temps ! Tout va bien se passer, me rassura-t-elle.

Je hochais la tête et dévisageais à nouveau Jacob qui me souriait tendrement, pendant qu’il me passait une éponge d’eau froide sur le front et les cheveux.

  • Tu es si beau, je t’aime tant, chuchotais-je. J’aime te voir sourire, te voir rire…
  • Je sais…je le ferais plus souvent, me promit-il en embrassant à nouveau ma main.
  • Oui, promet-moi !
  • Je te le promets…, déclara-t-il le regard brillant. Je te promets de rester près de toi toute ma vie…plus jamais je ne te laisserais derrière moi.
  • Tu n’as pas intérêt ! Répondis-je en me crispant à nouveau.
  • Allez Bella ! Lança Emily en posant sa main sur mon ventre.

Je pris une profonde inspiration pendant que la douleur remontait rapidement le bas du dos puis lorsque la contraction atteignit le ventre, je poussais un long soupir, laissant mes poumons se vider lentement et je sentis alors que je domptais le serpent qui me mordit moins fort.

  • Wouah ! Génial ! S’écria Alice. Tu as fait ça toute ta vie ma belle !

Jacob éclata de rire et je me concentrais sur ses traits radieux. Il était si heureux !

Mais mon ventre poussait toujours et je sentis à nouveau ce liquide brûlant me quitter, comme si je me vidais.

  • Oh …qu’est-ce que c’est ?
  • Ce n’est rien Bella, me rassura Emily. Elle arrive…

Des pas retentirent sur le parquet et tout le monde tourna la tête vers celui qui venait d’arriver.

  • Je peux faire quelque chose ?
  • Paul…, murmurais-je, heureuse qu’il soit là, lui qui avait veillé sur elle durant toute son évolution.
  • Pour l’instant ça va, répondit Emily.

Jacob me lâcha et se releva. Je m’affolais de le voir me quitter mais fut surprise de le voir donner l’éponge à Paul en disant :

  • Continue, j’en ai pour une minute.

Et je le vis sortir. Il ne m’avait rien dit mais je compris qu’il était en train d’accorder un peu de temps à Paul pour le remercier de ce qu’il avait fait. Décidemment, sa reconnaissance m’étonnait beaucoup mais j’étais très heureuse qu’il réagisse ainsi.

Je me crispais à nouveau pendant que Paul venait se mettre assis près de moi. Il semblait tellement serein ! Je laissais la douleur partir puis lui souris. Il mouilla l’éponge et me la passa sur les cheveux sans croiser mon regard.

  • C’est bien que tu sois là, chuchotais-je.
  • Oui…jusqu’au bout, murmura-t-il dans un faible sourire. Tu as l’air de bien gérer.
  • Oh non ! Couinais-je.
  • Bien sur que si ! Déclara Emily.  

Paul continuait de me mouiller les cheveux, lentement, sans me regarder. Puis, je sentis Jacob rentrer à nouveau dans la pièce et Paul se leva aussitôt pour lui rendre sa place.

Il alla se mettre près de la fenêtre et cette fois, leva les yeux sur moi dans un sourire confiant. Jacob me prit à nouveau la main et au même moment, je sentis tout le bas de mon ventre se vider.

  • Ouh la ! S’écria Alice en s’affolant.

Paul se jeta presque sur elle en grognant.

  • Sors de là ! Siffla-t-il, mauvais.

Sans discuter, je vis mon amie filer dehors. Paul la suivit, tendu comme un arc.

  • Qu’est-ce qu’il se passe ? M’écriais-je.

Jacob s’était aussi levé et avait rejoins Emily qui avait les mains pleines de sang.

  • Bella, tu vas pousser maintenant, demanda-t-elle. 
  • Emily ! S’écria-t-il. Qu’est-ce que je peux faire ?
  • Rien ! Va la tenir !

Et en un pas, il vint se mettre derrière moi pour que je m’agrippe à lui aussi fort que je pouvais. Je la sentais enfin, je la sentais bouger dans le bas de mon ventre, comme si elle ramait pour sortir, je poussais de toutes mes forces en serrant la mâchoire. J’avais l’impression que je me vidais, je n’entendais plus rien…seuls les bras chauds de Jacob me rappelaient que je vivais toujours…je l’entendis me dire :

  • Allez Bella ! Allez ma chérie !

Je poussais à nouveau et soudain, je me sentis comme libérée. Un hurlement retentit dans toute la pièce et Jacob me lâcha. Je haletais, sentant que je reprenais pieds. La douleur avait disparu d’un coup et je me concentrais sur les pleurs qui résonnaient à mes oreilles. Jacob éclata de rire et je l’entendis murmurer quelque chose en Quileute qui devait être un « bienvenue » puis je sentis quelque chose de chaud sur moi. Je tournais alors la tête et posais mes yeux sur ce petit être qui pleurait toutes les larmes de son corps…elle était magnifique !

  • Rosalie…, murmurais-je.

Elle était à moi…c’était incroyable, irréel et magique. Je me sentais si vivante ! C’était moi qui avait créé cet enfant…C’était nous…je levais les yeux sur Jacob qui pleurait doucement sans la quitter des yeux puis croisa mon regard et posa ses lèvres chaudes sur moi en murmurant :

  • Merci …

 

63 – Rémission

Comme elle était belle ! Ainsi habillée de la tête aux pieds avec des vêtements que je ne connaissais pas du tout mais qui devaient sortir tout droit des cartons d’Alice…Emily avait insisté pour qu’on lui laisse un petit bonnet pendant quelques heures et je ne me lassais pas de la contempler, assoupie dans mes bras, si fragile et si innocente. J’avais essayé de la nourrir moi-même quelques minutes après sa naissance mais elle était trop faible encore. Je m’étais inquiétée mais Emily m’avait rassurée. « Quand elle aura faim, elle mangera ! Les bébés ne se laissent pas mourir… ». Depuis, je n’arrivais pas à détacher mon regard de ses lèvres si parfaites, presque en forme de cœur, de ses longs cils noirs et de sa peau mate mais encore trop pâle à mon goût.

  • Elle va brunir, rigola Emily. Ne t’inquiète pas …
  • Oui…J’aurai voulu qu’elle ait la couleur de peau de Jake…
  • Mais elle l’aura peut-être !

Je priais silencieusement pour que ça soit le cas. J’aimais tellement sa couleur cuivrée, j’en étais vraiment jalouse ! A cet instant, j’entendis des cris mêlés à des jappements puis des sifflements à l’extérieur et lançais un regard étonné à Emily.

  • Les garçons qui arrivent ! Rigola-t-elle à nouveau.

Sam entra dans la maison avec son bébé et vint d’abord à la rencontre de Emily pour lui donner puis s’approcha de moi.

  • Félicitations Bella ! Nous sommes vraiment très heureux pour vous.
  • Merci, soufflais-je. Où est Jacob ?
  • Dehors, il va revenir.

A cet instant, des pas se firent entendre et je tendis le cou pour voir qui c’était. Mon cœur bondit de joie à la vue de Charlie, qui, visiblement très ému, n’osait pas nous interrompre. Sam se releva de la chaise et me fit un petit signe pour me saluer. Mon père s’approcha, les larmes aux yeux et je dégageais un peu la couverture placée autour de ma fille pour qu’il puisse voir son visage.

Il se mordit les lèvres tout en la contemplant.

  • Bon sang…Bella…qu’est-ce que tu m’as fait là…, chuchota-t-il.
  • Salut papa…

Alors il se pencha pour déposer un baiser léger sur le front de Rosalie qui plissa les sourcils dans son sommeil. Charlie sourit et je vis une larme tomber sur la couverture. J’étais bouleversée de le voir aussi heureux, je pris encore conscience de la peine que je lui aurais faite si j’avais choisi un autre destin…

Au bout d’un moment, sans quitter des yeux ma fille, il demanda d’une voix blanche :

  • Bella ?
  • Oui ?
  • Ces derniers mois ont été très durs…
  • Je sais papa, je suis désolée…, murmurais-je la gorge serrée.

Son regard croisa enfin le mien, il est dur et froid. Mon estomac se noua d’appréhension.

  • Je voudrais te poser une question ma puce…
  • Je t’écoute, réussisse-je à articuler.
  • Le jour où il arrive vraiment quelque chose à Jacob, est-ce que je peux m’attendre à te perdre ?

Je savais qu’un jour ou l’autre il poserait la question, il avait déjà eu un aperçu lorsque Edward m’avait quitté…nous n’en avions jamais reparlé et là, cette fois-ci, avec Jacob…je savais que ça avait été pire. Nous nous dévisageâmes pendant un petit moment et je finis par répondre :

  • Oui…

Il hocha la tête, le regard vide…maintenant il savait, maintenant c’était dit. Je n’avais pas hésité à envisager la mort lorsque j’étais avec Edward, je n’hésiterais pas à suivre Jacob dans la tombe s’il lui arrivait quelque chose car je l’aimais d’un amour sans limite. Son absence m’avait déchirée, anéantie, détruite jusqu’au plus profond de mon âme. Je n’aurai pas supporté la vie sans lui, je ne me serais pas relevée une deuxième fois car lui seul avait accompli cet exploit ! Sans lui, il n’y avait plus personne.

  • Je viens de passer les quatre mois les plus atroces de toute ma vie, continua mon père d’une voix rauque. Mais heureusement, aujourd’hui j’ai ce petit rayon de soleil pour me tenir…

Il sourit en regardant ma fille puis déclara, le visage plus grave :

  • Tu m’as fait beaucoup de mal Bella…et je sais que tu m’en feras encore si un jour ça ne va plus…je n’ai plus qu’à m’y préparer.
  • Charlie, je t’en prie, couinais-je, les larmes aux yeux.

Mais je vis mon père embrasser à nouveau ma fille avec un doux sourire puis déposer un baiser sur mon front et partir sans rien ajouter. Je restais un moment prostré, à fixer la couverture que Alice m’avait donnée. Charlie avait souffert lors de ma rupture avec Edward, il avait été patient et optimiste. Pour Jacob, ça avait été plus long et j’avais même refusé de le voir à plusieurs reprises, tout comme ma mère qu’il faudrait quand même que je rappelle…maintenant, il allait se protéger de moi, il allait se consacrer uniquement à ma fille et je ne pouvais pas le blâmer. Mais ça me faisait si mal…pourtant, je le savais au fond de moi, ma fille imprégnée et en sécurité, je n’aurai pensé à personne d’autre qu’à Jacob le jour où j’aurai décidé de le rejoindre s’il n’était plus de ce monde. A personne…

 

A cet instant, je fus interrompue dans mes pensées morbides par l’entrée de Jake suivi de Paul et Alice, cette dernière plusieurs mètres derrière lui. Son attitude me fit sourire.

Jacob me prit la main et l’embrassa avec chaleur pendant que Paul, toujours sans me regarder, faisait le tour du lit pour s’approcher de ma fille. Alice, à l’écart, levait la pointe des pieds pour l’apercevoir. Je dégageais Rosalie de sa couverture et la tendis à Paul en souriant :

  • Rosalie, voici ton parrain, Paul, déclarais-je. Il a pris grand soin de toi quand tu étais en moi, lui chuchotais-je tout bas dans l’oreille, bien que je savais que Jacob m’entendrait.

Paul la prit dans ses bras dans un large sourire qui illumina ses traits comme par magie et murmura une phrase en Quileute qui me fit bondir lorsque je compris qu’il venait de l’appeler Rose.

  • Elle s’appelle Rosalie…, précisais-je en souriant.

Il ne me répondit pas et je le vis s’éloigner avec ma fille avec qui il discutait toujours en Quileute et toujours où j’entendais des « Rose » par ci et des « Rose » par là.

  • Jacob, tu lui as dit qu’elle s’appelait Rosalie ?
  • Oui…, murmura-t-il en haussant légèrement les épaules.

Je tournais à nouveau mon regard vers Paul qui montrait des arbres à ma fille qui ne voyait rien. Alice, attendait toujours de pouvoir m’approcher et je lui fis signe.

  • Tu pourras la prendre après, déclarais-je.
  • Euh…non Bella, répondit-elle dans un sourire crispé.
  • Mais pourquoi ? Elle ne te fera pas de mal…
  • Si ! Je la sens d’ici…, avoua-t-elle dans un nouveau grand sourire forcé.
  • Oh…elle est si forte que ça ? murmurais-je, inquiète, en regardant Jacob.
  • Et bien on dirait…, me répondit-il en observant Alice qui semblait très tendue.

Je réfléchis un moment puis déclarais :

  • Tu sais, je me souviens de tout maintenant …je pense que c’était elle qui me bloquait mes souvenirs d’Edward…
  • Ah oui ? S’étonna Jacob.
  • Je n’en doute pas ! Renchérit Alice, les yeux exorbités. Elle a hérité de ton don Bella mais en pire…
  • C’est fou…, murmurais-je en posant à nouveau mon regard sur ma fille qui semblait si petite dans les bras de Paul. Alice, j’aimerai vraiment que tu essaies de la prendre s’il te plait, insistais-je après réflexion.
  • Bella…non…
  • S’il te plait Alice…j’aimerai savoir si elle fait déjà la différence.
  • Non elle ne l’a fait pas ! S’écria-t-elle.
  • Bella, me coupa Jake, ne force pas Alice. On ne sait jamais …
  • Elle ne lui fera rien, continuais-je, sûre de ma fille. Elle comprendra que c’est une amie. Paul, peux-tu donner Rosalie à sa marraine s’il te plait ? Demandais-je, en insistant volontairement sur le prénom de ma fille.
  • Quoi ? Grogna-t-il en la serrant plus contre lui. Sa marraine ?! Alors ça, c’est le bouquet !
  • Paul…s’il te plait, murmurais-je.

Il fixait méchamment mon amie tout en gardant Rosalie contre lui. Je vis Jacob se lever et se mettre entre lui et Alice en déclarant.

  • Paul, Alice ne lui fera rien, je m’en porte garant.
  • Tu parles ! Mais vous êtes dingues ou quoi ? S’écria-t-il. Elle n’a même pas un jour !
  • Paul…, insista Jacob.
  • Si quelqu’un doit craindre quelque chose ici, c’est moi ! S’écria Alice en fixant durement Paul qui ne lâchait toujours pas Rosalie.
  • Allez, donne-lui, murmurais-je doucement, sachant parfaitement que même si je l’avais chuchoté, il m’aurait entendu.

Je le sentis hésité puis il tendit ma fille à Jacob, préférant ne pas toucher Alice. Jake embrassa Rosalie avant de la placer dans les bras incertains de mon amie qui fronçait déjà les sourcils. Nous restâmes tous ainsi, tendus, Paul plus par crainte que Alice ne la morde qu’autre chose. Le visage d’Alice passait par toutes sortes d’émotions et je savais qu’elle était en train de voir son futur en marche arrière, ce qui pouvait être déstabilisant et angoissant. Mais petit à petit, ses traits se radoucirent et elle ébaucha même un demi-sourire en chuchotant :

  • Voilà ma douce, on se calme…tout va bien.

Jacob se tourna vers moi, un grand sourire aux lèvres. J’avais eu raison ! Rosalie dompterait son pouvoir.

 

64 – Tu me manques déjà.

 

Ah bon sang ! Ça faisait deux heures qu’elle était parmi nous et je le savais, j’en étais raide dingue ! Est-ce qu’on pouvait s’imprégner aussi de son enfant ? Quand elle était dans mes bras, je n’arrivais plus à détacher mes yeux des siens…enfin quand elle les ouvrait ! Mon cœur avait failli exploser tout à l’heure quand, à la lumière du jour, j’avais remarqué que ses yeux étaient couleur chocolat ! J’étais rentré précipitamment dans notre maison en criant à Bella qui ne comprenait pas ce qu’il m’arrivait : « Elle a tes yeux ! Elle a tes yeux ! » Jamais je n’avais été aussi heureux, ni même aussi fier ! Je n’arrivais pas encore à croire que ce petit être venait de moi et encore pire, quand j’essayais de m’imaginer qu’un jour, elle m’appellerait papa et que pendant quelques années au moins (parce qu’après, je ne me faisais pas d’illusion, elle filerait comme les autres !), je serai pour elle un des deux êtres les plus importants de sa petite existence.

Justement, elle ouvrait les yeux et je lui souris spontanément. A chaque fois, je sentais les larmes à la limite de couler mais c’était des larmes de joie, une joie immense, indescriptible et qui ne cesserait jamais tant que je pourrais poser mes yeux sur elle. Je lui souriais et elle se mit à hurler. Aussitôt, je rentrais dans la maison où Bella se reposait un peu et qui ouvrit les yeux à notre entrée, comprenant de quoi avait besoin Rosalie. Je lui tendis, elle la posa contre elle et Emily l’aida à bien se placer pour essayer de la nourrir. Je les contemplais, espérant qu’elle allait enfin prendre ce que Bella tentait de lui donner depuis sa naissance et à ma grande joie, je la vis ouvrir sa petite bouche et capturer le sein de Bella sans chiner. Bella poussa un petit cri de stupeur et Emily éclata de rire. Moi, je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi beau et je restais figé, à regarder le visage doux et serein de ma fille qui prenait son premier repas. Bella leva un regard brillant vers moi et je m’approchais pour l’embrasser tendrement, lui chuchotant encore un « je t’aime » qui me paraissait encore un mot bien faible pour ce que je ressentais à cet instant.

 

Je sentis l’odeur d’Alice derrière moi et me retournais. Elle observait Bella, une étrange lueur dans les yeux et je m’approchais d’elle, un peu inquiet.

  • Tout va bien ?
  • Oui…, soupira-t-elle. J’étais en train de me dire que j’avais vraiment failli tout gâcher lorsque je voulais que Bella devienne ma sœur.
  • Eh, tu ne vas pas recommencer avec ça ! M’écriais-je. On en a parlé une fois, c’est bon !
  • Non, tu ne comprends pas Jacob…regarde ce qu’on a failli détruire ! Edward avait raison depuis le début et je me suis élevée contre lui quelque fois, quand j’en avais marre de ses crises d’états d’âmes intenses ! Je regrette tellement…
  • C’est fini maintenant…, murmurais-je en posant ma main sur son épaule.
  • Oui…
  • Tu sais, rigolais-je, je suis tellement heureux que j’aimerai presque qu’il soit là aujourd’hui !
  • Oh ! Je l’appelle si tu veux ? Plaisanta Alice.
  • Non, ça va …il viendra de lui-même de toutes façons…, répondis-je plus sérieux.

Car ça, je n’en doutais pas un instant. Il était déjà venu apparemment, il reviendrait…

  • Il y a de fortes chances oui…, me confirma Alice.

Je l’observais avec attention, elle semblait soudain si triste.

  • Tu vas bientôt partir hein ? Murmurais-je, la gorge soudain serrée.

Elle se tourna vers moi et je sus à cet instant que si elle avait pu pleurer, elle l’aurait fait.

  • On va faire un tour ? Me proposa t-elle.
  • Oui, donne-moi une seconde, je vais chercher quelque chose !

Je filais chez mon père et revins quelques secondes plus tard en croisant Seth et Angela qui venaient voir Bella et Rosalie. Angela me salua avec chaleur et me tendis les bras. Surpris, je la pris contre moi pendant qu’elle s’écriait :

  • Oh Jacob ! Comme ça fait du bien de te revoir ! Tu ne peux pas savoir !
  • Eh Angie …, rigolais-je, vraiment surpris qu’elle m’accueille ainsi.

Je constatais que vraiment beaucoup de choses avaient changé pendant mon absence. Angela était maintenant bien intégrée dans notre famille, elle me considérait comme son frère car elle avait pris le temps de me connaître via Seth et peut-être Bella et elle m’avait attendu, comme les autres … Je la repoussais doucement, constatant qu’elle pleurait. Seth la regardait s’essuyer les joues dans un regard attendri.

  • Oh Jake…elle a tellement souffert ! J’ai eu du mal à aller la voir…elle souffrait de trop et ça me rappelait trop qu’un jour, ça pourrait m’arriver ! Je ne supporterais pas une pareille souffrance !
  • C’est fini Angela, lui répondis-je en lui frottant le dos.

Ça me rappelait qu’elle avait fait beaucoup pour moi avant tout ça.

  • Comment ça s’est fini avec le juge d’instruction ? Demandais-je, inquiet.
  • Oh, lui…, répondit-elle en lançant un drôle de regard à Seth.
  • Il a condamné Angela à cinquante mille dollars d’amende et trois mois de prison avec sursis, m’expliqua Seth en prenant Angie par les épaules.
  • Mais…mais comment vous avez fait ? M’étonnais-je.
  • Je venais voir Bella presque tous les jours…je lui ai raconté…et le lendemain, Paul me donnait un diamant de sa part, que je devais vendre…
  • Quoi ? M’écriais-je malgré moi.
  • Oui, elle nous a sauvés ! Répondit Angela dans un grand sourire. Elle a sauvé mes parents…ils auraient du vendre leur maison pour payer…elle m’a sauvée…, continua-t-elle dans un murmure. 

Je ne voulais pas gâcher leur joie mais moi, j’étais contrarié que Bella ait fait vendre le diamant d’Edward. Enfin, maintenant, avec le recul, après ces longs mois de séparation, et maintenant que Rosalie était là…ça n’avait peut-être plus aucune importance…

  • Elle nous a dit aussi de garder le reste de l’argent…pour plus tard…
  • Ah oui ?

Ça c’était Bella tout craché ! Elle avait compris que nous avions des problèmes pour « démarrer dans la vie » et elle ne voulait pas le même souci pour Seth et Angela.

Je hochais la tête et leur souris. Puis m’excusais pour rejoindre Alice qui m’attendait avec impatience.  

 

Elle observait avec les sourcils froncés le couple qui entrait dans ma maison pour rendre visite à Bella et s’écria :

  • Mais, c’est Angela Weber ?!
  • Euh oui…, rigolais-je. Elle fait partie de notre famille maintenant. Elle s’est imprégnée de mon frère.
  • Wouah mais c’est puissant ce truc ! Enfin, elle en a choisi un bon, c’est déjà ça !
  • Ça ne passe pas avec Paul hein ? Constatais-je en riant.
  • Ça non ! Me confirma-t-elle en écarquillant les yeux.
  • Bon tiens, tu pourrais donner ça à Carlisle, continuais-je plus sérieusement en lui tendant un petit boîtier. Mais ne l’ouvre pas.
  • Qu’est-ce que c’est ? Demanda Alice, perplexe.
  • Du sang de Rosalie.

Elle leva des yeux surpris sur moi puis les reposa sur la petite boîte en murmurant :

  • Oh Jake, il va être super content que tu tiennes parole…tu n’étais pas obligé…
  • Je ne le fais pas que pour lui. Je le fais aussi pour nous ! Bella aussi veut en savoir plus sur mon espèce et maintenant celle de notre fille car elle est encore différente de moi.

Après une petite discussion avec Bella où je lui avais expliqué mes intentions concernant Rosalie et Carlisle et qu’elle me donna son accord, j’avais demandé à Seth de voir avec Leah si son copain pharmacien ne pouvait pas nous fournir tout un kit pour effectuer les prélèvements. Il était venu tout à l’heure le faire lui-même et vu ma gaucherie avec les seringues, c’était préférable ! Je voulais que Carlisle ait le premier sang de Rosalie, au cas où elle évolue avec les années. Il pourrait ainsi avoir une bonne base.

Alice soupira et je l’entraînais avec moi dans le terrain pour une dernière balade avant son départ que je sentais très proche.

  • Qu’est-ce qu’il va se passer avec les Volturi ? Demandais-je après quelques pas.

Elle poussa à nouveau un gros soupir et je fus forcé de constater que même si elle ne respirait pas, leur imitation était vraiment excellente ! 

  • Pour l’instant, les dégâts dans leur garde ont été trop importants ! M’expliqua-t-elle. Ils sont à la recherche de nouveaux vampires, aux pouvoirs aussi puissants que ceux qu’avaient César, Jane et son frère, ou Renata...
  • Et après …quand ils auront ce qu’ils veulent ?

Nous avions atteint la lisière des bois et Alice s’arrêta.

  • Ils viendront nous défier, répondit-elle en plantant son regard couleur miel dans le mien.
  • Tu l’as vu ? Tu sais dans combien de temps ?
  • Oui…
  • Tu connais donc les vampires qu’ils vont recruter ? Demandais-je.
  • Oui…, murmura-t-elle.
  • Des amis ? Des membres de ta famille ? …Edward ? Murmurais-je, inquiet.
  • Ils vont essayer oui, soupira-t-elle tristement. Et ils auront des familles que Carlisle aurait aimé avoir avec nous…

Je posais ma main sur son épaule.

  • Mais nous serons là nous ! Je t’en fais la promesse Alice … nous serons là !
  • Oui…je sais, répondit-elle dans un sourire. Je ne vous vois pas mais je le sais.

Je hochais la tête pour la rassurer. Elle sourit en baissant les yeux vers le sol et je sentis qu’elle allait me quitter. Je m’approchais plus près d’elle et doucement, je la pris dans mes bras. Elle se laissa aller et posa sa tête sur mon torse que j’enroulais aussitôt de mes bras. Elle était vraiment petite et j’avais toujours cette même envie de la protéger même si elle n’en avait pas besoin. Elle serait toujours mon petit elfe blanc, mon petit elfe des bois…mon petit lutin que j’adorais sans plus aucune retenue. Elle passa ses bras autour de ma taille et nous restâmes un moment comme ça, presque à nous bercer mutuellement. Je frissonnais mais je ne sentais plus son odeur, j’espérais que c’était pareil pour elle.

  • Alice …
  • Oui ?
  • Tu avais raison…

Elle dégagea sa tête de mes bras et leva ses yeux dorés vers moi.

  • A propos de quoi ?
  • J’aurais accepté Bella, même comme ça…, murmurais-je.

Je baissais mon regard sur elle en souriant doucement mais je vis dans ses yeux une étrange lueur. Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser léger mais glacé sur mes lèvres en fermant les yeux. Mon cœur s’accéléra parce que celui-là, je le savais, était un baiser différent des autres. Alice avait toujours eu un faible pour moi, depuis le commencement…Je n’osais pas la repousser, Alice avait presque un droit sur ma vie et je l’aimais comme une amie. Comme je ne réagissais pas, elle se dégagea mais sans brusquerie. Elle ne regrettait pas son geste et je ne pouvais pas lui en vouloir, je l’adorais tellement.

Elle fixait l’horizon, pensive et je ne voulais pas rompre le silence de peur qu’elle file subitement. Mais je ne pourrais pas la retenir près de moi éternellement.

  • Je vais aller dire au revoir à Bella et à ma filleule, déclara-t-elle dans un grand sourire pétillant que j’aimais tant.

Elle avança et je la suivis jusqu’à la maison, en silence. Je savais que nous ne parlerions jamais de ce qu’il venait de se passer.

A l’intérieur Bella discutait avec Seth pendant que Angela berçait ma fille dans ses bras. A notre entrée, Bella me regarda avec insistance, remarquant ma tristesse, puis elle posa un regard inquiet sur Alice qui elle, souriait.

  • Oh non ! Tu ne vas pas partir déjà ? S’écria-t-elle, déçue.
  • Eh si ma belle ! Il est temps pour moi de retrouver Jasper ! Tu sais qu’il mérite une stèle pour me supporter et supporter tous mes caprices, rigola-t-elle en me jetant un regard entendu.

Je haussais les épaules en me forçant de lui sourire mais j’avais la gorge serrée.

Alice prit Bella dans ses bras et l’embrassa sur le front. Cette dernière se mit à pleurer doucement en demandant :

  • Mais tu reviendras pour le mariage hein ?

Son regard désespéré ne suffirait pas à attendrir Alice, je le savais. Celle-ci croisa le mien brièvement puis répondit d’une voix douce à Bella :

  • Je ne reviendrais pas à la Push…Carlisle a été bien clair là-dessus. Si nous sommes partis, c’est pour éviter à tes enfants de devenir des loups-garous.
  • Mais…mais et Rosalie ? Demanda-t-elle d’une voix tremblante.
  • Nous irons les voir en Alaska avec Rosalie, promis-je. Pour elle, nous savons toi et moi qu’elle va muter…c’est peut-être justement parce que j’ai décidé qu’elle voit les Cullen régulièrement, ça je ne sais pas et seul l’avenir nous le dira… mais pour elle, je sais que nous ne pourrons rien changer. Alors, nous irons souvent vous voir, continuais-je à l’attention d’Alice.

Bella renifla doucement et hocha la tête, d’accord avec ce compromis. Alice déposa un nouveau baiser sur son front et la lâcha. Elle prit Rosalie des bras de Angela dans un sourire crispé. Mais il se détendit vite et elle berça sa filleule en la contemplant avec tendresse.

  • N’en fais pas trop voir à tes parents, chuchota-t-elle. Et viens vite nous voir ma petite louve.

Elle embrassa son front puis la reposa dans les bras de Bella. Elle salua Seth puis Angela (Angela qui regardait d’ailleurs son ancienne camarade de classe avec un regard nouveau) et finit sa marche près de moi.

  • Tu salueras le chien de garde ma part !
  • Oui…, rigolais-je.

Nous nous dévisageâmes pendant quelques secondes puis, ne pouvant plus me retenir, je la pris à nouveau dans mes bras. Un frisson me secoua à nouveau et je serrais plus fort mon étreinte. Alice laissa passer une minute puis se dégagea en déposant un dernier baiser sur ma joue en chuchotant « Merci pour ta chaleur Jacob ».

Je fermais les yeux, retenant mes larmes. Et j’entendis ses pas légers sur le plancher puis plus rien. Je rouvris les yeux pour les poser sur Bella qui pleurait comme moi le départ de notre amie la plus précieuse.

 

65 – Chasteté

Le cri de Rosalie me réveilla en sursaut. Elle commençait à réclamer moins souvent les nuits et je dormais donc un peu moins le jour. Je me dépêchais toujours de me lever pour ne pas que Jacob l’entende mais avec son ouïe fine, il était parfois près d’elle avant moi, avant même qu’elle ne me réveille. Jake avait commencé à travailler depuis un mois au garage du vieux Snake. Charlie avait bien préparé l’affaire et même si ce type là était un ours mal léché, Jacob ne s’en plaignait jamais et remerciait mon père pratiquement  chaque jour pour la chance qu’il lui avait offerte. Nous n’avions pas encore reçu son premier salaire mais il nous restait de l’argent de la voiture et puis, finalement, nous n’avions pas besoin de grand-chose pour vivre…Le soir, Jacob passait un peu de temps dans le garage transformé en établi depuis son retour. Il y fabriquait nos meubles, à son rythme et c’était toujours une véritable fête lorsqu’il revenait un matin ou un soir avec une nouvelle chaise, un nouveau placard ou une petite table pour toutes mes plantes que je tenais à avoir partout dans la maison.

Je recouchais ma fille et retournais me blottir près de lui sur la pointe des pieds. Mais, à chaque fois, il m’entendait et me prenait contre lui en soupirant de plaisir. Je regardais l’heure et savais déjà que je ne parviendrais jamais à me rendormir car dès le levé du jour, le début d’une période très spéciale allait commencer pour moi.

Notre mariage était prévu pour ce samedi, jour des dix huit ans de Jake. Finalement, avec tout ça, nous l’avions reporté à l’été même si les fleurs étaient moins jolies. Kim m’avait assurée qu’elle trouverait ce qu’il faudrait chez son fleuriste où elle travaillait depuis maintenant six mois. Je lui faisais confiance, en espérant qu’ils ne dépensent pas tous des sommes folles pour faire comme si nous avions les fleurs prévues. Mais avant cette cérémonie, moi je devais me plier à la tradition Quileute ! Et ça me stressait un peu…la coutume voulait que j’entame une période de purification. Emily m’avait expliqué que normalement, la femme Quileute devait partir pour un pèlerinage d’une semaine, loin de son futur époux, à la recherche d’une vision. Mais dans le cas des femmes imprégnées, cette retraite était une véritable torture. Alors, les anciens avaient décidé que cette semaine serait réduite à trois jours. Ce qui était déjà presque insurmontable pour toutes celles qui l’envisageaient. Toutes sauf moi. Moi, je savais que j’en serais capable. Et Emily me l’avait dit :

  • Tu ne devrais pas faire cette préparation, tu as déjà prouvé que tu étais capable de tenir sans lui…tu as eu ton calvaire.
  • Peut-être bien, avais-je répondu, mais je veux faire ça dans les règles !

Je n’étais pas Quileute, je n’étais même plus catholique puisque je ne pratiquais pas cette religion et que maintenant, je ne voyais que par les croyances de ma nouvelle famille. Mais je ne pouvais pas devenir comme eux en claquant des doigts. Il n’existait pas de « baptême » comme dans la plupart des religions. Je voulais donc faire tout ce qu’il fallait pour respecter leurs traditions et faire honneur à Jacob.

La respiration de Jake était à nouveau régulière, je décidais de me lever. Ma tête bouillait tellement je ne savais plus par où commencer ! Je devais tout préparer pour mon absence. Emily avait déjà prévu que je n’irai pas trop loin et qu’on m’apporterait Rosalie toutes les quatre heures pour que je la nourrisse. Mais je devais quand même tout préparer pour que Jake ne soit pas perdu dans cette maison sans moi. Emily viendrait l’aider pour Rosalie et lui ferait ses repas bien qu’il sache parfaitement se débrouiller seul. En fait, je le sentais, j’appréhendais beaucoup cette nouvelle séparation, même si je savais que c’était pour notre bien, pour que notre mariage soit le plus beau de tous…le fait est que depuis la naissance de Rosalie, nous n’avions pas encore retrouvé notre intimité d’avant et que ça me pesait de plus en plus. Emily m’avait dit que ça serait long à se remettre, que je devais faire attention mais les quatre mois d’absence de Jacob plus ces deux mois d’abstinence commençaient à me rendre très nerveuse. Je le sentais, j’étais à fleur de peau mais je parvenais à garder ma bonne humeur car Jacob me transmettait la sienne à chaque instant. Il semblait plus facilement supporter ça que moi et une fois que je lui en avais fait la remarque il m’avait répondu :

  • Bella, rappelle-toi ce que j’ai expliqué à propos des loups-garous imprégnés ….
  • Oui, si je ne veux pas, tu n’en souffres pas, avais-je répété en hochant la tête, constatant qu’il avait bien de la chance finalement.

Mais voilà, j’arrivais à plus ou moins tenir le coup en me blottissant contre lui, en respirant son parfum, en l’embrassant jusqu’à l’étourdissement mais là, j’allais à nouveau me retrouver sans rien et c’était ça qui m’angoissait le plus. Pourtant, j’en étais capable, je le ferais ! Mais n’empêche que depuis hier soir, je comptais les minutes qui me rapprochaient de notre nouvelle séparation.

J’entendis ses pas derrière moi et ses bras chauds m’enveloppèrent tendrement.

  • Tu ne dors pas ?
  • J’ai du mal oui …
  • Ça te stresse cette histoire de préparation ?
  • Non…enfin, je ne sais pas, marmonnais-je.

Je me retournais pour lui faire face, il baissa ses yeux doux sur moi et je posais ma main sur sa joue.

  • Tu vas me manquer …tu me manques, ajoutais-je pour mieux préciser le fond de ma pensée.
  • Tu veux qu’on essaie ? Demanda-t-il du bout des lèvres.
  • Quelques heures avant qu’on soit séparés pendant trois jours et trois nuits, je ne sais pas si c’est raisonnable, répondis-je malgré moi. Mais après ces trois jours, après le mariage, oui ! Je veux qu’on réessaie !
  • Ok …, murmura-t-il dans un sourire. Mais promets-moi de vérifier avec Emily.
  • Oui, soupirais-je.

Il me prit dans ses bras et m’embrassa d’abord avec retenue puis me plaqua doucement contre le mur et son étreinte fut plus furieuse. Mon corps était en train de prendre feu et ça en était presque douloureux. Je le voulais…maintenant ! Mais je savais que je ne devais pas, pas sans l’accord d’Emily…alors je savourais encore quelques minutes la chaleur de son corps puis le repoussait doucement en ralentissant la cadence de mes baisers. Jacob haletait dans mon cou et tentait de reprendre pied. Je lui caressais la nuque, les cheveux qui avaient un peu repoussé, constatais-je. Puis il finit par relever la tête et nos regards se croisèrent, souriants.

  • Excuse-moi, murmura-t-il.
  • Après…après, on se rattrapera, chuchotais-je.

Jacob me souleva et me ramena dans notre lit pour profiter encore de l’un et l’autre avant que Emily vienne me chercher. Je m’installais sur lui, comme avant et écoutais les battements rapides de son cœur avec bonheur.

Quelques heures plus tard, j’entendis des tambourinements à notre volet et je soupirais avec force. Jake éclata de rire et me poussa doucement en disant :

  • Allez ma chérie…il est temps.
  • Ah bon sang ! Vivement dans trois jours ! Grognais-je. 
  • Oui …on se revoit le jour J alors ? Murmura-t-il plus sérieusement.
  • J’ai tellement hâte, soufflais-je contre son front. J’ai hâte de devenir ta femme.
  • Tu l’es déjà Bella, depuis longtemps, répondit-il sur un ton presque grave. On n’a pas besoin de cette cérémonie pour le prouver.
  • Oui mais je veux porter ton nom Jacob…je veux t’appartenir complètement, expliquais-je. Je sais bien que ce n’est pas un mariage ordinaire, que tu ne porteras pas d’alliance et qu’il n’y a pas de véritable contrat mais c’est important pour moi de savoir que ce jour-là va sceller définitivement notre couple.
  • Alors je te le dis pour la dernière fois, chuchota-t-il en m’embrassant avec douceur. Je t’aime Bella Swan.
  • Je t’aime aussi Jacob Black…infiniment. 

Je le quittais, passais par la chambre de ma fille pour déposer un baiser avec les yeux pour ne pas la réveiller et filais dehors rejoindre le groupe des filles qui m’attendaient avec impatience.

 

66 – Purification

Emily, Kim, Angela et Leah (à ma grande surprise) m’emmenèrent dans la forêt, dans une petite clairière pas très loin de la maison mais qui restait assez éloignée pour donner un semblant de « retraite ». Je découvris alors une sorte de tente qui était assez grande pour contenir au moins dix personnes avec à l’intérieur le minimum de confort auquel je ne m’attendais pas. Il y avait un matelas, une chaise à bascule pour les moments où Rosalie viendrait me rejoindre, une bassine et tout un kit pour ma toilette plus un miroir. Je ris de voir tout ça et remarquais aussi une sorte de chaise de massage en bois qui devait avoir pas mal d’années maintenant mais qui devait être là pour m’accueillir durant ces trois jours où on me ferait sûrement toutes sortes de trucs indiens que je découvrirais au fur et à mesure.

Au milieu de la tente couvait un feu qui rendait l’atmosphère très chaude mais curieusement, ne dégageait aucune fumée. Emily me fit m’asseoir et mon cœur s’emballa un peu devant tant de solennité. Elles affichaient toute une tête de circonstance qui finit par me donner envie de rire. Mais je le savais, c’était nerveux et surtout, je me retenais car pour elles, tout ça était très sérieux. Je notais l’absence de Rachel et espérais que c’était dû au fait qu’elle devait s’occuper de Jacob. Je savais par Kim et Seth que entre elle et Paul, rien n’avait vraiment évolué. Ils vivaient sous le même toit, comme un couple normal, affichant une apparence tranquille mais Seth pouvait souvent lire les pensées de Paul et il avait raconté à Angela que pour lui, la vie se résumait aux actes les plus basiques et à venir rendre visite à Rosalie. Ça me serrait le cœur d’entendre ça car je savais à quel point ils devaient en souffrir tous les deux mais les faits étaient là, la discussion était pour l’instant impossible. Un immense mur les séparait et la meute ne savait pas comment changer ça étant donné l’inédit de la situation pour un couple d’imprégnés et surtout, étant donné le caractère de Paul. Alors, ils les laissaient tranquilles. Jacob ne m’en parlait jamais mais je me doutais que ça le travaillait. Kim me coupa dans mes pensées en venant se placer derrière moi et en déboutonnant ma chemise. Je l’aidais, bien décidée à être parfaitement docile durant ces trois jours. Mais je compris que je devais me déshabiller entièrement et finis par demander :

  • Vous ne comptez pas me parler ?
  • Si ! Rigola Kim. Mais il faut bien qu’on respecte un peu la tradition.
  • Et alors quoi ? Les femmes ne doivent pas parler ?
  • Disons que l’on est censé faire ça avec beaucoup de respect pour les ancêtres donc en silence, m’expliqua Emily.
  • Mais je n’y connais rien moi ! M’écriais-je. Alors il va falloir m’expliquer un peu, ne serait-ce qu’un minimum.

Les filles éclatèrent de rire et Emily me passa une espèce de drap pour me couvrir.

  • Bon nous allons donc t’expliquer !

Je hochais la tête et me rassis à terre entre Kim et Angela qui elle, n’osait pas parler, trop impressionnée par la cérémonie et comme moi, un peu décalée par rapport à tout ça.

  • Voilà comment nous allons procéder. Le processus de purification est représenté par les quatre éléments : eau, air, terre et feu …et toi, tu es le cinquième.
  • Comme dans le film ? Plaisantais-je.
  • Euh…oui, peut-être bien, répondit Emily qui ne devait pas l’avoir vu.

Elle prit une coquille tout en continuant son explication.

  • Nous allons mettre des herbes purificatrices dans ce feu qui couve depuis ce matin, des herbes à base de sauge et de cèdre. Il va y avoir une fumée épaisse qui va purifier ton corps et permettre aux mauvaises énergies de le quitter en suivant le chemin des airs. La tente restera ouverte pour permettre à ses énergies néfastes de partir définitivement.

Je me mordis les lèvres, retenant un fou rire. J’adorais toutes ces traditions indiennes mais Emily était trop sérieuse. J’aurai préféré faire ça avec Jacob. Je suis sûre que j’aurai plus apprécié l’instant. Mais voilà, il n’était pas là et pour cause…je tentais donc de me concentrer à nouveau. A l’aide de la coquille qu’elle tenait, Emily prit les fameuses herbes dans un sachet et les dispersa sur le feu qui dégagea aussitôt une fumée blanche et parfumée. Kim se leva aussitôt pour ouvrir plus en grand la tente.

  • Cette coquille vient de la mer et représente donc l’Eau, m’expliqua Emily sans quitter des yeux le feu. Les herbes que je viens de mettre et les cendres qui en résulteront représentent la Terre. La fumée représente l’Air et le Feu tient son propre rôle…
  • Ah oui…, murmurais-je.     
  • Grâce à cette fumée, tout ton corps va être lavé des émotions néfastes que tu as connu ces derniers mois Bella, murmura sérieusement Emily en croisant mon regard. Tu verras que tu te sentiras merveilleusement bien après ça.

Je hochais la tête en guise de réponse.

  • Dis-toi que tu es dans un hammam, renchérit Kim dans un clin d’œil.

Emily se releva et commença à disperser la fumée dans la tente en suivant un schéma précis. A l’aide d’une grande plume, elle ventilait face à elle puis elle fit le tour du feu en continuant son mouvement jusqu’à ce qu’elle regagne sa place initiale.

  • Je viens d’offrir la fumée aux points cardinaux, m’expliqua-t-elle. Maintenant vers le sol puis vers le ciel, continua-t-elle en exécutant les mouvements.

Je l’observais, réellement impressionnée par son application à respecter les traditions indiennes. Elle s’accroupit et me tendit la coquille en disant :

  • Et maintenant, je te l’offre à toi. Fais venir la fumée vers toi Bella, remplis la coquille de fumée et place là au-dessous de ton visage, comme si tu te faisais une inhalation.

Je fis exactement ce qu’elle me demandait et toussais lorsque la fumée pénétra ma poitrine. J’avais l’impression d’être malade et de me faire un bain de vapeur à l’eucalyptus comme ma mère me le préparait lorsque j’étais enfant.

  • Pendant ces trois jours, tu devras refaire régulièrement ce rite, même toute seule, ajouta Emily. Tu pourras déposer la coquille par terre et faire venir la fumée à toi avec tes mains.
  • Ok…
  • Tu as tout un stock derrière toi, me lança Leah qui parlait pour la première fois depuis que nous étions réunies.
  • Normalement, tu devrais réciter des prières Quileute pendant ce geste, remercier les esprits de t’avoir accordés la vie et leur demander de t’accorder la pureté pour ton âme et ton corps, continua Emily. Mais comme tu ne parles pas Quileute, tu peux raconter des prières à ta façon…

Justement, ça me faisait penser à quelque chose que j’avais en tête pour mettre à profit ces trois jours.

  • Je vais devoir vraiment rester toute seule ? Demandais-je. Pas de visite ou de compagnie mis à part Angela qui m’apportera mes repas et Rosalie ?
  • Tu peux être accompagnée, répondit Emily au bout d’un temps de réflexion. Mais cette personne ne doit évidemment pas être imprégnée car tu lui ferais subir le temps de séparation par contrainte.
  • Ah oui…, murmurais-je.

Je réfléchis un long moment avant de demander :

  • Est-ce que Billy pourrait me rejoindre ?
  • Billy ? Rigola Leah. Tu veux vraiment te taper sa compagnie pendant trois jours ? Moi je préférerais encore être toute seule ! Pour sûr !
  • Oui, j’ai besoin de lui je crois, insistais-je.
  • Pas de souci Bella, répondit Emily. On va voir s’il veut bien t’accompagner.
  • Merci.
  • Mais avant tout cela, tu vas devoir subir quelque chose de beaucoup moins agréable que des bains de fumée, m’annonça-t-elle dans un petit sourire.
  • Ah oui ? M’inquiétais-je.

Emily fit un signe et les filles se levèrent et vinrent toutes m’embrasser en me murmurant quelques choses en Quileute qui devait être des « bon courage » ou « bonne chance ». Seule Angela qui suivait le mouvement me murmura un « je penserais fort à toi » avant de me quitter.

Une fois que nous fûmes seules, Emily se plaça près de moi et m’expliqua :

  • Tu vas recevoir un tatouage…
  • Un tatouage ? M’écriais-je.
  • Oui, c’est un symbole très fort pour notre peuple et en particulier pour notre génération.

Je l’invitais du regard à continuer son explication.

  • Ce tatouage, c’est toi qui décideras où il sera placé. Il est assez petit mais ce symbole Quileute représente la puissance et le commandement. Maintenant, tu vas être mariée à notre Alpha et tu deviendras Alpha à ton tour. Seule les épouses d’Alpha peuvent recevoir ce cadeau.
  • Jake aussi va en avoir un ?
  • Non…car nos loups ont un pouvoir de guérison si puissant que les tatouages ne tiennent pas, rigola-t-elle. Crois-moi, nous avons essayé !

Oui, pensais-je. Emily et Sam s’étaient mariés comme un couple d’Alpha à l’époque.

  • Alors tu as aussi ce tatouage ? Demandais-je.
  • Non…, répondit-elle dans un sourire crispé. Je me le suis fait retirer.
  • Quoi ? M’écriais-je.
  • Bella…je ne suis pas la femme d’un Alpha. Je ne le suis plus du moins… ça aurait été malhonnête de le garder.
  • Mais c’est ridicule ! Qu’est-ce que ça pouvait faire que tu le gardes ? M’indignais-je, imaginant la douleur que Emily avait du ressentir en retirant l’encre de sa peau.
  • Bella, je ne vois pas ça du tout comme toi. Je me serais sentie comme une voleuse, comme si je prenais ta place…ça serait de l’imposture, m’annonça-t-elle. Ne t’inquiète pas pour moi…dès que Jacob est revenu, je suis allée à Seattle me le faire retirer par laser. Je n’ai rien senti.

J’étais outrée ! Tout ça pour une tradition vieille de mille ans !

  • Ne fais pas cette tête là Bella …, continua-t-elle. Tu ne devrais pas prendre ça comme ça.
  • Je trouve ça dingue…, murmurais-je.
  • Bon, je continue mon explication, déclara-t-elle en me souriant. Je te disais que toi seule décideras de l’emplacement du tatouage car Jacob devra deviner où il est avant de te déshabiller la nuit de vos noces. Ça doit être un endroit qu’il aime particulièrement chez toi…et s’il le trouve, vous aurez beaucoup d’enfants, rigola-t-elle.
  • Je n’ai pas besoin qu’il le trouve ! Je le sais ! Répondis-je un peu hautaine malgré moi.

Emily me jeta un regard interrogateur et j’expliquais :

  • Je l’ai vu dans mes rêves…il y a longtemps. J’ai vu Jacob entouré de pleins d’enfants. Et au fond de moi, j’ai tout de suite su que c’était les nôtres.
  • D’accord…et bien essaie quand même de jouer le jeu, ajouta Emily dans une petite moue qui me fit rire.

Elle rangea quelques affaires, se préparant à me laisser seule visiblement et demanda en se levant :

  • Alors réfléchis bien à l’endroit où tu veux qu’il soit. Paul va venir te faire le tatouage.
  • Paul ?! M’écriais-je un peu plus fort que je ne l’aurais voulu.
  • Oui ! C’est le spécialiste en la matière…ça ira ? demanda-t-elle un peu inquiète.

Je devais faire une drôle de tête et je le sentais, depuis une minute, je me sentais un peu perturbée.

  • Oui, ça ira, merci pour tout Emily.
  • Alors, à dans trois jours ! N’oublie pas pour les prières régulièrement.
  • Ne t’en fais pas, la rassurais-je.
  • Très bien, je vois pour Billy, ajouta-t-elle avant de sortir de la tente.

67 – Blason

Au bout de quelques minutes où j’étais restée prostrée à fixer la fumée blanche, repensant à tout ce que Emily venait de m’expliquer, je fus éblouie par la lumière que Paul fit entrer dans la tente en soulevant le tissu d’un geste rapide. Mon cœur s’accéléra car cela faisait tellement longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés seuls depuis…je me souvenais que les premières nuits que j’avais passées dans les bras de Jacob, je m’étais réveillée plusieurs fois en pensant que j’étais encore avec Paul et en contemplant Jacob, émerveillée, je ressentais quand même une pointe de tristesse pour celui qui devait avoir beaucoup de mal à dormir maintenant sans moi. Je me demandais vraiment comment il gérait ça. Je n’osais pas poser de questions autour de moi de peur qu’on interprète mal mes intentions mais j’étais souvent inquiète et surtout, très triste pour lui. Comme d’habitude depuis que Jacob était rentré, Paul ne me regardait pas dans les yeux. Ça avait le don de m’agacer fortement mais je savais qu’il ne le ferait plus. Il m’avait regardé une dernière fois le jour où mon cœur avait repris ses battements, il m’avait transmis tout son amour par la pensée et depuis, je n’avais plus jamais croisé son regard. Son cas était vraiment étonnant car même s’il était imprégné de Rachel, même s’il se bornait à me dire qu’il me désirait uniquement physiquement, j’avais fini par comprendre avec tout ce temps passé avec lui que Paul m’aimait vraiment, d’un amour humain si je pouvais le qualifier, un amour qu’un loup-garou imprégné ne devrait plus jamais ressentir mais lui, il le ressentait et je savais que ça finirait par le briser.

Il s’approcha et je passais la main dans mes cheveux, histoire de me donner une contenance.

  • Va t’asseoir sur la chaise en bois, me demanda-t-il calmement tout en posant par terre tout un attirail enveloppé dans une peau qu’il devait avoir depuis une éternité.

Je me levais en serrant le drap contre ma poitrine et me dirigeais vers la fameuse chaise à massage que j’avais remarquée en rentrant dans la tente.

  • Tu as décidé où tu allais le mettre ?
  • Euh…

Je me raclais la gorge, essayant de réfléchir assez vite car en fait, je n’y avais pas du tout pensé depuis que Emily m’avait parlé de ça. Jacob préférait en moi mes yeux mais bon … j’essayais de repenser à tout ce qu’il me racontait quand il caressait mon corps et finis par dire :

  • En bas du dos…là…, fis-je en montrant d’un geste mal assuré l’endroit où je le voulais.

Paul jeta un bref regard vers moi et hocha la tête.

  • ça va te faire un peu plus mal, l’os du bassin est tout près de ta peau mais t’en fais pas, je vais faire ça doucement.
  • Ah…
  • Et mets toi dans l’autre sens alors, continua-t-il en préparant une espèce d’aiguille. Les genoux sur les calles en bois.
  • Ok…

Je m’installais, serrant bien le drap contre moi pour ne pas qu’il glisse et posais mon visage sur le petit coussin qui pouvait aussi caler la nuque si on s’asseyant normalement. Je respirais profondément et me concentrais sur le petit rayon de lumière que je voyais filtrer sous la tente. Je sentis Paul approcher et s’installer derrière moi.

  • Alors, surtout, tu vas te détendre, déclara-t-il d’une voix si calme que je me demandais s’il l’était vraiment ou s’il se forçait à paraître comme ça.
  • Ça va faire mal ?
  • Un peu…surtout là où tu le veux. Mais il est petit, ça ne va pas durer longtemps, me rassura-t-il.

Sa main chaude fit glisser le drap de mes épaules jusqu’en bas du dos et je l’aidais à le caler pour garder le reste de mon corps couvert. Je déglutis, sachant que mon dos nu allait encore le troubler mais apparemment, il se maîtrisait parfaitement car je sentis ses doigts me passer une sorte de pommade là où je lui avais montré.

  • C’est une pommade anesthésiante, m’expliqua-t-il. Ça aide d’avoir un pharmacien dans la famille…

Il semblait vraiment détendu et je m’en voulais de ne pas ressentir le même calme que lui. Seulement, je ne savais pas ce qu’il pensait et ça me rendait nerveuse.

  • Bon, respire un grand coup et surtout, détends-toi ! Me répéta-t-il.
  • Oui…

Malgré sa fameuse pommade, je sentais les picotements de l’aiguille et je fermais les yeux avec force.

  • Détends-toi Bella, murmura-t-il.
  • Oui…
  • Pense à autre chose…
  • Tu en es où avec Rachel ? Demandais-je sans réfléchir.

Je sentis qu’il marquait une pause puis les picotements de l‘aiguille reprirent.

  • Je ne sais pas…, finit-il par répondre.
  • Comment ça ?
  • Arrête un peu de bouger ! Grogna-t-il.
  • Pardon…

Je sentis son souffle chaud sur mon dos et tournais un peu la tête pour le regarder. Du coin de l’œil, je le vis très concentré.

  • Paul ? Murmurais-je.
  • Hum ?
  • Pourquoi…pourquoi tu ne me regardes plus ?
  • Comment ça ? demanda-t-il d’une voix tendue.
  • Tu le sais très bien…, murmurais-je la gorge serrée.

Cette fois, il retira complètement l’aiguille et je le sentis s’approcher de moi. Je fermais les yeux en sentant son souffle sur ma nuque.

  • Parce que je me l’interdis, chuchota-t-il à mon oreille. Les yeux, c’est la connexion directe avec l’âme, continua-t-il. Si nos yeux se croisent, mon âme te criera à nouveau tout ce que je ressens pour toi et ça, je n’en ai plus le droit ! J’ai déjà de la chance que Jacob accepte ça sans me bannir. Je n’aurais jamais sa force mentale…je l’admire vraiment pour ça.
  • Mais…mais tu ne peux pas passer outre ça ? Bégayais-je, troublée. Tu seras malheureux toute ta vie Paul ! Un jour, tu vas…
  • Un jour je vais péter un plomb oui, me coupa-t-il durement. Mais j’ai fait un choix. Et comme ça, je souffre déjà moins. Et puis, il y a Rose maintenant, ajouta-t-il en se replaçant pour continuer le tatouage.

Je ne le reprenais même plus sur le surnom qu’il donnait à ma fille. Après tout, lui seul l’appelait comme ça et c’était son petit privilège à lui. Mon cœur battait si fort que je ne sentais même plus les picotements. J’étais trop bouleversée par ce qu’il venait de me dire et je fermais à nouveau les yeux pour retenir mes larmes. J’aurai tellement voulu qu’il soit heureux ! Je ne comprenais pas comment il avait réussi à lutter contre son imprégnation avec autant de force et de détermination.

Je le laissais travailler, en silence, tentant de m’apaiser pour mieux me détendre et qu’il puisse terminer ce tatouage au plus vite.

Au bout de deux heures où je commençais à me sentir engourdie, Paul rangea ses affaires puis m’appliqua une nouvelle pommade sur le tatouage qui me rafraîchit la peau.

  • Tu devrais te mettre ça deux fois par jour, m’annonça-t-il en me posant un tube près de moi.
  • D’accord…
  • Surtout pas de bain ! Et ne frotte pas avec une serviette ou quoi…sinon tu vas l’abîmer. Tamponnes seulement…, m’expliqua-t-il.
  • Ok…
  • Et évite de porter des vêtements trop serrés pendant au moins quinze jours…
  • Mais, le jour du mariage ? Demandais-je, pensant à ce que je devais porter.
  • Je te mettrais un petit morceau de coton dessus, me rassura-t-il.

Je le sentis hésiter puis, ses mains chaudes se posèrent sur mes épaules. Il se rapprocha et commença à me les masser doucement. Ses pouces se placèrent sur mes omoplates qu’il massait aussi en mouvements circulaires et je poussais un soupir de plaisir tellement ça me faisait un bien fou. Je le laissais continuer pendant un bon moment et je le sentais moins tendu. Il voyait que j’appréciais et décida même de descendre plus bas, le long de ma colonne vertébrale puis il remonta sur ma nuque. Sa technique était efficace, tellement que je finis par me retourner un peu pour demander :

  • Tu as pris des cours ou quoi ?
  • Je devais faire des études de kiné, m’avoua-t-il.
  • Quoi ? Mais…pourquoi tu n’as pas continué ? M’étonnais-je.
  • Il m’est arrivé un peu un truc entre temps, rigola-t-il doucement, faisant allusion à sa mutation.
  • Mais tu pourrais reprendre les cours maintenant ? Insistais-je. Tu es doué…je t’assure, ajoutais-je en soupirant.
  • Merci…, souffla-t-il.

Et à mon grand regret, il stoppa ses mouvements mais gardait ses mains sur moi. Je le sentis s’approcher de moi et il déposa un baiser brûlant sur mon épaule, celle où je tenais mon visage. Je lui souris faiblement, retenant ma respiration et il me chuchota :

  • Si tu as besoin de quoique ce soit, fais-moi appeler, ok ?
  • Oui…

Et il se releva. Je me dégageais de la chaise, un peu engourdie et me relevais un peu chancelante. Paul prenait son sac, le regard baissé vers le sol et je m’enroulais à nouveau dans le drap, sentant une légère douleur dans le creux des reins.

  • Tu ne m’expliques pas la signification du tatouage ? Demandais-je, voulant le retenir encore un peu.

Il hocha la tête et vint près de moi pour me diriger vers le miroir. Je fis glisser le drap en me tournant face à la glace et je vis un petit dessin noir représentant un petit loup, mais vraiment minuscule, enroulé dans une fleur couchée vraiment magnifique.

  • Oh, qu’il est beau…, murmurais-je.
  • Le petit loup va devenir plus clair, m’annonça-t-il. Il sera orangé.
  • Oh…merci ! 
  • De rien…la fleur c’est du Lys. Le symbole royal par excellence, murmura-t-il. Parce que tu es notre Reine…

Je secouais doucement la tête, préférant ne pas le reprendre pour la millième fois sur son histoire de reine. Il contempla le tatouage pendant quelques instants, j’en profitais pour le détailler au travers du miroir, remarquant ses yeux cernés. Mon cœur se serra mais il me prit au dépourvu en s’éloignant de moi pour partir. En ouvrant la tente, il se retourna et déclara :

  • J’aurai pu t’accompagner pour ce que tu veux faire avec Billy. J’aurai pu t’aider.

J’étais surprise qu’il ait deviné mes intentions mais ne relevais pas, je sentais qu’il allait ajouter quelque chose.

  • Mais il vaut mieux comme ça…
  • Oui, répondis-je. Tu aurais fini par être obligé de me regarder !
  • Non, rigola-t-il. J’y serai arrivé sans ça…mais je n’aurai pas supporté …
  • Non, et peut-être que je ne voudrais pas que ça soit toi, le coupais-je.
  • Oui…tu as raison, murmura-t-il en baissant la tête.

Et il sortit de la tente, me laissant seule avec mon feu et mon tatouage, prête à passer trois jours que je comptais bien mettre à profit !

 

68 – Un héritage bien lourd à porter !

Planté devant mon ancienne armoire de ma petite chambre, j’étais en train de me demander ce que j’allais bien pouvoir mettre. J’avais bien un costume mais je n’étais pas très sûr qu’il m’aille encore. En fait, je m’étais levé ce matin en catastrophe, réalisant que je n’avais rien acheté pour le mariage ! J’avais fait quelques dépenses, évidemment, donnant de l’argent à Seth pour la nourriture et les fleurs mais j’avais complètement occulté cette histoire de costume et en fait, personne (même pas ma sœur !) ne me l’avait rappelé ! Maintenant, j’avais l’air malin, nous étions samedi et je n’avais rien à me mettre. Tant pis…j’allais devoir improviser. J’essayais de me rappeler ce que Sam avait porté le jour de son mariage. Chemise blanche, pantalon noir ! Ok…il me restait plus qu’à trouver ça. Je fouillais dans mes affaires et trouvais ce qu’il me fallait. Bon, ce n’était pas parfait mais c’était simple, classique…ça passerait ! En tous cas, il était hors de question que je mette plus que ça, veste, cravate ou gilet de tout genre ! Je me décidais sur ça et le posais sur mon lit pour tout à l’heure.

Je sortis de ma chambre, soulagé d’avoir réglé mon problème quand je tombais sur ma sœur Rachel et mon père, qui était enfin revenu de sa retraite avec Bella. Tous deux me regardaient, un grand sourire aux lèvres.

  • Euh…salut ! Vous m’attendiez ou quoi ?
  • Oui, répondirent-ils en cœur.
  • Ah …

Je me tendis, redoutant soudain le pire. Rachel, anormalement excitée, s’approcha de moi et me prit par le bras pour me guider vers la salle à manger. Mon père nous suivait en poussant son fauteuil.

En avançant dans la pièce, je découvrais un costume en peau de bison noir étalé sur la table qui me fit sortir de mes gons.

  • Non mais vous rigolez j’espère ! M’écriais-je. Hors de question que je foute ce truc !

Et je me retournais pour filer dehors. Rachel me rattrapa. J’entendis Billy éclater de rire.

  • Eh Jake ! Viens ici !
  • Non !
  • Viens ici ! Répéta-t-elle en criant.

Je fis aussitôt volte-face et la fixais durement. Elle baissa les yeux en murmurant :

  • S’il te plait…
  • Je ne mettrais pas ce déguisement de clown ! Déclarais-je durement pour bien qu’elle comprenne.
  • Jacob, ça appartenait à ton grand-père, me lança Billy depuis son fauteuil.
  • Bah si ça lui plaisait de ressembler à un guignol ! Grand bien lui fasse ! M’écriais-je.
  • Jacob…viens au moins le regarder, insista doucement Rachel.
  • Je le vois d’ici !!!

Le poncho avec des dessins rouge et blanc… de loups sûrement, des franges au pantalon, non merci ! Je n’oserais jamais, mais jamais, me présenter comme ça devant Bella ! Je suis sûr qu’elle préférerait encore que je sois nu !

  • Allez Jake…, insista de nouveau ma sœur. Viens au moins l’essayer…pour rire si tu veux.

Sa proposition me surprit, me rappelant des jeux auxquels nous jouions enfants et ça me calma aussitôt. Après tout, ils ne pourraient pas me forcer. J’avançais lentement vers la table tout en détaillant l’affreux costume qu’ils osaient me présenter. J’essayais de m’imaginer mon grand-père là-dedans le jour de son mariage et fermais les yeux, rouge de honte.

  • Non, je ne mettrais pas ça…, murmurais-je.
  • Essaie-le Jacob, pour nous faire plaisir au moins.

Bon, je me dis que plus vite essayé, plus vite ils me foutraient la paix ! Je retirais brusquement mon tee-shirt et mon pantalon que je balançais sur une chaise puis attrapais le pantalon à franges noires qui allait clairement me faire ressembler à un indien du moyen âge et l’enfilais aussi rapidement que possible. Tout en attachant la lanière, je fus quand même forcé d’admettre qu’il était confortable. La douceur du tissu, quand même super agréable au touché, faisait comme une seconde peau et il se portait presque comme un jeans mais je préférais ne pas m’attarder sur ce détail en regardant les franges noires qui tombaient sur le côté à partir des genoux où la coupe était un peu plus ample. Puis, presque avec répugnance, je choppais le poncho si large qu’on aurait pu en mettre deux comme moi dedans et l’enfilais par la tête. Il était ouvert sur les côtés, un col en V si large qu’il me descendait jusqu’en bas de la poitrine…atroce ! Je regardais les petits loups brodés sur le devant, des rouges, des blancs, des gris…je réfléchis une seconde et me demandais pourquoi des rouges ? Mais comme je n’avais pas l’intention de porter ce truc, je finis par me dire que je m’en fichais de toute façon !

Je levais les yeux et défiais mon père du regard qui se mordait l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire. Ma sœur était très occupée à placer le vêtement correctement, espérant qu’ainsi j’aurai moins l’air d’un crétin. Puis, avec horreur, je la vis sortir d’une boite un grand collier à lanière en cuir, où était attaché toutes sortes de trucs Quileute : des plumes, des objets en argent et il se terminait par un loup cuivré qui me rappela étrangement ma couleur.

  • Je croyais que mon grand-père était noir ? Demandais-je.
  • Oui…murmura Rachel. On a fait changé le loup.
  • Ah …

Ils avaient vraiment cru que je porterais ce truc ! J’hallucinais !!!

Elle me passa le collier autour du cou et ma poitrine découverte par le décolleté fut aussitôt dissimulée. Je soupirais fortement pendant que mon père éclatait de rire, réellement amusé par ma mauvaise humeur.

  • Allez c’est bon ! Grognais-je. Vous m’avez vu dedans une fois, rappelez-vous en bien ! Tiens, va chercher l’appareil photo Rachel, ça te fera un souvenir !
  • Jake…, murmura-t-elle, réellement affectée.

Mais je m’en fichais littéralement !

  • Fiston, tu devrais quand même respecter un peu plus l’héritage des Black, me lança mon père une lueur de moquerie dans les yeux.

Je compris alors que l’idée venait de Rachel.

  • Ah oui ? Tu l’as porté toi ce costume de guignol pour ton mariage ?
  • Ta mère ne voulait pas…, m’avoua-t-il dans un demi sourire.
  • Bah tiens ! Ricanais-je.
  • Elle ne voulait pas parce que je n’étais pas un Alpha. Pour elle, je ne le méritais pas, ajouta-t-il.
  • Quoi ? M’écriais-je. Maman était au courant de tout ?

Il leva un sourcil, me défiant, s’attendant à ce que je commence ma tirade sur l’interdit de nos lois tribales. Je préférais remettre cette conversation à plus tard, seul à seul. Car en fait, j’étais étonné de savoir comment ma mère avait vécu ça.

  • Bon Rachel, dépêche-toi d’aller chercher l’appareil avant que je retire ce truc ! Répétais-je.

Et là, je la vis se mordre les lèvres et filer dehors presque en courant. Je jetais un regard ahuri vers mon père en demandant :

  • Mais qu’est-ce qu’elle a encore ?
  • Elle est un peu à cran…et elle voulait vraiment que tu le portes, m’expliqua-t-il. Elle avait fait une promesse à ta mère.

Je déglutis, soudain ne sachant plus quoi dire.

  • Ta mère lui avait dit que ce costume était pour toi, que tu serais l’Alpha que tout le monde attendait…elle l’avait gardé pour l’occasion.
  • Ah bon sang…, murmurais-je, sachant que maintenant, je n’avais plus le choix.

J’étais dégoûté mais quoi répondre à ça ?

Je soupirais tout en retirant le poncho et le posais sur la table. Je regardais à nouveau la coupe du pantalon et le trouvais quand même assez classe mis à part les franges à partir du genou…la peau de bison brillait un peu avec la lumière et en posant ma main dessus, je ne pouvais que apprécier la douceur du tissu. Mais le poncho ! Nom d’un chien…

  • Je ne peux pas mettre le bas avec une chemise ? Demandais-je à Billy.
  • Débrouille-toi avec ta sœur ! Grogna-t-il en donnant un coup de roue à son fauteuil. Et dis-toi que tu n’as pas vu le pire, ajouta-t-il en lançant un regard vers le sol.

Je baissais la tête et découvrais avec horreur une paire de chaussures (enfin non, de chaussons) en peau de bison également, qui recouvrirait le pied entièrement. Je secouais la tête, dégoûté, imaginant la tête de Bella en voyant ça.

  • Eh papa ! L’interpellais-je.
  • Oui ? Répondit-il en se retournant.
  • Comment va Bella ?
  • Elle va bien ! Merveilleusement bien ! Déclara-t-il dans un grand sourire.
  • Ah oui ? Elle a eu sa vision ?
  • Ta femme n’a pas besoin de tout ça pour avoir une vision ! Rigola Billy. Et puis, je ne crois pas qu’elle en avait l’intention ! Pour ça, il faut qu’elle dorme ! Hors, elle avait envie de parler…de beaucoup parler ! Ajouta-t-il.
  • Et de quoi avez-vous parlé ? M’étonnais-je.

Billy hésita et un léger sourire se dessina sur ses lèvres, se rappelant certainement des questions que Bella lui avait posées.

  • Elle a déjà voulu savoir comment ça s’était fini entre son père et moi…suite à notre différent avec Sue.
  • Et ? Demandais-je, car moi non plus je n’avais plus suivi l’affaire.
  • Et je lui ai répondu que son père était un homme bien plus sage que moi ! Charlie mérite largement Sue et il a su la reprendre…à sa façon.

Comprenant qu’il ne s’étalerait pas, je n’insistais pas. Je vis Billy sourire franchement et il ajouta :

  • En tous cas, j’ai appris à mieux la connaître pendant ces trois jours et crois-moi, tu as hérité de la femme la plus bornée, obstinée et entêtée que je connaisse ! Rigola-t-il.
  • Bah oui…je sais, soupirais-je, espérant que Bella n’en avait pas fait trop voir à mon père.
  • Ah ça …quand elle a quelque chose dans le crâne…, continua-t-il soudain pensif. Enfin…pour le costume, laisse-le pour l’instant et réfléchis. Tu as encore une heure pour te décider…Mais sache que ta sœur prend ça très au sérieux.
  • Oui, comme tout le reste, répondis-je, presque vaincu.
  • Au fait Jacob…
  • Oui ?
  • Bon anniversaire ! Déclara mon père dans un petit sourire.

 

69 – Pas toujours facile de remettre les choses à leur place …

 

 

En sortant dans la cour, je remarquais que l’air était assez chaud malgré le ciel assez nuageux et j’espérais qu’il n’allait pas finir par pleuvoir, pour changer. Puis, je tombais sur Charlie, Sue et à ma grande surprise, dans la même voiture, Renée qui m’afficha aussitôt un franc sourire.

  • Eh ! Comment allez-vous ? L’accueillais-je, heureux de la revoir.
  • C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça. Bon anniversaire Jacob !
  • Oui…merci !

Elle me prit dans ses bras et me berça doucement. Je la serrais contre moi et elle se dégagea, émue.

  • Je veux voir ma petite fille puis ma fille, m’annonça-t-elle, les yeux brillants.
  • Rosalie est avec ma sœur ou son parrain. Bella est dans notre maison, elle se prépare avec Emily et les filles.
  • Parfait…alors à tout à l’heure !
  • Oui…

Charlie s’approcha de moi en me tendant la main, son autre bras autour des épaules de Sue.

  • Salut fiston, me dit-il, ce qui provoqua en moi un sentiment de joie immense. Bon anniversaire ! Sacrée journée hein ?
  • Ouais…je n’ai encore rien vu, répondis-je, un peu angoissé malgré moi.
  • Pas trop stressé ? Me demanda Sue.
  • Oh non !

Pour sûr que je n’y étais pas jusque là, j’avais même oublié l’essentiel ! Mais bon…ce problème là n’était pas encore réglé. Un taxi s’engagea sur la route et je déclarais :

  • Billy est à la maison, vous pouvez y aller, il vous attend.

Ma sœur Rebecca descendait du taxi et je laissais donc Charlie et Sue pour l’accueillir. Je fus très surpris par son nouveau look, décidemment très différent de Rachel. Sa robe fendue laissait entrevoir ses jambes parfaites de danseuse de salsa professionnelle, soulignées par des chaussures hautes rendant sa silhouette sexy en diable. Même moi, en tant que frère, je ne pouvais nier que Rebecca était belle à couper le souffle. Elle s’avançait rapidement vers moi dans un grand sourire et j’ouvris les bras pour recevoir son baiser.

  • Tu as coupé tes cheveux ! M’écriais-je en même temps qu’elle.

Nous éclatâmes de rire ensemble et Rebecca ajouta :

  • Oh mais tu es moins beau comme ça ! Et moi qui me vante partout que mon frère a des cheveux magnifiques !
  • Non mais tu t’es regardée ! On dirait un mec ! Me moquais-je en découvrant ses cheveux ras sur la nuque et sa grande mèche qui lui tombait sur le front.
  • Jake, cette coupe est très tendance et très sexy ! Je fais fureur à Dallas !
  • Je n’en doute pas ! rigolais-je. Une vraie rebelle !

J’imaginais déjà Rebecca jouer de sa nouvelle apparence auprès des mecs de son entourage. Je l’imaginais danser et provoquer, comme elle avait toujours aimé le faire au plus grand damne de Rachel pendant les bals de l’école. Mais je connaissais bien ma sœur, elle n’avait jamais franchi les limites, elle aimait plaire, elle aimait s’amuser mais elle ne se moquait pas du monde. Pour ça, elle avait quand même gardé un minimum de sérieux.

  • Alors ? ça y est ? Tu as décidé de te passer la corde au cou avec ta Bella ?
  • On dirait ouais …mais je vois que comme d’habitude, tu n’es pas au courant…
  • J’ai encore loupé quelque chose ? s’écria-t-elle.
  • Oui ! Je suis papa !
  • Quoi ?! Mais pourquoi on ne m’a rien dit ? !
  • Peut-être parce que tu ne donnes jamais de nouvelle ? lui reprochais-je doucement.
  • Eh, je suis là aujourd’hui…Jake, je suis sérieuse, c’est pas cool !
  • Allez, c’est rien, soupirais-je. Je savais que tu viendrais aujourd’hui…je vais te présenter. Viens…
  • Eh bon anniversaire frangin ! Lança-t-elle précipitamment, craignant sûrement de l’oublier après.
  • Oui, rigolais-je. Merci !

Je la pris par les épaules, remarquant en passant son dos nu et lui jetais un œil appréciateur qui la fit rire. Puis je cherchais où se trouvait ma fille du regard et tendis le dos lorsque je la vis dans les bras de Rachel, Paul un bras sur son épaule à contempler sa filleule. Je ne sais pas pourquoi mais j’appréhendais beaucoup cette rencontre Paul/Rebecca. J’avais vraiment l’intuition que ma théorie était la bonne et je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. Est-ce que c’était trop tard quand la magie avait opéré une fois ? Est-ce qu’au contraire, ça allait être l’explosion et le drame pour Rachel ? Et plus farfelu, est-ce qu’il pouvait s’imprégner des deux ? Vu que leur code génétique était identique…toutes ses pensées affluaient ma tête pendant que Rebecca et moi marchions lentement vers celui, qui pour moi, aurait du être son destin. Mais, je ne pouvais pas les empêcher de se rencontrer, je n’en avais pas le droit…même si dans quelques secondes, j’allais peut-être briser la vie de ma sœur, je savais parfaitement que Paul n’était pas heureux avec elle et que si ma théorie était juste, qu’il ne le serait jamais. L’imprégnation, c’était l’épanouissement, j’étais bien placé pour le savoir…et dans ce cas, la vie de Rebecca était également concernée…j’avais l’impression que j’étais en train de ramener un cadeau à Paul, peut-être un cadeau empoisonné s’il se rendait compte de quelque chose et que rien ne se passerait puisqu’il était déjà imprégné ? Ou alors, le cadeau de sa vie en lui disant : « tiens, je te donne la bonne ! » …

On s’approchait et mon regard se posa sur Rachel qui souriait tendrement en regardant ma fille. Paul ne quittait pas du regard Rosalie, toujours aussi ému devant elle, je savais qu’il avait fait des efforts pour Rachel, je savais que ma sœur essayait d’être moins stricte, qu’elle avait compris que dompter Paul était peine perdue mais je savais aussi que malgré tout ça, ni l’un ni l’autre était pleinement satisfaits…non, ce couple là ne serait jamais heureux…je soupirais et accélérais le pas. Paul leva la tête à notre arrivée et planta son regard dans le mien, le sourire qu’il venait de donner à ma fille s’évanouissant doucement de son visage. Je lâchais Rebecca et tendis les bras vers Rosalie.

  • Eh, par ici la puce !

Rachel me la transmit tout en lançant un regard sévère à sa sœur. Je vis Paul poser les yeux sur elle et ma nuque se contracta à nouveau.

  • Salut Rebecca ! Tu t’es enfin rappelée que tu avais une famille ? Piqua aussitôt Rachel.

Je ne pouvais pas la blâmer mais cette entrée en matière était loin d’être chaleureuse. Paul gardait toujours le silence mais fixait Rebecca, tendu. Etait-il entrain de se rendre compte de son erreur ?

  • Bonjour Rachel, moi aussi je suis heureuse de te revoir, répondit ma sœur dans un sourire crispé.
  • Bon !...Rebecca, voici ta nièce, lâchais-je d’une voix légère, en montrant ma fille à ma sœur. C’est Rosalie …
  • Oh mon dieu ! Ce qu’elle est chou ! Trop belle ! Bravo Jake ! Rigola-t-elle.

Je lui passais Rosalie et un peu gauche, elle l’a prit dans ses bras en souriant. Rachel continuait de garder son air sévère, je savais déjà ce qu’elle pensait : « Rebecca ne serait jamais une bonne mère avec la vie qu’elle menait ! » puis je sentis son regard posé sur moi et lui jetais un coup d’œil à la dérobée. Elle avait l’air bizarre, comme si elle se sentait mal. Je déglutis, redoutant soudain un truc que je n’aurais pas prévu et tournais à nouveau la tête vers ma fille. Rosalie ne quittait pas des yeux la mèche qui tombait du front de ma sœur et qui se balançait doucement. Comme je m’en doutais, elle lui chopa et Rebecca éclata de rire. Je vis Paul sourire en se tournant légèrement le visage dans les cheveux de ma sœur qui était aussi blanche que de la craie. 

Bon sang, il ne se passait rien ! Alors j’avais eu tout faux ? En même temps, c’était un soulagement pour ma conscience vis-à-vis de Rachel. Mais je voulais en avoir le cœur net.

  • Rebecca, je ne sais pas si tu connais Paul ?

Elle leva aussitôt les yeux de Rosalie et les posa sur lui. Il hocha la tête sans la quitter des yeux, puis murmura un « salut… » d’une voix rauque qui trahissait toute la tension qui l’habitait à cet instant. Etait-ce parce que ma sœur était très belle ou était-ce pour autre chose ? En regardant Rebecca, je sentis tout à coup qu’elle était ennuyée et nerveuse. Je connaissais cette attitude pour l’avoir déjà vu plus d’une fois pendant l’adolescence de mes sœurs et je continuais malgré le drôle de regard, presque un regard de peur, que me lança Rachel :

  • Enfin voilà…je ne sais pas si vous aviez déjà eu l’occasion de vous voir…Paul est le parrain de Rosalie, insistais-je, occultant l’expression qu’affichait Rachel.   
  • Ah…et bien enchantée ! S’écria soudain Rebecca, d’une voix un peu forcée. C’est toi alors le mec sexy pour lequel Rachel a tout plaqué ? Pour une fois qu’elle fait quelque chose de dingue, piqua-t-elle dans un demi-sourire. Mais je dois dire que sur ce coup-là, je comprends Rachel ! Continua-t-elle en défiant sa sœur. Dommage que je n’étais pas là avant toi !

Oui…dommage, pensais-je, sentant soudain la tension monter d’un cran entre elles.

Car ça se passait tout le temps comme ça…des piques de plus en plus grinçant et l’explosion de Rachel…Rebecca savait toujours comment faire sortir de ses gons celle pour qui l’apparence tranquille était sacrée. Je vis encore Paul se retenir de rire mais je ne comprenais pas sa retenue !

  • Au moins, moi je suis revenue dans la famille, grinça Rachel qui avait repris des couleurs. Toi tu ne savais même pas que Jacob était père et qu’il avait dis…
  • Rachel ! La coupais-je.

Rebecca ne devait pas savoir ! Comment lui expliquer ça alors qu’elle n’était pas dans le secret ?

  • Ok ! Je vois que ton sens de l’humour ne s’est pas arrangé avec les années ! Rigola doucement Rebecca. Faudrait peut-être penser à retirer le balai !

Je pouffais de rire et je vis Paul se mordre les lèvres dans un sourire. Mais je sentais Rebecca très nerveuse malgré son air détaché et son attitude m’intriguait. Sentait-elle que Paul lui était destiné et de le voir avec Rachel avait-elle éveillé sa jalousie ? Est-ce que c’était possible ? J’observais attentivement Paul, il semblait très amusé par la situation mais Rebecca, pas du tout. Et tout à coup, elle me redonna Rosalie et déclara sèchement :

  • Bon, je vais voir papa !

Je la regardais filer, elle ne s’était même pas excusée ! Un peu dérouté par son comportement impulsif, elle qui d’habitude prenait tout par-dessus la jambe et prenait plaisir à faire enrager Rachel, surtout pour une histoire de mec ! Là, j’avais l’impression qu’elle se sauvait avant d’exploser. Alors que c’était toujours l’inverse ! Rachel me fit un sourire entendu en disant d’une voix légèrement vacillante, assez inhabituelle:

  • Elle se droguerait que ça ne m’étonnerait même pas ! Tu as vu comme elle tremblait ? C’est bien connu, les sportifs utilisent des produits pour tenir et être aussi athlétique ! Tu devrais peut-être lui parler ?
  • Hum…
  • Oh mais qu’est-ce qu’il se passe là ? demanda Rachel d’une petite voix en tournant la tête vers Paul.

Je remarquais aussitôt la crispation de Paul. Il serrait les dents tout en continuant de fixer Rebecca de loin et je le vis même frémir comme lorsqu’il était prêt à exploser. Et là, je sentis que tout basculait. Il lâcha subitement Rachel et se dirigea à grands pas vers Rebecca qui était en train de parler à mon père tout en jetant des petits regards vers nous, comme attirée par un aimant. Lorsqu’il l’atteignit, je vis ma sœur blanchir puis rougir et se passer nerveusement la main dans sa mèche qui lui tombait sur le front. Puis, je la vis rire nerveusement pendant que Paul lui parlait…je me demandais d’ailleurs de quoi est-ce qu’il pouvait bien lui parler ??? Leur discussion semblait très animée. Je tendis l’oreille pour capter leur échange et entendis Paul dire sur un ton énervé :

  • Et t’étais où ? Hein ! Pendant tout ce temps ! T’étais où ?

Ma sœur murmurait des mots que je ne voulus pas écouter. Et sans même me surprendre car je l’aurai déjà fait avant lui, je vis Paul attraper Rebecca par la nuque et l’attirer contre lui pour ensuite l’embrasser à pleine bouche d’une manière assez brutale mais qui, je le savais, ne dérangeait pas ma sœur. Elle s’agrippait à ses épaules et lui rendait son baiser avec autant de fougue. Alors Paul la souleva et elle enroula immédiatement ses jambes autour de sa taille dans un geste possessif qui me rappela Bella. La fente de sa robe craqua et je ne pus m’empêcher de penser que leur tempérament allait faire des dégâts…peut-être encore plus que ceux que Bella et moi avions faits !

Je tournais alors les yeux vers Rachel qui observait la scène sans broncher et quand elle sentit mon regard, elle déclara d’une voix blanche :

  • Tu le savais n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu lui as présentée ?
  • Oui …, avouais-je.
  • Tu as donc pris la décision de tout casser…sans même hésiter ? Continua-t-elle, soudain les larmes aux yeux.
  • Si, j’ai longtemps hésité…ça fait longtemps que je réfléchis à ce problème.

Je la regardais, ne sachant pas trop ce qui se passait en elle. Elle tourna un regard noir vers moi, chargé d’une colère qui n’était pas prête de se calmer.

  • Tu me l’as enlevé ! Comment as-tu osé Jacob ? Comment as-tu osé me faire autant de mal ! Je l’aimais ! Et tu n’as pas hésité !
  • Rachel, je suis désolé, murmurais-je, anéanti par la tristesse qu’elle ressentait.
  • Oh non ! Sanglota-t-elle, je ne ressens plus rien…je ne sens plus son amour ! Je l’ai senti me quitter dès que tu es arrivé avec elle !

Elle leva à nouveau un regard chargé de colère et je n'eus pas le temps de voir qui, mais on vint m'arracher Rosalie des bras juste avant qu’elle ne se déchaîne sur moi. Ses poings tambourinaient mon torse et je la laissais faire, la laissant me traiter de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait. Je me surpris même à me dire qu’elle en connaissait vraiment beaucoup pour quelqu’un qui gardait toujours autant son sang-froid. Je finis par poser mes mains sur ses bras et à la coller doucement contre moi pour qu’elle se calme. Elle pleura un long moment puis, en reniflant, elle se dégagea de moi avec un regard vide qui me fit peur et me laissa en plan, seul.

Quelque part, j’étais soulagé que Paul ait enfin trouvé celle qu’il attendait, effaçant du même coup l’amour qu’il éprouvait pour Bella. Et tout ça, pour le plus grand malheur de ma sœur mais au grand soulagement de tous. Je tournais la tête vers Paul et ma sœur qui, toujours enlacés, discutaient et riaient ensemble. Ainsi, le lien magique avait quitté Rachel pour aller se loger là où il devait être ! Libérant ainsi ma sœur de toute imprégnation.

  • C’était quoi ce bordel !

Je baissais la tête à gauche, découvrant Leah qui tenait Rosalie en la berçant doucement, tout en observant Paul et Rebecca.  

  • C'est une sacrée décision que tu as prise là Jacob ! Déclara Sam qui venait de se mettre de l’autre côté.
  • Je n'ai rien fait..., murmurais-je.
  • Si tu aurais pu ne pas faire venir ta sœur, me fit-il remarquer.

Oui, j’aurais pu…j’aurai pu mais je savais qu’il fallait remettre les choses dans l’ordre.

  • C'était de la desimprégnation - imprégnation ! Lança Leah. On aura vraiment tout vu avec ce truc ! Faudrait peut-être désigné quelqu'un pour réécrire les textes à ce sujet ?  
  • Et bien, puisque tu te proposes, répondis-je en lui souriant.
  • Ouais, c’est ça ! Claqua-t-elle en me replaçant Rosalie dans les bras.

Sam et moi éclatâmes de rire en la regardant filer pour retrouver son cher Peter.

Soudain, j’entendis Emily crier :

  • Jacob ! Tu penseras à te préparer ?

Ma gorge se serra et mes jambes ramollirent aussitôt. Sam me tapa sur l’épaule en disant :

  • Allez mon vieux ! Passe-moi Rosalie…

 

70 – A force d’éclater, il ne restera plus rien de mon cœur

 

 

Debout devant mon lit, bras croisés, ça faisait bien un quart d’heure que j’étais toujours dans la même position, à fixer le vide, mais où les deux costumes que j’avais étalés sur la couverture couvraient mon champ de vision. J’avais deux choix : honorer ma mère, ma sœur et tous les ancêtres Black ou respecter ma vraie nature. Bon en fait, si je respectais vraiment ma vraie nature, je ne mettrais ni l’un, ni l’autre mais il fallait quand même que je m’habille ! Je restais toujours planté, incapable de me décider.

« Tu n’as vraiment aucun respect de rien ! »

  • Ah ! Toi…ça faisait longtemps ! Ricanais-je seul dans ma chambre. Pourquoi est-ce qu’il faut que j’entende ta voix paternaliste aujourd’hui !

« Parce que tu as peut-être besoin de te faire botter les fesses ! »

Ma voix sans écho me faisait un drôle d’effet. Ça faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas entendu ! Faut dire que quatre mois dans les vapes, ça ne m’avait pas aidé non plus…

 « Bella sera magnifique aujourd’hui, tu pourrais au moins lui faire honneur ! »

  • Et mettre un costume trois pièces à mille dollars tant que tu y es !

«  Si tu l’avais voulu, tu aurais pris le temps de mieux te préparer oui… »

  • Ouais …c’est vrai, murmurais-je.

Pourquoi n’avais-je pas fait l’effort de mieux préparer cette journée ? J’avais beau réfléchir, je ne me trouvais aucune excuse…

«  Fais honneur à ta future femme et à toute ta famille aussi…ça changera pour une fois »

  • Va te faire voir Cullen ! Bella m’aime tel que je suis ! Elle préférait encore que je sois en jeans ou sans rien plutôt que je ne sois pas moi-même !

« Bella veut que cette journée soit inoubliable »

  • Oui, c’est vrai…

Je ne pouvais pas le nier, Bella s’était pliée à toutes les traditions Quileute, avec une volonté dont elle seule était capable. Je ne pouvais pas tout gâcher à cause de mes états d’âme. Je soupirais un grand coup et pris le pantalon en peau noire dans mes mains.

Une fois habillé, je jetais un dernier regard dans le miroir et soupirais à nouveau.

« Félicitations Jacob…tu as réussi ce que je désirais le plus dans cette vie : la rendre heureuse. »

Je me souris puis hochais la tête et en me lançant un dernier regard de défi, j’ouvris la porte de ma chambre pour rejoindre ceux qui m’attendaient avec impatience.

 

Rachel était assise à la table de la cuisine, le regard tourné vers la fenêtre, un mouchoir dans la main. Mon cœur se serra mais j’avais beau cherché au plus profond de moi, je ne regrettais rien. Je m’approchais doucement d’elle et lui posais la main sur son épaule.

  • Rachel, murmurais-je.
  • Laisse tomber ! Soupira-t-elle. Si tu as pris cette décision, c’est que tu as raison…tu as toujours su que Paul et moi ça ne marcherait pas…je t’ai vu plusieurs fois nous observer de ton air septique…

Je la regardais, ne sachant pas trop si je devais la réconforter ou pas ? Elle ne montrait plus rien ! Ni peine, ni colère …rien. J’avais envie de la secouer mais soudain, elle poussa un profond soupir et déclara :

  • Je suis soulagée tu sais, comme libérée…
  • Ah oui ? M’étonnais-je, inquiet. Tu ne ressens…rien ? Enfin, à part ce soulagement ?
  • Si, je suis contente…, finit-elle par dire en souriant doucement. Il va être heureux maintenant !
  • Mais et toi ? Insistais-je. Tu ne ressens rien ? Tu n’es pas triste ? Même pas un peu ? Tu n’es plus en colère ? Rajoutais-je, espérant qu’elle allait me pardonner.
  • Non…et tu sais quoi ? Je n’aime pas l’université de Seattle ! Je vais retourner finir mes études là où j’avais commencé ! Avant tout ça …, murmura-t-elle.

Elle me prit la main et me sourit tendrement puis se leva et à mon grand étonnement me prit dans ses bras en déclarant :

  • Bon anniversaire Jacob…je t’aime tu sais.
  • Moi aussi je t’aime Rachel. J’espère que tu seras heureuse…un jour.

Elle se dégagea de moi et opina de la tête, le visage un peu crispé par les larmes qu’elle retenait. Elle me tendit le collier à plumes orange et blanche que j’avais confectionné pour Bella sur lequel elle avait rajouté des petits lys blancs. Puis, elle se dirigea vers la porte en disant :

  • Allez, courage ! Tout le monde t’attend !

Je la suivis et fus ébloui par le soleil en sortant sur le perron de la petite maison rouge de mon père. Dehors, les garçons attendaient et me sifflèrent lorsque je descendis les petites marches en bois. Je me sentais quand même un peu mal dans ce costume ridicule mais respirais un grand coup, me disant que je le faisais pour ma mère.

  • Eh, tu as même mis les chaussons qui vont avec la robe de chambre ! Me railla Quil en passant.
  • Ferme-la ! Lui claqua Leah.

Ce qui me fit sourire. Je me sentais quand même super nerveux, j’allais bientôt la voir, j’allais bientôt me retrouver devant toute cette assemblée pour m’unir à la femme que j’aimais depuis la nuit des temps. Je n’aurais jamais cru vivre ce moment un jour, tout était allé si vite ! Et pourtant, nous y étions …j’avais gagné, j’étais le plus heureux des hommes.

Je laissais les garçons derrière moi et me dirigeais vers ma maison. En passant, je vis qu’ils avaient décoré la Chevrolet et m’arrêtais pour regarder la tonne de flots qu’ils avaient mis autour. Je secouais la tête, dépité par tout ce que j’allais devoir retirer après…

Mais, mon regard fut attiré par un mouvement sur mon perron. Accompagnée de Emily et de Renée, je vis la longue chevelure de Bella qui descendait le long de son dos nu…en fait, je constatais que son dos était complètement nu, des épaules jusqu'à la naissance des reins, seul une fine lanière retenait un bout de tissu à l'avant que je devinais très léger. Une longue jupe en peau de daim recouvrait ses jambes. Elle se retourna et là mon cœur s'arrêta de battre : son bustier cuivré captait la lumière du soleil et brillait doucement mais surtout, son décolleté échancré descendait jusqu'au nombril et ne laissait plus aucune place à l'imagination ! Elle posa son pied nu sur une marche et toute sa jambe se découvrit. A l'avant, le tissu était remplacé par des longues franges perlées qui laissaient entrevoir ses jambes. Elle ressemblait à une amazone et son allure sauvage et sexy finit par me décider complètement. Si ma mère me connaissait aujourd’hui, elle me pardonnerait !

Je posais le collier et d'un geste brusque, je retirais l'espèce de poncho et le jetais dans le coffre de la Chevrolet, puis en deux coups de pieds, je virais mes espèces de chaussons et décidais quand même de garder le collier cuivré, histoire de ne pas être complètement à poil ! Je repris celui de Bella et courrais plus que je ne marchais vers ma maison. Bella stoppa sa descente pour me laisser le temps d’arriver.  Elle me regardait avancer vers elle, les yeux brillants et un léger sourire aux lèvres. Je m'arrêtais une seconde en bas des marches pour la contempler puis lui tendis la main qu'elle choppa aussitôt. Elle descendait doucement les trois marches et je ne quittais pas des yeux les perles qui glissaient sur ses jambes découvertes. Elle vint se coller contre mon torse en levant sur moi ses beaux yeux chocolat et chuchota, rouge de plaisir :

  • Que tu es beau…

Je me félicitais intérieurement d’avoir viré le poncho avant qu’elle ne me voie !

Je remarquais alors que ses cheveux étaient ornés d’une multitude de petits papillons orange et j’en pris un entre mes doigts, reconnaissant là le travail de ma sœur.

  • Tu es magnifique ma chérie, murmurais-je.

Puis, nos regards se croisèrent un instant, nous souriant tous les deux avec amour. Je détendis alors le collier et le passais délicatement autour de sa tête, essayant de ne pas accrocher les petits papillons au passage. Bella me laissait faire, un léger sourire sur ses lèvres. Alors, avec douceur, je retirais ses cheveux et le collier se plaça sur sa nuque, contre le nœud qui retenait le petit bustier cuivré. Son profond décolleté fut alors un peu couvert et je lançais un petit regard entendu à Bella lorsqu’elle leva les yeux sur moi en souriant, lui faisant comprendre que j’appréciais vraiment ce point particulier de sa tenue. Pour bien insister, je passais mon doigt sous le collier à plumes et le fis descendre lentement de sa poitrine jusqu’au nombril. Elle éclata de rire et posa ses mains sur mon torse nu en le caressant lentement. Mon cœur s’accéléra, j’étais captivé par sa beauté et  j’aurai bien laissé tout le monde en plan pour la prendre dans mes bras et l’emmener loin d’ici mais soudain, des applaudissements retentirent autour de nous et me ramenèrent aussitôt à la réalité.

71 – Après la naissance de ma fille, le plus beau jour de ma vie !

 

Je présentais mon bras à Bella dans un sourire en coin, me moquant moi-même de mon geste qui datait des années cinquante mais elle posa sa main avec délicatesse pour jouer le jeu. Les sifflements et les acclamations nous entouraient de toute part. Je dirigeais Bella vers la forêt, là où la statue en bois de notre ancêtre Taha Aki nous attendait. Les garçons nous faisaient une allée jusqu'au loup et commencèrent à frapper dans leurs mains au rythme cadencé de notre marche. Je les sentais tous excités comme des puces, à rire et se trémousser comme des petits diables. La soirée promettait d'être longue... Bella éclata de rire et je leur jetais un regard entendu. Ils accélérèrent leurs applaudissements en sifflant et je finis par rire moi aussi. Je crus qu'il était resté avec ma soeur, mais Paul se plaça en dernière position de la rangée de gauche, se mordant la lèvre inférieure dans un large sourire. Il me fixait avec des yeux brillants remplis de joie et de reconnaissance. Je hochais la tête vers lui en passant et il me lança un « merci » muet. Bella lui fit un grand sourire, elle avait peut-être pensé qu’il ne viendrait pas ? Paul le lui rendit, dans un regard franc et je vis Bella s’étonner. Je savais par les souvenirs de Paul qu’elle était très affectée par sa tristesse et de la distance qu’il avait mise entre eux et je savais que grâce à ma décision, tout ce cirque serait terminé. Elle aurait une bien belle surprise en apprenant ça tout à l’heure.

Le loup se dressait maintenant devant nous, sur la petite butte qui avait déjà servie d’estrade à Sam et Emily. Le vieux Quil nous regardait arriver, souriant et je vis mon père, très fier et heureux, et Sam à ses côtés. Je dirigeais Bella jusqu’au pied du loup et elle se mit à genoux avant moi, ce qui fit rire ceux qui étaient derrière nous. Ma respiration était un peu saccadée, je me sentais calme et excité à la fois. Bella leva les yeux vers moi, elle était magnifique ! Le vieux Quil nous présenta à la statue de mon ancêtre. Têtes baissées, nous gardions le silence ainsi que toute l’assemblée. Puis, il nous demanda de nous lever et encore une fois, Bella exécuta le geste avant moi.

  • Nous voici donc aujourd’hui réunis pour célébrer l’union de Jacob et Bella, nos enfants et nos Alpha, qui représentent notre peuple d’aujourd’hui ! Commença le vieux Quil. Jacob, je souhaite vraiment que tu saches que c’est un honneur pour moi de te marier aujourd’hui. Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour voir ce moment et j’en suis très digne. Je tiens aussi à te dire, au nom de tous les anciens, que nous sommes tous très fiers de toi et de ce que tu as accompli pour ton espèce.

Je me raclais la gorge, gêné. Je n’avais encore rien fait !

  • Je sais ce que tu te dis, continua-t-il. Que tu es encore jeune, que tu n’as rien accomplis. Mais tu te trompes ! Tu as tout chamboulé Jacob Black ! Le traité a été rompu, tu as fait de nos ennemis, nos alliés…les Cullen, responsables malgré eux de la mutation de nos enfants, ne reviendront plus à Forks ! Nous allons pouvoir vivre en paix et en harmonie avec les hommes, continuer à les protéger, à veiller sur eux et leurs familles ! Grâce à toi, nos enfants resteront humains. 

Il posa un regard sur Bella et ajouta :

  • Tu as choisi une femme merveilleuse, qui t’a déjà donnée une fille. Cette fille, nous connaissons tous son destin et nous la vénérerons, tous comme ses parents !

Il marqua une pause où j’en profitais pour observer les réactions de Bella face à ce discours. Elle fixait le vieux Quil avec reconnaissance et je lui serrais la main qu’elle me tenait pour lui faire comprendre que je partageais sa joie.

  • Bon…où est-ce que j’ai mis mon …ah oui !

Le vieux Quil nous jeta un petit regard rieur puis reprit son sérieux et leva ses deux mains face à nous, liées par un vieux talisman Quileute. Je savais que c’était à ce moment que je devais agir et retirais doucement le collier du cou de Bella qui baissa la tête pour m’aider. Elle me tendit ses mains et je fus surpris de constater qu’elle se souvenait de ce geste vu lors du mariage de Sam et Emily…ou alors mon père lui avait expliqué ? J’enroulais d’une main tremblante le collier autour de ses mains jointes et liais les miennes sans trop de difficulté malgré le tumulte qui m’agitait.

Le vieux Quil démarra alors son discours en Quileute sur l’imprégnation et le mariage. Bella ne me quittait pas des yeux et je lui souris doucement, ne voyant plus qu’elle malgré l’assemblée que je sentais près de nous et qui gardait le silence. Je me sentais si bien à la regarder comme ça, elle était si belle…J’avais demandé au vieux Quil de faire le serment suivant dans la langue de Bella, histoire qu’elle sache ce qu’elle doive dire. La connaissant, je me doutais qu’elle avait du apprendre les fameuses phrases par cœur, pour ne pas être surprise aujourd’hui. Son discours terminé, le vieux Quil me fit un petit signe et je dénouais délicatement nos mains du collier. Bella le fit pendre à son bras et plaqua ses mains contre les miennes. Surpris qu’elle sache exactement où nous en étions, je lui fis un grand sourire pour l’encourager puis le vieux Quil annonça le moment du serment à l’assemblée. Mon cœur cognait très fort dans ma poitrine, je ne quittais pas Bella du regard qui semblait si sereine. Puis, il démarra et je tournais aussitôt la tête vers lui lorsque je l’entendis prononcer la phrase en Quileute. Il leva un sourcil, l’air de me dire « pourquoi tu m’interromps ? » Je lui fis les gros yeux pour lui rappeler ma demande mais il se racla la gorge en jetant un regard à Bella. Je la vis hocher la tête et le vieux Quil répéta dans ma langue :

  • Désormais vous ne sentirez plus la pluie, car vous serez le refuge l’un de l’autre.*

Et là, je compris alors pourquoi Bella avait demandé la présence de mon père et à quoi elle avait passé ses trois jours de purification.

Dans un grand sourire, les yeux brillants d’amour et de fierté, elle m’attendait et je sus que nous pouvions prononcer notre serment ensemble:

  • Si il pleut, je serai ton abri, tu seras ma maison, répondis-je en cœur avec elle, la gorge nouée par l’émotion.
  • Désormais vous ne sentirez plus le froid, car vous serez la chaleur l’un de l’autre, continua le vieux Quil.
  • S’il neige, je serai ton feu, tu seras mon soleil.

A ces mots, Bella me fit un grand sourire, je savais que c’était des mots très chers à son cœur puisqu’elle me voyait ainsi.

  • Désormais vous ne sentirez plus la solitude, désormais vous êtes deux…
  • Je suis à toi, tu es à moi, nous ne faisons plus qu’un.
  • Mais une seule vie s’offre à vous, continua le vieux Quil.
  • Notre vie sera unique et infinie.

Bella me dévisageait et je le sentais, j’avais les larmes aux yeux de l’entendre prononcer ses mots qu’elle avait durement appris.

  • Marchez vers le rivage pour entrer dans le sillon de votre vie ensemble.
  • Donne moi ta main, je te suivrai à chaque pas.
  • Que ces jours vous soient bons et longs sur la terre. Pour l’éternité…
  • Je resterai toujours près de toi, je t’aimerai éternellement.

Je me rapprochais d’elle, tremblant, et déposais sur ses lèvres un baiser qui n’avait pas le même goût que les autres à mes yeux. Celui-ci, je l’avais rêvé depuis que Bella était entrée dans ma vie, je l’avais espéré de toute mon âme, je m’étais battu pour le donner et aujourd’hui, je le déposais sur ses lèvres…Bella…mon amour, ma vie…ma femme.

Elle me sourit avec tant de bonheur que mon cœur bondit dans ma poitrine et elle me chuchota en fermant les yeux, ses lèvres contre les miennes :

  • Kwop kilawtley.**

Ma joie explosa, je passais mes bras autour de ses épaules et ma main contre sa nuque, je l’embrassais avec ardeur, tout en la pressant contre moi, caressant son épaules nues avec délice. Ses bras autour de ma taille, faisant courir ses petits doigts le long de mon dos, elle me rendait mon baiser avec beaucoup d’enthousiasme, tellement même que les gars finirent par nous siffler. Je me dégageais, très troublé, me rappelant où nous étions tout en jetant un regard d’excuse à l’assemblée qui riait et applaudissait. Je vis Charlie, Sue et Renée, un large sourire aux lèvres, les garçons qui s’étaient placés au premier rang et qui étaient toujours aussi excités, les femmes derrières eux et en bout d’assemblée, Rachel qui tenait ma fille Rosalie dans ses bras et lui faisait faire un petit coucou avec sa main dans notre direction.

Puis, Je remplaçais le collier orange et blanc autour du cou de Bella et nous nous plaçâmes sur le côté pour l’étape suivante de la célébration : la présentation des nouveaux imprégnés. Le vieux Quil fit signe au premier couple qui se présentait et qui attendait ma permission pour venir près du loup en bois. Je hochais la tête vers Leah qui, toute contente, tira son Peter jusqu’à la statue. Il se laissait guider avec une expression un peu inquiète, me rappelant l’attitude de Bella lors du mariage de Sam. Ils se mirent à genoux, puis se relevèrent et vinrent se placer près de nous dans un grand sourire. Bella leur murmura en passant :

  • Félicitations !

Puis, je vis mon frère Seth, se placer en tenant fermement Angela dont le look détonait complètement avec lui. Je n’avais jamais remarqué qu’elle était aussi sophistiquée mais ils étaient beaux tous les deux et j’étais surtout très content pour Seth d’avoir trouvé sa partenaire. Je fis signe à mon frère en riant et il entraîna Angela qui était assez blanche, impressionnée par l’immense statue en bois et sûrement par le côté solennel du moment. Ils se mirent à genoux et baissèrent la tête ensemble. Bella me serra la main très fort, heureuse de voir son amie dans notre famille. Ils finirent par se relever et vinrent se placer près de Leah. Angela en profita pour prendre Bella dans ses bras en chuchotant :

  • Tu es magnifique !
  • Merci…, gloussa-t-elle, rouge de plaisir. Toi aussi !
  • Oh Bella, je suis si heureuse…

Et elles se lâchèrent pour que Angela puisse se mettre près de Seth.

Le vieux Quil s’apprêtait à continuer son discours en voyant qu’il n’y avait plus personne à présenter mais je l’arrêtais d’un geste. Dans le premier rang, je vis Paul qui me suppliait du regard, Rebecca collée à lui qui me fixait avec autant d’insistance. Je tournais la tête vers le fond de l’assemblée, remarquant que Rachel s’attendait à ce que je la regarde. Elle tenait toujours Rosalie et me fit un petit signe de la tête. Je réfléchis un instant, histoire de savoir si le vieux Quil accepterait que Paul se présente une deuxième fois devant lui. Je jetais un regard en biais à Bella. Elle observait Paul avec une étrange lueur dans les yeux mais celui-ci ne la voyait plus, il continuait de me fixer et ébaucha un petit sourire, sentant sûrement que, encore une fois, j’allais craquer et perturber les bonnes habitudes Quileute. En me pinçant les lèvres, je lui fis un petit signe de la tête et je vis Rebecca sautiller légèrement sur place en lui chuchotant :

  • Tu vois !!!

Ils vinrent alors se placer tous les deux en bas de la butte. Le vieux Quil leva les yeux au ciel et je lui fis une mimique lui faisait comprendre qu’il pouvait bien faire une exception. Paul entama alors la petite montée en tenant fermement ma sœur. Bella était bouche bée et finit par tourner des yeux étonnés vers moi. Je lui fis un petit signe voulant dire que je lui expliquerais après. Paul se mit à genoux, je remarquais son allure un peu débraillée et ses cheveux en bataille. Ma sœur, la robe bien déchirée jusqu’en haut de la jambe et pieds nus, savourait visiblement ce moment avec un bonheur immense. En les regardant, je me félicitais vraiment d’avoir permis cette rencontre, ils avaient enfin trouvé leur équilibre.

Mais, c’était mal connaître Bella que de croire qu’elle resterait aussi longtemps sans explication. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour me chuchoter à l’oreille.

  • Qui est-ce ?
  • Ma sœur, murmurais-je.

Et comme elle me regardait sans comprendre, j’ajoutais :

  • Rebecca, la sœur jumelle de Rachel. La vraie femme de Paul.
  • Oh…

Elle tourna à nouveau sa tête vers le couple et sourit avec une joie non contenue qui me soulagea malgré moi.

  • Elle est si belle, murmura-t-elle pendant que Paul et Rebecca venaient se placer près de Seth et Angela.

Le vieux Quil concluait la cérémonie et cette fois, je remarquais que Bella ne captait pas le moindre mot, ce qui me fit rire doucement. Elle avait vraiment fait des efforts considérables, une preuve d’amour que je n’étais pas prêt d’oublier !

Le discours terminé, les couples redescendirent dans l’assemblée. Puis, je vis tous les gars se placer en une seule ligne, au pied de la butte, chacun un bras sur les épaules de l’autre. Leah paraissait toute petite entre Sam et Jared mais elle rayonnait littéralement.

Et là, ma gorge se serra lorsqu’ils entamèrent à l’unisson un champ Quileute destiné au couple d’Alpha. Ce n’était pas le même que celui chanté à Sam, celui-ci était plus gai et les larmes aux yeux que j’avais bien du mal à retenir, je finis par éclater de rire devant leurs têtes joyeuses. Bella se serra contre moi et ferma les yeux, une larme roula sur sa joue. Ils finirent leur chanson par des bruyants applaudissements et des sifflements. Je pris alors Bella par la main et nous les rejoignîmes en souriant.

Je traversais la petite foule, les nouveaux imprégnés derrière nous, qui nous suivraient jusqu’à la table dressée dans la cour de notre maison. Tout en marchant, Bella fit glisser sa main sur mon pantalon et, tout en caressant le tissu, me jeta un petit regard coquin en chuchotant :

  • Il te va vraiment bien …
  • Ouais ! Répondis-je, heureux d’avoir gardé le seul truc valable du costume.
  • Tu es vraiment beau comme ça…très beau, ajouta-t-elle en m’enlaçant.

Elle soupira et je savais que comme moi, elle attendait le soir avec beaucoup d’impatience. Tout en la dirigeant vers notre maison, je posais ma main sur le creux de ses reins et murmurais :

  • Ta jupe ne va pas abîmer ton tatouage ?

Elle releva la tête brusquement en s’écriant, toujours contre moi.

  • Mais comment tu le sais déjà ?

J’éclatais de rire et répondis :

  • Eh ben ! On va en avoir beaucoup des enfants !

 

* Le serment du vieux Quil est une prière Apache que certaines d’entre vous doivent connaître. J’ai donc repris ce poème pour vous le faire partager car je le trouve très beau et je le trouvais parfait comme serment pour un mariage Quileute. Les réponses de Jacob et Bella sont de moi J

** « Reste près de moi pour toujours » (Réplique volée à Taylor Lautner dans New Moon, désolée, j’ai pas pu m’en empêcher, il me fait trop vibrer quand il dit ça lol)

 

Epilogue Evolution

 

Je passais mes mains sous l’eau d’un robinet et mon regard fut attiré par cette alliance que je ne portais pas en temps normal…je n’eu pas le temps de m’y attarder qu’une voix aigue de fillette me demanda :

  • Eh, monsieur Black, vous allez sauver mon chat ?
  • Hum…oui, m’entendis-je répondre.

Je m’accroupis à son niveau et ajoutais-je :

  • Tu lui as fait quoi à ton chat ?
  • Rien ! se renfrogna-t-elle.

Mon regard se porta sur l’animal qui était secoué de soubresauts sur une grande table en fer. Visiblement, cette gamine me mentait. Je me relevais et m’approchais du fameux chat. Il sursautait violemment, comme si il avait le hoquet. Je posais mes deux mains dessus pour tenter de le stabiliser et entendis à mes côtés :

  • Eh monsieur Black ? Vous allez sauver mon chat ?
  • Hum…
  • Monsieur…s’il vous plait, sauvez mon chat ! Insista la fillette.

Je baissais les yeux sur elle et elle se mit à hurler de plus en plus fort :

  • Sauvez mon chat ! Sauvez mon chat ! SAU-VEZ MON CHAT !!!!! 

Ses cris m’énervaient au plus au point ! Je me retins de lui répondre de la fermer mais soudain, tout se troubla et devint silence. Changement de décors : je traversais un long couloir blanc…au fond, une porte où filtrait le soleil. J’ouvris cette porte vitrée et la claquais derrière moi. Je me retournais brièvement pour voir si elle était bien fermée et lus sur la plaque de l’entrée :

CLINIQUE VETERINAIRE

Dr D. Black

 

Je me réveillais en sursaut. Nom d’un chien ! C’était quoi encore ça ? Je haletais, le cœur battant…mon regard se posa sur Bella qui dormait paisiblement. J’essayais de reprendre mes esprits et d’analyser le rêve que je venais de faire quand soudain, Bella se releva en criant :

  • Sauvez mon chat ! Sauvez mon chat !
  • Eh ! Bella ! La secouais-je. Bella !

Elle me regarda avec des yeux un peu fous et sa respiration était saccadée. Je fus obligé de rire devant le spectacle qu’on devait offrir tous les deux. Deux dingues !

  • Oh bon sang ! Jake …j’ai rêvé de …
  • De la fillette qui crie « sauvez mon chat », riais-je. Insupportable gamine !
  • Oui…toi aussi ? S’étonna-t-elle un peu. 
  • Bah oui, tu rêves, je rêve…

Elle se calmait et soupira.

  • Oh…, gémit-elle en se mettant le visage entre les mains. J’en ai marre de rêver d’elle. Ça fait une semaine !
  • Ah oui ? Rigolais-je. Et tu ne vois qu’elle ? M’étonnais-je.
  • Oui pourquoi ?
  • Et bien on dirait qu’il n’y a toujours que moi qui les vois…, répondis-je, amusé. Déjà pour Rosalie…
  • Comment ça ? Demanda-t-elle, surprise.
  • Bella, je crois que je viens de rêver de notre fils….
  • Quoi ?!

FIN EVOLUTION

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