Evolution

Chapitre 4 : Evolution 4

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:56

50. - Son autorité 

 

En entrant dans la maison, je sus tout de suite que quelque chose clochait. Rachel gardait la tête baissée sur le repas qu’elle préparait…une place que Bella devait normalement occuper puisque c’était elle qui nous faisait les repas depuis tout ce temps. Un mauvais pressentiment…je fonçais dans sa chambre que je trouvais vide, le sachant déjà avant même d’ouvrir la porte. Je me précipitais donc sur la terrasse mais son fauteuil était vide également. Alors, la colère monta et j’entrais à nouveau dans ma maison en faisant voler la porte.

  • Rachel ! Où est Bella ?

Elle secoua la tête et je me jetais vers elle, furieux qu’elle garde le silence.

  • Où est-elle ? Hurlais-je. Réponds-moi !

Son regard apeuré par mes cris, son mouvement de recul…je sentais soudain ma colonne vertébrale me brûler…il fallait que je sorte, j’étais en train de devenir fou.

  • Paul !

Je me retournais malgré moi…

  • Sam est venu la chercher…il la garde chez eux.

Au fond de moi, je le savais déjà…il me la retirait…

  • Paul…ça lui fera du bien de voir autre chose …, avait-elle ajouté. Et nous …
  • Non ! Elle ne me parle qu’à moi ! Là-bas, elle va retomber dans sa dépression !
  • Où vas-tu ? Me cria-t-elle alors que je passais la porte. Sam ne te laissera pas faire !

Mais je mutais déjà pour galoper vers elle. Alpha ou pas, ce n’était pas à Sam que Jacob avait confié Bella !

 

* * * *

 

La neige tombait encore alors que nous étions en avril…les nerfs tendus à l’extrême, rendant mes membres raides comme du bois,  je faisais les cents pas sur le perron, des allers-retours incessants, le regard braqué sur la forêt, vers là où se trouvait la maison de Sam et Emily. J’avais l’impression que je ne servais à rien…que plus rien n’avait de sens. Tout avait basculé : il était parti, elle n’était plus là…

Sam m’avait foutu une bonne raclée et rien que pour avoir élevé la voix sur Rachel, c’était mérité. Mais on ne me retirerait pas de la tête que Bella devait rester près de moi, Sam pourrait cogner autant qu’il voudrait, je ne changerais pas ma façon de penser.

Un ombre s’approcha de la fenêtre et je sentis le regard de Rachel…même sans la voir, même si j’étais dehors et elle dedans, je pouvais ressentir d’ici toute sa tristesse. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’arrivais plus à avoir envie de changer les choses. Ma nature obsessionnelle m’enlevait toute capacité à réfléchir correctement et à prendre du recul sur les choses. Bella devait revenir ici ! Après…après, je devais encore réfléchir.

 

* * * *

 

Elle s’était enfuie ! Je ne pouvais pas le supporter ! Comment avait-il pu la laisser seule ? Sans protection, sans surveillance ! Le bébé pouvait arriver à tout moment…elle pouvait commettre le pire ! Jamais je ne lui pardonnerais, jamais !

Rachel me regardait, accablée, et je tentais de me calmer, cherchant un endroit où Bella aurait pu filer.

Sam, tendu depuis notre violente dispute lorsqu’il me l’avait retirée, semblait tout aussi inquiet que moi.

  • Je viens de sillonner tout le coin…, nous annonça Seth. J’ai fait leur maison, chez Billy, la plage…je ne la trouve pas !
  • Tu es allé voir chez les Cullen ? Demandais-je sans quitter Sam du regard.
  • J’ai commencé par là, m’avoua-t-il, anéanti.
  • Elle doit pourtant bien être quelque part ! M’écriais-je.
  • Paul, nous la retrouverons…, me déclara soudain Sam d’une voix trop calme.

La colère m’envahissait, je tremblais de partout… quand ça me prenait, je me sentais toujours près à exploser !

  • Toi ! Tout ça c’est à cause de toi ! Si tu me l’avais laissée ! Aboyais-je à la face de Sam.
  • Paul calme-toi…, s’interposa Quil.
  • Espèce de salopard ! Qu’est-ce qui te dérangeait tant que ça soit moi qui assure sa garde ? Continuais-je,  ignorant les autres qui venaient de se regrouper autour de Sam.

Mes muscles tendus à bloc,  prêts à se déchirer de rage, je bouillais d’impatience à la retrouver.

  • Tu t’es regardé Paul ? Répondit-il calmement. Bientôt tu seras plus affecté par elle que par ta propre femme ! ça ne pouvait plus durer… Ton frère n’aurait jamais permis ça !
  • IL ME L’AVAIT CONFIEE ! Hurlais-je.
  • Peut-être mais il n’a pas demandé à ce qu’elle devienne ta femme ! me répondit froidement Sam, le regard noir, en espérant m’impressionner.
  • Bella est la femme de Jacob ! M’indignais-je, et il va revenir !
  • Non, il ne reviendra pas ! Arrête de te voiler la face !

Que Sam n’y croit plus me fit un choc. Je m’approchais de lui et répondis d’une voix dure :

  • Moi…j’y crois…je ne lâcherais pas !

Mais soudain, il s’adressa à Rachel sèchement.

  • Rachel, c’est à toi de reconstituer l’équilibre ! Comment peux-tu le laisser te délaisser de la sorte !

Elle me jeta un regard attristé, nous ne nous parlions plus beaucoup depuis que j’avais vu dans les pensées de Sam que c’était elle qui avait raconté ma faiblesse dans la salle de bain. Pourtant, nous ne pouvions pas vivre l’un sans l’autre et c’était chaque jour un déchirement…comme si un gouffre s’était glissé entre nous, que nous nous trouvions sur deux falaises opposées, séparées par un océan mais attachés à la terre d’une manière indestructible.  

  • Parce qu’il serait malheureux…il l’est tellement depuis que vous lui avez arracher Bella !  Murmura-t-elle les larmes aux yeux, sans me quitter du regard.
  • Tu DOIS le récupérer ! Ordonna Sam, occultant le fait que je me trouvais à côté d’eux, comme si je n’étais plus rien.

La colère me monta de le voir prendre une attitude aussi supérieure et surtout qu’il s’en prenne après ma femme. 

  • Laisse-la tranquille ! C’est entre Rachel et moi ! Sifflais-je.
  • Paul…nous savons tous quels genres de sentiments tu nourrissais à l’égard de Bella ! Déclara-t-il d’une voix sourde. Sans ton obsession, nous n’en serions peut-être pas là !

Mon sang ne fit qu’un tour ! Son accusation concernant ma faute sur la « mort » de Jacob, je savais qu’il la couvait depuis un moment et concernant Bella, je luttais chaque jour contre ça et j’allais y arriver ! Que Sam me renvoie ça en pleine figure me mit dans une rage folle.

  • Paul, rentre chez toi avec ta femme ! Nous irons chercher Bella ! Ordonna-t-il en s’apprêtant à me laisser là pour parcourir à nouveau la forêt.
  • Tu n’es plus mon Alpha Sam ! Crachais-je sans même y réfléchir. Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi !

Il se retourna d’un bloc et je vis à son regard que ma remarque le blessait profondément.

  • Jusqu’à preuve du contraire, si, je le suis encore ! Répondit-t-il enfin, d’une voix amer.

Nous nous toisâmes quelques instants, moi le regard mauvais, lui encore abasourdi parce que je venais de lui dire.

  • Paul…on va la retrouver…je crois que j’ai une idée, m’interrompit à nouveau Seth, ne tenant même pas compte de l’ordre de Sam comme quoi je devais rentrer.

Je lançais un dernier regard de défi à celui que je considérais maintenant comme mon égal et rejoignis Seth qui se dirigeait déjà vers la forêt, laissant les autres derrière moi.

  • Attends Seth ! Lui criais-je pendant qu’il accrochait déjà ses vêtements à sa patte avec un cordon. Je ne t’entendrais pas, on ne fait toujours pas parti de la même meute…pas sans lui…
  • Ah oui…, répondit simplement Seth, se fichant du drame que j’étais en train de vivre dans ma tête. Bon alors j’ai un souvenir de Jacob assez précis…, m’expliqua-t-il tout excité, et elle pourrait très bien être à cet endroit.
  • Où ça ?

Seth hésita, ses yeux cherchaient dans les miens quelque chose que je ne compris pas tout de suite puis ajouta :

  • La nuit de son imprégnation…ils sont allés dans la forêt…enfin tu sais …, finit-il en marmonnant, gêné.

Je compris alors qu’il ne voulait pas remettre cette histoire d’attirance sur le tapis.

  • Oui et tu pourrais retrouver l’endroit ? Demandais-je d’une manière détendue pour le rassurer sur mon état.
  • Je sais qu’il est passé par la plage, je vois le chemin nettement mais l’endroit précis, je ne sais pas…, conclut-il, embêté.
  • Moi je trouverais si nous ne sommes pas loin…je la trouverais, vas-y, je te suis ! Déclarais-je, optimiste, tout en me déshabillant.

Je me souvenais de cette nuit où Bella s’était imprégnée mais mes souvenirs étaient sûrement beaucoup moins nets que ceux de Seth puisque je les avais reçus par l’intermédiaire de Sam, ce dernier s’était bien efforcés de me cacher tous les souvenirs de Jacob à cette époque, espérant calmer mon obsession mais il était beaucoup moins fort que lui pour ça et malgré tout, j’avais des images d’eux.

Seth filait à toute allure et je le suivais, le cœur battant, angoissé comme jamais.

Soudain, il remonta une allée et nous fumes à nouveau dans les bois. Il galopa quelques mètres et stoppa son mouvement.

Je ne fus pas long à sentir son odeur à lui, elle devait porter un de ses vêtements, elle était là…quelque part…je tournais un peu aux alentours jusqu’à ce que je la vois enfin, au pied d’un pin, recroquevillée. Un flash me parvint et je la revis cette nuit là…ce souvenir d’elle dans ses bras me fit un drôle d’effet, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas imaginée ainsi, amoureuse, offerte, si désirable…je chassais aussitôt cette image et donnais un coup de tête vers elle pour montrer à Seth que je la voyais.  

Elle était trempé mais, je ne pus m’empêcher d’être soulagé de voir qu’elle avait eu la présence d’esprit d’enfiler son blouson de cuir qu’elle avait du trouver chez Sam. Elle semblait encore plus frêle avec ça et je mutais puis m’habillais pour pouvoir l’approcher. Seth en fit autant mais me laissa rejoindre Bella, seul.

  • Bella…Bella ? Répétais-je voyant que son regard vide restait inerte. Bella, je t’en prie…rentrons à la maison, chuchotais-je.

Elle hocha faiblement la tête et  se laissa porter, comme une enfant. Tout en regagnant la plage, Seth marchant à nos côtés, je tournais la tête vers elle et la découvris, le regard perdu par-dessus mon épaule, envoyant un adieu muet à cet endroit magique à ses yeux…un adieu à Jacob.

             

51 – Mes promesses

 

Quatre mois…quatre longs mois et toujours pas le moindre signe de vie…

Bella venait d’avoir ses premières contractions…l’enfant sera là bien avant le terme, Emily me l’avait assurée… Dans trois semaines, tout au plus.

J’avais pourtant espéré qu’il sera là avant…j’y croyais toujours un peu !

Comme tous les jours, je parcourais les bois à la recherche d’un indice, d’une trace, d’une odeur…mais rien. C’était comme si il avait disparu…comme si tout s’arrêta là.

Des marques de lutte, du sang qui devait lui appartenir mais que la neige avait effacé maintenant, des branches cassées et ce tas de cendre que nous avions trouvé et que le vent avait bien balayé.

Seth allait plus loin que moi, jusqu’à la frontière canadienne ! Mais sans succès. C’était le silence total et l’hiver ne nous aidait pas beaucoup.

Pourtant, je continuais d’y croire ! Jacob avait toujours été le plus intelligent de nous tous, le plus malin et surtout, le plus rapide ! Quand je repensais à lui, à son évolution parmi nous, je ne pouvais m’empêcher de sourire. Il avait pourtant lutter contre son autorité naturelle, pour je ne sais quelle fierté mal placée vis-à-vis de Sam, mais les faits parlaient d’eux-mêmes… Jacob avait dans le sang et dans son âme l’héritage des Black, des meneurs de loups, des chefs de meute…il était celui dont la voix n’avait pas d’écho, qu’on pouvait rarement contredire car il voyait juste et avait su se faire entendre de nos anciens ennemis. Il avait parfois défié l’autorité de Sam mais tout simplement parce qu’il était lui-même l’Autorité. Je ne pouvais plus nier sa supériorité, il avait commencé à prendre mon contrôle sans que je ne puisse lutter, il était mon Alpha.

 

Mais pour l’instant, c’était le silence total dans ma tête lorsque je mutais. Je n’appartenais plus à Sam et pas encore à Jacob…pour ça, il fallait qu’il soit là. J’étais un électron libre, un Solitaire…

 

L’amie de Bella garait sa voiture et je me levais du fauteuil en bois pour l’accueillir. Je savais que cette visite était une véritable torture pour elle mais Seth avait insisté et elle avait fini par céder. Le visage déjà ravagé par les larmes, elle monta les marches et osa lever les yeux sur moi que lorsqu’elle n’eut pas le choix car je lui barrais la route.

  • Bonjour Angela…
  • Paul…
  • C’est gentil à toi de venir mais je te préviens…je ne veux pas d’une pleurnicharde devant elle ! Elle a déjà versé assez de larmes comme ça pour avoir à supporter celles des autres !

Angela hocha vivement la tête en se mordant les lèvres. Elle retira ses lunettes pleines de buées, les essuya, se racla la gorge puis les reposa sur son nez et me lança un regard de défi. Je souris faiblement et me dégageais pour la laisser passer.

 

Je les laissais seules pendant de longues minutes, puis, ne pouvant m’empêcher de vérifier que tout allait bien, je rentrais dans la maison. Bella hochait la tête aux murmures de Angela qui, penchée vers elle, tentait de lui donner tout le réconfort dont elle était capable. Avec Emily et Rachel, c’était la seule des femmes de notre famille qui avait eu le courage de venir la voir et d’être exposée à sa souffrance. Bella ne pleurait pas mais sa blancheur ressortait tellement à côté de Angela que ça me serra le cœur.

Angela se leva et je compris que son courage venait d’atteindre ses limites. Elle voulait maintenant fuir au plus vite celle qui survivait sans son âme sœur. Elle déposa un baiser sur la joue de Bella et je l’entendis murmurer un « courage ma puce » d’une voix rauque.

Elle fila vers moi, le visage crispé. Je lui ouvris la porte et elle passa sous mon bras, sans oser croiser mon regard.

Une fois la porte refermée, seuls les crépitements du feu donnaient un peu de vie à la maison et je m’approchais doucement d’elle, bien décidé à lui dire ce que j’avais sur le cœur depuis son retour à la maison. Je m’accroupis près de ses jambes et lui pris sa main glacée. Je lui serrais car elle gardait toujours la tête baissée sur le sol ou son ventre ? Je ne savais pas trop.

  • Bella, je sais que je ne suis pas lui, je ne le serais jamais…en fait, je ne pourrais jamais être plus que ce que je suis maintenant…

Elle ne réagit pas, ignorant ma présence,  et je baissais les yeux vers le plancher, le cœur serré.

  • Mais je serai toujours là, pour toi, je veillerais sur toi et votre enfant toute ma vie, je t’en fais le serment.
  • Je n’ai pas besoin de toi Paul…, murmura-t-elle.

Son ton était froid, les mots cassants mais je savais que ses paroles cachaient un espoir profond, l’espoir qu’elle n’ait pas besoin de moi parce qu’il sera là…

  • Peut-être bien…mais je suis incapable de vous laisser…tu le sais bien. Tu pourras toujours me demander ce que tu veux, je t’obéirais.
  • Je ne suis pas ta Reine…arrête avec ça.
  • Que tu le veuilles ou non, tu es notre Alpha Bella, tu es avec lui, donc nous te devons respect et obéissance.
  • Sam est votre chef, pas moi.
  • Sam n’est plus rien pour moi…
  • Qu’as-tu fait encore ? Soupira-t-elle.
  • J’appartiens à Jacob autant que je t’appartiens.
  • Paul…
  • Non, ne dis rien s’il te plait…, dis-je en effleurant d’une main tremblante ses lèvres.

 

52 – Où suis-je ?

 

Je n’arrive pas à toucher terre…attrape-moi ma chérie…aide-moi…

 

Qu’est-ce que c’était que cette pièce ? Il faisait très sombre mais je pouvais distinguer une lumière jaune à travers mes paupières fermées. Il faisait froid, une sensation que je n’avais pas ressentie depuis très longtemps … la lumière s’éteignit et je me sentis repartir dans cet endroit nébuleux où j’avais la sensation de flotter.

 

Ses beaux yeux chocolats en larmes…Bella, je suis là…repose-toi…

Ma main dans ses cheveux, sur son dos…tu es si belle ma chérie…

 

A nouveau cette pièce sombre et la lumière jaune…Même si sa silhouette était floue, je n’avais aucun mal à le reconnaître.  A travers mes paupières entrouvertes, je pouvais voir la blondeur presque irréelle de ses cheveux qui rendait sa peau encore plus blanche. Je vis sa tête bouger, il devait me regarder mais j’étais incapable de communiquer. Il faisait si froid…Je refermais mes paupières et sombrais à nouveau.

 

Pourquoi tu pleures autant ? Je suis là…tu ne devrais pas pleurer comme ça, ce n’est pas bon pour notre bébé…

 

Encore un essai pour ouvrir les yeux, la lumière tamisée de cette pièce me rendait l’effort moins douloureux mais je sentais que ça ne serait pas encore pour cette fois-ci. Je ne sentais toujours pas mon corps, cette sensation de flottement s’atténuait quand j’essayais de bouger mais ensuite, je me sentais à nouveau partir dans des rêves brumeux, dans le froid et dans ce silence pesant.

 

Je me sens si seul…où es-tu ma Bella ? Pourquoi es-tu partie si vite ? Il fait si froid…

 

Mon petit elfe des bois…elle venait partager mon rêve…son visage était si pétillant, même quand elle ne souriait pas, je voyais ses yeux briller. Tout était flou sauf elle. Elle se penchait sur moi et je vis ses lèvres parfaites murmurer « Bonjour Jacob Black… » Mais, je ne pouvais pas lui répondre. Elle posa sa main glacée sur ma joue et je sombrais à nouveau, emportant avec moi l’image de ses cheveux noirs en bataille et son sourire éclatant.

 

J’aimerai que ce bébé ait tes yeux…regarde-moi…j’espère que ce bébé te ressemblera…

 

Qu’est-ce qu’il faisait ? Il semblait tellement soucieux. Il se pencha sur moi et cette fois, je pouvais le voir distinctement. Sa bouche forma des mots que je n’entendais pas mais j’essayais de me concentrer. Il le saisit car il répéta en articulant doucement et mon cœur bondit lorsque je compris: « Bouge la tête ». Je la bougeais mais ça n’avait pas l’air d’être concluant car il se pinça les lèvres puis regarda par-dessus moi, l’air inquiet. Je vis alors une main blanche dans mon champ de vision et mon petit elfe réapparut à mes côtés, toujours aussi souriante. Il me quitta et elle se pencha sur moi pour me murmurer quelque chose dans l’oreille que je n’entendis pas. Elle releva la tête, scruta mes yeux et comprit que ça ne servait à rien. Il revint à mes côtés avec une seringue et je sombrais à nouveau dans un abîme vertigineux.

 

Arrête de me retenir, je vais tomber … je ne suis pas aussi fort que tu le crois … je suis humain … je t’aime Bella … aide-moi. Non, arrête de crier !

 

Ploc…Ploc…Ploc…ce bruit était assourdissant. Tout tournait autour de moi, j’avais la nausée…mon estomac se contracta mais tout ce que je ressentis fut une brûlure atroce. Son visage apparut subitement au-dessus de moi. Il scruta mon regard, sourcils froncés et ouvrit la bouche pour me parler mais le bruit assourdissant m’empêchait de comprendre ses mots. Bon sang, qu’est-ce qu’il fait froid ! Ça suffit ! Ça suffit ! Je ne veux plus entendre ce bruit !

 

Bella, arrête de pleurer…tu vas finir par te coller la migraine…je suis près de toi…tu n’as pas à avoir peur.

 

* * * *

 

J’arrive à ouvrir mes paupières mais elles me semblent si lourdes….

  • Bonjour Jacob …Non, ne force pas sur ton cou, je vais me mettre plus près.

Mon petit elfe, elle semble si réelle

Sa main froide se posa sur mon front…bon sang ce qu’elle pouvait me glacer jusqu’aux os ! Finalement, je ne devais pas rêver…

  • On va faire comme les vrais : un clignement d’œil, oui, deux c’est non…ok ?

Elle me donnait tellement envie de rire. Mais je sentis que ma gorge ne pouvait plus vraiment émettre de son alors pour lui faire plaisir, je clignais une fois des yeux.

  • Ouiiii ! S’écria-t-elle. Carlisle, il a réagit !

Mon doc préféré apparut dans mon champ de vision et me sourit aussi chaleureusement qu’il en était capable.

  • Bienvenu parmi nous Jacob…comment tu te sens ?

Bon, là, je clignais une fois des yeux parce que je ne sentais absolument pas mon corps donc on pouvait dire que je me sentais bien.

  • Parfait !

Il planta sa petite lampe dans mes yeux et l’éteignit deux secondes plus tard, l’air satisfait.

  • Bon, tu nous entends, c’est que c’est bon signe … à mon avis, tu te sens très faible.

Ce n’était pas vraiment le mot…je ne sentais rien du tout. Mais bon…je clignais des yeux une fois.

  • Tu es sous morphine, donc c’est normal …tu as été très grièvement blessé et tu nous as fait une belle grosse frayeur.

Je n’avais aucune idée de quoi il parlait mais je tournais les yeux vers Alice qui me sourit en hochant la tête.

  • Je vais devoir te rendormir…car sinon, tu vas beaucoup souffrir mais la prochaine fois, je te laisserai éveillé plus longtemps.

Non, non, non ! Et Bella ? Où était Bella ?

La main glacée d’Alice passa dans mes cheveux que je sentais ras puis je me sentis partir.

 

* * * *

 

  • Tu crois qu’il va pouvoir la bouger ?
  • Je ne sais pas Alice…attendons qu’il se réveille.

Bouger quoi ? C’était quoi ce ton inquiet ? Nom d’un chien, qu’est-ce que j’avais soif !

  • Eh…salut Jacob ! murmura-t-elle doucement.

Donne-moi de l’eau…s’il te plait…mais pourquoi est-ce qu’elle ne m’entend pas ? Où était Edward ? Lui il pourrait traduire !

  • Carlisle, je crois qu’il essaie de me dire quelque chose…
  • Jacob, tu n’as pas parlé depuis longtemps, c’est pour ça que ta gorge te brûle mais ça va revenir…, m’expliqua ce dernier.

Ma gorge ne me brûlait pas ! J’avais soif, c’est tout ! Atrocement soif et j’allais mourir s’il ne me donnait pas à boire.

Je passais ma langue sur mes lèvres, elles étaient si sèches…mes lèvres me brûlaient par contre !

  • Passe-lui ça dans la bouche, demanda Carlisle de sa voix si calme.

Et enfin, je me sentis beaucoup mieux ! Bon sang, ça faisait du bien !

  • Voilà …attends…je vais te mettre ça sur les lèvres…

J’avais l’impression qu’elle me tapissait du beurre mais les brûlures s’atténuaient.

  • On t’a déjà dit que tu avais des lèvres très sexy clébard ?

Je me retins de pouffer de rire car j’avais l’impression que justement, elles allaient se déchirer. Je vis du coin de l’œil Carlisle secouer la tête en souriant.

  • Bon, Jacob, est-ce qu’aujourd’hui, tu sens mieux ton corps ? Me demanda-t-il.

Je clignais deux fois des yeux. La seule partie que je sentais était ma bouche, mes lèvres, ma gorge encombrée comme si j’étais malade…le reste, le coton total.

Il s’approcha de moi et je sentis la main glacée d’Alice passer à nouveau dans mes cheveux ras.

  • On t’a retrouvé dans un état pitoyable…tellement pitoyable que je n’étais pas sûr de pouvoir te sauver…en fait, je n’en suis vraiment sûr que depuis quinze jours…

Quinze jours ! Bella devait s’inquiéter ! Mais elle ne devait pas être loin…

  • Tu as eu la colonne vertébrale brisée et une partie de la cuisse arrachée…

C’est tout ? Il n’avait pas pire comme nouvelle ?

  • Mais comme tu dois t’en douter, même si ça a mis du temps, ces parties là sont en train de bien se remettre.
  • Carlisle a dû te recasser la colonne deux fois pour qu’elle se fixe correctement ! Le souci c’est que tu te transformais toutes les dix secondes et qu’il a dû te mettre dans un coma artificiel pour que ton esprit cesse de jouer. Heureusement pour lui, ton esprit s’est fixé sur ta forme humaine.

Carlisle hocha la tête, appuyant l’explication d’Alice.

  • Tu souffrais atrocement Jacob car à chaque transformation, ta colonne s’allongeait et se rétrécissait alors qu’elle était brisée, ajouta-t-elle tristement.

Je ne m’en souvenais pas…mais j’avais du beaucoup souffrir vu la tête qu’elle faisait !

  • Tu as tellement souffert, me confirma-t-elle. Nous ne savions plus quoi faire pour te soulager. Alors Carlisle a eu cette idée…te mettre dans le coma…séparer ton corps de ton âme.
  • Je me suis alors aperçu que tu souffrais d’un traumatisme crânien…, ajouta-t-il doucement. J’ai du t’opérer et c’est la raison pour laquelle tu as été si long à guérir, que je n’étais pas sûr de te sauver et que tu as été sourd à tout pendant ces deux longues semaines.
  • Je suis là depuis combien de temps ? réussisse-je à chuchoter.

Je vis Alice jeter un regard inquiet à Carlisle et mon cœur s’accéléra.

  • Tu es là depuis presque trois mois Jacob, m’annonça Carlisle.

Je fermais les yeux.

Trois mois !Bon sang ….trois mois que Bella vivait sans moi…comme elle devait souffrir de mon absence ! Elle qui ne supportait déjà pas une semaine !

  • Jacob…Bella te croit mort, murmura Alice.

Je sursautais et rouvris les yeux mais une douleur atroce me parcouru le dos et j’émis un hurlement muet. Carlisle se jeta sur moi en s’écriant :

  • Jacob ! Où est-ce que tu as mal ?
  • Le dos…, réussis-je à articuler.
  • Très bien…
  • Non ! Non, ne …m’endormez pas ! S’il vous…plait…

Carlisle stoppa son geste, l’air soucieux mais mon regard lui confirma que je pouvais tenir encore le coup…encore un peu.

  • Jake, nous n’avons rien dit à Bella car nous n’étions pas sûrs de te sauver…, continua Alice. Tu n’étais pas …beau à voir, crois-moi, ça aurait été pire. Si elle t’avait vu dans cet état de légume, entre la vie et la mort et que nous ne t’aurions pas sauvé, elle aurait encore plus souffert …

J’hochais la tête, comprenant leur choix.

  • Tu viens seulement de refaire surface…avant tu n’étais plus rien Jacob. Nous avons travaillé Carlisle et moi, jour et nuit pendant tout ce temps, sans vraiment y croire mais dans notre avenir, je ne nous voyais pas déçus ou tristes donc j’en ai conclu que nous allions y arriver !

Alice ne me voyait pas, ne voyait sûrement plus Bella…j’imaginais sa frustration à ne pas connaître mon avenir. J’acquiesçais de la tête et Carlisle enfonça sa piqûre dans mon épaule…je me concentrais sur Alice et ce fut à nouveau le néant.

 

52 – Je pourrais toujours compter sur eux

 

Je vis d’abord son sourire éclatant entouré de ses lèvres rouges si parfaites puis ses cheveux noirs en bataille qui semblaient avoir pris un bon coup de décharge électrique et qui me faisaient toujours sourire…ses yeux dorés me caressaient le visage avec une douceur infinie. J’y lu toute l’affection qu’elle me portait et tous les espoirs…mon réveil était une victoire de plus à son optimisme et je ne pouvais m’empêcher de penser que son amitié était un cadeau inestimable. Je réussis sûrement à lui sourire car elle agrandit encore plus le sien, le visage radieux. Je me raclais la gorge et elle me demanda :

  • Comment tu te sens ?

Je clignais des yeux et elle fronça les sourcils. Je souris et elle comprit que je venais de la faire marcher, croyant que je ne pouvais à nouveau plus parler.

  • Tu m’as eue !
  • Hum…
  • Tu sens ton corps ?
  • Oui…il a eu mal, murmurais-je, sentant des courbatures à des endroits diverses.
  • Oui…très, chuchota-t-elle, le regard triste.
  • Dis-moi comment va Bella et raconte-moi ce qu’il s’est passé?
  • Tu veux vraiment les détails ?
  • J’aimerai retrouver la mémoire de ce moment…, affirmais-je.

Elle soupira en baissant la tête. Elle avait dû beaucoup douter pendant tous ces mois, son pouvoir ne lui servant à rien avec moi…sa frustration avait du atteindre ses limites.

  • Carlisle a vu que tu avais essayé d’appeler, il a eu ton message, commença-t-elle.
  • Sur le portable d’Edward…, murmurais-je.
  • Oui…mais bon, nous l’avons récupérer ce portable…au cas où…
  • Au cas où Bella appelle c’est ça ? Qu’elle veuille revenir avec lui ? Précisais-je.
  • Edward nous l’avait laissé, lui il avait confiance mais bon…on ne savait pas à ce moment-là pour son imprégnation …
  • Hum…
  • Enfin bref ! Déclara-t-elle, un peu gênée d’avoir douter. Nous sommes venus, Carlisle s’est occupé de Bella et a découvert que tous ses symptômes étaient dus à sa grossesse. On voulait t’annoncer la bonne nouvelle nous-mêmes mais j’ai capté les pensées futures des Volturi. Nous sommes donc allés en Italie au lieu de venir à Forks…c’était plus urgent.

Elle soupira à nouveau et planta son regard couleur miel dans le mien. Je la sentis soudain à des années lumières de moi, replongeant dans le passé.

  • Mais ils ont été plus rapides et surtout, je me suis faite contrer par un vampire auquel je ne m’attendais pas : Renata ! Son bouclier mental est très puissant et j’ai perdu mes repères …je ne savais plus pourquoi nous étions là, je ne me focalisais pas sur la bonne personne…Emmett et Jasper ont du être très patients et ce n’est seulement que quand elle a suivi Aro jusque Forks que j’ai retrouvé la raison !

Alice secoua la tête amèrement et continua d’une voix blanche :

  • Ils ont recruté le clan des Amazones…

Je n’avais aucune idée de qui elle parlait mais je ne préférais pas l’interrompre. Elle et moi n’avions jamais discuté autant et elle m’en apprenait beaucoup.

  • Nous avons du en découdre avec les illusions que Zafrina nous a balancées à tout va ! Expliqua-t-elle. En arrivant près de Forks, nous nous sommes donc retrouvés face à la garde rapprochée des Volturi et ça ne s’est pas fait tout seul. Le bouclier de Renata a à nouveau opéré et elle n’était plus seule ! Alec, le frère de Jane en avait après Emmett… du coup, il n’avait plus la force de se battre ! Et surtout, Chelsea était là ! S’écria-t-elle, comme si je connaissais toutes les sangsues de la terre et leur maudit pouvoir !
  • Il nous a divisé…, murmura-t-elle tristement. Jasper et moi nous sommes violemment disputés et il est parti pendant un long moment…Emmett était inutile, Zafrina nous créait des illusions et nous pensions que nous n’étions pas au bon endroit…on cherchait, cherchait sans trouver d’issues, c’était horrible…Et Renata, toujours elle, nous rendait dingues car nous ne savions même plus pourquoi nous voulions venir à Forks !
  • Et pendant ce temps, l’autre nous retirait notre volonté…et je ne cherchais pas non plus au bon endroit, me rappelais-je, sinistre.
  • Oui César était très puissant…, me confirma-t-elle.

Je remarquais l’usage du passé mais ne relevais pas, la laissant continuer son récit.

  • Quand nous avons compris et que nous avons réussi à passer la garde, nous nous sommes retrouvés face aux trois Maîtres. Carlisle a affronté Aro mais ce dernier déteste se battre, surtout s’il n’a pas beaucoup de public alors ils ont filé, nous laissant avec le restant de la garde qui était encore apte à nous combattre. Nous avons réussi à les contrer mais lorsque nous sommes arrivés à notre propriété, là où j’avais eu mes visions, les loups gagnaient l’avantage mais je ne te voyais pas et j’étais très inquiète pour Bella. J’avais un mauvais pressentiment alors nous sommes allés plus loin car ils se débrouillaient de toutes façons et Jasper qui était enfin revenu nous a appelé…je t’ai vu de loin, tu te battais seul contre César. Tu étais déjà salement amoché et tu mutais sans arrêt, c’était surprenant. Je savais qu’en humain, tu n’avais aucune chance et avant même que je ne réagisse, il t’envoyait te fracasser contre un arbre de toutes ses forces. Nous sommes intervenus… Par contre, un des tiens est mort Jacob…, m’annonça-t-elle tristement.

Mon cœur bondit dans ma poitrine et je fermais les yeux, pensant à Seth qui m’avait suivi pour pourchasser la furie blonde.

  • Tu sais lequel ? Finis-je par demander.
  • Non…
  • La couleur de son poil ? Insistais-je.
  • Non, il y avait trop de sang.

Alice marqua une pause, me laissant digérer cette nouvelle puis ajouta :

  • Tu étais vraiment très blessé…pourquoi y es-tu allé seul ? Me reprocha-t-elle.  Si nous n’avions pas mis autant de temps à te trouver…
  • Oui … je voulais sa peau…j’ai perdu, murmurais-je, me rappelant soudain la force de ses bras sur mon échine.
  • Ça sert à ça les amis Jacob…, chuchota Alice en me serrant la main de la sienne, si glaciale. Carlisle ne voulait pas plus de morts, continua-t-elle d’une voix morne, mais lorsqu’il a comprit que, tant que celui-ci serait vivant, il contrôlerait vos esprits et qu’il ne pourrait pas te soigner…avec Jasper et Emmett…ça a été plus facile…

Par bribes, des images d’une rare violence me parvenaient. Je les voyais, Carlisle, Alice, Jasper et Emmett, attraper la « blonde » et le dénommé César, les démembrer et brûler leurs morceaux…cette blonde que Seth avait pourchassé seul, elle avait fini dans les griffes des Cullen. Alors où était-il ? Où était mon frère ?

Le visage de Carlisle au-dessus de moi me revint en mémoire et j’entendis ses paroles : « Nous allons te sauver…fais moi confiance »

Oui, je lui faisais confiance…je lui ferais toujours confiance.

  • Je suis désolé…, murmurais-je.
  • Pourquoi ?
  • Que vous ayez dû tuer autant de membres de ton espèce pour moi.
  • Bah…je ne les aimais pas de toute façon ! Clama-t-elle en chassant virtuellement ma remarque de sa main.

Je l’observais et la tristesse sur son visage me confirma ce que je pensais de cette famille depuis que j’avais appris à les connaître. Ils étaient capable d’autant de sentiments que n’importe quel humain et savaient les protéger tout comme nous.

  • Comment va Bella ? Tu lui as parlé ? Demandais-je à nouveau, inquiet.
  • Non…tant que nous n’étions pas sûr pour toi, je ne préférais pas, murmura-t-elle. Et puis, la meute ne sait pas que nous sommes intervenus. Nous n’avons même pas pris le temps de discuter avec eux. Ta vie était plus importante. Emmett t’a porté jusqu’ici…et nous n’avons pas lâché prise depuis…Bella va bien, finit-elle par m’apprendre. Elle est là où tu l’as laissée…

Ainsi Paul avait réussi, il les avait sauvées. Je soupirais de soulagement.

Edward ne pourrait pas me reprocher ça ! Je constatais que ça faisait très longtemps que je n’avais pas entendu « sa voix » et qu’il n’était pas parmi nous. De plus, Alice n’en avait pas parlé. Alors soudain, une violente angoisse me submergea, m’imaginant qu’il était sûrement avec Bella !

  • Où est Edward ? Demandais-je, anxieux.
  • En Europe, m’annonça-t-elle. Il revient de temps en temps …pour s’assurer que tout va bien …

Nos regards se croisèrent et je compris que ce que j’avais senti au fond de moi se confirmait : Edward resterait toujours le protecteur de Bella, même à distance. Alice ne voulait pas me le cacher et je la remerciais d’un léger hochement de tête pour sa « franchise ». Mais je ne comprenais pas qu’il ne soit pas revenu pour soutenir Bella de mon absence, étonné aussi qu’il n’en ai pas profité malgré la promesse qu’il s’était faite.

Alice dut lire mes réflexions sur mon visage car elle déclara :

  • Edward ne sait pas que tu es avec nous, il ne sait pas non plus que Bella est seule à Forks…enceinte…il sait juste qu’elle s’est imprégnée et ça lui a suffit pour avoir entièrement confiance. Il a mieux compris que nous cette histoire abracadabrante de fusion magique …nous en avons beaucoup discuté avec Carlisle et Esmée. Une fois ça a suffit…nous avons déjà fait cette erreur, le prévenir que Bella n’allait pas bien et ça a failli être la catastrophe ! Elle semblait être bien avec toi finalement et son retour vous a séparés alors …Je sais que pour toi cette histoire d’imprégnation égal amour éternel mais moi, je n’étais pas trop sûre de la réaction de Bella face à Edward si elle te croyait mort ! Nous étions tous d’accord sur ce point ! Nous l’aurions prévenu que si tu ne t’en sortais pas.

Je hochais la tête, la gorge serrée. Ainsi, je n’étais pas le seul à douter du pouvoir d’Edward sur Bella. Il savait pour son imprégnation ? Il était donc déjà revenu pour voir si tout allait bien…il avait du inspecter ma tête et voir ce que nous avions vécu. Soit ! ça n’expliquait pas que je l’entendais souvent mais au moins, les choses étaient claires maintenant. Il faudrait que je sois plus attentif à présent, afin de lui fournir toutes les informations qu’il voudrait lorsqu’il viendrait « inspecter si tout allait bien ».

  • C’était qui exactement ces guignols en robe de chambre? Demandais-je, sachant déjà que ma remarque allait provoqué un large sourire sur ses lèvres.

Elle pouffa en secouant la tête, toujours amusée par mon manque de sérieux devant des situations dramatiques et je ris doucement, constatant que mes côtes et mon dos me faisaient déjà moins mal.

Alice m’expliqua donc ce qu’étaient les Volturi et je l’écoutais attentivement jusqu’à la fin de son récit.

  • Nous les avons défier, finit-elle. Il y aura un ultime affrontement entre nos deux clans…ils craignent depuis longtemps que le mode de vie de Carlisle fasse tellement d’adeptes que notre famille devienne aussi puissante que la leur.

Elle sourit et je l’interrogeais du regard, surpris.

  • Le charisme de mon père et sa volonté va en séduire plus d’un ! Beaucoup détestent les Volturi et ce qu’il s’est passé à Forks a déjà fait le tour des familles ! J’ai vu l’avenir d’Aro…il n’a pas apprécié certaines décisions de Caïus qui a mené à toute cette histoire.
  • Un renversement de rois ? Plaisantais-je.
  • Un coup d’Etat…, me confirma-t-elle d’une voix blanche.
  • Alors, nous serons là pour vous aider le jour où ça arrivera, affirmais-je sérieusement.

Je remarquais que son odeur ne m’insupportait plus autant qu’avant. Sûrement parce que, comme lorsque quelqu’un de beau est méchant, on le voit laid, à l’inverse, j’associais l’odeur d’Alice à sa personnalité si attachante et à sa beauté. Carlisle, lui, je ne le sentais quasi plus non plus. Je croisais le regard d’Alice et j’eu soudain envie de la faire rire, pour retirer la barre soucieuse qui venait de ternir les traits parfaits de son visage. J’avais aussi envie de savoir si elle ressentait la même chose que moi…

  • Où est passée ta pince à linge ?
  • Ma quoi ?
  • Trois mois… c’est un véritable tour de force de rester aussi près d’un cabot puant pendant tout ce temps ! Plaisantais-je.
  • Je suis sortie de temps en temps pour prendre l’air, répondit-elle en badinant de la tête.

Je remarquais qu’elle se forçait à ne pas rire et ajoutais :

  • Je croyais que les vampires ne respiraient pas ? La taquinais-je.
  • Peut-être bien mais ton odeur de chien, je la sens ! S’écria-t-elle, faussement vexée.

J’éclatais de rire et mon dos me brûla un peu. Ma grimace l’alerta et elle se jeta presque sur moi.

  • Jacob ! Tu vas bien ?

Je l’attrapais vivement par sa taille dure comme de la pierre et la retins en disant :

  • Fais gaffe, à force je vais croire que tu m’aimes bien…

Elle se dégagea en râlant avec une force qui me surprit. J’éclatais de rire, me sentant soudain heureux d’être vivant et ça, c’était grâce à eux !

Il était temps que je me lève…que je retourne près de Bella ! Je sentais à nouveau tout mon corps, malgré les douleurs et je commençais à sérieusement étouffer dans cette pièce si sombre. D’ailleurs, où était-je vraiment ? Je devais être loin de Forks, connaissant les Cullen…au pôle nord ou en Alaska… je me relevais sur mes coudes, ma tête me tournait un peu mais je me sentais assez fort pour tenter le coup. Je posais un pied à terre, puis le second et descendis doucement de la table dure sur laquelle j’avais vécu toute la souffrance de ma vie. Mais soudain, la pièce se mit à tournoyer à une vitesse ahurissante.

  • Oh ! Oh ! Oh ! Jake ! Mais qu’est-ce que tu fais ?!

Ses bras froid me rattrapèrent si vite que je remerciais intérieurement sa rapidité.

  • Mais ça ne va pas ? S’écria Alice. Carlisle arrive, il venait justement voir si tu pouvais te mettre debout mais visiblement non.
  • Allez, lâche-moi, murmurais-je, bien décidé à me tenir droit le plus vite possible pour pouvoir rejoindre Bella.
  • Sûrement pas sale cabot ! Tu vas te rasseoir et tout de suite même !

Je parvenais pourtant à me stabiliser mais Alice me força et je n’arrivais pas à lutter. Je me remis donc sur la table, non sans souffler d’impatience.

  • Jake…tu dois reprendre des forces.
  • Je sais …, marmonnais-je.
  • Je suis sérieuse ! Nous ne te laisserons jamais partir sans que tu sois au top pour effectuer le voyage.
  • Où sommes-nous ?
  • En Alaska…
  • Jacob, tu devrais te recoucher, intervint Carlisle.
  • Non…j’en ai marre.
  • Très bien, soupira-t-il. Alice, je vous laisse. Tu sais ce qu’il te reste à faire.

Le doc nous laissa et je tentais à nouveau de me lever pendant que Alice s’asseyait sur un fauteuil qu’elle avait du occuper pendant de longues heures durant mon coma. Du coin de l’œil, je vis son léger sourire.

  • Tu veux bien arrêter ça ! m’écriais-je en remarquant la lueur dans ses yeux.
  • Qu'est-ce que tu crois ? Que je n'ai jamais regardé ? Riposta-t-elle en riant.
  • Ce que tu as fait pendant que j'étais dans les vapes je m'en fous ! Mais là, tu me gênes !

Elle se retrouva devant moi sans que je ne la voie bouger. Elle me tendit une pile de vêtements et déclara :

  • Alors cache-moi vite ce corps de rêve !
  • Alice…si Jasper t’entendait…, soupirais-je, faussement sévère.
  • Il t’arracherait la tête !
  • Aucune chance ! Rigolais-je en enfilant le pantalon qu’elle m’avait donné.
  • Et pourquoi ? S’offusqua-t-elle, réellement surprise.
  • Parce que tu m’adores ! Déclarais-je en lui plantant un baiser sur sa joue de marbre.

53 – Souffrance infinie

 

La douleur ne s’estomperait jamais…jamais je ne parviendrais à refaire surface…pourtant, il le faudrait ! Pour elle … Je la sentais bouger, impatiente…je lui parlais pourtant beaucoup, lui demandais de rester encore un peu au chaud, que son père n’allait pas tarder à rentrer…mais les jours défilaient et se ressemblaient…froids, vides et silencieux.

 

Et si elle arrivait maintenant ? Si elle ne m’écoutait pas ? Je n’avais même pas de lit pour elle…enfin si, peut-être ? Dans notre maison… mais je n’avais jamais réussi à y rentrer depuis… j’attendais qu’il me fasse passer la porte, dans ses bras, comme il me l’avait promis avant de me quitter…et si il ne revenait pas ? Est-ce qu’il aurait aimé que je n’y vive pas alors qu’il l’avait construite pour nous ?

 

Qu’allais-je devenir une fois que Rosalie serait là ? Je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi au dépend des autres … il faudrait que je prenne en charge ma fille, que je remonte la pente…seule. Enfin non, avec elle ! J’avais parfois du mal à l’imaginer comme un être vivant…pour l’instant, c’était mon ventre, qui bougeait, me donnait des coups mais il n’avait pas de visage. Bientôt elle serait là…et elle ne verrait peut-être que moi.

 

Il allait falloir que je sois forte, que je lui apprennes le peu de choses que je savais et qui ne serait rien à côté de tout ce que sait…savait Jacob.

Une boule se contracta dans ma gorge, je n’allais pas y arriver…je ne serais pas assez forte…

 

Mes larmes couleraient toute ma vie, intarissables…jamais mon cœur ne pourrait battre à nouveau normalement, jamais mes poumons reprendraient leur souffle…je végétais, j’attendais…je ne continuais à vivre que pour elle et pour l’infime espoir que j’avais de le revoir un jour.

Je me sentais si faible…elle me prenait le peu d’énergie qu’il me restait.

 

Dormir…dormir et ne plus penser, laisser couler le temps…si lent…

 

Je me tournais vers la fenêtre et comme tous les soirs avant de m’endormir, je faisais dérouler dans ma tête Notre histoire, espérant qu’en y pensant ainsi, si fort, ma fille capterait «mes images » de son père et saurait tout de lui. Je repensais à nos moments, par bribe, comme si c’était des chapitres d’un livre  et j’étais surprise de constater que je me souvenais de chaque parole, de chaque geste et de chaque regard de Jacob. Même avant mon imprégnation ! Je redoutais seulement d’arriver à la fin de ce « livre »…je souhaitais de tout mon cœur que Jacob serait là pour lire lui-même le dernier chapitre à sa fille.

 

54 – J’aurai peut-être enfin des explications !

 

Ça faisait maintenant quinze jours que Alice ou Esmée (qui était venue me voir de temps en temps) me faisaient manger des bouillies à base de légumes et de toutes sortes de trucs locaux dont je ne préférais pas connaître l’origine. Elles se décarcassaient tellement pour avoir l’air de cuisiner comme des humaines que je n’osais pas leur dire que leurs soupes avaient parfois beaucoup de mal à passer…mais je devais commencer par ça, vu le nombres de mois où je n’avais été alimenté que pas intraveineuse. Emmett était aussi venu me rendre visite et je fus surpris d’être content de le revoir, surpris aussi qu’il soit aussi content que je sois en vie !

Carlisle avait enfin jugé bon mon état général après que j’ai failli tout casser un jour où Bella me manquait trop ! Je voulais retourner à Forks et bientôt ! Mais dès qu’il arrivait, je me sentais tout petit et il m’avait bien sûr fait la morale sur le fait que je serais seul pour parcourir cinq mille cinq cent kilomètres et qu’il fallait que je sois en forme pour ne pas me retrouver encore à plat en milieu de parcours. Après tout le temps qu’ils avaient passé à me soigner, je leur devais bien ça : les écouter !

 

Les Cullen avaient donc élu domicile en Alaska, dans la ville de Anchorage, la ville la plus peuplée du territoire et où les températures en plein hiver n’atteignaient pas les moins vingt cinq degrés comme relevées dans le nord du pays ! Au été, il faisait même plus doux, plus proche des zéros…

La ville était située sur une plaine côtière et s'étendait jusqu'aux pentes des monts Chugach, là où je me trouvais maintenant, me faisant fouetter le visage par le vent polaire qui était tout de même glacial à cette hauteur malgré la période printanière.  

Cet air frais me rappelait celui de Forks en hiver. Je fus surpris car je m’attendais à me faire congeler en sortant de cette grotte qui servait de repaire aux Cullen en plus de leur luxueux appartement en ville. Je fermais quand même le blouson que Alice m’avait donné, me sentant encore dans un état un peu fébrile. Mais cette fois, j’avais l’autorisation du Doc ! Je pouvais essayer de muter et tenter une balade.

 

La couleur du ciel était bizarre et j’étais en train d’observer un drôle de mouvement vert dans le ciel quand Alice surgit de nulle part et me jeta une bête à mes pieds. Elle se frotta les mains d’un air satisfait et me fit un grand sourire pendant que je regardais d’un air ahuri la bestiole à cornes qu’elle avait balancée.

  • Euh c’est quoi ça ?
  • Un mouflon !
  • Et ?
  • Et c’est pour toi ! Je suis allée le chasser pendant que tu te préparais, me raconta-t-elle, fière d’elle.
  • Et ? répétais-je.
  • Et c’est pour toi ! Insista-t-elle avec de grands yeux ronds comme si j’étais un abruti. Mange-le !
  • Quoi ? Maintenant ? Comme ça ?
  • Bah oui ! Tu es un loup non ? Et tu as besoin de protéines ! Déclara-t-elle en levant le petit doigt à la manière d’un professeur.
  • Et tu l’as tué avec quoi ce mouflon ? Demandais-je, septique.

Fallait quand même pas qu’elle l’infecte avec son venin !

  • Avec mes mains ! Non mais qu’est-ce que tu crois ? s’indigna-t-elle en s’approchant si vivement de moi que j’eu un mouvement de recul.
  • Alice…je sais chasser tout seul, répondis-je plus doucement, sentant qu’elle était super vexée.

Mais c’était hors de question que je mange ce truc…déjà il ne m’inspirait pas et il n’y avait rien à manger là-dessus ! Et puis, j’avais envie de me dégourdir et surtout de tuer moi-même ma bestiole.

  • C’est quoi ça ? Demandais-je en lançant un regard vers le ciel, histoire de changer de sujet.
  • Une aurore boréale ! C’est beau hein ? Déclara-t-elle dans un sourire éclatant. Jasper et moi aimons beaucoup les regarder…parfois nous montons jusqu’au nord, elles sont encore plus belles !
  • Oui…j’aimerai que Bella voie ça, murmurais-je.

Alice me laissa contempler le phénomène en silence…je pensais soudain au « cadeau » qu’elle venait de me faire.

  • Mais, tu chasses en plein jour ? M’étonnais-je.
  • Là, c’est la nuit ! Expliqua-t-elle. Mais il fait clair comme en plein jour !
  • Vous êtes comme des poissons dans l’eau ici, remarquais-je. Jamais de soleil ! Un vrai frigo…
  • Oui…idéal !

Elle se dandina puis me jeta un regard en biais. Je continuais de regarder le ciel, sentant qu’elle m’observait puis elle me lâcha :

  • Bon, si je comprends bien, tu ne comptes pas manger mon mouflon ?
  • Qu’est-ce qu’il y a d’autres comme bêtes ici ? Demandais-je, un léger sourire en coin.
  • Des grizzlis, des caribous…des loups.
  • Ah oui ? Tu manges les loups toi ? la taquinais-je, sachant parfaitement qu’elle ne le faisait pas.

Je ne savais pas pourquoi mais ça, j’en étais sûr.

  • Si tu continues à me chercher, je vais te croquer oui !
  • Hum… Je ne sais pas trop comment je dois le prendre ?

Pour réponse, elle me frappa un grand coup dans l’épaule et la douleur fut assez forte.

  • Eh ! J’étais blessé je te rappelle !
  • Bon allez viens sale chien ingrat ! Déclara-t-elle, ignorant ma remarque. Montre-moi comment tu chasses !

Je me frottais les mains, soudain très impatient de courir et me déshabillais devant le regard amusé d’Alice. Je me transformais en douceur, maîtrisant parfaitement la vitesse de mutation, pour éviter une douleur fulgurante. Ma colonne vertébrale rapiécée suivit le mouvement, sans problème. Je me sentais soudain plus en forme, comme si je venais de faire le plein de vitamines ! Carlisle arriva derrière moi et j’entendis l’exclamation d’Alice :

  • Bon sang ! Mais tu es énorme maintenant ! Constata-t-elle avec des yeux ronds.

Elle ne m’avait pas vu debout depuis qu’ils m’avaient récupéré.

Je la vis jeter un regard étonné à son père qui souriait doucement et je compris qu’il avait encore fait beaucoup d’analyses sur moi pendant mon coma.

  • Oui Alice, répondit-il. Jacob a pris du galon !

Je levais vers lui des yeux surpris, désirant en savoir plus sur ses conclusions. Je me demandais comment il savait tout ça mais mon espèce l’intéressait tellement que je n’étais pas vraiment étonné. Carlisle s’accroupit devant moi et inspecta ma façon de me tenir. J’avais l’impression d’être vraiment un chien à la clinique vétérinaire.

  • Bon…ça a l’air d’aller…pas de douleur ?

Je secouais la tête.

  • Parfait !

Il se releva et inspecta mon dos puis mon arrière-train. Alice l’observait en silence, attendant comme moi le verdict et je lus une certaine admiration pour son père dans ses yeux. Oui, elle pouvait être fière de lui ! C’était grâce à lui et à Bella si aujourd’hui, nous en étions là. Il continua sa petite inspection puis vint se planter à nouveau devant moi, les bras croisés et le regard interrogateur.

Je fis un léger mouvement de la tête pour l’inviter à me dire ce qu’il avait sur le cœur. Allait-il m’interdire de faire le voyage encore pour cette fois ?

  • J’ai bien analysé tous les prélèvements que j’ai effectués sur toi dernièrement…, commença-t-il.

Il hésita puis continua :

  • Tes cellules ont un peu évolué… c’est très étrange. Comme si tu avais subi une nouvelle mutation mais très minime…

Je savais déjà de quoi il parlait et me transformais, non sans reprendre un vêtement à terre en passant pour me couvrir devant Alice, même si mon corps n’avait plus aucun secret pour elle !

  • En effet Carlisle…j’ai remarqué un changement chez moi, déclarais-je.

Si quelqu’un pouvait essayer de m’expliquer, ça ne pouvait être que lui !

  • Je peux, enfin je crois que je peux donner des ordres Alpha sous ma forme humaine.
  • Quoi ? Rigola Alice. Tu es devenu l’Alpha de ta meute de molosses?
  • Je suis devenu Alpha le jour de ma partie de chasse contre Fenq avec Edward, expliquais-je. Mais depuis, j’ai senti des changements en moi…comme une plus grande rapidité à muter, sans même y penser et un contrôle parfois involontaire sur les autres membres de la meute.
  • Et la capacité à donner des ordres…, ajouta Carlisle, pensif. En humain ?
  • Oui…, confirmais-je. Ma voix change et je crois que je contrôle mes frères.
  • C’est fascinant…, murmura-t-il, réellement surpris.
  • Et ça veut dire quoi ? Questionna Alice, un peu larguée.

Carlisle et moi nous observèrent pendant un petit moment, moi me demandant jusqu’où irait mon évolution, lui réfléchissant à toutes les analyses qu’il allait encore pouvoir faire.

Un vent glacial me transperça et je fus le seul à frissonner. Cependant, mon mouvement fit revenir Carlisle parmi nous.

  • ça veut dire que Jacob ne sera peut-être plus obliger de se transformer pour diriger les troupes, expliqua-t-il à Alice sans me quitter des yeux, que la prochaine étape va sûrement être la force physique puis la vitesse qui vont s’amplifier, car tu cours déjà très vite…, ajouta-t-il. Ton loup va petit à petit disparaître…
  • Mais…nous sommes nés pour tuer les vampires ! Rétorquais-je. Notre force, notre vitesse nous aident à les combattre mais aussi notre forme animale puisque nous avons besoin de nos crocs pour les démembrer…

Je me rendis compte que je parlais de ça comme si Alice et Carlisle n’en étaient pas et je fus coupé dans mes pensées, un peu déstabilisé devant leur calme apparent, voir devant leur indifférence totale !

  • Alors peut-être que vous en aurez toujours besoin…, murmura-t-il, à nouveau pensif. Peut-être aussi que tu seras le seul à changer parce que tu dois être différent des autres…peut-être que seule ta voix d’Alpha sera l’évolution notable de ta génération et rien d’autre ? concluait-il.
  • Quoiqu’il en soit, vous serez là pour le voir, remarquais-je, vous pourrez vérifier ceci chez ma fille quand elle grandira.
  • C’est une fille ! S’écria Alice aux anges. Ah génial !
  • Oui, Rosalie, annonçais-je, sachant déjà ce que Alice avait en tête.

Avec une fille, c’était des heures et des heures de shopping assurées !

Mais Alice avait perdu son sourire. Elle semblait tout à coup très émue et je compris alors que le prénom de ma fille l’avait touché. Carlisle lui souriait, aussi heureux qu’elle mais pour une autre raison.

  • Tu accepterais de me laisser étudier ta fille ? Durant toute son enfance puis jusqu’à sa mutation ?
  • Oui…, répondis-je.

Oui, je le pensais vraiment ! Je voulais même qu’il le fasse car j’avais besoin de comprendre mon espèce ! Des choses avaient déjà évolué depuis la génération de mon grand-père. En priorité, la mutation des femmes comme Leah et comme ma fille (car elle serait aussi un loup-garou, ça je l’avais vu !), ensuite l’imprégnation qui ne touchait pas tout le monde de la même façon…sans parler des possibilités de communication que nous avions découvertes entre Alpha, entre meute ou entre loups de meute différente.

  • J’en serais très honoré Jacob, me répondit Carlisle, sincèrement. Tu as vraiment l’âme d’un chef, ajouta-t-il.
  • N’exagérez pas ! Rigolais-je, gêné.
  • Ce n’est pas le cas…et je suis très heureux que tu sois devenu enfin ce que tu devais être depuis le départ. Tu sais que j’ai toujours aimé négocier avec toi ! Ajouta-t-il.
  • Il n’y aura plus de négociation entre nous Carlisle, nous sommes amis à présent, déclarais-je. Et comme je l’ai déjà annoncé à votre fille, nous serons à vos côtés le jour où vous déciderez de renverser les Volturi !
  • Je te remercie Jacob. Je n’oublierais pas ta proposition.
  • Bon ! Ce n’est pas tout ça mais je meurs de soif ! S’écria Alice, cassant l’ambiance solennelle du moment.

Carlisle rigola doucement mais une question venait de me traverser l’esprit. Quelque chose pour laquelle je n’avais aucune réponse et qui me tracassait sérieusement depuis le début.

  • Carlisle, je sais que les prélèvements que vous avez faits sur Bella ont juste confirmé qu’elle était enceinte et qu’il n’y aurait aucune mutation en loup-garou.
  • Oui, c’est exact.
  • Mais, n’avez-vous pas remarqué un léger changement dans ses cellules ? Comme moi ?
  • Oui, son sang s’est modifié puisqu’elle a reçu le tien pour la guérir, affirma-t-il.
  • Mais, depuis, elle a remarqué certaines choses étranges comme une meilleure condition physique et surtout, une capacité à entendre les appels Alpha, insistais-je. Elle peut aussi communiquer avec nous à travers ses rêves …elle nous a transmis des images de notre fille à tous.

Carlisle avait froncé les sourcils un peu plus à chacune de mes révélations.

  • Elle communique à travers les rêves ? S’étonna Alice.
  • Oui…elle a toujours eu un don pour ça, expliquais-je. Mais il s’est amplifié depuis son accident. Et d’après le guignol dénommé Aro, elle aurait perdu son bouclier.

Alice fit des grands yeux en s’écriant :

  • Oh lala ! Mais elle a complètement changé ! C’est dingue tout ça !

Carlisle réfléchit pendant de longues minutes puis déclara :

  • Pour la forme physique, c’est sûrement grâce à ton sang…pour le don des rêves et le bouclier, je n’en aucune idée car ça relève du paranormal et il aurait fallu étudier son cas plus en profondeur depuis le départ … par contre, pour l’appel de Sam, j’ai bien une idée mais il faudrait vérifier ceci dans vos livres d’histoire Quileute.
  • Quoi ? Rigolais-je.

Je m’attendais à tout sauf à ça !

  • Bella est devenue comme toi Jacob, une Alpha, m’annonça Carlisle.

Le guignol en robe de chambre avait en effet parlé de ça ce jour-là…

  • Et si elle est devenue une Alpha, elle entend les appels de loups…le sang qu’elle a de toi a certainement du amplifier ce phénomène, m’expliqua-t-il. Peut-être que les femmes d’Alpha, à l’époque de tes ancêtres, ne ressentaient qu’une vibration ou avaient une intuition ? Bella a changé, elle a peut-être acquis autre chose ? D’autant plus qu’elle est enceinte et donc plus réceptive.
  • Vous n’êtes décidément qu’une bande de mutants ! Plaisanta Alice.

Peut-être bien, pensais-je, et ma Bella me manquait plus que jamais.

 

55 – Plus rapide et plus malin ! Je l’ai bien eue … 

 

Alice m’avait expliqué avant brièvement vers où nous allions pour que je puisse revenir ici au cas où je m’éloignerais d’elle. Nous courrions côte à côte, sans nous arrêter et je savourais le plaisir que me procurait cette course dans tout le corps. Je ne m’en étais pas rendu compte jusque maintenant mais mes membres étaient engourdis. J’allais pouvoir me défouler pleinement dans cette partie de chasse improvisée ! Alice essayait parfois de me dépasser mais je la rattrapais aussitôt, non sans lui mettre un coup de museau dans les jambes ou sur l’épaule pour lui montrer que j’étais de toutes façons plus fort qu’elle ! Alors, son rire cristallin résonnait dans toute la plaine couverte de neige et chantait dans ma tête encore longtemps après.

Je l’observais, fasciné par ses mouvements, elle semblait glisser sur le sol comme une petite fée. Notre amitié était pour moi un mystère, c’était un truc qui nous avait touché depuis notre rencontre ou peut-être un peu après ? Nous étions complices, sur la même longueur d’onde et aussi excités l’un que l’autre quand il s’agissait de vivre des sensations fortes. J’adorais me batailler avec elle et je savais qu’elle y prenait le même plaisir. Nous étions soudés sans même y réfléchir, sans même en avoir discuté une fois, se dire « nous sommes amis »…j’avais toujours eu envie de la protéger et elle aussi apparemment…elle était magnifique et j’étais très fier d’être son allié.

 

Nous atteignîmes une forêt, enfin, ça y ressemblait car la toundra envahissait chaque centimètre de ce territoire étrange, rendant le décor parfois irréel à mes yeux. Alice me fit un clin d’œil et bifurqua sur ma droite pour s’enfoncer dans la densité de la nature.

Ok…elle veut jouer … c’est qu’il doit y avoir du gibier, pensais-je.

Je ralentis puis finis par stopper ma marche pour observer et écouter les environs.

La forêt était un peu différente de celle de Forks mais je sentis tout de suite qu’elle regorgeait de trésors.

Je filais droit devant jusqu’à une clairière où l’odeur forte d’une bestiole que je ne connaissais pas m’arrêta net.

Un caribou ! Bon sang, c’était bien la première fois que j’en voyais un !

Rien à voir avec l’espèce de biquette que Alice m’avait apporté avant, que j’avais gardé pour le dessert pour ne pas la vexer d’avantage.

Celui-là, il est pour moi !

J’avançais en douceur, sachant de toutes façons qu’il ne m’entendrait pas. Il mastiquait mollement un morceau de branche de pin, ne se doutant pas une seule seconde qu’il allait avoir la trouille de sa vie dans quinze secondes ! Je me tapis un peu plus, m’apprêtant à bondir lorsqu’un mouvement attira mon attention au-dessus de moi.

Alice !

Elle me jeta un bref regard, un grand sourire aux lèvres puis se focalisa à nouveau sur sa proie.

Bon sang ! Il était hors de question qu’elle se le choppe !

Je fis un bon si puissant que je m’écrasais sur le caribou au moment où Alice tomba sur moi en criant de surprise. D’un coup de mâchoire, je brisais la nuque de l’animal et le fit voler à quelques de mètres de là, histoire de mieux me l’approprier.

  • Espèce de sale clébard ! Sale cabot ! S’égosilla-t-elle. Tu vas voir la prochaine fois !

Je rigolais en moi-même de la voir si furieuse mais je savais que ce genre de jeu lui plaisait et qu’elle essayerait d’avoir sa revanche. D’une patte, j’immobilisais le caribou et mordis dedans à pleines dents, non sans quitter du regard Alice qui fulminait.

  • Ah ! ça m’apprendra à te montrer mes coins ! Râlait-elle, faussement fâchée. Bon…je reviens.

Elle s’éclipsa quelques minutes et revins près de moi s’asseoir par terre, un castor sous le bras qui gigotait dans tous les sens. Elle planta ses dents dans la nuque et j’entendis avec un certain dégoût le sang de l’animal couler dans sa gorge. Un peu plus, elle me coupait l’appétit mais je mourrais de faim. Je décidais de faire abstraction du bruit et me concentrais sur ma carcasse. Une fois terminé, je me transformais et repliais mes jambes sur mon torse pendant que Alice achevait son troisième castor. Je remarquais qu’elle avait meilleure mine…je n’avais pas fait attention mais ses yeux s’étaient ternis et là, elle semblait plus en forme.

  • J’aime bien ton style, déclara-t-elle en balançant la pauvre bête à quelques mètres d’elle.
  • Et toi, tu es écœurante !
  • Ah…et moi qui ait fait attention pour ne pas te choquer…

Etait-elle sérieuse ?

Franchement, je me faisais à leur présence, à leur odeur, à beaucoup de choses venant de leur part mais leur façon de se nourrir me donnait la nausée. Pourtant, en y pensant, ce n’était pas pire que moi. Moi la chair, elle le sang…si elle n’injectait pas du venin dans ses victimes, nous aurions presque pu partager une bête ensemble.

  • Tu t’es bien remise de l’attaque de Fenq, constatais-je, en pensant que nous n’avions jamais reparlé de ce jour-là.

Elle hocha la tête et souleva son pantalon pour me montrer l’horrible cicatrice.

  • Comme tu peux voir, je pense à toi tous les jours !
  • Ce n’est pas un très bon souvenir, murmurais-je, amer.
  • Détrompe-toi ! Cette attaque est le début de notre amitié…, me rappela-t-elle. A nos deux clans et… à toi et moi.

Je me sentais soudain très heureux qu’elle aborde le sujet et surtout, qu’elle voit les choses comme moi. Je lui souris timidement lorsqu’elle planta ses yeux dorés dans les miens.  

  • Calme-toi Jacob, ton cœur bat trop vite.
  • Je suis calme…, mentis-je.
  • Tu joues toujours le mec super sûr de toi en apparence comme ça ? Railla-t-elle.
  • Je suis un mec super sûr de moi !
  • Ah oui…

Dans un sourire en coin, elle baissa ses yeux sur ma poitrine, me faisant comprendre qu’elle n’était pas dupe, qu’elle captait parfaitement mes émotions.

  • Alice, encore merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, pour Bella…je ne l’oublierais jamais.

Elle leva un sourcil dans un petit sourire satisfait et je continuais :

  • Nous avons beaucoup de chance de vous avoir comme amis…Bella avait raison, vous êtes des êtres exceptionnels, dotés d’une grande sensibilité.
  • Continues…, déclara-t-elle presque en jubilant.
  • Et je suis plus fort que toi, mais ça je crois que tu le sais déjà !
  • Ah !!!! ça, c’est ce qu’on va voir clébard ! S’écria-t-elle en se relevant d’un bond.

Je me levais à mon tour et me plantais devant elle, si près qu’elle baissa les yeux et aurait rougi si elle avait pu.

  • Arrête de me draguer Jacob Black, plaisanta-t-elle.
  • Comme si c’était possible ! Rigolais-je, entrant dans son jeu.
  • Pourquoi ? Tu crois que ça n’aurait pas été possible ? Demanda-t-elle soudain très sérieuse. Regarde-nous Jake ! Moi, je sais que tu aurais accepté Bella, même en vampire.

Je me tendis aussitôt, imaginant déjà à quoi aurait pu ressembler ma vie si Bella avait choisi Edward. Ce que je ne comprenais pas, c’est pourquoi Alice me ressortait ça maintenant. Je fronçais les sourcils et la fixais durement.

  • Ce que je veux dire, murmura-t-elle, comprenant ma méprise, c’est que nous aussi, nous nous sommes trompés sur toi et ton espèce…je ne sais pas qui a déclaré que nous étions ennemis mais c’est vraiment ridicule ! Tu es quelqu’un de bien…Je suis très heureuse de t’avoir comme ami Jacob, et j’espère que tu me considères comme telle ?
  • Oui…, répondis-je, ému. Tu es une amie très chère à mes yeux Alice. Depuis le début…merci de ne m’avoir jamais lâché.
  • Mais je t’en prie ! Déclara-t-elle dans un petit sourire en coin. Maintenant nous sommes quitte !

 

Notre retour à la grotte presque au sommet de cette montagne se fit dans le silence. Je remarquais que Alice était moins enjouée qu’à l’aller…peut-être parce que j’allais partir dans les heures qui suivraient ? Car, c’était bon maintenant, je m’étais assez amusé, je ne pouvais plus attendre une journée de plus ! J’avais besoin de revoir Bella et son image commençait à envahir tellement ma tête que je ne pensais plus qu’à ça !

Une fois que nous fûmes à leur « repaire » comme je l’appelais dans ma tête, Carlisle nous accueillit et je mutais puis m’habillais immédiatement, me sentant au top de ma forme.

Alice nous rejoignit, le regard triste et Carlisle me tendit déjà la main.

  • Jacob, j’espère que ton retour se passera bien.
  • Oui, ne vous en faites pas…
  • Si tu en as envie, passez nous voir un jour ? Me proposa-t-il.
  • Je n’y manquerais pas ! Assurais-je. Nous viendrons vous présenter Rosalie.
  • Oui…merci, me répéta Carlisle, sachant que je lui confirmais mon désir de lui « prêter » ma fille pour faire tous les tests qu’il voudrait.

Alice se planta devant moi, un large sourire aux lèvres qui ne cachait pas suffisamment sa tristesse dans les yeux.

  • Au revoir mon beau clébard !
  • C’est pour de bon cette fois ? Plaisantais-je, la gorge un peu serrée.  
  • Aucune idée ! L’avenir nous le dira, ajouta-t-elle dans un clin d’œil.
  • Alors, bye mon p’tit elfe des bois…, murmurais-je.

Alice gloussa de plaisir en lançant un grand sourire à Carlisle qui leva les yeux au ciel en secouant la tête puis elle sautilla sur place et se jeta à mon cou. Un violent frisson me parcouru de la tête aux pieds et je savais enfin ce qui m’avait donné aussi froid pendant mon coma. Alice, qui contrairement à son père, ne prenait pas de gants avec moi et qui m’avait soigné pendant ces quatre longs mois, sans hésiter une seule seconde à me toucher malgré notre répulsion naturelle…Alice qui avait du s’allonger à mes côtés quelques fois, en espérant de toute son âme que je survivrais et qui avait gagné !   

Elle me lâcha enfin, un peu gênée par son emportement et m’expliqua :

  • Alors tu n’oublies pas hein ? Est, sud-est, quart sud-est, sud…
  • Non mais tu me prends pour un abruti ! M’écriais-je.
  • Tu devrais l’accompagner Alice…
  • Oh, tu es sérieux ? Demanda-t-elle en tournant la tête vivement vers son père.

Carlisle haussa les épaules en secouant la tête, ne préférant pas répéter sa proposition car il savait déjà que c’était inutile.

  • Oh oui ! S’écria-t-elle en tapant dans ses mains. Alors je viens avec, comme ça je reverrais Bella. Je passe un coup de fil, je vais vite prévenir Jasper et je suis à toi !  
  • Ok…, rigolais-je en la regardant filer à toute vitesse.

 

56 – Sa clarté

 

Je courrais, courrais sur la neige, le décor ne m’était pas familier mais j’avais l’air de savoir où j’allais. Il faisait très froid et la plaine semblait interminable. Puis, ce fut la forêt, des pins couverts de neige, tellement serrés qu’il faisait très sombre. Je m’entendais haleter, je courrais encore plus vite, les branches fouettaient mon museau quand soudain j’entendis rire dans toute la forêt. Un rire si pur qu’il aurait brisé du cristal. Je tournais la tête et je la vis…la fille Cullen ! Curieusement, je m’entendis rire aussi et regardais à nouveau droit devant moi pour ne pas me perdre…je devais aller vite ! Encore plus vite ! Mais où étais-je ? Où est-ce que j’allais comme ça ? Je fus soudain secoué et j’ouvris les yeux, le cœur battant.

Bella  se levait d’un bond et quittait la chambre comme une furie. Je sautais du lit et la suivit en criant :

  • Bella ! Mais qu’est-ce que tu fous ?!

Elle ouvrit la porte de la maison à toute volée et s’engouffra dans le froid de la nuit. Mon sang ne fit qu’un tour ! Je la suivais en hurlant :

  • Bella ! Rentre bordel ! Il fait glacial !

Elle ne m’écoutait pas et mon regard se focalisa sur ses petits pieds blancs courant dans la neige qui était verglacée. Bon sang ! Si elle tombait !

  • Bella !!!!!

A mon grand soulagement, elle s’arrêta au moment où je la chopais par le bras. Je lui fis faire volte-face et ses yeux fous me firent peur.

  • Il est vivant ! Paul, transforme-toi, tu vas l’entendre !
  • Bella arrête ! m’écriais-je, le cœur serré devant son état.

Elle avait l’air d’une ahurie !

  • Paul, depuis que je sais que mes rêves ont un sens, je sais les interpréter ! Je te dis que Jake va revenir !
  • Bella… arrête ! Tu te fais du mal…
  • Je te l’interdis tu m’entends ! Je t’interdis de dire qu’il est mort ! Moi, contrairement à toi, j’y crois ! J’y crois tous les jours !
  • Comment peux-tu oser me dire ça ! Hurlais-je. Je mute tous les jours ! Tous les jours, j’écoute dans l’espoir de l’entendre !
  • Transforme-toi Paul s’il te plait…, me supplia-t-elle d’une voix brisée. Je l’ai vu ! Dans mes rêves ! Je l’ai vu…il revient, il court dans la neige…

A ces mots, je fus soudain submergé par toutes les images que j’avais vues en rêve…encore un nouveau rêve que Bella m’avait transmis dans son sommeil. Moi aussi j’avais vu ! J’étais à sa place…

Je me déshabillais, tout à coup persuadé que j’allais capter ses pensées, enfin, s’il m’y autorisait … Bella me regardait faire, impatiente et attendait à côté de moi que je lui confirme quelque chose. Mais c’était le silence total…comme je n’étais plus rallié à personne, je n’entendais même pas les autres membres de la meute …

Je baissais la tête et repris forme humaine.

  • Oh non ! Recommence s’il te plait ! Sois patient !
  • Non Bella, répondis-je, dépité, en me rhabillant. Je n’ai rien entendu.
  • Mais ce n’est pas possible, murmura-t-elle, le regard perdu vers la forêt plongée dans l’obscurité. Il est là, je le sais …
  • Bella …
  • Il va revenir…il va revenir, chuchotait-elle.

Puis, elle se mit à sangloter si fort que je la pris contre moi pour ne pas qu’elle tombe. Je pensais à nouveau à ses pieds qui allaient geler et la portais pour la ramener à la maison. Rachel nous ouvrit la porte en grand et en passant, me lança un regard interrogateur. Je ne préférais pas lui donner de faux espoirs et emmenais directement Bella dans sa chambre. Cette histoire de rêve collectif était une pure folie à laquelle j’avais du mal de croire ! Pourtant, je venais de rêver que je courrais dans la neige…avec un vampire.

 

57 – Une bonne mise au point pour partir sur de bonne base

 

Le voyage me semblait interminable. Cela faisait maintenant douze heures que nous courrions sans relâche et je n’en voyais pas le bout. Ne pouvant pas communiquer avec Alice et n’étant pas encore assez proche de Forks pour entendre mes frères, mon esprit bouillonnait d’impatience et de milles questions. Quel loup n’avait pas survécu ? Y en avait-il eu d’autres que Alice n’aurait pas vus ? Et Bella ? J’avais tellement hâte de la serrer contre moi, sentir son parfum, caresser ses cheveux, entendre sa voix ! J’entendais encore ses cris …lorsqu’elle avait crié mon nom, désespérée. Des images de ce fameux jour flashaient ma mémoire. Seth m’avait suivi et je ne savais pas s’il avait survécu… il avait été très courageux de s’attaquer à cette furie…mais elle avait fini dans les mains des Cullen, je l’avais vue…c’était donc peut-être qu’elle l’avait vaincu ? Mon cœur se serra…mon frère, mon seul frère, celui qui suivait mon ombre comme si c’était la sienne…je ne lui avais jamais dit à quel point j’étais fier de lui. J’avais soudain envie de faire une pause…j’avais besoin de parler un peu. Je stoppais ma course et Alice s’arrêta net à mes côtés. Je mutais et m’assis par terre en fixant l’horizon.

  • Eh Jake…tu es fatigué ? Demanda-t-elle inquiète, en se mettant assise près de moi.
  • Non, ça va …Nous en avons encore pour longtemps ?
  • Encore dix heures je pense, peut-être moins…tu tiendras le coup ?
  • Bien sûr ! Rétorquais-je. J’aimerai déjà y être.
  • Ce voyage ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, m’assura-t-elle.

Je tournais mon visage vers elle, elle semblait perdue dans ses pensées.

  • Je suis content que tu sois avec moi Alice…

Elle me sourit et me pris la main. Un frisson me parcouru jusque dans le dos et elle me lâcha aussitôt.

  • Non…, murmurais-je en lui reprenant sa main aussitôt. J’aime quand tu me touches. Ça me rappelle à quel point nous avons dépassé tous les interdits.
  • Oui, souffla-t-elle, émue. Mais, tu es quand même bouillant, rigola-t-elle.
  • Ça te gêne ?
  • Non mais c’est surprenant.
  • Tu es pourtant restée contre moi pendant des heures, lui rappelais-je dans un demi-sourire.

Nous nous dévisageâmes pendant un long moment, et dans un geste lent, je portais sa main glacée à mes lèvres et y déposais un baiser léger en lui soufflant un « merci ». Elle me regarda faire, troublée mais ne dégagea pas sa main car pour elle aussi, l’expérience était inédite. Je la gardais donc dans la mienne et elle finit par poser sa tête sur mon épaule, provoquant en moi un froid auquel je commençais à m’habituer. Nous restâmes un petit moment ainsi, nos regards perdus vers l’horizon.

  • J’ai eu tellement peur pour toi, finit-elle par dire, rompant le silence. Tu ne pouvais pas mourir, tu ne pouvais pas partir comme ça ! Tu représentes tellement pour nous…pour moi, murmura-t-elle. Tu es mon sauveur. Et je n’aurais jamais supporté d’annoncer ta mort à Bella.
  • C’est fini maintenant et grâce à vous.
  • Oui ! Et maintenant, tu vas devenir papa ! Est-ce que tu te rends compte ? S’écria-t-elle tout excitée.
  • Non, rigolais-je.

Je la regardais rire, elle était si heureuse pour nous.

  • Tu ne regrettes pas ta vie d’humaine ? demandais-je.
  • Non, je ne m’en souviens pas…mais je prends plaisir à vivre le bonheur des autres par procuration. Et je suis tellement heureuse avec Jasper ! Il est mon âme sœur tu sais … je ne l’aurais jamais connu si je n’étais pas celle que je suis aujourd’hui.

Je hochais la tête, comprenant parfaitement ce qu’elle ressentait. Moi aussi j’avais mon âme sœur.

  • Au fait, j’ai oublié de te répondre hier, suite à ta litanie sur les vampires…, continua-t-elle sur un ton taquin.
  • Je t’écoute…
  • Eh bien, les loups-garous sont de vrais chiens !

Je lui jetais un regard de travers, surpris par le ton sec qu’elle venait d’employer.

Elle éclata de rire et colla sa tête plus fort contre mon épaule. Je grognais et elle murmura, plus sérieusement :

  • Oui de vrais chiens…affectueux, protecteurs et fidèles. Parfois même adorables…, ajouta-t-elle dans un sourire malicieux.

J’éclatais de rire, me remémorant nos débuts plutôt houleux…mon esprit vagabonda ensuite sur plusieurs autres souvenirs et sans m’en rendre compte, j’avais perdu ma bonne humeur. Je me raclais la gorge et demandais :

  • Je peux te poser une question ?
  • Je sens que je vais regretter mes propos…, répondit-elle en relevant la tête, captant mon changement d’attitude.
  • Aurais-tu vraiment aimé que Bella perde la vie pour devenir comme toi ? Maintenant que tu sais à quel point elle est heureuse avec moi ?

Toute joie avait quitté son visage, une lueur traversa ses yeux et je la sentis se crisper.

  • Jacob, je t’en prie, ne me juge pas…, murmura-t-elle.
  • Je veux juste savoir …
  • J’aime Bella comme ma sœur, déclara-t-elle d’une voix blanche. J’étais peut-être égoïste sur ce coup-là mais oui, ça ne me dérangeait pas qu’elle devienne comme moi…maintenant, je ne regrette pas le choix de Carlisle même si à l’époque je me suis élevée contre lui…
  • Ah oui ? M’étonnais-je.
  • Oui…je voulais le bonheur d’Edward, même si je savais qu’il souhaitait la garder en vie, je savais qu’il serait malheureux si elle te choisissait.
  • Et il l’est encore ?
  • Oui et non …il le sera encore moins quand il apprendra qu’elle est enceinte. Son sens du sacrifice a toujours été un mystère pour moi.

J’acquiesçais de la tête…pour moi aussi son comportement avait toujours été un mystère.

  • Tu sais que je l’entends parfois ?  
  • Ah oui, rigola-t-elle. Il t’a vraiment marqué dis-moi !
  • Ouais…ou peut-être que j’ai acquis le pouvoir de l’entendre ? Plaisantais-je à demi.

Alice éclata de rire et je fus forcer de rire aussi devant la stupidité de mon idée.

  • Moi je crois plutôt que tu es complètement barge ! Déclara-t-elle.
  • Oui…je crois aussi, murmurais-je.

Je sentis son regard insistant sur moi, elle avait cessé de rire.

  • Jacob, Bella était ton destin…maintenant c’est évident. Nous avons failli faire une monumentale erreur et je te demande pardon pour avoir été de ceux qui ont voté oui à sa transformation, m’annonça-t-elle sincèrement.
  • Elle va être contente de te revoir…, répondis-je, préférant ne plus m’attarder sur le sujet.
  • Elle sera encore plus heureuse de te revoir toi ! Allez debout ! S’écria-t-elle en se levant d’un bond. Nous avons encore de la route à faire.

Elle me tendit la main et je lui attrapais pour me relever. Dans un hochement de tête, elle me sourit pour me motiver et je mutais instantanément pour la suivre jusqu’au but final de ce voyage : retrouver l’amour de ma vie.

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