Evolution

Chapitre 3 : Evolution 3

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:41

39 – Confinement

La semaine passait lentement et je ne quittais pratiquement plus la maison de mon père. Jacob partait la journée pour continuer la maison et revenait passer la nuit à mes côtés.  Charlie nous faisait un rapport discret tous les soirs mais apparemment, les choses ne se tassaient pas. J’avais l’impression que le temps s’était arrêté, que nos vies étaient en suspens. Tout ça à cause de cette photo prise par Angela ! Lâchement, je n’avais pas trouvé la force d’aller lui parler. Je ne savais pas comment présenter les choses sans qu’elle me pose des questions gênantes. Et surtout, je craignais d’attiser encore plus leur détermination car, si j’allais la voir, elle saurait vraiment que j’en savais beaucoup sur ces loups. Pourtant, j’aurai aimé savoir ce qu’elle pensait de tout ça, de la tempête qui agitait Forks à cause de ce qu’elle avait fait, enfin que Ben, son copain et elle avaient fait. Ils devaient sûrement avoir l’impression de protéger la ville, d’être « ceux qui avaient vu le monstre » et qui pouvaient témoigner de sa réalité. Les Quileute ne quittaient plus la Réserve. On entendait les chiens des Rangers aboyer dans la forêt. Parfois, je fermais les yeux, pleine d’angoisse.

De temps en temps, Jacob m’emmenait voir Emily mais nous ne nous attardions pas. Cette dernière grossissait de jour en jour, le bébé serait là dans trois mois et j’espérais qu’à ce moment là, tout serait rentré dans l’ordre, que les habitants se seraient lassés, que mes frères pourraient à nouveau courir librement dans la forêt et que tout irait bien. Je tremblais à l’idée qu’il arrive quelque chose à l’un deux…je pensais souvent à Paul et son côté rebelle, espérant qu’il ne provoquerait pas les autorités sur un coup de tête.

 

Jacob était anxieux. Pas trop pour cette histoire de chasse ouverte mais plus pour Jane dont il attendait le retour à Forks un jour ou l’autre. Il ne me disait rien mais tous les matins, je le voyais lire les faits divers avec beaucoup d’attention et je savais qu’il cherchait une explication à chaque mort inexpliquée, si un vampire était derrière ou pas.

Jane ne me faisait pas peur mais j’avais toujours un mauvais pressentiment quand je pensais à elle…depuis que je l’avais rencontrée en fait. Elle me semblait plus forte que les autres, plus sadique…encore plus que Victoria ! Jacob m’avait raconté précisément leur rencontre et je savais qu’elle ne lâcherait pas prise. Si elle trouvait les Cullen, elle serait vite fixée et reviendrait illico ici pour me chercher et sûrement pour vouloir tuer Jacob puisqu’il lui avait menti. Un frisson me parcouru le corps, violent.

  • Tu as froid ma puce ? demanda Renée en passant près de moi.
  • Un peu…, mentis-je en lui souriant doucement.

Ma mère était restée toute la semaine et le souvenir cuisant de ce matin me revint à l’esprit. J’étais descendue pour préparer le petit-déjeuner et n’avais pas trouvé Charlie sur le canapé comme les autres matins. J’avais d’abord pensé qu’il n’était pas rentré de la nuit mais en entrant dans sa chambre pour apporter le café à Renée, je les avais trouvés tous les deux, enlacés. Cette découverte m’avait fait un choc, encore plus lorsque j’avais croisé le regard de Charlie qui semblait ennuyé que je les aie trouvés ainsi. J’avais refermé aussitôt la porte, le cœur battant, me demandant depuis quand ils couchaient à nouveau ensemble. Puis une sourde colère m’avait submergé et j’étais retournée auprès de Jacob aussitôt. Celui-ci avait d’abord rit mais en voyant mon visage fermé, il avait cessé aussitôt en me disant :

  • Charlie est encore libre apparemment…Sue et lui sont séparés je te rappelle…
  • Je suis en colère contre ma mère ! Avais-je rétorqué.
  • Contre ta mère ? S’était-il étonné.
  • Je sais parfaitement que ce sentiment entre eux est passager, m’expliquais-je,  qu’il est dû au fait que ma mère vient d’apprendre sa maladie…dans quelques semaines, tout redeviendra comme avant entre eux et Charlie en souffrira encore. Il fait une erreur avec Sue, il aurait déjà du retourner près d’elle mais avec cette histoire de chasse …et il fait une erreur avec ma mère ! Je connais Renée et je sais qu’elle l’a encouragé ! Je sais aussi que c’est pour ça qu’elle est revenue si vite !
  • Ta mère avait besoin de réconfort Bella et ton père est toujours là pour elle.
  • Peut-être mais je sais aussi que ma mère est capricieuse et une enfant gâtée. Mon père est encore un de ses caprices du moment…, avais-je ajouté durement.
  • Tu ne devrais pas parler comme ça Bella, m’avait doucement répondu Jacob, très ennuyé par ma fermeté. Les gens peuvent changer. Ta mère a peut-être encore des sentiments pour Charlie.
  • Excuse-moi mais je la connais mieux que toi Jake !

Mon ton l’avait fait se crisper et j’avais regretté aussitôt mon emportement.

J’aimais mes parents et il fut un temps où j’aurai aimé qu’ils se remettent ensemble mais je savais que mon père était malheureux depuis quelques temps et qu’il ne savait plus où il en était. Renée ne reviendrait pas à Forks ou alors, pas pour lui ! Et pourtant, mon père y croyait encore. Je ne pouvais pas tolérer qu’on se moque de lui, même si je savais que ma mère ne pensait pas à mal…que cette nuit n’aurait pas de conséquence pour elle…elle avait de l’affection pour mon père, de la tendresse, de l’amitié mais plus d’amour ! Et surtout, j’avais appris à connaître Charlie et j’avais compris qu’il était sensible et entier. Ce genre de sentiment ne lui suffirait pas. 

J’espérais maintenant que Renée ne ferait pas de bêtise, du genre à tout plaquer pour me prouver que j’avais tort !

J’avais fini par enlacer Jake pour me faire pardonner mon emportement car il n’y était pour rien.  

 

J’observais ma mère en train de ranger la cuisine et mon cœur se serra. J’aimais passer du temps avec elle. Elle me racontait sa grossesse, ma naissance, mon enfance, toutes des histoires que je n’avais jamais prises le temps d’écouter et qui maintenant, avaient une importance capitale à mes yeux. Pas seulement pour le fait que j’allais bientôt être mère et que j’avais besoin de son expérience, non, surtout parce que Renée perdrait un jour la mémoire et qu’il fallait que je me nourrisse le plus possible de ses souvenirs pour qu’ils restent vivants.

  • Bella, toute cette histoire de photo, c’est vraiment à cause de ton amie ? Demanda soudain ma mère, m’interrompant dans mes réflexions.
  • Et bien, disons qu’elle a prit une photo de Jacob oui et qu’elle l’a donnée à papa…
  • J’ai lu le rapport et il semblerait qu’un autre garçon soit derrière tout ça, déclara Renée.
  • N’essaie pas de lui trouver des excuses maman ! Ce garçon lui a permis de récupérer les photos que j’avais effacées, elle l’a voulu…, ajoutais-je tristement. Je croyais la connaître…je me suis trompée.
  • Explique-toi, murmura ma mère.
  • Angela est…je pensais que Angela était très ouverte d’esprit. Elle m’a toujours acceptée telle que je suis, mes choix, mes réactions…elle ne m’a jamais jugée. C’est la seule qui a toujours continué à me parler alors que je ne parlais à plus personne, me rappelais-je. Elle ne posait jamais de question indiscrète, elle me respectait, m’appréciait vraiment je pense…
  • Qu’est-ce qui a changé ? Demanda alors ma mère, surprise.
  • Je ne sais pas …, avouais-je. Elle est devenue si déterminée avec cette histoire…Elle et Ben avait vu un des nôtres une fois, Sam, et je ne vais pas tout te raconter mais il y a eu des morts à Forks. Elle croyait déjà à l’époque que celui qu’elle avait vu était responsable de ces morts, la ville le croyait déjà et puis c’est passé…
  • Qui était responsable ?
  • D’autres monstres, déclarais-je. Ça n’a plus d’importance maintenant mais lorsqu’elle a pu prendre cette photo, elle a pensé qu’elle détenait enfin le responsable et je pense que la peur a faussé son jugement, l’a empêchée de m’écouter, d’avoir confiance en moi.

Oui, Angela avait peur et finalement, je pouvais comprendre qu’elle tente par tous les moyens de trouver un responsable. Peut-être faudrait-il que j’essaie à nouveau de la raisonner ? Trouver un mensonge qui me permettrait de la rassurer ? Et elle reviendrait peut-être sur sa déclaration ? Elle qui n’avait pas hésité à balancer le nom de Jacob alors qu’elle savait que nous étions ensemble…c’était une attaque personnelle qui m’avait fait très mal lorsque Charlie me l’avait appris mais curieusement, je ne lui en voulais pas plus que ça…je comprenais sa peur.

  • Tu devrais peut-être essayer de lui parler ? murmura ma mère. Elle regrette peut-être ?

Oui…peut-être … peut-être que si j’arrivais à la convaincre, toute cette folie cesserait. Les bois retrouveraient leur calme et les Quileute, leur paix !

Je hochais la tête et ma mère me tendit le téléphone dans un demi-sourire. Je composais le numéro de Angela, le cœur battant mais soudain, déterminée plus que jamais à arrêter tout ça, à me faire pardonner et à retrouver mon amie qui me manquait affreusement.

40 – Foudroyante

La pluie avait cessé depuis deux jours et nous avions décidé de faire un barbecue hivernal chez Sam. Charlie nous avait assuré que ce jour-là, il n’y aurait pas de recherches mais nous devions rester prudent. Je profitais avec délice de l’ambiance chaleureuse de la maison d’Emily, me disant pour la millième fois que je rendrais la notre aussi agréable à vivre. Renée était aux anges, assise près du feu, dans l’antre des loups-garous. Elle les observait un par un, Sam, Jacob, Emily, le regard illuminé et je me doutais déjà de tout ce qui pouvait lui passer par la tête à cet instant.

Aujourd’hui, Sue ne viendrait pas. La raison officielle était qu’elle se sentait souffrante, la véritable raison était que Charlie et Renée étaient là aujourd’hui, ainsi que Billy …avec qui mon père était justement en train de parler, aussi détendu qu’avant. Je constatais que leur amitié était vraiment très forte, qu’elle passait au-delà de tout, même de l’amour et de ses tumultes ! J’avais appris à Renée pendant la semaine (car elle s’étonnait que Charlie rentrait tous les soirs à la maison) que Sue et mon père faisaient une « pause ». Curieusement, cette nouvelle l’avait attristée, ce qui me confirma que ma mère avait des sentiments plus amicaux que amoureux vis-à-vis de mon père.

Plantée devant la fenêtre, je fixais l’allée de la propriété tout en pensant que le lendemain, je devrais retourner à Seattle pour rependre les cours et que rien ne s’était calmé ici.

  • Arrête de te ronger les ongles ! Murmura Jacob à mon oreille.
  • Tu crois qu’elle va venir ? demandais-je, anxieuse.

Je stressais à mort. Angela avait accepté mon invitation et j’espérais qu’à l’issue de cette journée, tout serait à nouveau comme avant.

  • Je ne sais pas ma chérie mais au moins, tu auras essayé…
  • Je voudrais tellement qu’elle comprenne…
  • C’est impossible Bella ...

Jake ne parlait pas de notre dispute mais de mon obstination à vouloir tout lui dire sur lui.

  • Non, je pourrais lui expliquer, elle garderait le secret, j’ai confiance en elle !
  • N’insiste pas s’il te plait…c’est trop tard.
  • Vous avez bien mis Charlie dans le secret ! il n’est même plus avec Sue !
  • C’est différent…et puis, c’est ton père, l’ami du mien, il n’est pas n’importe qui !
  • Angie non plus ! M’écriais-je. C’est mon amie ! La seule que j’ai et que je…
  • La voilà…, me coupa Jake en balançant la tête vers la fenêtre.

Je me tournais vers l’allée et vis la voiture d’Angela avancer doucement vers la maison. Je sortis immédiatement pour l’accueillir, extrêmement nerveuse. Je sentais mon cœur battre dans mes tempes qui me serraient. Les jambes un peu flageolantes, je m’approchais de sa portière et mon pouls s’accéléra lorsque je vis son visage fermé. Elle ferma le contact, prit son sac et ouvrit la voiture.

  • Salut Angie…merci d’être venue.
  • Salut Bella…c’est sympa ici, déclara-t-elle d’une voix tendue.
  • Oui, répondis-je en suivant son regard qui se portait vers la petite maison de Sam.
  • Je suis arrivée trop tôt ? demanda-t-elle en constatant que Jacob se tenait seul sur le perron.
  • Non, les autres vont arriver ! …Viens !

Je la dirigeais vers la tonnelle que Jake et Seth avaient fabriquée durant la semaine au cas où il pleuvrait. Angie me suivait, silencieuse. Jacob avait déjà rejoins le barbecue pour préparer le repas. Je m’assis sur un des bancs et Angela m’imita, tendue. Je déglutis, tentant de calmer l’angoisse qui me tiraillait l’estomac puis me lançais :

  • Je suis vraiment heureuse que tu ais accepté mon invitation…

Comme elle ne répondait pas, je continuais :

  • Tu verras, ils sont tous sympas…et si tu veux, après le repas, on pourra aller se balader…il y a une belle rivière au nord, tu pourrais prendre des photos…
  • Ok…
  • Angela…
  • Bella, si j’ai accepté de venir, c’est parce que je pense que tu es quelqu’un de bien et que j’aimerai te donner une seconde chance…
  • Oui…, soufflais-je en baissant la tête, émue qu’elle me parle ainsi.
  • Tu es une fille très bizarre, qui a toujours eu de drôles de fréquentations mais tu m’as toujours écouté quand ça n’allait pas avec Ben et je te dois bien ça…
  • Je suis ton amie Angela, c’est normal que je t’écoute…, murmurais-je.

Elle hocha la tête et je sentis qu’elle baissait sa garde, qu’elle se détendait.

  • Si je comprends bien, tu es à nouveau avec Ben ? M’étonnais-je.
  • Oui…enfin, on réessaie, répondit-elle d’un air pincé. Pour l’instant, ça ne se passe pas trop mal…il fait des efforts.
  • Ah…c’est bien.
  • Oui…j’espère que ça va marcher cette fois ! lança-t-elle, un peu septique.
  • Je te le souhaite…
  • Il me ramène à Seattle ce soir. Je lui ai dit que je l’appellerais après le barbecue.
  • Si j’avais su, je t’aurai dit de le prendre avec…, déclarais-je, sincère.
  • Non, c’est bon ! J’avais envie de te revoir seule.

J’avais décidé d’éviter le sujet de la photo et celui de la chasse ouverte sur les loups. Je voulais avant tout réinstaurer le dialogue et la complicité entre Angela et moi. Mais, à ma grande surprise, cette dernière ajouta d’une petite voix :

  • Bella, pardon d’avoir balancé le nom de Jacob…je…j’ai fait ça parce que cette histoire de photo me rapprochait de Ben…on parlait à nouveau, on avait presque un point en commun et ça me faisait du bien…

Je déglutis, émue et lui pris la main.

  • Je sais que Jacob et toi savez beaucoup de choses sur ces loups et j’ai compris que si tu ne voulais rien me dire, c’était sûrement parce que tu ne pouvais pas et que j’avais peut-être tout faux, continua-t-elle en regardant nos mains. J’aurai aimé que tu me fasses confiance …
  • J’ai confiance en toi Angela ! Mais comme tu l’as compris, je ne peux rien dire…laisse-moi un peu de temps, s’il te plait.

Mon amie opina en souriant doucement, tout en fixant toujours nos deux mains que je tenais fermement l’une dans l’autre.

A cet instant, le pick up de Paul se gara près de la voiture d’Angela et mon angoisse me revint mais pour une autre raison…pouvais-je espérer que Jacob et lui passent la journée sans heurt ? Je jetais un regard à Jacob, il semblait détendu…du moins, en apparence, pendant qu’il préparait le feu. Rachel vint près de lui et lui déposa un baiser sur la joue qu’il lui tendait. Paul passa à côté sans s’arrêter et se dirigeait vers nous. Lorsqu’il vint nous saluer, je vis furtivement le regard de Jake se poser sur lui, noir et glacial…mes craintes s’intensifièrent mais je réussis à sourire à Rachel tout en les présentant à Angela. Mon amie se garda bien de préciser qu’elle avait déjà vu Paul et je remerciais silencieusement sa discrétion.

Au fur et à mesure, les autres arrivaient et une chaude et joyeuse ambiance s’installa. Angela rit même une ou deux fois lorsque je lui présentais Quil et Embry qui lui firent des remarques sur ma légendaire gaucherie qui devait faire fureur à Seattle. Je constatais intérieurement qu’il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas exposée au ridicule sauf peut-être le jour où je m’étais battue avec la blonde.

Jake restait seul près du barbecue et je me levais en disant à Angela :

  • Je reviens ! Je te laisse deux minutes avec mes protecteurs…
  • T’inquiète Bella, on va bien s’occuper d’elle, me rassura Quil en riant.

Je m’approchais de lui et l’enlaçais par la taille, en profitant pour me réchauffer.

  • Tout se passe bien ? s’enquit-il.
  • On dirait…merci de t’occuper de la viande.
  • C’est normal…

Mon estomac commençait à me tirailler et je sentis la salive envahir ma bouche à la vue du tas de nourriture qu’il s’apprêtait à cuire. Jake dut le sentir car il prit un morceau de viande crue entre ses doigts et me le plaça dans ma bouche en douceur. Je fermais les yeux, savourant le plaisir que ça me procurait. Il m’observa avec une très forte intensité pendant tout le temps où je mastiquais le petit morceau  J’en pris un à mon tour que je déposais dans sa bouche, qu’il entrouvrait déjà, devinant mon intention. Il captura mes doigts avec ses lèvres humides et brûlantes, dans un geste très sensuel qui me surprit. Jake me fixait toujours plus intensément encore, et je mis quelques secondes à retirer ma main. La sensation me troubla profondément. Ses yeux devinrent fiévreux et je l’attirais brusquement par la nuque pour l’embrasser avec ardeur, oubliant pendant un instant la présence des autres. 

Un coup de sifflet de l’un des gars nous ramena à la réalité et je stoppais notre étreinte, au grand regret de Jacob. Seth passa à côté de nous en me lançant un clin d’œil. Je lui fis un grand sourire en lui disant :

  • Salut ! Dépêche-toi, ils vont tout boire !

Il éclata de rire, de ce rire chaud et joyeux comme son frère, et rejoignit le groupe. Jake me lâcha et retourna les morceaux de viande déjà cuits. Je le regardais faire, ne me lassant jamais de sa beauté, mesurant tout l’amour que j’éprouvais pour lui. Il se frotta les mains puis se retourna vers la table pour crier quelque chose au groupe mais stoppa net ce qu’il s’apprêtait à dire et murmura à la place un « Oh la ! » mi inquiet, mi amusé qui me fit me retourner immédiatement. Les autres avaient cessé de parler et regardaient dans la même direction que moi.

Et là, je pus dire que j’étais en train d’assister au phénomène le plus étrange et magique qui soit ! Angela était debout, face à Seth et le regardait avec une expression telle que je n’en avais jamais vue : elle était hébétée, émue, bouleversée et ne semblait plus être capable de le quitter des yeux …je ne voyais pas complètement le visage de Seth mais je fus sidérée de le voir prendre la main de mon amie et de la porter à ses lèvres pour déposer un baiser tendre sur sa paume qui la fit rougir aussitôt. Il s’approcha alors plus près et je vis les yeux troubles d’Angela se lever vers celui qui venait de toucher son cœur de plein fouet. L’intensité entre eux était si forte que je crus voir un lien brillant les unir au moment où Seth posa ses lèvres sur la joue rouge  d’Angie qui tourna imperceptiblement son visage pour mieux le toucher, comme une caresse. Il lui murmura quelque chose à l’oreille qui la fit sourire et elle lui prit à nouveau  la main qu’il faisait glisser le long de son bras. Je me retournais vers Jacob, déboussolée par ce à quoi je venais d’assister.

  • Ce n’est pas tous les jours qu’on a droit à une imprégnation en direct ! rigola-t-il devant mon air ahuri. 
  • Elle…il…
  • Oui Bella…Seth s’est imprégné de ton amie !
  • Mais…

J’étais incapable de sortir autre chose ! Jacob éclata à nouveau de rire et je lui souris, amusée également par mon effarement.

  • C’est un truc de dingue hein ? me lança-t-il en riant.
  • Ça oui…

J’étais sidérée ! Mais soudain, mes pensées se tournèrent vers Ben et je m’inquiétais :

  • Elle vient de se remettre avec son copain…
  • Et bien, « au revoir » le copain, s’amusa Jake. C’est bien la preuve qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre !
  • Voilà pourquoi elle ne se sentait pas sûre d’elle avec Ben, murmurais-je pour moi-même. Elle avait un autre destin…

A ce moment, Seth invita Angela à s’asseoir près de lui, sur le banc, et je lus un tel amour dans son regard que je ne pouvais plus douter de leurs sentiments réciproques qui venaient d’exploser comme un coup de foudre. Au fond de moi, je regrettais un peu que notre imprégnation ne se soit pas passée ainsi, avec une telle évidence, une telle facilité, Jacob ayant beaucoup souffert de vivre ce phénomène seul mais heureusement, pour ma part, ça s’était produit d’une manière si insolite et si magique à la fois, que je me dis que j’avais quand même de la chance. Parfois, je me demandais si ça aurait quand même finit par me toucher sans ça ? Est-ce que j’avais baissé ma garde ce jour-là ou était-ce parce qu’il venait de briser ma dernière défense ? 

  • Allez viens, murmura-t-il à mon oreille en passant avec un plat. Je crois que tu as des choses à expliquer à ton amie.

Je le suivis, hésitant à aller vers le couple qui venait de se former en quelques secondes, car ils semblaient déjà sur une autre planète. Mais, Angela leva ses yeux troublés vers moi et me sourit comme si elle venait d’avoir une révélation.

  • Je vois que tu viens de faire connaissance avec Seth, lui dis-je en répondant à son sourire.
  • Oui…, murmura-t-elle, en tournant un visage étonné vers celui dont le visage rayonnait de bonheur.

Je m’assis à côté d’elle et remarquais leurs mains enlacées. Angela suivit mon regard et sourit à nouveau, bêtement, ne comprenant absolument pas ce qu’il venait de lui arriver.

  • Salut Bella, m’annonça Seth de son sourire solaire. Merci de nous avoir amené Angela.
  • Oui, je crois que j’aurai du le faire plus tôt, murmurais-je.  Angela, comment tu te sens ?

J’étais encore abasourdie, peut-être aussi choquée qu’Angie.

  • Et bien…je ne sais pas…pendant une seconde, j’ai oublié comment je m’appelais, rigola-t-elle en posant un regard amoureux sur Seth qui blottit son visage dans son cou. Ce qui la fit rire de plus belle.

Elle était presque méconnaissable, elle semblait être une autre personne, même sa voix avait vaguement changé et je me demandais si je ressemblais à ça au début de mon imprégnation.  Jake vint m’enlacer et m’attira un peu plus loin.

  • Laisse-les…Seth saura parfaitement s’occuper d’elle.
  • Il va la mettre au courant pour …comment ça se passe dans ces cas-là ?
  • Et bien oui, il va tout lui dire, lui montrer…et ne t’inquiète pas, elle va tout de suite l’accepter. Ça va bien nous aider ça !
  • Tu en es sûr ? m’inquiétais-je. Tu es sûr qu’elle va l’accepter ?
  • Evidemment ! Comment pourrait-il en être autrement ?
  • Oui…c’est vrai.
  • Bella…enfin, elle n’a plus le choix maintenant…c’est ce que j’essayais de t’expliquer l’autre jour, ce phénomène nous retire toute capacité à réfléchir correctement…tu perds un peu de ton identité et l’Angela que tu connaissais va être bien différente maintenant…
  • Moi je n’ai pas beaucoup changé ! Rétorquais-je.
  • Mais toi, tu savais tout de moi avant…et nous avions déjà une relation amoureuse avant…notre cas est bien différent…
  • Oui, je m’en rends compte maintenant, marmonnais-je.

Je ne pouvais détacher mes yeux de leur couple, encore surprise de ce à quoi je venais d’assister.

  • Quand va-t-il lui dire ? M’inquiétais-je.  
  • Je ne sais pas…aujourd’hui de toute façon.

Je posais à nouveau mon regard sur mon amie, me rendant compte que ma tentative à la reconquérir et qu’elle change d’avis était à présent inutile. Angela venait d’entrer dans ma famille en un claquement de doigt et par conséquent, allait se sentir plus que concerné par tout ce qui se passait à présent à Forks par sa faute.

 

Nous nous installâmes à table, Renée vint se placer à côté de nous, jubilant de plaisir. Tout le monde riait et profitait de ce moment d’accalmie, aussi bien de la pluie que des coups de fusil et aboiements de chiens enragés. Jacob ne me lâchait pas, sa garde s’était intensifiée depuis qu’il savait pour le bébé et je me sentais si bien, si aimée et protégée. Seul Paul était légèrement tendu, évitant le regard de Jacob et le mien. L’épisode à Seattle l’avait apparemment calmé et je ne pouvais que m’en réjouir.

Mais, à la fin du repas, lorsque je vis Seth prendre Angela dans ses bras et se diriger en souriant vers la forêt, je m’affolais.

  • Jake ! S’il te plait, dis à Seth d’attendre…Angela n’est pas prête ! M’écriais-je.
  • Quoi ?!
  • Oui, je veux dire…on en a beaucoup parlé elle et moi…Elle a peur et ne veut rien faire pour le moment…, expliquais-je doucement.
  • Mais Bella, s’esclaffa Jacob, si Angela n’est pas d’accord, il ne fera rien ! Arrête de stresser…enfin, tu es quand même bien placée pour le savoir non ?
  • Oui…
  • Bella, si Seth ose faire ça c’est qu’elle est d’accord…
  • Tu crois ?
  • Mais enfin, tu n’es pas sa mère ! Rigola-t-il.

Emily apporta un gros gâteau sous les sifflements des garçons ce qui la fit rougir de plaisir. Sam l’enlaça tendrement et Jacob me serra aussitôt plus fort, transporté par leur bonheur. Nous n’avions rien annoncé aux autres membres de la meute mais je le sentais, tous le savaient ! Sans m’en rendre compte, je posais à nouveau mon regard sur Paul et remarquais alors une certaine tristesse sur son visage. Oui, tous le savaient…même lui.

41 – Explosion

 

Angela et Seth marchaient main dans la main et mon amie avait les joues rosies et les cheveux un peu en bataille. Ses yeux brillaient et ses lèvres semblaient afficher un léger sourire permanent. Je n’arrivais pas à détourner mon regard de cette nouvelle fille qu’elle était devenue en une après-midi, complètement accro à celui qui m’avait sauvé la vie et si heureuse ! Elle m’aperçut et dirigea Seth vers moi.

  • Je suppose que tu restes ici cette semaine ? dis-je en l’accueillant.
  • Tu pourras dire que je suis malade ? avoua-t-elle d’une petite voix.
  • Je ne mentirais pas vraiment, rigolais-je.

Mon amie rougit en levant des yeux amoureux vers Seth qui ne la quittait plus d’un centimètre. Mais, il fallait quand même que je mette certaines choses au point avec Angie.

  • Seth, tu peux nous laisser s’il te plait ?

Angela afficha un visage légèrement paniqué et Seth semblait soudain tendu.

  • Juste une minute, je ne serai pas longue, les rassurais-je.
  • Ok Bella, répondit-il. Je vais rejoindre Jake. Appelle-moi tout de suite dès que vous avez fini.
  • Pas de souci ! Promis-je.

J’attendis qu’il soit près de Jacob avant de commencer :

  • Angela, ça va ?
  • Je crois …
  • Tout s’est bien passé, osais-je demander, ne sachant pas trop ce qu’ils avaient fait mais craignant une mauvaise réaction de mon amie.
  • Oui, bien sûr ! Seth est formidable ! Je l’aime tellement…il est tellement tendre, c’est trop, rigola-t-elle le regard brillant. Je ne pourrais plus jamais vivre sans lui !
  • Il faudra pourtant bien que tu retournes à la fac…
  • Je dois encore réfléchir sur ce point…

Je me rappelais soudain ma détermination à ne plus vouloir quitter Jake, je me dis que je reparlerais de ça avec elle dans une semaine, quand l’effet serait un peu dissipé.

  • Angie, je rentre sans toi à Seattle mais il faudra quand même que j’explique à Ben la véritable raison de ton absence, pas la peine de tourner autour du pot dix ans !
  • A qui ? Murmura-t-elle…Ah oui, Ben…pendant une seconde, j’ai eu du mal à le remettre, rigola-t-elle. Oh bon sang !

Je fus forcée de rire en même temps qu’elle, à la voir comme ça, toute chamboulée et se prendre la tête entre ses mains comme si ce geste allait l’empêcher d’exploser.

  • Oui…explique-lui, soupira-t-elle, plus sérieuse. Fais ça pour moi Bella…je te promets qu’une fois que j’aurai repris mes esprits, j’aurai une franche discussion avec lui car je ne peux pas le laisser sans explication mais il est clair que maintenant, lui et moi, ce n’est plus possible…quand je regarde Seth, je comprends mieux maintenant ce que je cherchais chez un garçon…tu te rends compte ? Il m’a embrassé pendant des heures ! S’écria-t-elle, rouge de plaisir. Sans se lasser, c’est fou, il est tellement amoureux !

Elle fronça les sourcils, me jeta un regard en biais, un peu gênée puis ajouta :

  • Ben finira bien par comprendre… non ?
  • Euh, ça je ne sais pas mais je ferai mon maximum !
  • Oui, oui … bon, je vais rejoindre Seth !
  • Non attends ! Je voulais aussi te demander : Seth t’a tout dit ?
  • Euh, on n’a pas trop discuté encore, avoua-t-elle en rougissant de plus belle.
  • Ah…très bien…, marmonnais-je, un peu gênée. Tu risques d’être un peu chamboulée cette semaine, n’hésite pas à m’appeler surtout !
  • Oui, oui … Bon…
  • Oui, vas-y ! Rigolais-je.
  • Eh Bella ! S’écria-t-elle en se retournant, le visage rayonnant.
  • Oui ?
  • Tu avais raison ! Quand on est aussi sûre, c’est merveilleux ! Merci !

Je la regardais partir en souriant, soudain très heureuse pour elle.

Si j’avais su ça, je les aurais présenté plus tôt, ça nous aurait évité bien des soucis, pensais-je.

  • Comme quoi, tout arrive, entendis-je à côté de moi.

Sans même tourner la tête, je sus tout de suite qui venait de me rejoindre et je rougis aussitôt, incapable de me contrôler, ce qui m’agaça au plus haut point.

  • Il va falloir qu’elle aille calmer ses copains maintenant !
  • Oui…elle le fera, répondis-je froidement.

J’entendais sa respiration près de moi et mon regard se posa aussitôt sur Jacob qui était en pleine discussion avec Sam et Embry. Tout le monde semblait absorbé, Paul avait bien choisi son moment. Je l’entendis alors bouger et je me retournais pour le voir marcher lentement vers la forêt. Je compris alors qu’il voulait discuter et après une brève hésitation je le suivis. Il s’arrêta contre un arbre, bien en vu de tout le monde et j’en fus soulagée. Il voulait juste me parler mais à l’écart. En m’approchant, j’osais le regarder bien en face et ses yeux me confirmèrent qu’il avait l’esprit tranquille.

  • Je voulais te féliciter en personne, murmura-t-il dans un demi-sourire. C’est pour le printemps ?
  • Merci Paul…oui c’est pour le printemps. Fin du printemps…

Il hocha la tête en la baissant vers le sol. Son calme apparent me déstabilisait car je savais qu’il se retenait. Je le sentais bouillir de l’intérieur mais je ne savais pas si j’en étais exclusivement la cause.

  • Et Rachel ? Demandais-je bêtement.

Il ne me répondit pas, se contenta d’hausser imperceptiblement les épaules. Je le sentis soudain s’agiter un peu, il releva la tête et planta à nouveau ses yeux dans les miens mais cette fois, je revis les eaux troubles que je connaissais que trop bien maintenant.

  • Pour l’autre soir, à Seattle, je t’avais suivi, avoua-t-il d’une voix sourde.
  • Je sais …

Je laissais passer un temps, il ne me quittait pas des yeux. Je remarquais qu’il avait décidé de ne plus essayer de cacher ses sentiments…ou plutôt son désir. Son aveu me confortait dans ma réflexion.

  • Comment ça s’est passé avec Jacob ? Osais-je demander.

Il ricana doucement en posant son regard au loin, vers là où je savais qu’il était, puis planta à nouveau ses yeux pistaches sur moi, le visage plus sérieux.

  • Il t’a écouté, finit-il par répondre. Mais parfois, j’aurais plutôt envie qu’il se déchaîne…
  • Pourquoi dis-tu ça ? M’étonnais-je, soudain anxieuse à l’idée qu’il veuille se battre.
  • Parce que je le mérite Bella…
  • Paul, arrête ! Tu ne sais pas ce que tu dis !

Un voile passa dans ses yeux et je remarquais que je m’étais rapprochée de lui. Ma proximité devait avoir ravivé son désir et je regrettais soudain de l’avoir suivi. Je déglutis lorsqu’il me détailla doucement les lèvres, puis ma poitrine mais il se ressaisit aussitôt lorsque son regard toucha mon ventre. Il tourna la tête vivement et je reculais d’un pas.

  • Paul, il faut que ça cesse, murmurais-je.

Je ne sais même pas comment il avait fait mais je me retrouvais contre l’arbre où il se tenait une seconde plus tôt et il m’encerclait de ses deux bras puissants, posés contre le tronc. Ainsi, il me tenait et instinctivement, je tournais la tête.

  • Bella…ça ne cessera jamais, murmura-t-il, son visage si près du mien que je pouvais sentir la chaleur de son souffle. Tant que je sentirais ton parfum, tant que je verrais ses pensées, ça sera toujours plus fort que moi. J’ai envie de toi Bella…, ajouta-t-il en fixant mes lèvres avec intensité.
  • Paul, arrête…, couinais-je, soudain consciente que ça allait trop loin.
  • Je te veux Bella…, continua-t-il. Mais je sais que je n’en ai pas le droit. Alors il ne me reste pas beaucoup de solutions.
  • Qu’est-ce que tu dis ? Demandais-je en tournant brusquement la tête vers lui.

La peur m’assaillit car contrairement à Jacob, je savais que Paul ne bluffait pas ! Il était un peu « tête brûlée » et n’hésiterait pas, je le savais depuis longtemps…c’est pourquoi j’avais toujours un peu peur pour lui.

  • Jamais tu ne feras ça, assurais-je durement.
  • Qu’est-ce que tu en sais? J’ai plutôt mauvaise réputation en ce qui concerne le self-control ! Je pourrais même te faire très mal !
  • Ça m’étonnerait ! Le provoquais-je en plantant mes yeux dans les siens. Parce que tu n’as pas que des pulsions pour moi, tu m’aimes bien…
  • Tu n’es qu’une sale fille à vampires ! Siffla-t-il, hargneux.
  • Ne dis pas ça, tu ne le penses pas…
  • Tu ne devrais pas être là, tu devrais être partie avec lui, Tu n’es même pas Quileute !
  • Tu ne penses pas ce que tu dis, tu sais que j’aime Jacob !
  • Pourtant, tu l’as rejeté ! Tu l’as fait souffrir ! Tu ne sais pas à quel point il en a baver à cause de toi ! Me reprocha-t-il durement.
  • Si je le sais ! Et je n’aurais jamais assez de toute ma vie pour me repentir ! Répondis-je, les larmes aux yeux.

J’essayais de lui tenir tête mais ces propos venaient de me blesser profondément.

  • Paul, je t’en prie…je sais que tu m’en veux…
  • Non, tu n’as rien compris ! C’est à moi que j’en veux ! Je me hais pour ce que je ressens pour toi ! Je fais souffrir Rachel, elle souffre comme Jacob souffrait par ta faute ! Je suis en train de déshonorer la meute et je provoque un Alpha. Je suis damné Bella…
  • Tu délires Paul…
  • Tu crois ? Répondit-il, soudain plus énervé. Tu es une Reine, tu es celle qu’on ne devrait même pas oser regarder dans les yeux…tu es notre mère à tous.
  • Paul, je ne sais pas où tu vas chercher tout ça mais les textes Quileute ne sont plus adaptés à la vie d’aujourd’hui ! Je ne suis pas ta Reine ! Je suis Bella ! je suis ta sœur ! Lui rappelais-je.
  • Non, tu es à Lui…tu es une Alpha et je mérite d’être banni pour toutes les pensées que j’ai…
  • Paul ! Tire-toi de là !

La même voix qui m’avait choquée lorsque je l’avais entendue à Seattle venait de retentir dans toute la forêt. Paul se dégagea et je vis Jacob avancer vers nous, le regard noir. Sam le suivait et son expression m’alarma. Il avait peur ! Il ne quittait pas Jacob des yeux et il semblait craindre le pire. Mon cœur s’affola violemment.

 

Dans un déchirement de vêtements, presque simultanément, Jacob et Paul se transformèrent. Face à face, ils se mirent aussitôt en position d’attaque mais Jacob était beaucoup plus menaçant et beaucoup plus gros que lui. Tous ses poils étaient hérissés, ses babines retroussées, il grogna si fort que je pris peur. Paul ne bougeait pas, grondant légèrement. Jake alors s’élança et je hurlais :

  • Non Jacob ! Non !

Sans m’en rendre compte, je m’étais avancée et j’étais proche d’eux lorsque Jake heurta Paul violemment mais il fut projeté au sol, comme si un mur les séparait. Il se releva et attaqua de plus belle quand Sam m’attrapa en hurlant :

  • Bella, écarte-toi !

Il s’accroupit et plaqua d’une main mon visage contre son torse nu. Ainsi, mes deux oreilles étaient cachées et les sons me parvenaient étouffés…pas assez cependant pour que je ne devine pas ce qu’il se passait entre Jacob et Paul. Je sursautais lorsque j’entendis un rugissement de bête enragée, puis un cri, des couinements, un déchirement, des claquements de dents et la main de Sam se plaqua plus fort sur mon oreille, espérant presque me faire entrer en lui pour ne pas que j’entende. Les battements de son cœur étaient assourdissants, mais c’était une douce musique à côté de la violence des sons que je percevais. Je vivais un cauchemar…jamais je n’aurai pensé qu’un affrontement entre loup-garou puisse atteindre une telle férocité. Je me demandais dans quel état j’allais récupérer Jacob…état physique et mental…car je le savais, il allait regretter son emportement. Mais sa hargne couvait depuis trop longtemps et il n’avait pas pu se contrôler. Un hurlement me fit sursauter et je me dégageais de Sam. J’eu juste le temps de voir Paul, plein de sang, filer vers la forêt. Sam se transforma pour le suivre et, avec stupeur, je remarquais que le loup de Jacob était un peu plus grand et plus large au niveau de l’encolure que lui, ce qui me confirmait clairement que Jake avait dépassé Sam dans la hiérarchie.

                                                         * * * *

Comme tous les soirs, je passais par sa chambre avant de rejoindre Rachel pour voir si elle ne manquait de rien et alimenter le feu. Je la trouvais, comme d’habitude, allongée sur le lit, le regard planté sur la fenêtre, à fixer la nuit qui promettait d’être longue.

Je balançais une bûche dans l’âtre puis me dirigeais vers elle pour la couvrir car elle avait la sale manie de toujours se mettre sur le lit et non dedans ! Comme tous les soirs, elle se laissait faire, comme une enfant, les yeux toujours dans le vide et de temps en temps, comme aujourd’hui, je me blottissais contre elle pour la réchauffer avant de la quitter.

D’habitude, elle ne bougeait pas ou me posait une main sur mon bras pour que je reste, mais cette fois, elle tourna son visage vers moi et je vis un peu de vie dans ses yeux. Elle attrapa ma main et la serra très fort.

  • Tu veux que je reste cette nuit ? murmurais-je.
  • Oui…

Je ne réalisais pas tout de suite qu’elle venait de parler ! Je crus même que j’avais rêvé alors pour être sûr, je lui posais une autre question.

  • Tu n’as pas froid ?
  • Non…tu me tiens chaud…et le bébé aussi.

Cette fois, je n’avais pas imaginé! Elle venait bien de parler pour la première fois depuis des mois ! Je la tournais doucement face à moi, son ventre était dur et je ressentis un coup lorsqu’il me toucha. Emu, je murmurais:

  • Bella …tu l’as senti ?

Un léger spasme la secoua et je passais ma main dans ses longs cheveux bruns.

  • Il me manque tellement, sanglota-t-elle contre ma poitrine. Je veux entendre sa voix, je veux voir son sourire, il me manque tellement… Oh Paul…je ne crois pas que je vais y arriver…

Je la serrais plus fort, déchiré par son chagrin. Sam pourrait bien penser ou dire ce qu’il voudrait, si Jacob ne revenait jamais, Bella resterait près de moi ! 

                                                           * * * *

42 – Alpha

Emily me tendit un verre d’eau et je mis quelques secondes à réagir avant de le prendre. Jake et Sam n’étaient toujours pas revenus de la forêt alors que la nuit tombait. Embry, Quil et Jared étaient partis à leur recherche, Seth était resté près d’Angela qui était encore terrorisée parce ce qu’elle avait vu. Je posais mon regard sur lui, il semblait très triste, craignant sûrement maintenant de lui avouer que les « monstres enragés » qu’elle avait vus étaient de la même espèce que lui.

Renée vint s’asseoir près de moi et me passa son bras autour de mes épaules. Je frissonnais, j’étais si inquiète et la chaleur de Jacob me manquait terriblement. Je croisais le regard de mon père qui constatait que ma mère ne semblait pas vraiment étonnée par ces loups géants et son sourire en coin me confirma qu’il avait compris que j’avais parlé. Je m’en fichais, ce qui c’était passé cet après-midi était pire à mes yeux que de ne pas tenir sa langue. Et puis, ma mère faisait partie de la famille !

Je posais à nouveau mes yeux sur Angela, elle semblait vraiment apeurée. Je connaissais cette peur pour l’avoir ressentie après mon attaque et je savais qu’elle finirait par passer, surtout si Angela aimait Seth maintenant. Renée resserra plus fort son bras autour de moi mais soudain, le fait de ne pas savoir où ils étaient me parut intolérable ! Je me relevais d’un bond et filais vers l’orée du bois. Une main ferme me retint.

  • Non Bella ! Ils vont revenir…
  • Seth, je ne peux pas continuer à attendre ainsi sans savoir comment ils vont !
  • Je vais y aller, répondit-il tristement en tournant la tête vers Angela.

Mais, c’était inutile, je sentis soudain l’aura d’un amour puissant m’envelopper derrière moi. Je me retournais vivement et vis Jacob, suivit de Sam, qui revenaient, tous les deux le visage décomposé. Le regard de Jake me bouleversa, il s’en voulait horriblement et je pris peur que Paul ne s’en soit pas sorti.

  • Jacob…Jacob, répétais-je en prenant sa tête entre mes mains et en collant mon visage contre le sien. Comment vas-tu ?
  • Ça va …
  • Et…Et Paul ?
  • On ne l’a pas trouvé, me répondit Sam.

Le cri déchiré de Rachel me transperça.

  • Mais…mais vous ne l’entendez pas, réussis-je à demander, occultant ses pleurs derrière moi.
  • Non, Sam ne l’entend plus, répondit tristement Jake.

Je mis ma main sur ma bouche, craignant soudain le pire. Jacob me fixait, un voile avait terni ses yeux noirs. Pendant un moment, je crus qu’il m’en voulait mais il me prit dans ses bras et me serra si fort que ma respiration se coupa un court instant.

Lorsqu’il me lâcha, je réussis à articuler :

  • Pardon Jake…je n’aurais jamais du le suivre…
  • Tu n’as rien à te reprocher Bella, chuchota-t-il en me caressant les cheveux.
  • Si, je m’en veux …je m’en veux, murmurais-je dans son cou. Jacob, il faut le retrouver ! Les chiens des Rangers vont revenir dans la forêt demain matin et ils vont le sentir…
  • Il n’est plus sous sa forme animale Bella…sinon nous pourrions l’entendre, me rappela-t-il.
  • Il est blessé ?
  • Il peut guérir, tout comme moi, m’assura Jake.
  • Mais il va revenir ? Demandais-je d’une toute petite voix.
  • Je ne sais pas ma chérie…

Soudain, je repensais à mon cours sur la meute et une grande tristesse m’envahie.

  • Oh non …, murmurais-je, les larmes aux yeux. Paul est un Oméga…il t’a défié, il a perdu…il s’est banni lui-même.
  • Qu’est-ce que tu racontes ? Demanda Jacob en me prenant par les épaules.
  • Les Oméga…dans un de mes cours, j’ai appris qu’ils étaient les souffre-douleur de la meute, les plus faibles et qu’ils se laissaient battre par les Alpha. Il m’a dit qu’il voulait que tu te déchaînes sur lui… Il ne reviendra pas…
  • Bella, arrête de délirer ! S’écria Jake. Paul est tout sauf un Oméga ! Il n’est pas faible ! Il est fort ! C’est un Guerrier ! Un bon guerrier…, répéta-t-il avec force. Seulement, il est très impulsif et têtu…je le retrouvais Bella, je te le promets.
  • Même s’il continue à me désirer, murmurais-je assez bas pour ne pas que Rachel m’entende.
  • Oui…, m’assura Jacob sans sourciller, je te le promets.

Je posais ma tête sur son torse afin d’écouter la douce musique de son cœur. Des larmes silencieuses coulaient sur mes joues et l’image de Paul, son visage presque contre le mien, souffrant si fort de ce désir violent qu’il ressentait pour moi, ne me quittait plus. Je n’aurais jamais du le suivre…jamais…

 

Rachel état anéantie. La tête entre ses mains, elle semblait ne plus pouvoir se relever de la table où elle s’était affalée à l’annonce de la disparition de Paul. Et surtout, elle ne comprenait pas. Jacob la regardait aussi, souffrant de sa tristesse. Je levais les yeux vers lui, l’implorant de faire quelque chose. Il me lâcha et se dirigea vers sa sœur. Seth aidait Angela à se mettre debout mais ses jambes avaient encore du mal à la porter. Je n’avais même pas envie d’aller la voir, je n’avais plus envie de rien. Je m’en voulais de l’avoir provoqué, de n’avoir pas écourté cette discussion alors qu’il était au bord de l’explosion. Je me sentais si mal, honteuse et coupable…la douleur de Rachel me transperçait et j’avais une soudaine envie de quitter cette maison pour ne plus l’entendre.

  • Je te ramène à la maison ma puce ? me proposa ma mère qui me connaissait bien.
  • Oui, s’il te plait maman…

Rachel ne se calmait pas et Emily la prit par les épaules pour l’emmener vers sa chambre. Jacob semblait perdu dans ses pensées. Les mains sur les hanches, il gardait la tête baissée vers le sol, réfléchissant sûrement à l’endroit où Paul avait pu filer. Je le rejoignis pour lui annoncer mon départ.

  • Je t’attendrais…
  • Non, dors ma chérie, je ne rentrerais pas de la nuit.
  • Mais…et les chasseurs ?
  • Je ne laisserais pas Paul seul dans les bois de Forks…je le connais, il est capable du pire et j’ai lu ses pensées. Il a l’impression de devenir fou…il est capable de provoquer les Rangers rien que pour qu’ils l’abattent.
  • Ne me dis pas ça Jake..., couinais-je.
  • Pardon…je réfléchis à voix haute et je ne me rends même pas compte que je te fais peur, s’excusa-t-il en me prenant dans ses bras.

Une soudaine envie de lui exposer le fond de mes pensées m’envahit et je levais la tête vers l’homme que j’aimais de tout mon cœur, bien décidée à mettre les choses au point avec lui.

  • Jacob ?
  • Oui ?
  • Tu as changé…, murmurais-je.

Il se dégagea de mon étreinte et me fixa avec une étrange lueur dans les yeux. Il se mordit les lèvres, cherchant les mots justes, il semblait aussi très troublé mais au bout d’un moment de réflexion, il demanda :

  • Je te fais peur ?
  • Non…, lui assurais-je dans un souffle, ne le quittant pas des yeux afin qu’il comprenne bien que je disais la vérité.

Jamais je ne pourrais avoir peur de lui, je l’aimais trop pour ça et puis, je me sentais comme son égale, prête à le soutenir dans chacune de ses décisions.

  • On parlera de tout ça plus tard…, murmura-t-il, gêné.
  • Sam le sait ? le coupais-je. Il sait que tu es devenu son Alpha ?

Jacob se crispa et je vis la douleur traverser son visage. Cette idée lui était toujours aussi insupportable pourtant, il ne pouvait plus y échapper. Il soupira et finit par me répondre :

  • Oui…mais je n’en ai pas encore parlé avec lui.
  • Tu vas devoir l’accepter Jacob, murmurais-je.
  • Je sais…, répondit-il en soupirant.

Il souffrait tellement ! Sa souffrance était toujours ma souffrance et j’avais tellement envie de le consoler, de le rassurer…

  • Je t’aime Jake…je suis à côté de toi maintenant, déclarais-je. Je t’aiderais à t’accepter tel que tu es car c’est ce que tu DOIS être : un Alpha…notre Alpha…, insistais-je. Tu as toute la force de ton grand-père dans tes veines et dans ton âme. Tu es né pour ça, pour diriger…Sam n’a fait que prendre ta place en attendant le jour où tu serais prêt. Il n’a pas reçu ton héritage…

Jacob prit une profonde inspiration et colla son front contre le mien.

  • Bella, je sais que tu penses sincèrement ce que tu dis mais je ne suis pas prêt à diriger Sam…je me sens capable de diriger toute la meute mais pas lui ! Il restera toujours mon égal…toujours ! je ne pourrais jamais le défier…je ne sais pas si tu peux comprendre.
  • Si…je comprends mais dis-toi bien qu’un jour, si toi tu refuses de lui donner des ordres, lui, il t’obéira et comme ton évolution au sein de cette meute, ça se fera sans que tu ne puisses rien y faire ! Il le fait déjà ! Même moi je l’ai remarqué !
  • Je sais …
  • Jake, on reparlera de tout ça au calme mais j’aimerai vraiment que tu y réfléchisses…
  • Je ne fais que ça ! S’écria-t-il en se dégageant.
  • Depuis combien de temps ? Lui reprochais-je tristement. Et tu n’en parles jamais avec moi…
  • Il n’y a pas longtemps que je m’en suis rendu compte, m’assura-t-il. Ce n’est que depuis…
  • Depuis Seattle ? terminais-je à sa place.

Il leva vers moi des yeux étonnés, laissa passer un temps où je savais que tout se chamboulait dans sa tête puis, se rapprocha de moi et me prit les deux mains.

  • Je crois que je suis capable de donner des ordres Alpha sans muter, déclara-t-il d’une voix blanche, comme si ça le terrorisait. Je crois vraiment que je le fais…
  • Oui, tu le fais, répondis-je, comprenant maintenant mieux les choses. Ta voix est différente quand tu cries après Paul, je l’avais déjà remarqué dans la boite de nuit et je t’ai encore entendu aujourd’hui…
  • Bella a raison, nous interrompit Sam. Jacob, nous devons parler.

Jake me lâcha et hocha la tête vers Sam, acceptant enfin de discuter clairement de leur position.

  • Oui, rentre chez toi ma chérie. Je te rejoins dès que j’ai terminé.
  • Je t’attends, lui assurais-je à nouveau.

 

43 – Rêve

Il dormait si paisiblement, comme si un poids venait de se retirer de son corps. En le regardant ainsi, il paraissait si jeune et le rêve que je venais de faire me troublait encore, surtout quand je le regardais maintenant. Comme ça, il n’avait rien d’un chef, il était Jacob, mon Jacob…celui qui me rendait si heureuse et dont les moments passés dans ses bras me rendaient folle. Mais, la vérité était que toutes les responsabilités du monde venaient de s’abattre sur lui et qu’il en souffrait beaucoup, je le sentais. Pourtant, il en était capable ! Je pense qu’il le savait aussi mais sa souffrance était qu’il aurait aimé avoir une vie plus sereine…moins remplie…où il y aurait plus de place pour nous deux et pour l’enfant qui viendrait bientôt.

La chasse au loup n’avait pas cessé, Angela passait son temps dans les bras de Seth mais ce dernier n’avait encore rien dit à son sujet et tant que Angela ne lui poserait aucune question, il n’était pas obligé de tout lui dire…alors, un peu lâchement, il se taisait pour mieux profiter d’elle. Je ne sais pas de quoi il avait peur car Angela s’était imprégnée et elle ne le quitterait jamais maintenant ! Jake me disait de le laisser faire…qu’il avait besoin de trouver les mots. J’aurai pu aller la voir, pour m’expliquer sur Jacob qu’elle avait vu se transformer mais je n’avais plus envie de le quitter d’une semelle depuis hier, j’avais même appelé l’école pour dire que j’étais malade car pour l’instant, Jake avait besoin de moi et  de se reposer.

Ils avaient cherché Paul toute la nuit mais lorsque le jour s’était levé, ils avaient du reprendre forme humaine et rentrer chez eux. Charlie avait rejoins le groupe des Rangers, plus déterminés que jamais à les lancer sur des fausses pistes !

Jacob et Sam avaient parlé de leur position au sein des deux meutes et avaient décidé d’un commun accord que Sam continuerait à contrôler Jared, Quil et Embry…ainsi que Paul, s’il revenait. Mais Jacob aurait toujours le dernier mot dans les décisions importantes. Je ne savais pas trop ce que ça changeait par rapport à avant mais je n’avais pas insisté, me disant que les choses se feraient d’elles-mêmes et qu’un jour ou l’autre, Jacob réaliserait, sans être gêné, qu’il contrôlait tout le monde et qu’il n’y avait plus qu’une seule meute.

Il avait juste besoin de temps …

En repensant au rêve que je venais de faire, je me rendis compte que depuis que je savais pour le bébé, je ne rêvais plus de la forêt ni de ce loup (que je croyais être) galopant aux côtés de Jacob. Je me demandais si les rêves avaient aussi cessé chez mes frères ? Cette idée m’ennuyait car j’avais l’impression que lorsque je rêvais de la forêt, c’était peut-être ainsi que je communiquais avec les autres membres de la meute et donc avec Paul… Il faudrait que j’en reparle avec Jake.

Ce dernier grogna un peu puis ouvrit les yeux sur moi. Je lui souris tendrement puis lui caressais le visage pour l’apaiser. Une drôle de pensée me vint à l’esprit et je lui demandais :

  • C’est quoi le prénom du pharmacien au fait ?
  • Alors là ! il en a tellement ! Marmonna-t-il.
  • Quoi ? M’étonnais-je en riant.
  • Oui enfin … il s’appelle Peter mais Leah lui donne pleins de surnoms plus farfelus les uns que les autres…Sam aurait détesté !

Il se releva sur ses coudes et avec un léger sourire aux lèvres qui le rendait incroyablement sexy avec ses cheveux en bataille, il me balança :

  • Au fait, pourquoi moi je n’ai pas de petit nom ?

Sa requête me surprit et je me relevais sur un coude aussi, face à lui.

  • Qu’est-ce que tu racontes ? Rigolais-je.
  • Oui…Angela appelle Seth mon « bébé », moi je t’appelle « ma chérie », « ma belle », parfois « mon amour » et toi, tu appelais Edward « mon amour » si ma mémoire est bonne…moi, tu m’appelles Jacob ou Jake…
  • Je ne sais pas…, murmurais-je, troublée.

C’était pourtant vrai. Je n’avais jamais pensé à lui avec des surnoms que l’on donne habituellement à celui avec qui on est en couple. Pour Edward, je pense que ça m’était venu naturellement mais pour Jacob…peut-être parce qu’avant nous étions amis et qu’il avait toujours été mon Jacob, je ne me voyais pas l’appeler autrement. Pourtant, sa question indiquait que ça l’embêtait.

  • Et bien, il y avait bien une image qui me fait penser à toi mais je me vois mal t’appeler ainsi…
  • Je t’écoute, insista-t-il en se mordant les lèvres pour ne pas rire déjà au nom d’oiseau qu’il pensait que j’allais lui sortir.
  • Je te vois comme mon soleil, l’air que je respire, ma vie…et tu es aussi mon loup, le plus beau de tous, déclarais-je.

Jake souriait toujours mais ses pupilles brillaient d’un éclat si lumineux que je compris qu’il avait les larmes aux yeux. Il captura mes lèvres avec ferveur et un frisson de plaisir me parcourut le corps. Les images de mon rêve me revinrent à nouveau à l’esprit et je compris qu’il fallait que je lui en parle si je voulais que ma tête arrête avec ça.

  • Je rêve de toi avec tes cheveux longs, murmurais-je.
  • Tu es nostalgique ma belle ? Gloussa Jacob en me déposant à nouveau un baiser sur les lèvres.
  • Je ne pense pas que ça soit le passé…
  • Pourtant, ça ne peut être que ça ! Riposta-t-il en se couchant sur le dos.
  • Pourquoi ?
  • Je te l’ai déjà expliqué, la longueur de mes cheveux correspond à la longueur de mes poils. Tu aurais du voir le carnage la première nuit où j’ai muté ! Si ça n’avait pas été aussi dramatique, j’en aurai ri. Si j’ai les cheveux longs dans tes rêves, ça veut dire trois choses…
  • Lesquelles ?

Il se replaça sur un coude, face à moi et m’expliqua :

  • Soit c’est un rêve du passé, ce dont je suis sûr, soit ça veut dire que mon loup m’a quitté…soit que j’ai décidé de ne plus muter, ajouta-t-il après une courte pause.
  • Ton loup peut te quitter ?
  • Oui quand j’aurai quatre vingt dix ans ! Rigola-t-il. En année « chien »…autant dire que ce n’est pas pour tout de suite !
  • C’est quoi cette histoire d’année « chien » ? M’étonnais-je.
  • Eh bien, Sam pense que tous les sept ans, nous vieillerons un peu…aujourd’hui, je viens de muter et physiquement, j’ai pris tellement d’années que je ressemble à un type de vingt cinq ans ! Sam pense que lorsque nous aurons l’âge que nous faisons, nous vieillirons un peu donc à vingt cinq ans, d’après sa théorie, je devrais ressembler à un type de trente ans passé…
  • Pourquoi croit-il ça ?
  • Bah les anciens l’ont vaguement suggéré mais personne n’est sûr…ça c’est comme l’imprégnation ! On devait toujours s’imprégner d’une femme plus jeune et tu es plus vieille de deux ans ! Sans parler de Seth et Angela ! Les femmes ne devaient pas muter et Leah est un loup-garou ! Alors tu sais …
  • Pourquoi es-tu si sûr que c’est un rêve du passé ? Insistais-je.
  • Parce que j’ai cru comprendre que je te manquais…que le Jacob d’avant te manquait…, précisa-t-il. Ce rêve traduit cet état de manque à mon avis.

Sa remarque m’étonna.

  • Je ne me souviens pas t’avoir parlé de ça …
  • Renée m’a dit que tu voulais me redonner le sourire, murmura-t-il. Tu trouves que je suis dépressif Bella ?
  • Non…je ne dirais pas ça mais …avec la maison et le bébé…oui, tu es trop sérieux maintenant. Mais je sais que c’est comme ça…pourtant, j’aimerais que parfois, tu lâches un peu, avouais-je.
  • Pour l’instant, je ne peux pas chérie…mais quand tout ça sera calmé, on verra…
  • Tu crois vraiment qu’un jour tout redeviendra calme ? Est-ce que ça a déjà été calme seulement ? Remarquais-je.
  • Quand nous étions dans notre garage oui…mais j’ai l’impression que c’était il y a si longtemps, murmura-t-il tristement.
  • Oui…c’était le temps heureux, sans magie…un moment où j’étais très heureuse avec toi.
  • Tu ne l’es plus ? S’inquiéta-t-il soudain.
  • Si ! Avec toi je suis toujours heureuse mais autour de nous, c’est l’enfer…
  • Paul reviendra, ne t’inquiète pas, m’assura-t-il, comprenant que sa disparition m’affectait beaucoup.
  • Oui…

 

Mais les jours passaient et Paul ne revenait pas. Rachel était anéantie et moi, je m’en voulais énormément. Et chaque nuit, j’espérais rêver à nouveau du loup blanc, pensant que si moi je rêvais, Paul le rêvait aussi. Mais chaque nuit, je faisais et refaisais le même rêve : je voyais Jacob, d’abord de dos, les cheveux longs mais pas autant qu’avant sa mutation, ce qui me confirmait que ce n’était pas un rêve du passé, qui sculptait un lit d’enfant en bois aux côtés de pleins d’enfants Quileute que je ne connaissais pas. Et à chaque fois, je le voyais se relever et rejoindre la meute qui se mettait à genoux devant lui. C’était complètement stupide car jamais ils ne feraient ça, même si Jake devenait leur Alpha, ils ne se mettraient pas à genoux devant lui. Ce n’était qu’un rêve mais je commençais à croire que j’avais un don pour ça, je faisais souvent des rêves prémonitoires ou plutôt de discernement. Comme si mon esprit avait besoin que je dorme pour m’expliquer les choses. Ce rêve devait avoir une explication et Jake ne le prenait pas au sérieux. Je finissais par ne plus lui dire mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser. Pour moi, le message de ce rêve était clair : Jacob allait devenir le chef mais il arrêterait de muter. Maintenant, pour quelle raison ? Ça, j’en avais une vague idée mais seul l’avenir nous le dirait.

44 – Mystification

Au bout de quatre jours, Jacob vint m’annoncer que Seth avait tout expliqué à Angela et que cette dernière l’avait plutôt bien pris. Le contraire aurait été inconcevable. Je me décidais donc à aller lui parler. Jacob m’autorisa à me rendre chez les Clearwater, Renée avait décidé de m’accompagner pour je ne sais quelle raison obscure mais je soupçonnais Jake ou mon père de lui avoir demander d’être mon chaperon. Elle m’assurait qu’elle commençait à s’ennuyer à la maison, surtout pendant les moments où Charlie était au QG et moi avec Jake.

  • Tu couches toujours avec Papa ? Lâchais-je au bout de quelques kilomètres.
  • Bella ! S’indigna ma mère devant ma question directe.
  • Tu sais que nous allons chez les Clearwater là ? Et que c’est la maison de Sue !
  • Oui, je le sais Bella, répondit-elle froidement.

Je tournais la tête et je compris soudain la raison de sa présence.

  • Pourquoi tu ne m’as dit plus tôt que tu voulais lui parler ? Je t’y aurais emmené…
  • Parce que je n’arrivais pas à me décider, murmura-t-elle. J’ai essayé de l’appeler plusieurs fois, pour qu’on se parle au téléphone ou qu’on se voit, mais je ne faisais que fixer l’appareil…je n’arrivais pas à trouver le courage de le décrocher…
  • Hum…et là, tu t’es dit que ça serait plus facile si je te conduisais devant elle ?
  • Oui et puis, tu seras là aussi…ça va m’aider.
  • Ne compte pas sur moi ! Ripostais-je. Le jeu auquel tu joues, je ne le cautionne pas !

Renée ricana doucement en tournant la tête vers la fenêtre.

  • Quoi ? M’écriais-je, agacée.
  • J’ai cru comprendre dimanche que Paul ne t’était pas indifférent…

Je sentis le feu me monter aux joues, encore honteuse de ce qu’il s’était passé avec lui.

  • Paul est comme mon frère ! Mais…mais il est très attiré…
  • Oui…bien sûr… C’est marrant mais la façon dont tu m’avais décris l’imprégnation, je pensais que c’était exclusif, que l’imprégné ne voyait même plus les autres femmes ou autres hommes…
  • Je le croyais aussi, marmonnais-je. Mais, Paul a un tempérament de feu et a toujours été en marge de la meute.
  • Et bien sûr, ça explique tout, se moqua ma mère.
  • Ce que je veux dire, c’est que oui, j’attire Paul mais il n’y a aucun sentiment amoureux là-dedans ! C’est purement…sexuel ! Lâchais-je, énervée mais bien décidée à ce que ma mère comprenne.
  • Oui, donc on est bien d’accord, répondit Renée sur un ton léger.
  • Quoi ?! M’écriais-je.
  • Tu n’as aucun sentiment amoureux pour Paul mais son attirance sexuelle ne te laisse pas indifférente…

Le message était clair et je commençais à être sérieusement irritée par cette conversation.  

  • Je vois …, répondis-je froidement, sauf que dans ton cas, Charlie t’aime encore ! Et que tu le fais souffrir, m’indignais-je.
  • Qui te dit qu’il n’est pas d’accord que, entre nous, ça ne soit que ça ?
  • Mais ce n’est que physique ! M’écriais-je.
  • Et bien dis-toi que nous sommes deux amis de longues dates qui nous réconfortons. Bella, Charlie sait parfaitement que je n’ai plus qu’une profonde amitié pour lui…mais parfois, dans une relation comme la notre, l’amitié peut se traduire aussi par une nuit dans les bras l’un de l’autre sans qu’il n’y ait d’ambiguïté.
  • Ça c’est ce qu’il veut te faire croire ! Mais il t’aime toujours !
  • Mais il accepte que ça ne soit pas mon cas ! S’écria Renée. Ma puce, arrête de nous juger…si ton père est malheureux, je ne reviendrais plus, je te le promets. Pour l’instant, les choses sont claires entre nous.
  • Et c’est pour ça que tu veux parler à Sue ? parce que les choses sont claires entre vous ?
  • Non, parce que je veux lui rappeler à quel point Charlie est quelqu’un de formidable et qu’elle devrait reprendre contact avec lui, je ne veux pas qu’il finisse ses jours seul. Je sais qu’il a des sentiments pour cette femme, je le connais bien et son attitude face à elle ne ment pas…ce qui m’étonne, c’est qu’il n’a pas l’air de beaucoup souffrir de leur séparation…
  • Ça t’étonne ? Mais tu es dans son lit toutes les nuits !
  • Ce n’était pas la route à droite que tu devais prendre ? Me rappela ma mère.  
  • Bon sang !

Je pilais et fis demi-tour, énervée au plus haut point. L’accusation de Renée sur ma relation avec Paul me chamboulait encore. Je devais être rouge de honte, rouge de confusion et rouge de colère ! Je pensais soudain à Jacob et ma décision était prise. Je devais lui parler, lui expliquer ce que Paul provoquait en moi. Je ne voulais aucun mensonge ni faux semblant dans notre relation ! Je voulais que tout soit clair. Et je voulais aussi qu’il m’aide à comprendre pourquoi, malgré notre imprégnation, il y avait quelque chose qui passait entre Paul et moi ? Car, je ne pouvais pas me le cacher plus longtemps…j’attirais Paul mais son attirance vis-à-vis de moi me touchait et me troublait profondément.

 

Je garais la voiture devant chez les Clearwater et Sue ouvrit la porte, surprise par notre visite.

  • Bella ! Comme c’est gentil de venir jusqu’ici.
  • Bonjour Sue ! Répondis-je en déposant un baiser sur la joue qu’elle me tendait.

Renée me suivait et lui présenta la main mais Sue lui prit et l’attira contre elle pour l’embrasser sur les deux joues.

  • Pas de manière entre nous Renée.

Je trouvais l’amie de mon père détendue et ma mère me jeta un regard confiant. Sue semblait bien disposée.

Seth et Angela étaient collés l’un contre l’autre sur le canapé, ce qui me fit vraiment sourire. Je remarquais cependant une certaine tristesse dans le regard de Seth.

  • Salut les amoureux ! Lançais-je en souriant.
  • Salut Bella ! Me répondit Seth.

Angela se contenta de répondre à mon sourire et je constatais qu’elle n’avait pas l’air plus en forme que sa moitié.

  • Angie, je suis venue pour te parler, déclarais-je.
  • C’est inutile Bella, je reviens du poste de police, m’annonça-t-elle.
  • Ah …
  • J’ai déclaré que la photo était truquée et que toute cette histoire n’était que pure invention de ma part.
  • De ta part…, répétais-je.
  • Oui, je ne veux pas mêler Ben et Alec à tout ça…ils ne comprendraient pas.
  • De toutes façons, tu n’en as pas le droit, lui rappelais-je. Ils ne doivent jamais savoir !
  • Je sais…, soupira-t-elle. C’est pour cela que j’ai déclaré être la seule et unique responsable.

Seth leva des yeux affreusement tristes vers moi.

  • Mais…qu’est-ce que ça implique ?
  • Et bien…les recherches ont duré des jours et des nuits, il a fallu beaucoup d’hommes pour les battues…la ville a été un peu chamboulée…, m’expliqua-t-elle d’une voix blanche.

Un silence s’installa entre nous et Seth finit par se blottir contre mon amie en soupirant si fort que je crus pendant un instant qu’il pleurait.

  • Angie, je ne comprends pas, demandais-je, troublée.
  • Le faux témoignage est un délit pénal Bella, je risque un an de prison ou une très forte amende…sans parler de mon « canular » qui a coûté beaucoup d’argent à la ville…
  • Mais ! Mais ce n’est pas possible ! M’écriais-je, comprenant soudain le sacrifice de Angela. Ils ne peuvent pas te condamner !
  • Si…ils peuvent, m’assura Seth. Tout dépend maintenant de ce que le juge va décider…mais Angela va devoir payer un avocat…ça risque d’aller très loin.
  • Tout ça pour une photo ! M’exclamais-je, outrée.
  • Une photo qui a mobilisé pas mal de monde, me rappela Angela. 
  • Je vais parler à mon père ! Déclarais-je. Il va arranger ça, tu verras !
  • Pour qu’il se mouille lui aussi ? ça non ! S’écria Angie. Une personne, ça suffit je crois …
  • Mais Angela…ta famille ne pourra jamais payer un avocat ! et si tu dois payer une amende ? Tu ne pourras pas non plus !
  • Je sais tout ça Bella…c’est pour ça que ça sera sûrement la prison.

Je sursautais et Angela sourit tristement.

  • Oh, ne t’inquiète pas, je ne vais pas aller en prison ferme pour ça mais ça sera sûrement avec sursit…et ça sera dans mon casier.
  • Angela, je suis désolée, murmurais-je.
  • Ne t’inquiète pas, cette histoire de prison ne me fait pas peur, quelle importance après tout que ça soit inscrit et que ça me suive ? Non, ce qui m’inquiète c’est combien ça va me coûter …enfin, combien ça va coûter à mes parents…j’ai peur qu’ils doivent vendre leur maison pour ça…
  • Quoi ?! Non ! Non ! Répétais-je. Je refuse que ça aille aussi loin !

Et là, sans même ajouter quoique ce soit, je retournais à ma voiture et démarrais en trombe, laissant Renée sur le pas de la porte avec Sue, qui me regardaient partir sans comprendre.

 

La porte du commissariat claqua si fort que tout le monde leva la tête pour me voir passer en trombe à travers les bureaux de l’office, en direction de celui de mon père. Charlie releva la tête brusquement à mon entrée et reposa le combiné téléphonique qu’il avait en main en voyant ma tête. Il vint près de moi et referma la porte en fronçant les sourcils :

  • Allons bon…qu’est-ce qu’il y a encore ?
  • Charlie, tu ne peux pas laisser Angela supporter toute cette histoire !
  • Bella…
  • Elle n’est pas responsable ! Ce qu’elle a vu était vrai ! Elle ne peut pas payer pour ça !
  • Bella …
  • Ses parents vont devoir vendre leur maison ! Il faut que tu fasses quelque chose !
  • Bella …, s’impatienta mon père.
  • Charlie, je t’en prie…
  • Bella, soupira-t-il. Je ne peux rien faire…c’est entre les mains du juge d’instruction maintenant…je suis désolée ma puce mais il y a eu trop de témoins…
  • Mais…mais, ce n’est pas possible ! Sanglotais-je. Angela a quatre frères ! Sa mère ne travaille pas…
  • Ecoute, on ne connaît pas encore le verdict…le juge sera peut-être clément, m’assura mon père.
  • Et s’il ne l’est pas ?
  • Alors nous aviserons…

Je pris ma tête entre mes mains, tout me tournait, je vivais un enfer ! Tout autour de nous était un enfer ! J’avais l’impression que Jacob et moi étions éclairés par un soleil au beau milieu d’une mer déchaînée par la tempête du siècle.

  • Bella, tu devrais t’asseoir, tu es pâle ma puce.

Je lui obéis, anéantie. Son canapé en cuir me rappelait tellement de souvenirs…je souris en repensant aux soirées et dimanches que j’avais passé dessus lorsque je venais en vacances chez lui et qu’il devait travailler. Je pensais avoir oublié ça…

  • ça va mieux ? Murmura mon père.
  • Oui…
  • Tu devrais te reposer, pense au bébé Bella.

Je sursautais et tournais mon visage vers mon père. Il me souriait doucement mais je vis une petite lueur de tristesse traverser ses yeux noirs.

  • Pardon Papa…j’aurai dû te le dire…, bégayais-je. Renée a bien fait de te mettre au courant…
  • Ce n’est pas ta mère, soupira Charlie.
  • Ah non ?
  • Non…c’est ton futur mari qui m’a annoncé la nouvelle.
  • Oh…

Il rit doucement et je l’interrogeais du regard, encore gênée de ne pas lui avoir dit moi-même.

  • Il est si fier ! Je suis très content pour vous ma puce, ajouta-t-il en me caressant les cheveux.
  • Merci papa, répondis-je dans un souffle.

Charlie hocha la tête et sourit à nouveau, le regard brillant. Cette fois, je vis la joie sur son visage et je me blottis contre lui pour le serrer très fort.

  • Pardon, murmurais-je en riant.
  • Pourquoi ? S’étonna-t-il, en se dégageant.
  • Je ne t’ai pas écouté, répondis-je d’une petite voix en rougissant.

Comme il ne semblait pas comprendre, j’ajoutais :

  • Tu sais…pour…pour tous les bons conseils que tu me donnais sur…enfin, tu vois !
  • Oh…, répondit-il en levant les yeux au ciel. Ça …oui, en effet, tu ne m’as pas écouté mais bon…maintenant c’est fait, hein ? Et j’ai aussi hâte que toi de le voir ce petit.

Je le serrais à nouveau contre moi, heureuse de partager autant de choses avec lui maintenant.

  • Des nouvelles de Paul ? demanda-t-il au dessus de ma tête. 
  • Non, répondis-je en me mordant les lèvres.
  • La chasse a cessé…c’est déjà un bon point. Ils vont pouvoir le chercher convenablement maintenant.
  • Oui…ils pourront entendre ses pensées, déclarais-je.

 

45 – Connexion

Les jours passaient, lents et froids. La neige commençait à recouvrir les forêts. Je n’étais toujours pas retournée à Seattle et Angela non plus, incapable de quitter Seth.

Ma mère était rentrée chez elle, retrouver Phil, je ne savais pas comment c’était terminé son entretien avec Sue mais Charlie était toujours seul et célibataire, tout comme Billy.

Elle m’avait quand même chuchoté à l’oreille avant de partir que tout allait s’arranger. Je ne sais pas si elle parlait de Paul, de Charlie, de Angela ou de tout le monde mais je ne pouvais qu’espérer qu’elle ait raison.

 

Nous étions retourné dans la maison de Jacob, en attendant que notre maison soit finie. Jacob et Seth y travaillaient tous les jours et je passais beaucoup de temps avec Angela, à lui expliquer la manière de vivre des Quileute et tout ce que je pouvais lui apprendre sur Seth et sa condition.

 

J’avais eu une franche discussion avec Jacob à propos de Paul et de ce que je ressentais en sa présence. Il m’avait d’abord écouté lui expliquer mon « problème » sans me couper puis il avait fini par sourire, à ma plus grande surprise.

  • C’est tout ce que ça te fait ? M’étais-je indignée.
  • Je sais que tu ne l’aimes pas car c’est impossible mais ce que tu ressens me plait, m’avait-il répondu.
  • Quoi ? Mais Jake ! On parle d’un autre homme là ?
  • Oui…et je vais t’expliquer pourquoi ce que tu ressens me plait…

Il avait pris une profonde inspiration avant de se lancer :

  • Quand tu t’es imprégnée, je ne te reconnaissais pas…tu ressemblais à une junkie déconnectée de la réalité, complètement barjot, qui ne voyait que moi et ça ne m’a pas plu du tout. Bon, après ça allait mieux mais tu m’as annoncé que tu ne te souvenais plus d’Edward…et ce n’est toujours pas le cas hein ?
  • Non…
  • Et tu trouves toujours ça normal ? Demanda-t-il, septique.
  • Je ne sais pas…
  • Bah moi, tu vois, ça me fout en l’air toute cette magie qui change la personnalité des gens et voilà pourquoi je suis heureux quand tu me dis que tu es troublée par les avances que Paul te fait : parce que c’est humain ! Tu as une réaction normale Bella !
  • Mais…mais, ça te mettait en colère quand il faisait ça ? Lui avais-je rappelé, cherchant à bien comprendre.
  • Ah mais je n’ai jamais dit que ces fantasmes me plaisaient, avait-il rétorqué. Mais qu’il réussisse à le faire et que tu le ressentes prouve que cette histoire d’imprégnation n’est pas aussi puissante…qu’on peut lutter et redevenir un peu humain.
  • Tu ne lâches jamais toi, avais-je répondu en riant, réalisant qu’il n’avait toujours pas accepté cette histoire. Pourtant, tu devrais être heureux que je me sois imprégnée de toi ?
  • Je le suis…parce que je n’ai pas eu le choix, je me suis imprégné de toi et j’ai eu la chance que ça marche aussi pour toi car c’était plutôt mal parti…mais je reste persuadé que sans ça, nous aurions pu être heureux aussi. Je t’aurais conquise naturellement et tu serais tombée dans mes bras naturellement, avait-il déclaré de son air sûr de lui qui m’avait fait éclaté de rire.

En y repensant, à cette époque qui semblait appartenir à un autre monde, si j’étais venue à Forks et qu’il n’y avait pas eu de vampire ni de loup-garou, si il n’y avait eu aucune magie, est-ce que je me serais jeter dans les bras de Jacob ? Peut-être bien…mais sans magie, Jacob n’aurait pas grandit physiquement…il aurait donc fallu du temps pour que je le remarque car il était nettement plus jeune…mais, est-ce que nous serions devenus amis ? Oui sûrement … Car il m’avait tout de suite plu…sa personnalité m’avait tout de suite plu. Ça, je ne l’avais pas oublié ! Et physiquement, il me plaisait énormément, depuis le début, donc finalement, oui, conclus-je. Lorsqu’il aurait atteint l’âge adulte, je me serais sûrement laisser conquérir par ses avances.

 

Je ne rêvais plus du tout du loup blanc depuis le week-end dernier. Et Jacob  m’affirmait que les autres membres de la meute avaient cessé aussi de me voir moi (ou le loup) apparaître dans leurs rêves, ce qui ne me surpris pas vraiment. Le plus troublant était que Seth m’avait un jour confié qu’il commençait à douter que ça soit moi, ce qui rejoignait l’idée de Jacob qui m’avait expliqué qu’il avait vu une fille aux cheveux noirs. J’avais longtemps réfléchis à cette nouvelle mais je ne voyais aucune explication plausible.

Moi, je rêvais toujours de Jacob, toujours le même rêve, comme une boucle…j’avais aussi fini par comprendre que je fonctionnais comme ça, me rappelant mes cauchemars lorsque Edward m’avait quitté, puis lorsque j’avais pressenti l’attaque de Fenq…mon esprit semblait m’envoyer des images à répétition jusqu’à ce que je comprenne et j’en conclu que j’avais bien un don de prémonition, enfin de discernement ! Car, en y réfléchissant bien, ça m’était quand même arrivé souvent ! J’avais déjà rêvé du loup de Jacob à mon arrivée à Forks alors qu’il n’avait pas encore muté ! J’avais rêvé de Sam, je l’avais vu presque se transformer alors que je ne savais encore rien de lui ni des loups-garous, mes rêves m’avaient permis de découvrir la vérité sur Jacob, j’avais rêvé de Fenq, puis de Paul qui partait dans la forêt…

Mais oui !Pensais-je aussitôt.

Ce rêve de Paul…ce rêve où il me touchait puis semblait être enlevé par quelque chose…il m’avait dit de prévenir Jacob, il semblait si terrorisé…je le voyais encore se faire engloutir dans la forêt…cette cape noire…

Jane ! Bon sang !

Mais pourquoi avais-je rêvé de Jane et de Paul ? Etait-ce un mélange de ce qu’avait vécu Jacob avec elle et de l’épisode avec Paul ou était-ce lié ? Je déglutis, imaginant soudain le pire.

 

Une semaine que Paul était parti et le samedi, Embry arriva à la maison avec Sam, le regard illuminé.

  • Je viens de communiquer avec lui ! s’écria-t-il lorsque Jacob, Billy et moi sortions de la maison.
  • Quoi ? Comment va-t-il ? Où est-il ? M’écriais-je aussitôt.
  • Bella, laisse-le parler…, me coupa Sam, toujours aussi agacé par mon emportement naturel.
  • Il semble aller bien mais il veut être seul pour l’instant. Il m’a juste transmis un message pour Rachel que je vais immédiatement donné, nous expliqua Embry avec un grand sourire.
  • C’est tout ? S’étonna Jacob.
  • Jacob, il a l’air d’aller bien. C’est déjà beaucoup ! Répondit Sam.
  • Et il compte devenir un Solitaire? Demanda Jake sur un ton assez piquant.
  • Non, je ne pense pas…, marmonna Embry en levant des yeux embêtés vers Sam.
  • Tu aurais du lui ordonner de rentrer ! S’écria soudain Jake à l’intention de Sam.
  • Il ne veut pas Jacob, assura ce dernier.
  • Alors force-le !
  • Je lui laisse encore un peu de temps…
  • Tu penses à ma sœur ? Demanda Jake en se plantant devant lui, les yeux plissés.

Je sentais en lui une soudaine colère, voir même de la frustration.

  • Elle sera déjà soulagée de savoir qu’il va bien…, répondit Sam, calmement.
  • Il mériterait de se faire botter l’arrière-train! S’écria Jake, énervé. Je te préviens Sam, si jamais je le retrouve, moi je lui donnerais l’ordre de rentrer !

Je vis Sam hocher la tête mais il ne répondit pas.

 

Ça commençait, ne pus-je m’empêcher de penser. Jake commençait à prendre son rôle au sérieux et Sam le sentait venir aussi vite que moi. Ils nous quittèrent pour aller rassurer Rachel et je me tournais vers Jacob :

  • Jacob, tu dois le retrouver ! Il est peut-être en danger !
  • Non, il va bien, il n’y a plus lieu de s’inquiéter, répondit-il d’un air absent, tout en fixant l’endroit où Sam et Embry venaient de filer. Maintenant, c’est une question de discipline entre nous.
  • Jacob, écoute-moi. J’ai rêvé de Paul et il y avait Jane aussi !
  • Quoi ? S’étonna-t-il.

Je lui expliquais mon rêve, enfin, pas en entier, mais le plus important pour lui. Il m’avait écouté attentivement tout en réfléchissant.

  • Tu crois sérieusement que tu as un don avec les rêves Bella ?
  • Oui…je commence à le croire, avouais-je.

Je lui énumérais toutes les fois où mes rêves s’étaient « réalisés », lui expliquant que je voyais ça comme si mon esprit était « plus clair » lorsque je dormais.

  • Et tu en as déduis quoi pour les rêves que mes frères faisaient ? demanda-t-il, encore un peu septique.
  • Pour ça, je ne sais pas trop mais regarde, dès que j’ai su que j’étais enceinte, les rêves ont cessé…chez tout le monde ! ça doit bien avoir une explication !
  • Encore un truc vachement normal…, marmonna Jacob en soupirant.
  • Jake, ça doit sûrement avoir un lien avec mon imprégnation et le sang que j’ai reçu, murmurais-je, mon esprit bouillant tellement les idées affluaient à toute vitesse dans ma tête.
  • Quoi ?
  • Rappelle-toi ce que je t’ai dit : lorsque je me suis imprégnée de toi, j’ai senti une connexion avec les membres de la meute…pas tous ! Seulement avec quelques uns et justement, avec ceux qui rêvaient de moi !
  • Et alors ?
  • J’ai reçu du sang de Sam et de toi, c’est bien ça ?
  • Oui …, S’impatienta Jacob.
  • J’ai bien réfléchi et ceux avec qui je me sens très proche ont un lien sanguin avec Sam et toi.
  • Bella, tu vas finir par me coller la migraine….
  • Non, écoute-moi ! M’écriais-je, soudain très excitée par la révélation que je venais d’avoir. Je ressens ce fluide avec Sam et Emily, j’ai reçu le sang de Sam…je ressens ça avec Embry qui est le demi-frère de Sam…avec Seth, c’est ton frère, vous avez le même sang et avec Leah qui a le même sang que Seth, donc ça fait comme un pont entre vous…
  • Bella, c’est n’importe quoi ! Se moqua Jacob.
  • Non ! Je ressens ça aussi avec Billy et Rachel, vous avez le même sang…Et Paul, ça je pense que c’est comme pour Emily, parce qu’il est imprégné de Rachel qui a ton sang…
  • Mais, Bella, est-ce que tu t’entends ? S’écria soudain Jake, agacé.
  • Oui ! Je m’entends, rétorquais-je. Et je ne vois pas pourquoi tu n’essaies pas de réfléchir à ma théorie !
  • Parce que c’est débile et insensé ! Riposta-t-il.
  • Ah oui ? Comme si il n’y avait aucune magie dans notre vie ! Réfutais-je, frustrée qu’il soit aussi réfractaire. Jacob, l’imprégnation, c’est de la magie ! Tu le dis toi-même ! Pourquoi est-ce que ce fluide magique ne serait pas aussi conducteur entre les membres de la meute ? Je veux dire…quand on s’imprègne, les deux personnes concernées sont liées par un fluide magique, il existe peut-être un genre d’imprégnation mais fraternel ? Un truc qui ferait que tu serais plus lié à une personne qu’à une autre ?
  • Ça s’appelle le lien familial Bella…, soupira Jake, toujours aussi fermé à mon explication. Et ton truc n’explique pas les rêves !
  • Peut-être que si…si j’ai un don avec les rêves, peut-être que ce lien fraternel me permet de communiquer avec les autres quand je dors…tu l’as dit toi-même ! ajoutais-je, soudain à nouveau excité par un truc qui venait de me traverser l’esprit, tu as dit que ce n’était pas normal que j’entende Sam et pourtant, je l’entends !!! Et je suis sure que je t’entendrais aussi si tu appelais la meute.

Jake posa ses deux mains sur ses hanches et poussa un soupir si fort que je finis par éclater de rire.

  • Je suis connectée Jacob ! Je te le dis depuis le début, je me sens vraiment connectée ! Je ne me transformerais pas en loup-garou et je n’entendrais jamais vos pensées mais le sang que j’ai reçu de vous a sûrement décuplé mon don et me permet de communiquer avec vous.

Jacob gardait toujours la tête baissée vers le sol et je lui pris le bras en le secouant doucement.

  • Jake…j’y crois…ce ne peut pas être un hasard que tous les rêves que j’ai fait se soient réalisés ou m’aient permis de voir la réalité…
  • Pour tes rêves, je veux bien te croire Bella, soupira-t-il. Mais pour le coup que tu sois connectée à la meute…

Il secoua la tête et je me sentis soudain agacée que ça lui pose problème.

  • Mais, je ne vois pas en quoi ça t’embête ! Il n’y a rien de mal…ce n’est pas dangereux, c’est même peut-être super pratique si j’arrive à mieux discerner les images que mon esprit m’envoie !
  • Ça m’embête parce que c’est encore un truc que mon sang a fait changer en toi…ça et l’imprégnation…

Il marqua une pause puis soupira en ajoutant :

  • Le soir où j’ai rêvé de cette fille aux cheveux noirs…
  • Oui ?
  • Tu dormais sur moi ?
  • Oui…je crois, répondis-je en réfléchissant.

Jacob soupira à nouveau et son regard se porta vers la forêt, soudain brillant. Je lui laissais le temps de digérer cette nouvelle car il semblait à des kilomètres de moi puis, au bout de quelques minutes, il planta ses yeux dans les miens et me fit un sourire d’une douceur infinie.

  • Bella…
  • Oui ? M’inquiétais-je.
  • Je crois que j’ai rêvé de notre fille.

 

        * * * *

 

Entendre à nouveau sa voix, c’était un son presque irréel et pourtant, depuis deux jours, elle me parlait…enfin, elle me chuchotait des mots mais elle communiquait avec moi autrement que par regard ou par geste…je me sentais quand même très privilégié qu’elle ne soit « vivante » qu’avec moi, et ceci, malgré tout ce qu’il s’était passé.

L’hiver ne semblait pas vouloir s’arrêter. Je pense même que nous étions en train de vivre l’hiver le plus long depuis un siècle ! Comme si le temps s’était arrêté.

Rachel me jeta un bref regard avant de se replonger dans sa couture. Elle aussi s’abrutissait avec ses vêtements pour le bébé de Bella…en fait, elle ne faisait plus que ça aussi mais en la regardant, je constatais que je n’avais pas envie de l’arrêter dans son travail. Aussi honteux que ça pouvait l’être, j’aimais qu’elle me fiche la paix. Je préférais mille fois regarder Bella travailler et veiller au cas où elle aurait besoin de moi plutôt que de m’enfermer dans ma chambre, même si c’était dans les bras de Rachel. Je ne me sentais jamais tranquille dans ces moments là…comme si il allait lui arriver quelque chose pile à cet instant ! Je ne me pardonnerais jamais qu’un moment de « faiblesse » de ma part m’empêche de l’aider ou pire de la sauver ! Le bébé pouvait arriver à tout moment, elle pouvait tomber ou faire un malaise…ou faire une crise. Je devais être là !

Et là, toutes les cinq minutes puis toutes les minutes, mon regard était attiré par la pendule. Mais qu’est-ce qu’elle foutait ? ! Bella était dans la douche depuis plus d’une heure maintenant et je commençais à angoisser. Est-ce qu’elle avait fait un malaise ? Je décidais de me lever et toquais à la porte de la salle de bain.

  • Bella ? Bella tu te sens bien ?

Je tendis l’oreille et n’entendis que l’eau couler inlassablement.

  • Bella ?

Pas de réponse. Cette fois, je stressais ! Je posais ma main sur la poignée, hésitant, tentais d’appeler à nouveau et le silence me poussa à ouvrir la porte en bois.

La buée envahissait la pièce mais de là, je ne la voyais pas. J’hésitais à nouveau, appelais encore puis avançais doucement jusqu’à la cabine de douche qu’on distinguait difficilement avec toute cette vapeur. Une fois près de la paroi en bois, je me collais contre et appelais :

  • Bella ? Est-ce que tout va bien ?

J’entendis un sanglot étouffé et mon cœur s’accéléra. Elle faisait une crise. Je soupirais, ne sachant pas trop comment j’allais m’y prendre pour la calmer.

  • Bella, s’il te plait…sors de cette douche…tu seras mieux au lit ou près du feu.

Nouveau sanglot et vu le son d’où il me parvenait, je savais qu’elle était par terre. J’hésitais puis me dis que je pouvais surmonter ça. Je glissais doucement contre la parois et du coin de l’œil, je l’aperçue accroupie sur le socle froid, l’eau dégoulinant sur son corps nu secoué de tremblements. Elle était de dos, ce qui me facilitait les choses. J’avançais dans l’habitacle pour finir par m’accroupir à mon tour à ses côtés. L’eau m’aspergea aussitôt mais je ne le sentais pas. Tout ce que je voyais, c’était ses épaules qui bougeaient au rythme des spasmes de ses pleurs. J’enroulais mes bras autour d’elle et l’attirais contre moi. Elle se laissa aller, haletante, incapable de se calmer.

  • Chut…voilà…je suis là Bella…nous sommes tous là, près de toi, tu n’es pas seule…
  • Je veux…qu’on me le rende, sanglota-t-elle. Je…veux…qu’on me le …rende. Je veux qu’on me le rende ! Rendez-le moi…rendez-le moi …, suppliait-elle en larmes.

La souffrance dans sa voix et la douleur de son corps me bouleversait.

Elle se tourna légèrement pour mieux se blottir contre moi et son ventre rond m’attira comme un aimant. Je posais alors ma main dessus, le contact avec sa peau nue me troubla mais j’avais envie de lui apporter de la chaleur. Elle leva la tête vers moi et j’osais la regarder, sachant parfaitement que je n’aurai jamais du. Soudain, mes lèvres me brûlaient violemment « non ! Non tu ne dois pas…tu as dépassé ce stade ! » mais pourtant, je n’arrivais plus à détacher mes yeux des siens, si emplis de tristesse et cherchant en moi de quoi la sauver…sans même m’en rendre compte, je venais de l’attirer contre moi et elle se laissait faire,  hypnotisée par mes yeux. Elle était nue dans mes bras, je n’arrivais plus à penser à autre chose car sa peau était si douce que s’en était douloureux. Je remarquais que les pleurs avaient cessé et ma propre voix hurla dans ma tête :

« Il faut que tu la lâches Paul ! Tu n’as pas le droit ! »

Mais, je ne bougeais plus, j’en étais incapable et l’interdit de la situation faisait battre mon cœur si fort que je le sentais dans mes tempes, violent. Tout ce désir que je croyais étouffé était entrain de revenir avec force. Je tentais de lutter mais je savais déjà que j’avais perdu la bataille.

Malgré moi, je posais mes lèvres sur les siennes, elle ne bougeait pas et ce contact me brûla tellement que je relevais mon visage aussitôt. Bella me fixait toujours comme si elle venait de se transformer en statue, l’eau dégoulinait sur son visage inerte et je plongeais mes yeux dans les siens pour chercher le pardon que je ne méritais pas. Ce que je vis alors à cet instant me pétrifia. Son visage venait de s’imposer à moi, furieux et menaçant. Je crus même pendant une seconde que ses yeux venaient de remplacer les siens. J’eu soudain l’impression que tout tournait. Je déglutis et me relevais comme je pus en la portant. En sortant de l’habitacle, mon cœur s’arrêta lorsque je croisais le regard de Rachel, identique à celui de son frère, qui me fixait depuis la porte de la pièce.

 

* * * *

46 – Je ne pense plus qu’à elle

 

Est-ce que ça pouvait être vrai ? Est-ce que c’était possible que Bella ait un don ? Est-ce qu’on pouvait si fier ? Peut-être bien…et en y pensant, elle avait sûrement raison car elle avait bien rêvé de Fenq et de son attaque, et ceci, même avant de recevoir mon sang…alors, mon sang avait-il réellement amplifié ce « pouvoir » et lui permettait de nous transmettre ses rêves, comme un message ?

Notre fille (car je n’en doutais plus maintenant) était apparue aux yeux de tous…comme si elle se présentait, qu’elle nous annonçait son arrivée…c’était peut-être parce qu’elle serait une des nôtres que tous l’avaient vue ? (Ça aussi j’en étais sûr, elle muterait comme Leah ce qui m’indiquait que nous aurions à nouveau la visite de vampires)

 

J’avais bien réfléchi à elle depuis notre conversation. Le loup blanc que j’avais vu dans mon premier rêve avait secoué la tête lorsque je l’avais appelée Bella…c’était un « non », tout simplement. Non, elle n’était pas Bella, elle était ma fille et elle était fière de me montrer à quel point elle était belle.

Bêtement, j’étais un peu triste que Bella ne rêve plus d’elle car ça voulait dire que je ne la verrais plus non plus…il faudrait que je sois patient, que j’attende sa naissance.

 

Mais, est-ce que nous allions rêver toute notre vie ? En simultané avec Bella ? …ça semblait se confirmer car après un moment d’accalmie où mes frères n’avaient plus rêvé de rien, maintenant, ils rêvaient tous de moi avec les cheveux longs, entouré d’enfants…ça les perturbait un peu moins que ce loup blanc…quoique…

Et la théorie de Bella semblait aussi se confirmer sur un autre point : ceux qui rêvaient étaient toujours les mêmes, ceux qu’elle m’avait cité…sauf Emily, Rachel et Billy et ça, ça pouvait s’expliquer par le fait qu’ils n’avaient pas muté et qu’ils n’avaient donc pas le pouvoir de télépathie des loups.

 

Je repensais aussi à l’Edward de mon rêve, il m’avait remercié…cette pensée me fit sourire. Lui, il n’était pas dans le rêve que Bella m’avait communiqué, il était dans ma tête ! Et Bella n’avait pas vu non plus la transformation de ce loup blanc…c’était juste pour moi. Tout ça me dépassait un peu mais je commençais à sérieusement y croire.

 

Bella, elle, y croyait dur comme fer !

Elle avait même déjà donné un prénom à notre fille…Rosalie.

Je n’avais pas contesté, connaissant les liens qui l’unissaient à la famille Cullen. Elle m’avait un peu expliqué pourquoi elle avait choisi le prénom de la sœur d’Edward, se rappelant soudainement d’une conversation qu’elle avait eue avec elle et la promesse qu’elles s’étaient faites avant de se quitter. Je remarquais que Bella semblait avoir de plus en plus souvent des « flashs » sur eux…peut-être finirait-elle par se rappeler complètement de tout ?

 

Bella était repartie à Seattle, avec une Angela décomposée. Le juge d’instruction n’avait pas encore donné son verdict…mais si les choses se gâtaient, j’avais déjà mon idée sur la façon dont je règlerais la question.

Seth ne me quittait plus d’une semelle depuis son départ. Déchiré par la souffrance de la séparation, il semblait trouvé dans ma présence un certain réconfort ou du moins, un appui. Je l’avais déjà découvert deux fois en larmes, une fois dans les bois et une autre fois dans ma cuisine. Tout comme moi, il détestait cette douleur et la maudissait à tout va. J’essayais de le faire rire mais je savais bien que c’était trop nouveau pour que ça passe comme ça.

Bella m’avait confirmé par téléphone que Angela était dans le même état (voir même pire parce qu’elle, elle n’était pas du tout préparer) et qu’elle doutait sérieusement qu’elle finirait la semaine à Seattle.

 

Tout le monde pleurait autour de moi, ma sœur plus que les autres. Et cette pensée me rappela que je devais aller lui parler. Je laissais Seth un moment et courus vers sa maison, la mort dans l’âme.

Je la trouvais, le regard vide, assise à la table de leur cuisine et je pris une profonde inspiration avant de m’asseoir face à elle.

Elle me sourit faiblement et je lui pris la main.

  • Tu tiens le coup ? Murmurais-je.

Elle hocha la tête, les larmes aux yeux.

  • Je sais qu’il est vivant et qu’il reviendra…c’est toujours ça.
  • Oui…
  • Pourquoi Sam ne te le « donne » pas ? Comme ça, les choses seront plus claires ! m’annonça-t-elle soudain en sanglotant. Tu pourrais le contrôler si c’est ce que tu veux tant !

Ma sœur ne comprenait rien et je ne pouvais pas lui en vouloir mais sa souffrance et son ignorance étaient intolérables et si je ne pouvais pas panser sa blessure, je pouvais au moins avoir le courage de lui donner une explication.

  • Rachel…Si Paul est parti, ce n’est pas parce que je l’ai chassé…Il s’est banni lui-même…il a décidé lui-même de partir. Il ne se cache pas de moi ou n’attend pas mon feu vert pour revenir…

Elle me fixait, les yeux complètement embués et je lui serrais à nouveau la main, essayant de lui communiquer tout mon amour.

  • Paul a besoin de mettre les choses au point, dans sa tête…il a besoin de temps pour réfléchir à certaines choses…

J’étais en train de me rendre compte que je n’y arriverais pas et je ne savais plus comment faire pour qu’elle comprenne.

  • Tout ce que tu dois savoir, c’est qu’il t’aime…, ajoutais-je avec force. Mais il y a des tensions dans notre groupe en ce moment et tu connais Paul, c’est un révolté…
  • Oui…

Bon sang ! Elle n’en saurait pas plus lorsque je sortirais d’ici que lorsque j’étais arrivé ! Mais, je n’y arrivais pas…c’était MA sœur, je ne pouvais pas lui transpercer le cœur en lui annonçant que son amour avait envie de MA femme. Elle ne s’en remettrait jamais …pire encore que cette attente intolérable depuis sa fuite.

Je soupirais et Rachel attendait visiblement plus de moi …

  • Il va revenir…il va se calmer, répétais-je.
  • Oui, je sais…il est très impulsif mais il se calme toujours…

Je hochais la tête… A cet instant, je me détestais pour ma lâcheté. Mais elle avait un caractère si calme…bien que c’était une fausse calme, disons plutôt qu’elle était extrêmement patiente. Car Rachel était une personne « ferme », qui aimait avoir le contrôle sur son univers…ce qui avait valu de nombreuses disputes avec ma mère quand elle était encore à la maison. Et surtout, elle était très droite…elle n’allait jamais passer par le point C pour aller à B, même si le chemin était plus beau, plus tranquille…non, si on lui avait dit AB, elle faisait AB !

En pensant à leur couple, je pouvais comprendre que ce côté « contrôle sur l’autre » de l’imprégnation pouvait lui plaire. Mais avec Paul… je me doutais que ça ne devait pas se passer tout seul, lui qui était du genre casse-cou et supportait difficilement l’autorité. 

En fait, Rachel était tout le contraire de Rebecca, bien qu’elles soient jumelles…mon autre sœur était plutôt légère, assez cool, pas du tout douée pour les études parce qu’elle s’en fichait comme d’une guigne…je me demandais soudain si Paul s’était bien imprégné de la bonne personne ? Après tout, Rebecca et Rachel étaient jumelles, si la théorie des anciens sur l’« ADN compatible pour donner une descendance » était juste, Rebecca aurait très bien pu convenir à Paul aussi ? Mais c’était trop tard maintenant…pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser que si mon hypothèse était juste, alors Paul et Rachel en souffriraient toute leur vie.

Rachel renifla et je ne trouvais toujours pas les mots justes pour qu’elle comprenne… C’était au-dessus de mes forces !

  • Jacob ?
  • Oui ?
  • Je ne le rends pas heureux hein ?
  • Non, non ! Non, ne crois pas ça ! Rachel, je t’en prie…Il t’aime, je le sais ! Il ne peut pas ne pas t’aimer ! Tu sais bien que c’est impossible.

Pour ça, j’étais sûr, j’avais lu son cœur, je savais qu’il aimait ma sœur mais son attirance pour Bella était plus forte…j’avais du mal à comprendre mais c’était un fait et ça le rendait fou. Et si ma théorie concernant son imprégnation était juste, il aurait cette attirance pour Bella (qui lui convenait mieux moralement d’après ce que j’avais compris) toute sa vie…sauf si ma sœur se décidait à changer, enfin…à être plus souple et moins fermée.

Et curieusement, je n’arrivais plus à en vouloir à Paul. Je m’étais déchaîné sur lui mais à présent, j’aurai aimé qu’il revienne car ma sœur souffrait trop et elle seule m’importait maintenant. Et finalement, Rachel avait raison…je demanderais à Sam de le prendre dans ma meute.

En attendant, j’étais là, à la regarder pleurer toutes les larmes de son corps et ma lâcheté ne m’avait toujours pas quittée…

  • Rachel, soupirais-je, je suis désolé, je n’y arrive pas …
  • Ce n’est rien Jake…je ne suis pas stupide tu sais…je vois bien comment Paul la regarde…

Je levais les yeux vers elle, soudain soulagé que ma sœur m’aide à mettre les choses à plat. J’étais vraiment un gamin…comment pouvais-je espérer me faire respecter par une meute alors que j’étais pas foutu d’être franc avec ma propre sœur !

  • Je suis désolé Rachel, murmurais-je.
  • Tu n’as pas à être désolé Jake ! Tu n’y es pour rien.

Elle avait retrouver sa froideur que je lui connaissais bien…se contrôler ! C’était le plus important…

  • Et toi ? Comment le vis-tu ? Me demanda-t-elle.

Comment pouvait-elle être aussi calme !

  • Je…je l’ai assez mal vécu…
  • Oui mais tu es habitué n’est-ce pas ? Bella ne t’a pas voulu tout de suite, me rappela-t-elle.  Mais tu as tenu bon, tu n’as pas baissé les bras !
  • Non…, répondis-je tristement car je comprenais bien ce qu’elle pouvait endurer.
  • A croire que nous nous ressemblons plus que tu ne le penses…, déclara-t-elle en regardant par la fenêtre, le regard soudain très loin de moi.

Puis, les larmes coulèrent à flots et elle s’effondra, la tête entre ses bras. Je posais ma main sur son épaule et murmurais :

  • Tu es forte Rachel ! Tu es très forte.

 

47 – Message

Angela n’avait pas tenu le coup. Deux jours après notre retour à l’école, j’avais été obligé de la ramener illico à Forks. Leurs retrouvailles m’avaient donné les larmes aux yeux. J’étais tellement heureuse pour mon amie. Et pour Seth aussi ! Il méritait tant le bonheur et je savais qu’il avait trouvé quelqu’un de bien, quelqu’un qui me ressemblait, comme il l’avait voulu.

Jacob m’avait souri d’un air entendu lorsqu’il m’avait vu décharger ma valise et entrer dans la maison. Il avait compris : je n’y retournerai pas…tant pis pour cette année ! Je ferais mieux l’année prochaine. Restait plus qu’à expliquer tout ça à Charlie …

De toutes façons, avec le bébé, je ne pense pas que j’aurai continué longtemps. J’avais un trop gros besoin de vivre cette grossesse près de Jacob.

 

Je constatais un matin en m’observant dans la vieille glace que mon ventre commençait à s’arrondir…un tout petit peu. J’attrapais aussitôt les larmes aux yeux, des larmes de joie intense…et courus aussitôt jusqu’à notre petite chambre pour le montrer à Jacob.

  • Tu as vu ?
  • Bah oui, rigola-t-il. Tu viens seulement de le remarquer ?
  • Oui…

Paul était parti depuis maintenant un mois. Rachel l’attendait toujours, résignée. Jacob avait pris le temps de lui expliquer la situation. Bien qu’elle sache la vérité, elle semblait tenir bon et curieusement, était toujours aussi « bien » avec moi. Cette fille me déstabilisait, je n’arrivais toujours pas à la cerner car moi, je me serais déchaînée contre elle mais elle non…elle maîtrisait, ne pleurait plus et continuait à me traiter comme sa sœur tout en sachant les pensées de Paul à mon égard. Par contre, tout comme moi, elle ne comprenait pas qu’il ait besoin d’autant de temps pour se calmer. Jake nous avait assuré qu’il finirait par revenir parmi nous. Moi, je commençais sérieusement à en douter.

 

Et cette nuit-là, mes doutes s’intensifièrent. Je me réveillais en sursaut, Jacob fut tellement secoué qu’il se réveilla également et fronça les sourcils en me voyant haleter de peur.

  • Bella ? Qu’est-ce que tu as vu ?
  • Paul…j’ai vu Paul !
  • Raconte-moi ? Demanda-t-il en se mettant accroupis à côté de moi sur le lit.
  • Il me disait de ne pas m’inquiéter, qu’il allait revenir mais que je ne devais pas le chercher !
  • Quoi ?!

Les images défilaient dans ma tête par flash, j’essayais de me concentrer dessus mais une seule se fixait : je voyais Paul me regarder, un léger sourire aux lèvres, ses yeux m’indiquaient qu’il était calme mais sa main tenait sa gorge et il s’approchait lentement de moi, sur mon côté droit, pour me déposer un baiser sur la joue en murmurant à mon oreille : « Ne me cherche pas…je te garde » Puis, doucement, il retirait sa main et je voyais un collier en cuir autour de son cou, relié à une chaîne fixée à une grosse pierre, comme un chien ! Alors, sous mes yeux horrifiés, il se dégageait de moi et disparaissait…

  • Jake…qu’est-ce que ça veut dire ?
  • Je ne sais pas ma chérie…mais nous n’allons pas tarder à faire le même rêve si celui-ci revient en boucle, comme les autres.
  • Oh Jacob…et si il était vraiment en danger ? je ne peux pas croire qu’il ait besoin d’autant de temps pour reprendre ses esprits ! Ce n’est pas normal ! ça fait trop longtemps !  
  • Je ne sais pas Bella, répétait Jake à mes côtés, soucieux.

« Je te garde »…qu’est-ce que ça voulait dire ? Je te garde avec moi ou je te garde comme un chien peut garder son maître ? Vu la position dans laquelle il se trouvait, je n’étais plus sûre de rien !

Et pour une fois, Jacob semblait prendre très au sérieux le rêve que je venais de faire ! Il semblait avoir enfin admit que j’avais un don.

 

Et les jours continuaient de défiler, sans nouvelle…je commençais à sérieusement angoisser…ça faisait trop longtemps ! Je n’avais pas refait le rêve de Paul et par conséquent, les autres non plus. Jacob semblait aussi nerveux que moi, je le sentais bouillir. Sam avait décidé de ne pas chercher Paul, il voulait lui laisser du temps, ne pas le traquer mais je sentais au fond de moi que c’était une mauvaise décision, et l’anxiété de Jacob ne m’aidait pas à revoir mon jugement.

 

Notre maison avançait bien, le toit était maintenant terminé, ainsi que les cloisons. Nous pourrions bientôt l’habiter et je posais ma main sur mon ventre, imaginant déjà la vie que nous aurions dedans.

Charlie avait accepté ma décision concernant l’école, me disant que de toutes façons, avec le bébé, il valait mieux comme ça. Son attitude m’avait surprise mais j’avais vite compris que son calme était du au fait que lui et Sue se revoyaient de temps en temps.

Il était plus heureux, plus serein et donc plus clément.

Renée m’appelait de temps en temps, pour s’assurer que ma grossesse se passait bien. Elle avait bien sûr senti mon angoisse au téléphone et avait tenté de me rassurer.

  • Paul peut très bien être parti loin, histoire de prendre des vacances, m’avait-elle déclaré en plaisantant.

Mais je n’avais pas envie de rigoler. Mon rêve était gravé dans ma tête et j’avais un mauvais pressentiment.

 

Pourtant, ce matin-là, Sam venait à la rencontre de Jacob et Seth, qui travaillaient toujours dans la maison, et annonça :

  • Paul va bientôt rentrer !
  • Il t’a contacté ? S’étonna Jake.
  • Oui…il a besoin d’encore un peu de temps…
  • Mais ce n’est pas vrai ! Il se fout de qui ? Cria Jacob. Cette fois c’est bon, je pars à sa recherche !
  • Jacob…tu ne devrais pas le forcer.
  • Sam, il faudrait sérieusement que tu arrêtes de le materner ! Ma sœur va mourir de chagrin et il a des obligations vis-à-vis d’elle ! Il n’a pas à traîner comme ça dans la forêt parce qu’il a ses états d’âmes !

Et Jake muta (en un clignement d’œil, remarquais-je) pour filer dans la forêt, suivi quand même par Sam et Seth.

Je les regardais partir, le cœur serré, espérant qu’ils reviendraient avec lui.

 

Mais les heures passaient et la nuit tombait. Je sursautais lorsque Jacob ouvrit la porte de la maison, les épaules basses. Billy était resté près de moi et accueillit son fils d’une voix morne :

  • Tu ne le trouves pas fiston ?
  • Non…je ne comprends pas…je fais toute la forêt de la Push…

Il leva les yeux vers moi et j’y lu toute la tristesse du monde. Puis il ajouta à mon intention :

  • J’ai communiqué avec lui…il me dit qu’il veut rester encore un peu dans la forêt…mais je ne sais pas…y a quelque chose qui cloche !
  • Quoi ? M’alertais-je aussitôt.
  • Je ne vois pas du tout où il est…je ne vois même pas d’arbre, ni de maison…rien !
  • Est-ce que tu vois une pierre ? Demandais-je aussitôt.
  • Une pierre ? Répéta Jake, surpris par ma question.
  • Oui…un rocher, un caillou, une paroi…n’importe quoi mais en pierre !

Jacob réfléchit pendant une minute puis secoua la tête.

  • Tu as encore vu quelque chose ? Demanda-t-il.
  • Et bien…le premier rêve que j’ai fait, j’étais assise sur une pierre, au cœur de la forêt et dans le second, celui où il était attaché, c’était après une pierre, un genre de dolmen.
  • Je ne connais aucun endroit avec ce genre de pierre Bella, déclara-t-il, découragé.

 

Jacob arrêta finalement de le chercher mais mutait régulièrement pour communiquer avec Paul au travers de Sam. Paul restait toujours sur ses positions, à la grande consternation de Jake qui tentait par tous les moyens de le raisonner. Je le voyais bien, il ne comprenait pas cette obstination à ne pas vouloir rentrer. Jacob lui avait d’abord ordonné mais comme ça ne semblait pas marcher, ni avec Sam, ni avec lui, il avait essayé la méthode douce, celle où il lui parlait de Rachel mais rien n’y faisait. Paul ne voulait pas rentrer.

 

Et puis une nuit, je le vis à nouveau, toujours attaché à cette chaîne mais il ne semblait pas malheureux. Son message était un peu différent, ce qui me parut étrange car, d’habitude, mes rêves étaient quasi identiques. Il me murmurait : « Bella, ne me cherche pas…je suis ton gardien…ne me cherche pas ».

Ce rêve me bouleversait au plus haut point. Déjà parce que l’image que je recevais de lui était révoltante : cette façon dont il se tenait, assis contre cette pierre, attaché par le cou comme une bête…mais aussi, j’étais troublée par son calme, cet air résigné qu’il affichait…comme si il acceptait son sort.

Je racontais mon nouveau rêve à Jacob et je vis ses mâchoires se contracter. Il se sentait impuissant et ça le révoltait.

  • Bordel ! J’ai fait toute la forêt ! Même quand je suis connecté à lui, je ne vois pas ce qu’il voit ! ça me fout en l’air !
  • Et il te répond quand tu lui demandes où il est ? Demandais-je, perplexe.
  • Non !
  • Jake…il faut le chercher…
  • Mais, je ne comprends pas ! S’écria-t-il. Pourquoi dit-il « ne me cherche pas » ?
  • Je ne sais pas Jacob, murmurais-je, tristement. Ce n’est qu’un rêve…
  • Ouais bah va falloir apprendre à les interpréter tes rêves ! lança-t-il, bougon, en se levant du lit subitement.
  • Où vas-tu ? M’alarmais-je.
  • Je retourne dans la forêt ! J’en ai marre ! Je vais te le trouver et le ramener par la peau du dos !

Une violente vague me brûla le ventre et mon cœur s’accéléra. Pendant une seconde, j’eu même le souffle coupé.

  • Jake…Jake, fais attention s’il te plait, m’écriais-je, en me levant d’un bond pour me blottir dans ses bras.

Il fronça les sourcils, étonné par mon attitude.

  • Qu’est-ce que tu as ?
  • Je ne sais pas, murmurais-je. J’ai peur …j’ai la trouille Jake !
  • Quoi ? Mais pourquoi ? S’inquiéta-t-il.
  • Je…je ne sais pas…ça vient de me prendre là…quand tu m’as dit que tu partais…la peur m’a envahi…

J’avais du mal à reprendre ma respiration tellement l’émotion avait été violente. Je ne comprenais pas ce qui me mettait dans cet état-là mais ça me prenait aux tripes.

  • Bella…ça va aller…je vais juste refaire un tour…
  • Oui…je sais…mais, prends Seth avec toi s’il te plait, suppliais-je.
  • Ok…
  • Et Sam ! Prends Sam aussi …, insistais-je.
  • Bien…je vais prendre toute la meute, murmura-t-il en souriant, se moquant légèrement de moi.

Il me caressa les cheveux et je fermais les yeux, savourant la douceur et la chaleur de ses mains.

  • Je t’aime Bella…tu es si belle, chuchota-t-il en caressant mon visage.

Je me hissais sur la pointe des pieds et collais mes lèvres contre les siennes, si brûlantes. Je respirais tellement mieux quand je me trouvais ainsi, au contact de sa peau. Je vibrais de plaisir, mesurant à quel point j’étais heureuse de vivre avec lui…j’aimais chaque partie de son corps, chaque partie de son âme, je lui appartenais et ceci, pour la vie entière.

Jacob relâcha le premier notre étreinte et mon cœur se serra.  

  • Bon, j’y vais… je vais chez Sam et on refera chaque centimètre carré de cette foutue forêt puis la plage puisque tu as vu des pierres !
  • D’accord…Sois prudent, rappelais-je dans un souffle.
  • Mais oui !

Il me sourit tendrement en me caressant la joue puis ajouta :

  • Demain soir, je te porterais dans mes bras pour te faire passer le seuil de notre maison…
  • Elle est terminée ? Demandais-je, soudain très heureuse.
  • Oui…, reste une petite chose à faire et elle est terminée, déclara-t-il dans une petite grimace.

Je le serrais dans mes bras, imaginant déjà le bonheur que nous allions vivre ensemble dans notre maison. Jacob m’embrassa sur le front et se dégagea. Je me retrouvais seule dans notre petite chambre en pensant que demain, nous ne dormirions plus là.  

 

Je reposais ma tête sur l’oreiller pour essayer de réfléchir sérieusement où Paul pouvait bien être ! Jacob ne voyait rien à travers ses souvenirs mais moi, j’avais un indice…cette pierre, ce petit dolmen plat qu’il me semblait connaître. Bon, ce genre de pierre, il y en avait partout si on y réfléchissait bien mais si elles se trouvaient dans la forêt de la Push, Jacob l’aurait trouvé. Et sur la plage ? Mon rêve ne m’indiquait pas que Paul était sur la plage…alors où ? Et Jane ? Je ne voyais plus sa cape gris-noire dans mes rêves mais je l’avais vue une fois ! Je ne pouvais pas ignorer ce détail ! Et elle n’était pas avec Jacob, elle était avec Paul ! Ça ne pouvait pas correspondre à la rencontre de Jacob avec elle, chez les Cullen…là où elle s’était terrée pendant des jours avant qu’il ne lui tombe dessus…

Soudain, mon esprit se mit à vagabonder si vite que je me relevais d’un bond pour enfiler mes vêtements.

Billy m’arrêta lorsqu’il me vit passer en trombe dans la cuisine :

  • Viens déjeuner Bella ! Tu n’es plus toute seule maintenant !
  • Oui, oui ! Je vais faire un tour et je reviens !

Et je pris les clefs de ma camionnette et sortis comme une furie de la maison rouge, le cœur battant.

 

48 – Face au passé

La brume rendait la forêt presque inquiétante, la visibilité était restreinte mais je continuais à m’enfoncer sur ce chemin que je n’avais pas emprunté depuis très longtemps. Je garais la Chevrolet et descendis de la voiture. Le silence de la nature m’oppressa mais j’étais bien décidée à vérifier par moi-même ce qui ne quittait plus mon esprit maintenant ! La villa ressemblait à un manoir abandonné, enveloppé de brume. Tout n’était que silence. Le cri d’un corbeau me fit sursauter mais je continuais ma marche vers la propriété. D’une main tremblante, j’appuyais sur la poignée de la porte principale et bêtement, je fus surprise de la trouver fermée. Je regardais à travers les vitres, découvris avec étonnement que tous les meubles étaient encore là mais recouverts de voiles blancs. Les Cullen comptaient revenir un jour…mais pour cette fois, la maison semblait déserte.

Mon cœur me cognait les tempes, je pris une profonde respiration pour tenter de calmer le tumulte de mon esprit. Les jambes un peu flageolantes, je décidais de faire le tour de la villa. Mon cœur s’accéléra, cette peur que je ressentais depuis ce matin s’intensifiait avec une force surprenante. Mon tour de propriété se révéla infructueux. Pourtant…je le sentais…ça ne pouvait être qu’ici…je levais la tête vers la fenêtre qui correspondait à la chambre d’Edward et soudain, je reçus un flash : je me vis, m’accrocher plus fort à ses épaules parce que le vide en dessous de nous me terrifiait. Je sentais encore le vent fouetter mes cheveux, j’osais regarder en bas et là…je la vis ! La pierre plate sur laquelle je me tenais dans mon premier rêve.

Je rouvris les yeux, haletante puis jetais un regard circulaire autour de moi. Mon regard se porta dans la direction que Edward prenait quand nous partions de sa chambre et je m’enfonçais dans les bois d’abord en marchant, puis en courrant, craignant soudain d’arriver trop tard. Je le savais, je pouvais maintenant courir longtemps avant de ressentir de la fatigue et cette pensée m’aida à garder espoir.

 

Je vis d’abord ses jambes, allongées sur les feuilles mouillées puis je le vis lui, assis contre le dolmen, comme dans mon rêve. Lorsqu’il me vit m’accroupir en trombe contre lui, il s’écria :

  • Bella ! Mais qu’est-ce que tu fous là !
  • Paul…c’est pas vrai…, couinais-je, paniquée.

Mes mains tremblaient en essayant de retirer ce fameux collier en cuir qui serrait son cou, je n’écoutais même pas ses protestations, j’étais terrifiée de le trouver tel que je l’avais vu et j’essayais de trouver un moyen de retirer cette horreur le plus vite possible.

  • Bon sang ! Tu es vraiment tarée ! Pourquoi tu es ici toute seule ? Où est Jacob ?
  • Je ne sais pas…

Je sentais que le temps m’était compté et je préférais me concentrer sur ce que je faisais plutôt que d’écouter Paul brailler.

  • Bella, arrête ! Bella ! S’écria-t-il voyant que je ne répondais pas. Bella, ça ne sert à rien !
  • Si ! Si je vais te retirer ça…oh non, mais qu’est-ce que tu fais là ? sanglotais-je tout en continuant d’essayer d’arracher le morceau de cuir.

Paul m’attrapa une main et me força à le regarder.

  • Bella…tu ne devais pas venir ici ! Ils vont te tuer ! Ils vont revenir ! Ils t’attendent sûrement quelque part…je n’étais qu’un appât et ça ne devait pas marcher ! Je pouvais tenir bon !
  • Paul, mais qu’est-ce que tu racontes ? Répondis-je machinalement, tout en forçant sur le collier.

Un bruit de chaîne m’interrompit quand Paul me la plaça devant les yeux.

  • Tu crois que je n’ai pas essayé ? aboya-t-il. Bella, je suis plus fort que toi et je n’y suis pas arrivé.
  • Mais…ce n’est pas possible, tu ne peux pas rester là ! Ils t’ont attaché comme…oh bon sang …

Je pleurais à chaudes larmes, écoeurée de le voir rabaissé comme un vulgaire animal.

  • Sauve-toi ! Sauve-toi avant qu’ils ne reviennent ! Ils sont en chasse…mais s’ils te trouvent !... Ils sont là…, ajouta-t-il dans un murmure en essayant de tourner la tête derrière lui.
  • Qui ?

Mais il n’était pas nécessaire qu’il me réponde…je le savais déjà.

  • Isabella ! Ma chère …enfin te voilà !

Je me levais lentement pour me retrouver face à ceux que j’avais presque oublié…ceux qui venaient voir si le travail des Cullen était accompli…les Volturi, presque au grand complet.

Les yeux rouges vifs de Aro me rappelèrent des souvenirs que j’aurai préféré oublier avec le reste. A ses côtés, sous leurs capes noires, Marcus, que je reconnus aussi immédiatement et Caïus dont l’expression froide et sévère n’avait pas changé. Trois autres vampires les accompagnaient dont la brute qui se nommait Félix, qui me fit un clin d’œil d’une manière plus discrète que les autres fois. En retrait sous sa cape gris noire, Jane nous observait, un léger sourire aux lèvres. Aro s’approchait lentement de moi, donnant l’impression qu’il glissait sur les feuilles mouillées.

  • Nous avons pourtant essayé de t’attirer ici à plusieurs reprises, ne préférant pas nous aventurer sur les terres de ces étranges créatures… Mais celui-là disait toujours le contraire de ce qu’on lui demandait de dire…
  • Oui…Paul a un sérieux problème avec l’autorité…, répondis-je d’une voix blanche qui me donna l’impression de résonner tellement le silence autour de nous était pesant.
  • Nous avons vu cela…, répondit Aro en souriant. Il nous aurait bientôt envoyé aux quatre coins de la terre si nous n’avions pas fini par comprendre qu’il se moquait de nous…même Démétri s’est fait duper ! Mais finalement, tu étais tout près…

Aro s’approcha si vite que je ne me rendis pas compte qu’il avait bougé. Il me prit la main et s’écria :

  • Oh mon dieu ! Mais que t’est-il arrivé ?

Sa main glaciale me donna un frisson et, au bout d’un petit moment où je pensais qu’il cherchait à percer mes défenses, il ajouta :

  • Oh…ma pauvre enfant…ces charmantes petites bêtes t’ont attaquée…
  • Comment voyez-vous ça ? Sursautais-je, comprenant qu’il venait de lire mon esprit.
  • Eh bien, on dirait que ton bouclier n’opère plus ma chérie …, murmura-t-il dans un faible sourire.

Cette nouvelle me coupa le souffle…instinctivement, je levais les yeux vers Jane qui me lança un sourire satisfait…

  • Tu sais, quand un chien mord son maître, continua Aro sans me lâcher la main, il faut l’envoyer à …
  • Taisez-vous ! le coupais-je, durement.

Aro me sourit doucement sans s’offusquer de ma protestation et sa main glaciale serra la mienne plus fort. Il fronça les sourcils et chuchota :

  • Tu ne savais pas que tu l’avais perdu n’est-ce pas ?

Je secouais la tête, incapable de répondre.

  • Le sang mutant que tu as reçu, et qui a manifestement modifier ton parfum, a réparé ton corps…mon dieu, si horriblement abîmé ! S’écria-t-il en voyant le souvenir de mon attaque. Mais il a détruit tes défenses ma chère…tu es devenue aussi une sorte de mutante…en beaucoup moins laide évidemment !

Ainsi, j’avais la réponse à ma question sur mon imprégnation. Je n’avais rien remarqué puisque les Cullen n’étaient plus là et ne pouvaient pas percevoir ce changement.

  • Hum, notre ami Edward t’a laissée à ton nouveau destin…quel esprit de sacrifice ! Vraiment touchant ! Je me demande bien où il se trouve à présent ? Hum…je suis très déçu par la décision de Carlisle, murmura Aro qui venait de voir un de mes souvenirs et entendait mes pensées présentes. Et il nous a bien caché l’existence de sa garde si particulière…, ajouta-t-il en jetant un regard à Paul que Félix tenait par les épaules.

Celui qui se nommait Marcus s’approcha de Aro et lui chuchota des mots à l’oreille.

  • Ah ah! S’esclaffa ce dernier.

Puis, il m’attira contre lui et, sans que je parvienne à l’en empêcher, il posa sa main sur mon ventre.

  • Oh mais tu as raison Marcus ! Je comprends mieux …mon dieu ! Tu portes en toi…une Reine !

J’essayais de me dégager mais je ne réussis pas à bouger beaucoup.

  • N’essaie pas de lutter Bella…César contrôle la volonté…tu ne peux rien faire. Sinon, comment crois-tu que nous aurions réussi à maintenir ton molosse en laisse ! Ajouta Aro, tout en continuant à caresser mon ventre.

Ecoeurée, je tournais la tête vers celui qui venait de se rapprocher de nous et me souriait, heureux de pouvoir me contrôler.

  • Chelsea a pourtant essayé de l’influencer pour qu’il renie sa tendance naturelle à protéger ses maîtres, continua-t-il, mais il n’y a rien eu à faire, un vrai chien de garde ! Fidèle et loyal ! Tu as beaucoup de chance…vraiment je t’envie.

Et après quelques secondes, il déclara :

  • Comme c’est amusant ! Elle t’a volé ton pouvoir…un sacré pouvoir ! Ton sang devenu hybride mélangé à celui de cette race de mutants à développer ce pouvoir si particulier de bouclier chez ton enfant…Ah ! s’écria-t-il en me faisait sursauter. Elle a même réussi à transformer ce don défensif en don offensif ! Elle peut renvoyer les pouvoirs à son expéditeur. Ce qui n’est pas trop grave en soi quand il s’agit d’une décharge ou d’autre chose, ce dernier l’aurait bien mérité n’est-ce pas ? ajouta-t-il amusé. Non, c’est plus grave quand il s’agit d’un don mental…comme le mien, murmura-t-il, soudain vaguement ennuyé. Mes pensées se reflèteraient à l’infini dans ma tête jusqu’à ce que je devienne fou… une vraie protectrice…mais n’y pensons plus ! Déclara-t-il en me lâchant, comme si mon ventre venait de le brûler. Cet enfant n’est pas encore là pour nous ennuyer et est encore trop faible pour qu’on s’y attarde! Bien que son esprit soit déjà très fort…, ajouta-t-il dans un clin d’œil.
  • Nous avons de la visite Maître, déclara Félix de sa grosse voix de colosse. Renata est « occupée » et ils ont réussi à passer…
  • Comme c’est fâcheux, murmura Aro.

Le cœur battant, sachant déjà au fond de moi qu’il était là pour avoir senti soudain tout son amour m’envelopper, je tournais la tête pour voir mes loups s’approcher calmement et à pas lents, celui de Jacob en tête, beaucoup plus imposant que les autres. Instinctivement, je les comptais pour savoir s’ils feraient le poids face aux Volturi. Ils étaient neuf…tous au complet si on déduisait Paul qui n’était pas en état de les aider. Jacob me jeta un regard en se plaçant à mes côtés et je hochais la tête afin de le rassurer.

  • Tiens ! Voici donc tes petits amis poilus ma chère…et voici le père de ton enfant. Comme c’est touchant…tu as des drôles de fréquentations ma belle…pas très académique tout ça ! Déclara Aro, soudain très excité. Mais passons…Ma chère Bella, peux-tu nous présenter ?

J’hésitais, préférant ne plus regarder les loups qui se tenaient derrière moi. J’étais terrorisée et j’avais la désagréable sensation que la bonne humeur de Aro allait basculer d’ici peu…

  • Et bien…ce sont les deux chefs…les deux Alpha…, marmonnais-je, crispée.
  • Deux chefs ? Me coupa Aro. Je ne vois qu’un seul chef moi ici ! Mais continue ma chère…

Malgré moi, je tournais la tête vers Jacob qui fixait toujours les vampires mais curieusement, tous étaient calmes en apparence. Je compris alors que le nombre des vampires posait problème aux loups-garous et que ma présence n’arrangeait pas les choses.

  • Qu’est-ce que vous voulez ? demandais-je sèchement, occultant sa demande.
  • Hélas ma chère Bella, je ne suis ici qu’en visiteur…et celui qui veut quelque chose aujourd’hui, c’est Caïus ! Déclara-t-il. Mais avant cela, j’aimerais d’abord, si ça ne l’embête pas, discuter avec justement le chef de ce clan…

Aro ne quittait pas des yeux Jacob qui restait de marbre.

  • Ils ne parlent pas, répondis-je, sachant que Jacob ne muterait pas devant les vampires.
  • Celui-ci parle ! se moqua-t-il en montrant du doigt Paul. Il braille même ! Fatiguant à la longue…

Mais je craignais que Aro le touche et qu’il sache tout sur les loups-garous.

  • Alors lâchez-le et le chef vous parlera, demandais-je sans même réfléchir.

Le vampire planta ses yeux rouges sang dans les miens, surpris par mon audace.

  • Isabella exige ! S’esclaffa-t-il.
  • Elle prend déjà son rôle très à cœur, ajouta Marcus en ricanant de sa voix d’outre tombe. Mais…comme c’est intéressant, déclara-t-il en se rapprochant, soudain très captivé alors qu’il avait pour habitude d’afficher un éternel ennui. Leur lien est vraiment fascinant, il y a comme un fluide magique que la relie à ses animaux qui sont eux aussi reliés par quelque chose de plus solide. Vraiment très intéressant…de la pure magie Aro, répéta-t-il, intrigué. Elle est devenue leur dirigeante en s’accouplant avec le chef de la meute.

Machinalement, je posais ma main sur l’encolure de Jake et mes doigts se mêlèrent à ses poils. Sa douceur et sa chaleur me rassurèrent et j’eu soudain l’impression de reprendre pied.

Je ne quittais pas Aro des yeux, le fixant durement pour lui montrer ma détermination. Il fallait qu’il libère Paul !

  • Ah oui ? Comme c’est fascinant ! Répéta Aro, surpris. Tu avais donc raison jeune Bella…il y a bien deux chefs ici…ton…comment dirais-je ? Mari ? et toi-même !

Je déglutis, tentant de calmer la peur qui me tiraillait, puis répétais :

  • Lâchez Paul et nous pourrons discuter.
  • Sais-tu seulement de quoi nous voulons discuter avec toi ? Murmura Aro en approchant son visage si près du mien que je sentis son souffle glacial sur mes joues.

Après quelques secondes où je restais hypnotisée par la couleur vive de ses yeux, j’acquiesçais de la tête.

Je sentis Jacob se hérisser à mes côtés, un grognement me parvint de l’arrière et je sentis mon sang quitter mes veines.

  • Oh messieurs ! Un peu de calme ! Répondit Aro en riant doucement. Je ne veux que discuter car…voyez-vous, tout comme vous, nous sommes soumis au secret de notre existence et notre Bella, ici présente, en connaît beaucoup trop sur nous…et sur vous, à ce que je vois ! Mais, si vous, vous acceptez qu’une simple humaine soit dans le secret, de notre côté, cet arrangement est...inconcevable. Mais nous pouvons toujours nous accommoder, ajouta-t-il en souriant à Jacob.

Ce dernier retroussa les babines et ma panique m’envahit à nouveau.

Aro serra ses deux mains l’une contre l’autre et les plaça devant sa bouche, réfléchissant.

  • Très bien ! Lâchez le fauve ! Déclara-t-il soudain à l’encontre de Félix qui tenait Paul.

Ce dernier mit quelques secondes à comprendre qu’il devait se détacher tout seul et cette fois, il réussit à retirer le collier en cuir d’une seule main. Je compris alors la puissance du pouvoir de César. Lorsqu’il contrôlait l’esprit, il le contrôlait même à distance car Paul n’avait encore jamais réussi à avoir assez de force (ou de volonté ?) pour se détacher, même lorsque César n’était pas là à mon arrivée. Ma cage thoracique me brûlait tellement j’avais peur mais je réussis à expirer un peu d’air lorsque Paul se rapprocha de moi. Je levais les yeux vers lui et vis qu’il semblait ennuyé.

  • Eh non mon cher…il ne faut quand même pas abusé…vous êtes déjà libre…pas de loup ! L’avertit Aro en secouant le doigt comme s’il grondait un enfant. Il souriait mais ses yeux trahissaient toute sa tension.

Je compris alors que César contrôlait à nouveau la volonté de Paul et me demandais combien de personnes il pouvait « tenir » à la fois…

Aro se plaça devant moi et annonça :

  • Maintenant, nous allons discuter charmante Bella.
  • Aro ! Tu te ramollis mon cher, déclara soudain Caïus qui n’avait encore rien dit. N’oublie pas pourquoi nous sommes venus ! Les Cullen nous ont trahi ! Carlisle nous a trahi ! Et justice doit être faite !
  • Oui, oui mon ami, nous allons y venir… je n’ai pas oublié pourquoi nous étions là, répondit Aro en se tournant légèrement vers Caïus qui se tenait toujours derrière lui.

Mais ce dernier fulminait et passa devant Aro pour me faire face. Encadré par ses longs cheveux blonds presque blancs, son visage exprimait une colère difficilement contenue. Impressionnée malgré moi, je baissais les yeux.

 

49 – Je suis un Protecteur et je mourrais ainsi !

La voir comme ça, si petite et si frêle face à ce monstre me donnait l’envie de tous leur arracher la tête mais ils étaient très nombreux et mon instinct me soufflait qu’il y en avait sûrement d’autres ailleurs, qui devaient boucler le périmètre car, c’était clair, nous avions été mené en bateau depuis un petit bout de temps ! Ces sangsues devaient être chez les Cullen depuis des lustres, peut-être même n’avaient-ils jamais bougé d’ici après ma rencontre avec la furie que je ne quittais pas du regard, guettant un mouvement de sa part ou du moins, essayant de prévoir ses intentions … le souvenir de la brûlure que son pouvoir provoquait était bien gravé dans ma mémoire et je savais que j’allais encore y goûter aujourd’hui !

 

Nous pourrions les attaquer maintenant mais Bella était au centre et elle ne survivrait jamais si nous nous battions tous. Je savais qu’à la première occasion, l’un d’eux la mordrait ou la tuerait…elle n’était qu’une humaine et ils devaient tous espérer goûter à son sang pendant que l’autre guignol aux yeux rouges lui faisait son baratin. Leur discussion nous permettait de gagner du temps et d’élaborer un plan d’attaque. Je jetais un regard circulaire à sa garde, essayant d’évaluer nos chances de nous en sortir vivant.

 

Que comptes-tu faire ? Me demanda Sam qui suivait mes pensées.

Ils sont sept mais les deux clowns qui semblent être les dirigeants n’ont pas l’air d’être entraînés au combat…par contre, ils peuvent mordre Bella, répondis-je. Il est trop près et n’hésitera pas une seconde, il la tuera…

La brute épaisse qui tenait Paul a l’air sacrément fort, ajouta Sam.

Oui…et la blondasse n’a pas besoin d’être près de nous pour nous attaquer mais je ne sais pas combien elle peut en toucher à la fois…ça sera l’occasion de vérifier !

Les autres rappliqueront aussitôt si nous attaquons et nous ne savons pas combien ils sont…, me rappela Sam.

Je sais…mais à nous tous, nous arriverons bien à faire déjà pas mal de dégâts dans les sept là…il faudra canaliser la sangsue qui contrôle la volonté de Paul ! Comme ça, il pourra à nouveau muter !

Tu as raison, approuva Sam.

Mais en priorité…il faut mettre Bella à l’abri !Déclarais-je.

 

Mais, soudain, tous mes sens se mirent en alerte maximale lorsque j’entendis le bouffon aux cheveux blancs déclarer :

  • Les Cullen s’étaient engagés mais tout ça n’était en fait que pure mystification pour te sauver ! Cracha-t-il, hargneux. Or, maintenant je remarque qu’ils sont partis et t’ont laissée derrière eux avec tout ce que tu sais ! C’est inadmissible ! Ajouta-t-il d’une voix sifflante.
  • Caïus, prudence mon ami, le prévint le dénommé Aro qui remarqua que nous nous étions tous tendus.
  • Mais…mais je n’ai jamais rien dit sur votre existence, bégayait Bella, paralysée par la peur que ces buveurs de sang nous attaquent. Je ne dirais jamais rien !
  • Nous t’avons laissé une chance parce que tu devais devenir l’une des nôtres ! Encore une fois, je me répète, mais tu as eu de la chance que Aro te laisse du répit…
  • Voyons Caïus…tu connais mes motivations, répondit ce dernier soudain moins joyeux.
  • Justice doit être faite ! Déclara froidement le dénommer Caïus. Carlisle Cullen doit payer pour sa trahison ! Et pour cela, l’objet de sa déloyauté doit être détruit !
  • Caïus, mon cher ! s’esclaffa joyeusement Aro, nous pouvons peut-être encore discuter ?

Son air détendu me rendait encore plus nerveux car je savais que tout n’était que pure hypocrisie ! 

Je grognais et la sangsue aux cheveux blancs détacha son regard rouge sang de Bella pour le poser sur moi, sa bouche formant un rictus de dégoût. Un buveur de sang que je ne vis pas débarquer des bois, arriva et chuchota quelque chose à l’oreille de Aro que je ne parvins pas à capter. Celui-ci perdit instantanément son sourire et déclara :

  • Rappelez Renata ! Tout de suite !

Puis il ajouta en se rapprochant de Bella :

  • Je suis désolé charmante enfant mais vois-tu, il va m’être très difficile de dissuader Caïus et je ne peux pas lui retirer le fait qu’il a raison …dommage que Carlisle n’est pas vu ton potentiel, tu aurais fait un vampire très intéressant avec ce don si particulier…

Il marqua une pause, la fixa intensément, cherchant peut-être encore à trouver un argument pour contrer la décision de son acolyte, puis continua :

  • Maintenant tu n’as plus rien et l’enfant que tu portes est un danger pour notre espèce…, ajouta-t-il en se reculant d’elle. Allez mes amis ! Trêve de bavardages ! Nous avons plus urgent à traiter !

Mon poil se hérissa et je grognais furieusement pour bien lui faire comprendre que ça ne se ferait pas tout seul !

Il fit un geste presque imperceptible et je sentis l’ambiance virer immédiatement. Toutes les sangsues venaient de se mettre en position d’attaque et je lançais à l’intention de mes frères :

Attention les gars, ça va chauffer !

Je me plaçais devant Bella, grognant et défiant du regard quiconque oserait s’approcher d’elle quand soudain, je sentis la brûlure bien familière de la furie me parcourir le corps. Le corps secoué par les spasmes de souffrance, je vis Sam, Embry et Quil se tordre aussi de douleur, leurs cris résonnant dans ma tête avec les miens. Ainsi, elle pouvait en attaquer beaucoup à la fois ! Elle stoppa son attaque et je me relevais d’un bond haletant. Jared, Leah, Seth et les jumeaux étaient restés immobiles.

Nous ne pouvons plus bouger !Me cria Seth.

Quelle bande de pourritures !Cracha Leah.

Ainsi, ils venaient de se partager la tâche avec celui qui contrôlait la volonté et je compris que la bataille allait être rude.

  • C’était un avertissement mes chers amis ! Ricana le bouffon aux cheveux blancs. Laissez-nous Bella sans discuter et nous vous laisserons la vie sauve.

Bella était pétrifiée, perdue au milieu du danger ultime et je me replaçais devant elle, menaçant, bien décidé à me battre jusqu’au bout ! Je ne l’avais jamais vue aussi terrorisée mais je compris soudain pourquoi elle ne se mettait plus en avant comme elle l’aurait fait avant…Bella n’était plus seule, elle ne pouvait plus risquer sa vie…sa main sur son ventre, elle craignait de perdre tout ce qu’elle aimait le plus au monde.

Envahi par la rage, je défiais celui qui se tenait le plus près de moi, la sangsue qui nous retirait notre volonté et grognait férocement. Ce dernier me lança un sifflement venimeux.

La blonde me lança à nouveau son attaque et elle y mit tellement de force cette fois que je dus me mettre à terre, écrasé par la violence du coup. Soudain, sans comprendre, je me retrouvais sous ma forme humaine, cloué au sol.

  • Qu’est-ce que c’est que ça bordel !

La brûlure parcourait ma colonne vertébrale, je n’arrivais plus à muter.

  • Ah ah ah, s’esclaffa le dénommé Aro qui s’était visiblement rangé du côté de l’autre buveur de sang aux cheveux blancs. Je vous présente César et il contrôle les esprits. Et j’ai cru comprendre que seule la volonté vous permettait de vous transformer en vilains croqueurs de vampires, déclara-t-il en riant.
  • Lâchez-les ! Criait Bella derrière moi, une forte souffrance dans la voix.

Je compris alors que nous étions tous à leur merci ! Incapable de retrouver notre loup ! Bella subissait comme nous l’attaque de la furie et je pensais à notre enfant, espérant qu’elle tiendrait le coup malgré la souffrance.

  • Ah ah ah quel spectacle ! Vous voilà bien inutiles à présent ! Ma chère Bella…vous allez devoir faire un choix.
  • Arrêtez ! Hurlait-elle. 

Mais ma capacité à muter était plus puissante que les autres et j’étais surtout plus rapide ! La blondie m’avait lâché et s’en prenait maintenant uniquement à Bella. Pouvant me transformer parfois même sans y penser comme je l’avais fait dans sa chambre, je me concentrais donc et en quelques secondes, je retrouvais ma forme lupine, contrant la force du fameux César mais il ne me lâchait pas. Il intensifia son pouvoir sur moi, si bien que, dès que je me transformais, il me faisait redevenir humain et je recommençais aussitôt. Notre petit combat dura quelques minutes et soudain, je sentis qu’il forçait les choses, se concentrant uniquement sur moi pour me faire plier. Paul réussit alors à bouger et se rapprocha de Bella pour la protéger. Les autres derrière moi, soudain libérés du pouvoir de César, mutèrent également et se mirent en position d’attaque. Leah, Embry et Jared subirent à nouveau l’attaque de la blonde qui s’était réfugiée sur une branche mais les blessait à distance. Seth bondit sur la brute et je vis les « chefs » vampires filer lorsque les jumeaux se placèrent autour de Bella et Paul. Sam se jeta sur celui qui me martyrisait. J’étais donc libéré provisoirement de son pouvoir mais je n’arrivais pas à me relever car la furie m’attaqua à nouveau.

Je compris alors que je devais agir vite.

  • Paul…Paul, s’il te plait. Emmène Bella loin d’ici ! Réussis-je à chuchoter malgré la douleur qui me clouait au sol.
  • Jacob…
  • Ne discute pas …je ne peux plus te donner d’ordre mais je te le demande…sauve là ! Sauve-les ….Protège-les…
  • Non Jake ! Cria Bella, comprenant soudain mes intentions.

Elle se jeta sur moi et les jumeaux se mirent autour de nous, essayant de nous protéger comme ils pouvaient. Leah les rejoignit et je sentais les vampires se rapprocher du cercle que mes frères venaient de former, bien décidés à voler la vie de Bella. Je fixais Paul du regard, lui faisant comprendre qu’il devait tout faire pour la convaincre de le suivre.

  • Non Jacob ! Non ! Me criait-elle mais j’occultais ses cris. Ne fais pas ça ! Je t’en prie ! Jacob !

Elle s’accrochait à mon cou pendant que j’essayais de la dégager. Paul ne savait pas trop comment la prendre sans lui faire mal devant moi.

  • Paul, prends-la ! Prends-la maintenant ! Réussis-je à hurler malgré la souffrance qui m’oppressait la poitrine.

Quand il vit que je la poussais, il finit par se décider et l’emprisonna dans ses bras. Puis, je le vis l’emporter loin de moi, elle hurlait mon nom et je détournais mon regard de cette dernière image que j’avais d’elle pour me concentrer sur mon ennemi.

Je mutais à nouveau et cette fois, ça dura assez longtemps pour que je fonce sur celui qui ne devait plus nous empêcher de nous battre, cette saleté qui venait de rendre Sam à nouveau humain et sur lequel je me jetais de toutes mes forces. Je réussis à le projeter à plusieurs mètres et surpris par mon attaque, il prit la fuite ou plutôt, essayait de m’attirer à l’écart.

Je me retournais vers mes frères et leur criais mentalement :

Battez-vous ! Montrez-leur pourquoi nous sommes nés ! Pourquoi nous existons ! Montrez-leur à quel point vous êtes forts ! Détruisez-les tous ! Jusqu’au dernier…, ajoutais-je en me tournant dans la direction que l’autre avait prise.

 

Seth bondit assez haut pour attaquer la blonde et nous nous lançâmes chacun à la poursuite de nos victimes, laissant nos frères se battrent contre ceux qui restaient.

Je m’élançais et pourchassais cette sangsue, courrant aussi vite que je le pouvais pour ne pas le lâcher. Je le pourchasserais jusqu’à ce que mes crocs s’abattent sur lui pour le déchiqueter de toutes pièces !

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