Evolution
31 – Je refuse sa douleur, je me battrais à sa place s’il le faut !
Lorsque je la vis revenir de la plage par le sentier derrière la maison et que je constatais à quel point son visage était marqué, mon cœur se serra et je courus jusqu’à elle pour l’aider à parcourir la distance qu’il lui restait jusqu’à moi.
- Bella ? Raconte-moi …est-ce qu’elle m’a vu ? M’inquiétais-je.
En guise de réponse, elle hocha la tête, les yeux dans le vide, en continuant à avancer vers le perron. La panique m’envahit mais Bella semblait vraiment mal. Je me dis alors qu’elle se dépêchait t’atteindre un endroit où elle pourrait s’écrouler pour pleurer. Je la pris donc dans mes bras et elle enfouit aussitôt sa tête dans mon cou jusqu’à ce que je la dépose doucement sur notre lit.
Elle m’attira à elle et me serra très fort, puis se mit à sangloter contre mon torse.
- Bella …vous vous êtes disputées ? Qu’est-ce qu’elle a vu ?
- Toi…elle t’a vu…toi…elle a pris une photo de …toi …
Mon cœur s’accéléra violemment, j’imaginais déjà ma gueule faire les gros titres demain :
LOUP GEANT SUR LES PLAGES DE LA PUSH.
« Attention, animal extrêmement dangereux !
Gardez vos enfants enfermés dans vos maisons !
Sortez vos fusils !»
Je me voyais déjà me faire choper puis enfermer dans une cage avec une muselière… me prendre des coups de fouets et recevoir toutes sortes de piqûres…
- Jake…
- Oui ? Répondis-je en sursautant.
- J’ai effacé les photos…
Ma respiration reprit, presque normalement mais je sentais qu’elle avait autre chose à me dire.
- Elle m’en veut…elle est partie…comme ça…elle ne me parlera plus…elle n’a pas compris…Oh Jake ! C’était ma meilleure amie ! Ma seule ! La seule que je n’ai jamais eue…
- Je suis désolé Bella…mais tu as fait ce qu’il fallait…
Elle ferma les yeux et soupira puis me répondit d’une petite voix :
- Je sais…mais c’est si dur de ne pouvoir rien dire…
Je lui caressais les cheveux, ne sachant pas trop ce que je pouvais lui dire pour la consoler. Elle avait fait ce qu’il fallait, elle avait détruit les preuves, elle m’avait sauvé…maintenant, elle allait passer de durs moments à Seattle étant donné qu’Angela allait sûrement lui en vouloir comme elle disait. Elle allait donc se retrouver seule et ça plus notre séparation, je savais que des litres de larmes se profilaient devant elle.
Le réveil du lundi matin fut très douloureux. Les yeux bouffis, elle se leva avec difficulté, comme si elle était brisée. J’avais mal pour elle, je me doutais qu’elle appréhendait de revoir Angela tout en sachant parfaitement qu’il n’y avait peut-être plus rien à faire. Elle posa son regard embué sur moi et je lui souris, souhaitant la rassurer.
- Tu veux que je reste à Seattle cette semaine ? Lui proposais-je.
- Non…
- Je vais au moins t’accompagner jusque là-bas…
- Non, je prends la camionnette et j’y vais seule, assura-t-elle.
- Très bien, répondis-je, un peu déçu qu’elle ne veuille pas de moi pour encore une heure.
- Pardon Jake, murmura-t-elle, consciente qu’elle m’avait vexé. En fait, j’aimerai passer chez Angie avant de partir…au cas où…tu comprends ?
- Oui, bien sûr ! Après tout, elle ne t’en veut peut-être pas tant que ça !
- Elle devait m’appeler hier soir …pour me dire si elle venait avec moi ou pas…
- Ah …je vais t’aider à faire ta valise, annonçais-je, histoire de changer de sujet.
Je l’aidais à monter dans la voiture et lançais en plaisantant :
- Tu crois qu’on arrivera à passer un week-end complet sans larme ni dispute un jour ?
- J’ai passé des moments merveilleux avec toi Jake…, me confia-t-elle, le visage encore tendu par la tristesse. Jusqu’à hier après-midi, c’était vraiment parfait. J’aimerai qu’on fasse ça à chaque fois …
- Ouais mais je ne peux pas virer mon père tout le temps…, marmonnais-je.
Moi aussi j’avais envie que ça soit tout le temps comme ça avec elle les week-ends mais pour ça…
- Je vais demander à Seth de venir m’aider pour accélérer les travaux, annonçais-je sans vraiment y avoir réfléchis avant.
- Sage décision, répondit-elle dans un faible sourire satisfait.
La tristesse dans ses yeux me faisait si mal…tout ça parce qu’elle était sous la même interdiction que nous maintenant … je ne pouvais m’empêcher de penser que si elle souffrait trop de cette histoire, il faudrait peut-être revoir notre position vis-à-vis de cette fille …peut-être que je pourrais aller lui parler moi-même ? Je pourrais lui dire que je fais un élevage de loups mutants ou je pourrais tout simplement lui dire la vérité ?
Ainsi personne n’en voudrait à Bella… elle n’aurait commis aucune faute …
Il me fallut bien une heure pour me remettre de son départ. Mon ventre me brûlait si fort que j’avais du m’asseoir sur la marche du perron et j’étais resté comme ça, prostré, jusqu’à ce que le pick up de Sue arrive devant la maison pour ramener mon père. Je dus faire un effort surhumain pour m’arracher à ma contemplation béate de la route, là où la camionnette avait disparu, et me lever pour aider Billy à sortir de la voiture et à l’installer sur son fauteuil.
- ça y est ? La voie est libre ? Le champ de bataille est désert ? Plaisanta mon père.
- Et toi ? Pour toi aussi la voie est libre ! tu as bien profité il me semble ? le piquais-je, me rappelant la confession de Bella sur Charlie et Sue.
- Oh oui ! Je me suis éclaté avec Seth ! répondit-il, ignorant le ton que je venais d’employer. Nous sommes allés à la pêche toute la journée du samedi, déclara-t-il pendant que je le poussais à l’intérieur.
- Billy retrouve toute sa jeunesse quand il est avec Seth, ajouta Sue dans mon dos.
- Tu es sûre que c’est avec Seth ? rétorquais-je. Ça fait combien de temps que tu n’es pas allé à la pêche avec Charlie ? Tu te rappelles de Charlie ?
Cette fois, Billy tourna ses yeux noirs vers moi, surpris et je stoppais son fauteuil.
- Quelle mouche t’a piqué mon garçon ?
- Je crois que je vais vous laisser, marmonna Sue, toujours dans mon dos.
Je me tournais vers Sue Clearwater et elle baissa les yeux. Son attitude me surprit car elle ressemblait à une gamine prise en faute par son père. J’en profitais pour continuer, bien décider à défendre Charlie !
- Charlie est resté seul ce week-end…il vient d’apprendre que son ex-femme est malade et il n’a vraiment pas besoin qu’on l’abandonne à ce moment-là !
Mon père se renfrogna et je fus soudain écoeuré de les voir là, tous les deux, alors que Charlie devait ressentir une souffrance immense, entre la maladie de Renée et Sue qui n’était pas là. Je leur jetais un regard mauvais et sorti de la maison.
- Jacob, attends !
Malgré moi, je stoppais ma marche. Sue se précipitait sur moi, le visage crispé.
- Jacob…, répéta-t-elle, haletante, luttant contre les larmes. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai besoin de me justifier à tes yeux, ajouta-t-elle.
Je serrais les mâchoires et restais silencieux.
- Lorsqu’elle est venue, il est carrément retourner à ses pieds ! S’indigna-t-elle. Je me suis sentie honteuse ! Il m’aurait giflé que ça m’aurait fait le même effet !
Je compris alors tout de suite pourquoi elle « s’amusait » avec mon père mais Charlie ne méritait pas un tel châtiment ! Je comprenais qu’il pète un plomb depuis qu’il savait pour Renée et je refusais qu’on le fasse souffrir. Je la fixais durement en jugeant bon de préciser :
- Charlie a toujours eu beaucoup d’affection pour sa femme et a toujours espéré qu’elle revienne, même quinze ans après son départ ! Il y a toujours cru ! M’écriais-je. Mais tu as réussi à lui faire voir autre chose ! Sans toi, il serait toujours seul et désespéré ! Comment peux-tu ne pas te battre plus que ça ? Comment peux-tu l’abandonner maintenant, alors qu’il a besoin de soutien ?! Vous parliez mariage ! Lui rappelais-je. Ta jalousie est mal placée Sue !
Nous étions face à face et soudain, je ne vis plus la mère de Seth mais une femme qui avait eu une jeunesse tumultueuse, comme moi, et qui avait aimé plusieurs hommes, comme Bella…
- Jacob, s’il te plait, ne me juge pas… les choses ne sont pas aussi simples …, répondit-elle plus doucement,. Harry…c’est dur sans lui…mais tu le sais, je n’ai pas été très fidèle…et heureusement, il ne l’a jamais su, ajouta-t-elle tristement.
Je ne voyais pas trop où elle voulait en venir mais je la laissais continuer, constatant qu’elle avait besoin de soulager sa conscience.
- Billy et moi avons eu Seth ensemble et il m’a beaucoup aidé pendant la période de mutation des enfants et lorsque Leah est partie … je ne peux pas effacer tout ça Jake ! Même si j’aime beaucoup Charlie, vraiment beaucoup, ajouta-t-elle en rougissant. Mais lorsque je le vois hésiter comme il l’a fait le week-end dernier, je me dis que je ne devrais peut-être plus hésiter moi non plus et faire mon choix !
- Tu aimes encore mon père ! M’écriais-je. Même lorsque tu parlais mariage avec Charlie, tu pensais encore à lui ?
- Non…enfin, je ne sais pas … marmonna-t-elle, le regard soudain perdu.
- Tu vas le détruire …, déclarais-je durement, d’une voix sifflante.
- Ne dis pas ça, couina-t-elle.
Elle leva son visage vers le mien, nos yeux se croisèrent, durement, et avant même qu’elle fasse demi-tour pour rejoindre sa voiture, je savais déjà ce qu’elle comptait faire.
Lorsque le moteur démarra, je me tournais vers Billy qui m’observait attentivement. Je lus dans son regard de la colère mélangée à autre chose que je ne parvenais pas à définir. Mais j’avais passé l’âge de le craindre et sans le quitter des yeux, je répondis à ses injures muettes :
- Dans un mois, la maison sera finie ! Je vais débarrasser ton plancher !
Sa colère se dissipa aussitôt, laissant place à une réelle surprise. J’étais déterminé ! J’en avais assez de tout ce cirque ! C’était à cause de moi (encore) que Billy avait dû passer ses week-ends chez Sue et ces moments intimes à répétition avaient provoqué un autre drame : la souffrance de Charlie.
* * *
La voiture de Charlie se gara encore une fois devant la maison. Il descendit de voiture et cette fois, je décidais de ne pas sortir pour l’accueillir. A travers la fenêtre, je le vis hésiter puis, d’un pas las, il avança jusqu’au perron. Il monta les marches, hésita encore et j’entendis toquer doucement à la porte. Je lui ouvris aussitôt, un léger sourire en coin.
- Salut Paul…, soupira-t-il.
- Vous voyez, ce n’était pas si dur de les monter…ces marches.
- Hum…Comment va-t-elle aujourd’hui ? S’enquit-il, en évitant mon regard.
- Et bien, allez voir par vous-même ! Elle est dans sa chambre…
- Non Paul…je n’en peux plus de la voir comme ça…
- C’est ça ! Abandonnez-la ! Alors qu’elle a besoin de vous !
- Elle ne me réclame pas, affirma-t-il d’une voix triste. Elle s’enfonce un peu plus chaque jour dans sa léthargie…c’est trop dur.
- Elle ne vous réclame pas mais ça lui fera du bien de vous voir. S’il vous plait Charlie, insistais-je.
Des larmes brillèrent dans ses yeux, il prit une profonde respiration et me passa devant. Je le laissais la rejoindre, seul.
Au bout de quelques minutes, je décidais quand même d’aller voir discrètement si tout se passait bien. Je découvris alors Charlie aux pieds de Bella qui fixait toujours la fenêtre, sa tête posée sur son gros ventre, les épaules secouées par des pleures qui ne s’arrêteraient peut-être jamais. En refermant doucement la porte de la pièce, j’eu juste le temps d’apercevoir la main de Bella se poser sur les cheveux de son père.
* * *
32 – C’est ce qui s’appelle faire une mauvaise rencontre !
La villa semblait déserte. Seul le souffle du vent et le frottement des feuilles donnaient un peu de vie à cet endroit. Seulement voilà…il n’y avait pas d’autre bruit que celui du vent qui s’engouffre entre les arbres. Aucun cri d’oiseau, aucun grognement de renard ou couinement de lièvre, le silence était pesant, presque sourd et mon odorat ne me trompait pas.
« Tu ne devrais pas être seul ici Jacob… »
- T’inquiète…je ne fais qu’un tour et je file…
Une créature était là, encore une différente…elle m’observait d’un point culminant sans doute. J’avançais d’un pas et me dirigeais prudemment vers l’arrière de la maison, histoire de vérifier qu’elle n’était pas habitée. Je sentais qu’elle se déplaçait en même temps que moi…curieuse…
« Ne la provoque pas… »
- Lâche-moi ! Elle joue là …
« Je t’aurai prévenu… »
Sa voix était plus forte que d’habitude mais ma folie ne m’inquiétait plus. J’étais sur SON territoire et même si ce fichu traité n’existait plus, je ne me sentais pas à l’aise. Normal que je l’entende me rappeler à l’ordre…
Je ne levais pas la tête, histoire de lui donner confiance en elle…assez pour qu’elle fasse l’erreur de se montrer. Seul, elle avait toutes les chances de me blesser mais elle ne semblait pas vouloir profiter de cette opportunité, ne sachant sûrement pas trop à quoi elle avait affaire. Je trottinais pour accélérer mon inspection. Elle me suivait toujours, rapide, silencieuse.
Un coup de vent balaya la cour, emportant avec lui la puanteur qui me brûla les narines. Elle venait de se rapprocher et je me tendis, prêt à recevoir le coup et à riposter.
Mais ! Qu’est-ce que c’est ? La douleur est insupportable…mon corps me brûle…est-ce que c’est la sangsue qui me fait ça ?
Je me couchais sur le sol, secoué de tremblements tellement la douleur était forte. Ma respiration était coupée et je n’arrivais plus à bouger.
Soudain…La douleur stoppa net. Je parvenais à nouveau à respirer…
Je me levais d’un bond sur mes pattes et levais la tête, scrutant attentivement la cime des pins d’un regard circulaire. Elle était toujours là, je la sentais…ce vampire avait un sacré pouvoir. Encore un truc qui intéresserait Sam ! Mais elle allait être difficile à choper si elle pouvait attaquer à distance…
« Jacob, tu devrais rejoindre la meute… »
- Encore une minute…
J’avais envie de voir à qui j’avais l’honneur…je restais posté, immobile, guettant un mouvement.
Encore cette satanée brûlure ! Bordel, elle n’allait pas me lâcher !
Cette fois, ça dura plus longtemps…je crus même pendant un temps qu’elle allait aller jusqu’au bout mais elle stoppa son attaque, à nouveau.
Je reprenais doucement ma respiration, haletant. Elle venait de me donner un avertissement…la prochaine fois, elle continuerait. Je grognais bruyamment, histoire de répondre à son message puis prenais la direction de mon territoire afin de prévenir Sam.
Mais je n’eu pas le temps d’accélérer. Je vis une ombre noire s’abattre sur mon chemin, coupant mon élan. Ce qui était étrange, c’était que je savais depuis le départ que c’était une femelle et surtout, que son espèce de cape me disait quelque chose … elle rabaissa sa capuche et je crus pendant un moment que j’étais face à une enfant. Mais en l’observant plus attentivement, je vis que ce vampire semblait venir d’une autre époque et donc, avait du être créer depuis très longtemps.
Ses yeux rouge sang me fixaient et sa bouche marquait un pli moqueur. Cette blonde affichait un air si supérieur que je compris tout de suite qu’elle prenait beaucoup de plaisir à torturer ces victimes. Elle était si petite mais une forte puissance se dégageait de sa personne. Elle leva un sourcil, intriguée par mon espèce mais satisfaite. Je restais immobile, guettant ses moindres mouvements, en espérant que je serais plus rapide qu’elle si elle décidait de planter ses crocs sur moi. Je tendais aussi le dos, redoutant une de ses attaques sournoises et douloureuses que je ne pourrais pas voir venir.
- Où sont les Cullen ? Déclara-t-elle soudain, d’une voix blanche.
Je ne la quittais pas du regard, qu’espérait-elle ? Que je me transformerais pour lui répondre et être ainsi encore plus vulnérable que je ne l’étais déjà, seul avec elle ?
- Ont-il emmené Bella Swan ?
Cette fois, je reçus une décharge mais elle ne venait pas d’elle ! Mon cœur avait du mal à reprendre son rythme. Comment connaissait-elle Bella ? Je sus que si je voulais avoir des réponses, je n’avais plus le choix ! Je me déplaçais alors derrière un arbuste pour muter.
- Qu’est-ce que vous lui voulez à Bella Swan ? Répondis-je, hargneux.
La sangsue blonde me détailla avec ce léger sourire en coin, qui décidemment ne la quittait pas, me faisant comprendre clairement qu’elle aurait aimé en voir un peu plus.
- Peu importe…sais-tu si les Cullen sont partis avec elle ?
Elle s’approcha un peu, je me tendis.
« Attention Jacob… »M’avertie la voix qui ne m’avait toujours pas abandonnée.
- Ainsi c’est avec des mutants de ton espèce que les Cullen ont fait alliance ? constata-t-elle d’une petite voix aigue. Aro se doutait bien qu’ils n’avaient pas agi seuls contre les nouveaux-nés.
Je ne savais absolument pas de qui elle parlait, étant blessé le jour de ce fameux combat, mais j’avais vu à travers les pensées de Sam que les Cullen avait voulu cacher notre existence à des membres de leur espèce.
- Tu les connaissais donc bien…, ajouta-t-elle.
Son attitude devenait menaçante. Je me dandinais, essayant de réfléchir à ce que je pourrais bien lui raconter lorsqu’elle hurla d’une voix trop forte par rapport à sa taille:
- Réponds sale chien !
Et avant même qu’elle le fasse, je savais déjà que j’allais souffrir. Sous ma forme humaine, la douleur était encore plus puissante…je dus me mettre à genoux car mes jambes ne me portaient plus. Je serrais le dents pendant qu’elle me lançait une seconde attaque et ça dura si longtemps que je me mis à crier de toutes mes forces.
- Réponds ! Hurla-t-elle à nouveau pendant que je tentais de reprendre mon souffle.
Elle avait arrêté mais je savais qu’elle ne me laisserait pas beaucoup de répit.
- Oui…ils sont partis…et oui…je pense qu’ils ont emmené Bella Swan …, mentis-je.
- C’est donc pour ça que je ne sens plus son odeur…, murmura-t-elle à elle-même. Alors si elle est avec eux, c’est qu’ils l’ont transformée, Parfait ! Ce fut un plaisir de vous rencontrer, ajouta-t-elle sur un ton plein de courtoisie qui me donna la nausée.
Je lui lançais un regard noir et elle haussa les épaules avant de filer sans même que je ne la vois partir.
Celle-ci, même à plusieurs, on aurait du mal à la choper si elle revenait, pensais-je.
Mais son monologue ne m’avait pas échappé ! Je ne sens plus son odeur … pourquoi ne sentait-elle plus Bella ? Parce qu’elle vivait entre la réserve et Seattle ? Ou parce que mon sang avait modifié son parfum ? Ou parce qu’elle allait bientôt muter ? Je frissonnais rien qu’à l’idée…
…et sa cape gris-noire…je l’avais déjà vu mais où ?
Sam n’accueillit pas mon récit avec optimisme. Pour lui, cette buveuse de sang reviendrait dès qu’elle se rendrait compte que Bella était toujours à Forks.
- Je lui ai dit qu’elle était partie avec eux, répétais-je.
- Et si elle trouve les Cullen ? Elle se rendra bien compte que tu as menti et elle reviendra ! Son pouvoir a l’air très puissant…
- Oui…, confirmais-je.
- Ta femme a beaucoup d’ennemis chez les vampires, ajouta Sam, inquiet.
- Et alors ? Ripostais-je. Nous saurons la protéger non ? Elle était seule ! C’est vrai qu’elle est forte mais à nous tous, nous l’aurons !
Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à son sourire suffisant. Cette fille n’avait pas eu peur de moi…pas comme ce fameux Laurent ou Victoria, qui avaient tout de suite compris que nous les tuerions. Elle…elle pouvait nous blesser à distance, peut-être même nous tuer…cependant, je me demandais combien de personnes elle pouvait toucher avec son pouvoir ? Si ça se concentrait que sur une seule, alors on avait toutes nos chances. Il faudrait voir sa réaction si elle se trouvait face à toute la meute.
- Est-ce que tu peux reprendre contact avec Edward ? me demanda brusquement Sam.
- Non… je n’ai pas eu de réponse, déclarais-je, sachant qu’il avait vu le souvenir de mon coup de téléphone désespéré.
Mes monologues de fou avec Edward ne pouvaient pas s’appeler « reprendre contact ».
- Alors, il ne nous reste plus qu’à attendre, déclara-t-il.
33 – Si seulement je pouvais arrêter tout ça…
En rentrant à la maison, je me dirigeais aussitôt vers mon chantier, bien décidé à atteindre l’objectif que je m’étais fixé la veille: continuer et finir au plus vite notre maison ! Je ne fus pas surpris d’y trouver Seth qui avait déjà commencé sa part du travail. Ce gamin me faisait rire. Avec lui, pas besoin de téléphone ou de parler, il était connecté à mon esprit en permanence et son seul souci était mon bien-être, me rendre service, me faire plaisir, être là dès que j’avais besoin…il était littéralement à mes pieds et curieusement, je n’avais pas envie de le jeter. Je savais qu’il en avait besoin, pour rattraper le temps…
La pluie avait recommencé à tomber et je soupirais, sachant que ça serait plus difficile pour travailler.
- Tu comptes en parler à Bella ? M’accueillit Seth, qui avait vu ma rencontre en direct dans mon esprit.
- Je ne sais pas ce que je compte faire…, répondis-je après un temps de réflexion.
- Je sais que tu n’arrives pas à joindre Edward mais si tu veux, je peux partir à sa recherche ?
- Et parcourir le tour de la Terre ? Seul ? Tu plaisantes ! Rétorquais-je. Mais ton dévouement me touche Seth…ne t’inquiète pas…on saura protéger Bella.
- Jake, j’insiste, déclara Seth en posant une planche à terre. Si je pars maintenant, je le trouverais avant une semaine, je le sais !
Il n’avait jamais été aussi sérieux et surtout aussi inquiet. Il avait beaucoup d’affection pour Bella et cette sangsue était très puissante. Seth doutait-il de nous ?
- Et qu’est-ce qu’il y fera de plus Edward ! M’écriais-je. Je ne sais pas trop ce que les Cullen avaient convenu avec cette fille mais elle s’attendait à trouver Bella en vampire ! Or, ce n’est plus d’actualité il me semble…
- Jacob, ça fait des jours que cette fille et d’autres traînent à Forks et jouent à cache-cache avec nous…maintenant, on sait ce qu’elle voulait. Elle va chercher les Cullen, pour avoir confirmation…
- Je sais, soufflais-je.
Le fait est que j’avais un très mauvais pressentiment ! Si ce vampire n’avait pas encore trouvé les Cullen, c’est qu’ils étaient bien « cachés » pour eux et qu’elle ne les trouverait pas facilement. Mais Bella ? Seule à Seattle, elle était si vulnérable …et si je la faisais revenir ici ? Les vacances approchaient, elle serait plus en sécurité près de nous …Seattle, c’était loin, c’était grand mais c’était loin de moi. Et sa mutation ne tardait pas …ça aussi je le sentais au fond de moi. La fièvre allait bientôt la consumer et il valait mieux qu’elle soit près de moi quand ça arriverait. Ou alors qu’elle soit très loin ! Pour ralentir le processus. Cette idée me plaisait moins…l’un dans l’autre, Bella ne devait plus rester seule…
C’était décidé, j’allais la chercher !
- Seth, désolé mais je vais devoir te laisser.
- Tu la ramènes ici…, affirma-t-il dans un demi-sourire, sachant parfaitement quel chemin mon esprit venait de faire.
- Oui, je crois que c’est mieux…
Seth était derrière moi quand je commençais déjà à retirer mon tee-shirt.
- Compte sur moi ! Je continue la maison.
- Merci Seth, vraiment … j’aurai du t’appeler depuis longtemps. Je suis vraiment un…
- Laisse tomber ! Me coupa-t-il. Je sais très bien dans quel état d’esprit tu es depuis quelques temps.
Je hochais la tête, le remerciant à nouveau. Je m’apprêtais à muter devant lui lorsque je croisais son regard et j’y lu toute la détermination dont j’étais capable lorsque j’avais quelque chose en tête.
- Attends un peu…tu viens avec moi à Seattle ! ordonnais-je.
- Mais, et la maison ? demanda-t-il.
- Arrête de me prendre pour un imbécile ! Tu avais hâte que je déguerpisse pour pouvoir filer chercher Edward !
- Tu l’aurais vu avant même que je quitte la Push de toute façon, marmonna-t-il.
- Seth…c’est hors de question que tu partes seul à la recherche des Cullen ! Si ça doit se faire, alors nous irons, mais ensemble ! Insistais-je. Je refuse que tu croises le chemin de cette furie sans que je sois là…elle n’hésiterait pas, crois-moi.
Il baissa les yeux puis haussa les épaules. Il savait de toutes façons que ça ne servait à rien, je ne le laisserais pas faire.
- Viens avec moi, ne m’oblige pas à te donner un ordre Seth…
- Ok…
Sur le campus, c’était apparemment la pause déjeuner car il y avait beaucoup de monde à l’extérieur du bâtiment. Je n’avais pas prévenu Bella mais il me suffisait de trouver sa chambre…ça ne devait pas être bien compliqué. Je n’hésitais pas et traversais la cour en direction du hall d’entrée. Seth resta à la grille.
Je n’étais venu qu’une fois dans ce bâtiment et j’étais passé par la fenêtre. Je dus donc réfléchir à deux fois avant de trouver le chemin qui menait aux étages pour atteindre sa chambre. Je croisais beaucoup de monde mais personne ne fit trop attention à moi, vu le nombre d’étudiants qu’il y avait sur ce site.
Au quatrième étage, je frappais à une porte qui me paraissait être la bonne mais personne ne répondit. Je frappais à nouveau et la porte d’à côté s’ouvrit sur le visage sévère d’Angela.
- Jacob ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Où est Bella ? Demandais-je précipitamment, oubliant même de la saluer.
- Je ne sais pas…
- Angela, je sais que vous vous êtes disputées mais s’il te plait, aide-moi.
- Je ne sais pas où elle est Jacob…, répéta-t-elle froidement.
Je sentais que sa colère n’était pas tombée. Bella avait du encore bien pleurer depuis hier face à l’attitude distante de son amie.
- Ok Angela…puisque tu le prends comme ça, répondis-je assez sèchement. Mais saches que pour Bella, tu prends énormément de place dans sa vie et ton attitude à cause de cette histoire de photos est vraiment un truc de gamine !
Je vis Angela blanchir et s’appuyer doucement contre la porte. Son cœur venait de s’accélérer violemment et j’espérais que ma remarque la ferait réfléchir.
- Ecoute Jacob…ce n’est pas seulement pour cette histoire de photos que j’en veux à Bella, déclara-t-elle avec moins de colère dans la voix. C’est parce qu’elle a un secret et qu’elle ne veut pas le partager avec moi ! Et elle prétend être mon amie ! Mais elle n’a pas confiance en moi … et puis désolée mais, je ne sais pas si tu es au courant, l’année dernière, des bêtes ont été vues dans nos bois, des bêtes monstrueuses qui ont tué des gens ! On parlait de loups ou d’ours, j’en ai même vu un ! Et dimanche…sur cette plage…ce que j’ai vu dépassait mon imagination ! Et je sais que c’était une de ces bêtes que les autorités traquaient dans les bois ! Bella sait où ils se cachent et elle n’a rien dit à personne !
- Peut-être parce qu’elle pense qu’elles ne sont pas dangereuses, répondis-je doucement.
- Alors tu sais toi aussi où elles se trouvent…, rétorqua-t-elle avec un léger sourire en coin.
Je la fixais durement, me demandant ce que je devais faire avec elle. Allait-elle laisser passer cette histoire ou creuser jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité ? Pouvait-on lui faire confiance ? Probablement …mais nos lois tribales nous interdisaient clairement de révéler notre existence aux humains…j’avais déjà failli enfreindre la règle avec Bella. Maintenant qu’elle s’était imprégnée, ça ne posait plus de problème mais avec Angela…quoi faire si sa détermination la menait jusqu’à nous ?
Je décidais de prêcher le faux pour obtenir le vrai, histoire de savoir où elle en était.
- Tu as donc donné une photo aux autorités ou à un journal ?
- Bella m’a tout supprimé ! Rétorqua-t-elle. Mais Ben a un ami qui peut me récupérer tout ça sur ma carte…ça va juste prendre un peu de temps.
- Et ensuite ? Demandais-je.
- Ensuite oui, je donnerais cette photo aux autorités. Et dommage pour Bella…car les autorités, c’est son père !
Je serrais la mâchoire puis, sans même la saluer, je laissais Angela en plan, me disant qu’on règlerait ce problème plus tard et redescendis les escaliers à toute vitesse. Je m’apprêtais à ressortir dans la cour quand j’entendis :
- Eh Black !
Je me retournais pour voir Mike s’avancer vers moi, l’air alerté.
- J’allais essayer de te prévenir…je ne savais pas encore comment j’allais faire…parait que tu n’as pas de téléphone sur toi… c’est quand même fou à notre époque ! Mais voilà…tu es là …enfin bref !
Il essayait de reprendre sa respiration mais on n’avait pas le temps pour ça.
- Dis-moi ce qu’il s’est passé ou je t’en colle une ! m’écriais-je, avec une furieuse envie de le secouer violemment pour qu’il parle plus vite.
Ce mec avait un don spécial pour m’énerver !
- Eh t’énerve pas vieux ! Bella est aux urgences !
- Quoi ?!
Bon sang ! Avait-elle muté ? Ou bien avait-elle la fameuse fièvre avant la transformation ? Le vampire l’avait-elle trouvé ? Ma tête bouillait si fort que je dus faire un terrible effort pour me concentrer sur la voix de Mike.
- Les détails je ne sais pas, mais elle s’est battue avec une blonde…une fille qui l’avait déjà cherché il y a quelques temps …elles se connaissaient apparemment…
Bella ne m’avait jamais parlé de ça ! Et comment en était-elle arrivée là ? Bella se battre …après sa faim irrationnelle de viande crue, elle devenait violente…Je me sentais soudain très mal.
- Où est l’hôpital ?
- A cinq minutes d’ici, direction du centre…
Je filais déjà lorsque je l’entendis crier :
- Un bâtiment bleu !
Seth me vit arriver en courrant et s’écria :
- Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
- C’est Bella, il faut que je la trouve ! vite !
Nous courûmes rapidement dans les rues, je ne me souciais plus de savoir ce que les gens pouvaient penser de notre vitesse…il fallait que je trouve Bella au plus vite. Je vis le fameux bâtiment bleu et l’entrée était sur la rue. Je m’engouffrais dans le hall, suivi de près par Seth et j’atteignis la porte des urgences en moins de deux.
- Bella Swan ? Demandais-je brusquement à une infirmière qui se tenait à l’accueil. Une étudiante que vous venez de recevoir, qui s’est battue …, précisais-je.
Cette dernière phrase me faisait un drôle d’effet. Je n’aurais jamais pensé que Bella en arriverait là…
- Ah oui…salle 2, répondit-elle. Mais elle est avec un médecin ! cria-t-elle pendant que je fonçais dans le couloir.
J’ouvris la porte brutalement et mon cœur bondit lorsque je la vis, assise sur le lit, une infirmière lui nettoyant le visage plein de sang.
- Jacob ! S’écria-t-elle, le visage soudain radieux malgré le bleu que je voyais sur sa joue.
A ces côtés, tout plein d’instruments qui ne m’inspiraient rien de bon et ma réaction fut immédiate. Je fonçais sur elle et la pris dans mes bras.
- Mais monsieur ! Vous ne pouvez pas la sortir maintenant ! Objecta l’infirmière
- Si elle va très bien !
- Non, elle saigne ! Elle ne va pas bien ! Insista-t-elle en se mettant devant moi.
- Poussez-vous bordel ! Sifflais-je durement.
- Jacob…, murmura Bella qui me regardait faire, sans comprendre. Jacob…qu’est-ce qu’il se passe ?
- Rien …
Seth nous laissa franchir la porte, ahuri devant ce que je venais de faire, et nous suivait pendant que je traversais le couloir, Bella toujours dans mes bras.
- Jacob, arrête tes conneries ! Regarde-la, elle saigne ! Elle a besoin de points de suture ! M’arrêta Seth alors que j’atteignais la porte.
- On lui en fera ! Je ne veux pas qu’ils te touchent ! ajoutais-je en posant mon regard sur Bella qui me fixait toujours, sans oser m’interrompre. Je ne sais pas comment est ton sang maintenant …ils ne doivent pas te faire de prélèvements !
- Mais Jake, c’est de la folie…elle ne va pas muter ! Enlève-toi ça de la tête ! S’écria Seth, dont la voix trahissait une grande inquiétude.
- Bella, je veux que tu rentres à la maison ou…ou que tu ailles chez ta mère, déclarais-je, occultant les remarques de Seth à mes côtés.
- Quoi ? murmura-t-elle, soudain brisée à l’idée de me quitter.
- Je ne t’ai pas tout dit mais …mais nous avons senti des vampires à Forks…, expliquais-je.
- Quoi ? Les Cullen ? Demanda-t-elle, surprise.
- Non…c’est autre chose…j’en ai rencontré une.
- Peut-être une amie à eux ? Espéra-t-elle.
- Non, ça je ne crois pas…J’ai peur que leur présence…
Je m’arrêtais et plongeais mon regard complètement angoissé dans le sien. Elle me caressa la nuque, tentant d’apaiser ma peur et murmura :
- Quoi…dis-moi…
- J’ai peur que ta mutation s’accélère à cause d’eux Bella…ils se rapprochent de plus en plus souvent, ils jouent avec nous et un jour, tu vas les sentir aussi.
Elle baissa la tête puis l’enfouit dans mon cou, les larmes aux yeux.
- C’est pourquoi je préférerais que tu acceptes l’option d’aller chez ta mère, ajoutais-je, finalement décidé sur mon choix.
- Non Jacob, je t’en prie, pleurait-elle sur mon épaule. Si ça arrive, je veux être près de toi…je t’en supplie Jacob, ne m’envoie pas si loin, tu me protègeras.
- Jacob, Bella saigne beaucoup là…, murmura Seth à mes côtés.
Je posais mes yeux sur elle et vis un long filet de sang couler sur sa joue puis dans son cou. Ma peur me paralysait l’esprit, je n’arrivais plus à réfléchir correctement. Surtout depuis que j’avais subi les foudres de la buveuse de sang…elle qui cherchait Bella et qui reviendrait sûrement pour finir le travail que les Cullen n’avaient pas terminé. Mais d’ici là, Bella serait peut-être devenue un autre monstre…Je fixais une de ses larmes qui coulait doucement le long de sa joue, se mêlant à son sang puis je levais mes yeux sur Seth qui attendait patiemment que je change d’avis, n’osant pas s’interposer. Je repris alors Bella dans mes bras et entrais à nouveau aux urgences en lui disant :
- On parlera de tout ça plus tard…
L’infirmière m’ouvrit la porte sans rien dire. Je déposais Bella sur le même lit où je l’avais arrachée cinq minutes plus tôt et la femme s’approcha avec un coton pour finir son travail. Seth posa sa main sur mon bras en murmurant :
- Viens, on va attendre dehors.
Bella me sourit tendrement et je lui rendis son sourire, calmé.
- Pas de piqûre ! Ordonnais-je quand même à l’infirmière avant de quitter la salle.
- Je n’en ai jamais eu l’intention Monsieur, répondit-elle sur un ton léger, me faisant clairement comprendre que mon attitude avait été excessive.
Seth m’attira vers l’extérieur et m’invita à m’asseoir, en attendant que Bella soit recousue.
34 – Il avait raison
Jacob me raccompagna jusqu’à ma chambre qui était déserte car Angela était en cours. Je le fis entrer, voulant me blottir contre lui quelques instants avant qu’il ne reparte pour Forks. Car il avait finalement accepté mon choix : celui de rentrer à la Push plutôt que de partir si loin de lui, même si ça me ferait plaisir de passer du temps avec Renée, je préférais rester près de Jake, j’en avais besoin ! Seattle était la limite que je pouvais supporter…
Nous avions convenu que je partirais dans deux jours car je devais préparer toutes mes affaires et, secrètement, je voulais me laisser encore un peu de temps au cas où j’arriverais à parler à Angela avant cette semaine de vacances. Car, j’avais vu juste…Angela était très froide, distante, espérant que je lui explique clairement les choses, or, c’était impossible et je ne savais plus comment faire pour lui parler sans aborder ce sujet…pourtant, je le sentais, elle était prête à me pardonner mon geste incompréhensible mais en échange, je me devais de lui fournir une explication et c’était impossible !
Jake me caressait le dos et sa chaleur me faisait un bien fou. En respirant son parfum, je me dis qu’il allait encore beaucoup me manquer.
- Alors dis-moi, c’est quoi cette histoire avec cette fille ?
- C’est ton ex, murmurais-je en le serrant plus fort contre moi.
- Je n’ai pas d’ex Bella …
- Celle que j’ai frappée cet été, précisais-je en me mordant les lèvres.
- Quoi, la blonde ? ! S’écria-t-il, réellement surpris.
- Oui…elle est ici, dans la même université que moi et …elle me cherchait depuis la rentrée.
- Comment ça elle te cherchait ?
- Ça n’a plus d’importance Jacob…, répondis-je en me passant un doigt sur ma cicatrice toute fraîche à l’arcade sourcilière.
- Elle est encore vivante au moins ? s’inquiéta-t-il, plaisantant à demi.
J’acquiesçais en levant la tête vers lui.
- Tu comptes recommencer à te battre avec elle ? demanda-t-il d’une voix sévère.
- Non, je te le promets …
Il me berça doucement, ma réponse semblait le satisfaire. Par contre, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’il avait dit sur les vampires.
- Comment était celle que tu as rencontrée ?
Jacob comprit tout de suite de quoi je parlais. Il se tendit en soupirant.
- Petite, blonde…avec une cape noire…et un fort pouvoir de…
- De souffrance, le coupais-je, en fermant les yeux, soudain envahie par un mauvais pressentiment inexplicable.
- Oui… Tu la connais apparemment…
- Jane…, me rappelais-je soudain dans un flash. Elle t’a fait mal ? M’inquiétais-je.
- Non, tu penses ! Rigola-t-il. Ouais, elle m’a fait vachement mal ! Mais elle ne m’a pas tué…depuis quand la connais-tu ? demanda-t-il plus sérieusement.
- Je l’ai rencontrée en Italie, répondis-je, l’esprit soudain envahit par toutes sortes d’images monstrueuses…des vampires terrifiants, un endroit glacial, des cris, la peur…
- Elle semblait s’attendre à te voir en vampire, murmura-t-il tristement, interrompant mes pensées.
- Oui, Edward avait passé un marché avec les Volturi…je m’attendais à leur visite un jour ou l’autre, expliquais-je.
- Ça n’a pas l’air de te faire peur ? S’inquiéta-t-il.
- Non puisque je suis avec toi.
- Bella, cette fille a un pouvoir très puissant, elle pourrait te blesser.
- Je ne risque rien…
- Elle n’a pas besoin d’être près de toi, tu sais…elle peut…
- Oui je sais Jake…, le coupais-je à nouveau. Mais son pouvoir n’a aucun effet sur moi. C’est comme Edward qui ne pouvait pas lire mes pensées…c’est toujours mon espèce de bouclier, ce truc qui me rend imperméable à tout ça …je pense que c’est ce même bouclier qui m’a empêché de m’imprégner de toi au début…
En y réfléchissant, je ne voyais que cette explication.
- Mais si elle veut, elle peut te transformer ou te tuer, avec ses crocs…, continua Jake. Histoire de finir le boulot…
- Pour ça, il faudrait qu’elle ait le courage de m’approcher et comme je suis toujours avec toi…
- Pas quand tu es ici…, souffla-t-il, le regard inquiet.
- Alors reste toujours près de moi…, chuchotais-je en collant mon front contre le sien.
- Tu sais bien que c’est impossible…
Je me blottissais à nouveau contre lui, les larmes menaçant de couler brusquement. Je venais de réaliser que j’allais me retrouver bien seule dans quelques minutes et soudain, l’idée de retourner illico à la Push, comme Jake me l’avait proposé, me parut vital.
- Bella, l’échéance se rapproche, murmura-t-il à mon oreille. J’aurai quand même préféré que tu ailles chez ta mère…
- Jacob, si ça doit arriver, ça arrivera ! Répétais-je. Et je ne veux pas aller chez Renée tout de suite. Je veux rentrer à la maison, être près de toi…
Il me serra plus fort contre lui en soupirant, sachant que ça ne servait à rien d’essayer de me faire changer d’avis, et j’enfuis mon visage dans son tee-shirt pour profiter de lui encore quelques instants. Puis, une fois que je me sentis prête, je me dégageais en douceur et il me lâcha complètement, malheureux.
- Bon, je vais te laisser alors…il fait nuit, Angela va bientôt revenir et vu son état d’esprit, elle serait capable de signaler ma présence ici.
- Oui…tu as raison, murmurais-je, la gorge serrée. Et puis Seth t’attend dehors.
- Bonne chance si tu veux la raisonner, ajouta-t-il, sachant parfaitement pourquoi je voulais attendre deux jours pour rentrer.
Jacob me connaissait bien…
Je hochais la tête, ne souhaitant rien ajouter car j’étais consciente que la tâche allait être rude. Il se rapprocha de moi pour m’embrasser et je m’accrochais à ses épaules, sentant que ma nuit allait être insupportable. Il rompit notre étreinte et s’apprêtait à quitter la chambre lorsque je l’arrêtais.
- Attends !
Je fonçais vers l’armoire et pris le tee-shirt que j’avais emporté avec moi le premier jour. Jake afficha un certain étonnement lorsque je lui tendis le vêtement.
- Laisse-moi le tiens s’il te plait, demandais-je.
Sans discuter, il retira celui qu’il portait et me le posa dans la main, en échange de l’autre. Je caressais la peau si chaude de son ventre pendant qu’il enfilait le vêtement, puis serrais mon nouveau doudou contre mon cœur, heureuse d’avoir quelque chose à lui pour respirer son parfum.
- Bella, tu es sûre que ça va aller ?
- Oui, soufflais-je, je t’appelle si ce n’est pas le cas. File maintenant !
Jacob m’obéit aussitôt et je restais un long moment, prostrée dans cette pièce, à fixer la porte qu’il venait de fermer, constatant que je ne lui avais toujours pas parlé de la visite de Carlisle.
Au bout d’un moment, je finis par m’allonger sur le lit, repensant à tout ce qu’il s’était passé aujourd’hui… cette colère incontrôlable lorsque cette furie m’avait pris le téléphone des mains alors que je voulais appeler Jake puis mon esprit vagabonda vers l’Italie, où l’image de Jane me revenait avec une étonnante précision.
A cet instant, mon appareil vibra et le numéro de Renée s’afficha. Mon cœur bondit de joie et je répondis aussitôt :
- Maman !
- Bonjour ma puce…comment vas-tu ?
- C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça…, répondis-je, soudain submergé par une vague de tristesse.
Spontanément, je serrais plus fort le tee-shirt de Jake contre mon cœur.
- Je vais très bien Bella, j’ai commencé les exercices de mémoire, l’équipe avec laquelle je travaille est formidable ! Franchement, c’est un plaisir.
- Maman…comment peux-tu dire ça ? M’indignais-je.
- J’essaie de rendre ça plus agréable Bella…
- Oui…, répondis-je, la gorge serrée.
- Sinon, comment te sens-tu ma chérie ? Insista-t-elle sur un ton joyeux.
- Je vais bien…
Je préférais éviter de lui parler de mon histoire avec la blonde et surtout, de mes points de sutures !
- Pas encore de nausée ? Continua-t-elle.
- Comment ça ? Demandais-je, surprise.
- Et bien…tu sais …, ajouta-t-elle, un peu embêtée.
- Non je ne sais pas, avouais-je.
Le silence se fit au bout du fil.
- Bella, est-ce que tu te protèges avec Jacob ?
Je sursautais, ne m’attendant pas du tout à cette question.
- Non…, finis-je par répondre après un moment de réflexion.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle calmement.
- Parce que …
- Parce que ? Répéta-t-elle.
En fait, ça ne m’avait jamais, mais jamais, traversé l’esprit ! Et je rougis de honte face à cette constatation. Comment avions-nous pu ne pas y penser ? Ne serait-ce que même une fois ? Je réalisais que pour moi comme pour lui, il n’y avait pas à le faire…que, sans même en parler, nous refusions cette protection.
- Bella ? Insista ma mère. Bella, tu sais que c’est très important ! Je pensais que ton père et moi avions été assez clairs à ce sujet ! Tu sais qu’il y a des dangers et ne va pas me sortir que Jacob n’est pas malade parce que c’est un loup !
Comme je ne répondais pas, ma mère soupira.
- Ma puce, est-ce que tu y as pensé seulement ?
Non…et je n’arrivais pas à lui dire. Je me sentais honteuse et stupide, ne comprenant pas pourquoi nous n’en avions jamais discuté lui et moi, comme si ça ne s’appliquait pas pour nous !
- Si Jake s’est imprégné de moi c’est que je suis la seule à pouvoir lui donner des enfants…, expliquais-je d’une voix assurée, soudain certaine de la raison pour laquelle je n’avais pas envisager de préservatif.
Parce que concernant les maladies transmissibles, je savais que pour Jacob, j’étais sa première et surtout, oui, c’était peut-être débile de penser ça mais pour moi, il ne pouvait pas être malade ! Et j’avais reçu tellement de sang de lui que si ça avait été le cas, nous aurions été malade tous les deux. Mais mes parents ne savaient pas ce qu’il m’était arrivé sinon ils auraient eu une attaque.
- Donc tu ne t’es jamais protégée…, soupira ma mère.
- Non …
- Bella…si tu manges autant, c’est que tu es enceinte.
Mon cœur fit un bond si fort que ma respiration se coupa. Je sentis soudain une grande joie m’envahir, comme une envie de rire ou de chanter…je me relevais en position assise sur le lit, le cœur battant.
- Tu crois ? Demandais-je, la voix remplie d’excitation.
Bon sang ! Si seulement c’était vrai ! Pensais-je en posant instinctivement ma main sur mon ventre.
- Je pensais que tu t’en serais rendue compte maintenant…, marmonna Renée.
- Comment le sais-tu? M’étonnais-je.
- Je m’en suis doutée quand je t’ai vue manger autant chez Sue et à ton teint aussi… je n’ai pas osé aborder le sujet car je voulais vous laisser le plaisir de le découvrir par vous –mêmes mais je vois que c’est loin d’être le cas…, m’expliqua-t-elle, contrariée. Enfin Bella, tu n’es pas à l’écoute de ton corps ? S’indigna-t-elle.
- Bah si mais on n’avait autre chose en tête en fait…, rigolais-je.
Jacob allait être fou de joie ! Et moi, je l’étais déjà !
- Ça ne t’inquiétait pas de manger autant ? Insista ma mère.
- Si…mais je pensais que…on pensait que c’était du à autre chose, marmonnais-je.
- Mais à quoi ? S’étonna-t-elle.
- Je ne t’ai pas tout raconté maman …
Enfin, ça expliquerait pas mal de choses !
- Maman ? demandais-je soudain, l’esprit envahit par des milliers de questions.
- Oui ?
- Est-ce que attendre un bébé peut provoquer une envie de viande ? Demandais-je, sentant que ce point fâcheux allait vite s’éclaircir.
- Oui bien sûr !
- Même crue ? Insistais-je.
- J’étais végétarienne avant toi ma chérie, ton père a halluciné la première fois que je lui ai volé son steak dans son assiette…
- Ah oui ?! M’écriais-je, heureuse que ces envies n’étaient finalement pas les prémices d’une mutation insensée.
- Oui, c’est de famille ma puce et vu la nature du père de ton enfant, je me doute que tes envies doivent être décuplées !
- Ça oui…
J’étais ivre de bonheur et je ne pus m’empêcher d’être surprise par ce sentiment. Soudain, un flash me revint en mémoire : j’entendis la voix d’Edward me dire « Tu es jeune Bella et tu es hélas trop jeune pour ressentir cet instinct maternel qui habite toutes les femmes de la terre… je veux te voir porter la vie, être encore plus belle que Sarah, je veux voir ton teint rosir lorsque le bébé te donnera des coups dans le ventre, lui donner le sein quand il sera dans tes bras, rire de ses caresses et veiller à sa vie comme si c’était la tienne…». Je souris avec bonheur puis un nouveau flash me submergea : le visage en pleurs de Rosalie qui me demandait « Si tu savais comme je t’envie… pense à moi le jour où…»
Voilà Rosalie, le jour est arrivé, pensais-je. Oui, je le sens au fond de moi…
Je me sentais soudain moins seule.
- Bella ? Me coupa ma mère, inquiétée par mon silence.
- Oui…oui je vais bien maman. Je suis si heureuse ! Si tu savais …
- Moi aussi ma chérie ! Je pense revenir ce week-end et rester pour les vacances, au cas où tu aurais besoin de moi.
Cette nouvelle me rendit encore plus heureuse. Ma mère revenait très vite finalement ! Mais je ne pus m’empêcher de penser que son retour cachait peut-être autre chose ? Etait-ce vraiment ma « grossesse » ou avait-elle décidé de revenir plus souvent dans ce monde magique que je lui avais présenté ? Revenait-elle pour mon père ? L’image de ce dernier, anéanti par la maladie de ma mère, impuissant face à l’éloignement de Sue s’imposa à moi…. Mais quelle importance! Elle allait revenir près de moi, à Forks, au moment où j’avais le plus besoin d’elle.
Nous parlâmes encore pendant quelques minutes puis elle raccrocha et je me rallongeais sur le lit, le cœur battant, un sourire sur les lèvres qui n’était pas prêt de s’effacer.
Je repensais alors à mon cours sur les loups et à cette révélation sur les Alpha, que seuls le couple de dirigeants procréaient…Emily allait accoucher pendant l’hiver, moi, si je comptais bien, ça serait au printemps…au moment de notre mariage.
Il va falloir reporter un peu, pensais-je sans aucun regret.
Au contraire ! J’avais tellement hâte !
Je passais inlassablement la main sur mon ventre, me demandant déjà comment ce bébé serait et un furieux sentiment de protection m’envahit.
- Oh Edward…si tu savais ça, murmurais-je soudain, les larmes aux yeux. Tu as gagné…tu as gagné…
Et l’image de ses yeux dorés, exprimant une joie sans limite, me flasha l’esprit avec une telle force que, pendant un instant, j’eu l’impression qu’il était là, au-dessus de moi, à me fixer avec intensité et à partager mon bonheur.
35 – Encore une fois, j’ai pris la mauvaise décision…
En toquant à sa porte, je me demandais encore pourquoi Charlie avait fait passer le message à Billy pour que je vienne le voir le plus vite possible. Peut-être voulait-il me parler du vieux Snake ? Dans ce cas, ça serait vraiment une aubaine si ce brigand acceptait de me rencontrer maintenant !
La voiture de police de Charlie était garée devant la maison, la radio encore en marche et à mon deuxième coup contre la porte, il ouvrit. A sa tête, je compris que ce n’était pas pour me parler du garage, qu’il avait un problème. Je pensais aussitôt à Sue et à son départ précipité de l’autre jour…était-elle venue ici comme je l’avais espéré ? En tous cas, Charlie semblait préoccupé.
- Salut Jacob ! Me salua-t-il, contrarié. Entre !
Je le suivis jusque dans la cuisine où je remarquais un dossier sur la table.
- Assis-toi mon garçon…
- Charlie, tout va bien ? M’inquiétais-je.
- Non…assis-toi, répéta-t-il sur un ton sans appel.
J’avais en face de moi le chef de police et non l’ami. Je m’exécutais pendant que l’inquiétude me gagnait. Charlie prit la chaise en face de moi et sortit un document du dossier.
Je lus « vite fait » ce qui ressemblait à un rapport de police signé par un type du nom de Alec Pilz et levais les yeux vers lui, étonné. Constatant que je ne faisais pas l’effort de comprendre, Charlie soupira puis sortis une photo qu’il plaça sous mon nez. Je sentis mon sang me quitter en voyant (en ME voyant) sur le papier… mon loup ! Il apparaissait, net et précis, sur la plage de la Push.
- Nom d’un chien ! murmurais-je. Elle y est arrivée…
- Tu sais de qui ça vient ! S’écria Charlie.
- Oui…de l’amie de Bella. Enfin…ex-amie…, précisais-je, sachant très bien qu’après ça, l’amitié entre Angela et Bella était plus que compromise !
- Et bien sûr, vous n’avez pas jugé bon de me prévenir que quelqu’un à Forks allait se pointer avec « ça » à mon bureau !
- Bella les avait effacées, marmonnais-je.
- Quoi ?
Je répétais ma phrase, plus clairement puis levais les yeux vers lui, qui me fixait durement.
- Je ne sais pas si tous les deux, vous vous rendez compte clairement de la situation ! Explosa-t-il. Oui parce que je sais que c’est toi Jake !
Je ne pus m’empêcher de lui jeter un regard surpris.
- Oui… j’ai cru comprendre que Seth et toi avez des couleurs terreuses et vu la taille …, marmonna-t-il, affichant une légère pointe de fierté face à ses connaissances en matière de loup-garou.
Je souris malgré moi puis baissais la tête à nouveau sur la photo et déglutis.
- Jacob…un type est venu me voir il y a une heure avec ce truc ! Il avait fait une déposition à un de mes collègues quelques minutes avant …je ne pouvais plus rien faire ! S’écria-t-il à nouveau.
- Oui …je comprends…, marmonnais-je sans quitter la photo des yeux.
- Non tu ne comprends pas ! Ils sont tous sur les dents au poste ! A l’heure où je te parle, ils sont déjà en train d’organiser une chasse au « loup géant de Forks » ! Il y a à peu près une dizaine de photocopies couleur de cette photo, ils l’ont tous dans la poche ! Et dans leur main, ils ont un fusil ! Ajouta-t-il en tapant un doigt sur la table.
- Je ne crains pas les balles, murmurais-je bêtement.
Ce qui eut pour effet de foutre en boule Charlie qui frappa un grand coup sur la table en se levant d’un bond.
- Bordel Jake ! Mais comment as-tu pu être aussi imprudent !
- Charlie…ils ne peuvent pas faire le lien avec les Quileute !
Il reprit le dossier dans ses mains, sortit une feuille et me la posa devant les yeux.
- Une certaine Angela Weber déclare que Mr Jacob Black a sûrement des informations à ce sujet ! S’écria-t-il.
Il fit une pause puis ajouta :
- Jacob, je ne vais pas pouvoir les arrêter. Je vais devoir mener les opérations, parcourir avec mes collègues cette forêt où vous vivez et ceci, jusqu’à ce qu’on TE trouve, insista-t-il en me pointant du doigt.
- Nous ferons attention, nous ne muterons plus, jusqu’à ce que les choses se tassent, annonçais-je.
- Peut-être bien mais, avec ce qu’il se passe depuis un an, ça m’étonnerait que les choses se tassent aussi facilement…
Les mains sur les hanches, il fixait la rue, le regard perdu tout en se mordant l’intérieur de la joue. Je me sentais quand même assez mal que cette histoire soit en train de prendre des trop grandes proportions.
- Je te promets que je vais tout faire pour que ça aille dans ce sens, finit-il par déclarer d’une voix plus calme, mais ça risque d’être dangereux pour vous, pour vos familles…
- Vous n’allez quand même pas tirer des balles à bout portant sur mon peuple ! M’indignais-je.
- Non, mais j’en connais comme celui qui est venu au poste aujourd’hui, qui sont déterminés à découvrir ce qui se cachent dans nos bois et les gens déterminés peuvent se montrer très tenaces…
- Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse Charlie ?
- Ne vous transformez plus pour l’instant ! Essayez de réfléchir à une diversion…car c’est de ça dont nous avons besoin ! Un truc qui leur fasse oublier ce loup ou qui le remplace carrément !
- Ça va être dur avec une photo aussi précise …
- Alors trouvez une diversion ! Insista-t-il, légèrement hystérique.
Lui comme moi savions très bien que même ça, ça ne marcherait pas. Il serait peut être plus facile de discréditer ceux qui avait apporté la photo…faire passer ça pour un trucage, ça ne devait pas être compliqué. Même si n’importe quel expert attesterait maintenant que cette photo était vraie. Et si je parlais à Angela ? Cette idée me traversait sérieusement l’esprit. Il fallait que je vois ça avec Bella, qu’elle se débrouille pour que Angela revienne sur ses positions ! Et ensuite, je lui parlerais…et, on verrait comment elle réagit.
Charlie se rassit face à moi en soupirant.
- Renée revient ce week-end. Elle vient de m’appeler, déclara-t-il, plus calme et légèrement embêté.
Déjà ?Pensais-je. Elle allait finir par revenir définitivement …
- Et vu les circonstances, je veux que Bella dorme à la maison ce week-end et ce, jusqu’à ce que les choses se calment, ajouta-t-il.
- Je suis capable de la protéger Charlie…
- Je ne veux pas qu’elle traîne à la Push…j’espère que tu peux comprendre ça.
De toutes façons, il valait mieux, pensais-je. Ici, avec sa mère, elle était loin des balles, loin des vampires, loin de tout …et aussi loin de moi.
Mon cœur se serra mais sa sécurité passait avant tout ! Il fallait seulement espérer que sa mutation serait ralentie aussi ici.
- Je demanderais à Seth de monter la garde, annonçais-je.
Ainsi, je pourrais me concentrer sur la Villa…
- Tu pourras…tu peux venir dormir ici, marmonna Charlie à ma grande surprise. Mais je te préviens ! Je ne veux rien entendre ! Et je ne veux rien de casser ! Avec ce que Billy m’a raconté…
Je me retins de rire, imaginant déjà ce que mon père avait bien pu raconter à ce pauvre Charlie. Mais, les choses étaient différentes entre eux maintenant et je ne pus m’empêcher de demander :
- Où en es-tu avec Sue ?
- Je ne sais pas encore…j’ai besoin de faire le point, déclara-t-il en soupirant bruyamment.
36 – Lignée
Port Angeles n’était pas une grande ville en soit et l’endroit que Jacob m’avait donné pour que je récupère Seth «absolument» en revenant de Seattle était introuvable. Je tournais, tournais et me trompais encore de rues…me demandant pourquoi Seth ne pouvait pas rentrer « à pattes » mais aussi, qu’est-ce qu’il faisait ici ! Je m’apprêtais à abandonner mes recherches lorsque je vis le grand gaillard sortir d’une rue et courir vers la Chevrolet. Il monta dans la voiture muni d’un sac et claqua vite la portière derrière lui pour ne pas que le froid s’engouffre de trop dans l’habitacle.
- Seth ! Mais qu’est-ce que tu faisais ici ? ! Et pourquoi tu ne pouvais pas rentrer par les bois ? Lui assénais-je directement, sans même lui laisser le temps de me saluer.
- Ça c’est confidentiel ma belle ! Déclara-t-il, les yeux plissés comme son frère.
Je ris devant son grand sérieux. Ainsi, il ressemblait à un personnage de films policiers.
- Ça n’explique pas que tu ais besoin que je te ramène ! Insistais-je.
- Je suis en mission officielle pour Jacob ! continua-t-il, ne répondant pas à ma question.
- C’est quoi ce délire ? Rigolais-je.
- Ouais, en fait, ça va être l’anniversaire de ma mère, m’expliqua-t-il plus sérieux et je suis venu ici pour lui trouver quelque chose d’original pour une fois, mais du coup, je ne pouvais plus le ramener !
Je jetais un œil sur le paquet qu’il avait posé à ses pieds, en effet, le « cadeau » était volumineux. Pourquoi est-ce que j’avais l’impression qu’il me mentait ou qu’il me cachait quelque chose ?
- Et en même temps, tu es vraiment en mission officielle pour Jacob ? Demandais-je sur un ton léger, pour l’amener à me faire confiance.
- Oui aussi ! Mais ça reste confidentiel !
Malgré ses rires à répétition, je sentais que Seth ne m’en dirait pas plus.
- Bon bah avec ça, je te dois beaucoup ! Ma mère ne savait pas que j’étais là et j’aurai pu rester coincé ! Demande-moi ce que tu veux Bella …
Sa proposition, bien que je ne m’y attendais pas, me rappela que j’avais en effet un autre point à éclaircir et Seth était sûrement le mieux placé pour me répondre. Je décidais d’en profiter, laissant tomber la véritable raison de sa présence ici et de son impossibilité à rentrer seul.
- Et bien justement…J’aimerai que tu m’apprennes quelque chose sur Jacob que je ne sais pas…
- Ok…euh…tu as quelque chose de précis en tête ? Demanda-t-il, un peu surpris par ma question si rapide et surtout, si sérieuse.
- Oui…est-ce que je dis quelque chose qui l’énerve ? …qui le met en colère ? Assez pour qu’il se retienne de muter et de me faire du mal ?
- Te faire du mal ? ! S’esclaffa-t-il. Mais Jacob ne te fera jamais de mal ! Tu es sa nana ! Il ne vit que pour toi.
Pendant un instant, je revis le Jacob que j’avais connu : léger, rieur, moqueur, gamin…et je réalisais alors à quel point il avait changé. En regardant à nouveau Seth du coin de l’œil, cette constatation me fit un choc. Jake avait beaucoup gagné en maturité… depuis qu’il était devenu Alpha, pensais-je….en fait, depuis que nous étions ensemble… son évolution mentale était vraiment spectaculaire, autant que son évolution physique lors de sa mutation et je me demandais avec une certaine inquiétude jusqu’où elle allait.
Sans m’en rendre compte, des images de lui très marquantes défilaient dans ma tête au même rythme que les essuie-glaces de ma camionnette, des images récentes qui traduisaient toute sa force et finalement sa supériorité : lorsqu’il avait « puni » Paul, lorsqu’il avait parlé sèchement à Rachel le matin de mon départ pour Seattle puis ordonné à son père de ne pas se mêler de ça, son visage tendu lorsqu’il m’avait dit « pas ici », sur un ton sans appel, le soir de ce fameux week-end où nous nous étions disputé, lorsqu’il m’avait fusillé du regard à Seattle dans la boite de nuit et qu’il m’avait laissé en plan, la peur de Paul lorsqu’il l’avait vu derrière lui…et cette voix…cette voix si froide, si autoritaire que je ne lui connaissais pas…mais il y avait aussi des moments moins tendus pendant lesquels son attitude m’avait pourtant surprise : lorsqu’il calculait et recalculait pour notre maison et qu’il avait pris la décision de vendre l’Aston…le jour où il avait annoncé notre mariage à mon père, sa détermination à vouloir travailler, à prendre les choses en mains alors qu’il était si jeune…j’étais à cent années lumières de lui !
Je soufflais, constatant avec un certain malaise que j’étais en train d’ouvrir les yeux. Quelque chose me gênait entre nous depuis un certain temps et je venais de mettre le doigt dessus. Et l’avertissement de Paul m’avait fait réagir.
- Réfléchis bien Seth…, insistais-je.
Je le vis reprendre son sérieux.
- Non franchement, il n’y a rien en Jacob qui pourrait me laisser penser qu’il te fasse du mal…rien du tout ! Il t’a dans la peau…tu es sa femme.
Comme je ne disais rien, Seth insista.
- Dis-moi à quoi tu penses Bella ? Il t’a dit quelque chose ?
- Et bien…
La voix de Paul résonnait encore dans ma tête et j’avais besoin d’avoir une explication.
- Bon, ok. Je vais être franche avec toi. Paul m’a dit textuellement : « Tu provoques Jacob, tu espères quoi ? Qu’il va se retenir encore comme ça longtemps ? ça ne t’a pas suffit de te faire déchiqueter par Fenq ? »
J’observais Seth en train de réfléchir puis il éclata de rire, comme Jake à l’époque de son insouciance, et son image me provoqua un pincement au cœur.
- Ah ok ! je vois à quoi Paul faisait allusion !
Il rit de plus belle en ajoutant :
- Ah ce Paul…il ne lâchera pas l’affaire !
- Mais de quoi parles-tu ? m’inquiétais-je.
- Et bien…bon…pour ce que concerne ta question, je pense que tu devrais la poser directement à Jake…
- Non Seth ! C’est à toi que je la pose ! Tu me dois bien ça ! M’écriais-je, frustrée devant son blocage à vouloir me dire clairement les choses.
- Ok…euh…c’est super gênant…bon…Tu sais Bella, Ce n’est pas la colère proprement dite qui nous fait muter. Ce sont les émotions ! La colère, la hargne, l’envie de tuer en font partis…mais il y a pleins d’autres émotions…
- C'est-à-dire ?
- Bella, tu veux vraiment que je te dise tout ? Jake va me tuer ! S’écria-t-il.
- S’il te plait …, murmurais-je.
Ma tête dut lui faire pitié car il soupira et je savais qu’il prenait sur lui pour bien m’expliquer les choses.
- Ok … bon, Jake se retient parfois de muter parce qu’il est envahi par des émotions très fortes….et ce n’est pas de la colère…disons que ce n’est pas quelque chose que tu dis qui le perturbes mais …que tu fais, ajouta-t-il d’une petite voix, gêné.
- Ah…, réussis-je à répondre, le feu aux joues.
- Paul est jaloux Bella, il devient fou avec cette histoire…, m’expliqua-t-il. Il ressent les émotions de Jacob et les interprète mal car lui réagirait autrement si c’était à lui que tu…enfin que ça lui arrivait ! Moi, je mute souvent en même temps que Jacob, je ressens ses émotions et je te prie de me croire que tu ne le mets pas en colère du tout !
- Seth…ça ne te dérange pas de vivre tout ça par procuration, alors que tu es si jeune…, m’inquiétais-je soudain.
- Sûrement pas ! Au moins je n’aurai pas l’air d’un idiot le jour où ça m’arrivera !
- Tu sors j’espère ? Tu ne t’es pas encore imprégné ?
- Ça ne m’arrivera peut être jamais … et puis, tu sais, j’aimerai trouver quelqu’un comme toi…Oh non, ne t’inquiète pas ! S’écria-t-il en voyant que je venais d’ouvrir la bouche de surprise. Je ne fantasme pas comme Paul ! Mais j’aime bien ton caractère ! On rigole bien avec toi ! Tu sais Paul, son problème c’est qu’il gère très mal cette histoire de rêve…
- Tu rêves aussi de moi ? M’étonnais-je.
- Bien sûr ! mais moi, ça ne me dérange pas…ça me fait rire !
Il marqua une pause puis ajouta, plus embêté :
- Paul, tu lui plaisais déjà avant et maintenant qu’il rêve de toi constamment et qu’il reçoit les images de Jake quand vous enfin…bref, il est perturbé !
- Tu vois ce à quoi il pense exactement ? Demandais-je, espérant comprendre l’exacte nature des sentiments de Paul.
- Non ! Jake me l’interdit ! S’écria Seth, comme si c’était complètement tabou.
- Ah oui ? murmurais-je.
Je venais de l’amener là où je voulais et tout à coup, je n’avais pas envie d’entendre la suite mais Seth continua :
- Oui…Jacob pourrait tous nous contrôler s’il le voulait ! Je ne fais pas parti de la meute de Sam…Jake capte les pensées de Paul mais nous non…, m’expliqua-t-il. Jake nous les bloque, il est très fort pour ça ! Il arrive à contrôler ses visions…il l’avait déjà fait quand tu étais partie avec Edward à Londres…on en bavait grave au début et puis, il s’est contrôlé et on a pu dormir tranquillement…
- Quand tu dis qu’il capte les pensées de Paul, tu veux dire qu’il se focalise dessus ? Mais pourquoi Sam ne l’empêche pas de faire ça ? ça calmerait un peu les esprits…
- Parce qu’il ne peut pas ! S’écria-t-il à nouveau. Je te le redis, Jake pourrait tous nous contrôler s’il le voulait ! Il pourrait être notre Alpha à tous ! Et s’il le souhaitait vraiment, il pourrait retirer Paul de la meute de Sam et le diriger…mais ça créerait des tensions, alors Sam préfère laisser libre accès à Jake aux pensées de Paul…d’ailleurs ça le rend dingue Paul ! Mais il n’a pas le choix…
Ça confirmait ce que je pensais depuis le début de cette conversation. Jake commençait à prendre de l’ascendant sur Sam s’en même s’en rendre compte ! Petit à petit, il prenait une place supérieure aux autres…il n’échapperait pas à son destin, même s’il ne le voulait pas au départ. Il commençait à donner des ordres, à être vraiment différent des autres, il pouvait cacher ou contrôler des pensées, les membres de la meute le craignaient, le respectaient, l’écoutaient, attendaient son avis et ça ne datait pas d’aujourd’hui !
…et moi dans tout ça ? Moi, à la différence des autres filles de la meute, je me sentais à ses pieds, dépendante mais uniquement au niveau de nos relations physiques…car, psychologiquement, Jacob ne m’avait jamais dominé ! Notre relation était si différente !! Nous étions au même niveau lui et moi, ça je le sentais ! L’un ne dominait pas l’autre et ceci malgré l’imprégnation ! Alors que les filles semblaient dire qu’elles pouvaient être leurs « maîtres », Jacob et moi étions comme avant : unis, amis, sur la même longueur d’ondes.
Etait-ce parce qu’il devenait « le chef » et que je devenais alors une « chef » aussi que je me sentais différente des autres ?
- Merci Seth…je comprends mieux les choses maintenant…et je ne prêterais plus autant d’importance aux mises en garde de Paul …si elles sont dictées par l’envie et la jalousie, c’est n’est pas la peine.
Seth haussa les épaules puis me jeta un drôle de regard avec un petit sourire en coin.
- Quoi ? Demandais-je, un peu sur la défensive.
- Charlie va être heureux de voir ta nouvelle cicatrice…
- Je n’irai pas le voir ce week-end, lançais-je. Je vais attendre que ça passe un peu.
- Ça, ça m’étonnerait tu vois ! Eclata-t-il de rire. Jacob m’a dit de te prévenir que tu allais chez ton père là…
- Quoi ?! C’est quoi encore cette histoire ?
- Oui, la Push n’est plus sûre en ce moment…Jacob t’expliquera.
En entrant dans Forks, je pris donc la direction de chez moi.
Seth descendit de la Chevrolet et avant de claquer la porte me lança :
- J’ai pas rempli ma part du contrat hein ?
- Si tu m’as appris des choses…beaucoup de choses !
- Ouais mais ce n’est pas ce que tu attendais…ah y a un truc que je peux te dire qui n’est pas trop gênant !
- Vas-y…
- Il adore quand tu le mords ! Ça le rend fou, ajouta-t-il dans un clin d’œil.
- Oh…, marmonnais-je en rougissant de plus belle.
- Allez, bonne soirée ! Me lança-t-il en riant.
- Merci Seth !
Son rire moqueur et joyeux résonna longtemps dans ma tête, un rire joyeux et insouciant que je voulais à tout prix redonner à Jacob !
Son côté « responsable » avait éteint mon soleil et instinctivement, je posais ma main sur mon ventre, me disant que ce qui m’arrivait n’allait pas arranger les choses. Tout à coup, j’avais envie qu’il ne le sache pas tout de suite mais j’effaçais aussitôt cette idée de ma tête car je n’avais pas le droit de lui faire ça. Ce qui m’amena à penser qu’il faudrait quand même que j’en sois sûre avant de lui balancer la nouvelle … Je n’avais pas eu le temps de m’acheter un test, je n’étais même pas sûre que ça marcherait ! Et faire une prise de sang était exclu …Emily saurait quoi faire, j’irai la voir demain. La lumière du perron de la maison s’alluma et je vis mon père sortir, sûrement inquiet que je n’étais pas encore descendue de la voiture. Mon cœur bondit de joie lorsque je vis la silhouette de ma mère derrière lui et j’ouvris la portière aussitôt.
* * * *
Ses petites mains blanches et glacées dans les miennes me rappelaient une autre époque où j’aurai aimé les voir sur moi. J’avais tellement rêvé d’elle, j’avais tellement imaginé des tas de choses, pas très nobles, pas très claires vis-à-vis de Jacob…même vis-à-vis d’elle. Elle m’avait obsédée, je l’avais tellement désirée …ce sentiment m’avait beaucoup aidé pendant ces deux mois de souffrance…malgré tout, elle m’avait aidé à tenir le coup !
Mais maintenant que je la regardais, je le sentais au fond de moi, cette attirance sexuelle était passée. Je ne sais pas comment elle était passée mais je ne la ressentais plus. Peut-être parce qu’elle était enceinte de lui, peut-être parce que je m’étais calmé, tout simplement ?
Je caressais ses mains pour les réchauffer et levais les yeux sur elle, espérant toujours une réaction. Sa blancheur me faisait penser à celle des vampires…un goût amer envahit ma bouche et je fermais les yeux en portant ses doigts à mes lèvres.
Je me sentais comme un chien de garde à côté d’elle, avec une furieuse envie de la protéger jusqu’à ma mort, obéissant à mon maître qui m’avait donné l’ordre de la défendre.
* * * *
37 – Quelque chose m’échappe…
La chasse avait commencé ! Mon ouïe, bien que moins fine que lorsque j’étais en loup, me permettait tout de même de capter les directions que les autorités prenaient dans leurs recherches. J’entendais les cris des chiens et le bruit des fourrés rabattus…parfois, je me surprenais à penser que mes congénères ne permettraient pas qu’on nous trouve, je les imaginais prendre de fausses pistes ou ignorer nos odeurs, mais ces idées étaient vite balayées lorsque j’entendais les ordres de leurs maîtres et l’excitation des bêtes à trouver « leur gibier » pour les satisfaire.
Charlie avait raison : ils étaient déterminés ! Chaque centimètre était passé au peigne fin. Ils longeaient le territoire Quileute, sûrement persuadés (et à juste titre) qu’ils trouveraient les terriers de ces loups géants chez nous. Nous avions toujours défendu la cause des loups de Forks, des vrais loups…et cette histoire de monstre ajouté au témoignage de l’ex-amie de Bella à mon propos n’arrangeait pas les choses.
J’avais suivi Charlie au poste pour « répondre à ses questions devant témoins » (ses collègues) et j’avais bien sûr nié les accusations d’Angela concernant mon savoir sur le monstre qui avait tué à Forks depuis un an, sans compter les attaques de Fenq et ses frères qui avaient terrorisé des jeunes à diverses occasions.
Mais, je le sentais, les habitants de Forks avaient toujours considéré les Quileute comme un peuple bizarre, des indiens vivant dans une réserve presque à l’état sauvage…j’avais senti tous leurs préjugés remonter à la surface lorsqu’ils avaient assisté à mon « interrogatoire » puis leurs regards lorsque j’avais quitté le commissariat de police.
Je n’avais pu m’empêcher de sourire intérieurement, m’imaginant leur tête s’ils apprenaient que le « monstre » qu’ils cherchaient depuis deux jours venait de traverser leur bureau…ma « photo » ornait le tableau de la réception avec un numéro de téléphone en dessous pour ceux qui auraient la chance de l’apercevoir. Je haussais les épaules en me disant qu’il faudrait peut-être proposer une récompense et me demandais quel prix je pouvais bien valoir ? Puis, je me dis que cette histoire ne devait pas être prise à la légère…surtout si ces policiers en venaient à pénétrer sur notre territoire avec leurs fusils. Cette idée m’amena à penser à Bella qui ne devrait plus tarder maintenant.
Justement, Seth arrivait à pied sur la route et je lâchais le morceau de bois que je tenais pour venir à sa rencontre.
- Tout s’est bien passé ?
- Ouais…tiens ! Elle t’attend, répondit-il en me tendant le paquet.
Je tournais la tête vers la maison et souris, soudain impatient.
- Bon, ne t’acharne pas ! Je reviens demain.
- Ouais, ouais…, marmonna Seth.
Je filais en direction de la forêt, laissant mon frère continuer mon travail.
- Eh Jake !
Je me retournais, le questionnant du regard.
- La moto …
- Ah oui zut !
Je filais vers le garage en me disant qu’il faudrait vite trouver une parade à cette histoire de monstre car nous n’allions pas nous « cacher » toute notre vie ! Mais pour l’instant, je n’avais aucune idée ! Surtout que mon esprit venait de se mettre en position « Bella » et ça m’empêchait de réfléchir correctement.
Je garais la moto devant la maison de Charlie et mon impatience avait atteint ses limites. Dans quelques secondes, j’allais pouvoir la prendre dans mes bras. Elle m’avait écouté, elle était rentrée à Forks avant la fin des cours. Intelligente comme elle était, elle rattraperait bien après ! Pour l’instant, j’avais besoin de la savoir en sécurité. Et finalement, ici, avec ses deux parents, elle ne pouvait pas être mieux.
La porte s’ouvrit et ce ne fut pas Bella mais Renée qui m’accueillit aussi chaleureusement que la dernière fois, peut-être même encore plus ?
- Bonsoir Jacob, je suis vraiment contente de te voir, m’annonça-t-elle dans un large sourire.
- Oui…Bonsoir Renée.
- Entre ! Bella va revenir bientôt.
Quoi ? Où était-elle ? Seth m’avait assuré qu’elle était ici.
- Elle va revenir Jacob…, répéta-t-elle en remarquant ma tête alarmée.
- J’espère qu’on ne s’est pas croisé, je ne veux pas qu’elle aille à la Réserve ! Charlie lui a expliqué ?
- Tu ne devrais pas t’inquiéter comme ça Jacob, Bella est partie juste un petit moment, elle ne va plus tarder, insista-t-elle.
Je remarquais son embarras et commençais à douter de sa sincérité. Où Bella était chez Angela et, ne connaissant pas l’issue de l’entretien, elle préférait que je ne sache rien pour ne pas me faire de faux espoirs (ou avoir l’idée d’intervenir), ou Bella était à la Réserve et Renée avait peur de ma réaction si je l’apprenais, vu l’inquiétude que je venais d’afficher devant elle.
- Je t’en prie, viens t’asseoir au salon…je t’ai préparé un petit quelque chose à manger si tu en as envie.
Son côté maternel me déstabilisa un instant et je me sentis soudain très fatigué. Depuis quand n’avais-je pas dormi ? Je ne me souvenais plus exactement mais depuis ma rencontre avec la vampire et le tumulte qui avait envahi la ville, nous étions en alerte maximale et je me dis qu’il était temps que je fasse une pause. Cette soirée avec les Swan m’aiderait, surtout que j’avais l’autorisation spéciale de Charlie pour dormir ici ! J’allais donc en profiter pour rester avec Bella et me reposer un peu.
Renée affichait un sourire étrange sur son visage lorsqu’elle vint se mettre sur le fauteuil à côté de moi. Seule une lampe et le feu de la cheminée nous éclairait, rendant la pièce très chaude et familiale.
- Tu as l’air si…tendu…, constata-t-elle.
- Oui…Mais avec ces recherches de loups près de mes terres, mon peuple a du mal à trouver le calme.
- Charlie m’a expliqué. Au moins, ce soir, tu seras en sécurité ici, répondit-elle dans un grand sourire confiant.
Il n’y avait pas que moi mais il était inutile que je lui développe quoique ce soit. Les explications de Charlie étaient sûrement suffisantes et il avait du s’assurer d’en dire le moins possible.
Un silence s’installa sans que je ne m’en rende compte. Lorsque je m’en aperçu, je relevais brusquement la tête vers Renée et fus surpris de la trouver en train de m’observer, le regard brillant…comme si elle était fière de moi. Son attitude me déstabilisa à nouveau et je me raclais la gorge avant de demander :
- Charlie est avec les Rangers ?
- Oui, il ne rentrera peut-être pas de la nuit…
Je hochais la tête tout en me disant que j’avais de la chance que Bella ait un père aussi ouvert d’esprit. Sans lui dans notre « camp », les fusils seraient peut-être déjà à nos portes. Je croisais à nouveau le regard de Renée qui me sourit avec tendresse.
- Comme tu es impatient, déclara-t-elle d’une voix douce. Ton corps entier réclame la présence de ma fille.
Décidemment, cette femme avait le don pour trouver des termes très étranges qui devaient sortir tout droit des livres dont elle se gavait.
- Oui, j’ai hâte de voir Bella, confirmais-je dans un sourire.
- Elle ne devrait plus tarder maintenant, déclara-t-elle en se levant pour se planter près de la fenêtre. Elle te prépare une surprise !
- Ah oui ? M’étonnais-je.
Elle se retourna tout sourire et vint se rasseoir sur son fauteuil.
- Tu devrais te détendre Jacob…laisse-toi aller, au moins pour ce soir.
- Oui …
Je pris le verre qu’elle m’avait servi et en but une bonne gorgée. L’alcool, même léger, me brûla l’œsophage et me secoua un peu. Cette ambiance feutrée, le silence et la chaleur de la boisson m’incitaient effectivement à me détendre. Je me calais donc un peu plus dans le canapé, tout en ne quittant pas du regard Renée qui me fixait toujours, un sourire permanent sur les lèvres.
- Tu es vraiment très mûr pour ton âge Jacob…peut-être même un peu trop ?
- Comment ça ? M’étonnais-je à nouveau.
- Tu m’as l’air très responsable mais tu es si jeune…il faut savoir lâcher un peu parfois.
- Je ne peux pas me le permettre ! Bella a besoin d’une maison et pour ça, il n’y a pas de place à l’amusement, rétorquais-je.
- Oui je comprends … Mais, tu as l’air si fatigué …
Je devais vraiment avoir une tête à faire peur pour qu’elle insiste autant sur mon état.
- Bella ne t’en demande pas tant. Ajouta-t-elle doucement.
- Je veux que la maison soit finie avant que la neige arrive.
- Oui, je comprends, répéta-t-elle.
- Bella vous a parlé de quelque chose ? Demandais-je, soudain agacé par ses conseils.
- Disons qu’elle s’inquiète un peu oui…
- Comment ça ?
- C’est à elle de te parler mais tout à l’heure, elle semblait très préoccupée et lorsque je lui ai demandé ce qui la tracassait autant, elle m’a répondu : « Je veux que mon Jacob retrouve le sourire ».
Sa réponse me troubla. Est-ce que j’étais devenu le dépressif que je pensais être de temps en temps ? Est-ce que je rendais Bella malheureuse ? C’est vrai qu’avec cette histoire de « changements » chez elle, je me sentais à la limite de l’explosion, ajouté à ça la visite de l’autre furie et mon imprudence qui nous paralysait à présent mes frères et moi alors que nous devions justement être sur nos gardes, la maison et toutes les tensions au sein de la meute … avec Paul (qui était bizarrement plus calme depuis Seattle) ou Sue, j’avais peut-être du mal à gérer tout ça oui…
- Je vais essayer d’être moins sur les dents, plaisantais-je pour la rassurer un peu.
- Oui, vous devriez profiter de toute cette agitation en ville pour vous isoler un peu, répondit-elle soudain très sérieuse. Bella a aussi besoin de repos maintenant !
Je sursautais et je la vis baisser aussitôt les yeux sur le verre qu’elle tenait en main. Puis, elle tourna la tête vers la fenêtre et mon instinct me dit qu’elle était gênée.
Bon sang ! Que savait-elle exactement ? Est-ce que Bella lui avait fait part de ses peurs à devenir un monstre ? Si oui, Renée devait alors savoir pour moi ? Non, Bella n’avait pas pu parler à sa mère …Mais peut-être Charlie ?
Je l’observais plus attentivement et je la vis déglutir puis boire une gorgée de son verre tout en prenant bien soin de ne pas quitter la rue des yeux. Je le sentais, elle savait que je la fixais. Renée me cachait quelque chose ! Pourtant, au fond de moi, une petite voix me disait que je pouvais lui faire confiance et bizarrement, depuis que je la connaissais un peu plus, j’avais la drôle d’impression qu’elle savait tout de moi. Parfois, je me retenais même de parler librement devant elle, c’était très surprenant comme sensation.
- Tu peux aller l’attendre dans sa chambre, m’annonça-t-elle soudain, coupant mes réflexions. Et en profiter pour te reposer un peu…
En effet, j’avais une furieuse envie de me retrouver seul, Bella me manquait trop. Sans hésiter, je me levais et la laissais, non sans lui avoir souhaiter une bonne nuit.
En ouvrant la porte de la chambre de Bella, je ressentis un léger malaise de me retrouver seul dans cette pièce où elle avait passé beaucoup de temps avec Edward. C’était idiot comme idée mais j’avais toujours eu le sentiment que cet endroit leur appartenait. Je ne m’y étais jamais longtemps attardé. Déjà pour l’odeur, mais aussi parce que je ne pouvais pas m’empêcher de les imaginer ensemble, sur ce lit, à discuter du sort qu’elle se réservait à l’époque.
Pourtant, en jetant un regard circulaire à tout ce qui ornait son domaine, je fus forcé de constater que j’avais quand même ma place ici. La première chose que je remarquais fut mon tee-shirt en boule contre son oreiller qui n’avait toujours pas bougé et que je n’avais jamais récupéré ! Ensuite, je vis une photo de nous, prise je ne sais pas quand mais à l’époque où j’étais encore humain et insouciant. A l’entrée, près de la porte, se trouvait un portrait de loup, qui devait appartenir à Charlie mais qui me fit penser un peu à moi.
Et puis, j’avais quand même quelques souvenirs ici, qu’elle devait avoir aussi : lorsque je venais de muter et que j’étais venu lui rendre visite, lorsqu’en revenant de Seattle, elle s’était laisser aller, lorsqu’elle m’avait annoncé qu’elle me choisissait, qu’elle l’avait quitté….
En fait, mis à part des souvenirs que je ne pouvais que imaginer, rien ici ne rappelait Edward. Etait-ce volontaire ou Bella n’avait-elle vraiment aucun souvenir matériel de lui ? Je pensais alors au diamant et me demandais si elle l’avait encore ou si elle l’avait vendu comme elle me l’avait suggéré le week-end dernier ? Oui, ce caillou devait être le seul souvenir qu’elle avait de lui finalement, puisqu’elle n’avait même plus le souvenir de son visage ! Cette pensée amère m’agaça, me rappela en même temps que si Bella devenait un loup-garou, elle aurait perdu ses souvenirs mais aussi son corps…est-ce que j’avais fait mieux que Edward finalement ? Je n’étais plus sûr de rien.
38 – Cette fois c’est sûr, mon cœur a éclaté
Complètement mort de fatigue, je me couchais à plat ventre sur le lit de Bella. La tête enfouie dans la couverture, j’essayais de me concentrer pour réfléchir à la « surprise » qu’elle était censée me préparer. Surtout que je ne voyais pas trop de quoi il pouvait bien s’agir mis à part qu’elle réussisse à convaincre son amie de stopper leur folie avec cette histoire de loup géant. Cette idée me fit penser que je n’avais pas allumé mon téléphone portable, seul moyen de communiquer à présent avec le reste de la meute. La tête toujours dans la couverture, je pris l’appareil dans ma poche arrière et l’allumais. Aussitôt, il se mit à vibrer et je relevais la tête, surpris.
Un message !
Je lus plusieurs fois le texte, me demandant si je comprenais bien les mots mais je n’y voyais aucun sens. Et surtout, je me demandais du quel je l’avais reçu !? Je regardais la date d’envoi…la semaine dernière.
Bon sang ! J’aurai du le garder ouvert mais en même temps, quoi répondre à ça ?
Je fixais cet écran, je me forçais à tenir mes paupières ouvertes car je devais rester éveillé!
Bella, où es-tu mon amour ? Ça fait combien de temps que je t’attends ? C’était quoi ce message ? Edward…les mots ne te ressemblent pas…Carlisle, encore moins…le p’tit elfe des bois…Alice…oui, peut-être…oui, c’était peut être Alice… « Clébard »…Alice…
Tu dois être à la hauteur Jacob…Edward et son sourire suffisant.
Qu’est-ce qu’il me veut encore ? Fout moi la paix…je suis claqué…Bella va arriver…
Renée, Renée et son sourire si heureux…qu’est-ce qu’elle me cachait ? « Elle te prépare une surprise » et bien, j’allais attendre…
Mais je me sentais si fatigué…
…
…
Ce loup blanc me suit depuis un moment, elle est quand même petite, plus frêle que Leah qui est pour l’instant ma seule référence en tant que loup-garou femelle.
Allez Bella ! Cours un peu pour voir à quelle vitesse tu vas ! Pas de réponse ou je ne t’entends pas mais tu accélères…je te suis…cours ma belle…je sais oui, tu me protèges ! Je ne sais pas si tu me l’as dit, mais je le sais…une force émane de toi, je me sens comme dans une bulle…une bulle emplie de protection, un bouclier bien solide. Je m’arrête pour faire une pause, je me transforme, histoire de profiter de toi. Tu n’es plus près de moi…où es-tu ? Je sens toujours ta protection, c’est très fort…
De sa branche, les yeux dorés d’Edward me fixent, toujours avec son demi sourire… « Merci Jacob…elle est magnifique »
Un mouvement attire mon regard, me force à me détacher de ses yeux dorés et du scintillement de sa peau…face à moi, le loup blanc reprend forme humaine, ses cheveux noirs me font sursauter…qui es-tu ?
- Jacob…
Je sentais vaguement son corps sur mon dos.
Bon sang…non, pas maintenant…ne me réveille pas !
- Jacob…je suis si heureuse…
Ses chuchotements me chatouillaient l’oreille mais la chaleur de son souffle me sortait doucement de ma léthargie.
- Jacob ?
- Hum…
Qu’est-ce que c’était encore ce rêve ? Jamais je ne me souvenais de mes rêves avant…ça faisait deux fois là !
Et toujours avec ce loup blanc qui maintenant, je le savais, n’était pas Bella…ça me soulageait mais en même temps, je ne comprenais plus rien !
- Jacob, merci…
Oh, j’ai du louper quelque chose …
J’ouvris doucement les yeux, ses cheveux bruns chocolat qui pendaient sur mon épaule et balayaient l’oreiller me renvoya aussitôt l’image de mon rêve, de cette fille aux cheveux noirs…
- Je me sens prête tu sais, et je sais que toi aussi…oh Jake ! Souffla-t-elle dans mon cou.
Comment est-ce que j’ai pu m’endormir ? Mais sans ça, je n’aurai pas fait ce rêve…il faut que je lui raconte, qu’elle se rassure ! Enfin…peut être, car elle veut peut-être devenir un monstre finalement.
- Notre bébé sera le plus beau du monde, le plus fort…
Quoi ? Qu’est-ce qu’elle me raconte ?
Je me forçais à ouvrir complètement les yeux.
- Jacob, je t’aime tant…, me chuchota-t-elle à nouveau.
Est-ce que j’avais bien entendu ?
Je me retournais et elle glissa de mon dos en douceur. Elle posa sa tête sur son oreiller et je me plaçais face à elle.
Son sourire me frappa ainsi que le brillant de ses yeux. Je devais avoir bien compris et mon cœur s’accéléra violemment.
- Qu’est-ce que tu as dit ? Répétais-je la gorge soudain serrée par l’émotion.
Elle me sourit avec tant t’amour que je savais déjà que j’avais bien compris et la vague de joie était si forte que j’enfouis mon visage dans son cou pour respirer sa peau et tenter de reprendre pied.
- On va avoir un bébé, chuchota-t-elle à nouveau à mon oreille en me passant ses mains froides dans mes cheveux.
Je la serrais fort contre moi et enfouis encore plus ma tête dans son cou. Ma respiration était si rapide que je compris que j’étais en train de pleurer sans même m’en rendre compte.
- Oh Bella…Bella…c’est vrai…
Je la serrais encore plus fort et l’entendis glousser de plaisir, heureuse de ce qu’elle venait de provoquer en moi.
Je sentis la joie exploser dans ma poitrine, la force du sentiment me bouleversa et une vive brûlure parcourut mon corps. Je fermais les yeux. Un bruit de chaise qui tombe me les fit rouvrir aussitôt…J'étais près de la porte de sa chambre, je ne savais même pas comment j'avais atterri là mais à sa tête, je sus tout de suite qu'il y avait un problème.
En voyant ma patte sur son plancher, mon cœur fit un bond et je repris aussitôt forme humaine. Accroupis à terre, submergé par la honte de n'avoir pas pu me contrôler, mon coeur battait mes tempes avec une force inimaginable. J'entendis les pieds de Bella se poser sur le sol et le bruit de ses pas qui s'approchaient de moi. Ses petits pieds blancs apparurent devant mes yeux que je gardais baissé à terre et elle s’accroupit à mon niveau pour prendre mon visage entre ses mains.
- Pardon…j’aurais dû me douter que ça te ferait cet effet…Seth m’avait prévenu…j’aurai du t’emmener dans la forêt…
- Non…non Bella…c’est moi qui te demande pardon ! J’aurai pu te blesser ! Ah bon sang, c’était trop fort…Je m’en veux tellement ! Je devrais savoir me contrôler maintenant !
Et pendant une fraction de seconde, je n’avais même pas remarqué que je n’étais plus humain !!! Il avait fallu que je me voie ! Bon sang…j’aurai pu la tuer !
Elle rit doucement et attira ma tête contre sa poitrine que je sentais si chaude sous sa chemise.
- Jake, je t’aime tellement, chuchota-t-elle à mon oreille, je suis si heureuse, je ne trouve même pas les mots pour te dire à quel point je suis heureuse.
Ma tête me tournait encore un peu, ma respiration se calmait doucement mais au fond de moi, j’étais complètement chamboulé, un vrai bouleversement, un sentiment auquel on n’est jamais préparé car il est unique…devenir père…j’allais devenir père… Je serrais plus fort Bella contre moi, tremblant…je le sentais, il y avait avant et depuis quelques secondes, il y avait le reste de notre vie. Un nouvel avenir venait de s’ouvrir dans ma tête, une vie où nous serions trois ou peut-être plus !
- Bella, je sais que je suis encore très jeune…, murmurais-je.
- Jacob...
- Non ! Laisse-moi finir s’il te plait.
Je pris à mon tour son visage entre mes mains et plongeais mes yeux dans les siens, espérant soudain que ce bébé aurait les mêmes, qu’il me ferait autant rêver que ceux de sa mère.
- Bella…Je sais que je suis jeune, que je n’ai pas beaucoup d’expérience et que je ne travaille même pas ! Mais je te promets que je serais toujours, toujours là pour cet enfant ! Je serais là à son premier souffle et ceci jusqu’à ce que je quitte cette terre !
- Jacob…je le sais, murmura Bella, les larmes au yeux.
- Mais je veux que tu comprennes bien que je suis prêt ! Je suis prêt à tout donner à ce bébé…à le protéger et l’aimer de toutes mes forces !
- Je n’en doute pas tu sais, chuchota-t-elle. Tu as toujours été là pour moi, tu le seras pour tes enfants. Mais je veux surtout que tu me fasses la promesse de lui apprendre tout ce que tu sais !
- C’est toi qui fais des études et c’est moi qui dois lui apprendre ? Raillais-je.
- Ok je fais des études et tu aurais pu en faire aussi !
- Je ne suis pas aussi intelligent que toi Bella…
- Arrête ça tout de suite tu veux ! S’écria-t-elle. Je fais peut-être des études mais je ne connais rien à la vie, à la nature, aux animaux ! Je parle de la vraie vie ! Pas celle que j’apprends dans mes bouquins ! Toi, tu connais tellement tout ici, je veux que tu lui apprennes tous tes trucs que tu fais : la chasse, la pêche aux saumons, la mécanique, faire de la moto ! Continua-t-elle toute excitée.
- Même si c’est une fille ? Rigolais-je.
- Aucune importance ! Tu m’as bien appris des trucs. C’est comme la sculpture que tu fais avec le bois, ça se perd chez les Quileute ! Si Billy ne t’avait rien appris, plus personne ne pourrait le transmettre, me rappela-t-elle.
Sur ce coup-là, je ne pouvais que lui donner tort. Nous étions peu maintenant à savoir faire ça.
- Et aussi une dernière chose ! S’exclama-t-elle, le visage soudain plus grave.
- Je t’écoute…, soupirais-je, en me mordant les lèvres pour ne pas éclater de rire.
- Je voudrais que tu lui parles Quileute…tous les jours, déclara-t-elle.
- Il ou elle apprendra, nous le parlons tous…
- Oui, parce vous aviez tous un père et une mère indiens. Moi, je ne le suis pas. Ok…c’est tout ? Demandais-je, amusé par toutes ses exigences me concernant.
Elle hocha la tête en la baissant, je compris à son expression que tout ce qu’elle venait de me dire avait une importance fondamentale pour elle. Elle planta à nouveau ses beaux yeux dans les miens et ajouta :
- Oui, c’est tout. Et…je voulais aussi que tu saches que je suis très fière d’être celle que tu as choisie.
- Bella, tu veux bien arrêter …
- Non, je suis sérieuse ! Je suis fière de ce que tu es, et très fière de porter ton enfant. J’espère qu’il te ressemblera, qu’il ou elle sera aussi sûre de lui-même, aussi responsable et… aussi beau aussi, ajouta-t-elle dans un sourire tendre en me caressant la joue.
- Et si moi je veux que ça soit à toi que cet enfant ressemble ? Murmurais-je, troublé par la déclaration d’amour qu’elle était en train de me faire.
- Ne dis pas de bêtise, je suis une vraie pitié…, marmonna-t-elle en rougissant.
Je la forçais à me regarder car elle était en train de se dégager de moi, gênée.
- Ne redis jamais ça tu m’entends ? lui demandais-je avec force. Tu es un peu bornée et maladroite parfois mais tu as une âme magnifique ! Bella, sans toi, sans ta volonté à toujours vouloir que les gens voient le bien en chacun, jamais les loups-garous et les vampires n’auraient appris à se connaître ! Nous nous serions battus, comme des animaux, juste par instinct de défense…Toi, tu nous as montré la voie…tu as une grande âme Bella, tu as un cœur d’or et je suis fier de toi.
Je la relevais et la pris contre moi, berçant contre mon cœur ma femme et maintenant mon enfant.
Je remarquais alors que le jour se levait.
- Bon sang ! Va falloir que j’appelle Seth maintenant, pour qu’il m’apporte des fringues, marmonnais-je, soudain à nouveau énervé d’avoir muté sans réussir à me contrôler. Mais pourquoi ne m’as–tu pas réveillé quand tu es rentrée !
- Tu dormais si bien et j’étais épuisée…je me suis allongée sur toi et je suis tombée dans le sommeil. Et pour les fringues, rappelle-toi, j’en ai dans mon sac, m’annonça-t-elle dans un grand sourire, heureuse que son idée nous serve à quelque chose.
- Où étais-tu ? M’inquiétais-je soudain.
- Chez Emily, m’avoua-t-elle timidement.
- Bella ! Je t’avais dit de ne pas traîner à la Réserve ! Ce n’est pas sûr en ce moment !
- Elle seule pouvait me donner une confirmation de ce que je me doutais, m’expliqua-t-elle. Je ne peux évidemment pas aller chez un médecin, à cause de ton sang …mais elle m’a ausculté et elle est certaine que je suis bien enceinte !
Ma joie se ternit un peu…j’aurais aimé une vraie confirmation ! Mais de toute façon, la nature nous assurerait vite les choses.
- Emily non plus n’avait pas remarqué son état tellement elle était absorbée par Sam ! M’annonça-t-elle. Tu te rends compte ? Elle s’en est aperçue à quatre mois ! Elle n’avait même pas remarqué le dérèglement de son cycle.
- On devrait quand même aller voir un médecin, déclarais-je.
Tant pis pour le sang de Bella, sa santé passait avant tout maintenant. Ce qui me fit penser à cette histoire de mutation.
- Mais, tu veux dire que tu ne vas pas te transformer ? M’exclamais-je.
- Bien sûr que non ! Enfin Jake…Je suis enceinte ! Tout s’explique !
- Non tout ne s’explique pas ! Répondis-je soudain plus sérieux.
- Je déteste ça ! S’écria-t-elle. Quand ton sourire quitte ton visage en une seconde !
Sa remarque me fit penser à celle de Renée et je baissais la tête. Pourtant…
- Bella, les rêves de mes frères ne s’expliquent pas avec le bébé ! Sans parler de ta « super forme » !
- En tous cas, ma faim de viande crue oui ! Rétorqua-t-elle, agacée. Et ma « super forme » vient de ton sang !
- Comment peux-tu en être aussi sûre ? Insistais-je.
- Je le serais peut-être bientôt !
- Explique-toi …
- Carlisle est venu me voir la semaine dernière, m’annonça-t-elle en plantant son regard franc dans le mien. Fallait que tu sois vraiment inquiet pour les contacter ! M’accusa-t-elle légèrement irritée.
Je rougis aussitôt face à sa clairvoyance et pour le fait que je ne lui avais rien dit, mais j’étais quand même content que mon appel ne soit pas resté sans réponse.
- Oui, avouais-je dans un souffle. J’ai passé un coup de fil…
Le message que j’avais reçu alors dans la soirée prenait tout son sens ! Je lâchais brusquement Bella et fonçais vers son lit pour prendre mon téléphone. Bella s’assit à mes côtés, surprise par mon attitude. Je relus le texto et souris, sachant maintenant parfaitement de qui il venait. Au moins, maintenant, j’en étais sûr, on avait nos deux confirmations ! La première était que Bella était bien enceinte et la seconde, qu’elle n’allait pas devenir un monstre…le message aurait été moins joyeux. Je tendis l’appareil à Bella qui sourit à son tour.
- Félicitations clébard !lut-elle en riant. Alice doit être ravie.
- Oui … tu vas recevoir un camion de fringues, plaisantais-je.
Bella acquiesça, sachant parfaitement que ça allait arriver puis son regard se posa sur moi, un peu trouble et je sus tout de suite à quoi elle pensait maintenant.
Elle me poussa sur le lit et j’étais déjà hypnotisé par ses yeux.
Du regard, je caressais son corps blanc, magnifique, ses cheveux qui tombaient sur sa poitrine et qui se balançaient légèrement…mes mains sur ses hanches, je l’accompagnais dans ses mouvements tout en câlinant son ventre de mes doigts et mon esprit vagabonda aussitôt. J’étais si fier, si heureux. Un peu de moi était en train de grandir dans le corps de la femme que j’aimais d’un amour sans limite…elle, que j’aimais depuis mon enfance, elle sans qui je ne pouvais plus vivre, elle pour qui je m’étais battu, que j’avais tant espérée, que j’avais tant désirée…elle était à moi, elle était mon âme sœur et elle portait notre enfant…un bébé qui allait bientôt être dans mes bras, un petit bout d’elle et un peu de moi…j’avais tellement hâte de voir son visage, de me dire que cet enfant nous ressemblait un peu, que plus rien ne pourrait changer ça maintenant !
Car sans oser me l’avouer, j’avais toujours cette crainte qu’un jour Edward revienne et que son pouvoir d’attraction fonctionne à nouveau sur Bella. Elle s’était imprégnée, oui…elle m’aimait, ça oui…mais si lui le voulait, il pouvait peut-être essayer de la récupérer…au moins essayer et là, je ne savais pas trop comment ça pourrait se passer. J’avais confiance en l’amour de Bella mais, c’était plus fort que moi, j’avais toujours un petit doute sur la réaction qu’elle aurait si il revenait la chercher. Pourtant, lorsqu’ils étaient partis, elle n’avait pas hésité mais à ce moment-là, il voulait vraiment la quitter. Ce bébé était en elle à présent et Bella et moi étions maintenant unis éternellement car cet enfant venait de nous et allait vivre, grandir et porter en lui notre amour. Plus rien ne pourrait nous retirer ça !
Bella ne me quittait pas des yeux. Elle semblait aussi concentrée que moi mais à force de me regarder, elle comprit que j’étais ailleurs.
- Tu n’es pas avec moi Jacob…
- Si…plus que tu ne le crois…
- A quoi penses-tu ?
- Je pense que j’ai beaucoup de chance de t’avoir…
- Mais encore ?
- J’ai parfois du mal encore à y croire…
- Jake…, soupira-t-elle.
- Bella, je sais que toi, tu as tout oublié mais pas moi alors tu ne peux pas m’empêcher d’y penser…
- Viens là…
Elle me fit m’asseoir afin que je sois contre elle…ainsi, je pouvais me réfugier dans ses bras. Elle blottit sa tête dans mon cou et je sentis soudain qu’elle passait sa langue le long puis elle mordilla doucement le lobe de mon oreille. Je frissonnais et elle recommença. Je frissonnais à nouveau en fermant les yeux et elle fit descendre ses lèvres le long de ma nuque jusqu’au creux où je savais que j’étais très sensible. Je soupirais de plaisir et elle déposa de légers baisers avant de me mordre à nouveau le lobe de l’oreille en douceur. Je tendis le dos et elle me sourit, satisfaite de l’effet que me produisait sa petite expérience. Je gémis et elle accéléra la cadence tout en embrassant ma nuque, mon cou, mon oreille…cette fois, je me sentais bien avec elle, aussi concentré sur notre plaisir partagé et au moment où j’atteignis le sommet, elle planta à nouveau ses dents dans ma nuque, provoquant en moi des tremblements légers et des frissons d’une force inimaginables. Je poussais un soupir rauque, savourant le plaisir qu’elle me procurait et qui me parcourait le corps jusqu’à la racine des cheveux. Je tournais mon visage vers elle qui me souriait, mes yeux devaient être encore troubles et je ne me sentais pas encore tout à fait revenu de l’endroit où elle m’avait emmené.
- C’était quoi ça ? Murmurais-je.
- Ma réponse à l’autre jour…, dit-elle.
- Hum…tu m’as fait décoller là…
- Je sais…
- Comment le savais-tu ? M’étonnais-je.
- Tu le sauras donc je ne vais pas te mentir…J’ai demandé à Seth de me dire quelque chose sur toi que je ne savais pas…
- Ah…
- Tu n’es pas fâché ? S’inquiéta-t-elle.
- Non…je pensais l’avoir caché…, avouais-je en rougissant. Seth est très sensible.
- Oui, surtout quand il s’agit de toi…tu ne voulais pas me l’avouer, pourquoi ?
- Parce que c’est…
- Vampirique ? Rigola-t-elle.
- J’allais dire bestial mais ton terme est plus approprié vu les circonstances de notre histoire.
Elle me serra fort contre elle et je sentis son cœur battre violemment dans sa poitrine. Je la dégageais légèrement de moi et la forçais en douceur à se coucher. Elle rit et se laissa faire, sachant déjà ce que je voulais. Je posais alors ma tête sur son ventre, pour essayer d’entendre le cœur de notre bébé. Pour l’instant, je ne percevais rien mais mon ouïe était si fine que je savais que c’était une question de temps…dans quelques semaines tout au plus, je l’entendrais bien ! Je me blottis contre elle en soupirant.
- Oh attend ! S’écria-t-elle brusquement. C’est moi qui dors sur toi…
- Euh … ok.
- Oui, tu es trop lourd, ajouta-t-elle en rougissant.
Comme à son habitude, elle s’installa sur moi comme si j’étais un matelas et j’enroulais mes bras autour de ses épaules tout en lui posant la couverture sur le reste de son corps. Elle poussa un profond soupir puis commença à jouer avec mes doigts comme elle aimait le faire. Je la sentis soudain très heureuse et cette sensation m’apaisa tellement que je sombrais dans le sommeil.
* * * * *
Encore une fois, je mutais et écoutais avec attention si je ne percevais pas, ne serait-ce qu’un gémissement. Comment avait-il pu y aller seul ? Même Seth n’avait pas réussi à le suivre tellement il avait été rapide, une fois que la connexion de l’autre avait lâché ! Sa voix martelait ma tête depuis tout ce temps (parfois ça me réveillait brutalement la nuit) et ses dernières paroles passaient en boucle dans mon esprit, comme s’il me les criait encore :
- Paul…Paul, s’il te plait. Emmène Bella loin d’ici !
- Jacob…, avais-je essayé de le couper, refusant déjà cette idée.
- Ne discute pas …je ne peux plus te donner d’ordre mais je te le demande…sauve la ! m’avait-il supplié. Sauve-les…Protège-les…
La souffrance dans sa voix me rappela la mienne. Je savais quelle douleur il pouvait ressentir. Bella avait compris avant moi et je l’entendais encore hurler :
- Non Jake !
Ses yeux, alors qu’il était cloué au sol sans pouvoir se relever, me hanteraient jusqu’à la fin de mes jours s’il ne revenait jamais…
- Paul, prends-la ! Prends-la maintenant ! Avait-il hurlé avec rage.
Et j’avais obéis, j’avais pris Bella de force et l’avais emportée avec moi pendant qu’elle hurlait son nom…j’avais eu juste le temps de voir son loup se relever et s’élancer sur sa proie, tandis que Seth bondissait droit devant…puis j’avais couru longtemps, sans me retourner… laissant mes autres frères se battrent avec toute la force dont ils étaient capables pour les empêcher de me suivre.