En attendant la pluie
Chapitre 17 : Les vampires amnésiques rêvent-elles de sorciers bénéfiques ? P1
6875 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 29/07/2025 17:52
Avant-propos : bon, sans mentir, ça a été la croix et la bannière d’écrire ce chapitre. Je ne suis toujours pas sûre de qui m’a bloquée à ce point, mais j’ai dû me faire violence pour reprendre mes différents brouillons – et il en avait un nombre considérable – et en venir à bout. Pour être honnête, je ne suis toujours pas à 100 % satisfaite… peut-être parce que j’ai mis près de quatre mois à le sortir et que j’aurais souhaité qu’il soit extraordinaire – en quoi ? Bonne question – pour justifier un peu l’attente xD Mais bon, au bout d’un moment, faut avancer :p
J’ai toujours un peu de mal à cerner le personnage d’Edward – dont certains aspects de la personnalité me dérangent vraiment dans le canon – mais j’avais très envie d’explorer les points que je trouve intéressants (son amitié pour Alice, son admiration pour Carlisle, son impossibilité à reconnaître la persistance d’une âme chez les vampires) et gênants (notamment son côté Dexter version immortel, son – relatif – égocentrisme et son manque d’empathie apparent envers les autres… qui peut sembler paradoxal chez quelqu’un captant les pensées), alors, j’ai tenté de danser entre ses paradoxes et je me suis lancée dans un POV qui m’a donné bien du fil à retordre. Voilà le résultat avec ce long double chapitre. Oui, j’avais essayé de ne pas trop m’étaler dans les notes de fin pour ne pas empirer l’aspect longuet et ne pas avoir à scinder mais, c’était perdu d’avance.
Bonne lecture ^^
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Alice esquissa un sourire lumineux, son visage s’éclairant soudain de soulagement. Et juste comme ça, c’était fini. L’orage était passé, le soleil pouvait à nouveau briller.
« L'histoire n'est que l'effort désespéré des hommes pour donner corps aux plus clairvoyants de leurs rêves. »
Albert Camus – Le Mythe de Sisyphe.
23 août 1950, Kasota, Minnesota
Edward n’avait pas dormi depuis un demi-siècle, mais maintenant, il se sentait plus éveillé que jamais.
Ils étaient seuls dans la pièce – ou presque. Carlisle flânait non loin, installé sur le perron à l’arrière de la bâtisse, leur père adoptif s’était désintéressé de la lutte en cours plus d’une heure auparavant. Maintenant absorbé par ses propres réflexions, il feuilletait avec intérêt des revues médicales tout en s’interrogeant sur les bénéfices et risques de l’innovante procédure détaillée dans les articles compulsés. La petite Alice retenait toute l’attention d’Edward : assise sur l’accoudoir du canapé, les jambes croisées comme une ballerine au repos, sa silhouette menue penchait – dans un équilibre faussement précaire – vers l’échiquier [1] posé sur le guéridon entre eux. Le télépathe ne la regardait pas. Pas plus qu’il ne fixait le plateau de jeu. Ses yeux perdus entre les ombres s’étalant entre la commode et le canapé d’angle, il scrutait au sein de l’esprit de sa sœur adoptive la moindre variation dans l’issue du duel en cours.
Voilà près de trois heures qu’ils étaient figés dans cette position. Ils ne parlaient pas et n’esquissaient pas un geste pour jouer ; ils n’en avaient pas besoin, se contentant d’échanger via leurs dons respectifs. À chaque nouvelle ébauche de décision, des flashs inédits agitaient leurs pensées, remplissant leurs têtes d’un flot d’images hypothétiques.
La veille, quand Emmett et Jasper avaient entrepris d’apprendre à Alice les règles du jeu, déjà, Edward avait pu – de première main – constater le côté envahissant des prémonitions lorsque des choix étaient impliqués : sitôt que la décision de lui enseigner les subtilités des échecs fut prise, sitôt une multitude de visions à propos des leçons à venir émergea, s’accumulant dans l’esprit de la voyante, rendant une partie des explications caduques.
Si Jasper – habitué à ce que les discussions soient partiellement inutiles pour une personne ayant la tête à moitié perdue dans le futur – sembla amusé du phénomène ; Emmett en fut grandement désarçonné. Et plus qu’un peu frustré, même s’il n’en pipa mot. Il perdit le fil de sa pensée, aussi bien que la volonté de former Alice à quoi que ce soit, après quelques minutes de conversations lunaires – la voyante anticipant plus de la moitié de ce que ses interlocuteurs allaient lui dire et, toute à son enthousiasme, y répondant avec un train d’avance et de manière chaotique.
À peine deux heures après qu’on eut songé à lui faire maîtriser les rouages du jeu, Alice s’en révélait une experte des plus retorses : elle battit Carlisle à plates coutures, au terme d’une partie courte, mais endiablée. Edward avait pu voir au travers de l’une des prémonitions flottant dans l’esprit de l’extralucide l’issue de la rencontre se dessiner dès les premiers mouvements des deux joueurs esquissés. Ce galop d’essai brillamment exécuté, Alice trouva un adversaire des plus coriaces en la personne de son compagnon : celui-ci redoubla d’ingéniosité pour la prendre à revers. Suite à bien des circonvolutions et au terme d’une série de coups vicieux décidés à la dernière seconde et sans réelle anticipation – tentative d’instiller une dose d’aléatoire pour contourner les talents de divination de son adversaire… stratégie qui avait fait ses preuves contre la télépathie d’Edward plus de deux semaines plus tôt et avait permis à l’ancien soldat d’extorquer une égalité – Jasper dut admettre que la défaite lui pendait au nez. Pas si beau joueur que cela, il souffla que la voyante était « un petit monstre effrayant » [2], puis déclencha une telle vague d’hilarité chez Alice qu’elle perdit sa concentration, secouée par les rires au point de renverser involontairement l’échiquier.
S’il ne fut pas sûr que cette fin match puisse être homologuée comme une véritable victoire pour l’un ou l’autre des participants – « à ce stade, je ne sais ce qui peut ou non être considéré comme une tricherie » avait songé Carlisle à ce propos – il fut acté qu’Alice l’aurait emporté si le jeu s’était poursuivi : en conséquence, tous s’accordèrent à dire qu’elle était mûre pour un match d’anthologie contre le télépathe.
Perspective qui réjouissait intérieurement plus d’un Cullen – Rosalie plus particulièrement. Celle-ci n’ayant jamais vu Edward échouer à remporter un quelconque jeu de stratégie depuis sa création, se délectait silencieusement de la possibilité d’assister à une défaite en règle du membre de sa famille bricolée avec lequel elle entretenait volontiers des rapports houleux. Jasper de son côté, ne doutait pas une seconde de la victoire à venir d’Alice. Il reconnaissait volontiers que le fait d’avoir obligé le télépathe à concéder une égalité reposait sur des circonstances très particulières qu’il avait peu de chances de provoquer de nouveau. Sans utiliser activement son pouvoir pour l’effrayer au point qu’il ne puisse plus jouer – ce qui serait nettement moins drôle et inoffensif que la technique dont il avait usé avec Alice – il n’entrevoyait aucune perspective pour prendre le dessus sur Edward…
Mis à part celle d’apprendre le jeu à sa compagne : il n’y avait pas l’ombre d’un doute, avant même de lui avoir enseigné la moindre règle que, dès qu’elle aurait compris la chose, elle deviendrait parfaitement imbattable. Et, s’il entretenait des rapports des plus cordiaux avec le télépathe depuis que ce dernier avait pris fait et cause pour lui lors de l’incident avec Emmett, Jasper se réjouissait néanmoins : le garçon restait, à ses yeux, trop condescendant pour son propre bien. Quelques déconvenues feraient peut-être des miracles sur son caractère…
Emmett, amusé par la confiance affichée par l’empathe avait proposé de lancer des paris : chacun accepta d’y prendre part et fit un pronostic oiseux. Jasper et Rosalie misèrent sur Alice, tandis qu’Esmée et Emmett placèrent leurs billes sur Edward. Carlisle fut celui qui anticipa le mieux la débâcle et la stérilité de la rencontre à venir ; formulant en dernier la teneur de son pari, il s’était permis un sourire presque moqueur : « égalité par forfait dans environ cinq heures ». Entrevoyant cette conjecture comme une solide possibilité, les deux joueurs ricanèrent.
Et pour cause ! Leurs pouvoirs se parasitaient trop pour qu’un duel stratégique entre eux puisse aboutir sur quoi que ce soit de viable. Tout occupé à contrecarrer mentalement l’autre, les deux belligérants ne se risquaient pas au moindre coup dans la réalité.
Même pour des immortels bénéficiant théoriquement d’un temps infini sur terre, autant dire qu’observer plus d’une heure des personnes complètement immobiles – les sourcils froncés et les regards perdus dans le vague – installées de part et d’autre d’un échiquier, s’avérait une activité aussi improductive qu’agaçante.
Quand plus de trente minutes après qu’Emmett eût posé la question à la cantonade, il parut certain que « Non, personne n’escomptait bouger un fichu pion », les spectateurs les moins patients plièrent bagage plutôt que de continuer à fixer stupidement les deux joueurs. Emmett et Rosalie s’éclipsèrent pour une chasse, assez rapidement suivis de Jasper, puis d’Esmée qui – au bout de deux heures de stase – estimait que le spectacle avait suffisamment duré. Seul Carlisle, absolument pas surpris de la tournure de la partie, demeura dans les parages, vaquant à ses occupations. Il revenait périodiquement dans la pièce pour constater la non avancée du duel et leur lancer des sourires de connivence, se contentant de hausser nonchalamment les épaules. La futilité de la lutte amusait beaucoup le médecin ; ce dernier s’interrogeait sur le laps de temps qu’il leur faudrait pour mutuellement baisser pavillon et s’accorder sur la nullité du jeu.
À ce stade, il ne s’agissait pas vraiment de savoir si la partie pouvait se solder par autre chose qu’une égalité. L’enjeu ne reposait plus sur cela, tout du moins plus depuis un bon moment. Alice avait cessé de sérieusement chercher la victoire après la cent-trentième-sixième minute. Dès l’instant où elle avait vu, avec une exactitude comique – du fait de la pendule dans l’encoignure de la pièce – combien de temps, il faudrait à Jasper pour reparaître à la fenêtre du salon, des brindilles dans les cheveux et les projections du sang d’un animal quelconque couvrant l’encolure de sa chemise ; une expression narquoise étirant ses lèvres et un commentaire pince-sans-rire flottant sur le bout de la langue. Depuis, la voyante poursuivait le jeu statique pour le simple plaisir de prolonger davantage la joute mentale. Edward aussi. Du moins, il s’en persuadait.
En vérité, cela allait plus loin. C’était une distraction nécessaire pour lui, presque vitale – une tentative désespérée pour repousser la morosité qui rampait toujours quelque part, tapie sous ses pensées et menaçait de l’engloutir. L’ineptie de son immortalité le tenaillait souvent plus que sa soif de sang. Le poids de ses fautes, les pensées des autres parasitant inlassablement son esprit, l’aspect insupportable de sa non-vie… tout se mélangeait parfois, le minant. Il bouillonnait d’une amertume qu’il s’efforçait vainement de réfréner. Vainement était le mot : il savait parfaitement – puisqu’il était toujours aux premières loges des perceptions des autres – que sa rancœur débordait régulièrement, bien plus visible qu’il ne l’aurait désiré. À peine moins versatile que Rosalie, il se révélait plus qu’à son tour colérique, des remarques désobligeantes quittant souvent ses lèvres avant qu’il eût pris la pleine mesure de l’acidité du propos.
En cet instant, Edward se sentait d’une humeur étonnement égale – voire positive – et souhaitait simplement que le moment perdure un peu. Alors, il ne disait mot sur l’absurdité du duel, continuant à savourer en silence les pensées de sa sœur.
Les deux vampires, détenteurs de talents psychiques, communiquaient à leur manière. Engagés dans un intense, mais vif et silencieux, combat interne, ils envisageaient soigneusement chaque option de mouvement puis les récusaient immédiatement : chaque belligérant soupesait soigneusement sa stratégie, puis l’abandonnait le sourire aux lèvres. C’était une rixe interminable : dès que l’extralucide entrevoyait une victoire d’Edward, elle modifiait complètement sa stratégie ; stratégie à laquelle le télépathe avait accès d’emblée et qu’il pouvait, en conséquence, immédiatement contrer.
C’était ridicule. S’il devait être honnête, Edward s’amusait follement.
Il ne se lassait pas de se perdre dans les méandres de l’esprit d’Alice. Avoir des aperçus du drôle de petit théâtre personnel de la voyante – au sein duquel les instants présents s’entrechoquaient avec des bribes d’une kyrielle de futurs potentiels – se révélait aussi troublant que fascinant. Jamais avant leur rencontre, le jeune vampire n’avait assisté à pareil spectacle. Depuis son éveil en tant qu’immortel, Edward avait croisé peu de personnes aux pensées authentiquement « intéressantes » ; celles de sa nouvelle sœur adoptive s’avéraient les plus captivantes qu’il lui eût été donné de discerner.
Captivantes, c'était le terme : des flashs lapidaires se jouaient à un intervalle chaotique derrière les yeux – grand ouverts mais souvent égarés dans d’autres contrées – d’Alice. La plupart du temps, il s’agissait d’éclats isolés venant anticiper quelques morceaux de la conversation en cours ; à d’autres moments, de monceaux d’intuitions soutenus par quelques images fugitives et presque incompréhensibles. Plus rarement des visions plus longues et précises se logeaient dans son cerveau, le remplissant de scénettes hautes en couleurs : c’était comme assister au tournage d’une production télévisuelle ayant troqué son manteau gris et ses textures imparfaites pour des teintes d’un réalisme chatoyant. Ce flot désorganisé avait de quoi donné le tournis ; passé et présent s’éclipsaient et se mélangeaient pour celle qui avait déjà les orteils plongés dans une multitude de futurs potentiels. Sans son esprit vampirique, Alice aurait sans doute perdu la tête, ployant sous la quantité de toutes ces perspectives – les informations discordantes la traversant – se profilant et se contredisant les unes les autres. La voyante semblait peu se soucier d’être incapable de faire le tri dans cet incroyable fatras interne et, si elle était parfois troublée d’avoir les yeux rivés sur des horizons encore lointains, elle n’en montrait rien. Se saisissant sans hésitations des moments heureux qu’elle arrachait au présent, tout en gardant le faisceau de bribes d’avenir dans un recoin de sa mémoire. Ignorant parfois les esquisses d’un futur qui cherchait déjà à s’imposer à elle, Alice croquait souvent le moment à pleines dents.
Avec l’arrivée de leurs nouveaux membres, la maison bruissait de nouvelles pensées et de rythmes différents. Edward était encore parfois irrité — peut-être à juste titre – par le fait qu’ils eurent dynamité une routine bien rodée et conquis l’espace avec une aisance déconcertante, comme si leur place avait toujours été là, au sein de la mascarade inventée par Carlisle. Rosalie, parfois, pensait à leur famille comme un à un cirque de monstres de foire que leur père aurait recrutés et – en bon Monsieur Loyal – aurait traîné dans son sillage, de ville en ville pour son spectacle. Une partie d’Edward ne récusait pas complètement l’image et lui trouvait un aspect amusant. Le télépathe devait reconnaître une chose : l’arrivée d’Alice et Jasper dans « leur cirque » avait changé la donne.
Carlisle, en particulier, semblait rajeuni. Il n’y avait pas d’autre mot. Une sorte d’élan enthousiaste dans sa voix, lorsqu’il parlait. Une foi ravivée, comme si ce couple improbable – une voyante amnésique et un tueur de masse fraîchement repenti — incarnait la promesse que même les âmes les plus égarées pouvaient trouver leur trajectoire et contredire tous les pronostics funestes. Esmée de son côté était plus que ravie d’avoir de nouveaux enfants sur lesquels veiller ; Emmett s’entendait parfaitement avec Alice, profitant de toutes les variations impliquées par sa présence, et considérait déjà Jasper comme un frère ; Rosalie, même si elle tentait de rester circonspecte, demeurait étonnamment – surtout considérant le récent accident de chasse – compréhensive et mondaine avec l’empathe…
Leur présence n’avait rien d’anodin. Elle avait réorganisé des équilibres établis de longue date, déplaçant les repères comme un cyclone au sein d’une pièce close. Et Edward, qui gardait souvent ses distances, s'était découvert une étrange complicité avec sa nouvelle sœur.
Quand les membres de sa famille avaient ignoré ses mises en garde à propos des nouveaux arrivants, il s’était d’abord inquiété sans fin de ce que risquait de provoquer leur insouciance. Puis, constatant leur intégration express, il s’était senti vexé et un peu lésé : Alice avait volé sa chambre, annexé son espace et bouleversé l’organisation entière d’une existence laborieuse mais soigneusement réglée.
Et elle l’avait fait avec son aval d’une certaine façon, puisqu’elle avait compté sur lui pour plaider sa cause. Il aurait voulu la détester pour cela, mais la vérité c’est qu’il n’y parvenait pas. Pas même un peu. Parce qu’en même temps qu’elle s’était invitée chez lui, elle lui avait ouvert en grand toutes ses portes.
La manière délibérée avec laquelle la voyante lui offrait accès aux moindres recoins de son esprit avait quelque chose de rafraîchissant. Edward ne pouvait s’empêcher d’être touché par l’inébranlable confiance qu’elle lui témoignait depuis les premières secondes de leur rencontre. C’était étrange, mais il mentirait en prétendant ne pas pleinement apprécier cette fée tombée du Ciel. Le télépathe n’avait jamais vraiment noué d’amitié étroite auparavant : même en tant qu’humain, il avait été plutôt solitaire, trop intelligent – ou arrogant – pour ne pas prendre les gens à rebrousse poil. Il ne se lassait pas de se sentir vraiment proche de l’extralucide et de partager un lien particulier avec elle ; bien sûr, il aimait tous les membres de sa famille – même Rosalie, malgré ses aspérités – et il ressentait un fort sentiment de camaraderie à l’endroit d’Emmett mais, d’une manière ou l’autre, c’était très différent que ce qu’il éprouvait envers Alice. Edward l'avait perçu dans ses pensées : la fille l’avait attendu depuis presque aussi longtemps qu’elle avait attendu Jasper, désireuse de le rencontrer. Ayant hâte d’avoir un ami avec lequel partager tout ce qu’elle voyait. Cela le flattait et, de manière un peu candide, le rendait heureux.
Alice était son amie et il y avait quelque chose de grisant à être à proximité d’elle quand une vision l’envahissait. Comme une brèche hors du temps qui s’ouvrait tout à coup pour eux deux – un flux d’images, d’intuitions, de possibles. Edward n’était pas qu’un spectateur parasite, un clandestin dans son esprit, il était un complice, un compagnon de voyage privilégié – le seul que sa nouvelle sœur pouvait emmener dans le dédale de son esprit. Et il savourait chaque instant du périple.
Assister à ses visions par ricochet, c’était avoir un pied dans un théâtre en constante mutation. Être témoin de scènes qui n’existaient pas encore, percevoir des fragments d’histoires auxquels les principaux acteurs n’avaient pas encore accès. Le télépathe trouvait qu’il y avait à cela une poésie trouble, une beauté singulière sur laquelle il peinait à mettre des mots. Il se surprenait parfois à guetter la moindre secousse dans l’esprit, comme un enfant à l’orée d’un rêve éveillé.
Sur les dernières décennies, Edward avait rencontré plusieurs vampires talentueux mais jamais auparavant, il n’avait croisé une personne avec laquelle son don entre à ce point en résonance [3] …
Penser aux pouvoirs des immortels faisait dériver ses réflexions sur Jasper. Il se rappelait le violent effroi qu’il avait d’abord ressenti face aux horreurs dont était émaillé le passé de l’ancien Major. De la façon dont l’ampleur des crimes avoués – l’absurde exercice de chiffrage auquel il s’était livré – l’avait glacé. Pourtant, l’absence de menace perceptible dans les bribes de pensées décryptées – il pouvait remercier pour cela l’ouvrage acquis par Rosalie sur le décodage du code Navajo – avaient fini par affaiblir sa méfiance.
Si se balader dans l’esprit de la voyante s’apparentait à vivre un rêve éveillé, se risquer dans celui de son compagnon – pour peu que l’on passe les forteresses épaisses derrière lesquelles il se retranchait – c’était se glisser dans un cauchemar dont on ne savait si on ressortirait indemne. Au-delà de la folie oppressante planant au-dessus de la plupart de ses souvenirs de bataille, il perçait dans les pensées de l’ancien confédéré une honnêteté brutale. Une intégrité inattendue et une forme de droiture déroutante considérant ce que l’homme avait mis en jeu durant près d’un siècle. Jasper ne cherchait jamais à excuser ce qu’il avait été. Il ne mentait pas sur la nature de ses péchés, ne s’illusionnait pas en cherchant à en dénier la responsabilité : il assumait chacun d’eux de manière scrupuleuse, parvenant à s’en détacher juste suffisamment pour vivre avec. Edward ne comprenait pas l’homme ; surtout pas comment il faisait pour se supporter lui-même… Quelque part, il supposait que son empathie devait aider à ce qu'il ne sombre pas.
Plus récemment, c’est l’incident avec Emmett qui avait finalement convaincu le télépathe de la non-dangerosité de leur invité. Edward avait découvert une facette de Jasper qu’il n’avait pas réellement cernée, en dépit de tous les indices fournis par les bribes captées lors de son récit sur les guerres du Sud. Il fut assez sidéré par les pensées qui traversèrent l’ancien soldat en arrivant sur les lieux de la bataille. Non seulement il n’avait pas eu la moindre intention de faire du mal ni à Emmett – même convaincu que celui-ci l’avait attaqué – ni à aucun d’entre eux – même à l’instant où, sa paranoïa atteignant des sommets, il s’était à demi persuadé que la situation pouvait impliquer les Volturi et risquer de mettre en péril Alice – mais, pire : tandis que sa panique rendait ses pensées agitées de plus en plus confuses et absurdes, il s’était résigné à accepter – avec une bonne dose de lassitude – n’importe quelle sanction cruelle qu’on choisirait de lui infliger. Edward n’était pas sûr de goûter à cette forme de fatalisme, pas plus qu’il n’arrivait à la comprendre. Pour un homme ayant combattu près d’un siècle, sa rapidité à abdiquer lui paraissait incongrue… Ce renoncement apathique le dérangeait. Et pas qu’un peu, même s’il ne mettait pas encore pleinement le doigt sur ce qui lui posait un problème majeur.
De manière similaire à son erratique compréhension de Jasper, celle de son pouvoir restait au point mort. Tout ce qu’il percevait pouvait, au mieux, être qualifié de trouble et confus. Le télépathe n’arrivait jamais à complètement saisir l’essence de ce que l’empathe vivait. Les pensées de Jasper à propos de la myriade d’émotions qui le traversaient semblaient parcellaires : de rares reflets flous aux allures d’approximations mentales qui ne rendaient vraisemblablement pas justice à la complexité de ce qu’il absorbait en permanence.
Ce décalage rendait Edward perplexe autant qu’il le frustrait : il captait des pensées qui paraissaient en contradiction avec l’atmosphère émotionnelle que l’empathe semblait cerner – et cela le perturbait profondément. Il en venait à douter de ses propres interprétations. Peut-être, au fond, que les pensées n’étaient qu’une façade : mensongères, même pour leurs propriétaires, et que les émotions – brutes, incohérentes, viscérales – rendaient plus fidèlement compte de l’âme des individus ?
C’est sans doute aussi cela qu’Edward jalousait : Edward savait que Jasper s’interrogeait souvent sur la raison pour laquelle il « l’enviait ». Ce n’était pas tout à fait de l’envie. S’il tentait d’honnêtement faire le point sur ce qu’il ressentait pour l’empathe, cela consistait plutôt en une forme d’incompréhension. Et en un sentiment d’injustice larvé face au fait – qu’après tout ce qu’il avait fait – l’ancien soldat puisse être à peu près fonctionnel. Ce n'était évidemment pas son passé – il n’y avait rien dans la longue et sordide existence du Major Whitlock qui fut susceptible de provoquer la jalousie – mais la facilité avec laquelle il se mettait au diapason des autres et parvenait, malgré son caractère en apparence réservé, à instaurer des liens avec eux. Cette façon qu’avait Jasper de sentir les émotions autour de lui, de s’en nourrir, et parfois de s’y raccrocher pour ne pas sombrer. C’était paradoxalement cette planche de salut qu'enviait Edward. Le don de l’empathe, qui l’avait torturé pendant si longtemps – le submergeant d’une peur, d’une rage et d’un désespoir qui n’étaient pas les siens – avait paradoxalement sans doute été ce qui l’avait maintenu en état de marche. Jasper avait trouvé, dans l’émotion brute des autres, un fil ténu auquel s’agripper. Il pouvait capter la chaleur, la joie, la tendresse, et les faire en partie siennes. Fugaces ou empruntées, ces émotions positives suffisaient néanmoins à le porter ; là, où, s’il avait dû rester seul avec lui-même, il se serait sans doute irrémédiablement effondré.
Malgré les apparentes similitudes, le don d’Edward s’avérait fondamentalement différent dans sa nature. Les pensées des autres lui parvenaient comme un bourdonnement constant, un chœur dissonant de voix désaccordées et globalement fielleuses. Il n’y avait ni pause, ni refuge. Pas grand-chose de bon à tirer de la masse des pensées captées – seulement un flux ininterrompu d’opinions, de jugements mesquins, de désirs passagers, souvent triviaux, égoïstes, absurdes. La télépathie n’avait pas grand-chose à voir avec un lien. Ce n’était pas un don qui permettait une communion ou une réelle compréhension de l’autre, c’était une intrusion permanente. Et si les membres de sa famille avaient, la plupart du temps, des esprits agréables à visiter, ayant appris à édifier des barrières mentales pour éviter qu'il perçoive certains de leurs tourments, cela ne suffisait jamais totalement. Il percevait toujours des parts d’eux qu’ils auraient préféré lui cacher. Des parts que, malgré lui, il jugeait.
C’était peut-être cela, le pire. Le réflexe de jugement dont il ne parvenait pas à se débarrasser. Une lucidité impitoyable sur les autres – et sur lui-même – qui alimentait une forme de mépris et de dédain. Comme si, forcé à entendre ce que les autres pensaient vraiment, il ne pouvait les respecter pleinement. La télépathie, loin de lui offrir un pont creusait un abîme : son savoir sur les autres lui apportait peu de réconfort. Il lui révélait tout, trop vite, trop brutalement. Les failles, les faiblesses, les mensonges ordinaires. Ce qui rendait les autres humains dans leurs attachements – et les vampires dans leurs tentatives de rédemption – si touchants, devenait vite insupportable et trivial quand on voyait l'envers du décor. Il n’y avait pas de surprise ou d’émerveillement durable. Rien ne prenait racine. Rien ne durait. À peine un frisson d’intérêt, aussitôt étouffé par l’analyse.
Jasper baignait dans les émotions douloureuses, mais il pouvait puiser des éclats de quelque chose de beau et chaleureux ; Edward se noyait généralement dans la vacuité.
C’est pourquoi son appréciation des pensées d’Alice avait quelque chose de tout à fait inédit. Alice était un petit miracle à elle seule et, ce qui le frappait également, c’était la dévotion inébranlable de Jasper pour elle. Même lorsque l’ancien soldat tentait de protéger son esprit, essayant d’en refuser l’accès, retranchant ses pensées et cherchant à les dissimuler – autant pour éviter de l’encombrer de visions cauchemardesques que par défiance envers le jugement qu’il pourrait émettre face à elles – son esprit restait partiellement tourné vers Alice. Une partie absorbée par elle comme l’aurait été un papillon par une flamme.
Aux yeux de Jasper, l’existence d’Alice semblait constituer une lueur suffisante pour combattre la profondeur de n’importe quelle l’obscurité… y compris celle qui le rongeait. Edward en était assez désarçonné. Il ne comprenait pas cette manière dont l’amour paraissait insidieusement changer les individus au point qu’ils soient si « jusqu’au-boutistes » dans leurs attitudes. Il avait assisté au processus avec Carlisle et Esmée… le télépathe avait su qu’ils s’aimaient avant qu’eux-mêmes ne le réalisent. Pourtant, il avait peiné à comprendre les contours du phénomène lorsque la romance s’était finalement concrétisée.
Cela avait été encore plus évident que quelque chose manquait à sa compréhension quand Rosalie et Emmett s’étaient rencontrés : Edward avait pris la volonté absurde de sa sœur de sauver l’humain mourant pour un caprice – et c’en était un à certains niveaux – et s’en était agacé. Il n’aurait pas parié une minute sur la transformation qui s’opérerait en sa vindicative compagne d’immortalité à cause de l’amour. La manière dont cela s’était produit échappait largement au télépathe : les pensées de l’un comme de l’autre ne suffisaient pas expliquer le phénomène. Cela avait été comme un cataclysme autant qu’une évidence.
Personne – surtout pas Rosalie – n’aurait envisagé que cela puisse arriver, mais plutôt que s’écraser contre des falaises escarpées et apparence infranchissables, Emmett s’était insinué sans effort à travers les moindres failles, annihilant toute résistance avant que celle-ci ne puisse s’organiser. Lavant et apaisant – à défaut de pouvoir les soigner – des blessures incurables. Et, s’il n’avait pas été aux premières loges des pensées d’Alice et Jasper lors de leur rencontre, il ne doutait pas que, à nouveau, il n’aurait pu trouver dans leurs esprits respectifs matière à comprendre la force du sentiment qui les avait traversés. Edward avait la sensation de ne pas vraiment réussir à cerner le concept d’amour, peut-être parce qu’il n’avait jamais vraiment éprouvé ce vertige pour lui-même : la chose la plus proche qu’il eût ressentie était l’avant-goût que Jasper avait fortuitement donné en voulant partager son espoir. Il n’était pas certain d’être un jour capable de tisser ce genre de lien qu’il échouait à analyser. Il voyait les attaches des autres comme on observe une constellation lointaine : c’était beau, oui, mais cela paraissait infiniment hors de portée.
Cela le frustrait et l’intriguait à la fois : connaîtrait-il un jour ce sentiment ? Pourrait-il alors appréhender ce qu’il ne parvenait pas à effleurer dans les pensées de son entourage ? À moins qu’il n’ait jamais de réponse et soit destiné à une solitude éternelle ?
Peut-être que le problème venait de lui. Pas d’un simple angle mort dans sa perception – il aurait su le corriger et le dépasser – mais quelque chose de plus profond et structurel. Un blocage mal identifié qu’il ne pourrait peut-être jamais franchir. L’hypothèse n’était pas neuve ; elle revenait par à-coups dans les pensées des autres. Chez Emmett, l’idée revêtait des allures moqueuses. Chez Esmée et Carlisle, cela sonnait comme une inquiétude douloureuse qu’ils s’efforçaient d’écarter. Une crainte sourde et à peine formulée, mais qui transparaissait régulièrement de manière inopinée. Jasper, récemment, avait eu cette pensée lui aussi – un simple constat lapidaire pour l’homme : Edward a été transformé trop jeune, il ne sera jamais adulte.
Pas tout à fait. Pas comme eux, au sens où ça importait. Figé trop tôt dans le marbre de l’éternité, il resterait en deçà d’un certain seuil de maturité. Ce « pas encore » suspendu à jamais, qui le suivait à la manière d’un fantôme, expliquait-il son incapacité à tisser les liens faciles qu’il observait chez les autres ? L’idée sinueuse, rampait dans sa tête, refusant de se taire. Et avec elle une pointe de rancœur. Une vague lassitude et une morosité tranquille, dirigées vers lui-même plutôt que celui qui l’avait sauvé… et définitivement damné.
La voix intérieure paniquée de Carlisle – ses pensées d'alors – résonnaient encore en lui. Elles ne s’étaient jamais tout à fait tues, tournant dans un coin de sa mémoire, lui prédisant le fiasco à venir [4].
Pardonnez-moi… Pardonnez-moi… Seigneur, qu’ai-je fait ? Ce pauvre garçon… comment ai-je pu ? Je l’ai damné, damné à jamais. Comment vais-je le convaincre de ne pas tuer ? De ne pas succomber à ses instincts ? Ai-je même le droit de lui demander une chose pareille ? Pardon. Je suis tellement désolé… mon garçon.
C’était la première chose qu’il avait entendue. La première pensée captée, aussi audible que si elle avait été hurlée dans une pièce vide. Il brûlait encore du feu de la transformation que les regrets de son créateur s’égrainaient déjà, muets, mais parfaitement discernables pour un télépathe. Ils le frappaient comme mille éclats. Avant même de comprendre ce qu’il était devenu et constater la kyrielle de changements dans le monde autour de lui. Avant même d’ouvrir les yeux sur cet univers neuf et la foule de nouvelles perceptions l’accompagnant, Edward savait ce qui ne serait jamais reconnu à haute voix : il était une aberration. Une erreur de jugement. Une faute morale… pire, une hérésie.
Les mots de Carlisle. Sa peur. Sa honte. Son angoisse sourde et sa culpabilité en songeant à la folie qu’il avait commise, elles se répercutèrent sinistrement dans l’esprit du jeune vampire, le persuadant de sa monstruosité avant même le premier faux pas. Évidemment, ce n’était pas la faute de son père adoptif : comment aurait-il pu savoir que l’adolescent qu’il avait transformé – un acte de compassion autant qu’un geste égoïste venant mettre fin à plusieurs siècles de solitude – entendait ce qu’il se gardait bien de formuler ? Les mots de réconfort assenés à haute voix étaient immédiatement contredits et affadis par ceux non prononcés.
« Tout ira très bien, mon garçon. Tu ne mourras pas, j’ai fait quelque chose pour te sauver. La douleur va bientôt cesser, ensuite, je t’expliquerai tout. Le monde sera différent, certaines choses seront compliquées, mais tu vivras une très longue vie. Des choses merveilleuses t’attendent… »
Les affirmations creuses d’un homme trahi par ses propres pensées. Un homme qui voulait croire en la bonté du garçon qu’il venait de condamner à une existence que lui-même jugeait misérable.
Contrairement à Rosalie, Edward ne parvenait pas à en vouloir à son créateur.
Il avait aimé Carlisle immédiatement. Aimé la clarté de son esprit, son intelligence, son refus obstiné de se complaire dans l’horreur en s’adonnant à ses bas instincts. Il n’avait jamais rencontré d’esprit plus pur, plus admirable – ni plus tourmenté. Le médecin portait sa foi et son humanisme en bandoulière, comme une armure rouillée et abîmée qui refusait de tomber en morceaux, protégeant encore tant bien que mal son détenteur : il la polissait chaque jour avec ferveur, même si le bouclier était ébréché et que des fissures apparaissaient de toutes parts, striant le métal. Carlisle n’était pas fou mais – refusant la fatalité en s’échinant à combattre les moulins à vent – Edward ne pouvait parfois s’empêcher de penser qu’il faisait un curieux Don Quichotte. Certaines nuits, quand le médecin fatigué baissait involontairement sa garde au point de lui imposer ses vues les plus sombres, Edward captait sa litanie. Quelques phrases inaudibles professées à l’attention de Dieu :
Ils ne sont pas damnés. Ils sont en vie, ils ont été sauvés et je suis heureux à leurs côtés. Cela en vaut la peine. Nous sommes tous en vie et nous ne sommes pas damnés.
Des prières bien davantage que des affirmations. De pieux mensonges, nécessaires pour survivre.
Et Edward l’aimait pour cela aussi. Pour sa ténacité ridicule. Pour la beauté désespérée de ses contradictions. Il aurait tout donné pour être comme lui et se soumettre à cette forme de discipline intérieure : admirer l’humanité depuis la rive sans jamais la toucher. Voire l'aider et la soigner – mais il en était incapable. Il n’était pas Carlisle. Il partageait certains aspects de sa foi, mais certainement pas sa retenue. Il ne possédait pas l’étincelle sacrificielle qui lui aurait permis de voir dans cette éternité d’insatisfaction un destin à embrasser, une vocation.
Lui n’y voyait qu’une punition.
Il se souvenait encore du goût du sang de Charles Evenson [5], l’ancien bourreau d’Esmée. Sa première exécution.
Le premier monstre humain dont il s’était nourri.
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Notes :
* Détournement du titre du roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », il correspond de manière un peu plus évidente à la seconde partie du chapitre. À l’origine, je n’avais pas prévu de le diviser ;)
[1] Oui, je ne sais pas quel est mon problème du moment avec les échecs mais, après ça, j'arrête de parler de ce jeu dans cette histoire :p
[2] Je trouve ce surnom, que donne canoniquement Jasper à Alice dans la saga, plutôt mignon, par contre c'est dur de trouver des contextes dans lesquels le caser.
[3] Il est suggéré qu'Alice et Edward ont une amitié très étroite – meilleurs amis avant même d'être frères et sœurs adoptifs – et je trouve ça plutôt logique au vu de leurs dons respectifs : Edward est le seul (à part Aro... mais c'est un autre sujet) pouvant vraiment faire l'expérience du talent d'Alice. Je pense que ça soulage Alice d'avoir quelqu'un qui puisse réellement comprendre cette partie d'elle (sans doute impossible à correctement exprimer via les mots) et que ça soulage Edward d'avoir quelqu'un qui ait un intérêt/une appréciation autre de sa télépathie. Et, ce sera exploré dans la seconde partie, elle a d'autres motifs qui la poussent à être proche de son nouveau frère ;)
[4] Je crois que les pensées involontaires de Carlisle ont énormément joué sur la détestation de la condition de vampire d'Edward et son charmant petit côté émo morose. Je détaillerai davantage ce point plus tard.
[5] Eh oui, c'est l'ancien mari d'Esmée la première proie de Dext... d'Edward le justicier sanguinaire.
La suite est déjà écrite et arrive dans quelques jours (promis :p).