Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 1 : La fuite

1681 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:56

 

 

Il y a des choses qui nous manquent, des choses qu'on ne peut remplacer.Comme quelqu'un qu'on aime, qu’on chérit, qu’on adore. Quelqu’un dont l’absence nous est insupportable, voire mortelle. Mais je garde tout de même à l'esprit qu'il faut se battre, jour après jour, et que même si c'est dur, il faut continuer.C'est ça être fort.

 

Je courrais. Il le fallait. Un pas après l’autre, sans prendre en compte ma fatigue, et ma tristesse. Il fallait que j’éloigne ses deux sentiments, pour qu’un seul et unique persiste dans  mon combat. La honte.J’avais honte. J’avais honte d’être contrainte de m’enfuir pour pouvoir sauver ma pitoyable vie, de ne jamais pouvoir cesser de courir pour survivre. J’avais honte de ne pouvoir compter sur personne mis à part moi-même.

J’avais honte d’être aussi lâche et misérable.Mes pieds nus s’enfonçaient dans la neige glacée, et j’ignorais cette douleur, cette morsure que procure le froid. Ne pas cesser de courir. Toujours continuer d’avancer. C’était mon objectif, celui de m’éloigner le plus possible de ceux que j’avais toujours considérés comme mes ravisseurs. Mais je les entendais, non loin derrière, pistant mes traces comme de pauvres chiens de chasse. Vulnérable, je l’étais ; oh, oui, bien plus qu’eux. Ils me coursaient, sentaient l’odeur du sang frais qui coulait dans mon dos. La brûlure du froid et celle de mes blessures aurait pu m’arrêter.

Je ne pouvais pas me le permettre. Mes yeux étaient humides, douloureux à cause du vent, et de froides larmes coulaient sur mes joues. Etais-ce la conséquence du froid ou celle de ma peur ? Je parcourais la forêt, à l’aide d’une issue, d’une quelconque solution à ma mort certaine. Oui, car on me tuerait pour avoir eu l’audace de m’enfuir. Un craquement attira mon attention. Mes deux ennemis me cernaient, un sourire carnassier collé à leurs lèvres pâles.

J’accélérais le pas, en leur rendant leur sourire si insolent. C’est avec soulagement que j’aperçu la fin de la forêt, terminée par quelques arbres enneigés et tristes. Mon unique espoir de survie était qu’une quelconque forme de civilisation humaine puisse se trouver à proximité. Ils n’oseront jamais m’attaquer en public. Jamais. Mon espoir s’anéanti lorsque j’atteignis mon unique porte de sortie, sans retour en arrière.En contrebas de l’immense falaise, sur les rochers dangereusement pointus s’écrasaient violement des vagues froides et écumantes. Mon cœur se serra. Je me retournais lentement, et fixais avec résignation mes deux assaillants.

Le bruit des vagues masquait celui de ma respiration saccadée, et tandis qu’eux ne respiraient pas, moi je tentais de ne pas étouffer et d’oublier la douleur des lacérations dans mon dos.

- Il n’est pas trop tard, tu sais, me dit l’un. Il ne te punira pas trop méchamment, tu survivras.

Quelle erreur as-tu dont fais, Jynn ? Bien sûr qu'il te tuera.

Bon. Apparemment, ils n’étaient pas du même avis. Quoi qu’il en soit, ils braquèrent sur moi des yeux sanglant, un regard dur.

- Tu nous appartiens.

Je soupirais, et je détendis mon visage. J’étais au bord, je le sentais. Je n’avais qu’à pousser juste un peu sur mes jambes, et…

J’ouvrais mes yeux, que j’avais fermé.

- Oh, je vous en prie…

S’attendant à une supplication de la part, ils affichèrent un air satisfait. Et ce fut à mon tour de sourire. Peut-être pour la dernière fois.

- Allez au diable.

Et je sautais.

La chute ne fut pas longue, et j’entendis l’un des deux vampires crier un « Non ! » un peu désespéré.

S’il avait voulu me rattraper, il l’aurait fait. Bien avant que je n’atteigne l’eau. Mon corps percuta la surface glacée du flot froid et agité, et ce fut comme si des milliers d’aiguilles me traversaient. Je les sentais me piquer, me transpercer comme des dards d’abeilles enragées. Impossible de lutter, avec ce courant, ce froid. Mes blessures étaient moins douloureuses. Au bout d’un certain temps, j’étais comme endormie, malgré le violent courant, qui, je le savais, m’emmenait chaque minute un peu plus vers le large. Mais, malgré la violence des vagues, tout paraissait calme. Mes yeux ouvert voyaient à peine le soleil sous toute cette eau.

J’allais mourir. Et c’était certainement mieux. Mon corps était engourdi, et je sentais le froid m’envahir, mais c’était agréable. Comme un bain froid après une journée de grande chaleur.J’ai fermé les yeux.Les flots m’emportaient. Violents pour les autres, doux pour moi. L’eau me paraissait calme, sans douleur, mais c’était ainsi que j’allais mourir, aussi bête cette mort soit-elle. A demi-consciente, je naviguais. Le temps passait, je n’en avais que plus conscience alors que je me noyais, encore et encore.Et puis soudain, je sentis la mer me rejeter violement. La respiration me manqua soudain, mes poumons me brulèrent. J’étais sortie de ma douce léthargie. Incapable de bouger, tétanisée par la douleur me clouant, je me sentis rouler doucement, poussée par les vagues, sur quelque chose de dur, et de froid.Une voix lointaine me parvint, comme étouffée à travers les nuages.

Tu sens ça ?

Oui, l’odeur vient de la plage.

Pendant quelques minutes, plus rien. J’aurais voulu pouvoir bouger, pour faire un signe, n’importe quoi qui aurait pu me tirer de là.Les voix revinrent, plus distinctes que jamais. Leurs intonations rauques me donnèrent mal à la tête ; mais mourante comme je l’étais, on ne pouvait rien pour moi.

- Oh bon sang ! Viens m’aider, Quil.

On me saisit fermement par la taille, et on me tira des dernières vagues qui léchaient paisiblement mon corps.Quelque chose se posa sur ma poitrine. Quelque chose de chaud sur mon corps froid. J’aurais voulu hurler.

- Son cœur bat, répondit une voix dure, autoritaire. Mais faiblement.

Puis soudain, on exerça une pression violente sur ma poitrine.

Je sentis l’eau logée secrètement dans mes poumons remonter, mais pas pour autant sortir. Au bout de ce qui me parut cinq douloureuses compressions, l’eau sortit par ma bouche, mon nez. Je toussais, je crachais, et on me tourna sur le côté, pour que je puisse crachoter toute cette eau salée et écumante

.- Hé, vous m’entendez ?

La voix était moins rauque, plus fluette. Comme celle d’un jeune adolescent.Mes yeux s’entrouvrirent une demi-seconde, mais totalement abattue par ma faiblesse, je les refermais, et tressaillis lorsqu’on toucha du bout des doigts mes lacérations profondes et sanglantes.

- Sam, regarde.

Un silence. Je gémis, mais n’ayant pas la force de bouger, je restais ainsi, allongée sur le côté tandis que de parfaits inconnus me scrutaient, tâtaient mes blessures.

- Qu’est-ce qu’on fait alors ?

J’entendis un petit grognement.

- Je n’ai pas très envie de payer des frais d’hôpitaux pour quelqu’un que je ne connais pas. Elle me parait louche.

On soupira, et on me souleva.

- On l’emmène aux Cullens. Carlisle, lui, saura quoi faire.

Sa voix me parut soudain lointaine, et bientôt, je n’entendis plus que mon souffle faible, mais qui retentissait pourtant dans mes oreilles comme une locomotive.Je me sentais me balancer doucement, alors qu’on m’emportait, et ce moment me parut durer des heures. Je redoutais qu’on me soigne : je ne le méritais pas !

La tête dans les nuages, je sentis à peine que nous avions pénétré un endroit intérieur. Il faisait chaud, mais rien ne pouvait me réchauffer.

J’entendis des voix, affolées, puis calmes, et mon esprit s’en alla, maladroit, dans un endroit que personne n’aurait pu trouver.

Ne pars pas trop loin, Ok ? lança une petite voix fluette dans ma tête. Reviens vite.Oui, promis. 

 

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