Only Poisoned Your Mind

Chapitre 3 : Partie 2

6262 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/01/2015 00:21

Bêta reader : veronicka

Disclaimer : Comment dire que j'aimerais avoir une belle horde de loups garous dans mon jardin mais je crois que c'est mieux pour eux qu'ils continuent d'appartenir à Stéphanie Meyer :k, et les acteurs du film à eux même. L'univers et quelques personnages en revanche sont de ma création !

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Partie 2

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La nuit est déjà tombée sur New York quand Paul débarque devant le 'Wolf', il est simplement vêtu d'une chemise noire et d'un jean délavé. Une musique d'ambiance s'échappe du bâtiment et des couleurs chatoyantes se reflètent dans la rue. Il adresse un signe à Rosalie, l'hôtesse et à Leah, stationnée à l'entrée du club, bras croisés et regard sévère. Non qu'elle aime afficher ce visage, mais une femme agent de sécurité se doit de paraître un minium crédible, ne serait-ce que dans son attitude.

L'intérieur du club se trouve être relativement calme pour l'instant. Jared est assis derrière le bar en regardant Embry essuyer des verres, passionné par chaque geste de sa moitié. Akira semble aux prises avec un client un peu insistant. Paul a à peine le temps de s'installer au bar que déjà Embry lui sert un whisky coupé en souriant, ils échangent quelques mots avant qu'une voix joyeuse n'attire leur attention. Rejo vient de sauter par dessus le bar afin de se retrouver juste à coté de Paul.

"Alors cette blague ?"

Réfléchir ! Le questionné met du temps à se rappeler qu'il avait une blague sur les hispaniques à raconter à Rejo.

"Ah ouais...Qu'est-ce qui est écrit au fond des piscines Espagnoles ? "

Rejo fais la moue, la blague est sûrement bien naze, cela étant il n'a aucune idée de la réponse et Embry et Jared sont trop occupés à se bécoter derrière le bar pour lui porter secours.

"N'oublie pas de remonter."

Une voix grave et basse vient de donner la réponse, les mots détachés sont caressants, chauds. Paul frissonne contre son gré. Rejo et lui se retournent dans un même geste. Le premier n'est pas surpris, le second s'efforce de refermer sa bouche entrouverte.

Un grand brun avec une carrure similaire à la sienne, se tient devant eux, vêtu d'un costard sobre égayé par une chemise en soie bleue entrouverte. Paul a estimé approximativement que son âge devait être identique au sien. L'inconnu possède deux orbes presque noires d'une profondeur sans fin dans lesquelles il se perd une seconde, le reste de son visage est harmonieux tout en restant masculin. L'homme a un petit sourire charmeur en coin, le même qu'il utilise parfois quand il veut séduire.

"Jacob Black."

Il lui tend une main, que son interlocuteur saisit, retenant ses tremblements du mieux possible. Difficile d'imaginer que le mec qui suinte l'assurance en face de lui n'a que l'âge d'Embry, soit 4 ans de moins que lui. Le contact de sa main moite avec la sienne, chaude et sèche le trouble au plus haut point. Son rythme cardiaque s'accélère. Ce genre de petit prétentieux blindé de thunes et qui pue la confiance en eux, ce sont plutôt des personnes qu'il évite, pour plusieurs raisons. Mais là, son cœur fait un salto dans sa poitrine, il se sent indiscutablement attiré par ce jeune homme à la peau caramel et aux yeux joueurs, il a un truc en plus dans son regard. Ce n'est pas juste physique. Profondément déstabilisé Paul avale sa salive, la gorge sèche et répond d'une voix qu'il espère assurée :

"Paul Lahote"

Il rompt la poignée de main, presque avec un certain soulagement, et constate que son trouble ne se reflète pas dans sa voix. Pour la première fois de sa foutue vie il ne parvient pas à engager la conversation ou tenter une approche vers un mec qui lui plaît physiquement. Il rage intérieurement face à ce constat d'impuissance et se traite de tous les noms.

Jacob se garde de lui faire savoir qu'il a remarqué son trouble et s'assied sur le siège libre à coté de lui, demandant de sa voix grave et sensuelle deux whisky à Embry, qui pour l'occasion daigne se séparer de Jared.

"Alors comme ça tu est mécano hein ?"

"Ho euh ouais !"

Paul retrouve peu à peu ses moyens et son vis à vis l'entraîne sur un sujet qui le détend considérablement, la mécanique, les voitures. En réalité ils ont de nombreux points communs. Il lui a semblé devoir cataloguer Jacob avec ses fils de riches snobs et hautains. Finalement ce n'est pas le cas, c'est un jeune homme souriant, un magnifique sourire ravageur, et passionné, assez en tout cas pour avoir fait des études d'ingénieur automobile à San Diego.Paul finit par être complètement détendu et retrouve même un sourire charmeur. Merde, ce gars lui plaît vraiment, en plus d'être canon et hyper troublant il est intéressant. Il refrène quelques pensées un peu trop intimes qui traversent furtivement son esprit, plusieurs semaines sans sexe et voilà qu'il ne sait bientôt plus se tenir ! Ça peut aussi expliquer ce qu'il a ressenti en voyant Jacob... Ou pas.

La soirée passe rapidement et ils perdent la notion du temps en échangeant sur tout et rien, principalement les voitures. Jacob lui parle de son école d'ingénieur et lui de son travail. La conversation est légère et facile, seulement voilà les sourires avenants de son vis à vis ne trompent pas Paul et il n'est pas du genre à attendre qu'on fasse le premier pas vers lui. Il serait dommage de laisser s'échapper le beau brun qui, s'il a l'air franchement intéressé, ne semble pas prêt à faire quoi que ce soit d'autre que lui accorder cet intérêt. Les verres défilent eux aussi, accompagnant leur dialogue, l'alcool aidant, Paul se lève doucement et tend la main en direction de Jacob, c'est une invitation silencieuse à faire plus ample connaissance le temps d'une danse.

Le club s'est animé, les danseurs ont gagné leur podiums, le bar s'est empli et la musique ni trop forte, ni pas assez, résonne dans la salle, rythmée par des couleurs déclinées du turquoise au bordeaux sur les murs à l'origine noirs. Les doigts enlacés les deux hommes se glissent entre les corps des autres clients. Le plus jeune est à l'aise avec la danse et c'est lui qui se colle en premier au corps puissant de son aîné, pour Paul la danse c'est juste un moyen de se frotter au contre l'autre. Il suit les mouvements de hanches de son partenaire, les mains sur ses reins, l'autre profite de la proximité pour passer ses doigts sur ses abdominaux, à travers sa chemise sombre, histoire de vérifier si la plastique est aussi prometteuse qu'elle en avait l'air.

La chaleur monte dans leurs corps respectifs, Paul sent son bas ventre s'échauffer quand Jacob colle son bassin au sien en le balançant lentement, il se mord la lèvre et tente de garder le peu de contrôle qu'il lui reste. Les frottements s'intensifient lorsque son partenaire glisse sa jambe entre les siennes. Son sexe commence à se durcir et ses mains se placent sur le haut des fesses de Jacob, il se serre plus fort contre lui. Le plus jeune continue de caresser ses abdominaux, il les retrace maintenant, les doigts passés sous sa chemise, à même sa peau frissonnante. Leurs souffles se mêlent, leur visages sont proches, leurs nez sont à quelques millimètres, ils se défient du regard, aucun ne le baisse.

Leurs yeux sombres ont établi une sorte de connexion où se reflète leur désir, l'excitation qui se propage dans leur membres et engourdit leurs corps tout entiers au fur et à mesure qu'ils bougent, entraînés par la musique. Paul crispe ses muscles, un coup de bassin plus brutal lui fait sentir la virilité bandée de son partenaire, il étouffe un gémissement dans sa gorge, ses mains descendent encore sur les fesses de l'autre et il resserre sa prise. Jacob émet un petit rire et ses lèvres effleurent les siennes, Paul sent à peine cette délicieuse pression qu'elle a déjà disparu ; l'autre se dirige vers son oreille dont il lèche langoureusement le lobe en chuchotant suavement :

"T'es vraiment bien foutu, sport ?"

"J'ai été boxeur, mais je pratique plus depuis longtemps..."

"Ah...Boxeur c'est excitant."

Jacob souffle doucement dans son oreille, l'aîné s'oblige à mettre un peu de distance entre leurs corps embrasés, son jean est devenu beaucoup trop serré, ça en devient douloureux, il a besoin de se calmer et les propos de son vis à vis ne l'y aide pas.

"Je suis sportif aussi, tu vois ça nous fait encore un point commun."

La voix sensuelle de Jacob et son corps qui se rapproche à mesure qu'il s'éloigne ne lui laisse aucun répit. Paul vérifie les propos de l'autre homme, ses mains se promènent jusqu'à son ventre, ses pectoraux qu'ils malaxent à travers la chemise bleue. Bordel ce mec est bien foutu en plus d'être beau, mais ça il s'en doutait à vrai dire. Les mains à plat sur sa poitrine il maintient un écart correct entre eux en murmurant d'un ton bas :

"Ça se sent... Entre autre chose."

Paul appuie ses propos en glissant sa main jusqu'à l'entre jambe durcie de son partenaire. Un geste qui lui permet de reprendre un peu la situation en main, selon son point de vue car son homologue n'est absolument pas déstabilisé, ou alors il le cache bien.

Ils se sont éloignés de la piste durant leur échange et se sont retrouvés dans un coin plus sombre, derrière les podiums. La sueur dégouline le long de la nuque de Paul, synonyme de son excitation et de la chaleur ambiante sur la piste de danse. C'est avec surprise qu'il est plaqué au mur froid, ne s'y attendant pas, Jacob a autant de force que lui et le maintient là. Paul tique légèrement mais les lèvres gonflées qui frôlent les siennes l'empêchent de protester. De simples effleurements et c'est l'envie de plus, insidieuse, qui coule désormais dans son sang. Pourtant la bouche si attirante s'éloigne et seuls des mots en sortent :

"On se revoit demain."

C'est une affirmation, le plus jeune est sûr de lui et il lit au fond des yeux bruns de son aîné que celui ci reviendra, pour lui. Paul gémit intérieurement de frustration et repousse le corps de Jacob à distance raisonnable et aussi pour se défaire du sentiment d'être pris au piège entre lui et le mur. Il reprend ses esprits et affiche un air séducteur.

"On pourrait boire un verre ailleurs ?"

C'est une invitation claire à poursuivre leurs rapprochements plus intimement, le sourire du plus jeune s'efface en une moue adorable qui rend son visage immédiatement plus enfantin.

"J'ai un briefing avec l'équipe" Il rit, rapproche son visage de celui de son compagnon en poursuivant : "Et puis, je ne couche pas le premier soir."

Cette fois ci Paul hausse un sourcil, son cœur rate un battement. Pour la première fois de sa vie sa gorge est sèche et il ne sait plus quoi dire face à un mec. L'autre continue doucement, les lèvres collées à son oreille.

"En plus je crois pas que tu sois prêt pour ça."

La sonorité de sa voix est étrange et son aîné peine à comprendre, cela dit quand Jacob écrase brutalement ses lèvres contre les siennes, renvoyant du même coup son dos contre le mur, il se place clairement comme étant dominant. La lueur vive qui brille dans ses orbes noires le confirme.

Le contact rompu, Paul se retrouve là, hébété, excité et confus. Tant d'émotions qui se confondent, s'emmêlent et soulèvent des milliers de questions en une fraction de seconde. Il regarde la silhouette de Jacob s'éloigner en direction des loges. Il est face à deux problèmes. il s'adosse plus confortablement au mur et passe ses mains sur son visage en soupirant. Il aurait dû s'en douter dès qu'il l'a vu, et à vrai dire il l'avait un peu deviné, Jacob est dominant, et il le veux, lui. Il l'a senti. Et apparemment il n'envisage pas un one night, il lui a dit ne pas coucher le premier soir, ça ne peut pas être plus clair.

Il souffle un bon coup, il sait déjà qu'il va s'embarquer là dedans malgré tout, pourquoi, ça, c'est plus compliqué. Ce genre de mecs, il les évite normalement, et pourtant la seule relation longue qu'il ait eu c'était avec une personne similaire. Dominante et capable de gérer son caractère explosif, de l'amadouer même. C'est loin et pourtant l'échec lui fait encore mal, par moment.

Dans un élan de lucidité il se force à couper court à ses réflexions et décide de cesser de se prendre la tête, après tout il connaît à peine Jacob, il a pu se tromper. Le plus sage est d'attendre que les choses se fassent d'elles mêmes, ou ne se fassent pas. Si ça ne lui convient pas, il pourra toujours mettre un terme à ce début de... Quoi au juste ?

Une violente tape sur l'épaule lui tire un grognement, pour être si peu délicat dans ses manières ce ne peut être que Jared. Le danseur affiche un grand sourire, que son vis à vis juge lui donnant un air débile, du moins encore plus que d'habitude.

"Tu t'amuses bien avec le fils Black ?"

"J'vois pas de quoi tu parles..." Tente Paul, peu convaincu.

"J'avais une vue plongeante sur la piste quand je dansais, fais pas genre !"

"Pfff je fais genre rien du tout !" Grommelle son ami en dégageant la main que l'autre a posé sur son épaule.

"C'est ça oui, on me l'a fait pas à moi. En tout cas ça avait l'air chaud !"

Conclut joyeusement Jared avant de laisser Paul à ses tribulations. Son meilleur ami a la fâcheuse tendance à tout garder pour lui, et il est obligé d'enquêter pour en savoir plus sur sa vie privée, c'est un monde ça ! De son coté Paul se demande ce qui le pousse à ne pas s'exprimer, après tout, tout le monde aura vite fait de remarquer le rapprochement entre Jacob et lui. Il est juste trop perdu pour en parler, c'est récent, nouveau, surprenant et inattendu. Et ça, ça le laisse sur le cul !

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Une certaine anxiété, doublée d'une forte impatience, c'est ainsi que Paul se sent depuis sa première rencontre avec Jacob. Ni son travail, ni le repas du midi qu'il a partagé en ville avec Seth, Leah et Jared, Embry étant en cours, ne lui font oublier le jeune homme, ça tourne à l'obsession. Sa nuit a été agitée et il se fait peur : qu'une personne devienne l'objet de sa convoitise de façon aussi irrationnelle et puissante l'effraie. Il en vient à se demander s'il n'a pas eu un coup de foudre pour ce mec, ou quelque chose dans ce goût là. Et quand cette pensée l'effleure il frôle la crise cardiaque. Lui, le gars solitaire et indépendant ? Soumis à un coup du destin ? Non ça doit être une erreur, définitivement ce n'est pas possible.

Pourtant il prend un soin particulier à se vêtir ce soir là, comme il ne l'a pas fait depuis des années. Ce n'est pas quelqu'un qui se prend la tête pour des apparences futiles, sauf le cas présent. Et il a beau râler et se seriner devant son miroir qu'il est ridicule, rien n'y fait. Son cerveau a déconnecté et bien malgré lui, il s'applique à se mettre sur son trente et un, se faisant rager intérieurement. Jared se moquerait bien de lui s'il le voyait tourner en rond dans sa salle de bain, s'injuriant avec fureur avant de passer une main sur ses cheveux noirs courts, dans l'espoir vain de les rendre plus dociles.

Paul soupire et s'écroule lamentablement sur son canapé. Pourquoi fait il tout cela ? Il passe ses doigts sur son visage et siffle entre ses dents.

"Bordel de merde."

Et une violente impression de déjà vu s'accorde à ses mots. Il a encore la présence d'esprit suffisante pour se rendre compte qu'il s'emballe et plonge tête la première dans un océan tumultueux et plein d'incertitude. La seconde qui suit il se lève rageusement, saisit sa veste et claque la porte de son appartement. Se torturer et se poser des questions ce n'est pas pour lui et c'est un rituel qu'il fuit bien volontiers. Les contradictions s'effacent tandis qu'il dévale les escaliers, quatre à quatre.

Il décide de prendre sa voiture, dans une ville comme New York ce n'est pas le moyen de transport le plus rapide mais la vielle golf rouge a l'air de réclamer une sortie et Paul accorde une attention toute particulière à sa fidèle compagne.

Quatre ans en arrière, débarqué du comté de Forks avec Jared, dans cette fameuse golf à la peinture rouge écaillée et aux portes grinçantes. Des jours durant ils ont parcouru la ville avec, s'émerveillant de New York et ses fantaisies, si loin de la bourgade qui les a vu grandir. Tels deux gosses dans cette golf, la radio poussée au maximum de ses capacités. Et aujourd'hui elle est toujours là, inépuisable.

L'homme sourit derrière son volant en se remémorant ces souvenirs, le bruit du moteur envahit l'habitacle et il y prête une attention presque dévouée, c'est mille fois plus agréable que la radio de son point de vue. Le trafic est assez fluide et il se trouve rapidement garé sur le parking de service du 'Wolf', il aurait aimé que le trajet dure, c'était rassurant. Dans l'intérieur étroit de sa voiture, à l'instar d'un cocon il était à l'abri, libre de céder à une mélancolie singulière, la sienne.

Entraîné, aimanté, sa volonté abandonnée sur le parking, il traverse les coulisses en saluant ses amis, l'esprit ailleurs. La soirée vient à peine de débuter mais tout le monde paraît particulièrement agité pour un mercredi soir et à vrai dire personne ne daigne lui accorder son attention. Il entend Sam râler auprès de Leah et tend l'oreille.

"Raaah il répond pas mais qu'est-ce qu'il fout ?"

"Stresse pas Sam, il est juste en retard sûrement !"

"Et s'il vient pas..."

"Hors de question que Seth le remplace !"

"De toutes manières, j'ai besoin de Seth pour servir."

La voix du manager est agacée, Sam déteste les imprévus en ce qui concerne son club, et les retards en font partie, selon lui. Intrigué Paul se décide à aller au bar, il sera sûrement renseigné là bas. Au passage Rejo le bouscule en courant à moitié, décidément il règne un sacré bazar. Il distingue Akira et Seth qui s'occupent de préparer les tables tandis que les premiers clients font leur entrée, seul Embry est derrière le bar, jetant des petits coups d'œil furtifs dans tous les coins.

"Salut Em'."

L'intéressé sursaute en se tournant vers Paul qui vient de s'asseoir nonchalamment au bar. Ce qu'il dégage est en parfaite contradiction avec l'ambiance tendue qui pèse dans l'air.

"Ah Paul." Soupire le barmaid, visiblement déçu.

"Ben dis donc ça fait plaisir, t'as l'air ravi de me voir !"

L'ironie perce dans la voix du mécanicien. Nouveau soupir en réponse.

"C'est pas ça. Tu sais pas ou est Gabriel ?"

Gabriel, le troisième danseur, Paul n'a pas spécialement d'affinité avec lui si ce n'est qu'il l'a toujours trouvé physiquement très attirant, mais un peu bizarre sur les bords.

"Comment je le saurais ?"

Embry grogne, et affiche un air dépité, l'autre homme est plutôt étonné de la situation.

"Il est juste en retard, c'est ça qui stresse tout le monde ?"

"Il répond pas au téléphone, bref ouais Sam est grave tendu."

"M'étonne pas" Marmonne Paul en saisissant le verre que le barmaid lui tend.

Il se garde de demander où se trouve Jacob, nul doute qu'il est lui aussi préoccupé. Akira rejoint le bar et la salle s'emplit doucement. Lui il reste là, il se sent comme une petite chose oubliée. Oui, c'est vrai, il aimerait que Jacob n'ait nulle autre priorité que lui. Il souffle avant d'avaler une gorgée de son whisky, son regard parcourt la salle, il pourrait s'occuper en draguant n'importe qui, mais une force invisible le colle à son siège, il n'y a plus que le jeune homme au regard sombre qui importe, les autres ne sont que des miettes à peine visibles à ses yeux.

Il frissonne soudainement, une main chaude vient de se poser sur son épaule. Son cœur rate un battement et il n'a pas besoin de se retourner, c'est lui. Sa voix suave lui envoie des décharges électriques dans tout le corps.

"Salut beau gosse, ça va ?"

"Hm oui, je me demandais où tu étais."

Paul parvient à maîtriser sa voix et ne laisse rien transparaître du chaos que cause l'autre homme en lui, par sa seule présence. Il réprime un gémissement quand des lèvres douces se posent délicatement sur sa nuque. Ses doigts s'accrochent au bar et il se concentre pour ne pas défaillir, comment peut il ressentir un tel désir, une pareille attirance sans même le voir en face ? Il doit être un peu dérangé, assurément. Akira leur jette un regard en biais et glousse discrètement.

"Désolé." Chuchote Jacob contre sa nuque avant de se détacher et poursuivre sur le même timbre. "Je ne vais pas avoir beaucoup de temps libre ce soir, déjà hier j'ai un peu failli à mes devoirs à cause de toi..."

Paul s'amuse de la seconde partie de sa phrase et répond en souriant :

"Je peux partir si je te distrais de trop !"

Il se tourne et les deux orbes si noires du plus jeune le captivent, envoûtantes, le choquent, le paralysent. Il se sent si vulnérable sous ce regard, mis à nu, presque mal à l'aise et en même temps totalement grisé. Un sourire s'étire sur le visage de Jacob, dévoilant ses dents blanches.

"Je te l'interdis."

Les mots autoritaires se suivent d'un rire léger et amusé. Un signe de main agacé de Sam adressé à Jacob presse ce dernier qui s'éloigne à regret.

L'absence inopinée de Gabriel mise à part la soirée se déroule bien, sans accrocs. Sam et Jacob font la com auprès des clients et Paul subit les regards en biais d'Akira depuis le début de la soirée. Jared et Rejo partis danser, plus rien ne le distrait et le comportement du japonais devient d'autant plus pesant. Le sang chaud de l'autochtone finit par avoir raison de son calme apparent et il explose, bondissant sur son siège, ses cheveux se hérissant dans sa nuque.

"Quoi ?!"

Akira sursaute et manque de faire tomber la bouteille de vodka qu'il a attrapée sur une étagère.

"Hein ?"

Et il ose faire l'étonné en plus ! Hors de lui Paul parvient à se rasseoir et à ne pas crier. Une chose qu'il ne supporte pas ce sont les gens qui l'observent en coin sans exprimer le fond de leur pensée. Il adore le barmaid asiatique, mais il a trop souvent tendance à faire ça.

"Tu me regardes comme si j'étais fou depuis tout à l'heure !"

"Ben je me disais juste que c'est pas trop ton style de mec." Répond sans émotion Akira.

"Il serait le style de n'importe qui !"

C'est vrai, ce mec est beau et intelligent, n'importe qui s'y intéresserait.

"Je voulais dire son comportement, avec le tien, t'es sur que vous êtes compatibles ?"

Agacé par les commentaires déplacés de japonais et peu désireux de poursuivre cette conversation tout aussi déplacée, Paul se lève rageusement et se dirige vers la terrasse du club. Il croise Seth qui lui adresse un clin d'œil en souriant, il répond vaguement.

L'air frais présent sur la terrasse lui fait le plus grand bien. Quelques uns des autres hommes présents posent un regard insistant sur lui, il a conscience d'avoir un physique attrayant et se contente de les ignorer, en général ça fonctionne très bien, sa carrure n'inspire pas la prise de risque inutile. Il réussit aisément à se faire offrir une cigarette. Il n'a pas fumé depuis des années, la dernière fois c'était avec lui. Personnellement il n'a jamais aimé la sensation étouffante de la fumée dans sa gorge et l'irritation ressentie dans le nez après coup. Il s'efforce de diriger ses pensées ailleurs en tirant sa première latte.

Ses yeux fixent un couple qui rit joyeusement ensemble, ils ont l'air amoureux, heureux. Il critique et se moque de la situation de Jared et Embry, mais au fond ils ont raison. Et si demain il se retournait dans son lit, sans personne à ses cotés ? Seul. Qui partage les moindres détails de sa vie, de ses sentiments ? Qui sait ce qui se cache sous son apparence si indépendante et sauvage ? Personne... Il en vient à se poser une question : est-il heureux ainsi ?

Être ou ne pas être, telle est la question. Il grogne, décidément la fumée qui envahit ses poumons ne lui est pas bénéfique ! Un peu comme Jacob, qui débarque et le met sans dessus dessous à l'intérieur. En parlant du loup, le voici qui vient de franchir la porte menant à l'extérieur d'une démarche assurée mais décontractée, il semble chercher quelqu'un, ou quelque chose, lui peut être ? Vu la façon dont son visage s'illumine quand il l'aperçoit ce doit être ça. Le jeune homme se rapproche de lui et il en profite pour écraser son mégot contre une façade avant de le glisser dans un bac prévu à cet effet.

La proximité de leurs corps rend la tension palpable, Paul est quasiment certain que le magnétisme qui l'anime s'exerce aussi sur son vis à vis. Lentement la main de Jacob vient se nicher contre sa nuque, tandis que la sienne saisit la chemise blanche immaculée de son partenaire et leurs lèvres se scellent doucement. ils prennent le temps de savourer ce baiser. L'échange s'intimise, leur deux corps se rapprochent, leurs lèvres se font plus demandeuses. La langue de Paul caresse les lèvres de son compagnon qui entrouvre immédiatement la bouche. S'en suit un ballet passionné, la main du plus jeune s'est crispée sur la nuque de l'autre qui serre plus fort sa chemise.

A bout de souffle il rompt le contact. Front contre front, leurs respirations accélérées se mêlent, c'est Jacob qui parle le premier, un peu essoufflé.

"Tu devrais pas fumer tu sais."

"Ouais, je le fais pas d'habitude..." Répond Paul à voix basse, encore troublé par le baiser.

"Tant mieux alors."

Il dépose une nouvelle fois sa bouche sur celle de son partenaire, chastement avant de continuer, la voix plus calme.

"Ça te dirait un dîner demain ?"

Amusé Paul hausse un sourcil.

"Ça ressemble à un rendez vous..."

Jacob se détache de lui et s'adosse au mur à ses cotés en croisant les bras, son regard ne se détache pourtant pas, irrémédiablement aimanté au corps de l'autre homme.

"On dirait. En tout cas c'est en général ce qu'on fait quand une personne nous plaît." Il ironise gentiment.

Paul soupire et lâche, moyennement convaincu :

"Je crois..."

"T'es plutôt solitaire et distant comme mec hein ?"

Le mécanicien se tourne dans sa direction, surpris. Son vis à vis sourit simplement.

"Mais ça me plaît. Tiens c'est mon numéro, appelle moi."

Il glisse un morceau de papier dans la poche arrière de son jean avant de se décoller du mur, prêt à reprendre son rôle dans le club. Un dernier sourire pour Paul et il disparaît à l'intérieur. De nouveau seul à l'extérieur, l'aîné saisit le bout de papier soigneusement plié en quatre et le caresse du bout des doigts. Jacob l'a si bien cerné qu'il se demande s'il doit accepter l'invitation ou non.

Il n'a pas vraiment l'habitude des rendez vous et tous ces attraits liés aux relations plus ou moins communes, inviter une personne à coucher avec vous ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est si loin pour lui qu'il se demande ce qu'on doit y dire, lors d'un premier rendez vous. Peu importe, parler avec Jacob est facile et le garçon a énormément de conversation, il est agréable, enjoué, distrayant rien que par les mots. S'il pense à ça c'est qu'au fond il sait déjà qu'il ira à ce rendez vous. Seulement voilà, ils n'ont pas le même niveau de vie, ça se voit rien qu'aux costards hors de prix qui habillent son bel éphèbe. Et ça c'est un problème, pour sa fierté et de savoir où veut l'emmener l'autre, parce qu'il reste un homme, macho sur les bords, pour qui il est impensable de se faire payer quoi que ce soit.

Une petite voix lui souffle vicieusement qu'il pourrait en profiter, après tout c'est Jacob qui souhaite l'inviter ! Tout ce qui est pourtant si simple lui parait compliqué. Revenir à ses amours sans lendemains ? Non, plus de retour en arrière possible, une force inconnue l'en empêche. Il ne se sent plus maître de ses décisions, dominé par ses émotions débordantes. L'essentiel c'est de continuer à ne rien laisser entrevoir à l'extérieur.

"L'homme est à soi-même un compagnon inséparable et auquel il reste attaché tout en le détestant" Lucrèce

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Note de fin : Bon je voulais poster une partie plus grande, mais la suite se tient d'un bloc et ça aurait était sacrément trop long, en outre je ne voulais pas couper au milieu d'une action. La suite devrait toutefois suivre sous peu.

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