A Full Moon
Chapitre 14 : Au-delà des limites
Je levais la tête pour voir le visage de Bella, elle semblait choquée, désespérée, son monde s'était évanouie. Je me tournai pour voir ce qu'elle voyait. L'image me frappa, c'était ma vision... Mon cauchemar était sous mes yeux. Jacob gisait sur le sol, en sang, ainsi que deux autres louves guérisseuses.
C'était la fin, la fin de notre clan. Je ne voyais pas les autres Cullen, mais ma vision ne donnait pas cher de leur peau. Je ne pouvais rien faire, je me sentais tellement inutile en cet instant.
« Je suis désolée Bella. Vous n'auriez pas dû venir me chercher... » m'excusai-je.
Ma tristesse était profonde, j'avais eu une vision, je savais que ce désastre allait se passer et je n'avais pu l'en empêcher...
Ma vue devenait floue, je sentais de l'eau venir à mes yeux, puis couler sur ma joue.
« Non, ce n'est pas de ta faute », elle se tourna vers moi, « tu, tu … es une guérisseuse ?! »
« Pardon ? »
« Tu pleures, ta joue guérit à vue d’œil ! Je ne savais pas ! »
Je touchai ma joue, la plaie qui y était avait bel et bien disparue. J'étais une guérisseuse, cela ne faisait aucun doute. Carlisle avait raison, mon don faisait que mon corps prenait tout ce qu'il pouvait pour être plus fort.
Cette nouvelle me donna une idée. Je souris immédiatement, je pouvais tous les sauver ! Il me suffisait de lécher la plaie des louves guérisseuses et enfin du reste des blessés.
J'avais conscience que cela me tuerait, mais je devais le faire pour sauver mes amis, j'étais prête cette fois-ci, je ne voulais plus reculer. Il fallait que j'annonce la bonne nouvelle à Bella.
« Je peux tous les sauver », je m'arrêtais un instant, « mais oui, c'est ça mon destin. »
« Elly, non ! »
Je n'avais pas vu Matthew arriver, sa voix tremblait. J'avais une solution, c'était une bonne nouvelle, non ?
« Tu ne le ferais pas toi, si tu avais la possibilité de les sauver ? »
« Mais, tu vas … »
« Je ne reculerais pas », l'arrêtai-je avant qu'il ne prononce le mot fatidique.
Ses yeux bleus me suppliaient de ne pas le faire même si son visage savait que n'avais pas tort. Je le dépassai lorsque j'entendis sa voix.
« Tu as promis à Lucas de toujours rester avec lui. » dit-il, froidement.
C'était vrai, je lui avais promis...
« Si je ne le fais pas, il mourra comme tout le monde ici. J'ai le pouvoir de sauver des personnes, si ma vie est le prix à payer, je suis prête. Tu ferais la même chose à ma place. »
« Je t'aime, Ellyanna Eiwens. »
S'il voulait m'arrêter, il avait réussi. J'étais dos à lui, je refusais de lui faire face.
« Tu n'as rien trouvé de mieux pour m'empêcher d'y aller ? » plaisantai-je.
« Je suis sincère. » répondit-il.
« Je suis désolée, je dois les aider. » soufflai-je honnêtement avant de partir en trombes.
Je me transformai en une seconde, je n'avais jamais été aussi rapide et je me dirigeai vers la première guérisseuse que je vis.
Je léchai la fente qui traversait son abdomen et ressentis une profonde douleur dans le bas du ventre. Celle-ci remontait jusqu'à ma poitrine. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie et pourtant, j'en avais eu des blessures. Cela signifiait une chose rassurante, je guérissais la louve.
Mon côté vampire me permettait de ne pas m'évanouir, mais également de refermer mes coupures plus rapidement.
Je me rapprochais de la deuxième louve, ses plaies étaient moins profondes, juste plus nombreuses. Ma peau se déchirait au fur et à mesure. Mais j'ignorais cette douleur et avançais vers de nouveaux blessés.
« Stop ! Tu peux mourir ! »
La première guérisseuse me parlait, elle voulait m'empêcher de me tuer alors que durant toute mon existence, elle m'avait haïe. Je n'avais pas la force de parler, du sang dégoulinait de ma mâchoire. Je grognai sur elle lorsqu'elle s'approcha, puis continuai mon chemin.
La prochaine personne vers qui je me dirigeais était Jake, ses plaies étaient profondes. Heureusement, j'avais déjà guéri des premières. Ses blessures étaient telles des poignards enfoncés dans mon corps. Je laissai échapper un cri de douleur, Jacob me regarda l'air interrogateur.
« Je suis une guérisseuse », parvins-je à lui dire, « prends soin des Cullen pour moi, au revoir. »
Il ne comprenait pas, il était toujours un peu sonné. Je n'avais pas le temps de m'attarder, je sentais que je faiblissais, ma vision devenait trouble, mon poids devenait trop fort pour mes jambes.
Je parvins difficilement au loup suivant. Son pelage noir me rappelait celui de Sam. Si je n'avais pas vu son regard, j'aurais parié que c'était lui. Mais non, je reconnaissais ces yeux, ils étaient comme les miens, comme ceux de ma mère. Je savais à ce moment-là que la personne que je guérissais était mon grand-père.
Un flot d'émotions me submergea, ce loup représentait toutes les hontes de ma vie, j'avais tué sa fille, j'étais devenu un monstre qu'il ne pouvait tolérer. Les larmes coulèrent le long de mes joues et coulaient dans ses blessures à mesure que je me rappelais mon enfance.
J'avais oublié leur pouvoir extraordinaire. Je me sentais beaucoup mieux à présent, plus aucune plaie ne parcourait mon corps. Aidée par les autres guérisseuses, nous avions fini notre travail de ce côté. Je m'empressai de voir si je pouvais aider d'autres personnes.
Je courus vers l'arrière du château et vis un énorme bûcher, il servait à brûler les Volturi, comme si les deux cent quatre-vingt deux cheminées du château ne suffisaient pas. Je vis Alice au loin, penchée sur Jasper. Je courus vers lui, ses blessures étaient extrêmement graves ! Il allait mourir si je ne faisais rien mais je n'étais pas sûre de survivre si je l'aidais.
Ce n'était pas le moment pour moi de flancher. Je leur devais ça. Je commençai à le lécher, ressentant des douleurs partout sur mon corps. La voyante semblait surprise de voir son corps se régénérer et le mien se dégrader à vue d’œil. J'allais de plus en plus mal, mes yeux ne voyaient plus que des ombres, puis plus rien. Je ne savais si c'était le fait que mes paupières étaient trop lourdes, ou si le sang coulait dans mes yeux. Mes dernières blessures étaient trop profondes, mon corps ne supportait plus mon poids, je m'effondrai aux côtés de Jasper. Je mourrais.
« Elly ! » s'inquiétait mon amie.
Elle m'appelait, j'essayais de la rejoindre, mais un tourbillon me poussait vers le bas.
Je n'avais plus la force de lutter, ni la volonté. J'avais toujours eu peur de la mort, mon père disait que c'était parce que j'avais trop de questions sans réponses. Cela faisait-il mal ? Y avait-il une vie après la mort ? Étais-je destiné au paradis ou l'enfer ?
J'allais bientôt connaître les réponses.