Pour le bien de l'humanité

Chapitre 1 : Du sang dans les rues

1284 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 31/08/2020 21:13

Sans se retournait dans son lit, inquiet. Depuis quelques minutes, les cloches de toutes les églises aux alentour sonnaient la fin du monde. Du haut de ses huit ans, il n'avait pas vraiment conscience de la gravité de la situation. Il n'était qu'un jeune squelette maigrichon et apeuré. Il entendait des cris, des tirs, des explosions dans le lointain mais ils n'étaient pas assez proches pour que l'alarme ne soit déclenchée.


Et puis, il y eut cette détonation. Plus forte que les autres, bien plus forte. Toutes les vitres de sa chambre volèrent en éclat, ainsi qu'une partie du mur, et il ne put que crier de terreur. Il se cacha sous ses draps et attendit que la pluie de verre cesse. Le noir l'apaisa temporairement, mais ses bras et jambes tremblaient comme jamais auparavant. La guerre n'avait jamais été aussi proche. Les humains ne s'étaient encore jamais aventurés ici.


"Sans ! cria une voix en bas des escaliers. Papyrus !"


Sans se redressa brutalement et tourna la tête vers l'immense trou qui remplaçait désormais son mur. Il faisait nuit, mais sa chambre était illuminée comme en plein jour. Poussé par une curiosité morbide, il s'approcha du vide. Le bâtiment d'en face brûlait, sa façade tordue comme un château de cartes. En bas, tout était dévasté. Des corps gisaient au sol, au milieu de cette poudre blanche caractéristique des morts de son espèce. 


Debout sur le champ de bataille, quelques humains et monstres luttaient encore férocement. La plupart des alliés revêtait l'uniforme de la garde royale, la dernière barrière contre les hommes. Leurs armes parurent bien dérisoires au jeune squelette : les humains avaient des armes à feu, des chars, des bombes et des missiles bien plus dangereux que n'importe laquelle de leurs épées. 


Perdu dans sa contemplation, il ne réalisa pas immédiatement qu'il était repéré. Deux soldats humains avaient les yeux rivés sur lui. Il hoqueta de surprise en croisant leurs iris déterminées. Ils ne le laisseraient pas vivre. Leur âme était remplie d'une haine insatiable.


"Là-haut ! hurla un homme. Il y en a un autre !"


Les fusils se tournèrent vers lui. Sans, mû seulement par l'instinct de survie, se jeta sous son lit. Une pluie de balles s'abattit dans sa chambre. Elles détruisèrent tout : ses dessins, ses jouets, son innocence. Tout ce qu'il avait construit dans ce lieu volait en éclat. Il ne resterait bientôt plus rien à quoi se raccrocher. Il ferma les yeux et cacha ses mains sous sa tête, terrifié. Il avait été trop imprudent et il en paierait le lourd tribut.


La porte vola en éclat et il poussa un nouveau cri de terreur. Les larmes dévalèrent ses joues sans qu'il ne puisse les retenir. Il voulait que tout s'arrête. Pourquoi les événements devaient se terminer de cette façon ?


"Sans ! cria la voix de son père. Sans, où es-tu ?"


W.D Gaster s'abaissa en apercevant les deux petits chaussons roses qui dépassaient de sous le lit. Le père du jeune squelette saisit son bras et le tira de force de sa cachette. Sans s'accrocha à son cou et le serra, bouée de sauvetage inespérée dans cette scène cauchemardesque. Ils quittèrent la chambre pour se réfugier dans le couloir. Son sauveur le posa délicatement au sol, à côté d'un autre squelette, plus petit. 


Papyrus, son petit frère, était enroulé dans sa couverture et pleurait à chaudes larmes. Une large fissure traversait son crâne, grossièrement bandée. Sans ne put la quitter du regard, terrifié. Sur un si petit être, elle lui parut gigantesque. Il ne s'en remettrait jamais. Il allait mourir, juste comme sa mère, à peine quelques jours auparavant. Il ne pouvait pas le supporter. Papyrus se jeta dans les bras de son frère et explosa en longs sanglots. Sans serra la prise autour de sa taille, impuissant.


Son père s'agitait un peu plus loin. Il avait saisi un grand sac et le remplissait à la va-vite. Il jetait à l'intérieur de l'eau, de la nourriture, des médicaments et des bandages. Cette fois, il n'y avait plus de doute possible : ils quittaient les lieux. Sans sentit les larmes lui monter aux yeux. Il avait pourtant promis que ça n'arriverait pas ici, que tout allait bien se passer. Gaster déposa le sac à côté de lui et s'accroupit à son niveau. Il lui souleva délicatement mais fermement le menton pour le forcer à le regarder.


"Tu vas bien m'écouter, Sans, c'est très important. Les humains nous ont attaqué par surprise cette nuit. On doit se retrancher dans la montagne, il n'y a plus d'autre choix possible, tu m'entends ? Je ne... Je ne peux pas vous accompagner. Je dois aller au front, aider les autres à faire barrage, aider d'autres enfants comme toi et Papyrus à s'enfuir. Je veux que tu prennes ton frère et que tu cours le plus rapidement possible jusqu'à la barrière. Ne laisse personne vous arrêter, même si tu dois... même si tu dois tuer pour cela. Ils n'auront plus aucune pitié, Sans. S'ils vous voient, ils vous tueront."


Il déposa un manteau bleu sur ses épaules et le ferma maladroitement, les mains tremblantes. Sans n'avait jamais vu son père dans cet état. Il hésita, avant de sortir une seringue de son sac.


"Si... Si jamais tu en as besoin... C'est une seringue de détermination. Si tu es trop faible pour combattre, tu dois te la planter dans le crâne. Elle te donnera quelques minutes supplémentaires pour battre tes adversaires ou fuir. Mais... Il y a des conséquences, tu ne peux pas l'utiliser sans risques. Ne le fais qu'en dernier recours, tu m'entends ? Tu as compris ?"


Sans saisit l'objet, les mains tremblante, et le rangea dans sa poche.


"Oui, répondit-il d'une voix tremblante. Oui, j'ai compris."


Gaster fut satisfait de sa réponse. Il releva le jeune squelette. Sans souleva Papyrus et le serra contre lui. Il n'avait que quatre ans, il pouvait le porter au moins quelques minutes. Il prit la main de son père et, ensemble, ils dévalèrent les marches de l'habitation. Arrivé à la porte, l'œil droit de son père vira au bleu acier.


"Il faut y aller, Sans. Je vais vous couvrir jusqu'au bout de la rue. Après, tu devras te débrouiller seul. Ne t'inquiète pas pour moi. Je te promets que tout ira bien."


Il prit une grande inspiration et ouvrit la porte en grand. Un grand crâne animal apparut devant eux et tira un rayon de la même couleur que la pupille de Gaster, réduisant en cendres humains et monstres qui se trouvaient sur son chemin. Sans courut dans la direction opposée sous les cris de panique des survivants de l'attaque, confus et désorientés. 


La montagne était droit devant lui, dans le lointain. La route serait difficile, mais il savait qu'il y arriverait. Il devait y arriver. Pour Papyrus. 


Alors qu'il atteignait la fin de la rue, quelque chose glissa entre ses jambes. Un soldat humain blessé lui sourit sadiquement. Il écarquilla les yeux et courut le plus loin que ses jambes purent le porter. Une violente explosion retentit derrière lui et les deux squelettes furent soufflés avec elle.


Sans se sentit s'écraser contre un mur avant que tout ne devienne noir autour de lui.


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