Le premier humain tombé

Chapitre 9 : La mort d'un innocent

2165 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 28/05/2017 18:03

Chara ouvrit les yeux tant bien que mal. Il se sentait horriblement mal, sa tête le faisait souffrir. Il était allongé dans son lit, une couette blanche remontée jusqu'à son menton. Il essaya de bouger sa main, sans succès. Tout son corps ne répondait plus.

Il essaya de parler, appelant d'abord Asgore.

"P...a...pa..."

Il fut incapable de prononcer quoi que ce soit d'autre. Sa voix était trop faible, et ce simple mot avait été un supplice pour ses cordes vocales qui étaient complètement asséchées.

Pourtant, il entendit des pas précipités se rapprocher de lui.

"CHARA !!! Tu m'entends ?? Tu es réveillé ??"

L'enfant hocha la tête, mais ce simple geste était si lent qu'il était presque imperceptible. Le visage du roi monstre en larmes apparut dans son champ de vision. Il caressa la joue du malade, le prit dans ses bras.

"Chara, comment as-tu pu te mettre dans cet état ? Qui t'a fait ça ?"

Chara ne répondit pas, déjà parce qu'il n'en avait pas la force, mais aussi parce qu'il ne voulait pas dévoiler son plan à son père.

"Az... Azzy...

— Tu veux le voir ? Je vais le chercher."

Asgore partit de la pièce, jetant un dernier regard en coin à l'humain. Celui-ci vit alors son âme rouge, remplie de détermination. Il savait qu'il avait la possibilité de reset s'il le voulait. Il pouvait ressusciter après la mort, comme chaque humain ayant une âme de détermination. Mais il ne le ferait pas. Il n'en avait pas envie. Il devait fusionne avec Asriel pour passer la barrière.

Le petit monstre arriva en courant dans la chambre, et son visage apparut au-dessus de la tête du malade.

"Chara ! tu te sens comment ?

— Mo... moyen...

— Tu voulais me parler, c'est ça ? Je t'écoute !"

Chara fronça les sourcils. Parler du plan n'allait pas être facile dans son état actuel.

"Passe... moi d... papier... crayon...

— Tout de suite !"

Il mit environ six secondes et cinquante centièmes pour revenir avec du papier et un crayon. Chara voulut se redresser, mais c'était un effort trop grand. Même tenir le crayon était une prouesse dans son état.

"... boi...re..."

Asriel hocha la tête (oui décidément, il passe son temps à courir) et revint en cinq secondes ils avec un grand verre d'eau, avec une paille ! Chara but un peu et ses cordes vocales se détendirent. Il se sentait un peu mieux. Suffisamment en état pour mieux parler.

"J'ai... un plan pour... nous... sortir d'ici, dit-il non sans peine.

— C'est pour ça que tu as mangé autant de fleurs dorées ? chuchota Asriel.

— ... Oui. Tu... vas fusionner avec mon âme...

— Quoi ?? Donc tu vas vraiment mourir ?? C'est ton but ??? s'exclama-t-il avec beaucoup de discrétion ( non ce n'est pas ironique.)

— Oui... On va... traverser la barr... la barrière... Et... tuer six... six humains...

— Tuer ??? Je ne pourrai jamais...

— Je... ne te demande pas si... si tu peux le faire... rétorqua Chara avec toute la fermeté dont il était capable. Je te... dis que tu... dois le faire."

Ereinté, l'enfant ferma les yeux, mais ne s'endormit pas pour autant. Asriel se renfrogna.

"Six, c'est ça ? Il nous en faut juste six... et Laura ?"

Chara réfléchit un instant. Il n'avait pas pensé au sort de Laura sans lui. Elle savait qu'il s'était lui-même condamné, mais il ne voulait pas qu'elle se sente seule sans lui.

"... on l'emmè... on l'emmènera a... ver nous. Elle... retournera à... la surface.

— Oh... Pourquoi ?

— Je voudrais... qu..."

Une quinte de toux l'empêcha de finir sa phrase. Asriel lui tapota le dos, et sans prévenir commença à pleurer.

"Idiot, lui chuchota Chara d'une voix presque imperceptible. Tu... devrais sourire...

Tu es sur le point d'être libre..."

Sa voix s'éteignit à cette dernier phrase. Comme pour lui donner raison, Asriel se redressa, sécha ses larmes et lui offrit un grand sourire aussi naturel que possible, puis sortit de la chambre la tête haute. L'humain ressentait une pointe de culpabilité, de forcer son meilleur ami à le suivre comme ça, mais cette soumission lui assurerait le bonheur absolu. Même sans lui.

Toriel arriva en trombe dans la chambre, un gant de toilette mouillé dans les mains.

"Ça va, mon enfant ? Tu te sens comment ?

—... Connu mieux... réussit à répondre Chara dans un effort ultime.

— Tout va bien, d'accord ? Je suis avec toi. On est tous avec toi."

Elle le serra dans ses bras, et Chara oublia sa souffrance, plongeant dans la tête d'un bébé naïf qui avait besoin de sa maman. Il voulut répondre à l'étreinte de Toriel, mais il ne réussit qu'à poser la main sur son dos.

Finalement, la chèvre déposa le gant mouillé sur le front du malade, qui se crispa à la morsure du froid, et elle sortit de la chambre. Elle retourna voir Asgore, qui se tenait le visage dans ses mains, affalé sur le fauteuil.

"Je suis inquiète, Gorounet. J'espère qu'il s'en sortira.

— Je ne pense pas qu'il passera plus de deux semaines, deux semaines et demi grand maximum.

— Je le pense aussi..."

Asgore se leva et prit sa femme dans ses bras. Il était sur le point de perdre un enfant. Et que dire au peuple ? Tous leurs rêves et espoirs allaient partir en fumée. Ils allaient être anéantis...

Sans, Papyrus et Laura passèrent la porte d'entrée, Papyrus assis sur les épaules de son frère.

"Où... où est-il ? demanda Laura d'une voix tremblante.

— Dans sa chambre, répondit Asgore sans lâcher Toriel. Il... il est vraiment mal en point.

— DES SPAGHETTIS, ÇA PEUT LE GUÉRIR ? demanda Papyrus de sa voix aigüe, ce qui fit rire Sans, un rire sortant d'une gorge nouée.

— Je pense pas que ça soit suffisant, Pap," répondit-il.

Laura se dirigea vers la chambre, mais elle hésita à entrer. Voulait-elle vraiment voir son grand frère adoré dans un état critique, ou devait-elle garder un souvenir joyeux du malade ? Cette possibilité la répugnait, et elle poussa la porte.

Chara releva péniblement la tête, et sa première réaction fut de vouloir sortir du lit et de courir vers sa soeur. Il ne réussit qu'à tomber par terre et se faire atrocement mal aux jambes ; celle-ci ne l'avaient même pas porté, ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Laura l'aida à se relever et à se remettre dans le lit tant bien que mal.

"Comment as-tu pu..."

Laura ne termina jamais sa phrase. Le visage de Chara était blême, ses pommettes ressortaient énormément et ses yeux semblaient éteints. Il semblait même trop faible pour tourner la tête, et la garder droite devait être un sacré défi pour lui.

Sans et Papyrus s'incrustèrent. Le petit dernier sauta littéralement des épaules de Sans et grimpa sur le lit de ses petites mains, ce qui déclencha un réel rire chez l'humain, aussi rauque et sec soit-il. Le bébé squelette regarda Sans, qui sortit un paquet cadeau de sa poche et le lui tendit. Papyrus ouvrit le paquet sous les yeux étonnés de l'humain et ceux amusés de l'humaine, et en sortit un dessin, sûrement fait par lui.

"JE SAIS PAS SI C'EST UN MÉDICAMENT, MAIS SANS ET LAURA M'ONT DIT DE TE LE DONNER."

Chara prit le cadeau, prenant garde à ne pas le faire tomber, et des larmes perlèrent à ses yeux.

Sur le dessin, on pouvait voir Papyrus, Sans, Asgore, Toriel, Chara, Laura et Asriel. Tous souriaient, tous étaient contents. Le papier avait été plastifié pour ne pas le froisser.

"Il l'a fait tout seul, dit Sans d'un ton qui trahissait sa fierté.

— Il y a passé beaucoup de temps, continua Laura qui s'efforçait de ne pas éclater en sanglots.

— C'EST POUR TOI !"

Chara posa délicatement le dessin sur la table de chevet et prit Papyrus dans ses bras, retenant des larmes avec peine. Le petit squelette lui rappelait l'insouciance de l'enfance qu'il avait quittée trop tôt.

Très vite, le roi et la reine rentrèrent à leur tour et tous les sept se firent un câlin collectif, ce qui eut pour effet de renforcer le regret de Chara. Quitter sa famille s'avérait beaucoup plus compliqué qu'il ne le pensait au départ.

Lors du dîner, Asgore apporta à Chara une tranche de pastèque, mais il n'avait pas faim. Il but un thé caramélisé qui le plongea dans un sommeil lourd.

Chara ne sortit pas de son lit de la semaine, à part pour utiliser la salle de bains (oui, ils ont une salle de bains). Il se déplaçait à l'aide d'un fauteuil roulant, mais le reste du temps il restait allongé das son lit, tantôt écoutant les histoires de Toriel, tantôt écoutait les anecdotes d'Asriel et tantôt écoutant les nouvelles d'Asgore.

La nouvelle de la maladie de Chara avait provoqué un grand bouleversement dans tout le royaume et durant toute la semaine, les Dreemurr reçurent un nombre incroyable de cartes venant de tus ls coins de l'Underground, ce qui fit beaucoup rire Asriel, surtout en voyant la tête d'Asgore.

Alors que Chara allait ouvrir une énième carte, il la lâcha sous le regard confus de son meilleur ami.

"Chara ? Qu'est-ce qui t'arrive ?"

L'humain ne répondit pas. Son coeur lui faisait mal. Ses os étaient en feu, ses poumons étaient comme bouchés et étaient devenus inutiles. Ses membres tremblaient, son corps était secoué de spasmes.

Le moment est venu...

Asriel recula, horrifié, et poussa un cri strident qui alerta ses parents.


Chara suffoquait. Son visage avait pris une teinte bleutée, il était secoué de convulsions. L'heure était proche.

Laura s'agenouilla près de lui.

"As-tu une dernière requête ?"

L'humain hocha la tête, et articula très péniblement :

"Les... fleurs... du... du patelin..."

Il avait di ces quelques mots en regardant Asriel, qui ne cherchaient plus à retenir son chagrin. Puis il tourna difficilement la tête vers Laura qui retenait des larmes évidentes.

"Re...tourne... à la... surface..."

Cette simple phrase fut mal prise par les monstres présents. Chara s'expliqua.

"Garder... une trace de moi... au village...."

Il ferma doucement les yeux, comme s'il allait vraiment mourir pour de bon, mais ses yeux se rouvrirent. Ses globes rouges convulsaient aussi, comme le reste. Chara avait l'impression d'être enchaîné, étouffé, noyé. Il poussa un ultime râle, puis il devint immobile.

Tous baissèrent la tête. Sans confia une fleur à Papyrus, qui la déposa délicatement sur le corps désormais inerte de l'humain.

Une minute de silence eut lieu. Tous pleuraient. Asriel se leva et sécha ses larmes. L'âme de Chara apparut juste au-dessus de lui. Il savait ce qu'il avait à faire.

"Tu retrouveras les fleurs de ton patelin."

Asriel tendit la main vers l'âme et l'enferma dans sa main.

Un tourbillon de lumière l'emprisonna alors. Toriel et Asgore regardaient, ne sachant comment réagir, leur désormais unique enfant se transformer. Il était en train de fusionner avec Chara.

Asriel, bien qu'aveuglé par cette lumière, garda les yeux grand ouverts. Il sentait son corps grandir, des cornes lui poussaient sur la tête, il sentait la magie puissante naître en lui. Il sentait la présence de Chara à ses côtés qui lui dicta de partir le plus vite possible.

Il prit le cadavre dans ses bras et Laura se précipita vers lui.

"Je viens avec toi."

Asriel et Chara hochèrent la tête et ils franchirent la barrière.


La surface.

C'était un endroit magnifique, alternant entre la tranquillité de la nature et la technologie de l'humanité.

Laura indiqua au monstre le patelin, et ils s'y rendirent.

C'était le soir. Personne ne se baladait dans les rues, et donc personne ne les verrait. Asriel et Chara espéraient tous deux que le plan allait marcher, même si l'un était plus sûr que l'autre.

Chara aperçut au loin le jardin municipal. Cet endroit ne lui avait pas du tout manqué, mais les circonstances de sa mort l'avaient forcé à trouver une excuse pour franchir la barrière. Ils s'y rendirent donc, et Asriel déposa précautionneusement le corps de l'humain dans les fleurs, du moins il allait le faire quand Laura lui tira la manche pour attirer son attention.

"On est mal."


HEY !

Oui, je sais, j'avais déjà posté un chapitre hier, mais j'étais tellement impatiente que... voilà !!

OMG plus de 300 vues vous êtes des malades mais je vous remercie quand même ! Je vous aime ! <3 <3

En espérant que ce chapitre vos a plu, et à toute !








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