Le Sixième Elément

Chapitre 27 : Chapitre XXVII Memento Dolori

1822 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:34

           CHAPITRE XXVII : MEMENTO DOLORI

 

           Quand Taranee se réveilla, elle tomba directement sur les yeux de Nigel. Le garçon lui souriait. Elle esquissa un sourire en retour et l’embrassa. Elle ne voulait pas le quitter tout de suite. Mais il le fallait car l’un comme l’autre, ils avaient cours. Heureusement, Nigel ne commençait pas avant dix heures. Taranee commençait à neuf heures. Aucun parent ne viendrait s’assurer que le lycéen soit levé.

           Nigel alla vérifier que ses parents étaient tout les deux partis au travail. Ainsi, Taranee put aller à la salle de bain. Nigel lui prépara un petit-déjeuner. Quand la jeune fille arriva au lycée, elle avait toujours son sourire radieux. Même les nuages qui annonçaient un orage ne pouvaient rien contre son sourire.

           Sur le chemin, elle rencontra Irma et Hanabi. Les deux jeunes filles se tenaient par la main sans se soucier des regards des passants. La gardienne de l’eau, toujours prompte à remarquer les changements d’humeur de ses amies, lança un regard suspicieux et malicieux à la jeune métisse.

« Quoi ? sourit Taranee.

-Tu es souriante aujourd’hui je trouve, dit Irma.

-Il fait beau.

-Tu rigoles ! Il va pleuvoir avant la fin de la matinée ! Je pense que c’est plutôt la nuit qui a été ensoleillée pour toi. »

Taranee ne répondit pas mais ne put s’empêcher de sourire en rougissant.

« Ah ! s’exclama Irma. Alors ça y est, vous l’avez fait. Raconte, c’était bien ?

-Itoshii, murmura Hanabi. Tu ne devrais te mêler ainsi de la vie des autres. A moins que tu es besoin des récits sexuels des autres pour t’inspirer. Je n’en avais pas l’impression hier soir.

-Mais bien sûr que non je n’en ai pas besoin ! rassura Irma en l’embrassant. Qui ne pourrait pas être excité en te voyant et en sentant tes doigts et ta…

-On est arrivé au lycée, coupa Taranee. »

           Hanabi devait quitter là sa dulcinée. Les deux amoureuses s’embrassèrent pour se dire au revoir. Même si maintenant, la nouvelle de l’orientation sexuelle d’Irma avait fait le tour du lycée plus d’une fois, ce baiser matinal attirait toujours le regard de curieux ou d’obsédés excités par des fantasmes lesbiens. Les deux amantes s’en fichaient totalement. Quand à leurs amies, elles se contentaient d’attendre Irma à la grille. Sauf Taranee qui y retrouvait habituellement Nigel, et Will à qui Eric rendait une visite matinale quand il n’était pas aller la chercher chez elle pour l’accompagner. Hay Lin souriait au spectacle. Cornelia regardait de tout côté pour noter dans un coin de sa tête les curieux lubriques que la scène avait attiré. Si l’un d’eux avait le malheur de se retrouver à porté, elle le prenait pour cible. Comme ce matin là.

« Et alors ! s’exclama t-elle. Ça te fait bander deux filles qui se roulent une pelle ! Ce ne sont pas des bêtes de foire alors casse-toi avant que je m’énerve. »

Le curieux s’en alla sans demander son reste. Un groupe de filles sourirent de voir un garçon se faire chasser par une fille. Manque de chance pour elles, Cornelia les avait repérées depuis quelques jours, elles aussi attendaient l’arrivée d’Irma le matin.

« Et vous là ! Vous n’avez pas des cours à réviser ! Si ça vous intéresse tant que ça de voir des filles s’embrasser, essayez donc entre vous ! Au moins vous aurez essayé autre chose que du rouge à lèvres ! »

           Cornelia, trop occupée à regarder la bande de filles s’éloigner, ne remarqua même pas les bras qui vinrent l’entourer et les lèvres qui déposèrent un baiser amical sur sa joue.

« Calme-toi, sourit Irma en relâchant son étreinte. On dirait que tu vas les manger.

-C’est juste que je ne vois pas pourquoi vous devez être la proie de tous ces charognards curieux, dit Cornelia. Vous êtes un couple comme les autres, non ?

-Que veux-tu ? C’est comme ça les Humains, c’est curieux de tout ce qui est inhabituel pour eux.

-On est au 21ème siècle pourtant.

-Merci. Comme tu n’aimes pas Hanabi, je croyais que tu n’accepterais jamais notre relation. Et là tu nous défends.

-Je commence à l’apprécier moi aussi. J’ai encore des doutes, mais je pense que s’ils étaient nos ennemis, on serait déjà mort. Ils savent bien que nous n’avons pas cette Lumière. Et puis lorsqu’elle te regarde, on sent bien qu’elle est amoureuse de toi. L’essentiel c’est qu’elle te rende heureuse. Je ne supporterais pas qu’elle te brise le cœur. »

           Irma se tourna une seconde vers Hanabi. Elle lui fit un clin d’œil en souriant. Puis se retourna vivement face à Cornelia et sans que la gardienne de la terre ne puisse réagir, l’embrassa. Surprise, Cornelia ne put réagir et mit au moins trois secondes à se rendre compte de ce qui se passait.

« Pourquoi t’as fait ça ? demanda t-elle une fois qu’Irma la relâcha.

-Pour te remercier, sourit Irma visiblement satisfaite de son effet. Et puis maintenant, tu pourras leur dire ce que ça fait d’embrasser une fille.

-Tu es totalement folle, rit la blonde. Ça ne va pas plaire à Hanabi.

-J’ai donné mon accord, fit la japonaise aux yeux verts. Mais à une condition.

-Oui, soupira Irma rêveuse. Ce soir ça va être chaud. Enfin, le mieux ce sera quand j’aurais raconté ça à Caleb.

-Tu ne vas pas faire ça ? paniqua Cornelia.

-Je suis sûre qu’il va être chaud comme la braise après. Ce sera à toi d’en profiter.

-On va finir par être en retard les filles, interrompit Taranee.

-Au fait, vous savez pas la dernière, continua Irma.

-Irma, pria la métisse souriant à moitié malgré elle.

-Taranee a passé la nuit chez Nigel. Elle ne fait plus parti du clan des vierges.

-Chut !

-Il ne reste plus que toi Hay Lin.

-Oui, on dirait, fit la chinoise avec un sourire crispé en se détournant pour ne pas que ses amies ne voient ses yeux mélancoliques. »

           Les filles entrèrent enfin dans le lycée (après un dernier baiser échangé par les deux couples). Eric proposa à Hanabi d’aller s’entraîner mais cette dernière refusa.

« Je vais aider la mère d’Irma à faire le ménage, dit-elle. Elle m’héberge alors je lui dois bien ça.

-Très bien, acquiesça Eric. Alors à cet après-midi.

-D’accord. »

Eric disparut immédiatement.

 

           Hanabi marchait tranquillement dans la rue. Elle ne remarqua pas la silhouette légère comme le vent qui la suivait depuis le haut des toits. Le suiveur attendit qu’elle soit entrain de traverser un parc désert à cette heure matinale pour passer à l’action. Hanabi ne perçut les sifflements des shuriken qu’au dernier moment. Trop tard. Si elle put en éviter quelques uns, d’autres la blessèrent, l’entaillant par endroit, se figeant dans sa chair.

           L’attaquant se laissa descendre avec légèreté devant elle. Il resta à une dizaine de mètres de la kunoichi. Ses yeux blancs reflétaient une excitation sadique. Il se lécha les lèvres en un geste de gourmandise effrayante.

« Kazero, fit Hanabi.

-Hanabi, dit-il. Je craignais de devoir attendre encore avant de pouvoir te voir seul à seul. Mon envie n’en aurait eu de cesse de monter. Mais je ne pouvais m’attaquer à toi quand tu étais auprès de tes amies et d’Eric.

-Tu veux te battre ? demanda t-elle en faisant surgir son bâton malgré la douleur. »

Kazero sourit et lança un nouveau shuriken qui désarma Hanabi sans difficulté.

« Tu es trop faible pour espérer me tenir tête. Surtout dans cet état. Non. J’ai juste reçu l’ordre de te raviver certains souvenirs oubliés. J’en frémis d’avance.

-Quels souvenirs ?

-Tu ne dois pas t’en rappeler car ton cher oni-chan a fait en sorte que tu ne souviennes de rien. Il en avait déjà le pouvoir. Quelle âme charitable ! Il avait fait ça pour que tu puisses vivre une vie normale, et maintenant, tu ne pourras jamais l’oublier. J’aurais pu lever son sort bien plus tôt mais sa présence m’en a toujours empêcher.

-De quoi parles-tu ?

-De quelques jours de ton enfance qu’Eric a voilés. Quelques jours parmi les plus importants de ta vie.

-Je ne comprends pas.

-Tu vas comprendre. Tu vas comprendre que ta vie n’a été que mensonge jusqu’à aujourd’hui.

-Je ne te crois pas. Eric ne m’aurait jamais fait ça. »

           Kazero se précipita sur Hanabi, la saisissant d’une main à la gorge. Elle ne pouvait se défendre, il était bien de trop fort.

« Souviens-toi. »

Le Dragon de l’air posa son autre main sur ses yeux d’émeraude. Le corps d’Hanabi fut parcouru de frissons. Quand il la relâcha, la jeune fille avait les yeux grands ouverts. Elle se laissa tomber sur le sol de terre. Sa respiration était saccadée et son corps parcourut de spasmes. Instinctivement, elle se replia en position fœtale. De ses yeux, devenus inexpressifs, des larmes se mirent à couler.

           Kazero la regarda avec délectation. Il sentit l’excitation monter en lui. Ce spectacle l’inspirait. Il s’en alla à la recherche d’une jeune proie pour son appétit dérangé, laissant Hanabi gémir silencieusement.

 

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