Le Sixième Elément

Chapitre 30 : Chapitre XXX Le Dragon du Vent

1828 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:16


           CHAPITRE XXX : LE DRAGON DU VENT

 

           Eric parcourait la ville d’Heatherfield et ses alentours de toit en toit. Il voulait trouver Kazero et lui faire payer ce qu’il avait fait à Hanabi.

« Ce malade aurait dû mourir il y a sept ans. »

Il ne cessait de se répéter cette phrase. Comme un aveu de sa propre faiblesse de l’époque. Son maitre ne voulait pas qu’il meurt. Il voulait lui donner une deuxième chance. Comment n’a-t-il pas vu le monstre qu’il allait devenir ? Ou pourquoi n’a-t-il pas voulu le voir ? Ces questions restaient en suspens.

           La nuit serait encore longue. Kazero était tel le vent : insaisissable. Mais il le saisirait. Quoiqu’il en coûte.

 

           Hanabi n’avait toujours pas repris conscience. Elle continuait inlassablement à fixer le vide. Malgré ses amies, toutes réunies, qui lui disaient qu’il fallait qu’elle se repose, elle refusait. La fatigue se faisant plus forte, elle finit par s’endormir au pied du canapé sur lequel était couché la japonaise. Elle était endormie mais sa main restait accrochée à celle de son amoureuse. Les filles décidèrent de l’installer plus confortablement en l’allongeant à côté de sa petite amie. Sans même se réveiller, ses bras l’entourèrent.

           « Irma s’est endormie, dit Will à Jeanne en remontant au rez-de-chaussée du restaurant. On l’a allongée à côté d’Hanabi car elle ne lui a pas lâchée la main.

-Je n’ai jamais vu Irma aussi éprise de quelqu’un, sourit Jeanne. Je crois que c’est le grand Amour. Pourquoi le sort s’acharne sur elles ? D’abord le père d’Irma, et maintenant ça.

-Et puis moi aussi, avoua Cornelia. Au début, je ne faisais pas confiance en Hanabi et Eric. Je me méfiais même totalement d’eux. Je disais que c’était des ennemis. Mais j’ai fini par comprendre. C’est vrai, Irma n’a jamais été aussi heureuse. Aucun garçon avec lequel elle est sortie ne la faite sourire comme Hanabi y arrive. Irma est une amie très proche. Peut-être même ma plus proche amie avec Elyon. Je veux qu’elle soit heureuse. Et son bonheur, c’est avec Hanabi qu’elle l’aura. »

Les autres WITCH se sourirent. Elles savaient toutes depuis longtemps que les innombrables joutes verbales entre Irma et Cornelia cachaient une profonde et sincère amitié. Will se dit qu’elle avait été bête de croire que seule la méfiance avait dicté sa conduite à la gardienne de la terre. C’était avant tout l’amitié et l’inquiétude qui va avec qui l’avait poussé à dire ces choses sur Hanabi. Elle ne voulait pas qu’Irma soit malheureuse.

 

           L’intérieur du bâtiment était sombre. La faible et blafarde lumière de la lune ne filtrait que par quelques interstices entre les planches qui obstruaient les diverses ouvertures. Le peu qui était visible donnait une idée d’un bâtiment abandonné et sale. Des gravas, des papiers, des déchets en tous genre étaient éparpillés un peu partout. Le silence y était quasiment absolu. Seul le vent murmurait entre les planches. Un rat courait sur le sol, slalomant entre les déchets et excréments. Il s’arrêta près d’une forme allongée par terre. La pâleur de la peau aurait pu faire penser à un mannequin en plastique si d’autres rats montés dessus ne lui avaient pas dévoré la chair par endroit. Une étoile de métal était figée dans sa gorge. Une flaque de sang avait coulé de la blessure et s’était répandue dans la poussière. C’était un clochard de toute évidence.

           Un cri résonna contre les murs de béton. Une voix jeune, effrayée.

« NON ! Laissez-moi ! »

Le bruit d’un coup, une exclamation de douleur, la rumeur d’un corps tombant lourdement sur le sol.

Kazero se pencha sur la fillette. Elle devait avoir sept ou huit ans, pas plus, peut-être moins. Des marques de coups constellaient sa peau diaphane sur son visage et son torse. Son chemisier était déchiré, laissant éclater toute la douceur de sa peau juvénile. Kazero sortit un couteau. Il retira d’un geste sec le reste du chemisier. La fillette, le regard effrayé, eut un mouvement de recul. Le ninja aux yeux blancs l’arrêta en posant le tranchant de sa lame sur sa gorge, entamant légèrement le cuir. Un filet de sang ruissela sur sa peau. Avec avidité et gourmandise, Kazero approcha le visage du cou de sa victime. Il lécha le sang avec délectation.

Des larmes coulaient des yeux apeurés de la gamine. Avec la même passion instable que pour le sang, Kazero les goûta en y faisant glisser sa langue. La fillette gémissait de peur. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. L’effroi la paralysait entièrement. Elle tremblait. Mais loin de l’inciter à arrêter, ces tremblements étaient comme une invitation pour l’esprit dérangé de Niryu. Il glissa la lame de son couteau sous l’élastique de la jupe et la découpa lentement. Il ne restait plus que la petite culotte blanche comme dernière barrière derrière laquelle se cachait la petite fille. Kazero caressa le coton. Le regard de la gamine se fit suppliant.

« Non, soufflait-elle faiblement. Pas là. Laissez-moi. »

Mais rien n’y fit. Ses suppliques excitaient encore plus son agresseur. Il arracha la protection de coton, dévoilant une intimité imberbe.

           Sans prêter d’oreille aux dénégations de sa victime, Kazero arracha un cri de douleur à la fillette. Un filet de sang coulait sur ses doigts. Il n’y tenait plus. Il planta son couteau dans la main de la gamine, la clouant au sol. Elle se roula sur le côté de sa main blessée. Pleurant d’autant plus que du sang s’échappait de la blessure. Elle ne vit pas son bourreau se déshabiller. Elle ne le vit nu que lorsqu’il la remit sur le dos sans la libérer du couteau. Instinctivement, elle serra les cuisses. Le ninja la frappa durement à l’estomac. Le souffle coupé, la fillette ne put résister plus longtemps. Niryu lui écarta les cuisses. Il s’appuya contre son bassin. Kazero se figea. La fillette crut y voir l’espoir qu’il s’arrêterait là et leva les yeux vers lui. Elle tomba sur son sourire sadique et avide. Il poussait le vice jusqu’à vouloir voir une dernière lueur d’espoir dans le regard de sa victime. Soudain, la fillette hurla de douleur à s’en déchirer les cordes vocales.

           Elle hurlait de douleur. La brûlure de son bas-ventre était telle qu’elle ne sentit pas sa main se déchiqueter autour du couteau un peu plus à chaque instant. Et au bout de plusieurs minutes, elle cessa de hurler. Avait-elle compris qu’il ne s’arrêterait pas ? Sa main s’était libérée du couteau, ce n’était plus qu’un morceau de viande informe.

           Elle gémit à peine quand Kazero augmenta le rythme et la violence. Elle sentit un fluide chaud se déverser en elle quand enfin il se figea en poussant un râle de plaisir. Lorsqu’il se retira, elle se dit qu’enfin le calvaire était terminé. Mais elle se sentait sale, elle ressentait ce liquide chaud dans ses entrailles comme une huile visqueuse et nauséabonde. Elle ne voulait pas rentrer chez elle. Elle voulait disparaître à jamais. Elle se disait que rien ne pourrait la laver, elle serait toujours aussi sale.

Elle ne sentit pas la lame du couteau glisser sur sa gorge. Elle fut prise de soubresauts raides quand son sang s’échappa à gros jets de ses carotides. Kazero se délecta du spectacle de cette petite fille agonisante juste sous lui. Lorsqu’elle fut morte, il se leva et se rhabilla naturellement.

           Il avait maintenant autre chose à faire.

 

           Eric continuait ses recherches. Il commençait à se demander ce que cherchait à faire Kazero. Où plutôt à faire Takeshi. Il voyait les ficelles, Kazero n’était qu’une marionnette pour lui. Il était facile de le manipuler en jouant sur sa pathologie, sur sa folie, sur son obsession.

           Le gardien de l’ombre arriva à un bâtiment grisâtre visiblement abandonné. Un ancien immeuble de bureau devenu maintenant un abri pour SDF. Il y entra. Il ne vit rien d’autre que des rats au milieu des déchets et des excréments. Il ne percevait aucun son d’une quelconque présence humaine. C’était étrange. Mais quelque chose de familier s’insinua dans ses narines. Une odeur cuivrée. Du sang. Il suivit les effluves et trouva leurs origines. Une demi-douzaine de clochards gisait sur le sol, leur sang répandu sur le sol. Les marques sur leurs cadavres ne laissaient aucun doute au ninja sur l’identité de l’assassin : Kazero.

           Eric suivit les traces laissées dans la poussière jusqu’à une autre pièce. A la lumière de la lune filtrant entre les planches, il découvrit le corps encore chaud d’une fillette de sept ou huit ans égorgée. Elle était nue. Son corps portait les marques de coups et de tortures. Sa main était en charpie. Elle avait été violée. Encore une victime de la folie de Niryu.

           Eric chercha des traces de Kazero pour le retrouver. Mais rien. Comme-ci quelqu’un les avait effacées. Il savait le Dragon du vent capable de disparaître. La chasse s’annonçait difficile…

 

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