Quai n°3

Chapitre 5

745 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/12/2014 14:49

Il tourna la tête. Un jeune homme était assis à côté de lui. Un grand blond, musclé, aux yeux clairs qui lui adressait un sourire digne d'une pub pour le dernier dentifrice Colgate. Russel eut un geste de recul et retira son bras de ses grands doigts. - Je te paie un verre ? demanda-t-il. - Non merci, dit Russel. - Tu veux danser alors ? - Non plus. Russel détourna les yeux en soupirant exagérément, comme pour lui montrer son indifférence et son agacement. - Je ne te plais pas, c'est ça ? lança le jeune homme. - Je ... Je ne suis pas intéressé par les hommes, répondit Russel comme s'il faisait un aveu. - Comment es-tu arrivé jusqu'ici alors ? - J'accompagne un ami ... - Ah oui ? demanda le blond enjoué. Russel, ne sachant plus quoi dire, fut sauvé par Glen qui s'était soudain interposé entre eux. - On se tire d'ici, dit-il en attrapant son ami par le bras. Libéré d'un plan drague plutôt étrange, Russel ne se fit pas prier pour sortir. Ils traversèrent ensemble le bar en long, au milieu des gens et du bruit infernal, avant de rejoindre la sortie avec soulagement. Une fois dehors, les deux hommes s'engagèrent dans la première rue qu'ils rencontrèrent. Glen s'alluma une cigarette et en proposa une à Russel. - Merci, dit-il en coinçant le petit rouleau de tabac entre ses lèvres. - Tu veux faire quoi ? demanda Glen. - J'en sais rien, comme tu veux. - On va chez toi ? On se les pèle dehors ! lança-t-il en se frottant les mains. Russel, embarrassé, sentit son coeur s'emballer par l'appréhension. Son appartement était petit, étroit et désordonné... - C'est le bordel dans mon appart' ... - Tu crois que j'en ai quelque chose à faire ? lança Glen en ricanant. On sera toujours mieux que dehors, non ? Russel haussa les épaules. - Enfin, c'est comme tu veux, c'est chez toi donc c'est toi qui décide ! C'était juste une proposition. - Ok ... Mais j'entre en premier cinq minutes, histoire que ce soit un peu plus confortable ... Et présentable. Glen accepta, amusé. - T'es bordélique à ce point ? - C'est pas ma priorité, répondit Russel. - Et c'est quoi ta priorité ? - Dormir le plus longtemps possible, avoir le temps de prendre un café le matin et pas arriver en retard au travail ... - T'es en solo toi, ça se voit. - Tant que ça ? - Je dis ça parce que je me reconnais un peu là dedans aussi, dit Glen en riant. La routine, quoi. De plus en plus, ils s'éloignaient du bruit et des éclats de voix pour entrer dans des rues silencieuses et vides de toute présence. Les lampadaires éclairaient nettement leur passage. Puis, Russel s'arrêta devant une grille. - C'est ici, dit-il. - Je te suis, répondit Glen. Ils entrèrent dans la petite résidence avant de s'engouffrer dans un des immeubles. L'appartement de Russel se trouvait au 6ème étage. Une fois arrivés à destination, celui-ci prit les devants et partit ranger à la hâte ce qui traînait. Des chaussettes, un caleçon, des paquets de chips vides, de la paperasse ... Une fois satisfait, il partit retrouver Glen qui attendait sagement derrière la porte. - Je peux entrer ? demanda-t-il en souriant. - Tu peux ... Russel ne se sentait pas vraiment à l'aise. Il n'avait pas l'habitude d'avoir de la visite, surtout celle d'un inconnu. Son appartement était un peu comme son intimité et y laisser entrer Glen était comme le laisser entrer dans sa vie privée. Malgré tout, il se forçait à faire bonne figure. - Tu veux boire quelque chose ? - Une bière, s'il te plaît. J'aime bien ton appart', c'est sympa. - Ah ouais ... Merci, répondit Russel depuis la petite cuisine de l'autre côté du mur. J'essaie d'en faire quelque chose. Glen contemplait les peintures abstraites et colorées sur les murs blancs de l'appartement avec attention. - C'est toi qui a peint sur les murs ? Russel réapparut tout à coup avec deux bières dans les mains et en tendit une à son invité. - Ouais, avec une amie, dit-il. On s'est un peu laissés aller ... Le blanc était trop ... Sobre, et fade. - Le résultat est pas mal, dit Glen en tendant sa bière pour trinquer.

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