Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 13 : Alara'shinu

3550 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/05/2021 20:21

Alara'shinu


Je suis agenouillée dans l’herbe humide tout près du mémorial dédié à mon monde, allumant des cierges tout en chantonnant un hymne funéraire. À la dernière note, j’allume la dernière bougie. Je saisie un bâton d'encens et brûle le bout dans chaque flamme avant de doucement souffler dessus pour que la fumée parfumée virevolte dans la brise d'automne. Silencieuse, je le laisse se consumer entre mes doigts. Leur rendre hommage m'a retirée un poids. Je me sens tellement plus légère et en paix. Je me lève, dépoussiérant mon pantalon. Il ne faut pas que je tarde à rentrer. Je dois impérativement finir ma petite valise. J’accompagne Millie voir son cousin malade. Il séjourne à Darnassus avec les autres réfugiés Gilnéens. Je n’avais guère vu d’humains pendant ma première visite ou n’ai-je juste pas fait attention ? C’est probablement ça. Je suis heureuse de revoir cette magnifique cité. Mes pensées divaguent étrangement vers ce druide, ce Lydran et son sourire sauvage… Je secoue la tête pour me retirer cette vision. Je m’apprête à rentrer quand j’entends miauler, un adorable chat a la fourrure grise et aux grands yeux jaunes. Il s’approche en boitant. L’animal est affectueux, il se frotte contre mes jambes et je le récompense d’une caresse. Depuis cet affrontement contre les bandits, Yaedrel m’a donné des cours de tir à l’arc et à l’épée et m'a enseigné le maniement de la lumière différemment, comme un paladin. Quand j’y pense, Tout ce temps à méditer dans la cathédrale et à pratiquer des exercices sans résultat. Étrange qu’il fallut que notre vie soit en danger pour que la lumière daigne bien venir à moi. Je passe une main brillante au-dessus du chat qui l’enveloppe de lumière. L’animal s’enfuit à toute vitesse lorsqu'elle disparaît. Même pas un merci ? Je me mets à rire. Au moins il est content, je suppose.

•        Il se fait tard, vous ne trouvez pas ? Dit une voix familière derrière moi.

Je me relève pour faire face à mon interlocuteur. Mon visage s’illumine devant le charmant minois d’Anduin. Dans ses bras, un manteau au couleur or et bleu.

•       Je me doutais bien que vous étiez ici. Je voulais vous voir avant votre départ de demain et je voulais vous apporter un manteau. Il fait trop froid pour se balader sans. M’informe Anduin en me regardant avec insistance pour me rappeler que je n’en porte pas.

•        Merci, c’est vrai que je frissonne un peu, maintenant que vous le dites. Rétorqué-je avec le sourire en guise de remerciement.

Il passe le manteau par-dessus mes épaules puis j’enfile mes bras dans les manches. Il est chaud et son odeur me fait me sentir à l’aise. Anduin noue chaque bouton, mes joues s’empourprent toutes seules.

•        Est-ce que cela vous gêne ? Me demande-t-il, alors.

•        Non, bien au contraire. Dis-je en le regardant affectueusement.

Nous nous asseyons sur un banc près du mémorial. Il fouille dans sa poche et sort quelque chose qu’il tient entre ses doigts. J’examine l’étrange objet. C’est un petit galet plat avec un symbole circulaire bleu imprégné de magie.

•        Qu’est-ce donc ? Demandé-je.

•      Une pierre de foyer. Sa magie est reliée au château de Hurlevent. Ça vous permettra de revenir en un battement de cil. Il suffit de suivre le symbole avec votre doigt pour l’activer. M’explique-t-il.

•        Oh, je vois… C’est parce que je vais terriblement vous manquer que vous avez trouvé un moyen de me faire revenir plus vite auprès de vous. Sourié-je, taquine.

•        Je… Non…Enfin si, je veux dire, non. Bafouille Anduin, rougissant. 

Je ris en le poussant gentiment et en lui disant que je plaisante. Son regard se pose sur moi et il me sourit maladroitement. Anduin me remet la pierre de foyer. Cette babiole me permet vraiment de rejoindre Hurlevent plus rapidement qu’un portail ? Décidément, je ne cesserais jamais d'apprendre et de découvrir des merveilles. Au moment de la saisir, une aura lumineuse enveloppe nos mains et une chaleur enivrante parcourt mes veines qui s’imprègne de lumière. Je la sens se déplacer à travers tous mon corps et elle me fait frémir quand elle circule dans des zones sensibles. Je lève les yeux vers Anduin qui est également baigné de lumière, il ressent lui aussi cette forte émotion. Nous nous lâchons brusquement, embarrassés. La magie s’interrompt. Même si cette sensation a duré une fraction de seconde, J’ai eu l’impression d’avoir été comme connectée avec Anduin, comme si on avait fait plus qu’un. Il me regarde, troublé, en se grattant l’arrière de la tête, le visage aussi rouge qu’une tomate. Il se relève et se tourne les talons en marmonnant quelque chose. Je reste pantoise par son abandon soudain… Je crois que même Anduin vient d'expérimenter un aspect de la lumière divine dont il ignorait l’existence. Je serre la pierre dans ma paume et pause mon autre main contre mon cœur qui s’affole quand je me remémore cette sensation très plaisante…  

Le lendemain, Millie, Yaedrel et moi nous quittons le château de Hurlevent pour le port de la cité, non sans jeter un dernier regard à Anduin qui est assis sur son trône. Mon cœur se serre. C’est la première fois qu’il ne sera pas à mes côtés même si je sais que je suis entre de très bonne main. Notre navire est amarré et de nombreux voyageurs montent à son bord, le voyage risque d'être long jusqu’en Kalimdor.

•        Pourquoi nous ne prenons pas un portail ? ça irai tellement plus vite. Demandé-je. 

•        Lynawen, les mages ne sont pas des machines, ils ont d’autre chat à fouetter que maintenir en permanence le réseau magique. M’explique Millie.

Je me tue, ne sachant pas quoi lui répondre. Nous montons à bord et le capitaine du navire nous accueil. Yaedrel a payé une cabine pour Millie et moi pour que l'on ne soir pas obliger de dormir dans la cale avec les passagers lambda. Je me retire dans cette dernière pour me retrouver un peu seule. J’ouvre un livre nommé “ Les hypothèses quant à l'existence d'Elune et sa nature magique" je me suis dit que ça pourrait être intéressant d’en savoir plus sur la mythologie des elfes de la nuit. Le reste du voyage s'est écoulé sans accro, enfin presque. Un voyageur a essayé de voler la bourse de Millie et j’ai bien cru que Yaedrel aller le jeter par-dessus bord. Heureusement tout s’est arrangé sans violence et le capitaine l’a enfermé dans la cale pour le reste du voyage. Au loin, je peux à nouveaux contempler la beauté de Teldrassil. Je rejoins mon bouclier sur le pont, m’adossant sur la rambarde à ses côtés. Ses yeux bleus luisant sont perdus dans l’horizon. C’est vrai qu’il n’est pas loin d'Exodar, son chez lui doit lui manquer.

•        Les vôtres vous manque ? Lui demandé-je alors.

•        Bien sûr mais ça ira, Dame Lynawen.

•        Si vous le souhaitez, on peut faire un détour par Exodar après notre visite à la famille de Millie. Proposé-je gaiement à mon ami.

Il pose sa main affectueusement sur ma tête, m’ébouriffant légèrement mes cheveux, avant de plonger son regard dans le mien.

•        Vous êtes gentille, vous me rappelez ma défunte fille. Elle était aussi douce et soucieuse que vous. Dit-il avec mélancolie.

•        Oh… Je suis désolée.

•        Ce n’est rien. Rétorque Yaedrel avec le sourire.

Je me sens subitement mal et attristée d’apprendre que sa fille n’est plus de ce monde. Je prie pour que la lumière veille sur son enfant et qu’elle soit en paix où qu'elle se trouve. Je ne sais pas quoi lui dire pour le réconforter. Ce n’est jamais facile de trouver les mots justes, mais je sais ce que ça fait de perdre sa famille. Je me contente cependant de poser ma main sur son bras. Le navire arrive enfin à bon port et Millie nous rejoint sur la terre ferme après avoir récupérée nos affaires dans la cabine. Nous partons vers le portail qui monte jusqu’à Darnassus. Passer à nouveau sous cet épais amas d’arbres aux feuillages colorés me remémore des souvenirs avec Anduin de quand nous nous sommes isolés du groupe. Rien que d’y penser ça me fait sourire. Une fois l’aura traversé, me revoilà dans cette splendide cité et ici il fait vraiment chaud, contrairement à Hurlevent. Je suffoque tellement que je retire ma veste. Nous allons dans le quartier des habitations et nous rentrons dans une jolie maison de bois. Une charmante elfe de la nuit au long cheveux violet attachés en un chignon décoré de fleur et portant une très belle robe blanche nous accueille.

•        Millie ! Dit-elle en la serrant dans ses bras. Je suis tellement heureuse de te voir.

•        Moi aussi Myre, comment va Declan ? Demande Millie, inquiète.

•        Pas très bien j’en ai peur. Les humains sont si fragiles. Dit-elle avec une voix triste.

Les deux femmes se murent dans un silence funèbre mais d’un coup l’attention de l’elfe se pose sur nous, elle nous lorgne un instant de surprise car elle ne nous a pas remarquée au premier abord, puis ses yeux brillant s’allument de curiosité.

•        Ce sont les amis que tu as mentionnés dans ta lettre ? Tu ne nous présente pas ?

•        Pardonne-moi, Voilà Lynawen et le Draenei est Yaedrel et je vous présente Myre, l’épouse de mon cousin Declan.

•        Enchanté de vous rencontrer, Myre. Rétorqué-je avec politesse.

•       Moi de même, venez que je vous présente à mon mari, il sera ravi de voir de nouvelle tête, mais hélas, il très malade et je vous serai gré de ne pas le déranger pendant votre séjour chez nous.

Je hoche la tête en guise d’approbation et nous la suivons à l’étage de la maison jusqu’à une chambre qui se trouve au fond d’un couloir. Elle l’ouvre. Dans un lit, adossé contre des oreillers, un charmant jeune homme aux cheveux roux, au teint très blafard et aux cernes incroyablement creusées. Un léger sourire s’affiche quand il voit le visage de Millie. Son épouse nous présente ensuite, mais on ne reste guère longtemps et elle nous fait sortir, Yaedrel et moi, puis nous conduit à une chambre d’ami au rez-de-chaussée. Le reste de la journée, nous la passons avec notre hôte par politesse mais le jour suivant, je sors dans la cité pour me balader avec Yaedrel. Bien sûr j’aurai bien aimé que Millie vienne mais elle préfère rester au chevet de son cousin et je comprends parfaitement.

Nous marchons tranquillement sur un joli tapis de feuilles colorées, lorsque que nous entendons des rires enfants. Je lève la tête et je vois un félin à dent de sabre à la fourrure noire, les enfants lui montent dessus et l’animal les fait tomber au sol ou dans l’eau dans des éclats de rires. Les enfants poussent subitement la bête dans la rivière et il grogne de panique en remontant à toute vitesse sur le rebord. Un nuage magique entoure le félin, il se dissipe en laissant place à un elfe de la nuit que je reconnais instantanément. C’est l’arrogant druide, Lydran. Il passe sa main dans ses cheveux bleu-nuit humide avec un air fâché.

•        Tu as peur de l’eau ! se moque un enfant en riant.

•        Bien sûr que non ! Mais quand je suis sous ma forme druidique, j’ai les instincts de l’animal que j’incarne. Essaie-t-il expliquer aux enfants.

•        Tu trouves des excuses bidon. Intervient une autre enfant.

•        Si vous continuez je vais céder un autre de mes instincts.

Il se transforme subitement en félin et pousse un rugissement à faire pâlir de frayeur mais ça a l’air d’amuser les enfants qui continuent de se moquer de lui tout en fuyant au loin. Il reprend sa forme d’elfe, déconcerté. Battue par des enfants, l’homme qui se vantait d'être le meilleur druide de la cité, qui l’aurait cru ! Je ne peux m’empêcher de pouffer rire devant ce spectacle. Lydran se retourne, intrigué. Ses yeux aux éclats de diamant se posent sur moi et un large sourire laisse entrevoir ses canines. Il saute pour rejoindre l’autre rive où je me trouve et s’approche de nous. Yaedrel s’interpose alors pour le faire garder ses distances.

•        Mon doux Draenei, Vous aussi vous m’avez manqué. Dit-il sur un ton sarcastique.

Il se faufile avec agilité dernière Yaedrel qui n’a même pas le temps de l’arrêter et me saisit la main pour y déposer un baiser et glisser ses doigts sous mon menton pour me forcer à le regarder dans les yeux. Je repousse violemment tout en reculant de plusieurs pas pour le garder à distance. Il sourit comme toujours, l’air amusé.

•        Quelle froideur, ma douce au yeux d’argent. Vous me brisez le cœur, moi qui suis si heureux de vous revoir.

Je soupire, le revoilà à nouveau comme à notre première rencontre. Yaedrel essaye de saisir l’elfe mais encore une fois il lui échappe avec aisance. Ça en devient ridicule…

•        Que faites-vous à nouveaux chez le fier peuple des Kal’dorei ? Demande Lydran, Intrigué.

•        Cela ne vous regarde point, druide ! Haussé-je un peu le ton.

•        Ça n’a pas importance de toute façon. Exclame-t-il avec son sourire sauvage.

•        Vous êtes agaçant !

•        Je peux être tout ce que vous souhaitez, ma belle. Dit-il sur ton un ton aguicheur.

Je le regarde, consternée et je tourne les talons mais, comme pour la première fois, il nous suit. Yaedrel le menace de son marteau. Ne prenant pas son avertissement au sérieux, Lydran n’échappe pas à la fureur de mon protecteur qui l’attrape et le jette à l’eau. Je suis restée bouche bée mais un sourire satisfait s’affiche sur mon visage quand je le vois assit sur les fesses avec un air idiot. Voilà qui lui apprendra peut-être les bonnes manières. Les jours suivants, la santé de Declan n’a pas l’air de s’arranger. Au contraire. L’ambiance est constamment tendue. J’essaye de soutenir mon amie comme elle l’a fait pour moi à mon arrivée à Azeroth. Je sais qu’il vaut mieux que je la laisse avec sa famille et j’envisage de rentrer à Hurlevent. Il se fait tard, mais cette ambiance pesante me met vraiment mal à l’aise et j’ai besoin de prendre l’air en me promenant le long du lac, marchant sur les ponts élégants de la capitale elfique, surtout de nuit, lorsque que la lune est haute et que ses rayons percent à travers les frondaisons pour baigner Darnassus d’une douce lueur. Ça m'apporte une grande tranquillité. Je m’assoie sur le bord d’un des ponts et retire mes bottes pour tremper mes pieds dans l’eau cristalline et jouer avec le reflet de la lune.

•        Vous foulez la déesse des pieds, quel affront ! M’interpelle une voix familière sur un ton sarcastique. 

Pas besoin de me tourner, je sais à qui appartient cette voix usante. Je me contente de rouler des yeux mais je ne prends pas la fuite pour autant. Lydran en profite, ne perdant pas de temps pour s’asseoir à mes côtés.

•        Votre déesse, Elune, n’est pas vraiment la “Dame Blanche“, c’est bien comme ça que vous appelez la lune n’est-ce pas ? Donc que je mette mes pieds dedans ne pose aucun problème. Rétorqué-je avec un ton provocateur.

•        Je n’aurai pas imaginé que vous aviez un petit côté rebelle. Répond Lydran avec son habituel sourire bestial.

Il glisse ses doigts dans ma chevelure ébène avec ce regard attrayant et mon cœur sursaute dans ma poitrine. Lydran fait tomber ma broche dans la rivière, probablement sans le faire exprès mais, furieuse, je me relève d’un bond.

•        Ma broche ! Vous êtes un crétin ! Haussé-je le ton.

•        C’est qu’un objet, c’est remplaçable. Dit-il de façon hautaine. 

•        Ce n’est pas qu’un simple objet ! Lui crié-je dessus. C’est Anduin… Je veux dire sa Majesté qui me l’a offert. Vous avez intérêt à pouvoir vous transformer en poisson pour aller la chercher ou je ne donne pas cher de votre peau !

Je panique. Dois-je sauter dans l’eau et aller la chercher ? Oui ! Faut que je la retrouve, je ne peux pas la perdre… Je ne veux pas la perdre. Lydran se contente de me regarder silencieusement avec ce stupide air amusé.

•      Oh ! Vous fricotez avec le Haut-Roi ! Vous êtes maligne. Vous avez perdu votre monde, quoi de mieux que d’essayer d’avoir une meilleure position dans le nôtre. J’en suis jaloux.

•        Quoi !? Cessez de déblatérer des inepties ! M’énervé-je.

Je lui lance un regard noir. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de lui mettre une gifle. Il hausse des épaules et soudainement, il saute dans la rivière et passe plusieurs minutes sous l’eau, ne remontant à la surface que pour reprendre sa respiration. Il finit par revenir sur la rive et, entre ses doigts, agite mon précieux objet sous mon nez.

•        Il n’y a pas quoi. S'exclame Lydran en me remettant la broche dans mes cheveux.

Sans un mot en plus, le Kal’dorei s’éclipse avant que je puisse dire merci. Je pose mes doigts sur mon précieux objets. Toute la colère que je ressentais pour cet homme a disparue, laissant juste une amer reconnaissance. 



Voilà, j'espère que vous avez aimer ce chapitre.

Oui, c'est un petit chapitre tranquille mais nécessaire.

Le prochain sera probablement plus mouvementer.

Sur ce, n'hésitez pas à laisser votre avis ou vos questions, ça fait toujours super plaisir. ^^

Bonne soirée/journée à vous cher lecteurs. ^^




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