Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 45 : Compromis

5095 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/03/2022 21:31

Compromis


Une fois devant les portes de la prison, les gardes nous conduisent vers un escalier descendant dans le cœur du bâtiment. La lumière du jour s'atténue, évincée par celle des torches qui ornent les murs. Malgré ça, l'obscurité règne en maître ici. L'odeur de renfermé et d'humidité imbibe l'air aux alentour. Des gouttes d'eau suintent les parois des murs et du plafond, leurs clapotis s'accompagnent des hurlements et les lamentations des condamnés dans une symphonie morbide. Des frissons d’effroi me parcourent l’échine mais je me dois de ne rien laisser transparaître.

Les yeux, les murmures derrières les cellules, suivent notre cheminement alors que nos pas résonnent sur la pierre froide. Je jette de temps en temps un coup d'œil à mes accompagnateurs. Le chef de la garde ouvre la marche, sa lanterne a la main. Elle grince au rythme de sa démarche tandis que sa lumière vacillante sert de phare dans ces dédales. Genn, quant à lui, regarde toujours droit devant, les sourcils froncés, non pas à cause de l'obscurité, mais de la colère que je peux ressentir rien qu'en l’observant. Fureur justifiée que je partage également. Les autres gardes qui nous entourent ne bronches pas d’un poil, avançant en synchronisation, toujours une main au pommeau.

Au bout du couloir, une grande grille garde fermée la route. Deux Soldats sont aux aguets, droit comme des piquets, lance pointe vers le haut. De plus près, je vois des silhouettes dans la geôle qui, plus je m'approche, plus me semblent familières. Les voilà enfin, ces monstres sans cœur, tous ceux qui ont participés à ma tentative d'assassinat sont réunis dans cette cellule. Une fois arrivé à hauteur, je vois qu'ils ne portent plus leurs habits de haut rang, mais de simple chemises de tissu rapiécés, sales. Certains d'entre eux sont enchaînés aux murs, principalement les hommes.

•        Laissez-nous passer, lance notre guide.

Les deux gardes de l'entrée s'écartent d'un pas et l'homme sort un trousseau de clés, en sépare une des autres et l'introduit dans la serrure. Dans un léger claquement, la porte s'ouvre. Le geôlier me fait un signe de tête pour me dire d'avancer avec Genn. La main appuyée sur la grille, il nous laisse s’avancer. Il est temps pour moi de les confronter, je me dois de leur dire le fond de ma pensée, pour pourvoir tourner la page et continuer, je n’ai plus à avoir peur d’eux !

•        Tiens, que nous vaut donc la visite de la bâtarde ? Toujours en vie à ce que je vois. Fait une des prisonnière en ricanant.

•        Silence ! Gronde Genn, je vous rappelle qu'ici vous n'avez aucun droit de parole sans l’autorisation de sa grâce.

•        Son altesse !? Quelle infamie, elle n’est rien ici. Crache un des hommes enchaînés au mur.

•        Comment osez-vous ! Grogne Grisetête.

Je pose ma main sur l’épaule du vieux loup, ce geste affectueux le calme légèrement. Je sens leurs regards inquisiteurs remplient de dégout, je ravale ma salive et à mon tour je les fixe de haut avec dédain.

•        Bien je vois que vous êtes tous réunis ici, c'est parfait. Continuais-je. Ainsi je n'aurai point à répéter plusieurs fois le même discours.

Je lève alors ma main gauche, leur montrant la bague de fiançailles qui sertie mon annuaire. Preuve indéfectible de l’amour qu’Anduin me porte, comme provocation.

•        Comme vous le voyez, je suis bel et bien vivante, à votre grande peine, j'en conviens. Avant de me traiter de "bâtarde" Sachez désormais que je suis l’héritière des Grisetête de Gilnéas. Attenter à ma vie et une déclaration de guerre envers la famille royale de Gilnéas.

Leurs visages se crispent, écarquillant leurs yeux de terreur pour certain. Je me délecte grandement de la peur qui déforme leurs traits. Je m'avance soudainement d'un pas dans la cellule, déterminée.

•        Aussi désormais si l'un de vos complices encore en liberté tente de porter atteinte à ma vie, vos têtes ne tiendront bientôt plus sur vos épaules. Contrairement à vous, je ne suis pas un monstre, si vous n’essayez pas de vous venger je ne vous tuerai pas.

•        Doit-on vous remercier de votre bonté, gamine ? Vous nous laissez la vie pour la passer dans ces geôles puantes. Crache une autre femme.

Leurs réactions me contrarient légèrement, il faut croire que mes bourreaux se préoccupent bien plus de leur confort de vie au lieu de se repentir d’avoir essayé de m’ôter la mienne. Ma vie n’a telle vraiment aucune valeur à leurs yeux ? Suis-je juste un parasite qu'on foule au pied parce que je dérange leur ambition ? Je me mordille nerveusement la lèvre avant de reprendre le contrôle de mes émotions, mais avant que je puisse dire quoique ce soit, c’est Grisetête qui reprends la parole.

•        Taisez-vous ! De quel droit vous vous plaignez de votre situation. Ma fille adoptive a fait preuve de clémence à votre égard alors que vous avez essayé de lui arracher la vie par simple jalousie. En plus être une Grisetête, elle est la fiancée de notre Roi, une Wrynn en devenir. Vous lui devez respect et obéissance. 

•        Ceci dit, reprenné-je. Il est temps de vous rappeler une chose importante : Que vous le vouliez ou non, je fais partie de la vie d'Anduin, que cela vous déplaise, je m'en contre-fiche, notre union aura bien lieu. Mais je vous rassure, pour votre plus grand bonheur, vous n'aurez pas à y participer. En effet, vous resterez ici loin des chants et du tintamarre joyeux de notre belle cité. Un long séjour dans votre cellule vous permettra sûrement de retrouver vos idées claires....

Je n’attends pas leur réponse car je n’en ai cure et je tourne les talons avec indifférence, suivit de Genn. J’entends la porte de la cellule se refermer avec fracas. Mon escorte qui patientait à l’extérieur se mettent au garde-à-vous dès mon arrivée dans leur direction.

•        Votre Altesse ! Hurle une femme provenant des cellules. Il y a méprise, j’étais au salon de thé avec ces dames. Il est vrai que je ne vous apprécie pas, mais je le jure sur la lumière que je n’ai pas participée à votre empoisonnement. Implore-t-elle.

•        Moi aussi votre grâce, j’ai ouïe dire que vous être une jeune femme de bien tout comme notre bien aimé roi, que vous vous êtes battue pour nous à Lordearon. Vous êtes la championne de l’Alliance, la dame que la juste lumière à choisie. Par pitié, j’implore votre bonté de cœur, écoutez nous… Implore-t-elle.

Puis d’autres femmes et hommes se mettent à plaider leur innocence, n’ont-ils pas un once d’amour propre ? Les voilà dans une situation précaire et ils tentent désespérément de m’amadouer en me rappelant que je suis une femme de bien, que j’ai le cœur sur la main… Après ce qu’ils m’ont fait, comment osent-ils sortir de tel discours à mon égard alors qu’ils me méprisent avec tant de ferveur !? J’écoute néanmoins leurs suppliques, certaines pleurent à chaude larmes, d’autres louent mes louanges, vantant mes exploits pendant la guerre des épines et sur le champ de bataille à Lordearon. Le geôlier tape sur les barreaux de leur cellule pour les faire taire, peut-être qu’elles disent vrai, peut-être que tout ceci n’est qu’affabulation pour sauver leur peau. Mais tout cela ne change rien pour moi, mon corps est pris de tremblement. La colère et le chagrin que s’essayais temps bien que mal de dissimuler me submerge d’un seul coup. Grisetête me fixe avec intensité essayant de me retenir m’attrapant le poignet avec délicatesse pour me contraindre à quitter cet endroit maudit. Je me mordille la lèvre nerveusement, bien que je sache qu’il était plus raisonnable de les ignorer, il était trop tard, je n’arrive plus à me contenir et fonce à nouveau vers leur cellule à la grande surprise des gardes, mes mains attrapent avec hargne les barreaux de leurs prisons.

•        Vous ne méritez pas mon empathie ! M’emporté-je de plus bel. Vous avez lâchement tenté de m’ôter la vie ! Vous ne savez rien de moi, vous ne savez pas ce que c’est d’atterrir dans un monde inconnu, vous sachant seule au monde. Votre roi m’a tendu la main et comblé mon chagrin et ma solitude comme j’ai comblé la sienne. On est simplement tombé amoureux. Je n’ai rien fait de mal ! Bien au contraire, il n’y a rien de plus beau que l’amour qu'on partage. Mais vous m’avez vu comme une ennemie, répandant rumeur et calomnie. Je dérangeais peut-être vos plans mais maintenant c’est vous qui en payez le prix de votre cruauté. J’ai suffisamment été clémente avec vous, je ne vous dois rien.

Les yeux humides, je recule en lâchant les barreaux glacés, je sèche mes larmes du revers de ma manche, fixant une dernière fois leurs visages. Certains nobles me fixent toujours avec mépris alors que d’autre n’osaient même plus croiser mes prunelles d’argents. Dans un coin, je remarque une jeune fille d’environ mon âge et je la reconnais immédiatement, c’est celle qui m’avais manqué de respect le jour où je suis tombée dans le coma. Elle est amaigrie, sale, ses vêtements ne sont que des haillons et elle a l’air très mal au point, elle sanglote silencieusement. Prise d’une pitié soudaine, contrairement à eux je ne suis pas dénuée de cœur, je me tourne alors vers un garde.

•        Elle est mal au point, trouvez-lui un médecin et une cellule plus confortable...

•        Bien sur votre majesté. Rétorque le gardien.

•        Rentrons maintenant, Lynawen. Intervient Grisetête en posant doucement sa main sur mon épaule.

Une fois à l’extérieur, la lumière du soleil nous aveugle légèrement, le friselis de la brise agite les feuilles des arbres à proximités, caressant par la même occasion mon visage de sa douceur. J’apprécie également le bruit apaisant de l’eau du canal s’écoulant sous nos pieds. Je ferme un instant les yeux avant de les rouvrir, le cœur plus léger.

•        Vous allez bien ? me demande le vieux loup.

•        Pas vraiment, mais ça m’a soulagé d’un poids. Merci Genn.

Le vieux loup détourne le regard en grognant, cette attitude que je trouvais jadis froide et sévère est devenue une étrange marque d’affection de sa part. Je suis vraiment reconnaissante envers Grisetête, ces derniers temps, alors que l’absence d’Anduin se fait de plus en plus ressentir en moi. Lui et son épouse n’ont cessé de d’occuper de mon bien être, palliant à ma solitude, répondant toujours présent lorsque que le besoin s’en faisait sentir et encore plus maintenant que je suis officiellement leur fille adoptive. Même si parfois ce sentiment est encore étrange ils sont devenus ma seconde famille.

•        Puis-je rendre visite à mes amis dans la vielle-ville avant de rentrer au château ?

•        Soit, mais pas sans escorte. Et n’oubliez pas la réunion, nous devons parler des places vacantes au conseil, vous êtes la régente, vous avez des responsabilités. Rétorque Genn en me fusillant du regard.

•        Je sais, je ne tarderai pas… Mais ne devrions-nous pas attendre le retour d’Anduin pour parler de ces questions-là ?

•        Certes, le roi est la plus grande autorité d’Hurlevent et il a son droit de veto mais ça ne nous empêche pas d’en discutailler. Vous deux. Exclame Genn en pointant deux gardes parmi notre escorte. Veillez sur la princesse.

L’armure de cet homme et cette femme sont différentes des autres gardes du château. Ils font partie des soldats d’élites, l’escorte spécial du Roi : La Garde Lion. Ensemble nous quittons Grisetête qui, lui, part en direction du palais. Alors que nous empruntons l’itinéraire pour la vielle-ville, nous profitons du temps agréable, bien que le vent soit quelque peu glacial. J’aime particulièrement ce quartier, il dénote totalement du reste, on dirait un petit village au sein même de la cité. Entre les habitations aux tuiles pourpres, les ruelles sont quelques peu étroites, le son des coups de marteau du forgeron sur son enclume rebondit dans le quartier. Mais ce qui attire mon attention c’est le tintamarre provenant du cochon siffleur.

Je pousse la porte de la taverne et m’engouffre à l’intérieur, la chaleur du feu de cheminée réchauffe ma peau et l’odeur de l’alcool me monte au nez. C’est particulièrement animé aujourd’hui, plus que d’habitude. Ça mange, bois et rie à gorge déployé. Cette ambiance festive me donne du baume au cœur. Je m’approche alors du comptoir et salut gaiement le tavernier, l’homme essuie ses mains sur son tablier avant de s’approcher de moi, souriant.

•        Votre grâce, c’est un honneur de vous voir dans notre humble établissement.

•        Bonjour David, Je cherche mes amis, sont-ils ici ? Demandé-je avec politesse.

•        Le Kal’dorei insupportable et la demoiselle Ren’dorei discrète ? Ils sont installés au fond. Dit-il en les montrant du doigt.

•        Merci bien. Puis-je vous commander votre tarte aux pommes ? C’est vraiment la meilleurs d’Hurlevent !

•        Vous exagérez, votre grâce. Rétorque-t-il, amusé.

•        Oh que non !

•        Aller, filez les rejoindre, je vous apporte ça.

Le tavernier me fait un signe m’indiquant clairement de déguerpir du comptoir, je me faufile entre la foule, suivit de mon escorte au fond de la pièce. Mes amis sont installés autour d’une table, collés contre la paroi sur des chaises rembourrées. Je demande aux Gardes Lions de m’attendre à proximité sans être trop près de nous pour avoir un minimum d’intimité. Une fois à la portée des deux elfes, je les salue et leurs visages s’illuminent en m’a présence, je me laisse alors tomber sur une des chaises juste en face d’eux.

•        Ma beauté aux yeux d’argent, la plus belle des créatures vient nous gracier de sa délicieuse présence. S’exprime Lydran dans l’exagération.

•        Lydran. Répondais-je simplement.

•        En plus de mettre le jeune roi dans votre lit, voilà que vous faites adopter par la famille Grisetête. Décidément vous en voulez toujours plus. Rétorque-t-il, taquin.

•        Laissez-là tranquille, Lydran ! Répond Nawe en le bousculant affectueusement.

Ce geste me surprend au premier abords, depuis quand c’est deux-là sont-ils devenus aussi proche ? Il est vrai que depuis que je suis la fiancée d’Anduin et régente d’Hurlevent en son absence, j’ai moins de temps à leur accorder, pour mon plus grand regret… Je souris, appuyant mon visage entre mes mains, les fixant mielleusement alors qu’ils se chamaillent.

•         Vous deux, depuis quand ? Demandé-je, curieuse.

•        Pardon ? Demande Nawe, surprise.

•        Allons, ne faites pas l’innocente.

•        Moi et cet abruti de coureur de jupon Kal’dorei !? J’aurai tout entendue… S’offusque l’elfe du vide.

•        Elle fait sa timide. Surenchéri Lydran, charmeur.

Nawe le fusille du regard alors que cet idiot de gros chat la fixe amusé tout croc dehors. L’elfe du vide le repousse et décale sa chaise plus près de la mienne. Leur cirque m’amuse au plus haut point.

•        Vous êtes tellement adorable !

•        Ne soyez pas jalouse, ma beauté aux yeux d’argents, vous savez que je suis tout à vous.

•        Vous êtes trop bon, mais Anduin est le seul et unique homme de mon cœur. Exclamé-je la voix étranglée par l’émotion soudaine.

L’elfe du vide m’observe silencieuse discernant le chagrin dans mes iris argentées, elle dépose avec gentillesse sa main sur la mienne.

•        Qu’est-ce que vous allez bien ? Demande-t-elle, soucieuse.

•        Oui, ça va. C’est juste qu’il me manque vraiment beaucoup…

•        Vous ne correspondez pas par lettre ? Questionne Nawe.

•        Eh bien, pour tout dire j’ai reçu une missive mais je n’arrive guère à lui répondre… à chaque fois que je prends la plume, aucun mot ne vient s’inscrire sur le parchemin…

•        Pourquoi cela ?

•        Je l’ignore… Je ne sais quoi lui dire et, pour être honnête, je crois que je ressens de la colère et cela me chagrine beaucoup. Je me sens coupable d’éprouver ceci, Anduin ne fait qu’accomplir son devoir de roi. Il ne fait pas ça pour me blesser, bien au contraire, je sais pertinemment qu’il est rongé par la culpabilité et pourtant je ne peux m’empêcher de lui en vouloir…

•        Vous n’avez pas à culpabiliser, il est normal de ressentir de tel sentiments. Vous l’avez dit vous-même, le roi vous manque et vous vivez actuellement une situation difficile. Quoi de plus normal que de désirer que la personne que vous aimez soit à vos côtés pour surmonter cette épreuve…

•        Le roi est un sot ! Exclame subitement Lydran. Il vous savait au porte de la mort à deux doigt d’arpenter l’Ombreterre et il n’a pas pour autant daigner rentrer auprès de vous.

•        Ne dites pas ça ! M’indigné-je. Anduin porte un lourd fardeau et il n’a pas toujours le choix de ses actes. Je sais qu’il n’a pas pris cette décision de bon cœur. C’est un roi juste et il fait son possible pour protéger son peuple, nous protéger !

•        On n’a toujours le choix ! Pour vous être un roi juste c’est laissé sa fiancée agonisante dans son château ? Foutaise. Crache Lydran.

•        Arrêtez espèce d’idiot ! Ne voyez-vous pas que vos propos la blesse. Intervient Nawe pour calmer le jeu.

•        Ce n’est pas le roi qui a veillé à son chevet, ce n’est pas le roi qui a épongé sa fièvre et c’est encore moins le roi qui a été à ses côtés…

•         Assez ! Crié-je en me levant brusquement et tapant mes mains sur la table.

Tout mon corps est saisi de tremblement de colère et un silence pesant s’empare des lieux. Lydran a dépassé les bornes mais mon cœur est enserré par le doute, les paroles du druide se sont immiscées dans mon esprit troublé. Il est vrai qu’Anduin aurait pu déléguer le commandement à son connétable et rentrer à Hurlevent, il avait le choix… Je secoue la tête, apeurée, pour chasser cette vile divagation, la lettre déchirante qu’Anduin m’a adressé me revient en mémoire. Ses mots tremblant emplies de culpabilité, les larmes séchées sur le papier… Non, Anduin ne m’aurait pas écrit de tel mots si il pouvait déléguer sa tâche et je sais que son amour est sincère. Des bruits de couvert qu’on pose sur la table me sort de ma transe, mon attention se porte alors sur une femme, Elli, la serveuse du cochon siffleur. C’est là que je me rends compte qu’elle venait de poser la tarte aux pommes que j’avais commandé. Je reprends petit à petit mon calme et trifouille dans ma besace à ma ceinture à la recherche de cinq pièce d’argent pour la payer et lui remets avec un sourire forcé. Une fois cette dernière payée, mes yeux se pose sur la pâtisserie dont j’avais vraiment envie de déguster quelque minute auparavant mais j’ai subitement perdu l’appétit. 

•        Je vous l’offre, je dois rentrer au château.

Sur ces mots, je tourne les talons sans daigner accorder une seconde de plus à cet abruti de Kal’dorei. Je salue au moins Nawe, sa sollicitude m’ayant touchée. D’un geste de la main je demande aux Gardes Lion de me suivre et ensemble nous sortons de l’établissement pour regagner le château.

À peine arrivée dans la cour du château, je remarque l’agitation des gardes poster devant la grande porte. Je monte les marches qui encadre la fontaine à l’effigie du père d’Anduin et pénètre dans l’enceinte du bâtiment. Alors que je m’enfonce dans le long couloir qui donne sur la salle du trône, un domestique m’interpelle brusquement.

•        Votre grâce ! Dit-il, affolé. Vous devez immédiatement vous rendre dans la salle de commandement.

Sans demander mon reste, je me hâte vers cette dernière. Plus je m’approche, plus j’entends une dispute à l’intérieur. Que passe-ce passe-t-il ? Inquiète, je pousse les lourds portes.

J’aperçois Genn en train de se disputé avec un vieux, très vieux Draenei que je reconnais même si je ne l’ai vu qu’une seule fois. Le prophète Velen, que fait-il ici ?

•        Que passe-t-il ici !? Intervenais-je soudainement.

Le vieux loup et le prophète se tourne vers moi, le Draenei s’avance d’un pas lent mais sur dans ma direction et me prend doucement les mains.

•        Mon enfant. Dit-il. Nous avons besoin de votre aide.

•        Mon aide ?

•        Il n’est pas question que nous nous mêlions de ceci ! Grogne Genn.

•        Vous avez conclu une alliance avec nous, vous devez tenir parole. Intervient une voix inconnue mais calme.

Mon attention se porte tout naturellement vers le propriétaire de cette voix et quel ne fut pas mon étonnement de m’apercevoir que cette personne est un Orc ! Que fait un Orc à Hurlevent ? Ce n’est certes pas la première fois que j’en vois un mais, malgré tout, ils restent des êtres impressionnant. Celui-là, contrairement à Saurcroc, est clairement plus jeune, une longue tignasse noir tressé avec des sortes de brassard de tissus orne son crâne. Il dégage une toute autre aura bien plus bienveillante et ses traits sont plus doux. L’Orc est accompagné d’un homme encapuchonné et son visage est recouvert d’un masque à motif rouge et blanc. Je ne vois guère sa chevelure dépasser de sa capuche. Soit ils sont assez court, soit il les a attachés à l’arrière de son crâne. L’homme est quelque peu négligé, un pantalon noir taché et une chemine blanche à moitié rentrer dans le pantalon ainsi que des bottes en cuir dans un sale état et des mains gantées sont les seuls signes distinctifs de sa tenue hormis son cou. J'y remarque une chaînette en argent, le reste du bijou est caché sous son haut. J’en déduit facilement que ce n’est pas un elfe de sang. Leurs oreilles, bien que très différentes de celle de leur cousin elfe de la nuit, n’en reste pas moins longue et ils ont besoin de trou dans leurs capuches pour les enfiler. Il est trop petit pour être un troll et de toutes manières il n’a clairement pas de défense. Je peux tout de suite rayer l’idée d’un réprouvé, il ne dégage pas l’odeur de la mort et sa chair n’est pas en décomposition, il est bien et bel vivant. Ça fait aucun doute, il est humain, alors que ferai un humain avec la Horde ? C’est étrange… Sa silhouette, sa posture et ça façon de se mouvoir me semble pourtant si familière… Je n’ai pas le temps de m’y pencher et d’analyser la personne qui se trouve devant que l’orc m’interpelle.

•        Qui êtes-vous ?

•        Je me nomme Thrall, ancien chef de guerre de la horde. Et vous, vous êtes cette jeune femme d'un autre monde. Lynawen, c'est bien ça ?

•        En effet.

•        Nous venons demander la part de notre alliance, continue Thrall, Sylvanas s'apprête a lancé un assaut sur un village d'innocent. Si nous ne faisons rien, beaucoup de victime seront à déplorer en plus dans cette guerre.

•        L’Alliance n’a pas les effectifs que vous demandez. Grogne Grisetête.

•        Grisetête dit vrai, mon fiancé est parti avec une partie conséquente de l’armée, ce qui reste à Hurlevent est seulement suffisant pour défendre la cité.

•        Mon enfant, fait Velen, beaucoup mourront si nous n'intervenons pas.

•         Je veux vous aider, croyez-moi, mais... la cité doit être également protégée.

Je réfléchie un moment pour peser le pour et le contre, le choix à faire n'était pas simple à prendre. Soit je viens au secours de la Horde, et Hurlevent risque de finir sans défense, soit un village entier d'innocent risque d’être soufflé comme Teldrassil. Dans les deux cas, des pertes risquent d'être à déplorer. Je sens leurs regards posés sur moi et le poids de mes responsabilités sur mes épaules, que dois-je faire, que ferait Anduin à ma place ? D’un coup un vieux récit de bataille de mon monde détruit me reviens à l’esprit. Un de mes aïeuls avait jadis protéger Fortonnere et la cité voisine en séparant son armée en deux. Peut-être en usant de cette stratégie je pourrai venir en aide à la Horde tout en assurant la protection d’Hurlevent… Je reprends mon souffle et fixe alors mes interlocuteurs dans les yeux.

•        Bien, dans ce cas il n'y a qu'une chose à faire : engageons tous les volontaires voulant défendre la cause de la Horde. Nous prendrons une partie des meilleurs éléments restant à Hurlevent, et laisserons une autre partie ici. Dame Mia Grisetête sera régente en mon absence. Velen en tant qu’émissaire de l’Alliance. Je vous demande de mettre à disposition une partie de vos hommes. Si Sylvanas a créé une diversion pour attaquer la cité, nos braves soldats devrons les retenir jusqu'à notre retour, ou celui du roi... Que la lumière nous protège.


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