Dragons - Volume I : l'Ordre

Chapitre 27 : 27

2208 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2019 22:59

Le trajet passa anormalement vite, harnachés à leurs montures lancées à pleine vitesse, leurs cavaliers purent voir défiler de nombreux paysages aux couleurs si différentes, traversant cinq régions bien distinctes. Commençant leur parcours en traversant d’ouest en est la grande forêt d’Elwynn, incroyablement verte et lumineuse en cette heure et saison, l’équipe bifurqua vers le sud, passant un petit ponton de bois surplombant un cours d’eau large d’une vingtaine de mètres.

Cette frontière naturelle délimitait parfaitement les deux régions voisines tandis que la luminosité changeait drastiquement ; le bois de la Pénombre était une contrée aux arbres encore bien plus grands et denses, filtrant autant le soleil en pleine journée que la grande capitale elfe et plongeant ce lieu dans une pénombre presque continue, d’où son nom. C’était également dans cette région que se trouvaient le plus grand nombre de loups dans la nature, mais fort heureusement, la distance à parcourir dans cet endroit aux couleurs et sonorités ambiantes bien moins joyeuses était assez courte et rapidement la troupe traversa l’unique petit village au sud-est qu’était Sombre-Comté avant de se frayer un chemin entre d’imposantes falaises juste à sa périphérie.

Le décor fut à nouveau entièrement différent. Sillonnant dans ce qui pouvait s’apparenter à un très long canyon à la largeur moyenne bien faible et aux virages sinueux sur presque toute la région, le chemin grossièrement marqué au sol d’un sable fin était le seul élément se distinguant dans ce lieu intégralement minéral et aux nuances de gris. Le vent s’engouffrant par moments dans ces grandes cavités de presque quinze mètres de haut par endroit donnait l’impression d’un long cri d’agonie tout en soufflant d’épais nuages de cendres. Fort heureusement, il suffirait de suivre la route sans jamais bifurquer pour quitter cet endroit sans vie aussi appelé le Défilé de Deuillevent.

Très petite, la région morte laissa rapidement place à une lumière plus vive, tout comme une chaleur et une humidité en nette hausse. L’équipe traversait dorénavant le Marais des Chagrins. La flore était luxuriante et abondante tandis que la faune, terrée à la surface des nombreux marais était principalement carnivore et hostile. Malgré une région plus grande que les deux précédentes, l’accès vers la destination finale ne nécessitait que de parcourir un tiers de sa largeur, galopant aux pieds des hauts reliefs sur leur droite, l’équipe finit par apercevoir une ouverture dans cette construction naturelle tandis qu’une route s’y dessinait depuis un carrefour vers le sud.

L’équipe foulait enfin les premiers mètres de sable de leur région de destination et tandis que la température grimpait encore peu à peu, l’humidité quant à elle disparut rapidement. Cette escapade leur avait pris un tout petit moins de trois heures, n’ayant pas ralenti un seul instant durant le trajet, mais sentant tout de même leur monture peinée à cet instant. La troupe repéra rapidement de grandes fortifications en face d’eux qui grandissaient au fur et à mesure qu’ils s’en approchaient.

Il s’agissait du bastion du néant au nord de la région. Celle-ci était très peu peuplée et la troupe se décida d’y faire une escale éclair afin de se préparer et se dégourdir rapidement les jambes. Mais en s’en approchant encore de plus près, les visages déjà bien concentrés, connaissant leurs impératifs de temps, se fermèrent encore davantage ; les premiers gardes devant la forteresse gisaient allongés dans le sable taché de sang.

Vincent fit un signe de tête à l’équipe et tous se décidèrent de pénétrer le bastion tout de même. N’ayant aucune idée si les pacificateurs pouvaient encore être là, l’équipe descendit de leurs montures et entra dans le fort l’épée à la main. À l’évidence, il n’y avait plus aucune âme qui vive dans cet endroit transformé en cimetière et après cinq minutes à traverser le lieu, l’équipe ne trouva aucune trace du moindre pacificateur et seule la quarantaine de soldats morts attestaient de leur passage.

Sélène finit par se pencher sur l’un des corps gisant dans une mare de sang sur un sol de pierres polies avant d’y déposer l’extrémité de deux doigts et de venir sentir le sang de l’homme. Ses camarades grimacèrent devant la scène si haute en contraste, voyant une femme au visage angélique renifler le sang d’un cadavre mutilé. Finalement, Sélène se releva et commenta :

— Je pense que ça fait une heure qu’il est mort. Maximum deux.

C’est quoi cette façon d’estimer l’heure de sa mort ? s’intrigua Shanna.

— Nous n’avons pas de temps à perdre, partons vers le portail maintenant, reprit Vincent.

— On s’occupe des pacificateurs autour d’Amadeus et toi, tu t’en charges, c’est bien ça ? redemanda Arthas, voulant une confirmation.

— C’est bien ça...

— Allons-y ! s’exclama à son tour Sélène.

Puis, l’équipe repartit avec leurs chevaux qui n’avaient eu que très peu de temps pour se reposer avant de se remettre en course à pleine vitesse vers le sud de la région. Le vent se levait finalement dans la région et une petite tempête de sable vint perturber la visibilité des cavaliers pendant quelques longues minutes. Le terrain sembla très légèrement grimper avant que ne se discernent enfin de nombreuses silhouettes au loin.

L’équipe lâcha aussitôt ses montures et continua à pied vers la bonne trentaine de pacificateurs présents en face d’eux. Tous se tenaient droits et sur la crête d’un cratère qui se situait dans leur dos. Dans ce même cratère d’un diamètre d’une centaine de mètres et d’une profondeur de seulement quelques mètres se situait le portail tant redouté.

Vincent se mit finalement à accélérer le pas et entama un véritable sprint vers la défense adverse. Les pacificateurs dégainaient leurs armes les uns après les autres tandis que l’héritier Steel leur fondait dessus, toujours désarmé et suivi de très près par son équipe prête à en découdre.

À l’instant fatidique, Vincent esquiva deux attaques de pacificateurs différents avant de glisser dans le sable et sans se retourner, poursuivit sa course vers le centre du cratère, repérant Amadeus en plein travail sur un objet cylindrique et à l’apparence de porcelaine.

De leur côté, les autres membres de l’équipe arrivaient sur les pacificateurs à leur tour et bien qu’ils soient en infériorité numérique, ils comptaient bien gagner ce combat rapidement.

Ren s’était immobilisé face à l’un deux et dégainait très lentement son katana de son étui en le faisant frotter pour produire un son légèrement strident. À peine ce dernier était totalement sorti, que sa propriétaire dégagea une puissance considérable tandis que Phobos à quelques mètres sur sa droite en faisant tout autant, matérialisant son arme d’hast. Le reste de l’équipe n’était pas en reste et Sélène et Arthas sur la gauche de Ren étaient également prêts au combat.

La femme en kimono finit par dire à voix haute, tout en scrutant les nombreux ennemis d’un regard glacial :

— Commençons le massacre…

À cet instant, cette dernière bondit en l’air pour retomber sur les quelques adversaires face à elle. Son katana était rapide et vif et déjà un pacificateur était envoyé au tapis tandis qu’un second à côté tentait de suivre la vitesse d’attaque de la furie. Phobos quant à lui, prit de l’élan et lança un très puissant swing sur trois pacificateurs face à lui. L’un d’eux reçut l’attaque de plein fouet, tranché sur le coup tandis que les deux autres fondaient sur chaque flanc de l’armure, la prenant en tenaille. Malgré leurs assauts éclair, aucun des deux attaquants ne sembla capable de percer le blindage du colosse avant que celui-ci ne se mette à pivoter sur lui à une vitesse incroyable, lançant un puissant coup de sa paume de main gauche sur l’un des ennemis qui fut transpercée par l’arme d’hast la seconde suivante. Les pacificateurs avaient rapidement saisi que cette armure était le point le plus solide de l’attaque en cours et déjà quatre autres de ces puissants guerriers accouraient vers Phobos.

Ren quant à elle, restait toujours insaisissable alors qu’elle se frayait un chemin au travers des adversaires, mettant fin à la vie de son quatrième déjà. Son style de combat, rapide et précis en mêlée, ressemblait quelque peu à celui de l’elfe la nuit Alessa. Bien sûr, son katana l’empêchait de lancer des attaques à bout pourtant, mais malgré cela, la métisse était quand même capable en faisant les bons déhanchés à lancer de puissantes frappes à très courte distance.

De leurs côtés, Sélène et Arthas s’en sortaient plutôt bien, mais c’était surtout la sœur Steel qui faisait le plus gros du travail. Ses attaques étaient aussi vives que l’éclair et faisaient presque à chaque fois mouche, blessant mortellement ses adversaires. Arthas qui parvenait à l’apercevoir par moments s’étonnait encore de sa rapidité tandis qu’il se sentait plus en difficulté dès lors qu’il avait plus d’un adversaire en même temps. Fort heureusement, la blonde semblait également surveiller Arthas et faisait en sorte qu’il ne soit jamais submergé sous le nombre.

Tandis que le combat se déroulait sans anicroche particulière, Vincent arrivait enfin devant Amadeus qui l’avait senti approcher depuis un moment déjà, se retournant et faisant face à l’héritier Steel en lui lançant un regard glacial.

— Ça y est ? Nous y sommes enfin ? Je t’attendais, je me doutais que tu viendrais...

— Je ne compte pas discuter avec toi Amadeus… bats-toi !

Vincent se mit directement en position et invoqua en à peine quelques secondes Némésis dans ses mains. Les dragons autour de la zone du combat purent sentir aussitôt la capacité réelle de Vincent à monter son énergie spirituelle à une vitesse simplement impossible, mais restèrent parfaitement concentrés sur leur propre combat, tous réalisant qu’ils entraient dans les moments fatidiques de leur plan d’attaque.

Les yeux de Vincent se teintèrent à nouveau d’un rouge vif et sa paume droite se serra avec puissance sur le manche de Némésis. De larges oscillations de force étaient visibles grâce à leur effet de souffle sur le sable qui se faisait balayer tout autour des deux protagonistes.

Puis Vincent dit calmement :

— Cette porte n’est pas dans ce désert pour rien… Si je n’ai pas d’autre solution, alors je ne vais pas me retenir.

— C’est tout ce que j’espérais… répondit Amadeus avec un sourire malsain.

— J’aimerais te dire de t’y préparer. Mais tu n’as aucune chance.

— Nous allons voir ça.

Soudain, Vincent se mit à crier de toutes ses forces et le sable tout autour de lui explosa puis resta en suspension dans les airs avant d’être violemment projeté plus loin. D’énormes bourrasques de sables se formèrent à une centaine de mètres autour de Vincent tandis que son adversaire se contentait de contempler cette démonstration de force d’un regard amusé.

Finalement, Amadeus se mit lui aussi à hurler pour augmenter son niveau d’énergie spirituelle et les bourrasques lointaines se transformèrent petit à petit en véritables cyclones s’élevant sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur et soufflant le sable de toutes parts.

La puissance combinée des deux grands guerriers commençait déjà à affecter le combat qui se déroulait à proximité. Que ce soient les pacificateurs ou les autres dragons, une énergie très pesante s’était abattue sur eux et leurs attaques s’en trouvaient légèrement ralenties.

C’était le moment idéal de resserrer les rangs et faire le point pensa Sélène qui croisa le regard d’Arthas puis de Ren. Tous pensaient certainement la même chose et les cinq guerriers resserrèrent les rangs face à encore une quinzaine de pacificateurs qui reprenaient également leur souffle. C’est maintenant que les choses deviennent sérieuses, pensa Sélène.

Tous commençaient à manquer de souffle, ayant déjà dépensé une quantité impressionnante d’énergie et désormais sous la pression grandissante du combat qu’allait se dérouler d’ici peu contre Amadeus et Vincent.


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