Un nouveau monde

Chapitre 13 : Le sorcier mort-vivant

3796 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/07/2020 11:17

Les cris. Les plaintes. Les implorations.

Des sons insoutenables pour n'importe quel être vivant capable d'empathie.

Mais pour Morpsev Corbeau-noir, c'était une symphonie à ses oreilles.


De son vivant, Morpsev était un ancien mage-membre du Kirin Tor notamment reconnu pour ses prouesses contre la Horde durant la Seconde Guerre, avant qu'il n'ait dû se retirer et s'installer à Lordaeron auprès de sa famille quand vint la Peste et l'invasion du Fléau mort-vivant qui avait à jamais sceller le destin du royaume, tout comme ils avaient scellé le sien.

Aujourd'hui, un Réprouvé, un mort-vivant qui avait été soit libéré soit épargné de l'influence du Fléau mais n'était pas moins considéré comme une abomination au regard des vivants, incluant ses confrères et compatriotes ayant échappé de justesse au Fléau. En plus de ça, il avait sombré de la folie aussitôt qu'il avait réalisé sa nouvelle situation et de ce qu'il était advenu des siens, et avait plongé corps et âme dans la magie noire.

L'ironie était que la véritable raison pour laquelle il s'était retiré du Kirin Tor c'était pour pouvoir librement étudier cette forme de magie occulte qui l'intriguait depuis qu'il avait observé des sorciers orcs (ainsi que des ogres-mages et des sorciers-docteurs trolls) à l'œuvre. Mais de son vivant, ses recherches qu'il avait soigneusement tenu clandestine n'avaient pour unique but de servir l'humanité. Désormais, il s'en servait pour se défouler sur ses ennemis, quels qu'ils fussent et ce sans aucune retenue.


Aujourd'hui, c'était contre un détachement de la Croisade Écarlate que le mort-vivant se déchaînait, aux alentours du Monastère Écarlate servant de bastion aux croisés.

À la connaissance du mort-vivant, la Croisade Écarlate était ce qui restait du royaume qui avait vu naître et mourrir le mage déchu, ce royaume qui fut autrefois le berceau de la Grande Alliance avant d'être ravagé par la Mort.

Rien de plus et rien de moins qu'un autre signe de la décadence de Lordaeron ! songeait Morpsev. Un groupe de chevaliers isolés croyant encore que leur terres pouvaient encore être sauvé et que la Sainte-Lumière les protégeraient contre les morts-vivants dont ils avaient juré l'éradication, au point de sombrer dans le fanatisme et l'extrémisme. Or, si les souvenirs des morts-vivants étaient bonnes, ce fut bien ce genre de mentalité qui avait conduit à la chute de Lordaeron. Autant leur rappeler la vacuité de leur cause ainsi que celle de leur foi !


Étant dévouée à l'éradication des morts-vivants, il était évident que la Croisade représentait un menace pour les Réprouvés. Mais si Morpsev lâchait ses serviteurs démons sur les chevaliers ainsi que ses pouvoirs d'ombres de feu gangrené pour ensuite drainer les âmes de ces victimes dès lors qu'elles furent à l'agonie, ce n'était pas tant par patriotisme que pour le plaisir tout en s'approvisionnant de quoi alimenter sa magie.

C'était devenu une habitude pour lui, presque un rituel, chaque fois qu'il passait à proximité du Monastère en allant prélever des ingrédients pour le compte de quelques confrères Réprouvés, au cas où la Croisade aurait encore quelques âmes fraîches à lui offrir et qui soient assez vigoureuses à son goût.

Pour ce qui était de servir la cause de ses confrères damnés ainsi que de leur reine auto-proclamée, la reine-banshee Sylvanas Coursevent (ou la Dame Noire comme aimaient l'appeler les Réprouvés), c'était uniquement parce que leurs intérêts servaient les siens. C'était notamment vrai pour la Société Royale des Apothicaires pour qui travaillait depuis les sous-sols des ruines de la cité de Lordaeron sur une Nouvelle Peste similaire à celle qui avait ravagé le royaume cinq auparavant et changé les contaminés en morts-vivants mais destinée à dix fois plus violente que la précédente, et pour laquelle Morpsev partait prélever des échantillons sur la faune locale — que ce soit des ailerons de murlocs, du venin d'araignées géantes ou du sang de sombregogue (une race de chien démoniaque qui infestait la région depuis l'invasion du Fléau) — ou ramenait parfois en guise de cobaye un survivant de ses raids contre la Croisade Écarlate.

Quant à assurer un avenir pour ses confrères, le mort-vivant n'était pas dupe. Que pouvait-on attendre de l'avenir quand on était réduit à un cadavre en putréfaction ? Si ce n'était un avenir à l'image des Réprouvés ?

De toutes manières, Morpsev avait d'autres projets.


Depuis qu'il avait été relevé en tant que mort-vivant, il était arrivé à un stade où il n'éprouvait rien d'autre que du mépris pour tout ce qui l'entourait et une envie de voir le monde brûler.

Non seulement les vivants le méprisaient, l'avaient rejeté et damné pour ce qu'il était devenu, mais lui les jalousait d'être encore vivant et remplis de vigueur, de ne pas ressembler à des cadavres ambulant et désarticulés qui feraient même fuir le plus affamé des charognards.

Le Fléau mort-vivant avait détruit sa vie. Tôt ou tard, il allait le payer pour ça.

Quant aux Réprouvés, il lui rappelaient beaucoup trop sa nouvelle condition qu'il déplorait tant. Certains jours, il aurait préféré ne jamais être relever, que son corps fusse incinérer par les Réprouvés ou la Croisade Écarlate, cela lui aurait épargné le choc qu'il eut à son réveil. Il en allait même à maudire secrètement ses confrères et leur soi-disante reine de lui avoir infliger une telle vision d'horreur et obligé à "vivre" ainsi pour l'éternité. C'était comme se regarder dans un miroir et réaliser à quel point en faisant peine à voir. Encore plus démoralisant quand on se remémorait à quel point on avait belle allure de notre vivant, même après avoir passé la cinquantaine. On était clairement que l'ombre de ce qu'on avait été, une épave.

Seuls ses serviteurs démons apportaient du réconfort au mort-vivant dont le cœur était encore rongé par les vers. Eux, ils lui obéissaient au doigt et à l'œil dès lors qu'ils les invoquaient, eux ne posaient pas de questions, eux ne lui imposaient et réclamait rien du tout si ce n'était les éclats d'âmes qu'il récoltait sur ses victimes, eux ne lui dictait rien du tout. Il était leur maître, ils étaient ses esclaves, il les commandait, ils s'exécutaient, cela lui suffisait.


Ce jour-là, il rentrait d'une collecte de venin d'araignée avant de rendre une "petite visite de courtoisie" à la Croisade Écarlate. Après, il s'était rendu dans la ville souterraine de ses confrères, Fossoyeuse, soigneusement aménagé dans les catacombes de Lordaeron, afin remettre ses échantillons à ses confères apothicaires en échange de quelques pièces d'or avant de rentrer chez lui prendre un peu de repos pour ses vieux os.


Son trajet le faisait inexorablement passé par les ruines de ce qui avait été la glorieuse capitale de Lordaeron, lui rappelant amèrement de douloureux souvenirs. Il avait été présent ce jour-là, quand Lordaeron vivait ses derniers instants. Il avait été présent le jour du retour inespéré et non moins triomphal du prince Arthas, revenu du continent glacé du Norfendre où il avait combattu le Fléau qui sévissait son peuple. Il se souvint avoir été parmi la foule, en train de l'acclamer et de lui jeter des fleurs, sans se douter un seul instant de ce que le prince avait en tête se jour-là. Et puis à peine le prince était entré dans la salle du trône, à peine fut-il chaleureusement accueilli par son père le roi Terenas, qui durant tout ce temps avait craint que le Fléau mort-vivant n'avaient eu raison de son cher fils, que le prince s'était avancé vers son père, l'avait empoigné et obligé à se mettre à genoux pour qu'il puisse l'embrocher de son épée avant de déclarer la chute de son propre royaume. Personne n'avait eu le temps de comprendre quelle folie avait bien pu s'emparer du prince pourtant si dévoué envers son peuple que les chevaliers qui l'avaient escorté jusqu'à la salle du trône commencèrent à massacrer sans vergogne toutes personnes présentes sur les lieux. Morpsev avait eu le temps de se téléporter loin de la cité grâce à sa magie et s'était rendu en trombe vers son manoir pour avertir à sa famille ce qu'il venait de se passer et qu'il devait quitter les lieux à tout prix. Mais à peine eut-il atteint sa demeure, il se rendit compte qu'il était trop tard en voyant ses propres fils ainsi que ses domestiques changés en zombies.Il fut tellement frappé d'horreur qu'il n'eut pas le temps de réagir quand ses propres fils se jeter sur lui et lui arracher les entrailles. Dévoré vivant par la chair de sa chair, tel furent les derniers instants de l'ancienne vie de Morpsev.


Ce fut vers ce même manoir que le mort-vivant se dirigeait quand il eut fini sa journée. Aussi douloureux fussent les souvenirs que lui évoquait sa propre demeure, elle n'en restait pas moins son unique demeure.

Elle était établie dans un coin reculé des Clairières de Tirisfal, non loin du petit village Réprouvé qui portait le nom du Glas. Bien qu'ayant été délabré par le temps, elle était probablement l'un des rares bâtiments à tenir encore debout depuis la chute de Lordaeron.

Il s'y rendit aussi vite que le permettaient ses jambes désarticulés, autant dire lentement et se servant de son bâton comme appui.

Seul son diablotin lui servait d'escorte. Ce n'était cependant pas le serviteur dont il appréciait le plus la compagnie. Rien qu'au combat, c'était le plus faible d'entre eux, mais c'était le moins docile, le moins discret et surtout le moins surpportable. Mais il s'agissait du seul démon n'ayant nullement besoin de sacrifier un éclat d'âme pour l'invoquer et ainsi faire appel à ses services. Et Morpsev ayant toujours été économe avec ses ressources, même de son vivant et tant qu'il n'était pas dans le feu de l'action, il devait s'en contenter.


Quand il arriva enfin à son manoir, il réalisa que la porte d'entrée était restée entrouverte. Or il aurait juré l'avoir bien fermé et verrouiller en partant pour Fossoyeuse, perfectionniste comme il avait toujours été.

— T'as dû oublié, mon bon maître ! lui dit le diablotin de sa voix criarde. Ça arrive aux meilleurs d'entre nous, avec la routine, tout ça !

— Je n'oublie jamais, petit démon insignifiant ! pesta le mort-vivant de sa voix rauque. Je sais que je l'avais fermé ce matin en partant ! J'en suis sûr !

En poussant la porte, il remarqua des traces de pas sur le sol. Des traces qui n'étaient pas les siennes et qui étaient encore fraîches.

Pas de doute ! Quelqu'un s'était introduit dans sa demeure. Lui qui avait pris soin de condamner toutes les issues, fenêtres, portes donnant sur des pièces qui avait été éventrées et même la cheminée afin qu'aucun être vivant ou mort-vivant ne s'introduise dans son repaire sacrée. Cela ne lui plaisait pas du tout.

Il avança prudemment dans le hall d'entrée, brandissant son bâton, prêt à s'en servir de matraque, tandis que le diablotin sautillait à travers la pièce à la recherche de l'intrus.

— Je vous attendais, maître Corbeau-noir ! s'éleva derrière eux une voix féminine.

Le mort-vivant et le serviteur se retournèrent aussitôt vers une silhouette encapuchonnée se tenir derrière la porte d'entrée qu'elle poussait avec nonchalance. L'espace d'un instant, Morpsev crut que c'était la Dame Noire en personne qui lui rendait visite, mais il émanait de cette étrange femme une chaleur que le mort-vivant pouvait ressentir chez les vivants quels qu'ils fussent et qui était presque inhabituelle. Elle paraissait même brûlante, comme le feu d'un dragon. Et cela, aucun mort-vivant ne pouvait émaner autant de chaleur, pas même la Dame Noire.

— Qui êtes vous ? interrogea Morpsev menaçant. Et que faîtes vous ici ?

— C'est une propriété privée ! ajouta le diablotin tout en continuant de sautiller tel une puce. Privée !

— Allons du calme, je viens en paix ! répondit nonchalamment l'intruse. Et vous faire une proposition...

— Répondez à ma question ! insista le mort-vivant. Qui êtes vous ?

— Vous ne me connaissez peut-être pas mais peut-être avez vous connu mon père... du temps où il jouait les agents doubles entre la Horde et l'Alliance.

Morpsev se souvint alors de cette étrange personnage qui s'était mêlé à l'aristocratie de Lordaeron pour les convaincre de prendre la moindre mesure contre la Horde qui venait de faire son apparition sur Azeroth et sévissait le royaume de Hurlevent, avant de finalement prendre partie pour la Horde sous sa vraie forme. Dès lors, le mort-vivant comprit l'origine de l'étrange chaleur émanant de la femme et ainsi qu'elle était sa vraie nature.

— Ainsi, ce salopard avait une fille ! en conclut le mort-vivant. Intéressant !

— Il avait tout une couvée, à vrai dire, rectifia la femme. Mais trêve de bavardage, je ne suis pas venu d'aussi loin pour vous parler de ma famille.

— Alors qu'est-ce qui vous amène ici ? redemanda le mort-vivant d'un ton plus calme. Et en quoi un mage déchu pourrait vous être utile. Je vous écoute.

— NOUS vous écoutons ! s'empressa de corriger le diablotin. NOUS !

— Il y a, à Hurlevent, une bande d'aventuriers dont la présence compromet dangereusement mes projets, expliqua la femme. J'ai réussi à les éloigner de mes affaires mais ce n'est que temporaire et je voudrais m'assurer qu'ils ne reviennent jamais de là où je les ai envoyé. Même mieux, je voudrais m'assurer qu'ils disparaissent. Corps et âmes.

— Ça pourrait être dans mes cordes, dit le mort-vivant d'un air pensif. Mais qu'est-ce que j'y gagnerai à ainsi risquer ma peau... ?

— Plutôt ce qui te restes de peau ! s'empressa d'ajouter le diablotin d'un ton moqueur.

— Bref ! reprit Morpsev. J'imagine que ces aventuriers sont redoutables pour qu'ils puissent représenter une menace pour un... être tel que vous, sans vouloir vous offenser.

— Ils ne m'effraient nullement ! se défendit la femme. Seul l'un d'eux a de l'expérience au combat et ce n'est plus qu'un soiffard déshérité qui tient à peine sur son unique jambe. Les autres sont à peine plus dangereux que des enfants armés de bâtons, mais j'ai peur d'avoir surestimé mes propres forces, au vue de leur récentes victoires. Je pourrais m'en charger moi-même et simplement engager des assassins, mais ça pourrait compromettre ma couverture s'il y avait une enquête et que cela remontait jusqu'à moi. J'ai déjà fait preuve d'imprudence récemment en confiant mes projets à des criminelles, je ne referai pas cette erreur. C'est même pour cela que je souhaite qu'il ne reste aucune trace de ses misérables aventuriers. Ni de leurs corps ni de leurs âmes.

— Je comprends mais cela ne répond toujours pas à ma question, reprit le mort-vivant. Qu'est ce que je gagnerai en échange de ce service ? En plus de quelques âmes fraîches à récolter ?

— Vous et moi désirons la même chose, non ? lui dit la femme. La destruction de l'Alliance. Vous les avez servi toute votre vie, vous avez combattu pour eux, vous avez tout sacrifié pour le bien de l'humanité. Et comment l'Alliance vous remercie ? En vous tournant le dos, en vous abandonnant à votre sort, exactement quand vous le plus besoin de leur aide et pour couronner le tout, en vous traitant en paria pour quelque chose d'affreux et d'injuste qui vous ait arrivé, que vous n'avez jamais demandé, pas même en rêve et que vous n'aurez souhaité à personne. Vous brûlez d'envie de leur faire payer pour leur non-assistance et leur lâcheté, n''est-ce pas ? Pour leur mépris et leur indifférence à votre égard. Pour leur ingratitude. En leur infligeant un destin aussi funeste que celui que vous avez dû subir.

L'intruse avait touché un point sensible. Le mort-vivant faisait son possible pour le cacher mais c'était comme si elle avait lu en lui comme un livre ouvert. Ça en était presque terrifiant.

Le diablotin quant à lui semblait jubiler à l'idée de faire souffrir des âmes innocentes.

— Je peux vous aider à concrétiser un tel désir, avait reprit la femme. À condition que vous me rendez ce service. Sans quoi ni vous ni moi ne pourrions parvenir à en tel but.

Il n'était pas question de se laisser embobiner par cette embobiner par cette sorcière, songeait Morpsev, lui qui détestait de se faire mener en bateau.

— Ceux sont de bons arguments que vous avez là, gente dame, dit-il poliment. Mais ce n'est pas assez pour me convaincre.

— Ce qui est sûr, ce que vous êtes dur en affaire, dit la femme qui cachait non sans peine sa frustration tandis qu'elle prit distraitement un tableau représentant la famille de Morpsev qui trainait sur le buffet. Et si en échange de ce service... je vous indiquais où se trouve votre fille.

— Ma fille ? répéta le mort-vivant perdait patience à la simple évocation de sa famille. Quelle fille ? Je n'ai plus de fille ! Toute ma famille a été décimé par le Fléau ! C'est par le biais de ma propre famille qu'ils ont fait ce que je suis aujourd'hui !

— En êtes vous sûr mon cher ? le questionna la femme. Était-elle présente quand vous et votre famille avait été changé en zombie ?

L'intruse avait marqué un point. Décidément, rien ne lui échappait !

— Non, répondit le mort-vivant en fouillant dans sa mémoire une fois qu'il avait retrouvé son calme. Elle était à Dalaran. Je l'y avais envoyé le jour de ses douze ans pour qu'elle étudie la magie en bonne et due forme. Mais Dalaran a été détruit. Il n'en reste que des ruines. Je les ai vu de mes propres yeux.

— Je les ai vu moi aussi, ces ruines, en arrivant ici, lui confirma la femme.

— Comment aurait elle pu survivre à un tel désastre ? demanda le mort-vivant.

— Tout simplement en quittant les lieux une fois qu'elle ait comprit que tout était perdu, répondit la femme avec nonchalance.

— Elle a... déserté Dalaran ? répéta Morpsev incrédule. Elle a fui Lordaeron ?

— Comme d'autres qui ont préféré sauver leur misérable vie plutôt que de se battre pour la sauvegarde de leur patrie.

— Mais... mais qui me dit vous dîtes vraiment la vérité ? la questionna le mort-vivant lorsqu'il reprit à nouveau ses esprits. Que vous n'essayez pas de me duper en me prenant par les sentiments ?

— Elle est bien vivante, je vous assure, répondit la femme. Je l'ai croisé il y a peu. Ce tableau semble dater mais je la reconnais à son regard plein de lucidité et ses cheveux de feu. J'ai même entendu son nom et c'était bien une Corbeau-noir. Son prénom, je ne sais plus... Ça sonnait comme Marina ou Ariella. Je peux vous en dire sur l'endroit où elle s'est réfugié si...

— C'est bon ! Je marche ! céda le mort-vivant. Je vous débarrasse de vos aventuriers et en échange vous me conduisez à ma fille.

— Ah la bonne heure ! s'exclama la femme. Je savais que l'on trouverait un accord.


— Dîtes moi juste où je peux les trouver, que je les fasse regretter d'avoir vu le jour, demanda Morpsev.

— Je les ai envoyé dans le coin reculé du royaume de Hurlevent, répondit la femme. Le bois de la Pénombre. L'endroit idéal pour une attaque de sorcier mort-vivant qui n'éveille pas de soupçons.

— Le bois de la Pénombre ? répéta le mort-vivant qui se situait l'endroit dans sa tête. À proximité de l'ancienne tour de Medivh. Ça fait du chemin quand même depuis Lordearon. Mes pauvres jambes ne sont plus ce qu'elles étaient, je crains qu'elle ne puissent supporter un tel voyage. Et je crains également ne pas avoir assez de cristaux d'âmes pour me téléporter sur aussi langue distance sans risque.

— Vous avez toujours le zeppelin, lui suggéra la femme. J'ai vu qu'une tour à zeppelin a été établi à l'entrée des ruines de l'ancienne capitale. Il vous conduira au val de Strangleronce, juste au sud du royaume de Hurlevent. Vous n'aurez que deux pas à faire pour atteindre le bois de la Pénombre.

L'idée de voyager à bord de ces satanée engins construits et dirigés des gobelins ne plaisait qu'à moitié le mort-vivant mais il devra s'en contenter.

— Autre chose ! reprit-il. Qu'il n'y ait pas de bévue, comment je les reconnais vos aventuriers ?

— Très simple, répondit la femme visiblement ravie qu'il lui ait posé la question. Parmi eux, ils ont un vieux nain unijambiste dont je vous ai parlé un peu plus tôt qui a fait la Seconde Guerre. Ils comptent également un jeune paladin un peu benêt, un gnome mage...

Morpsev grimaça à l'idée qu'on pouvait que les gnome pouvait faire usage de la magie sachant qu'ils avaient une prédilection pour la mécanique. De plus, il avait toujours détesté ces petits êtres difformes, même de son vivant.

— ... ainsi qu'une elfe de la nuit archère qui est toujours suivie d'un tigre noir, avait reprit la femme.

— Une elfe de la nuit, vous dîtes ? répéta le mort-vivant sans prêter attention au diablotin qui crachait sa salive à la simple évocation du terme "elfe de la nuit". Voilà qui rend la traque plus intéressante !

— Mais t'es fou ! s'indigna le diablotin. Les elfes de la nuit ont les démons en horreur ! Et ils détestent tout autant ceux qui font usage de la magie démoniaque ! Cette gonzesse va nous envoyé au casse-pipe, à coup sûr !

— De quoi tu te plains, toi ! lui répondit sèchement le mort-vivant. Toi quand tu meurs, t'es renvoyé dans le Néant Distordu d'où je peux encore t'invoquer. De plus, j'ai déjà testé l'âme d'humain, de nain, de gnome et de hauts-elfe. Il me tarde de voir ce que vaut l'âme d'un elfe de la nuit.

Un sourire sadique se dessinait sur son visage squelettique, le rendant plus effrayant que jamais.


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