Un nouveau monde

Chapitre 16 : La sorcière du marécage

3714 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/08/2020 12:29

Fyrvas avait eu la présence d'esprit de traverser les Tarides de nuit. Pas tant parce que il restait dans son élément dans l'obscurité quand la forêt lui manquait, mais bien parce que la région était tellement sèche et d'une chaleur étouffante que même de nuit, il y faisait chaud comme s'il avait encore été en plein jour. Heureusement pour l'elfe de la nuit, c'était une chaleur relativement douce, mais il ne pût s'empêcher d'imaginer ce qu'il aurait dû endurer s'il avait traverser cette immense savane en plein jour. Lui qui avait déjà eu du mal à supporter l'aridité des Serres-Rocheuses.

Bien que le jeune druide avait jugé bon de voyager à une heure où l'air lui était plus avenant, son trajet ne fut pas sans aisé pour autant. Il était en territoire ennemi désormais, celui de la Horde. Il lui fallut donc éviter non seulement tout village et campement d'orcs, de trolls et de taurens mais aussi les routes, au risque de croiser des sentinelles orques en pleine patrouille de nuit. Il dût également éviter les nids de harpies depuis les montagnes des Serres-Rocheuses, les campements des centaures et les tanières des hurans, une race d'hommes-sangliers primitifs et guère plus avenants que les autres habitants des Tarides. Cela obligeait Fyrvas a zigzaguer à travers la plaine, rendant le voyage encore plus éprouvant.

Heureusement, il y avait les oasis dans lesquelles le jeune druide pouvait se désaltérer mais devait s'y infiltrer et ne pouvait y rester éternellement car elles étaient contrôlées par les centaures. Et il savait pertinemment que si par malheur il se faisait repérer, il n'avait aucune chance de battre les hommes-cheveux à la course d'endurance et tenait à éviter toute confrontation inutile.

Il s'était fixé pour objectif de retrouver sa fille, après tout. Faire couler du sang inutilement n'était pas dans ses priorités.


L'aube commençait à montrer le bout de son nez quand il arriva en vue de bâtiments humains situées près des côtes des Tarides. Fyrvas crût qu'il s'agissait de sa destination, Theramore, mais ne s'avéra être qu'une forteresse portuaire, une base militaire au grand dam du jeune druide qui cherchait une ville.

Il n'eut cependant pas d'autres choix que de traverser la forteresse, celle-ci lui barrant la route vers le Marécage d'Âprefange dans lequel il souhaitait se rendre avant que le soleil ne fût à son zénith. Et comme il s'apprêtait à entrer dans une base militaire, il allait devoir montrer patte blanche.

Bien que son peuple fût allié aux humains et par extension à l'Alliance depuis leur victoire contre la Légion Ardente au Mont Hyjal cinq ans auparavant, cela ne plaisait qu'à moitié à l'elfe de la nuit de fréquenter ces gens qui comme les orcs venaient d'une toute autre terre et démontraient aussi peu de considération pour la nature, abattant des arbres par centaines, tuant des animaux plus que nécessaire et parfois même simplement pour le plaisir. Le seul élément qui les les humains plus haïssables que les orcs, c'était qu'eux n'avaient nullement participé à l'assassinat du demi-dieu Cénarius et — du moins, autant que le jeune druide sût — ils ne s'étaient jamais imprégnés de sang de démons ou quelconque substance maléfique pour décupler leur puissance et devenir invincible, quitte à finir en tant qu'esclave de la Légion Ardente ou se montrer plus néfastes que les démons eux-mêmes. Et là dessus, bien que Fyrvas eût du mal à l'admettre, les humains valaient mieux que certains elfes qu'il connaissait. Mais malgré ça, l'idée que les siens pussent devenir amis-amis avec des gens aussi peu respectueux avec la nature dépassait l'entendement du jeune druide... qui en vint à se demander ce que pouvait bien faire sa fille parmi eux, comme lui avait révélé les visions du tauren dans les Serres-Rocheuses.

Les humains, tous des soldats, ne furent pas non plus très chaleureux à l'égard de l'elfe de la nuit. Quand il leur présenta son identité et le motif de sa présence en des lieux si éloignés de chez-lui, ils le dévisageaient comme s'il était un criminel et daignèrent à peine à lui indiquer le chemin pour Theramore ou si oui ou non ils avaient vu passé une elfe de la nuit correspondant à la description que Fyrvas leur donnait. Peut-être que eux aussi gardaient amèrement le souvenir de l'époque où leur peuple respectifs étaient encore ennemi. À moins que ce ne fût le fait qu'ils étaient en territoire de la Horde et qu'ils avaient pour mission de surveiller les agissements de celle-ci et de l'empêcher d'atteindre Theramore qui rendaient les humains si nerveux.


Toujours était-il que Fyrvas ne s'attarda pas davantage dans la forteresse. Dès lors que les humains l'aient finalement autorisé à passer et indiqué le chemin le plus sûr pour Theramore à travers le marécage, il s'y rendit sans plus tarder. D'autant que le soleil approchait de son zénith et il valait mieux pour le jeune druide de ne pas s'éterniser dans cette région torride, surtout s'il ne voulait pas suffoquer à la chaleur et être aveuglé par la lumière du jour en même temps.

Le marécage ne fut guère plus avenant que la savane cependant. Il y faisait moins sec, il y avait plus d'arbres donc plus d'ombres et leur feuillage était suffisamment dense pour filtrer la lumière du soleil, mais il y faisait toujours une chaleur étouffante, le sol était boueux et glissant et il émanait des tourbes une odeur nauséabonde, comme du poisson mort. Sans parler des moustiques qui pullulaient dans l'air et dont le bourdonnement aigu agressaient les oreilles de Fyrvas.

Et dire que ce fût dans cette région marécageuse que s'étaient établis les humains depuis la bataille du Mont Hyjal ! Comme les orcs s'étaient établi dans des régions rocailleuses et semi-désertique. Le jeune druide en vint à se rendre compte que lui et ses semblables étaient plutôt bien loti dans leurs forêts d'Orneval et d'Hyjal. Peut-être même trop.

"Tu n'espères quand même pas leur partager tes terres ?" vint lui rappeler une petite voix dans sa tête. "Pas au vu de comment ils les ont traités à leur arrivée ? Et de comment ils continuent de les traiter ? Ou de comment ils traitent les leurs ?"

Non, certainement pas ! répondit intérieurement l'elfe de la nuit. De plus, avec ce que leur avait laissé la Légion Ardente, il n'y aurait eu pas assez de terres à partager de toutes façons.


Il fit une pause près d'un arbre sur le terrain le plus sec qu'il pût trouver afin de reprendre son souffle. Il s'était seulement maintenant rendu compte de la marche qu'il venait de faire en si peu de temps pour retrouver la trace de sa fille et il en avait les jambes coupés rien qu'en songeant d'avoir marché aussi longtemps et de se retrouver si loin de chez lui.

Cela ne lui était pas arrivé depuis un millier d'année, quand il n'était encore qu'un adolescent ayant grandi dans une cité elfique cachée au fin fond de la luxuriante jungle de Feralas, située plus à l'ouest du continent et isolée des autres elfes, qu'il avait dût fuguer après s'être rendu compte qu'il avait grandi dans une société corrompue jusqu'à a moelle et qui lui aurait assuré rien d'autre qu'un avenir malsain. Il avait donc quitté la ville dans laquelle il avait vu le jour pour ne plus jamais y remettre les pieds — la ville étant tombé entretemps dans les mains d'un clan d'ogres assoiffés de sang — et aller vivre parmi les elfes de la nuit. Ce qui lui avait amené à traverser toute une jungle, puis une vaste terre désertique et aride parsemée de squelettes de gigantesques kodos, puis les montagnes des Serres-Rocheuses avant d'atteindre la forêt d'Orneval à bout de force. À peine avait-il atteint sa destination, il n'avait pas tardé à être recueilli et soignée par une jeune elfe de la nuit qui l'aida à s'intégrer parmi les siens et qui allait devenir la femme de sa vie, ainsi que la mère de sa fille qui à l'heure actuelle faisait traverser à son père tout un continent.

Fyrvas se demanda alors si ses parents à lui en auraient eu fait de même à son égard. Eux dont il n'avaient plus jamais entendu parler depuis son départ de la cité cachée dans la jungle. Certes, ils ne s'étaient pas quittés en très bons termes et un millier d'années s'était écoulé depuis, mais ils restaient pas moins ces parents et lui restait leur fils, la chair de leur chair. Son départ précipité avait au moins dû les accabler de chagrin, leur avoir fait un sang d'encre. Sinon, le jeune druide aurait de ce fait raison de se sentir vexer et de le renier en tant que parents, mais si ça avait été le cas, il n'aurait jamais pu se le pardonner. Et s'ils s'étaient lancé à sa recherche ? Mais qu'ils avaient eu moins de chance que leur fils et que quelque chose de tragique leur était arrivé en chemin ? Et que le jeune druide n'en sût jamais rien ? Et si c'était le cas, aurait-il été responsable de leur sort ? Cela n'en avait-il pas fait de lui un fils indigne ?

Si c'était le cas, il avait donc intérêt à se rattraper en tant que père et retrouver sa fille au plus vite pour la ramener à la raison. Restait s'il allait se montrer indulgent ou au contraire plus strict à son égard, une fois qu'il l'aura retrouver. Si elle arrivait à la retrouver...


— Tu es bien sûr de ce que t'as vu ?

Cette voix, aussi lointaine qu'elle était, avait arraché Fyrvas de ses pensées. C'était une voix grave et rocailleuse, comme celle d'un barbare ayant guerroyer toute sa vie. Et qui fût étrangement familière au jeune druide.

— Aussi sûr que le ciel est bleu, répondit une seconde voix tout aussi grave mais plus douce. Je l'ai vu comme je vous vois.

Il sentit des pas s'approcher. Lourds pour la plupart. Au moins trois individus.

Redoutant le pire, il se planqua derrière l'arbre. Risquant un œil, il repéra trois silhouettes traverser le marécage. Parmi elle, un orc dont le crâne rasé était surmonté d'une queue de cheval et dont l'armure se limitait à des épaulières hérissées de piques et armé d'une hache qui devait faire au moins sa taille, lui rappelant amèrement les orcs qui avaient commencé à défricher sa forêt avant d'abattre Cénarius ainsi qu'un nombre conséquent d'elfes de la nuit et de créatures de la forêt une fois s'être imprégné du sang de démon. Il était suivi d'un tauren aux longues cornes, presque aussi imposant que celui que Fyrvas avait rencontré dans les Serres-Rocheuses mais en plus jeune, au pelage châtain clair. Un troll vêtu d'une robe tribale et se déplaçant à l'aide d'un bâton (probablement un "sorcier-docteur", tels étaient appelés les chamans trolls) fermait la marche. Celui-ci avait la peau bleue, de longues défenses semblables à un sanglier et les cheveux ébouriffés d'un rouge sang.

— Tu as vu une humaine échapper à une attaque de crocolisque ainsi qu'à une tribu entière de murlocs... les gelant sur place ? questionna le troll à l'intention du tauren. Dans ce marécage ?

— Puisque je vous le dis ! répondit le tauren.

— D'un seul geste ? Il y a suffit d'un seul geste pour instantanément piéger ses adversaires dans un bloc de glace ? re-questionna le troll. Voilà qui est intéressant !

— Ensuite, tu l'as suivi jusqu'à la plage, et après ? demanda à nouveau l'orc.

— Après, elle a avancé vers la mer et... elle a écarté la flotte, formant une sorte de bulle dans laquelle elle s'est engouffrée, reprit le tauren qui, à croire le ton de sa voix, avait aussi du mal à croire ce qu'il était en train de raconter. C'était comme si l'eau était sous ses ordres.

— Cette humaine, très puissante elle doit être ! commenta le troll d'un air pensif.

— Voilà qui nous fera un vrai adversaire à affronter ! s'exclama l'orc. Cela nous changera des déserteurs. Ceux-là sont tellement facile à tuer que ça en devient lassant.

Le sorcier troll approuva les dires de son compagnon à la peau verte d'un hochement de la tête, avant de reprendre :

— Cela pourrait être la chef des humains, cette "Port-Vaillant". Avait-elle les cheveux dorées ?

— Je ne sais pas, elle était encapuchonnée, répondit le tauren. D'ailleurs, elle avait l'air de quelqu'un qui ne voulait pas être reconnut, même dans le noir.

— Qu'importe qui c'est, cette gonzesse ! s'impatienta l'orc. Ce qui compte c'est que ce soit une humaine. Et tu connais l'adage ?

— "Un bon humain est un humain mort", répondit machinalement le tauren.

— Encore mieux si avec ça il est bon pour passer à la marmite, ajouta le troll en ricanant.

— Hé ! On n'est des guerriers, pas des cannibales ! s'indigna l'orc à l'encontre du troll.


Fyrvas fut décontenancé par ce qu'il était en train d'entendre. Sur le moment, il ne sut quoi faire. Devait-il simplement éviter ses intrus et reprendre sa route comme si de rien était ? Ou devait-il au contraire les empêcher de faire du mal à une parfaite inconnue qui, à les entendre, serait assez puissante pour venir à bout de ses ennemis en un claquement de doigts ? Ce qui n'avait pour pas l'air de déranger l'orc ou même le troll.

Il sentit soudain un souffle dans la nuque et en se retournant, se trouva nez à nez avec un raptor qui le dévisagea d'un regard de prédateur et siffla à son encontre.

Le jeune druide à peine le temps de réagir qu'il senti un lourd filet de cordage lui tomber dessus.

Il réalisa un peu tard que le raptor qui lui faisait face n'était pas un raptor sauvage. Il était monté par un autre troll, fort similaire au sorcier-docteur qui discutaillait avec l'orc et le tauren, à la différence que ses cheveux formaient une crête et que c'était un chasseur de tête armé de lances.

— Je me disais bien que quelque chose nous épiait ! s'exclama-t-il en contemplant sa proie d'un air triomphant. Hé, les gars ! Venez voir ce que j'ai attrapé !

Fyrvas se débattit tandis que les trois intrus venaient dans sa direction, tentant de se défaire de son piège, mais rien n'y fit. Les fils du filet parurent faite d'acier tant elles étaient solides et bizarrement, ils semblaient se resserrer sur le jeune druide tandis qu'il se débattait. Pire encore, le jeune druide n'arrivait pas en se changer en ours ni en quelque animal que ce soit.

— Te fatigues pas, va ! lui dit le chasseur troll qui descendit du raptor. Ce filet a été enchanté par mon frère.

— Plus la prise se débat, plus il se resserre sur elle, vint confirmer le sorcier troll. Et parfois ça va jusqu'à l'étranglement.

Au bord de la frustration, le jeune druide plaqua ses mains au sol, espérant y faire sortir des racines qui iraient s'enrouler autour de ses adversaires, mais cela n'eut aucune effet. C'était comme s'il avait été privé de ses pouvoirs. Comme si "on" les lui avait privé.

— Ah et aussi, il bloque tout usage de magie, ajouta le sorcier troll. Pratique contre les lanceurs de sorts, ça !

— 'Faudra s'en servir contre la sorcière humaine quand on aura sa trace, proposa l'orc.

— Bande de scélérats ! s'énerva le jeune druide. Vous ne vous en tirerez pas comme ça !

— Hé, attends voir, dit l'orc en s'agenouillant devant l'elfe tout en le regardant de biais. Gol'Kosh ! Je reconnais cette oreille arraché. Tu n'aurais pas été avec cet elfe-cerf quand il a attaqué notre base et qu'on lui a fait sa fête ?

Fyrvas tâta son oreille à demi-arraché et la mémoire lui revint. Cinq ans auparavant, quand lui, Cénarius ("l'elfe-cerf" dont l'orc faisait mention) et quelques Sentinelles étaient venus chasser les orcs de leurs terres, ceux-ci avaient rappliqué après avoir ingurgité du sang du démon ayant non seulement changé la couleur de leur peau, les faisant passer du vert au rouge, mais avait également décuplé leurs forces et les avait rendu plus sauvages. Le jeune druide se souvint du demi-dieu abattu par le chef des orcs, un certain Grommash Hurlenfer, des Sentinelles et des dryades en déroute quand elles ne furent pas elles-mêmes et tout aussi sauvagement assassinées par les orcs corrompus. Il se souvint dans le chaos d'une botte qui lui écrasait l'oreille tandis qu'il tentait d'échapper au massacre et qu'il était encore sous sa forme d'ours, d'une voix qui le narguait. Et lui qui sentit son oreille s'arrachait sous la botte de son assaillant quand il tenta de se dégager, avant de recevoir un coup sur l'arrière du crâne qui lui fit perdre conscience pendant des heures.

— C'était toi ! pesta Fyrvas furibond en direction de l'orc qui le narguait du regard. T'étais là !

— Bien sûr que j'étais là, lui répondit l'orc d'un air goguenard. Là où Hurlenfer passait, je n'étais jamais loin. J'ai gardé ton autre bout d'oreille en souvenir, au fait. Je ne pensais pas te revoir vivant. Et aussi, avec Hurlenfer, on s'est permis de raser quelques villages elfes. Tu m'en veux pas trop si j'ai décimé ta famille au cours de route ?

Le jeune druide explosa de rage, oubliant le sortilège qui envelopper le filet qui le retenait prisonnier et de ce fait le serrait de plus en plus. Cet être à la peau verte se osait se vanter d'avoir massacré des civils et anéantit des villages. Il semblait même se féliciter d'avoir suivi un boucher en guise de chef et de s'être laissé corrompre par les démons.

— Hé, qu'est-ce tu vas faire maintenant hein ? le nargua l'orc tandis qu'il saisissant son imposante hache. Toi qui est si loin de ta "précieuse" forêt. (il se tourna vers le tauren qui était resté en retrait) Toi là, viens me le tenir fermement. J'aimerai m'offrir plus qu'une oreille, cette fois, comme souvenir.

Le tauren en question s'avança machinalement vers l'elfe prisonnier et l'immobilisa avec son imposant sabot fendu.


Fyrvas vit l'orc brandir sa hache bien en dessus de sa tête tout en visant la nuque de sa victime avant de fendre l'air... et de s'arrêter à quelques centimètres de sa cible.

À la grande surprise de tout le monde, y compris de l'orc, se dernier était soudain pris dans un bloc de glace sorti de nulle part.

— Je vous demande gentiment de relâcher cet elfe, dit une voix féminine.

L'assemblée se tourna vers une silhouette encapuchonnée se tenant à l'autre bout de la zone.

— C'est elle ! s'exclama le tauren pris de panique qui dans la foulée relâcha son étreinte sur le jeune druide. C'est la sorcière qui gèle les gens et contrôle l'eau !

— Je vous le redemande une deuxième fois, veuillez relâcher cet...

— Tu n'as pas d'ordres à nous donner, femme ! s'impatienta le chasseur troll qui sur ses mots brandit son javelot... avant d'être stoppé dans son élan en étant à son tour gelé.

Son raptor fut également pris dans un bloc de glace tandis qu'il chargeait l'inconnue qui commençait à s'impatienter.

— Pour la troisième fois, je vous de...

— Contre la puissance du vaudou, ta magie n'est rien, humaine ! l'interrompit le sorcier troll en tendant son bâton et une main aux doigts crochus vers la magicienne.

Celle-ci fit prise de convulsion et semblait résister contre un ennemi invisible. Voyant sa sauveuse en difficulté, Fyrvas sentit qu'il se devait d'intervenir, pour peu qu'il pût se défaire du filet.

Comme il avait cesser de se débattre, il sentit le filet se desserrer petit à petit et en profita pour tendre un des fils sur la hache de l'orc toujours retenu à quelques centimètres au dessus de sa tête. En sciant le fil avec la hache de toutes ses forces, il parvint finalement à se libérer et chargea le sorcier troll sous sa forme d'ours et d'un revers de la patte, l'envoya valdinguer dans une mare.

Il entendit un hurlement de fureur et vit l'orc se défaire maladroitement de sa prison de glace furax. Mais le jeune druide ne le laissa pas le temps de charger sur lui ou sur l'humaine qui sortait à peine de l'emprise du troll et donc il chargea le premier. Il désarma son adversaire à la peau verte en lui lacérant les bras de ses griffes puis le plaqua au sol de ses énormes pattes d'ours, les griffes s'enfonçant dans les pectoraux saillants de l'orc.

Tandis qu'il contemplait son ennemi, les yeux pleins de haine et qui lui rendit bien son regard, le jeune druide n'avait qu'une envie, lui lacérer sa tête de primate de ses dents, lui tordre le cou à la puiséance de ses mâchoires,l'égorger de ses propres griffes, lui faire payer toute la peine que l'orc avait fait subir à lui, aux siens et à sa forêt, pour les atrocités dont il avait été complice.

— Fais-le, sale elfe câlineur d'arbres, lui cracha l'orc qui semblait lire dans ses pensées. Fais toi plaisir. Je ne crains pas la mort.

Comme s'il avait besoin de se laisser convaincre, songea Fyrvas qui laissa la tentation le gagner.

Il n'eut le temps de faire quoi que ce soit à son adversaire quand il sentit quelque chose de dur, comme une main d'un géant de pierre, lui frapper lourdement l'encolure. Puis plus rien. Le néant.

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