Un monde brisé

Chapitre 9 : Au delà du portail

3937 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/06/2021 23:03

Sur les remparts de la forteresse qui dominait les Terres Foudroyées, avec Jakua pour seul compagnie, Gahahli était dans tous ses états. Elle qui pensait vingt-quatre heures plus tôt que le retour des démons et le fait que ses amis fussent en danger de mort était la pire chose qui pouvait arriver, voilà que de telles idées devenaient risibles en comparaison de ce qu'elle endurait.

Entre son père qui continuait de la traiter comme une enfant de bas-âge au point de l'interdir d'aller où que ce soit sans son accord et le quartier-maître qui minimisait ses faits d'armes et ceux de son ami gnome pour les attribuer à d'autres, elle avait la désagréable impression que rien de ce qu'elle avait fait depuis son arrivée dans les Royaumes de l'Est n'avait de la moindre valeur. Pas même quand elle et Baelbo avaient dû affronter une dragonne déchaînée pour sauver le prince ainsi que tout le royaume de Hurlevent. Elle qui s'était rendue dans les Royaumes de l'Est justement pour prouver sa valeur autant aux yeux de ses semblables qu'à ceux de l'Alliance et ainsi se rendre utile, elle l'avait en travers de la gorge.

Elle en vint à se demander si ça valait la peine tant d'efforts pour les autres si c'étaient pour qu'ils les ignorassent ou les minimisassent et continuassent de la traiter comme une moins que rien, quand on ne la traînait pas dans la boue.

Le quartier-maître avait insulté ses compétences d'archère en disant qu'elle raterait un éléphant dans un couloir. À quel moment elle avait manqué sa cible, exactement ? Quand bien même ce serait arrivé, ça aurait été parce qu'on l'avait prise de vitesse.

Et au bout d'un moment, à quoi bon ? se demandait la jeune elfe. À quoi bon se donner autant pour les autres si c'était pour que recevoir que de l'ingratitude de leur part ?

Qu'à cela ne tienne, elle n'aura plus rien à leur prouver ! Elle avait suffisamment conscience de ce qu'elle valait pour se dispenser de leur avis. Et d'ailleurs, la prochaine fois que de pareils énergumènes auront besoin de son aide et de ses services, ils n'auront qu'à se débrouiller ! À partir de maintenant, la jeune elfe gardera ses services pour ceux qui les apprécieront ! N'en déplaise à ses détracteurs et ce sera bien fait pour eux !


Les heures passées sur le rempart à contempler l'horizon et guetter le retour de son père tout en grattant distraitement la tête de son Sabre-de-Nuit ou en affutant son couteau de chasse, elle commençait à garder ses ardeurs, se disant que ce ne serait pas digne d'elle de laisser les gens dans le besoin juste parce qu'ils ne l'appréciaient pas à sa juste valeur. Et puis honnêtement, qui était-elle pour décider de qui méritaient ses services ou pas ?

D'autant qu'une autre pensée venait la préoccupait au fur et à mesure que le temps passait : que diable retenait son père ? Ou Harrina ? Ou Bartélo et Batël ?

Cela faisait plusieurs heures qu'ils étaient partis pour la Porte des Ténèbres et ils n'étaient toujours pas revenu tandis que le soleil était sur le point de se coucher. Du moins, c'était ce qu'elle supposait malgré les gros nuages noirs qui couvraient la région.

De là où elle se tenait, elle pouvait distinguer la fameuse Porte — du moins, elle distinguait le sommet d'une arcade de pierre dépassant d'un cratère à l'horizon et d'où émanait une faible lueur verte, mais elle n'en distinguait aucune activité suspecte.

Tout était très calme. Pas un souffle de vent ou même un orage dans cette région où le temps semblait indiquait l'approche d'une tempête.

Même Jakua restait calme, couché sur le rempart à côté de sa partenaire, lui qui était généralement le premier à sentir le danger avant qui que ce fût.

La seule chose qui avait attiré son attention durant son "tour de garde", c'était la présence de deux silhouettes qui se dirigeaient vers la Porte sans prêter attention au Rempart-du-Néant. Présence qui ne semblait pas déranger davantage son Sabre-de-Nuit — était-ce bon signe ? L'un d'eux était un tauren, Gahahli en mettrait sa main à coupé. Le second cependant, elle en était moins sûr. Un humain ? À moins que... Étaient-ce des oreilles pointus ? Était-ce un elfe ? L'individu était encore trop loin pour que Gahahli pût être fixée mais s'il s'agissait bel et bien d'un elfe, ce n'était sûrement pas un de ceux de son clan. Pas un elfe de la nuit.

Et après le passage des deux étrangers, de nouveau le calme plat.

Gahahli n'aimait pas ça.


Elle descendit finalement du rempart et retrouva Baelbo et Ouladre en train de grignoter autour d'un feu de camp, faisant réaliser à la jeune elfe qu'elle n'avait rien boulotter depuis Thelsamar. Ils aurait pu lui offrir quelque chose à grignoter quand elle était sur le rempart, ces égoïstes !

— Alors ma chère, aucun démon en vue ? demanda poliment le draeneï tandis que l'elfe s'empara d'un morceau pain et en mordît une bouchée.

— 'ien qui 'e puicche 'ous ale'ter ! répondit Gahahli la bouche pleine.

— Toujours aucun signe de ton père ? demanda le gnome le ton grave. Ou bien de nos amis ? Les "tueurs de dragons" ?

— Je n'aime pas ça, lâcha la jeune elfe.

— Ah moi non plus ! rétorqua Baelbo. Déjà que ce n'est pas cool de leur part de s'approprier NOS faits d'armes pour leur pomme, mais en plus que c'est prétentieux comme titre...

— Je ne parle pas de ça ! l'interrompit l'elfe. Ils ne sont toujours pas revenu de la Porte des Ténèbres et... (elle eut du mal à faire sortir les mots de sa bouche) S'il leur ait arrivé un malheur ? ... S'il étaient tombé dans un piège ?

— Et bien... il n'y a qu'une seule manière de vérifier ! dit le gnome se relever.

Gahahli fut à la fois surprise et ravie par l'entrain de Baelbo. Ce n'était pas souvent qu'elle le voyait aussi brave.

— Mais attendez ! protesta Ouladre. Nous venons à peine d'arriver !

— Nous sommes ici depuis près de deux heures, lui rappela la jeune elfe. Et vous avez clairement eu le temps de vous requinquer, à ce que je vois.

— Mais votre père vous a demandé de ne pas quitter le fort jusqu'à son retour ! insista le draeneï.

— Et s'il ne revenait jamais ? lui demanda l'elfe. S'il était en danger de mort à l'heure où nous parlons ? Est-ce que je continue de l'attendre sagement ?

— Mais enfin, et si à vous il vous arrivez malheur à la Porte ? insista de plus bel le draeneï. Ou même en chemin ?

— Et bien, n'est-ce pas là que vous entrez en jeu ? lui demanda l'elfe avec un air cette fois plus complice.

— Ouais, je me disais qu'on ne serait pas trop de trois (le Sabre-de-Nuit émit un grognement) pardon, de quatre dans cette expédition, fit remarquer le gnome. Et puis, en cas de pépin, ça peut toujours être utile, un prêtre soigneur. Surtout s'il a... comment vous appelez ça, déjà ? Le don des Naarus... ?

— Très bien, je marche ! céda finalement Ouladre. Mais c'est uniquement pour votre sécurité ! Et je maintiens que c'est une très mauvaise idée !

— Il faudra vous y faire, alors, si vous voulez être dans l'équipe, le taquina Baelbo. Les mauvaises idées, c'est un peu notre marque de fabrique !

Il appuya ces mots en faisant un clin d'œil à Gahahli.


Sur le chemin vers la Porte des Ténèbres, le groupe resta sur ses gardes, à l'affut du moindre signe suspect et prédisant une attaque surprise. Tous avaient conscience qu'ils étaient dans lieu particulièrement mal famé et inhospitalier, loin de leur habitat naturel.

La jeune elfe de la nuit avait eu la présence d'esprit de remplir son carquois d'autant de flèches qu'elle pouvait y mettre. Aussi aventureuse qu'elle était, elle ne pouvait se permettre de se rendre en territoire ennemie les mains dans les poches. D'autant qu'elle venait prêter main forte à son père et à ses amis, la moindre des choses étaient qu'elle s'équipât en conséquence.

Au bout d'une demi-heure de marche, ils arrivèrent enfin au cratère où était niché la fameuse et non moins sinistre Porte des Ténèbres. Une arcade de pierre d'une quinzaine de mètres de haut au sommet d'un plan légèrement incliné, qui semblait être gardé par deux statues encapuchonnés tenant fermement une épée dans leur main ainsi que d'un serpent de pierre sculpté au sommé de l'arche, dévoilant ses crocs menaçant. Sous l'ache, une brèche tournoyait sur elle-même tel un vortex, émanant une lumière verte qui n'était pas sans rappeler le feu des démons.

Pas de doute, ils étaient bien face au portail menant au royaume des démons. Même Jakua avait l'air d'un chat face à un gros chien à la vue de la sinistre Porte, le poil hérissé, les griffes et les crocs à découvert.

Gahahli sentait également ses poils se dressait en présence du portail. Depuis que la Légion Ardente avait ravagé sa forêt natale et lui avait enlevé sa mère, elle vouait une haine irréversible envers les démons et leur magie démoniaque, au point où elle s'était fait la promesse de le rendre la monnaie de leur pièce d'une manière ou d'une autre. Seulement elle ne s'était pas encore fait à l'idée que l'occasion se présenterait aussi rapidement. Ne se serait-elle pas un peu emballée ?

De toutes manière, il était trop tard pour faire demi-tour. Ce n'était pas le moment de se dégonfler. Ce n'était pas du tout son genre, à vrai dire.

Prudemment, elle fut la première à descendre dans le cratère, suivie de près de son Sabre-de-Nuit. Ses deux compagnons, en particulier le draeneï, prirent leur temps avant de la rejoindre.

L'endroit était désert. Aucune trace des démons. Ni même de leurs amis. Cela devenait de plus en plus inquiétant. Où pouvaient-ils bien être ?

Gahahli eut alors une désagréable intuition quand elle scruta la brèche verts qui la tétanisait et l'attirait en même temps pour une raison qu'elle ignorait. Son père et ses amis ne serait quand même pas passé de l'autre côté...

— ÉLOIGNEZ VOUS DE CETTE PORTE, CHIENS DE L'ALLIANCE !


Ce cri arracha la jeune elfe de ses pensées et lui fit réalisait qu'elle était déjà à mi-chemin vers le portail sur le plan incliné qui y menait.

Sur le bord du cratère se tenait un orc armée d'un gigantesque hache de guerre, accompagné d'un sorcier-docteur troll qui scrutait le trio en contrebas d'un air mauvais.

Qui étaient-ce ? Et que faisaient-ils donc ici ?

— Je savais bien que c'était une mauvaise idée, se plaignit le draeneï.

— On peut savoir quel est votre problème ? demanda la jeune elfe sur un ton de défi à l'orc et au troll.

— Cette porte fait partie du patrimoine de la Horde, clama l'orc. Elle mène à notre monde d'origine. Et je ne permettrai pas à des vermines tels que vous de la souiller.

— Hum... Vous êtes au courant que nous avons une invasion de démons sur les bras ? se risqua de demander le gnome. Qu'ils passeraient par ce portail précisément ?

— Justement ! rétorqua l'orc qui descendit dans le cratère en direction de Baelbo. C'est à la Horde et à elle seule de traverser le portail pour repousser l'invasion.

— Dans ce cas, notre ami à peau bleu a aussi un droit de passage ! fit remarquer le gnome en désignant Ouladre. Vu qu'il y a aussi vécu.

— Ce truc ? A cohabité avec nous ? demanda l'orc en dévisageant le draeneï incrédule. Je le crois pas !

— Ah pourtant, c'est le cas ! affirma Ouladre légèrement mal à l'aise par la présence de l'orc. On a longtemps cohabité avant que la Légion n'arrive et ne fasse de vous des êtres sanguinaires à peau verte !

— Hé, ne me regarde pas comme ça ! se défendit le troll quand l'orc tourna son regard vers lui. Je n'ai foutu les pieds dans ton monde natal.

— Je n'ai jamais dis que j'y étais né ou grandi ! se défendit à son tour l'orc vexé. Seulement que c'est de là que vient mon peuple. Moi je suis né dans le Marais et ai passé mon enfance dans les Steppes Ardentes.

— Donc si je comprends bien, t'en sais pas plus que moi ni les autres sur l'Outreterre ! fit remarquer le troll sarcastique. Et on comptait sur toi pour nous servir de guide !

— Ces terres appartenaient à mes ancêtres ! se défendit l'orc avec une mauvaise foi flagrante. Je les connais forcément mieux que toi, les autres ou même ce mort-vivant démoniste qui nous mène en bateau depuis des mois !

Un "mort-vivant démoniste" ? Ce n'était quand même pas...

— Mais bien sûr ! railla le troll. Comme moi et mon frère, on connaît Strangleronce et Zul'Gurub comme le dos de notre main vu que nos ancêtres y ont vécu avant notre exil pour les îles perdues.

— Qu'est-ce que t'as, le mammouth ? s'énerva l'orc. Tu me cherches ?


L'orc et le troll en venaient à oublier le trio tant ils étaient pris dans leur dispute, quand soudain le portail sembla s'agiter, attira l'attention de toute l'assemblée.

Ils virent en sortir un humain en armure et aux cheveux blonds vénitiens plaqué au sol par un gangrechien.

Gahahli reconnut alors avec effarement l'humain qui se démenait contre l'immonde bête en retenant ses mâchoires avec son marteau. C'était Bartélo.

Ni une ni deux, elle tire une flèche dans la jugulaire de la créature qui hurla de douleur avant que le jeune paladin ne lui défonce le crâne à coup de marteau.

— Par la Lumière ! Je suis content que vous soyez là, les gars ! s'exclama Bartélo en voyant l'elfe et le gnome se précipiter vers lui.

— Où sont les autres ? demanda de lui demander Gahahli. Batël ? An'da ? Harrina ?

— Tous de l'autre côté, en train de retenir la Légion ! lui répondit le paladin.

— Quoi ? s'exclama l'assemblée à l'unisson.

— Depuis ce matin, on fait ce qu'on peut pour empêcher la Légion de passer mais à chaque démon tué, t'en as dix qui rappliquent, leur expliqua le paladin. On a besoin de renfort d'urgence. Leur chef, un certain Kazzak, est en train de lancer l'assaut décisif.

— Kazzak ! répéta le draeneï le ton grave. Le bras-droit de Kil'jaeden.

— Je m'en vais prévenir Rempart-du-Néant pour qu'ils nous envoie de l'aide ! dit Baelbo en démarrant son sort de téléportation.

— Moi je vais aller prévenir les autres ! ajouta le sorcier troll. On ne sera pas trop de six à tenir cette foutue porte !

— C'est ça, allez donc chercher de l'aide, bandes de lâcheurs ! pesta l'orc méprisant. Moi, les démons, ils vont tâter de ma hache ! Allez, pousse-toi !

Il bouscula violemment la jeune elfe en se précipitant à travers le portail et scandant "Pour la Horde !", faisant tomber cette dernière sur le corps du paladin dans une position plutôt embarrassante.

— Hé dis-donc, tu vas vite en besogne, Lili ! moqua Bartélo.

— Ce n'est pas le moment de faire le malin ! rétorqua Gahahli en se relevant vexée. Il faut qu'on prête main forte à ceux de l'autre côté !

— J'aimerai bien mais je crains que l'autre bestiole m'ait pas mal amoché, fit remarqué le paladin en désignant son armure éventré et sa jambe lacéré. Je peux à peine me relever.

— Ne bougez pas, mon ami, je vais vous arranger ça ! dit Ouladre en se mettant en chevet du paladin et appliquant des sorts de soins sur ses blessures. Quant à vous, jeune elfe, il serait peut-être plus prudent que nous attendions le retour de... HÉ !


Gahahli n'avait pas le temps de laisser finir sa phrase au draeneï qu'elle s'était déjà précipité à travers le portail, Jakua sur ses talons. Il n'était pas question qu'elle attendît plus longtemps en sachant que ses amis et son père étaient en difficulté de l'autre côté.

Lorsqu'elle franchit le portail avec une brève mais non moins désagréable sensation de traverser une cascade d'eau glacée, elle fut atterrée par le spectacle qui se présentait devant elle, dans ce qui ressemblait aux Terres Foudroyées mais en plus craquelé et sous un ciel dépourvue d'atmosphère.

Elle était au sommet d'un long et large escalier en bas duquel se battaient des troupes de l'Alliance et de la Horde contre des nuées de démons. Des centaines à vue de nez, venant et attaquant de toute part, tellement qu'il serait impossible de descendre les escaliers sans risques. Parmi les assaillants, vivants, mourants ou gisants sur l'escalier, elle reconnaissait les gangregardes et les gangrechiens qui leur faisaient office de chiens de chasse, ainsi que les infernaux, ses immenses golem de pierres nappé de flammes vertes. Elle vit aussi ce qui ressemblait à des draeneïs en armure mais avec de plus grand cornes (deux paires, qui plus est) et des orteils griffus à la place des sabots et qui n'avaient pas l'air d'être du camp des gentils.

Parmi les troupes qui les combattaient, elle reconnaissait l'orc qu'il l'avait bousculé un peu plus tôt et s'était déjà joint à la mêlé, mais impossible de retrouver son père, ni Harrina, ni Batël. C'était tant la cohue en contrebas, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.


À la simple vue des démons, la jeune elfe se sentit envahie par un sentiment d'angoisse et de panique. Elle avait du mal à respirer, sa gorge était sèche, elle transpirait de partout, elle se sentait nauséeuse, prise de vertige, et puis il y avait cette petite voix à l'intérieure de sa tête qui lui ordonnait de fuir, de faire demi-tour, de se mettre à l'abri alors que ses muscles étaient trop engourdis pour lui obéir. Et l'absence de ses compagnons ou de son père n'arrangeait en rien son état. Elle se revoyait le jour où elle avait dû se réfugier dans un terrier tandis que les démons et des orcs corrompus étaient en train de raser son village et sa forêt natale.

Le frottement de la tête de son Sabre-de-Nuit contre sa cuisse ramena la jeune elfe à la réalité et suffit lui faire retrouver ses moyens. Elle avait tout ce chemin pour régler ses comptes avec les démons, il n'était pas question de flancher.

Debout au sommet de l'escalier, devant le grand portail, avec Jakua pour la couvrir, elle prépara son arc et tira sur les démons qui étaient à sa portée. Pourvu que les quelques flèches qu'elle avait emporté fussent suffisant pour faire gagner du temps aux troupes en contrebas, en attendant l'arrivée des renforts.


Elle semblait garder le rythme quand un démon plus imposant que les autres fendit sur la foule, une longue et large épée à la main. De loin, il ressemblait à un tauren pourvu d'ailes de dragon, mais sa face écrasée ressemblait davantage à celui d'un orc.

La panique s'empara à nouveau de Gahahli quand après avoir dispersé la cohue, le démon monta les escaliers, s'approchant dangereusement de la jeune elfe. Celle-ci voulut encocher une flèche mais elle était saisie de tremblements incontrôlable et peinait à se saisir de la flèche et la sortir de son carquois. Pire encore, elle réalisa que c'était sa dernière.

— T'espères vraiment venir à bout du Seigneur funeste Kazzak, misérable elfe ? nargua le démon. Ou de toute la Légion ? Avec ton arc ridicule ? (il tendit sa main griffue vers la jeune elfe afin de l'empoigner) Ceci est pour le Seigneur Archimonde !

Défendant sa partenaire, Jakua se jeta sur le bras tendu de Kazzak et y planta ses crocs. Le démon poussa un rugissement de douleur et secoua frénétiquement le bras pour se libérer de l'emprise du félin et finit par l'envoyer par delà de l'escalier.

Horrifiée à la vue de son Sabre-de-Nuit disparaître, la panique qui s'était emparée de Gahahli fit place à de la rage. Une rage indescriptible. Oubliant sa flèche, elle dégaina son couteau de chasse et profita du fait que le démon eut le regard ailleurs pour lui sectionner un de ses talons.

De nouveau, Kazzak hurla de douleur, vacilla et dégringola lourdement dans les escaliers en bas duquel attendaient les troupes de l'Alliance et de la Horde qu'il venait de disperser, prêt à l'achever.


Gahahli n'eut pas le temps de crier victoire à la vue du démon tomber qu'une nuée de mercenaires de la Horde et de l'Alliance traversèrent le portail derrière elle, les renforts qu'ils attendaient, et vinrent se joindre à la cohue, bousculant la jeune elfe au passage.

À quatre pattes, couvertes de bleus, la bouche en sang et probablement une côte cassée, pendant que la foule s'acharnait sur le démon qui se débattait contre ses assaillants, elle rampa jusqu'au bord de l'escalier et chercha du regard où son Sabre-de-Nuit avait pu atterrir sans parvenir à le trouver.

Et puis soudain, un rugissement mécanique retentit dans toute la zone et le sol se mit à trembler à rythme régulier, comme à l'approche d'un géant.

Celui ne tarda à montrer le bout de son nez, approchant à grand pas de la Porte des Ténèbres

C'était un géant mécanique, presque aussi immense que la porte et d'où sortait des nuages de vapeur du même vert qui enveloppait les infernaux.

À la vue du géant, la foule se dispersa dans la panique, laissant Kazzak agonisant et ricanant.

— La... Légion... vaincra, dit-il dans son dernier souffle.

Gahahli se retrouva alors seule face au géant qui la dominait de sa taille et la scrutait de sa visière dépourvue d'yeux. Seule et désemparée. Sa dernière flèche avait été brisée lors de l'arrivée des renforts et quand bien même elle en avait tout un stock, encore lui fallait-elle connaître le point faible d'un tel ennemi et espérer que ses flèches transpercerait son corps de métal. Elle était plus habituée à des cibles de chair, malheureusement.

Dans un vrombissement sonore, le géant brandit un de ses bras métallique, prêt à fracasser de son poing l'escalier sur lequel se tenait la jeune elfe.

Cette dernière n'eut d'autre choix que de s'enfouir, mais son corps encore tout engourdi et endolori par les bousculades et piétinements des renforts, elle ne pu malheureusement aller loin quand le le bras du géant fendit l'air.

Le choc fut si brutal et puissant qu'elle projeta la jeune elfe dans les airs sur plusieurs mètres, en direction du ravin qui bordait la Porte des Ténèbres. Elle perdit connaissance quand elle s'écrasa au sol.

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