Un monde brisé

Chapitre 22 : La malédiction des elfes de sang

4332 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/02/2022 22:37

Lorsqu'il revint à lui, Bathris se sentit trainer par les bras sur un sol dur et froid comme de la pierre. Ses sens étaient encore engourdi par l'effet du poison qui l'avait endormi, mais au bout d'une minute, il comprit qu'il était traîné par deux gangr'orcs — probablement les mêmes qui l'avaient capturé — dans ce qui devait être les couloirs d'une sombre et sinistre forteresse. Il n'avait aucune idée de ce qu'était cet endroit, mais elle empestait la malfaisance et la cruauté à plein nez. Comme si le lieu dont il arpentait malgré lui les couloirs fut pendant des décennies le bastion des agents de la Légion Ardente. Autour de lui, d'autres gangr'orcs armés jusqu'aux dents qui montaient la garde et le dévisagèrent les yeux empli de haine. Puis en montant des escaliers et en traversant une salle gigantesque, il se vit entouré de Roués, semblables à Nobundo, qui le dévisageaient d'un même regard. Il vit également des satyres, des gangregardes, des nagas semblables à ceux qu'il avaient rencontre dans les marais, tous en train d'errer dans les couloirs. Et puis, en arpentant un autre couloir il vit des elfes de sang... À la peau rouge sang, les cheveux grisonnants et aux yeux verts flamboyants. Certains s'étaient même vu poussé des cornes sur le front. Que leur étaient ils arrivés ?

Mais surtout, dans quoi le jeune elfe de sang avait atterri ? Et où l'emmenait-on ?

Il commençait à se débattre dès lors qu'il avait recouvrer ses forces et ses esprits. Mais aussitôt il fut fermement réprimé par ses ravisseurs qui l'assommèrent à moitié avec le manche de leur arme, l'envoyant à nouveau dans les vappes.


Et finalement, après avoir traversé des couloirs, des terrasses et monté des escaliers à n'en plus finir, il arriva dans une grande salle qui devait se trouver au sommet du bâtiment.

Deux personnes s'y trouver déjà, en train de discuter de l'avancé des envahisseurs "d'Azeroth". Les sens de l'elfe de sang était encore trop engourdi pour qu'ils pût les distinguer.

— Ma Dame, Mon Seigneur ! interpella un des deux gangr'orcs. Nous avons trouve les deux elfes qui ont semé le trouble dans les marais. Nous vous en avons amène un. L'autre ne devrait pas tarder.

Bathris sentit ses ravisseurs le jeter brutalement sur le sol d'une telle force qu'il dut se péter (à nouveau) le nez et se casser une dent au passage.

— Fort bien, soldats ! répondit une voix féminine et sifflante à vous glacer le sang. Laissez-nous donc !

Le jeune elfe de sang entendit les gangr'orcs s'éloignait et sentit aussitôt qu'une force invisible le soulever au-dessus du sol et le tirer à travers ce qui devait être des rideaux pour atterrir sur un matelas.

— Mets toi donc à l'aise, fils du sang ! dit une seconde voix cette fois masculine et flegmatique. Et pardonne le manque de tact de nos hommes. L'hospitalité n'est pas le point fort des orcs, corrompus ou non, mais je ne t'apprends rien.

En recouvrant à nouveaux tous ses sens, Bathris se rendit compte que salle dans lequel il se trouvait avait des allures d'une chambre de luxe à Lune-d'Argent rien que par se mobilier, des rideaux à semi-transparent au lit sur lequel il était assis.

À sa grande surprise, se tenait en face de lui le prince Kael'thas Hautsoleil en personne, les cheveux blonds tombants jusqu'au torse, vêtu d'une large cape rouge sang. À ses côtés se tenait une effroyable créature, moitié-femme moitié serpent, la peau écailleuse grisâtre, les yeux brillant d'une lueur pourpre, pourvue de trois paires de bras aux mains griffues et d'une chevelure constitués de serpents aux écailles noires, vivants et sifflant.

Pris de panique, il voulut se débattre mais réalisa aussitôt que la force invisible qui l'avait tiré sur le lit elfique le maintenait immobile à présent. Pour ne rien arranger, il se rendit compte que son épée et son bouclier lui avaient été confisqués pendant qu'il était inconscient. Sans rien pour se défendre, il se sentit nu comme un ver.

Et dire qu'il s'était rendu en Outreterre en quête de réponse, guidé par une vision du prince elfe invoquant un démon. Jamais il ne s'était attendu à se retrouver dans une si mauvaise posture.

— Voyons, tu n'as aucune raison de craindre Dame Vashj, tenta de rassurer Kael'thas qui avait sentir la terreur chez Bathris à la vue de la femme-serpent. Elle est notre amie.

— Il devrait, pourtant ! le rectifia la dénommée Vashj. Je rappelle qu'il s'en est pris à les nagas. Il devra répondre de ses actes.

— C'est bien pour cela que nous l'avons fait venir, ma chère, lui répondit le prince elfe toujours aussi calme. Lui ainsi que son complice qui devrait nous rejoindre. À la demande de notre maître. Qui a également demandé à ce qu'on ne leur fasse aucun mal en son absence.

— Pa... Pardon, mais de qui parlez-vous ? osa demander Bathris lorsqu'il recouvra l'usage de la parole.

— C'est nous qui posons les questions ici, avorton ! lui rétorqua sèchement Vashj.

— Tu ne sembles pas au courant de ce que nous faisons ici en Outreterre, je me trompe ? le questionna Kael'thas.

— Le peu que j'en sais, c'est que vous récoltez des cristaux de manas gangrenés que vous importez à Lune-d'Argent pour remplacez le Puits de Soleil, se défendit le jeune elfe de sang avec un ton de défi. Je sais également que vous vous êtes alliés avec les nagas, avec lesquels vous livrez à de l'esclavage en asservissant des peuples à qui vous aviez promis la liberté. Et maintenant que même les gangr'orcs sont à vos bottes ! Comme si notre alliance avec la Horde n'était pas suffisant !

— Dis donc, jeune homme, ne serais-tu pas ce chevalier de sang prometteur qui s'était fait destitué après avoir fait scandale auprès de mes régents à Lune-d'Argent ? demanda soudain Kael'thas. Celui qui mettait en doute notre politique actuelle ? Ce... Bathris Feusoleil, par hasard ?

— C-co... Comment savez vous... ? demanda l'intéressé interloqué.

— J'ai donc vu juste ! dit le prince avec un sourire satisfait. Figure-toi que ton scandale est parvenu jusqu'à mes oreilles.

— Un dissident, donc ! commenta Vashj qui semblait cette fois amusée. Voilà qui expliquerait son attitude.

— Et j'ai cru comprendre que tu es de ceux qui déplorent notre nouvelle alliance avec la Horde, reprit Kael'thas avec cette fois un air plus grave et sévère, mettant Bathris mal à l'aise. Qui regrettent l'Alliance. J'ai beau savoir que tu es le fils d'une héroïne de la guerre contre la Horde mais anar'alah belore ("Par la lumière du soleil" en elfique), elle devrait avoir honte de toi.

— Comment... COMMENT OSEZ-VOUS ? s'énerva le jeune elfe de sang à l'évocation de sa mère. Elle est morte pour sa patrie et sa famille. Elle a été tuée par les orcs. Et maintenant, vous nous forcez à être amis avec ses assassins. Et vous osez dire que c'est moi qui devrait avoir honte ?

— Si ta mère aimait suffisamment sa patrie et ses proches pour se sacrifier pour eux, elle n'aurait eu aucune objection à ce que nous désertions l'Alliance, lui rétorqua sèchement le prince. Contrairement à toi.

— Mais de quoi parlez-vous ? s'impatienta Bathris.

— Alors, ça aussi tu m'ignores, apparemment ! commenta le prince. Très bien, laisse-moi t'expliquer...

— Cher prince, plutôt que tout lui raconter, n'est-il pas plus efficace de... le lui montrer ? suggéra Vashj.

— Vous voulez dire... Un partage de souvenirs ? demandera Kael'thas intrigué. S'il le faut...


Le prince laissa la femme-serpent poser une main sur son front. Cette dernière en posa une seconde sur le sien avant de tendre une troisième main vers celui de Bathris.

— Si jamais tu doutes de l'authenticité des souvenirs, saches que j'y mêle les miens, lui precisa-t-elle. Ainsi tu auras deux versions des faits.

Le jeune elfe de sang fut pris de dégoût lorsqu'il sentit la main écailleuse et griffues de Vashj lui effleurer le front. Et puis il fit pris d'un flash.


Il se vit aux côtés de Kael'thas, marchant à travers la Forêt de Pins Argentés, à la tête d'une escorte de soldats elfes. Beaucoup d'entre eux semblaient exténués. Ils avaient dû marcher durant des jours depuis Quel'thalas et lutter contre les morts-vivants qui avaient infesté la région.

Bathris était si près de son prince qu'il voulait presque lui écraser un orteil en marchant. Mais celui ci n'a ait pourtant pas l'air de se préoccuper de sa présence et le jeune elfe de sang finit par comprendre qu'il n'était pas présent physiquement. Il était dans un souvenir du prince.

Ils arrivèrent dans ce qui devait être les ruines de Dalaran, après le passage de la Légion Ardente. Les lieux étaient occupés par des soldats humains rescapés de Lordearon qui en avaient fait leur base et accueillirent les elfes avec dédain. Certains sans leur heaume avaient moins des allures de chevaliers que de brigands.

Un humain en armure noir et juché sur un destrier tout aussi sombre s'en va à leur rencontre. Sous son heaume ailé de soldat haut gradé, il affiche une moustache aussi fournie que celle d'un morse et affichait un regard empli de dédain.

— Vous êtes en retard, prince Kael'thas ! dit l'humain d'un ton tout aussi méprisant et hautain que son regard. Je pensais que la ponctualité était la politesse des elfes.

— Nous ne sommes pas fautifs, seigneur Garithos, tenta de se défendre Kael'thas tout en dissimulant tant bien que mal son agacement face à la remarque cinglante de son interlocuteur. Nous sommes tombés sur des elfes de la nuit venus d'outre-mer et...

— Vos belles excuses ne m'intéressent pas ! l'interrompit sèchement le dénommé Garithos avec condescendance. Vous autres les elfes êtes là pour servir l'Alliance. En conséquence, vous m'obéirez à la lettre. Est-ce clair ?

— Oui, seigneur Garithos, répondit le prince elfe dépité et ayant de plus en plus de mal de cacher sa frustration.

Le dénommé Garithos informa alors les elfes de la situation. Selon ses dires, des troupes de morts-vivants tentent de reprendre Dalaran depuis la Forêt de Pins Argentés et Garithos fut sur le point de partir les repousser avec ses hommes. Il ordonna cependant aux elfes de rester à la base pour réparé les observatoires frontaliers afin qu'ils pussent surveiller la région. Kael'thas voulut protester, arguant qu'ils étaient ici pour combattre le Fléau, pas pour qu'on leur impose des corvées. Ce à quoi Garithos lui répondit froidement :

— Vous avez vos ordres, prince Kael'thas ! Je pense que vos oreilles d'elfes les ont bien entendu.

Sur ce, il quitta la base avec ces hommes, laissant le prince elfe avec les siens, à la charge de la base. Kael'thas se retenait d'invicter ce petit officier au rabais qui se permettait de le commander comme s'il n'était qu'un vulgaire paysan mais finit par s'exécuter à la tâche. Il fallait bien avoir la meilleure surveillance des mouvements de leurs ennemis. Le sort de l'Alliance en dépendait.

Ils réparèrent sans encombres le premier observatoire, situe à l'intérieur de Dalaran. Mais pour atteindre les deux autres, ils leur fallait traverser le Lac Lordamere qui séparait la cité en ruine de la forêt infestée de morts-vivants. Manque de chance, toutes les embarcations avaient été détruite par des foules.

Kael'thas désespérait à trouver une solution pour traverser le lac quand surgit de l'eau une troupe de nagas menés par Vashj.

Aussitôt, deux visions se superposèrent dans l'esprit de Bathris. Ce fut comme s'il visionnait la même scène à la fois du point de vue du prince elfe et à la fois de celle de la femme-serpent.

Vashj se présenta aux elfes de sang, affirma venir en paix et pour leur apporter son aide. Pour prouver sa bonne foi, elle fit venir des embarcations en parfait état et les offrir aux elfes. Kael'thas resta méfiant. Il n'en était pas à sa première rencontre avec des nagas et les avait déjà vu se battre pour un démon traque par les elfes de la nuit croisés plus tôt, un certain Illidan. Mais il avait besoin d'un moyen pour mener à bien sa mission et n'avait pas d'autres solutions. Il accepta donc bon gré mal gré l'offre des nagas, après que Vashj eût explique au prince que leur deux races avaient à la fois un ancêtre et un ennemi à combattre en commun. Et puis, ils ne faisaient qu'emprunter des bateaux. Quel mal y avait-il à ça ?

Finalement les observatoires furent réparé et Garithos revint du front. Kael'thas s'empressa de lui annoncer que lui et ses hommes avaient mène à bien la mission qui leur avait été confié. Mais plutôt que des remerciements, Garithos interrogea froidement le prince elfe :

— J'ai reçu des nouvelles inquiétantes du front. Est-il vrai que vous avez pactisé avec ces viles nagas ?

"Pactisé" ? Les elfes de sang n'avaient fait qu'accepter leur coup de pouce ! Les nagas n'avaient rien exigé en échange ! Appeler ça "pactiser" sonnait exagéré !

— Et bien oui, monseigneur, confessa malgré tout Kael'thas. Ils nous ont aide à traverser le lac. Ne vous assure qu'ils ne sont une menace ni pour nous ni pour...

— Ils ne sont pas humains et doivent être écrasés comme les autres ennemis, l'interrompit froidement Garithos. Attention à qui vous êtes loyal, elfe de sang. Je n'accepterai pas de trahison dans les rangs.

Puis il repartit au front, à peine en était-il revenu, annonçant aux elfes qu'ils allaient recevoir d'autres ordres. Et toujours pas un remerciement pour le travail qu'ils avaient accompli à leur demande.

Face à cette scène, Bathris sentit son esprit envahit par un sentiment de révolte. Non seulement du à l'attitude exécrable de l'humain, mais surtout au fait qu'il avait accusé le prince elfe de trahison alors que Kael'thas n'avait même pas tenté de nier les faits. Il les avait même reconnu. D'où cela faisait du prince un traître au lieu de l'Alliance ? Quel genre de traître avouerait sans détour ses "méfaits" considérés comme de la trahison ? Ne chercherait-il pas plutôt à les cacher et les nier en attendant qu'ils aient porté leurs fruits ? Est-ce que c'est humain impoli savait comment fonctionnait la trahison avant d'accuser ses pairs de la sorte ?

Et puis il y eut ses mots qui raisonnèrent dans l'esprit de Bathris : "Ils ne sont pas humains". C'était là ce que Garithos reprochaient aux nagas et qui leur valait d'être "écrasés comme les autres ennemis. Pas le fait qu'ils soient maléfiques, qu'ils aient commis des meurtres, ravagé des villages, des cités ou des forêts, piller des richesses, réduit des peuples en esclavage ou le fait qu'ils aient servi un démon, non, le simple fait qu'ils n'étaient pas humains. Autrement dit d'une autre race que Garithos et ses hommes. Il aurait tenu le même discours s'ils avaient parlé d'une race pacifique et bienveillante.

Aussi, si le simple fait de ne pas être un humain suffisait à être considéré comme un ennemi pour ceux qui l'étaient, qu'est ce que cela faisait des elfes ? Ou des nains et des gnomes ?


Il y eut un brouillard qui se dissipa aussitôt qu'il était venu.

C'était le jour suivant.

Un émissaire envoyé du front par Garithos vint informer Kael'thas qu'une troupe importante de morts-vivants s'amassait dans la région, de l'autre côté du lac, et prévoyait de marcher sur Dalaran d'ici peu. Une troupe détecté par les observatoires fraîchement réparé par les elfes de sang.

Kael'thas avait donc ordre d'écraser cette menace avant qu'elle n'atteignit Dalaran. Cela ne le posait pas de problème.

Seulement, Garithos avait ordonné à ce que l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie le rejoignissent au front, laissant les elfes de sang sans protection ni soutien, leur forces diminués et Kael'thas plus que jamais scandalisé. Ses hommes n'étaient pas assez nombreux pour écraser la menace à temps et même pire, pas assez pour défendre la base en cas d'attaque. Sans les troupes de soutien, ils allaient être envoyé au casse-pipe.

Ce à quoi l'émissaire répondit avec un ton n'étant pas sans rappeler celui condescendant de son supérieur :

— Le Grand Maréchal a toute confiance en vos... capacités. Soyez inventif.

Ils s'en moquaient. Ses hommes allaient mourir dans une mission perdu d'avance, leur quartier général allaient en conséquence tombé dans les griffes du Fléau avec des défenses aussi sommaires et dispersés, la reprise de Lordaeron allait non seulement être un fiasco mais surtout mourir dans l'œuf, et les humains s'en moquaient comme de l'an quarante.

Et comme le redoutait le prince elfe, leur base frontalières furent tomber dans les griffes du Fléau et ce peu de temps après le départ de l'émissaire et des troupes de renforts. Les elfes de sang étaient encerclés. Et désespérés par dessus le marché.

Tout ça à cause d'un Maréchal de pacotille qui avait jugé bon de partir au front en laissant sa base aux défenses sommaires et en la confiant à une race qu'il méprisait ouvertement et dont il se moquait royalement du sort. Comment un individu aussi imbuvable avait-il pu être promu Grand Maréchal avec une erreur stratégique indigne d'un débutant ? Kael'thas n'osait imaginer ce qui se passait au front avec une telle tête de nœud aux commande. Et que faisait cet empoté au front, d'ailleurs ? Ne devrait-il pas d'abord assurer les défenses de sa base avant de partir affronter l'ennemi ? Plutôt que de risquer sa sécurité ?

Puis à nouveau Vashj et ses nagas arrivèrent. À nouveaux les images se superposèrent et se concordèrent dans l'esprit de Bathris. Et à nouveau Vashj offrit son aide aux elfes pour combattre les morts-vivants. Kael'thas se montra hésitant, se rappelant des avertissements de Garithos et des risques qu'il encourait s'il s'allumait à nouveau aux nagas. Mais il n'avait pas d'autres choix et il accepta en conséquences. Garithos n'avait qu'à assurer lui même les défenses de sa propre base avant de partir au front.

Et à nouveau, la mission fut une réussite grâce à l'aide des nagas. La menace avait été neutralisé et leur base fut tirée d'affaire, du moins pour le moment. Mais Kael'thas craignait avoir scellé son sort en acceptant leur aide.

Et justement, on l'annonça que Garithos, rentré du front, arrivait au galop avec un bataillon complet. Kael'thas ordonna à Vashj et ses nagas de s'enfuir. Un des chevaliers nota la présence des nagas en train de fuir. Ce à quoi Garithos répondit "Oubliez-les" et continua sa chevauchée jusqu'aux elfes.

Comment ça "Oubliez-les" ? Qu'était il advenu de son "ils doivent être écrasés comme tous les autres ennemis" ? Ce type ne respectait même pas ses propres directives !

— Alors, Kael, vous vous révélés sous votre vrai jour ! annonça Garithos d'un sourire satisfait. Je savais que vous avez pactisé avec ses serpents ! J'ai maintenant toutes les preuves dont j'avais besoin pour éliminer tous les traîtres que vous êtes !

— S'il-vous-plait, monseigneur, épargnez les hommes, supplia Kael'thas. C'est moi seul qui ai décide de...

— Vous protestez en vain, l'interrompit l'humain avec mépris. Je n'ai jamais fait confiance en votre race arrogante. C'était une erreur de vous accepter dans l'Alliance des le début. À présent, nous allons enfin vous traiter comme vous le méritez !

Puis il ordonna l'arrestation des elfes, les envoya dans les prisons de Dalaran et annonça leur exécution d'ici trois jours. Vashj et ses nagas observèrent la scène à distance.


Dans son esprit, Bathris fut révolté. Son prince n'avait jamais preuve que de loyauté et de sens du devoir sous les ordres de Garithos, malgré ses ressentiments envers ce dernier. Même au s'alliant aux nagas, à aucun moment il n'avait failli à sa tâche, et c'était comme cela qu'on le remerciait ? Il l'avait même supplié d'épargner ses hommes et accepté d'endosser à lui seul la responsabilité de ses actes. Mais Garithos, à l'entendre, semblait avoir décidé depuis le début du sort des elfes qu'il méprisait tant, quand bien même leur aide s'était avéré précieuse face aux morts-vivants. Et qu'ils avaient encore le Fléau à combattre pour reconquérir Lordaeron. "J'ai toutes les preuves dont j'avais besoin pour vous éliminer", "notes allons enfin vous traiter comme vous le méritez". C'était comme s'il voulait que les elfes fissent alliance avec les nagas pour avoir un prétexte pour les faire arrêter. Et c'étaient eux qu'on accusait de trahison ?

Pire encore, ils parlaient d'exécuter TOUS les elfes à l'aube du troisième jour. Un génocide. Alors qu'il venaient de subir l'invasion du Fléau ayant décimé leur population d'au moins neuf sur dix. Cet homme n'avait décidément aucun honneur.


C'en fut trop pour le jeune elfe de sang.

— Arrêtez-ça ! demanda-t-il.


À la place, un nouveau brouillard se forma et se dissipa pour lui montrer Kael'thas dans une prison magique de Dalaran, la veille de son exécution, ruminant son amertume envers l'Alliance qui l'avait trahi malgré sa loyauté et son sens du devoir qu'il leur avait démontré. Ainsi que de la soif de magie qui dévorait lui et ses sujets de l'intérieur depuis la destruction du Puits du Soleil.

À l'extérieur, les gardes se félicitaient du génocide dont ils étaient sur le point d'assister, crachant même au prince leur mépris pour sa race. Ils ne valaient pas mieux que leur supérieur pour qu'ils approuvèrent des décisions aussi ignobles et immorales.

Et puis Vashj se faufila derrière le dos des gardes, occupés à narguer leur prisonnier, et leur lança des éclairs de se ps doigts griffues qui les réduisit en cendres, avant de libéré le prince.

À nouveau ils joignirent leur forces pour faire s'évader ses soldats elfes et s'échappèrent via un portail — le même portail qui avait amené la Légion Ardente sur Azeroth lors de leur précédente invasion — qui les ammena en Outreterre.

Là-bas, Kael'thas fit part à sa sauveuse de la soif qui corrompt ses sujets. Vashj lui proposa de combler ce manque en s'alliant à leur maître Illidan et en combattant ainsi les démons de la Légion Ardente pour absorber leur puissance. En d'autres circonstances, Kael'thas aurait refusé une telle option, clamant que son peuple n'était pas assez désespéré toucher à une telle puissance. Mais au vu des récents événements et n'ayant pas d'autres alternatives en vue, la proposition alléchante.

Et de toutes façons, leur sort des elfes étaient scellés depuis que Garithos les avaient condamnés pour trahison. C'étaient des parias aux yeux de l'Alliance, dès à présent.


— Arrêtez-ça ! supplia de nouveau Bathris qui en avait assez vu.


Mais d'autres souvenirs défilèrent dans son esprit. Tout à tour, il vit les elfes de sang faire serment d'allégeance à Illidan, l'aidèrent à conquérir l'Outrerre et à défaire Magtheridon, puis à traquer leurs ennemis, notamment les démons restes fidèles à la Légion pour absorber leur puissances. Puissance à laquelle Kael'thas et ses sbires prirent goût...


— ARRÊTEZ-ÇA ! insista le jeune elfe de sang.


Finalement les images cessèrent de défiler dans sa tête et il revint dans le présent, tremblant, le souffle coupé et réalisant qu'il était trempé de sueurs.

— Alors, tu comprends mieux les raisons pour lesquelles nous avons choisi cette voie que tu désapprouves tant ? lui demanda Kael'thas impérieux. Tu regrettes encore l'Alliance après ce qu'il nous en fait ? Tu les considéré encore comme nos amis ? Nos alliés ?

Bathris n'osait quoi répondre. Jamais il n'aurait cru l'Alliance capable d'une telle chose. Il ne voulait pas croire ce qu'il avait vu. Mais ces souvenirs paraissaient tellement réels, comme si c'étaient les siens. Et comme il avait eu droit à deux versions des faits qui se concordaient parfaitement, il ne pouvait douter de leur authenticité.

— Oh, non pas que je te le reproche ! lui concéda le prince. Moi aussi j'y avais cru à l'époque et c'était pour cette raison que j'ai accepté d'obéir à cet homme méprisable. Naïf que j'étais !

" Et puis cette entente entre les humains et les elfes, c'était à l'époque du roi Terenas. Un grand homme, paix à son âme. Après tout, ce fut lui le principal fondateur de l'Alliance tel que nous l'avions connu. Mais depuis son assassinat et la chute de son royaume, l'Alliance qu'il a créé n'est plus qu'une arnaque, régentée par des gens sans honneur, intolérants et cupides, de sales rapaces se cachant sous de faux airs de chevaliers. Imposant la vertu sans jamais l'appliquer à eux-mêmes.

" Alors, maintenant que tu sais la vérité, peut-être serait-il temps de te mettre à la page ?


Bathris n'eut le temps de répondre quoi que se soit quand une série de détonations retentirent dans toute la forteresse, faisant même trembler les murs et prenant tout le monde au dépourvue.

— Qu'est ce qui se passe encore ? s'impatienta Vashj irritée par le bruit.

Puis un gangr'orc lourdement blindé débarqua dans la salle en catastrophe et en proie à la panique.

— Nous sommes attaqués, messeigneurs ! déclara-t-il. Les Marteaux-Hardis nous prennent d'assaut... Depuis les cieux !

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