Un monde brisé

Chapitre 31 : Le Traître devient le Trahi

4760 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/07/2022 01:04

Depuis le sommet du Temple et en compagnie de chasseurs de démons en alerte, Gahahli assistait impuissante à l'assaut du bâtiment.

À son arrivée au sommet à ciel ouvert, les portes venaient de céder et les assaillants commenceraient à croiser le fer avec les gangr'orcs.

Et très vite les défenses du Temple furent submergé par tous les côtés, autant par la porte principale que par les remparts et de l'intérieur même du bâtiment, comme si une escouade avait réussi à infiltrer le Temple via une faille... Ou bien une aide venant de l'intérieur.

Gahahli observa la bataille silencieusement avec beaucoup d'attention, espérant repéré dans la mêlée quelques uns de ses amis qui seraient éventuellement venus la secourir. Mais de là où elle se tenait, elle ne perçut aucune forme familière en dehors des nains Marteau-Hardi, le reste des troupes étant majoritairement composés de draeneï en armure de cristal et d'orcs à la peau marron.

À fur et à mesure que les assaillants gagnaient du terrain, les disciples d'Illidan devenaient de nerveux et attendaient avec impatience les ordres de leur maître. Celui-ci restaient impassible, trop concentré sur un petit cristal qu'il tournait entre ses doigts griffues.

Parmi les disciples, la jeune elfe de la nuit aux cheveux bleus-verts, ayant fait l'autre jour une démonstration de ses talents à Gahahli l'autre et qui répondait au nom de Leisha décida de se jeter à l'eau. Elle se prosterna respectueusement devant son maître et lui demanda :

— Seigneur Illidan, nos ennemis gagnent du terrain. Nos défenses tombent les uns après les autres. Ne devrions nous pas leur venir en aide et repousser nous-mêmes l'assaut ?

— Et ainsi gaspiller mon plus précieux atouts contre de vulgaires mortels ? rétorqua Illidan avec condescendance. Alors que j'ai des projets plus important pour vous ?

— Mais maître, si nous ne faisons rien, ils s'emparèrent du Temple ! insista la disciple indignée.

— Et bien qu'ils s'en emparent ! rétorqua Illidan toujours aussi impassible. À l'heure actuelle, cette bicoque à moins de valeurs que vous, mes chers disciples. Mon armée.

— Mais maître, le Temple est notre quartier général ! s'indigna un autre jeune chasseur de démon d'origine elfe de sang. Notre refuge ! Notre maison !

— Je le sais bien ! lui répondit Illidan. Mais ce sera bientôt le cadet de nos soucis. D'autant que j'ai prévu un plan de secours ...

Sur ses mots, il fit léviter le cristal vert jusqu'au centre de la terrasse et duquel il créa un portail transdimensionnel devant vers un monde inconnu autant pour Gahahli que pour les chasseurs de démons.

— Vous voulez qu'on abandonne le Temple ? s'indigna à son tour un autre disciple, cette fois un elfe de la nuit d'âge mûr. Après tout ce que vous avez dû enduré pour vous en emparer ? Et pour le garder ?

— Et en plus de ça, vous allez l'offrir en pâture à des mortels ? ajouta une chasseuse elfe de sang tout aussi indignée que ses camarades. Avec nos frères d'armes ? Qui sont déjà en train de mourir pour nous ?

— Comme je vous l'ai dit, le Temple Noir sera bientôt de l'histoire ancienne, déclara Illidan avec fermeté. D'ici peu, ni cette bâtisse ni nos vieux alliés n'auront plus ni valeur ni d'intérêt à mes yeux. Contrairement à vous, mes fidèles. Ne vous en faites, là où je vous emmène, nous trouverons une autre base. Mais s'il y en a qui veulent rester et se battre pour une cause perdue, je ne vous retiens pas. Ce sera cependant à vos risques et périls.

Son discours finit par convaincre ses disciples, même les plus réticents d'entre eux, à traverser le portail sans discuter ni poser davantage de questions. Beaucoup le firent cependant à contrecœur et non sans appréhension, à en juger par leur mine désabusée.

Mais Gahahli ne bougea pas de son poste. Elle ne se sentait toujours incluse parmi les disciples d'Illidan en raison de son rituel interrompu et du fait que même les chasseurs de démons continuaient de la traiter avec froideur comme une étrangère depuis son arrivée.

Et bien qu'elle ne portait pas dans son cœur les sous-fifres qu'Illidan étaient en train de sacrifier, elle n'était pas sûre d'approuver sa décision qu'elle jugeait plutôt lâche et traîtresse.

De plus, son attention se reporta sur le combat qui se déroulait en contrebas quand elle crut percevoir et reconnaître les cris de guerre de ses compagnons d'armes. Elle reconnut notamment les cris de Baelbo à sa voix aigue et nasillarde si caractéristique. Si ses compagnons étaient encore hors de son champ de vision, elle pouvait sentir leur présences comme s'ils étaient tout proches.

Son cœur battait la chamade mais elle ne sut dire si c'était de la joie ou de la peur.


— MAIS QU'EST CE QUE TU ATTENDS ? cria Illidan avec impatience.

Gahahli comprit que c'était à elle qu'il s'adressait. Sur la terrasse devant le portail, il ne restait que lui et sa disciple Leisha qui fixait sa "consœur" avec inquiètude.

— Ce portail ne tiendra pas longtemps ! insista Illidan. Traverse-le tant qu'il en est encore temps.

Mais Gahahli ne bougea toujours pas.

Ce fut finalement Leisha qui se précipita vers sa "consœur" et l'aggrippa par l'épaule.

— Allez, viens, avant que le maître ne se fâche ! lui dit-elle.

Étrangement, il n'y avait pas d'autorité ou de fermeté dans la voix de la jeune chasseuse. Plutôt de la douceur et de l'empathie quasi-sororale. Elle fut probablement la première disciple d'Illidan à traiter la jeune elfe aux cheveux bleus sans dédain ni froideur.

Mais cela ne suffisait pas à lui faire changer d'avis.

— Mes amis sont ici ! s'expliqua-t-elle finalement. Je ne peux pas partir sans au moins leur dire au revoir...

— Tes amis ? répéta Illidan à bout de patience. Quels amis ? Comment peux tu encore les considérer comme tes amis ? Ils ne t'ont pas été d'un grand secours, ces derniers temps !

— Ah oui ? Et si c'était pour moi qu'ils sont venus jusqu'ici ? osa le défier Gahahli. Si c'est le cas, je leur dois bien ça...

Ce fut au tour d'Illidan de se jeter sur la jeune elfe et qui lui saisit violemment le bras contaminé pour le lui mettre son son nez.

— Quand ils verront ce que tu es sur le point de devenir, ils te rejeteront comme moi j'ai été rejeté par les miens, lui dit d'une voix glaciale.

La jeune elfe de la nuit ne sût si ce fut les mots d'Illidan ou la pression qu'il exerçait sur son bras qui lui faisait le plus mal, mais ce fut assez douloureux qu'elle en pleurât et lança un regard de haine vers son tortionnaire.

— Inutile de me regarder avec ses yeux là ! lui dit Illidan. Un beau jour tu me remercieras. Et cesse de t'en faire pour tes soi-disant amis, tu n'as plus besoin d'eux, désormais.

Il la traîna de force vers le portail. Gahahli tentait en vain de lui résister.

Mais ce ne fut bientôt plus nécessaire.


Arrivé à mi-chemin vers le portail, celui-ci se dissipa et le cristal qui l'avait fait apparaître finit par disparaitre à travers la grille au centre de la terrasse pour voler en éclats dans la salle en dessous.

À partir de cet instant, Gahahli ne comprit plus du tout ce qui se passait.

Devant Illidan, au sommet de l'escalier qui menait au sommet, se tenait Akama tenant avec un air menaçant une faucille dans chaque main.

— Tu croyais que j'allais te laisser t'en tirer comme ça ? dit-il à l'intention de son maître sur un ton de défi. Te laisser filer en douce et cacher une fois de plus plutôt que d'affronter ton destin ?

Ce fut Leisha qui fut la première à réagir.

— C'est un traître, maître ! s'écria-t-elle en dégainant ses glaives jumelles. Laissez-le moi, j'en fais mon affaire !

Sur ses mots, elle chargea le Roué, prête à en découdre avec ce dernier.

Mais avant qu'elle n'eut le temps de l'atteundre de ses lames, elle se vit gelée et prisonnière dans un immense cristal vert.

Gahahli eut un choc de voir un tel sort infligée à la jeune chasseuse avec laquelle elle commençait à sentir une légère sympathie.

Ce fut là qu'elle repèra Maiev, dans son armure complète et armée d'un glaive à la lame en forme de croissant de lune, se tenant aux côté d'Akama. Elle contempla avec un certain dédain le cristal contenant la chasseuse emprisonnée et le fit léviter par une sorte de télépathie pour dégager la voie avant de reporter son attention sur Illidan.

Ce dernier, qui était resté impassible autant face à l'attitude d'Akama et à l'emprisonnement d'une de ses plus dévouées disciples, relâcha finalement le bras de Gahahli, toujours dépassée par les évènements, et contempla ses adversaires avec suffisance.

— Je dois dire que ta duplicité est à peine surprenante, Akama, dit-il à son ancien serviteur en dégainant lentement ses armes. Mais de là à t'allier à Maiev... J'aurais dû te tuer, toi et tes camarades malformés, il y a longtemps.

— Ton règne de terreur s'achève ici, Illidan, lui rétorqua Akama toujours sur un ton de défi. Mon peuple et tout l'Outreterre seront libre.

— Et ma chasse viendra enfin à son terme, ajouta Maiev. Justice sera faite !

— Bien parlé, rétorqua Illidan sarcastique. Mais je n'en suis pas convaincu pour autant.


Alors que Gahahli se massait le bras qui lui faisait de plus en plus en mal, sa vision se brouilla et eut une douleur lancinante au cerveau.

Cela ne dura qu'un court instant mais le temps qu'elle reprît ses esprits, elle se retrouva à quatre pattes et avec des difficultés à respirer, sans qu'elle comprit pourquoi.

Une fois revenue à la réalité, elle se rendit compte qu'Illidan était déjà en train d'engager le combat avec ses deux adversaires. Un combat qui s'annonçait féroce. Trop féroce pour que la jeune elfe y prît part. Et pour prendre le parti de qui, au juste ?

Chacun des combattants mettaient toute son énergie pour venir à bout de son adversaire. Akama et Maiev se battaient avec chacun l'énergie de dix hommes contre Illidan qui avait visiblement la vigueur et la rage du double.

Soudain, elle fut agrippée sous les aisselles par deux bras en armure et tirée de force vers un des milliers qui ornait le sommet.

Il lui suffit d'un coup d'œil pour reconnaître, pour son plus grand soulagement et non sans étonnement, Bathris et Bartelo qui étaient en train de la tirer pour la mettre à l'abri. Comble du bonheur, elle vit Batël et Jakua, vraisemblablement libéré par Akama ou bien ses compagnons, ainsi qu'une elfe de sang dont Gahahli n'avait jamais vu le visage vêtue d'une cape noire et armée de deux lames jumelles, sécurisant la zone, couvrant les deux paladins pendant qu'ils amenaient la jeune elfe en lieu sûr, gardant un œil sur le combat qui faisait rage entre Illidan et ses adversaires. Et ce fut finalement à l'abri derrière le pilier qu'elle retrouva Baelbo et Ouladre qui avaient l'air exténués.

— Vous... Vous tous... Êtes venus jusqu'ici pour moi ? balbutia la jeune elfe au bord des larmes.

— Je veux mon neveu ! lui répondit le gnome avec un clin d'œil.

— C'était la moindre des choses, non ? lui murmura l'elfe de sang à l'oreille.

— Vous ne pouvez pas savoir comme je suis heureuse de vous revoir ! lâcha la jeune elfe de la nuit en lançant ses compagnons d'armes, les larmes coulant dus ses joues.

— Ça n'a pourtant pas été une mince affaire, j'te dis ! lui rétorqua le nain en lançant des regards noirs aux deux elfes de sang. Rien que pour y entrer, on a failli y rester.

— Une chance qu'on est tombé sur ce vieux Akama avant de monter à l'étage ! ajouta Ouladre. Et qu'on a retrouvé votre tigre par la même occasion.

— Et vous n'allez pas lui venir en aide ? leur demanda Gahahli.

— Alors qu'on a déjà tout donné pour arriver jusqu'ici en un seul morceau, t'es folle ? protesta Baelbo. Je suis à sec !

— Moi de même ! ajouta le draeneï. Je n'ai plus assez de mana pour nous soigner.

— Et puis on a fait tout ce chemin uniquement pour te secourir, dit à son tour Bartelo. Ce n'était pas prévu qu'on affronte ce... Au fait, Lili, qu'est ce qui est arrivé à ton bras ?

La question du paladin reporta tout l'attention du groupe sur le bras contaminée de la jeune elfe qu'elle même avait oublié avec toutes ces émotions.

Et force était de constater que son état avait empiré avec le temps. Les veinures étaient de plus en visibles et semblables aux marques qu'Illidan avaient sur le corps.

— Par la Lumière, c'est affreux ! s'exclama Ouladre horrifié. Dame Gahahli ! Vous avez été corrompue !

Tout le groupe eut un mouvement de recul, comme si l'elfe de la nuit s'avérait porter la peste

— Par la barbe d'Antonidas ! se lamenta le gnome. Nous arrivons trop tard !

— Hé les gars, du calme ! tenta de relativiser la jeune elfe de la nuit. Ce n'est rien ! Juste une légère infection. Un bon soigneur saura arranger ça.

Ses paroles ne convainquirent personne. Ces compagnons d'armes continuaient de la regarder comme une pestiférés condamnée. Et Gahahli eut le cœur serré en voyant que même son Sabre-de-nuit se recroquevillait de peur alors qu'elle ne faisait que lui tendre la main pour le caresser, lui qui habituellement ne refusait jamais une caresse de sa maitresse.

Illidan avait donc raison ? Ses amis serait prêts à la rejeter pour sa condition ?

Seul Bathris se décida de prendre la jeune elfe de la nuit en main.

— Montre moi ça, dit-il en lui examinant le bras contaminé. Comment c'est arrivé ?

Gahahli ne sut quoi répondre tant elle avait honte de l'imprudence elle avait touché le crâne de Gul'dan tel un gosse qui se serait brulé en jouant avec une bougie allumée. Elle se contenta de designer du regard Illidan toujours aux prises avec ses deux adversaires qui n'avaient pas l'air de faiblir malgré la durée du combat.

— Ce sale lâche ne l'emportera pas au paradis ! pesta le gnome à l'intention du demi-démon. Si seulement il me restait assez de mana, je lui ferai voir...

—Il m'en reste assez pour soigner une infection, dit Bathris s'apprêtant à appliquer un sort de soin sur le bras de la jeune elfe de la nuit.

— Cela ne sert à rien ! lui dit Ouladre d'un air désolé. Même nous autres draeneï sommes impuissant face au mal qui rongé notre amie.

— Laissez-moi essayer ! supplia le chevalier elfe de sang. Il le faut !

Il appliqua donc son sort de soin, mais rien n'y fit. Le bras contaminé de Gahahli resta inchangé, les horribles ceintures persistaient d'exister.

Bathris doublait pourtant d'efforts et y mettait toute son énergie, mais en le voyant s'épuiser à vue d'œil, Gahahli le contraint d'arrêter.

Il n'y avait donc rien à faire.

Tout le groupe fut au bord du désespoir.

La jeune elfe de la nuit sentie affreusement désolée.


— Attention ! s'écria soudain l'autre elfe de sang en cape noire.

Il y eut une déflagration suivie d'un choc violent qui ébranla le pilier derrière lequel se cachait le groupe, menaçant de les écraser. Ils eurent tout juste le temps de s'écarter avant que le pilier ne s'écrasât avec fracas.

Gahahli eut une nouvelle crise, à nouveau la vue qui se brouillât et à nouveau la douleur lancinante dans le crane. Bien cette crise fut aussi brève que la précédente et se retrouva à nouveau au sol et ayant de nouveau des difficultés à respirer. Bathris se tenait juste au dessus de lui, couvert de poussières et saignant du front, protégeant la jeune elfe de la nuit avec son bouclier.

Autour d'elle, se fut la désolation. Plus de la moitié des piliers qui ornaient le sommet étaient en miettes. Une odeur désagréable de cendres et de sang lui chatouillait les narines. Et du sang coulait de ses oreilles.

Autour d'elle, le reste du groupe était blessés par les gravats projetés par l'effondrement des piliers et étaient soi à demi inconscients soit complètement dans les vapes. Il en fut de même pour Akama et Maiev, tous les deux à terre, couverts de sang et de brûlures.

Seuls Gahahli et Bathris semblaient avoir été épargné — et encore, même l'elfe de sang tenait à tenir sur ses jambes.

Mais le seul qui fût encore debout fut et Illidan... qui était couvert d'une aura noire inquiétante faisant ressortir ses marques verdâtres, le rendant plus menaçant et plus démon que jamais.

Gahahli comprit aussitôt qu'il venait de déchaîner son pouvoir et de ce fait en quoi celui-ci consister.

— Vous... Vous les avez tué ? balbutia-t-elle.

— Détends toi, ils sont tous vivants, lui répondit Illidan. Pour l'instant. Certains ne méritant pas ma clémence d'ailleurs. (Il s'approcha d'Akama qui peinait à se relever) J'ai libéré son peuple de l'asservissement de la Légion, je leur ai permis de reprendre ce maudit temple qui fut jadis leur sanctuaire, j'ai monté une armée pour en finir une bonne fois pour toutes avec la Légion. J'ai même pris sous mon aile de pauvres hères venant de perdre leur ailes et qui se sont retrouvés persécutés par leur soi-disant alliés. Et c'est ainsi qu'on me remercie ? Entre ce vieux Roué avec sa tentative raté de me poignarder dans le dos et ce chien de Kael'thas dont j'apprends la désertion...

— Épargne-nous tes leçons de morales, Illidan ! lui rétorqua Akama entre deux quintes de toux. Tu auras beau te poser en sauveur, mais tu n'en es rien. Tu n'en as pas du tout l'étoffe. Tout ce que tu as fait depuis ton arrivée en Outreterre, en réalité tu l'as fait pour te planquer de Kil'jaeden avec qui tu as conclu un pacte que tu n'as pas su honoré.

Gahahli n'en revenait pas de ce qu'elle venait d'entendre. Illidan qui s'enorgueillissait de vouloir anéantir la Légion Ardente et d'en avoir le pouvoir, aurait en vrai pactisé avec Kil'jaeden ? Ni plus ni moins qu'un des plus puissants commandants de la Légion qu'il prétendait combattre ?

Et selon Akama, ce pacte conclu mais non honoré serait à l'origine de sa présence et de ses activités plus que douteuses en Outreterre ?

Même Tyrande, de qui la jeune elfe connaissait toute l'histoire du Traître ne lui avait jamais évoqué ce passage et lui avait pourtant affirme devoir dit tout ce qu'elle savait.

Et pour ne rien arranger, Illidan ne semblait pas pressé de démentir les accusations du Roué. Au contraire, il les confirma :

— Perspicace ! Mais dis moi, si je fais ça pour me cacher, pourquoi aurais-je mis tant d'efforts a prendre le contrôle de l'Outreterre et monter une armée au nez et à la barbe de la Légion ? N'est-ce pas contre-productif ?

— Tu as simplement compris que tu ne pouvais pas te cacher indéfiniment, lui répondit Akama. Que tu te devais aussi te défendre, te battre et prévoir une contre-attaque.

— Très perspicace ! approuva Illidan. Mais pas assez lucide pour t'empêcher de me trahir...

— Ça n'enlève rien au fait que tu t'es servi de nous comme de chair à canon durant tout ce temps, reprit Akama plus acerbe que jamais. Que nous avons dû payer pour TES fautes et TES échecs. Pourquoi crois tu que j'ai décidé de trahir le Traître ? Pourquoi crois-tu que Kael'thas en a profité pour déserter ? Même cet imbécile avait vu clair dans ton jeu !

Illidan plaça soudain un de ses imposants glaives sous le menton d'Akama sur le point de l'égorger et lui dit d'un ton menaçant :

— Quand j'en aurais fini avec toi, je lui règlerai son compte à cet enfant gâté. Crois moi sur parole...

— Est-ce que c'est vrai ? demanda soudain Gahahli.


Sa demande avait suffit à couper Illidan dans son élan. Il fixa la jeune elfe de la nuit d'un air incrédule derrière son bandeau.

— Ce que viens de dire Akama à votre sujet, cette histoire de pacte avec la Légion, est ce que c'est vrai ? demanda-t-elle à nouveau et avec insistance.

Jusqu'à présent, Gahahli était prête à laisser le bénéfice du doute au demi-démon, à fermer les yeux sur ses excès de comportement et ses extravagances, à croire que ses intentions étaient sincères et qu'il pensait juste bien faire, pour peu que ses méthodes l'aiderait à en finir avec la Légion. Mais ce détail changeait tout. Si c'était vrai, il n'y aurait donc rien de noble ni de fiable dans les action ni la quête d'Illidan.

Cependant, elle n'avait plus le droit à l'erreur. Elle tenait à en avoir le cœur net.

Illidan oublia Akama et s'avança d'un pas fermer vers elle. D'instinct, Naturis se releva non sans peine et s'interposa devant le demi-démon, l'épée et le bouclier au point, prêt à défendre la jeune elfe de la nuit. Mais Illidan l'ignora de même.

— Sache, petite, qu'il n'y un qu'un seul et unique moyen de venir à bout de la Légion Ardente de manière aussi efficace, dit-il d'un ton sévère. Et c'est de retourner ses armes contre elle. Combattre le feu par le feu, le Mal par le Mal. Mais encore faut-il se procurer de tels armes. Alors, vient un moment où il est nécessaire de marchander avec l'ennemi pour ce faire et ainsi retourner ses armes contre lui.

Gahahli n'eut pas besoin de demander de quels armes il faisait allusion. Elle venait à l'instant d'en assister à une démonstration. Et voyant les dégâts que cela avait provoqué, ses amis à terres, gravement blessés et qui peinaient à se relever, elle était plus que terrifier d'un tel pouvoir.

— Je comprends mieux pourquoi on vous appelle le Traître, commenta soudain Bathris. Je ne serais pas surpris qu'un tel titre vous aille comme un gant du point de vue de la Légion Ardente.

— Ah, je ne t'ai pas oublié, dit Illidan qui s'intéressa finalement à l'elfe de sang qui lui faisait face. Je comptais te faire la même proposition que j'ai faite à mon ami aux cheveux bleus. Après tout, on n'est jamais de trop dans mon armée, à mes côtés.

— Celle consistant à devenir un demi-démon comme vous ? demanda l'elfe de sang avec un ton de défi. Avec les mêmes pouvoirs destructrice de la Légion ? Pourquoi devrais-je acceptée une telle proposition ? Vous avez déjà assez corrompu mon peuple comme ça !

— Tu serais bien bête de refuser, lui répondit Illidan d'un ton tellement qu'il n'en fut que plus effrayant. N'oublie que la Légion est à l'origine de la chute de ton peuple, autrefois si noble et glorieux. Ils méritent d'être puni pour ça, n'es-tu pas d'accord ?

Bathris sembla soudain dubitatif, comme s'il cherchait un contre-argument qu'il ne trouvera jamais.

De son côté, Gahahli ne sut dire ce qui l'a terrifiant le plus en cet instant. Que l'elfe de sang acceptât la proposition d'Illidan ou qu'il la refusât ?

— Peut-être le méritent-ils, répondit-il finalement en cherchant ses mots. Mais... Je ne sais pas. Ça ressemble un peu trop à de la vengeance a mon goût...

— Il ne s'agit pas que de vengeance ! se défendit Illidan avec insistance et fermeté. Il s'agit de protéger tout ceux pour qui tu as fais ton serment de chevalier, ceux que tu as juré de protéger et servir, tes êtres chers, des innocents, des opprimés. N'est-ce pas ton vœu le plus cher ? Protéger tout ce beau monde ?

— Si, ça l'est, répondit l'elfe de sang avec un air de vaincu. En un sens...

— Alors ? Quoi de plus efficace que défendre la veuf et l'orphelin...en éradiquant leur bourreau une bonne fois pour toutes ?

Bathris prit soudain une grande inspiration et répondit au demi-démon le torse bombé :

— Sur ma vie... Et sur les membres de ma famille tombés au combat... J'ai juré de défendre la veuve et l'orphelin... Et de le faire à la manière digne d'un chevalier. Sans tricherie ni tromperie ni facilité ni cruauté ni aucun abus d'aucune sorte !

— Dois-je comprendre que tu rejettes ma proposition ? demanda Illidan qui resta étrangement impassible. J'en conclus que tu es contre moi... ET POUR CELA, TU PAIERAS DE TA VIE !

Sur ces mots, le demi-démon entra dans une frénésie terrifiante et incontrôlable.


Bathris tenta de se défendre avec ses armes mais celles s'avèrent inefficace face à la fureur d'Illidan. En seulement deux coups de glaives, il scinda en deux le bouclier puis l'épée de l'elfe de sang qui se retrouva à terre sous le choc, à la merci du demi-démon. Celui-ci se prépara à achever sa proie.

N'obéissent plus qu'à son instinct, Gahahli ôta de sa ceinture une des deux dagues de rituel qu'elle avait gardé depuis sa cérémonie manquée. Puis elle s'interposa pile entre l'elfe de sang et le demi-démon et dirigea vers ce dernier la dague qu'elle tint fermement dans ses deux mains à bout de bras.

Elle espérait ainsi stopper Illidan dans son élan en le menaçant de sa dague.

Cependant aveugle par sa colère, le demi-démon ne fit pas attention à l'elfe de la nuit qui venait de s'interposer entre lui et sa proie une dague à la main. Et le temps pour lui de réaliser sa présence, il s'était déjà empalé sur ladite dague, pile sous son pectoral gauche.

Du sang vert coula du coin de sa bouche.

L'aura noir qui enveloppait Illidan finit par se dissiper et prit de spasmes, il fit finalement tomber ses glaives au sol avant de s'écrouler sur la jeune elfe de la nuit dont les bras étaient trop frêles pour supporter la masse imposante du demi-démon.

Bathris eu tout juste le temps de s'écarter avant d'être écrasé sous cette accumulation de poids, mais prit peur en voyant que Gahahli était toujours sous le demi-démon agonisant.

D'instinct, il repoussa le corps mourant d'Illidan, la dague toujours planté et enfoncée jusqu'à la garde dans le thorax, et s'assura que son amie au cheveux bleus n'avait pas trop souffert.

Mais ce qu'il vit fut pire que ce qu'il craignait.


Gahahli n'avait ressenti aucune douleur quand Illidan s'était écroulé sur elle. Pour la simple raison qu'elle eu une nouvelle crise à ce moment précis.

Et cette fois, ce fut plus long et violent que les deux précédentes. En fait, elle fut interminable.

Ce n'était une vue brouillé ni un mal de tête qui tourmentait la jeune elfe de la nuit. Ce fut des visions d'horreurs. Des visions de la Légion Ardente et de ses projets de destructions. De mondes entiers anéantis par le passage des démons et des vies fauchés par millions. Des visions ne pouvaient chasser en fermant ni ouvrant les yeux. Car ses visions étaient dans sa tête.


Ce fut donc avec impuissance que Bathris vit la jeune elfe de la nuit prise comme d'une sorte de crise d'épilepsie, se tordant de douleur et se tenant la tête entre les mains, toujours tachées du sang d'Illidan, comme si elle allait exploser et poussant des cris de dément.


Illidan venait de s'écrouler, sans vie.

Tous ses adversaires retrouvèrent leurs esprit et se relevèrent petit à petit.

Mais leur attention furent plus focalisée sur Gahahli gésisant à côté du demi-démon et en proie à la démence.

Laisser un commentaire ?