Un monde brisé

Chapitre 32 : La guérison du naaru

4849 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/07/2022 00:42

Tandis qu'Illidan rendait son dernier soupir et les membres du groupe, toujours blessés, sortaient petit à petit de leur torpeur, Bathris, désemparé, tentait tant bien que mal de maîtriser Gahahli en pleine démence, incontrôlable et sourde a ses paroles.

Peu à peu, il fut rejoint par le reste du groupe, tous inquiets et qui avançaient tous d'un pas mal assuré et claudicant. Akama les rejoignit également, soutenu par Ouladre qui le maintenait tant bien que mal par la taille. Seule Maiev, ayant entre-temps retrouve ses esprits, s'intéressa davantage à la dépouille d'Illidan qu'au sort de sa congénères, voulant s'assurer qu'il était bel et bien hors d'état de nuire.

Fort soucieux de l'état de santé de sa partenaire, Jakua fut le premier à rejoindre l'elfe de sang s'occupant de cette dernière, mais garda tout de même ses distances, toujours terrifié par ce qui était en train de se reprendre dans ses veines en plus de ses cris de démence.

Puis vint Baelbo qui fut dans tous ses états.

— Qu'est ce qui s'est passé ? demanda-t-il avec peur et colère. Qu'est ce qui lui est arrivée ???

— Je l'ignore ! répondit l'elfe de sang également dans tous ses états. Illidan s'apprêtait à me tuer, elle s'est interposée entre lui et moi, l'a poignardé et l'instant d'après...

— C'est l'énergie gangrenée qui est en train de la corrompre, corps et esprit, expliqua finalement Akama. C'est la première phase de sa reconversion en chasseuse démons qu'Illidan avait prévu. Et je crains que le processus n'ait été accéléré par le trop plein d'émotions qu'elle a dû ressentir à l'instant.

— Comment peut-on arrêté le processus ? demanda Bathris d'un ton implorant.

— Je vous l'ai dit, il n'y a rien qu'on puisse faire contre cette magie démoniaque, lui rappela Ouladre. La magie draeneï est impuissante contre ça.

— Et celle des chamans Roués l'est d'autant plus, malheureusement, ajouta Akama d'un ton désolé. Mais je peux toujours ralentir le poison.

Sur ces mots, il plaça une main délicate sur le front de la jeune elfe de la nuit et sa paume s'illumina. L'instant d'après, Gahahli cessa enfin de s'agiter ainsi que ses cris. Mais elle gardait les yeux révulsés et sa respiration était saccadé.

Maintenant qu'elle s'était "calmée", le groupe constata avec horreur que les marques qu'elle avait sur le bras s'étaient étendus depuis tout-à-l'heure et avaient atteint sa gorge ainsi qu'une partie de son thorax et de son visage. Même ses yeux commençaient en prendre un teint verdâtre inquiétant.

— Cela ne durera pas, malheureusement, et c'est tout ce que mes pouvoirs chamaniques peuvent faire, ajouta Akama. Il n'y a que les naarus qui puissent la sauver du mal qui la ronge.

— Les "naarus" ? répéta Baelbo incrédule. Vous parlez de vos dieux, la ? Ben ça nous avance bien ! Et comment est-ce qu'on les contacte ? En priant ?

— Il faut que vous la rameniez à Shattrath, au plus vite ! leur conseilla Akama. Il me semble que l'un d'eux dirige la cité.

— Shattrath ? répéta le draeneï. Mais c'est beaucoup trop loin !

— Et je ne peux pas la téléporter là-bas, je n'y ai encore jamais mis les pieds ! rouspèta le gnome. Je ne sais même pas où c'est !

— Voilà qui est fâcheux, commenta Akama d'un ton grave. Si on n'agit pas rapidement, on va la perdre.

Bathris contempla la jeune elfe de la nuit malade plus désemparé que jamais. Si seulement il pouvait la téléporter de lui-même. Et si seulement les gardes de Shattrath le laissait entrer dans la cité.

— Dites moi, le processus dont vous parliez, c'est supposé la reconvertir en chasseuse de démons ? intervint soudain Maiev qui s'était désintéressée d'Illidan après s'être assurée de sa mort. Alors voilà qui est réglé...

— Ne la touchez pas ! lui ordonna l'elfe de sang qui d'instinct prit Gahahli et la serra dans ses bras, prêt à la protéger de la Gardienne.

Il avait vite compris ce que Maiev avait en tête. Juste avant sa confrontation avec Illidan, il avait vu comment elle avait gelé et emprisonné la chasseuse de démons qui avaient tenté de défendre son maître. Et ce sans le moindre état d'âme.

— Allons, Maiev ! tenta de raisonner Akama. N'en venons pas à de tels...

— Le processus a déjà commencé, l'interrompit sèchement la Gardienne. À mes yeux, cette impertinente n'est plus différente du Traître ou de ses fidèles. Elle mérite donc le même sort qu'eux.

— Ne la touchez pas, j'ai dit ! insista Bathris qui tenait plus fermement l'elfe de la nuit dans ses bras.

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'un elfe de sang, lui rétorqua Maiev qui pointait d'un air menaçant la main vers sa cible.

Elle fut néanmoins stoppé dans son élan par la présence d'une lame sous son heaume, prête à l'égorger au moindre faux mouvement.

— Il vous a demandé de ne pas la toucher ! souffla la voix de Sonulia qui se tenait juste derrière Maiev, l'épée à la main.

Tout le groupe fut abasourdi de voir deux elfes de sang protéger une elfe de la nuit contre une de ses congénères.

— Hmpf, qui se ressemble s'assemble ! commenta Maiev appartement impassible aux menaces de Sonulia.

Cette remarque ne semblait pas plaire à la jeune elfe de sang qui resserra davantage son étreinte sur la Gardienne.


— Allons bon, qu'est ce qui se passe ? demanda soudain une voix étrangère qui mit fin à la tension entre la Gardienne et les deux elfes de sang.

Il s'agissait de Khadgar qui venait d'atteindre le sommet du Temple en compagnie d'Harrina et de Morpsev.

À la vue de ce dernier, Sonulia tenta tant bien que mal de se cacher de sa vision derrière la Gardienne avec sa cape et son imposante armure.

La jeune magicienne aux cheveux auburn se précipita affolée vers le groupe réuni autour de Gahahli tandis que le mort-vivant inspectant avec une certaine curiosité morbide la dépouille d'Illidan.

— Par la barbe d'Antonidas ! Que lui est il arrivée ? demanda Harrina en voyant l'état de la jeune elfe de la nuit.

— Pfff ! Elle te l'expliquera mieux que nous quand nous l'aurons tiré d'affaire, lui répondit Batël dépasse par les évènements.

— Mais au fait, où est Fyrvas ? demanda Ouladre.

— Il est retenu à l'étage inférieur en train de se faire soigner par le vieux bœuf, répondit Morpsev à la place de sa fille vivante sans quitter la dépouille du demi-démon des yeux. Il a été blessé par un gangr'orc berserk tout droit sorti des cachots. Mais il devrait nous rejoindre d'un instant à l'autre.

— Et il va faire une jaunisse en voyant dans quel état est sa fille, ajouta Harrina résignée.

— Alors c'est elle la fille elfe aux cheveux bleus pour laquelle on a du assiégé le Temple en urgence ? demanda Khadgar qui venait de rejoindre le groupe et d'inspecter la malade.

— Vous ne pouvez pas mieux tomber, archimage, l'interpella Akama. Cette pauvre petite a besoin de l'aide des naarus pour se tirer d'affaire.

— Alors n'en dites pas plus, lui rétorqua l'archimage avant de se tourner vers Bathris. Pouviez me l'a passer, s'il vous plaît ?

— Je regrette mais je ne l'abandonner ai pas tant qu'elle n'est pas hors de danger ! lui répondit l'elfe de sang avec conviction.

— Dans ce cas, moi non plus ! intervint Baelbo. Elle est ma meilleure amie !

Et ils furent rejoint par Jakua qui saisit la cape en lambeaux de l'elfe de sang avec ses dents, devant l'archimage qui ne cachait pas son étonnement.

— Je vois... Quelqu'un d'autre veut que je l'emmène à Shattrath pendant qu'on y est ? demanda-t-il.

— Non merci ! répondit sèchement Batël. Très peu pour moi les téléportations !

— Je vais rester ici pour m'occuper des blessés, répondit Ouladre.

— Ne trainez pas ! ordonna Akama à l'archimage. Le sort de cette petite en dépend et on a déjà assez perdu de temps comme ça !

Khadgar ne se le fit pas dire deux fois et entama son sort de téléportation qui l'engloba avec le gnome, l'elfe de sang tenant l'elfe de la nuit dans ses bras et le Sabre-de-nuit qui tenait toujours sa cape entre ses dents.

— Je m'en vais prévenir son père ! dit Harrina sur point de descendre du sommet. Il doit être au courant !

— Dans ce cas, dites a tout le monde de me retrouver à Shattrath pour une réunion stratégique, lui ordonna Kahdgar juste avant de mettre à exécution sa téléportation.


Passé le transfert du petit groupe, Bathris reconnut la ville délabré de Shattrath logée dans une sorte de crique, avec son dôme en plein cœur de la terrasse centrale d'où s'échappait une colonne de lumière qui s'élevait à perte de vue.

Cette fois, il n'étaient plus dans la Ville Basse mais sur un des ponts surplombant cette partie de la ville, liant la grande terrasse centrale à une des portes de la ville.

— Alors c'est ça, Shattrath ! commenta Baelbo. Et ben ça paie pas de mine, comme dirait l'autre nain...

Un escadron de draeneïs en armure s'en va à la rencontre du petit groupe depuis la terrasse. Bathris fut sur ses gardes en les voyant arriver. Il avait reconnu ces gardes.

Même Jakua émettait des grognements nerveux à leur approche.

L'un d'eux s'inclina devant Khadgar :

— Archimage, on n'espérait plus vous revoir... Mais qu'est ce que...???

Il venait de s'apercevoir de la présence de l'elfe de sang et sortit aussitôt son marteau en cristal violet mais Khadgar l'arrêta d'un geste :

— Tranquille, Maraad, il est avec moi !

— Et j'ai une blessée dans les bras, au cas où vous ne l'aurez pas remarqué ! ajouta Bathris avec une pointe d'acerbité. Et on doit la faire soigner de toute urgence. Alors vous feriez mieux de nous laisser passer si vous ne voulez pas avoir son sort sur la conscience...

— La "faire soigner" ? répéta le dénommé Maraad incrédule. Dans son état ?... Non ! Archimage, vous n'allez quand même pas le laisser...

— Pas d'inquiétude, redresseur de torts, le rassura Khadgar. Si cet elfe de sang commet quoi que ce soit contre A'dal, j'en fais mon affaire personnelle.

— Et on ne sera pas trop de deux à lui régler son compte, ajouta fièrement le gnome.

"C'est si bon de se soutenir soutenu !" songea Bathris avec sarcasme.

Maraad et ses hommes finirent par céder et liberèrent la voie pour Khadgar et son escorte mais gardèrent en œil méfiant sur l'elfe de sang qui passa devant eux.

Dans ses bras, Bathris sentit l'elfe de la nuit qui commençait à sortir de sa torpeur, gémissant et s'agitant de nouveau. Le sort d'apaisement qu'avait du lui infliger Akama commençait à se déjà à se dissiper.

— Tenez bon, Gahahli, lui souffla-t-il. Nous allons vous sauver.

L'archimage conduisit le petit groupe jusqu'à l'intérieur du dôme, dans une large pièce circulaire au centre duquel se tenait une estrade tout aussi circulaire et au dessus de laquelle flottait une chose brillante comme le soleil qui semblait être constitué de cristaux flottants.

Bathris eut comme un choc en voyant cette chose. Pour cause, il en avait déjà une à Lune d'Argent, durant sa formation de chevalier de sang. Un être de lumière que ses semblables avaient ramène d'un autre monde pour permettre aux recrues de plier la Lumière à leur volonté en manipulant cet être pourtant doté d'une conscience et retenu contre sa volonté.

Et de là aussi, il pouvait également sentir que cette chose aussi lumineuse que le soleil était également un être pensant, doté d'une conscience. Mais contrairement à celui retenu à Lune d'Argent, il n'y ressenti aucun sentiment de détresse ni de souffrance, juste un sentiment de paix et de tranquilité presque apaisant.

— Approche...

L'elfe de sang eut un sursaut lorsqu'il entendit cette voix apaisante aussi distinctement que si elle avait été dans sa tête mais dont il se doutait qu'elle provenait de cette étrange être de lumière.

— Approche, mon jeune ami, insista la voix.

Bathris demeura dubitatif, incertain que la voix s'adressait bien à lui et lança des regards furtif à Khadgar et Baelbo qui pourtant le dévisageaient avec un air incrédule.

— C'est à vous qu'il parle, lui dit l'archimage pour lui ôter tout ombre d'un doute. Ne le faites pas attendre et faites ce qu'il vous dit.

— Ton amie est malade, insista de plus bel l'être de lumière. Moi seul peut la guérir. Approche donc.

L'elfe de sang finit par s'exécuter et s'approche prudemment de l'être de lumière. Gahahli s'agitait de plus en plus dans ses bras. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne remît à hurler comme une démente.

— Pose la sur le socle, lui ordonna l'être de lumière quand Bathris atteignit sa hauteur. Je m'occupe du reste.

L'elfe de sang ne se le fit pas dire deux fois et posa très délicatement Gahahli au pied de l'être de lumière et s'éloigna de quelques pas.

La lumière de l'être s'intensifie, manquant d'aveugler toute la salle et son énergie vint entourer la jeune elfe de la nuit étendue sur le socle. Puis tel les bras d'un infirmier s'occupant d'un nouveau-né, il la souleva du sol avec une extrême délicatesse jusqu'à la hauteur de l'être de lumière. Puis le corps de Gahahli se mit à s'illuminer sans qu'elle ne réagît. Elle avait plutôt l'air de se laisser faire.

— Qu'est ce qui se passe ? demanda Baelbo qui commençait à s'affoler. Qu'est ce que ce truc est en train de lui faire ?

— Du calme, A'dal est en train de guérir votre amie, le rassura Khadgar. Il l'a purge du poison qui lui ronge le corps et l'esprit. D'ici peu, elle sera propre comme un sou neuve. Ce sera comme si aucune magie démoniaque d'aucune sorte ne l'avait corrompue. Ce sera juste comme un mauvais rêve, pour elle.

— Mais... Qu'est ce donc que cette chose ? demanda Bathris toujours dubitatif en désignant l'être de lumière. Ce "A'dal" comme vous l'appelez ?

— Cette "chose" s'appelle un naaru, répondit Nobundo qui à la grande surprise de l'elfe de sang venait de se joindre au groupe. Des êtres de pure et sainte lumière vénérés par les draeneï, qui ont fait serment d'apporter la paix et l'espoir aux civilisations mortelles ainsi que de les protéger des forces du Mal, du Chaos et du Néant.

— En d'autres termes, de sortes de dieux bienveillants, résuma Khadgar. Vous n'avez donc rien à craindre pour votre amie aux cheveux bleus.

"Un dieu". Ils avaient donc affaire à une divinité bienveillante. Et les elfes de sang avaient capture l'un d'entre eux pour lui infliger des expériences. D'aucun penserait que cela prouverait la supériorité des elfes de sang sur des êtres vénèrés comme des dieux par les draeneïs. Mais pour Bathris, cela lui faisait comprendre davantage pourquoi les draeneïs baissaient tant son peuple et se sentir encore plus coupable d'avoir dû abuser du naaru captif pour ainsi maîtriser la Lumière et devenir chevalier de sang. Après tout, c'était de la profanation. Et les elfes de sang avaient bien connu ça lors de l'invasion du Fléau ayant ravagé Quel'thalas dans le but de s'emparer du Puits de Soleil.


Au bout de longues minutes qui parurent une éternité, le naaru, qui se faisait A'dal, reposa Gahahli aussi délicatement qu'il l'avait soulevé.

L'elfe de sang, le gnome et le Sabre-de-nuit se précipitent vers elle et constatèrent avec soulagement que non seulement elle était toujours vivante, à en juger par le mouvement de sa poitrine trahissant une respiration calme et détendue, mais aussi qu'elle avait bel et bien était guérie. Il n'y avait plus aucune marque gangrenée sur sa main, son bras ni sur aucune autre partie de son corps. Ce fut comme si son incident avec Illidan n'avait jamais eu lieu. Les seuls cicatrices qu'elle garderaient étaient celles qui dataient avant cet incident.

Jakua put enfin approcher sa partenaire sans peur, frotter son museau contre sa main guérie et lui lécher le visage.

La jeune elfe de la nuit demeura cependant inerte face à l'affection que lui portait son Sabre-de-nuit. C'était comme si elle était plongé dans un état comateux qui inquiéta l'elfe de sang et le gnome.

— Dites moi qu'elle va se réveiller ! demanda Baelbo nerveux.

— Elle a besoin de repos, répondit A'dal toujours avec un ton aussi calme. Beaucoup de repos, après ce qu'elle vient de traverser. Mais à son réveil, elle sera fraîche comme une fleur, soyez en rassurés. Laissez juste le temps à son corps et à son esprit de se régénérer.

Afin d'être sûr que Gahahli n'était plus en danger, Bathris tâta son front et son pouls. Elle ne présentait aucun signe de fièvre et son pouls battait avec un rythme régulier.

— Je connais une auberge dans le quartier supérieur de la cité où elle pourra se reposer avec tout le confort à sa disposition, suggéra Nobundo. Suivez-moi et amenons-la là bas.

Bathris ne se le fit pas dire deux fois et accepta l'aide du Roue pour transporter la jeune elfe de la nuit dormante.

Avant de quitter le dôme où ils laissèrent Khadgar attendant le reste de la troupe, il reporta son attention vers A'dal et le remercia du fond du cœur par la pensée.

— Je t'en prie, lui répondit le naaru. Et ne t'en fais pas. En temps voulu, toi et tes semblables connaîtront la rédemption.

"La rédemption" ? Pour lui et ses semblables ? Cette annonce laissa le jeune elfe de sang perplexe. Était ce vraiment à prendre une bonne nouvelle ou bien cela cachait-il un avenir plus funeste ? Et "en temps voulu", mais quand ?


Nobunda guida le petit groupe vers un ascenseur qui les fit monté vers le quartier supérieur de la cité, construit sur la falaise qui couvait Shattrath. De là, Ils purent avoir une vue splendide de la ville et de ses environs.

— Ça fait haut, quand même ! fit remarquer le gnome impressionné par la hauteur de la falaise et de l'ascenseur. Et moi qui ne suit déjà pas très grand...

— Croyez-moi, il vaut mieux l'héberger ici que dans la ville basse, lui rétorqua Nobundo. On a un cuisinier qui testé une nouvelle recette à base d'œuf d'arakkoa et... Je ne vous raconte pas l'odeur que ça génère. Alors il ne vaut mieux pas que votre amie se réveille avec l'odeur d'œuf pourri et une irrépressible envie de vomir.

L'elfe de sang ne voulut pas en savoir plus et descendit de l'ascenseur avec Gahahli dans les bras aussitôt arrivé au niveau supérieur, qui fut clairement la partie la plus habitable de la cité.

Nobundo les conduisit dans la petite auberge et s'arrangea avec l'aubergiste pour louer une chambre où ils purent allonger la jeune elfe de la nuit.

Puis l'elfe de sang et le gnome attendirent sur le pas de la porte de la chambre, laissant seulement le Sabre-de-nuit à l'intérieur pour tenir compagnie à sa partenaire.

Ils attendirent le retour de leur compagnons. En silence. Sans jamais s'adresser la parole ni s'échanger un regard. Ils avaient certes unis leur force pour délivrer leur amie des griffes d'Illidan mais ne se considéraient pas pour autant amis. Baelbo nourrissait toujours une méfiance vis à vis des elfes de sang, en particulier pour leur capacité à drainer le mana des autres. Quant à Bathris, après avoir eu un aperçu des souvenirs de Kael'thas, il ne pouvait plus voir l'Alliance comme il l'avait l'habitude de voir jusqu'à alors. Il n'y avait rien d'autre entre eux qu'un persistant sentiment de malaise.


Ce fut finalement au bout de plusieurs heures que le reste du groupe arriva enfin à Shattrath. Fyrvas se pointa en premier, essoufflé, le bras en écharpe et sa robe de druide en lambeaux. Et rien que par la couleur de ses cheveux, Bathris reconnut immédiatement le père de Gahahli qu'il n'avait vu jusqu'à présent que sous ses formes animales. Il fut suivi de près par le reste du groupe tous sains et saufs, bien que tous éreintés par la récente bataille au Temple Noir et le voyage jusqu'à Shattrath.

— Ou est elle ? demanda expressément le vieil elfe de la nuit.

Bathris et Baelbo le conduisit dans la chambre où Gahahli se reposait avec un air si paisible qu'on oublierait dans quel l'état ses amis l'avait trouvé quelques heures plus tôt.

Tandis que Batël se contentit de déposer l'arc et le carquois de flèches de la jeune elfe de la nuit récupérés au Temple dans un coin de la pièce, Fyrvas s'agenouilla au chevet de sa fille qui semblait si fragile compare à son père avec sa forte carrure, lui caressant le visage du bout des doigts tremblotante et la contempla les yeux en larmes.

— Elle n'est plus en danger, alors ? demanda Harrina en chuchotant à Baelbo.

— C'est ce qu'a dit le truc brillant sous le dôme en bas, lui répondit le gnome. Il a dit qu'elle avait juste besoin de se reposer et qu'elle sera en pleine forme à son réveil.

— Vous devez faire allusion au naaru, le corrigea Ouladre. Les naarus ne mentent jamais. On peut leur faire confiance.

— Enfin une bonne nouvelle ! s'exclama Batël.

— Je suggère qu'on leur laisse un peu d'intimité, proposa timidement Bartelo.

— J'allais proposer la même chose, approuva Bathris. Sortons.

— Un instant ! intervint Fyrvas d'un ton autoritaire. Toi l'elfe de sang, je voudrais avoir un tête-à-tête avec toi. En privé.


Le reste du groupe quitta la chambre en balançant un regard inquiet à Bathris qui se retrouva avec le vieil elfe de la nuit. Et maintenant qu'il se tenait debout devant lui, même avec son bras en écharpe, l'elfe de sang se sentit tout aussi petit et impuissant face au druide. Il se rendit compte un peu tard que les ailes et les cornes en moins, le druide avait une carrure similaire à celle d'Illidan.

— Ne le prends personnellement mais je ne te cache pas que je ne tiens pas ce de ta race dans mon cœur, lui dit Fyrvas avec un ton très calme. Que je n'éprouve aucune confiance envers tes semblables.

— Vous savez, je commence à avoir l'habitude, lui répondit Bathris d'un ton l'as. D'ailleurs, moi non plus je...

— Je n'ai pas terminé, l'interrompit le vieil elfe de la nuit. Malgré tout, étant donné le rôle que tu as joué dans le sauvetage de ma fille, je suis prêt à t'accorder une faveur à titre exceptionnel.

— Et ben voilà une bonne nouvelle ! commenta l'elfe de sang.

— JE N'AI PAS TERMINÉ ! le coupa Fyrvas d'un ton plus sévère. Toutefois, mon petit doigt me dit que t'as aussi quelque chose à voir dans sa capture. Est-ce que je me trompe ?

À en juger par le silence pesant et le regard fixé que le druide lui lançait, Bathris devina que c'était enfin son tour de parler. Mais son instinct l'indiquait que peu importe sera sa réponse, cela allait aussitôt se retourner contre lui. Mais le regard insistant du druide exigeait une réponse.

— Est-ce que... Est-ce que cela change quelque chose ? osa-t-il demander d'une voix timide.

— Répond à ma question ! lui rétorqua sèchement Fyrvas.

À en juger par son temps, l'elfe de sang sentait qu'il se retenait de le traiter d'avorton.

Il avala sa salive et finit par ce jeter à l'eau :

— Il est vrai que... Si elle s'est faite capturée, c'est pour me délivrer des griffes d'Illidan et de ses sbires...

— Dois-je en déduire que si elle s'est faite prisonnière au Temple Noir et failli devenir un disciple du Traître, c'est de ta faute.

— Et bien... Pour ma défense, je n'ai jamais rien demandé de tel, se défendit l'elfe de sang en balbutiant J'étais contre, mais Gahahli... Votre fille a insisté. C'est elle qui l'a voulu. Elle aurait pu m'abandonner à mon sort mais elle a risqué sa vie pour me sauver à la place. C'est une... Je ne la mérite pas. Je veux dire, je ne mérite pas son dévouement.

— Là dessus on est d'accord, rétorqua Fyrvas d'un ton acerbe et jetant un regard sévère à sa fille endormie. D'ailleurs, elle mériterait une petite correction pour son imprudence, à son réveil.

— Oh, s'il vous plaît, ne soyez pas trop sévère, s'empressa d'ajouter l'elfe de sang intimidé. Elle a fait ce qu'elle a estimé juste. Pour le reste, j'en assume l'entière responsabilité.

— C'est très honorable de ta part, dit le druide en s'approchant davantage de l'elfe de sang et de manière intimidante. Mais il y a autre chose me taraude : pourquoi a-t-elle donc reste sa vie pour te sauver, toi. Un elfe de sang. De la Horde.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait, l'elfe de sang intimidé reculait jusqu'à se retrouver dos au mur dans tous les sens du termes.

Le visage du druide n'était plus qu'à deux pouce du sien. Si bien qu'il pouvait aisément sentir son haleine (et y percevoir une odeur de sang), avoir un perçu de sa dentition aiguisée qui lui donnait un air bestial et pouvait difficilement fuir son regard, quand bien même ce n'était pas l'envie qui lui manquait

— Je la connais bien, ma fille, reprit le vieil elfe de la nuit. Elle a en effet cette fâcheuse tendance à jouer les héroïnes. Un peu trop à mon goût, pour être honnête. Et non sans une certaine dévotion, je dois reconnaître. Mais jamais au grand jamais elle ne se mouillerai pour quelqu'un de la Horde. Pas envers quelqu'un qu'elle considérerait comme un ennemi.

" D'autant qu'elle n'était pas censée vadrouiller dans l'Outreterre et encore moins s'acoquiner avec un type de la Horde. Alors je veux savoir ce qui s'est passé. J'ai besoin d'être clarifié, qu'on me dise la vérité. Je veux savoir ce qui l'a poussé à risquer sa propre vie pour sauver la tienne.

Cette fois Bathris resta muet. Il ne sut quoi répondre au vieil elfe qui le toisait de ses yeux d'ambre.

Face au silence de l'elfe de sang qui en devenait exaspérant, Fyrvas prit une grande inspiration avant de reprendre la parole avec un ton extrêmement calme :

— Laisse moi reformuler ma question. Comment ma fille s'est-elle retrouvée dans cette situation. Toute seule ? Ou bien l'as tu embarqué ?

— Je... Il se peut que... Non, c'est moi et moi seul qui l'ait embarqué dans cette histoire.

Bathris ne pouvait se permettre de dire la vérité et d'expliquer que c'était Gahahli qui avait insisté pour l'accompagner dans son périple. Quitte à devoir s'infliger le courroux du druide, il redoutait trop pour elle que son père ne la passât un savon pour ça et souhaitait lui épargner ça.

— Et tu disais tout-à-l'heure que tu assumais l'entièreté de ta responsabilité, je me trompe ? redemanda Fyrvas.

— Non, c'est vrai. Je l'assume et je le pense, répondit l'elfe de sang en avalant sa salive.

— Bien, voilà me faciliter les choses. Alors écoute-moi bien, je vais te dire ce qui va se passer. Quand tu sortiras de cette chambre, je veux que plus jamais tu n'approches ma fille de nouveau. Je veux que plus jamais tu croises son regard, que plus jamais tu lui adresses la parole, plus jamais elle n'entende le son de ta voix et même mieux, que plus jamais tu ne mentionnes sans nom. Enfreint une seule de ses conditions et je m'assurerai personnellement que ce sera la dernière. Et s'il le faut, je te traquerai jusqu'aux confins du monde pour ce faire. Me suis-je bien fait comprendre ?

Pour toute réponse, l'elfe de sang se contenta d'un hochement de tête intimidé.

Le fait que le druide eût cité toutes ses conditions avec retenue le rendait encore plus menaçant que les propos en eux-mêmes ou que s'il avait hausser le ton.

— Bien... Maintenant hors de ma vue et que je ne te revoie plus jamais, dit Fyrvas avec toujours autant de retenue.

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