Un monde brisé

Chapitre 35 : L'assaut du Puits de Soleil

4277 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/09/2022 15:44

Nous avions tous été trompé. Nous avons tous été induit en erreur. La ré-ouverture de la Porte des Ténèbres. L'invasion massive de démons sur Azeroth. Ce n'était pas l'œuvre d'Illidan, pourtant auto-proclame Seigneur de l'Outreterre jusqu'à récemment. Ce n'était qu'un leurre pour nous détourner de la vraie menace. Une mise en scène soigneusement organisée par l'Alliance entre le prince Kael'thas et le seigneur démon Kil'jaeden, commandant en second de la Légion Ardente. Ceci dans le but d'avoir le champs libre pour élaborer leur sombre projet pendant que nous nous occupons d'Illidan et de ses fidèles.

Nous aurions dû nous en douter... Après tout, le seigneur démon à la tête de la Légion était connu sous le surnom du Trompeur.


Les troupes de l'Alliance et de la Horde venaient de se déployer sur la fameuse île de Quel'danas, au nord de la cité elfique Lune-d'argent, où avait été établi le Puits de Soleil, qui fut de facto un site sacrée pour les elfes de sang... Du moins jusqu'à l'arrivée du Fléau environ cinq ans plus tôt.

Pour gagner du temps et éviter de devoir traverser le continent des Royaumes de l'Est sur toute sa longitude, les mages elfes de sang et draeneïs avaient dû unir leur force pour former une série de portails permettant aux troupes de se rendre directement à la Porte de Ténèbres, désormais accessible et sécurisée, depuis Shattrath et une fois de retour sur Azeroth, conduiraient directement les troupes sur l'île.

Et aussitôt arrivé sur les lieux, fort était de constater que Liadrin et Rommath n'avaient pas menti en disant que l'île regorgeaient de démons de de gangresangs, tel furent nommés les elfes de sang corrompus. Ces derniers se distinguaient des autres elfes par leur peau variant du rouge au pourpre en passant par le gris, leurs cornes, ce qui ressemblaient à des ailes à plumes noires atrophiées poussant des omoplates. Ils contrôlaient également les gardiens arcaniques, ses golems d'arcane créés par les elfes de sang qui en temps normal servaient et protégeaient leur créateurs et maîtres. Désormais, ils semblaient échapper à leur contrôle.

Quant aux démons, ils comptaient des diablotins, gangregardes, des infernaux et leur variants les abyssaux aux formes rugueuses et acérées, des gardes du courroux armés jusqu'aux dents, des shivarras, démons à six bras et des eredars ressemblant à s'y méprendre aux draeneïs mais aux airs maléfiques.

La zone grouillait également d'elfes déshérités, reconnaissable à leur teint blafard leur apparence rachitique et maladive, ainsi que de morts-vivants, principalement des squelettes et des goules, datant de l'invasion du Fléau. Ceux là rôdaient du côté de la Malebrêche, cette horrible sentier de terre défrichée et stérilisée qui s'étendait depuis les profondeurs de la Forêt des Chants Éternels jusqu'au, traversant L'une d'Argent en son centre et marquant le passage du Fléau.

Le site même du Plateau du Puits de Soleil portait encore les marques de cette terrible invasion ayant marqué la chute de Quel'thalas, tant le bâtiment principale frappée par l'invasion tombait en ruine.

Cela ne devrait pas poser de problème pour l'infiltrer... S'il n'y avait pas autant d'ennemis pour le défendre.


L'assaut venait de commencer.

Respectivement guidées par Maraad et Liadrin, les troupes draeneïs et elfes de sang chargèrent et tentèrent une percée à travers les lignes ennemies pour atteindre le Plateau.

Les aventuriers de l'Alliance et de la Horde attendirent la percée en seconde ligne. Impatients de prendre part à la mêlée pour certains, terrifiés de ce qui les attendait une fois peintre le site pour d'autres.

— J'ai besoin d'y voir clair, demanda Baelbo dont les petites jambes tremblaient comme des feuilles. Il y a à l'intérieur de ce bâtiment un puits magique endommagé depuis le passage des morts-vivants qu'un fou à lier de prince elfe est sur le point de restaurer... Afin de s'en servir de portail et ainsi faire venir dans NOTRE monde un Seigneur démon... Qui est ni plus ni moins que le commandant suprême de la Légion Ardente... Et le frère d'Archimonde...

— C'est du moins ce qu'on nous a dit, lui répondit Ouladre qui eut aussi du mal à dissimuler son mal-être.

— Et nous sommes ici pour les affronter... Le prince fou à lier et le seigneur démon, reprit le gnome. C'est bien ça ?

— Pour ce qui est du prince "fou à lier", il serait peut-être préférable que vous laissiez les miens s'en charger, intervint Bathris.

— Et pourquoi ça, je vous prie ? demanda le prêtre draeneï incrédule.

— Kael'thas vient de trahir son propre peuple alors qu'il représentait son unique espoir, lui rappela le jeune elfe de sang. C'est désormais une affaire personnelle entre lui et ses sujets. Ces sujets qui comptaient sur lui pour les sortir de cette mauvaise passe. Et dont je fais d'ailleurs partie...

— Donc vous nous laissez affronter le démon pendant que vous autres aux longues oreilles pointues vous régler vos comptes avec votre prince ? demanda Bartelo sarcastiquement. Ben tu parles d'un cadeau !

— Ouais ! C'est que nous avons aussi notre revanche à prendre sur cette lopette de prince ! s'indigna à son tour Brotar dont les compagnons, se tenant juste à côté de leur homologue de l'Alliance, écoutaient la conversation d'une oreille distraite.

— Et de préférence, qu'on lui règle son compte AVANT qu'il n'invoque l'atte démon, là, ajouta Walkyro qui cachait mal son malaise.

Baelbo avait la nausée à l'idée d'affronter le démon Kil'jaeden. Il se souvenait encore du frère de ce dernier, le seigneur Archimonde, qui avait commandé l'invasion de la Légion Ardente cinq ans auparavant. C'était un eredars qui, dans ses souvenirs, était aussi grand qu'une montagne et avait détruit Dalaran, la cité-État des mages, simplement en dessinant des cercles sur le sable. Le gnome se souvenait honteusement qu'il avait eu tellement peur du démon, de sa taille, de sa puissance et de son armée qu'il n'avait pas eu le courage de l'affronter pour sauver Dalaran et s'était enfui comme un lâche, abandonnant ses confrères sur le champ de bataille. Ces souvenirs le hantaient encore, notamment depuis que les démons avaient fait leur retour sur Azeroth.

Et dire qu'Archimonde n'était en fait qu'un commandant en second comparé à Kil'jaeden.

Le gnome avait beau se répéter qu'il ne devait plus jamais refaire la même erreur avec Archimonde, il était de moins en moins sur de tenir le coup face au frère de ce dernier.

Il voulait néanmoins avoir la confirmation sur ce sujet :

— Ce... Kil-machin... Comment est-il par rapport à son frère ? En terme de puissance ?... Et de taille ?

— Son égal... Je dirais, répondit Ouladre dubitatif.

— "Vous diriez" ?

— Je ne connais Kil'jaeden que de réputation mais je ne l'ai encore jamais vu en personne, s'expliqua le draeneï. Ce serait la première fois.

— Et c'est maintenant qu'il nous le dit ! s'indigna le gnome.

— Voilà qui est très encourageant ! ironisa Turahk.

Les aventuriers de la Horde avaient de très mauvais souvenirs d'Archimonde, notamment lors de la bataille du Mont Hyjal où il avaient perdu beaucoup de leur proche et ce dans le seul but de retenir le Seigneur démon et sa Légion le temps pour les elfes de la nuit de préparer le piège à son attention. Bien que le plan avait fonctionné, anéanti Archimonde et mis fin à l'invasion, cette bataille leur avait quand même laissé des séquelles.


Au sein de la mêlée, on cria une percée dans les lignes ennemies.

C'était le moment.

À l'unisson, les aventuriers de la Horde et de l'Alliance rejoignirent les troupes dirigées par Maraad et Liadrin avec lesquelles ils envahirent la cour principale du Plateau et se donnèrent a fond pour massacrer les démons et gangresangs qui s'y trouvaient afin de progresser à travers le site.

À plusieurs reprises, Bathris se surprit à combattre aux côtés de Dame Liadrin. En temps normal, il aurait été plus qu'honoré de se battre au coude à coude avec son ancienne supérieure, mentor (et même mère de substitution). Mais ne s'étant pas quittés en bon termes, il y avait une tension un peu trop palpable. Le jeune elfe de sang sentait que son ancienne supérieure n'avait pas encore digéré le fait d'avoir dû destituer son disciple quelques mois plus tôt pour son insubordination alors qu'il était probablement dans le vrai concernait leur travers dont ils en payaient en ce moment les frais dans cette bataille. Bathris ne s'attendait pas à ce qu'elle lui présentât des excuses. Il le savait trop orgueilleuse pour reconnaître ses torts.

Mais cela ne dérangeait pas le jeune elfe de sang pour autant, tant que cela ne les détournaient pas de leur mission. Et il s'évertuer de s'y concentrer, non seulement pour la réussir ou du moins rester en vie, mais ainsi il pouvait plus aisément oublié celle pour qui il éprouvait sentiments à son égard et le fait de ne plus jamais la revoir. Et si par malheur la mission tournait mal et qui lui arrivait quelque-chose de grave, ce sera au pire un moyen efficace pour ne plus jamais soucier.


Progressivement, le raid atteignit le bâtiment principale sans incidence majeure.

Pourtant, Sonulia, chargée d'assurer les arriérés du groupe avec Morpsev et Baorekh demeurait à la traîne, accablée par ses pensées.

Elle n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée que Kael'thas, pour lequel elle avait éprouvé une certaine admiration, avait pu basculé à ce point dans le côté obscure et se liguer avec la Légion Ardente. Après tout ce qu'il a traversé. Sachant que la Légion était leur ennemi héréditaire depuis des temps immémoriaux et à l'origine de la chute de son royaume bien-aimé. Pour elle, c'était comme s'associer de bon cœur avec le meurtrier avéré de ses parents dans sa sale entreprise. Cela n'avait pas de sens. Cela ne pouvait avoir de sens.

Elle se souvenait encore lors de sa captivité par les hommes de Garithos qu'elle avait entendu dire que lors de son arrestation, le prince avait supplié qu'on épargnant ses hommes, affirmant qu'il endosserait toute la responsabilité de ses actes. Elle s'en souvenait encore car les sbires de Garithos s'en était moqué à cœur joie et que ça avait mis la jeune elfe de sang en colère.

À ses yeux, un homme prêt à payer de sa personne pour qu'on épargnât ne pouvait être une mauvaise personne. Pas assez pour les trahir en s'alliant à leur ennemi mortelle et héréditaire.

Comment Kael'thas avait pu tomber aussi bas ?

En contemplant avec mélancolie son reflet dans sa lame malgré le sang qui la souillait, elle en vint à se demander si ce n'était pas aussi son cas à elle. Elle aussi, avec la chute de Quel'thalas et la trahison de l'Alliance, elle était passée d'une jeune fille elfe plutôt d'âge à une tueuse avide de de vengeance et devant s'associer avec l'incarnation vivante (ou plutôt mort-vivante) du fléau qui avait frappé son peuple.

Elle essayait de se convaincre que son association avec Morpsev et les Réprouvés n'était que provisoire, le temps d'assouvir sa vengeance et de se refaire une fortune en passant. Et puis elle n'était qu'une roturière, pas une noble comme le prince. Sa situation après la chute de son royaume ne pouvait pas être meilleure que celle d'un prince déchu, si ?

Elle fut tellement perdu dans ses pensées qu'elle manqua de se prendre un coup de hache d'un garde du courroux si Morpsev ne lui avait pas envoyé un marcheur du vide pour le dézinguer.

Une fois de plus, le mort-vivant la jugeait du regard.

Une fois de plus, ses compétences d'assassiner étaient remise en question.

Elle avait intérêt à se rattraper et vite si elle ne voulait pas perdre la face et passer pour une novice.


Après avoir traversé plusieurs salle et une grande terrasse, terrassant au passage un nombre conséquent de gangresangs et de démons, ainsi qu'une multitude de sorts de soins pour maintenir les troupes en vie et en pleine santé, le raid atteint enfin le cœur du bâtiment, le fameux Puits de Soleil, niché au pied de la flèche principal.

Depuis le couloir surplombant ledit puits, le groupe vit à travers les arcades un bassin parfaitement circulaire au centre d'une pièce plongée dans l'ombre et tout aussi circulaire, avec pour motif un soleil en rempli d'un liquide couleur ambre.

Kael'thas s'y trouvait en plein rituel, tournant le dos au raid, entourés de quelques gangresangs et d'eredars l'assistant. Ils n'étaient qu'une poignée mais ce n'était pas le plus inquiétant. Ni le plus effroyable.

Au centre du puits flottait le naaru que Bathris reconnut aussitôt comme l'être de Lumière retenu en otage par les chevaliers de son ordre et à présent par les gangresangs.

Kael'thas et ses sbires étaient en train de lui drainer toute son énergie pour alimenter le puits à leurs pieds.

Lentement mais sûrement, le naaru perdit de sa lumière et de sa blancheur, virant petit à petit en un être d'ombre mourrant.

— Mais quelle horreur ! s'indigna Ouladre au risque de trahir la présence du raid, horrifié par ce sinistre spectacle. Il faut les arrêter.

— Ces sales bâtards ne l'emporteront pas au paradis ! jura Maraad serrant son marteau de cristal dans ses poings.

— Attention, nous n'avons pas le droit à l'erreur ! leur prévient Liadrin. Soyons stratégique...

— Pas le temps ! l'interrompit le paladin draeneï qui commença à charger. Krona ki cristorr ! ("La Légion tombera !")

Il fut aussitôt suivi par Brotar et Bartelo, tout deux presse d'en finir, malgré les protestations des autres.

Ils avaient à peine atteint le niveau du puits qu'une puissance magique les arrêta tous les trois dans leur élan, les souleva du sol en les envoya s'écraser contre le mur, inconscients.

C'était Kael'thas qui maintenant faisait face au groupe. Et les aventuriers, notamment Bathris furent stupéfait a quel point il avait changé depuis leur dernière entrevue. Sa peau était d'une pâleur maladive, son visage émacié et même ses cheveux avaient pris une teinte plus terne. Et ses yeux verts furent plus brillant que jamais, si brillant qu'on ne distinguait plus ses pupilles. Il avait l'air d'un Déshérité mais sans la posture d'un elfe zombifié par sa dépendance au mana chaotique. Il semblait suffisant lucide pour contempler ses ennemis avec un air malicieux et triomphant et de leur annoncer :

— Vous arrivez trop tard, bande d'idiots ! Le rituel arrivé à son terme ! Déposez vos armes et tremblez devant la puissance de Kil'jaeden !

Et aussitôt, le naaru vide de toute son énergie explosa en milles morceaux et les eaux du puits commencèrent à s'ébouillanter jusqu'à ce qu'en jaillirent des flammes infernales qui s'élevèrent jusqu'à en percer le plafond, consumant au passage les gangresangs et les eredars qui se tenaient trop prêt du puits.

Le souffle de l'explosion et des flammes vaciller les aventuriers sans leur laisser le temps de réagir.

Le rituel venait de se terminer. Un nouveau portail venait de se créer dans les eaux du puits. Un portail vers l'enfer.

Kael'thas, ayant été épargné des flammes, contempla avec fierté et dans un ricanement l'aboutissement de son projet avant de se tourner vers les aventuriers toujours au sol et ébranlé.

— Je devrais vous remercier, leur dit-il avec une certaine condescendance moquerie. Vous nous avez bien servi, moi et mon maître. Même si c'était involontaire de votre part.

Puis il se téléporta sous le regard impuissant et révolté des aventuriers avant que l'un d'entre eux n'eut le temps de lui répondre d'un coup d'épée ou d'une boule de feu dans la gueule.

Les aventuriers n'eurent pas le temps de protester et eurent à peine celui de se relever que quelque chose de plus inquiétant attira leur attention.

Les flammes jaillissant du puits s'attenuèrent aussi vite qu'elle étaient apparu. Mais les eaux du puits continuèrent de s'agiter. Et soudain, une gigantesque main rouge et griffue en jaillit à son tord avant de s'agripper au bord du puits.


Bathris était tétanisé face à se sinistre spectacle. Kael'thas devenu fou à lier. Le naaru qui volait en éclat aprés avoir été vidé de son essence. Le Puits de Soleil qui aussitôt restauré faisait apparaître un démon colossal. Tout cela était exactement comme la vision qu'il avait eu avec le vieux tauren avant de se rendre en Outreterre.


*****

Kael'thas venait de se téléporter dans une pièce apparemment désertée et récemment mis à sac par les aventuriers, dans laquelle gisaient encore les cadavres encore chauds de ses anciens sbires. Il savait d'avance qui se préparait au puits allait faire du vilain et avait jugé bon pour sa sécurité de s'en éloigner, quitte à ne pas pouvoir profiter du spectacle.

Ce que le prince n'avait cependant pas prévu, c'est qu'il n'était pas seul dans la pièce.

— Cette fois tu ne nous échapperas pas ! s'écria Baorekh qui exerça aussitôt ses pouvoirs de vaudou sur le prince elfe pour le maintenir.

Kael'thas tenta de lui résister et de riposter. Il était bien parvenu avec ce même sorcier-docteur troll au Temple Noir. Malheureusement pour lui, le troll était assisté par Morpsev qui usa également de ses pouvoirs démoniaques pour l'empêcher de riposter.

Les deux sorciers s'étaient chargés de sécuriser la pièce et avaient par conséquent surpris le prince elfe dans sa tentative de fuite.

— Comment osez-vous... ? Comment pouvez-vous me résister ? s'indigna-t-il perplexe et enragé. Kil'jaeden m'a conféré plus de puissance que vous n'en accumulerez jamais assez à vous deux !

— En es-tu sûr, petit prince ? lui rétorqua le mort-vivant en extirpant d'un repli de sa robe le crâne de Gul'dan qui étincelant dans sa main putride. Un petit souvenir du Temple Noir... Accumulé avec la puissance que j'ai moi-même récolté en Outreterre.

Pris de rage, Kael'thas parvint à se libérer de l'emprise psychiques de ses deux bourreaux et tenta de les immoler par le feu.

Mais cela n'eut aucun effet. Le mort-vivant dissipa les flammes en brandissant le crâne étincelant au dessus de sa tête.

Kael'thas n'eut plus assez de force pour enchaîner avec une autre attaque et tomba à genoux au bord de l'épuisement. Laissant le temps au sorcier troll d'exercer à nouveau son emprise vaudou.

— Comment est-ce possible ? pesta-t-il. Kil'jaeden m'avait pourtant accordé sa...

— Autant de puissance démoniaque et chaotique pour un corps aussi frêle, ce n'est pas très sain, petit prince, commenta Morpsev avec un ton narquois. Elle te consume de l'intérieur, elle affecte chaque cellule de ton corps et te perverti l'esprit. La différence avec moi c'est que mon corps est déjà en mauvais état, comme tu peux le voir. Les effets secondaire d'une puissance comme la tienne, ce sont des caresses pour moi.

Puis d'un claquement, il fit venir un gangrechien qui se précipita sur le prince et lui draina son énergie via ses appendices, sans lui laisser le temps de riposter.

Lentement mais sûrement, le corps de Kael'thas s'émacia de plus en plus au fur à à mesure que le démon le vidait de ses forces. Il ressemblait de plus en plus à un mort-vivant.

— Si le vieux Zul'jin te voyait, il tirait à s'en décrocher la mâchoire, nargua le troll plutôt satisfait de voir le prince elfe souffrir.

Une fois le gangrechien eut finir de le vider de sa puissance, Kael'thas tenait à peine sur ses genoux et nageait dans ses vêtements tant il ne lui restait littéralement que la peau sur les os.

Morpsev fut sur le point de l'achever en absorbant ce qui lui restait de force de vie quand Sonulia débarqua dans la pièce en criant :

— Attendez ! Je... J'aimerais d'abord que le prince réponde à mes questions.

— Bon... Fais vite, lui concéda le mort-vivant.

Sonulia s'approcha prudemment de Kael'thas qui à présent faisait peine à voir. Sachant qu'à une époque, le jeune elfe de sang trouvait le prince séduisant, elle ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Elle ne sût dire cependant si c'était dû à son état ou à tout autre chose.

— Vous... N'avez rien... Gagné, jura Kael'thas entre deux souffle. Mon maître... Vous détruira tous !... Il brûlera... Ce monde pitoyable... Et vous noiera tous... Dans votre propre sang !

Sonulia posa un genou à terre, se mettant ainsi à la hauteur du prince déchu et lui demanda d'une voix calme :

— Mon prince... Pourquoi vous êtes vous allié à la Légion Ardentes ? Pourquoi nous avez vous trahi ?

— Kil'jaeden... M'a donné un aperçu... Du vrai pouvoir, lui répondit Kael'thas. Ce qui vaut la peine... De faire tant de sacrifices...

— Comment avez vous nous déshonorer de la sorte ? demanda de nouveau Sonulia qui peinait à garder son sang-froid et contenir sa colère. On vous faisiez confiance ! Vous étiez notre prince ! Notre ultime espoir !

— Votre prince ! lui rétorqua Kael'thas avec sarcasme. Peuh ! Dis plutôt votre esclave !

— Que voulez vous dire ?

— C'était donc cela que le réservait ma vie de prince héritier ? Ma vie de futur roi ? À payer les erreurs et les échecs de mes prédécesseurs ? À me plier en quatre, à donner et sacrifier mon bien-être pour des sujets qui m'en demanderont toujours plus ? Comme si j'en avais pas fait assez Et qui me rejetteront la faute au moindre pépin ? Et tout cela jusqu'à ma mort ? Et par dessus le marché, il a fallu que j'hérite d'un royaume déchu et à l'agonie ! Que je m'associe avec des êtres qui me traitent avec moins de respect que leur propre laquais ! Comme si j'avais pas assez souffert La Légion... Kil'jaeden... Ils étaient mon unique issue ! Avec eux à mes côtes, plus personne n'oserait me manquer de respect ! Plus personne n'oserait le marcher sur les pieds ni ne me demanderait des comptes ni quoi que ce soit d'autres ! Ils s'inclineraient tous devant moi ou subiraient mon courroux !

Sonulia mis un temps avant de digérer ce qu'elle venait d'entendre. C'était donc cela le vrai visage du prince pour lequel elle avait eu tant d'admiration.

Elle pris finalement une décision. Certainement la plus difficile qu'elle eût jamais prise de toute sa vie.

Avec une extrême délicatesse, elle enlaça d'un bras le prince et lui chuchota à l'oreille d'une voix tremblante :

— Je suis... Je suis désolée... Que vous ayez du endurer tout ça... Mon prince...

De son autre bras, elle se saisit d'une dague et l'enfonça d'un coup sec dans les côtes du prince qu'elle serra contre elle.

Au son du cri étouffée de Kael'thas, il était clair qu'il ne l'avait pas vu venir.

— Jusqu'aux portes de l'enfer... J'aurais donne ma vie... Pour vous, ajouta Sonulia tandis de chaudes larmes coulant de ses joues.

Elle relâcha son étreinte quand elle entendit Kael'thas expirer son dernier souffle et le laissa s'écroula sans vie, le regard vide, la bouche en sang et la dague toujours plantée jusqu'à la garde dans le thorax.


Le prince était mort.

Sonulia en avait les mains qui tremblait, en plus d'être ensanglantées. Elle ne sentait plus ses jambes. Elle avait de plus en plus de mal à respirer ainsi qu'à retenir ses larmes.

Elle tentait de s'auto-convaincre que son bien-aimé prince était mort a ses yeux quand il s'était range du côté de la Légion Ardente mais rien n'y faisait.

Elle venait d'assassiner le dernier de la noble lignée des Haut-soleil. Laissant ainsi son royaume et son peuple sans toi ni potentiel héritier. Pire, elle venait de supprimer le denier espoir pour ses semblables de sortir de leur mauvaise passe.

Elle n'était plus sûre d'affronter le regard de ses semblables ni même de son frère après ça. Frère qu'elle venait à peine de retrouver. Elle était encore moins sûre de se regarder dans une glace.

Elle s'était lancée dans une carrière d'assassiner pour se venger des responsables des tourments de son peuple et de la perte de sa famille, ainsi que pour mettre hors d'état de nuire ceux qui ont juré d'éliminer les derniers survivants. Elle n'a jamais cru qu'elle en irait jusqu‘à ôter la vie à son propre dirigeant.

Maintenant, ce fut chose faite. Impossible de retourner en arrière. Ses mains seraient à jamais souillé par le sang du prince à qui elle venait d'ôter la vie.

Lentement, Morpsev s'approcha derrière elle, se mit à son tour à sa hauteur avec un genou à terre et posa délicatement une main rassurante sur son épaule avant de lui susurrer à l'oreille :

— Mes félicitations ! Te voilà une vraie assassine.

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