La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 1 : Le pacte des montagnes

1709 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2024 15:59

An 6 après l'ouverture de la Porte des Ténèbres.

La Deuxième Guerre fait rage sur Azeroth. Les Nations humaines se défendent contre la menace orque qui gagne peu à peu en territoire. Hurlevent est tombée, et la Horde des orcs poursuit son ascension en terres humaines.

Après la conquête partielle de Khaz Modan, les orcs se sont alliés aux trolls Amani et ont remonté le continent jusqu'à Quel'Thalas, la terre des elfes.

Menée par le chef de guerre orc Orgrim Marteau-du-destin, la Horde ambitionne à présent le centre du pouvoir de l'humanité : le royaume de Lordaeron.



Chapitre 1 : Le pacte des montagnes.



Orgrim Marteau-du-destin réfléchissait. Suite à l'attaque de la Horde contre le royaume elfe Quel'thalas, dont la résistance magique des défenses avait été déterminante, Orgrim dût déclarer forfait et abandonner ses positions, en laissant derrière eux les tribus trolles. Après tout, son but principal restait la prise de Lordaeron, et l'anéantissement des armées de l'Alliance. Il leur fallait donc gagner le sud au plus vite.

À l'abri sous sa tente de chef de guerre, il observait avec grand intérêt l'une des cartes retraçant les contrées et territoires du continent. Affublé de sa célèbre armure de guerre noire, héritage de sa non moins célèbre lignée, l'orc entreprit de s'asseoir sur le tonneau déposé près de la table des cartes. La prochaine destination, les montagnes d'Altérac, posait problème. Non pas que le nombre de soldats y était important, mais c'était bien le relief montagneux et ses routes impraticables qui pourraient ralentir la Horde dans sa course. D'autant que cela induirait de lourdes pertes du côté des orcs. C'est en tout cas ce que ses éclaireurs avaient rapporté.


C'est alors que son bras droit, Varok Saurcroc, entra dans sa tente.

  • Chef de guerre, nous avons intercepté un oiseau qui survolait le camp en tournoyant, annonça Saurcroc. Kelkar l'a fauché, et la chute l'a tué. Un parchemin était accroché à sa patte, chef.

Saurcroc tendit le minuscule parchemin à Orgrim, qu'il déroula de ses énormes doigts. La missive était écrite en langue commune, et contenait ce message :



Au Seigneur de guerre de la Horde, le Roi Aiden Perenolde adresse ses salutations.

Afin d'éviter une confrontation dont l'issue serait autant de pertes inutiles pour la Horde

que pour Altérac, je vous propose une rencontre au flanc de la montagne, au crépuscule.

Je serai seul et désarmé.

Un consensus vous sera proposé.



Orgrim dû lire la missive plusieurs fois afin de s'assurer du contenu. Car, outre la possibilité d'un piège, si le message était sincère, il avait alors à faire à un lâche de la pire espèce. Et les lâches n'étaient ni fiables ni honorables. Orgrim choisit néanmoins d'honorer le rendez-vous.

  • Choisis trois chasseurs et ordonne-leur de se rendre au flanc de la montagne, aux pieds du château de ce roi humain. Qu'ils s'assurent des lieux et qu'aucun guerrier humain ne s'y cache jusqu'à notre rencontre, ordonna Orgrim à son second.
  • Bien, chef, opina Saurcroc, qui tourna les talons et s'éloigna.


Orgrim observa son second, aussi jeune que lui et massif, ossature typique des orcs rochenoires, dont lui-même pouvait se vanter d'être le plus imposant de tous. Il se releva, et entreprit d'envisager plusieurs scénarios pour éviter d'être pris au dépourvu si toutefois le roi humain se révélait fourbe.

  • Rien à signaler du côté du col, chef de guerre, informa un jeune guerrier.
  • Bien, acquiesça Marteau-du-destin, qui se redressa pour faire face à la vallée montagneuse d'Altérac. Restez en garnison devant le camp, j'irai seul.



Orgrim se lança alors dans le col, dominé par un rempart fortifié de pierres lourdes en pic de montagne. Après plusieurs dizaines de pas, il vit une silhouette encapuchonnée sortir de l'ombre. La personne n'était guère plus large que l'orc le plus chétif, et ne semblait pas représenter une grande menace. La silhouette s'avança d'un pas maladroit, et releva sa capuche afin de se faire connaître.


  • Êtes-vous le seigneur de guerre de la Horde ? demanda alors l'humain, tentant tant bien que mal de dissimuler ses tremblements face à l'immense orc.
  • Je suis Orgrim Marteau-du-destin, acquiesça alors l'orc, l'air amusé par l'effet de surprise sur l'humain. Je mène la Horde.
  • Je suis Aiden Perenolde, roi du royaume d'Altérac, s'annonça alors l'homme en tentant de faire bonne contenance. Vous parlez donc la langue commune. Je suis heureux que vous ayez répondu présent à ma demande.
  • Ton message parlait d'un accord, humain, enchaîna Marteau-du-destin.
  • C'est en effet ce que contenait le message. Je n'étais pas sûr que vous apercevriez l'oiseau messager. Je souhaite vous proposer un arrangement.

L'orc releva la tête, intrigué.

  • De quelle nature ? demanda-t-il.
  • Je suis au fait que la Horde est massée aux portes de mon royaume qui ne résistera pas bien longtemps à un assaut. Je sais aussi que ce col est traître, et que, bien que vous arriviez à le traverser, ce ne sera pas sans pertes.


Le Roi arbora un air mystérieux, mais devant le visage dubitatif de l'orc, il tomba le masque et poursuivit :

  • Je souhaite vous proposer un pacte.
  • Continue, se renfrogna Marteau-du-destin, qui à présent croisait les bras sur son torse.
  • Je peux vous indiquer un chemin moins tortueux et plus sûr, qui de plus vous fera gagner du temps, annonça Perenolde. Contre votre promesse de ne pas attaquer mon royaume, finit-il, la sueur perlant sur son front. Je tiendrai mes défenseurs à distance le temps que vous traversiez nos montagnes. Et vous m'assurez en retour de tenir vos guerriers.


Orgrim décroisa les bras et inspecta l'humain. Vêtu d'un long manteau richement orné de fils dorés brodés, assorti à sa capuche reliée et aux ornements présents sur ses bottes, ce roi prenait de toute évidence soin de ses apparats. Toujours méfiant à son égard, Orgrim continua :

  • L'offre me paraît honnête, admit l'orc, mais comment puis-je m'assurer que tu tiendras parole, humain ?

Le roi humain parut hésiter. Il était vrai que rien ne lui garantissait sa loyauté. Orgrim savait cependant que la lâcheté provenait de la peur, et que la peur pouvait paralyser. Ce qu'il ignorait, c'était à quel point cet humain le craignait. Orgrim insista :

  • Comment vous les humains parvenez à un accord de confiance ? Par une joute, un pacte de sang, un sacrifice, …
  • Par le mariage, intervint Perenolde.


Orgrim parut déconcerté. Il pensait connaître ce mot mais n'en connaissait pas le sens. Devant cet air arrêté, Perenolde poursuivit :

  • Une alliance qui consiste à unir un homme et une femme, bénie par un prêtre, devant qui le couple se jure fidélité éternelle.

L'orc comprit alors.

  • Un mâle et une femelle qui s'accouplent, poursuivit Marteau-du-destin. Nous faisons cela aussi, pour perpétuer notre lignée. Et tu me propose une de tes femelles comme compagne ?

Devant la grimace de l'orc, le roi se hâta de s'expliquer :

  • L'idée n'est pas de vous offenser, bien entendu, seigneur de guerre, se risqua Perenolde. Et si vous avez déjà une compagne...
  • Vos femelles sont fragiles, coupa Orgrim. Aucune d'elle ne résisterait à une vie parmi les miens.


Quelque peu décontenancé, Perenolde reprit :

  • Il s'agit pourtant de la meilleure garantie pour vous de notre loyauté. Un mariage avec l'une de mes filles, de votre choix bien sûr, dit-il en levant les bras devant lui comme pour rassurer l'orc. Nous les rois unissons nos royaumes en mariant nos enfants entre eux, cela renforce nos puissances militaires, et assure une alliance en tant de guerre.

Orgrim écarquillait les yeux. Cet humain, roi de son royaume, garant de sa sécurité, était sur le point de vendre une de ses filles, de la sacrifier, au chef des orcs, une race guerrière qui attaque les royaumes humains. Jusqu'à quel point pouvait-il lui faire confiance ? Ce marché l'intrigua.

Le roi humain ajouta :

  • De plus, si vous m'assurez que ma fille sera en sécurité à vos côtés, et que vous la traiterez bien, je puis vous garantir que vous trouverez une compagne douce et aimable.


Orgrim s'enquit alors :

  • Et si j'accepte ce marché, comment allons-nous le conclure ?
  • Je vous inviterai à me suivre au château, où je convoquerai mes trois filles afin que vous fassiez votre choix, répondit Perenolde.

Le Chef de guerre réfléchit. Le temps pressait, et il fallait prendre une décision rapide. Lordaeron se dressait derrière ces montagnes et la Horde devait reprendre la route rapidement. L'idée d'un chemin plus court était fort intéressante, bien plus que de prendre une compagne, chose dont il n'avait de toute façon pas le temps de s'occuper. De plus, les orcs ne prenaient pas femme en dehors de leur clan. Cependant, l'idée d'une descendance...

  • Bien, je réunis un groupe de guerriers et je te suis, se décida Marteau-du-destin.


Perenolde parut soulagé, malgré la nature sauvage et dangereuse de son interlocuteur, qu'il savait capable de le décapiter en une fraction de seconde.

  • Voilà qui me ravit, admit le roi.
  • En revanche, coupa Orgrim en se retournant pour faire face au roi, sache que si tu tentes de nous attaquer, ou de nous tendre un piège, ma Horde déferlera sur ton royaume qui finira en cendres.

Devant le visage élargit de l'orc par un rictus sinistre, le roi d'Altérac réprima un hoquet.

  • Je puis vous assurer que je suis un homme de parole, assura le roi en bombant le torse.


Quel personnage pitoyable, se dit Orgrim. Pourvu que ses filles, tout du moins l'une d'elle, fasse l'affaire, bien qu'il n'en fût pas du tout convaincu. Mais il ne perdait rien à suivre ce roi lamentable jusque dans son château, ne serait-ce que pour observer sa garde et son arsenal de combat.


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