La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 30 : Départ et arrivée

1558 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/02/2024 19:06

Chapitre 30 : Départ et arrivée.



Orgrim, qui était le premier à se lever, se dirigea vers le nain qui installait une double sacoche sur le dos de Crin-vif et était sur le point de les quitter. Contre toute attente, le voyage en compagnie du nain avait été plaisant, si tant est qu'Orgrim ait réussi à le décoder.

  • T'es v'nu m'dire au r'voir l'grand, entonna joyeusement Hermand. J'comptais pas partir comme un voleur.


Orgrim s'immobilisa devant le nain, l'air sérieux. Hermand se redressa pour mieux l'écouter :

  • Keera pense qu'on peut te faire confiance, et je l'espère aussi, ajouta l'orc. Sache que ceux qui s'en sont pris à nous ne sont plus là pour le dire.
  • Si tu crois que j'respecte pas ton besoin d'la protéger, tu t'gourres, le rassura Hermand. D'un certain côté, j'admire vot' attachement, et j'vous trouve touchants tous les deux. Mais j'vois ben qu'c'est important pour elle d'savoir d'où elle vient. Et si d'not' côté on peut en apprendr' plus sur les races anciennes, ben on prend !
  • Les races anciennes ? l'interrogea Orgrim.
  • Oui-da, mon gars, reprit Hermand. J'vois pas à quoi d'aut' qu'on a affaire là, j'ai jamais vu un elfe réunir autant d'capacités sous une telle apparence, et même sans son apparence. Y'a trop d'points bizarres que j'compte bien élucider, confia le nain.


Orgrim hésita. Il avait appris à faire confiance au nain, et souhaitait presque autant que Keera savoir qui elle était. Il n'avait pas le choix :

  • Je n'ai pas assisté à ça, mais un de mes lieutenant l'a vu changer de regard, ses yeux brillaient, et elle a montré une force surnaturelle, alors qu'elle était attachée, et certainement en rage, se risqua Orgrim. Elle a réussi à se libérer par la force et à arracher à mains nues une tête d'orc, poursuivit-il. Elle a aussi parlé dans une langue inconnue.
  • Woh ! J'aimerais pas êt' son ennemi, reconnut Hermand, complètement choqué. Et qu'est-ce qu'a provoqué ça tu penses ?
  • La mort de notre enfant, qui avait été supplicié devant ses yeux, confia t-il mornement et à contre cœur.


Hermand se raidit, choqué par l'aveu. Mais Orgrim reprit, malgré l'air outré du nain :

  • Elle n'a pas l'air de se souvenir de tout, et nous en parlons peu. Mais si ça peut aider à comprendre...

Orgrim luttait contre sa nature taciturne. Il n'était pas aisé pour lui de se confier, surtout à une personne inconnue il y a quelques semaines. Mais si cela pouvait aider aux recherches, aider Keera...

  • Tout ça c'est des histoires trop dures à raconter, et pourtant, tu m'les raconte pour son bien, souligna Hermand, ému. T'es un gars bien, Orgrim, j'vois qu'y a pas qu'les nains qu'ont d'l'honneur, sourit-il.


Respectant la discrétion de l'orc, Hermand n'ajouta rien, et s'attela à charger son bélier.

Keera, qui dormait toujours beaucoup, s'était enfin levée et marchait vers eux, relevant sa longue chevelure en queue de cheval.

  • J'espère que tu ne comptais pas partir sans dire au revoir, s'attrista Keera.
  • J'ferais jamais ça, parole de nain ! dit Hermand qui s'inclina et attrapa la main de Keera pour lui faire un baise-main.
  • Oh, serais-tu de noble naissance Hermand ? se moqua Keera qui feignait la pudeur.


Cet échange finit de convaincre Orgrim de la sincérité du nain.

Ils avaient convenu qu'à la belle saison, ils se rejoindraient à la ferme avec, ils l'espéraient, des réponses à leurs questions.

À présent à dos de bélier, Hermand leur envoya un signe de tête en guise d'adieux, et promit :

  • On va trouver, même si ça met l'temps, on va trouver, princesse.

Puis il éperonna Crin-vif qui s'élança dans le sentier au sud menant à Dun Algaz.



  • Tu te targue de pouvoir vaincre un Chanteguerre ? beugla un orc en langue orque qui se dressait devant un soldat humain. Viens-donc goûter de ma hache !
  • Rends-toi, orc, nous sommes plus nombreux ! hurla l'humain, quand d'autres apparurent et encerclèrent le Chanteguerre.

L'orc, nommé Bulmak, maintint sa garde, grognant et toisant ses adversaires.

  • Lok'Nolosh !


Le cri sortit de la forêt tel un hurlement sortant de la gueule d'une créature damnée. L'orc qui l'émit surgit des hauteurs et enfonça sa hache dans le crâne casqué d'un soldat, le scindant en deux. Le Chanteguerre qui était encerclé sourit, et s'élança sur l'ennemi le plus proche qu'il décapita. D'autres soldats semblaient pétrifiés par le cri de guerre de Grommash Hurlenfer, quand certains frissonnaient au son de Hurlesang qui dansait et entonnait son élégie destructrice.

  • Nous sommes plus nombreux qu'eux ! s'écria leur commandant qui voulait que ses hommes se reprennent.


En effet, une troupe supplémentaire d'une dizaine d'hommes se dirigeait à pied vers les deux orcs. Mais aucun des deux ne semblait résolu à se rendre.

  • L'ok'tar Ogar ! cria Hurlenfer de sa gueule proéminente.

Puis il chargea deux soldats qui se reprirent et bloquèrent son offensive de leurs épées. L'un d'eux entailla la cuisse de Grom qui grogna et enragea, la lueur de ses yeux rouges s'animant.

  • Crève, humain ! hurla Grom qui abattu Hurlesang sur le bras du soldat qui se désolidarisa de son corps.


L'humain hurla de douleur devant son bras coupé gisant au sol.

  • Tu vas payer ça, monstre, aboya l'autre soldat qui chargea Grom.

Hurlenfer para le coup asséné, mais ne vit pas l'autre humain qui s'élançait dans son dos. Mais l'humain fut transpercé d'une lance qui traversa sa tête pour ressortir de l'autre côté. Grom pivota après avoir occis celui qui le chargeait.

  • Keera ! s'écria-t-il, le visage marqué d'un rictus réjoui. Throm'ka, sourit-il.
  • Throm'ka, Grommash, lança Keera dans sa direction, lui rendant son sourire.


Puis tous deux reprirent le combat, tandis qu'Orgrim fondit sur un groupe de trois cavaliers et abattit le marteau-du-destin sur un soldat qui lui barrait la route. Assurément, la mort frappait, et chaque coup refrénait un peu plus les humains qui les entouraient.

Se croyant avantagés, les cavaliers ruèrent Orgrim qui envoya un puissant coup de marteau au premier qui fit tomber le second. Le troisième fonça sur Marteau-du-destin qui se redressa pour asséner un dernier coup en jetant son marteau à la face du cavalier qui tomba de sa monture.


Bulmak rit à gorge déployée devant la scène, pendant qu'il vit la princesse courir vers Marteau-du-destin qui lui fit la courte-échelle. En position accroupie dans les mains énormes de son compagnon, elle prit appui sur ses mains et Orgrim la projeta sur leurs assaillants. Dans les airs, elle tourbillonna sur elle-même et sa lance et s'abattit sur quatre autres cavaliers en les décapitant.

Elle atterrit un peu plus loin, et se positionna devant la troupe de renfort qui s'avançait vers eux.

  • Tu ne te dresseras pas seule, Keera, annonça Grom qu'une main énorme épaula.
  • Attends et regarde, dit Orgrim qui se posta à ses côtés.
  • Orgrim, ils sont une bonne dizaine, rétorqua Grom en le dévisageant, incrédule.
  • Elle est armée de sa lance, tout ira bien, le rassura Marteau-du-destin, serein.

Grom se tut et attendit, le regard rivé sur la princesse.


Keera n'attendit pas qu'ils soient à sa hauteur pour les charger, faisant tournoyer sa lance pour que chaque coup fasse mouche. Le premier rang des soldats ne se méfia pas assez et fut massacré à coup de lance. Trois soldats furent ensuite emportés par une bourrasque surnaturelle dont la chute les tua sur le coup. Quelques hommes à l'arrière du bataillon hésitèrent, mais Keera ne leur laissa pas le temps de réagir. Elle en éventra deux avec sa lance, et en embrocha un troisième. Laissant derrière elle sa lance et l'embroché, elle rua un par un les soldats restants, les abrutissant de coups de pieds précis et d'attaques rapides à l'aide de ses mains. Ses techniques précises lui permettaient de toucher les points vitaux, ce qui entraînait un éclatement de certains organes ou artères, si bien que la mort s'en suivait.


Essoufflée, elle fut rejointe par Orgrim et Grommash une fois le massacre terminé.

  • Avec autant de guerriers de renoms, ces humains n'avaient aucune chance ! s'esclaffa Bulmak qui marchait vers eux.
  • Peuh ! Un seul aurait suffi, bouda Grom.

Keera et Orgrim lui sourirent, tandis que sa gueule s'élargit pour laisser sortir son rire si dément que les animaux environnants prirent peur et se sauvèrent.

  • Ils étaient nombreux Grom, rappela Keera, quelque peu inquiète.
  • Ils le sont de plus en plus ces temps-ci, confirma Hurlenfer. Cinq des nôtres ont déjà été tué par une de ces troupes.

Keera s'accroupit pour mieux examiner les cadavres.

  • Nous allons les brûler, ils sont trop près du souterrain, déclara Grom qui tirait déjà l'un des corps pour les rassembler et dresser le bûcher.
  • Le tabard de Hurlevent, reconnut la princesse. Ils sont loin de leur royaume. Est-ce qu'ils traqueraient les orcs pour se venger ? se demanda-t-elle.
  • Si c'est le cas, nous serons prêts à les cueillir, scanda Grom en brandissant Hurlesang bien haut.


Laisser un commentaire ?