La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 32 : Un hiver chez les Chanteguerre

3522 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/02/2024 19:21

Chapitre 32 : Un hiver chez les Chanteguerre.



De retour au souterrain, ils s'aperçurent que le dragon avait raison : Bazol, ainsi qu'un Chanteguerre étaient de retour. Bazol, si heureux de retrouver son chef et sa compagne, les étreignit, oubliant le protocole.

  • Mon chef ! Princesse ! C'est bon de vous revoir.
  • Te serais-tu tant ennuyé pour être aussi heureux de nous revoir ? se moqua Orgrim.
  • Nous nous sommes inquiétés, Bazol, dit Keera qui faisait allusion à sa sortie à Grim Batol.
  • Toutes mes excuses princesse, nous avons été négligents, dit Bazol.
  • En effet, je confirme, dit Grom qui s'approchait dangereusement de Bazol.

L'orc rochenoire se tassa légèrement. Il savait le chef Hurlenfer peu enclin au pardon, et redoutait sa réaction.

  • Où est Borosh ? demanda Grom. C'est lui qui menait le groupe.
  • Il a été tué, chef, affirma l'autre chanteguerre. Nous avons occis les Rochenoire qui l'ont tué, et ces deux-là se sont enfuis, dit-il en désignant Ethrok et Nakur du doigt.


Grommash pivota pour les toiser. Les deux jeunes rochenoire, bien que rompus au combat, sentirent la menace les dévisager, comme une impression physiquement palpable. Le chef des Chanteguerre n'était pas un orc dont on soutenait le regard. Il s’avança alors vers les deux qui tentèrent de conserver un air digne.

Orgrim stoppa net Keera qui voulait s'interposer. Elle ne pouvait pas intervenir.

Grom arriva à leur hauteur, ouvrit sa gueule tellement grand qu'ils pensèrent qu'elle se briserait, et émit son cri de guerre. Les deux rochenoire se recroquevillèrent au son démesuré et furent presque hébétés. Keera se demanda alors s'il n'allait pas les manger.


Satisfait de l'effet produit par son cri de guerre, Grom entonna :

  • Il faut en avoir sous le ceinturon pour s'en prendre à des Chanteguerre ! (il les renifla). Vos noms ? demanda-t-il.
  • Je suis Ethrok, et lui c'est Nakur. Nous sommes du clan Rochenoire.
  • Et depuis quand le clan Rochenoire attaque les autres clans ? questionna Grom qui les couvrait de son ombre.
  • Depuis que Rend Main-noire dirige le clan, osa Nakur.
  • Il est là, le chef du clan Rochenoire, affirma Grom en donnant un coup de tête vers Orgrim.
  • C'est vrai, Rend est un usurpateur, s'écria Ethrok. Et nous ne le suivrons plus.
  • Tiens donc, suspecta Grom. Et tu crois sincèrement qu'on va faire confiance à des traîtres repentis de la dernière lune, hum ?
  • Nous ne sommes pas des lâches, et nous avons refusé de tuer ces orcs, cria Ethrok. Rend tenait ma sœur, et d'autres, mais nous n'obéirons plus. À présent, je suivrai Orgrim Marteau-du-destin, notre seul vrai chef, et quiconque doutera de ma loyauté je l'éliminerai sur le champ !

Grommash se redressa, et examina le jeune rochenoire. Il ouvrit sa gueule, et l'élargit pour former un sourire satisfait. Puis, il leur tourna le dos, et s'avança vers Orgrim :

  • Lui, il en a sous le ceinturon.

Il tapota sa main énorme sur l'épaule d'Orgrim, puis s'enfonça dans les tunnels du souterrain.



Heureux de se retrouver enfin seuls, dans leur tunnel privé qui n'avait pas changé depuis la dernière fois, Keera et Orgrim se prélassèrent sur leur couche. Débarrassé de son armure, l'orc étira ses bras, tandis que la princesse était perdue dans ses pensées.

Quelle joie ce fut de retrouver un visage familier, et surtout, qui lui rappelle son intrépide et envahissante amie.

  • Il est loin le temps où je retrouvais Tula nichée dans ma chevelure, sourit Keera.
  • Tant que je ne retrouve pas son fils faisant la même chose, marmonna Orgrim.
  • Que vont-ils devenir, maintenant qu'ils t'ont prêté allégeance ?
  • Le clan Rochenoire n'est plus, enfin plus vraiment, dit Orgrim. Ces gamins vont prendre leur propre route, et quand l'heure arrivera de se réunir à nouveau, ils répondront à l'appel.
  • Je pense que tu as raison, ils doivent trouver leur propre chemin. Mais, et s'ils souhaitent rester avec nous ? Enfin, avec leur chef, se reprit la princesse.
  • Je leur botterai le train si fort qu'ils déguerpiront sans même se retourner, jura Orgrim.



Keera croyait sincèrement qu'il en était capable. Son époux était décidément la douceur incarnée. De toute évidence, Orgrim tenait à leur intimité. Et c'était très bien ainsi.

C'était même presque étrange, pour quelqu'un qui avait toujours vécu une vie clanique. Orgrim lui avait toujours donné cette impression d'être différent, surtout parmi les siens.

  • Et que penses-tu de ces Gueule-de-dragon ? Sont-ils dignes de confiance ? demanda Keera.
  • Je comprends qu'ils n'aient pas rallié Rend, après tout, ils m'étaient loyaux. Mais sans la présence de Zuluheb, leur chef, je ne peux garantir qu'ils soient de notre côté, conclut Orgrim.
  • Vas-tu tenter de les rallier ?
  • Non, nous allons passer une saison ici, au calme, et repartirons à l'arrivée des beaux jours. En priant les Ancêtres pour que les années à venir soient paisibles et calmes, espérait Marteau-du-destin.

Il n'était pas encore temps de rallier les orcs sous sa bannière. Il avait besoin de réfléchir, de prendre du recul. Et de voir comment les choses évolueraient avec le temps.



Les regroupements d'humains et de nains se faisaient de plus en plus nombreux et fréquents. Le Port de Menethil, plus loin à l'ouest des Paluns, entre autres, y était pour quelque chose. Ce flux mettait en danger le clan Chanteguerre, habitué à chasser dans les environs. Toute sortie était compromise, et demandait une organisation particulière.

C'est ainsi qu'ils travaillèrent à se dissimuler davantage aux yeux des humanoïdes qu'à ceux des animaux. Ils pouvaient alors disparaître dans la nature et fondre sur leur proie sans être vus. Devenus de fins chasseurs furtifs, les Chanteguerre, aidés de leurs hôtes de marque, purent également récupérer quelques armes supplémentaires suite aux nombreuses rixes que se livrent les nains de clans différents des environs.


Cela n'évitait pourtant pas tout affrontement. Car, ils le savaient à présent après avoir questionné un soldat de Hurlevent, le jeune roi Varian Wrynn traquait les orcs renégats afin de les éliminer de l'équation. Motivé par une haine farouche des orcs, il menait attaque sur attaque, et ne laissait aucun survivant. Hardi combattant, le roi humain pouvait tenir tête à un orc plus massif que lui. Raison pour laquelle Hurlenfer trépignait d'impatience de tomber dessus.

  • J'ai hâte de lui faire tâter de ma hache, lança Grom, les yeux luisants d’excitation.
  • Rien ne nous dit qu'il repassera par les Paluns, rappela Marteau-du-destin. Et je ne suis pas sûr que s'en prendre à un roi humain soit judicieux tant que nous n'avons pas une armée complète derrière nous.
  • Sauf si Grom pense pouvoir venir à bout des armées humaines ralliées, ironisa Keera.
  • Je n'ai pas dit que je partais le traquer, se renfrogna Grom. Mais, si mes Chanteguerre et moi croisons sa route, Hurlesang léchera son sang.
  • Ce qui est sûr, c'est que nous ne prendrons pas de risques inutiles pour notre peuple, assura Orgrim pour couper court à la conversation.


Grommash se tut. Il ne pouvait tenir tête à Marteau-du-destin, et savait, au fond, qu'il avait raison. Les orcs avaient suffisamment soufferts de la corruption démoniaque et de ses conséquences, et il était évident qu'ils n'étaient pas prêts pour une autre guerre.

Grommash peinait toujours à refréner ses ardeurs, et pourtant, il avait été le premier à boire le sang démoniaque qui leur avait été offert. Il portait ce poids qui s'alourdissait, à mesure que l'énergie démoniaque se dissipait, l'obligeant à réaliser le contrecoup de leur faiblesse. Boire ce sang maudit les avait rendus forts, puis faibles. Il en était certain. Rien auparavant n'avait rendu les orcs ainsi léthargiques.


Il le voyait chez chacun de ses guerriers. Tous avaient bu le sang, et tous semblaient toujours plus vulnérables et fatigués. Ça ne pouvait être le fruit du hasard, car Orgrim n'avait pas bu le sang, et ne souffrait pas de ce déclin croissant.

Tout cela l'effrayait, en réalité. Mais il refusait de laisser venir la peur s'insinuer en lui. Il portait la responsabilité de son clan, et se devait de lui prouver qu'il ne fallait jamais fléchir devant un obstacle. C'est sur cette maxime qu'il avait fondé sa réputation, et qui lui avait apporté le respect des siens.


Rêvant des jours de gloire passés et à venir, Grom se perdait dans ses pensées, tandis que Keera et Orgrim se levèrent. Les récents affrontements avaient galvanisé le chef de clan, et ils pouvaient voir dans son regard la dure réalité qui tamisaient la lueur de ses yeux.

  • Nous en reparlerons demain, annonça Marteau-du-destin.

Puis ils quittèrent le tunnel de Hurlenfer.



Le lendemain, tout le souterrain était en alerte. Un groupe de soldats humains s'était approché de l'entrée de la cachette après avoir vu des chasseurs orcs s'y engouffrer.

Apparemment, ils étaient en train d'inspecter le feuillage qui dissimulait le passage, seule issue en cas d'attaque.

  • Il reste un groupe à l'extérieur ? demanda Grom à Iskar.
  • Non, nous sommes tous là, nous évitons de sortir à plusieurs groupes depuis que tu l'as ordonné, répondit Iskar.
  • Bien, préparez-vous. Si les humains passent l'entrée, nous les étriperons, grogna Grom.


Un groupe de quatre guerriers était posté près du tunnel menant à l'entrée, puis un autre groupe quelques pas plus loin. Le reste s'était dispersé dans les galeries, prêts à surgir des profondeurs du souterrain.

Ils attendirent une heure, puis deux. Après la troisième heure, Grom se chargea de vérifier l'état de l'entrée. D'après le feuillage, qui ne semblait pas avoir été touché, personne n'avait dû trouver l'entrée.

  • Bien, combien de jours pouvons-nous tenir en termes de vivre, Grom ? s'enquit Orgrim.
  • Si on se rationne maintenant, à peine une semaine, répondit Hurlenfer.
  • Il va donc falloir tenter une sortie dans quelques jours, dit Orgrim.
  • J'irai, s'écria Keera.
  • Attendons de voir...
  • J'irai seule, coupa Keera.
  • O'nosh, s'ils campent devant, nous ne savons pas à combien ! reprit Orgrim.
  • S'ils voient un orc sortir du souterrain, ils comprendront, affirma la princesse. Nous ne pouvons pas faire prendre ce risque au clan.


Marteau-du-destin savait qu'elle avait raison. Mais il ne voulait pas qu'elle prenne un si gros risque.

  • Tu ne sortiras pas seule, campa Orgrim. Allons discuter de la suite ailleurs.

Il donna un coup de tête en direction des tunnels à Keera et Grommash. Keera se retint de ne pas renchérir. Elle savait qu'il lui fallait éviter de contredire Orgrim devant les autres orcs. Elle garderait ses arguments pour leur débat.


Grom et Keera emboîtèrent le pas à Marteau-du-destin. Dans une galerie un peu plus loin et isolée, ils s'assirent et échangèrent à propos de la prochaine sortie.

  • Si nous devons mourir, autant le faire l'arme au poing, dit Grom.
  • La situation n'est sûrement pas aussi désespérée Grom, indiqua Orgrim. Nous tenterons une sortie dans quelques jours.

Keera les écoutait. Orgrim fut stupéfait de sa passivité, et s'attendait à ce qu'elle intervienne rapidement.

  • Nous pourrons nous placer à travers les feuillages pour examiner les environs sans être vu, poursuivit Grom. Mais l'angle de vue sera limité.
  • En effet, l'angle de vue ne nous permettra pas d'avoir une vue d'ensemble, ajouta Orgrim. Non, il faut en sortir à découvert, je ne vois pas d'autre solution.


Tous deux se turent, tandis que Keera restait silencieuse. Il n'y avait qu'elle qui pouvait tenter cette sortie, c'était une évidence. Et elle voulait qu'ils parviennent à cette conclusion eux-même. Ou en tout cas, qu'Orgrim cesse de s'inquiéter pour elle au point que cela mette en danger le clan Chanteguerre.

Elle les observait en haussant les sourcils. Grommash, qui ne comprenait pas non plus le mutisme de la princesse, passait son regard de l'un à l'autre. Après un moment de réflexion, Orgrim se lança :

  • Tu te replie sur le champ s'ils sont trop nombreux, O'nosh, ordonna Orgrim, le regard noir.
  • Nous nous tiendrons prêts à les recevoir si besoin, déclara Grom, un sourire sadique déformant son visage encore davantage.
  • Je veux ta parole, O'nosh ! Et si tu ne tiens pas ta promesse, je viendrai moi-même te tirer par la peau du dos, menaça Orgrim.


Amusée par leur réaction, Keera acquiesça :

  • Très bien, chef de guerre. Tu as ma parole.
  • Bien, dit Orgrim, quelque peu sur la défensive. Nous allons prévoir plusieurs plans selon ce qui se présentera dehors.

Keera aimait le voir ainsi, sûr de lui et transmettant indirectement son savoir-faire tactique et ses qualités de meneur. Et, plus que tout, elle affectionnait ces moments où il lui rappelait son attachement profond avec tant de pudeur.



Le jour de la sortie était venu. Ils convinrent de plusieurs plans d'action pour différents cas de figure. Et, selon la situation, le clan interviendrait pour protéger la princesse.


Silencieusement, Keera s'inséra dans les feuillages cachant l'entrée, prête à dégainer sa lance double-lame. Elle examina les environs. Rien.

Elle sortit doucement, s'extirpant de la ramure, alerte. Elle demanda à la végétation si des soldats pouvaient s'y trouver, mais aucun ennemi ne se cachait dans les environs. Elle releva sa capuche et couvrit sa tête.

Comme convenu si toutefois aucun ennemi n'était en vue, Keera partit inspecter les alentours dans un périmètre plus large.

Elle marcha un moment, se dissimulant des gnolls qui guettaient non loin du marais qu'elle traversait.


Elle s'aventura jusqu'à voir l'horloge du port de Menethil poindre à l'horizon, puis rebroussa chemin et reprit son inspection en sens inverse.

  • Vous ne devriez pas être seule par ici, même avec une telle arme, entonna une voix grave et forte.

Keera n'eut pas le temps de se retourner que son interlocuteur se tenait à ses côtés, regardant dans la même direction. Il se déplaçait si furtivement qu'elle ne l'avait même pas entendu s'approcher.

  • Je peux me défendre, si c'est cela qui vous inquiète, répondit la princesse qui l'observait du coin de l’œil.

Il s'agissait d'un jeune humain, très grand et large de carrure. Un chevalier peut-être. Sa crinière brune était relevée sur sa nuque, encadrant un visage étrangement harmonieux pour un air aussi dur. Ses yeux bleus étaient vifs. Puis il reprit :

  • Il est étrange de trouver une femme seule au milieu d'un marais rempli de gnolls, de sombrefers et pire encore, suspecta-t-il les yeux plissés.


Il l'examinait également. Elle vit qu'il ne portait pas de tabard mais l'écusson de Hurlevent. Il devait mener l'une des troupes qui pourchassait les orcs sur ordre de son roi.

  • J'ai déjà vu plus étrange, se moqua Keera. Et je ne suis pas seule, le campement où se trouve mon compagnon n'est pas très loin.
  • Je devrais peut-être vous y raccompagner, dans ce cas, poursuivit l'humain qui pivota pour lui faire face.
  • Je doute qu'il apprécie de me trouver en galante compagnie, mais merci, dit-elle. Vous-même êtes peut-être loin de votre garnison.


Devait-elle le tuer ? Son épée reposait dans son fourreau, et il ne semblait pas désireux de s'en servir. De plus, s'il disparaissait, et si sa troupe partait à sa recherche, elle pourrait bien s'attarder dans les environs et trouver le souterrain. Mais s'il devenait insistant, elle n'aurait pas le choix. Elle prit donc sur elle et sourit :

  • Je vous assure que tout va bien. Ai-je donc l'air d'une pauvre femme que l'on devrait secourir ? tenta-t-elle.
  • Non, en effet, répondit l'humain, toujours sur la défensive.

Se pourrait-il qu'il la suive après l'avoir quitté ? Elle devait prendre le risque, et tenter de le semer ensuite si besoin.

Alors qu'elle avait pris sa décision, elle vit un groupe de gnolls par-dessus l'épaule du guerrier qui s'apprêtaient à les charger. Suivant son regard, et voyant qu'elle empoignait sa lance, il se retourna et attrapa l'une des créatures qui se jetait sur lui. Il l'étrangla de ses mains, et dégaina son épée tandis qu'il tua deux autres gnolls avant de se retourner vers la jeune femme qui avait disparu.


Cachée dans un sentier un peu plus loin, Keera observait la scène. L'humain se battait comme un diable. Et pendant qu'il hachait menu le reste des gnolls qui l'assaillirent, elle s'éloigna, convaincue qu'il croulerait sous le nombre.

Elle attendit un bon moment, s'éloigna encore puis revint sur ses pas. Revenue près du souterrain, elle aperçut Orgrim qui en sortit, suivi de Grom et de plusieurs Chanteguerre.

  • Tout va bien, les rassura Keera devant le visage mitigé de son compagnon. J'ai rencontré un chevalier humain bien plus loin que j'ai laissé aux prises avec un groupe de gnolls. Ils doivent se repaître de son cadavre à présent, plaisanta-t-elle. La voie est libre.
  • Chanteguerre, à la chasse ! hurla Grom, parfaitement prêt à en découdre avec les pauvres animaux qu'ils allaient croiser.


Keera et Orgrim les regardèrent s'engouffrer dans la végétation froide et humide des Paluns.

La princesse fixa Orgrim et dit :

  • Tu vois, tout ne peut pas toujours mal se passer. Et puis nous étions préparés.
  • C'est vrai, mais tu sais combien je n'aime pas te voir prendre des risques, confessa Orgrim.
  • Quand cesseras-tu de t'inquiéter ainsi ? se fâcha Keera. Tu penses vraiment que je suis une brindille ?
  • Mfr, une brindille impossible à déraciner, dit fièrement Marteau-du-destin.


Sur ces mots, Orgrim tira Keera par le bras pour l'amener contre lui. Il était si reconnaissant aux Ancêtres de lui avoir donné une telle compagne.

La princesse se blotti fort, puis se dégagea, montrant à Orgrim ce que renfermait sa main :

  • Un bout de papier... un message ? Il t'est adressé ?
  • Un oiseau est venu se poser sur mon épaule tout-à l'heure, dit Keera. J'ai mis du temps avant de m'apercevoir qu'il portait un message.
  • Dis-moi, demanda l'orc, intrigué.
  • C'est un message de Hermand. Il nous donne rendez-vous à la fin de la basse saison au point où nous nous sommes quittés.



La troupe de soldats de Hurlevent stationnée devant le Port de Menethil s'impatientait. Leur jeune roi s'était aventuré seul dans les fourrés marécageux après avoir appris que les orcs récemment aperçus dans les Paluns demeuraient introuvables. Fulminant, il avait ordonné à ses gardes de rester au camp et partit se défouler sur la faune locale.

Le monarque se montra après plusieurs heures, couvert de sang et probablement plus détendu.

  • Votre Majesté, l'endroit est hostile, nous nous sommes inquiétés et...
  • Et tout va bien, coupa le roi, apparemment encore sur les nerfs. Trouvez-moi Aloys, et vite !
  • Bien, sir, acquiesça l'un des gardes qui s'éloigna à la hâte.


Le roi commença à se débarbouiller le visage à l'aide d'une étoffe baignée dans une bassine tandis qu'il était rejoint par son agent spécialisé dans l'étude des populations.

  • Aloys, les rapports démographiques des Paluns font-ils état de la présence d'elfes ? demanda le roi tout en s'essuyant le visage.
  • Non, sir, avoua Aloys, presque embêté devant le faciès désappointé de son monarque. Les seuls elfes connus demeurent à la pointe nord du continent.


Le roi Varian n'était pas tout à fait sûr que la jeune femme qu'il avait croisée était une elfe. Mais il n'avait encore jamais vu d'humaine avec de tels yeux, ni un tel visage.

Soudain, il réalisa combien le compagnon de la dame était chanceux de s'être trouvé une femme aussi belle et, visiblement, belliqueuse. À cette pensée, le roi sourit.

  • Sa Majesté a-t-elle fait une rencontre heureuse ? osa Aloys devant le changement d'expression du roi.
  • Je dirais plutôt une apparition étrange, agréa le roi qui replia l'étoffe à présent maculée et la confia à son serviteur.

Tibalt, un ancien écuyer devenu chevalier, puis ami proche du roi qui le connaissait bien, s'approcha et dit :

  • Votre promise a-t-elle des raisons de s'inquiéter ? Il est vrai que vous ne l'avez encore jamais rencontrée, railla le jeune chevalier.

Le roi Varian le fusilla du regard :

  • J'honore toujours mes engagements, fussent-ils décidés par mon père, l'admonesta le roi.
  • Toutes mes excuses, votre Majesté, se reprit Tibalt.


À nouveau de mauvaise humeur, le jeune roi se replia sous sa tente après avoir ordonné à ses troupes de préparer leur départ des Paluns le lendemain.

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