La voie du chasseur: Les pérégrinations d'une chasseresse Sin'dorei
Son arrivée à Oribos avait surpris tous les étranges habitants de la ville flottante. Remis de leur stupeur, ils l'avaient appelée Sans-entrave et l'Auguste Voix Tal-Inara l'avait menée devant l'Arbitre. Elle lui avait parlé de son rôle et de ce qui lui était arrivé.
Peu de temps après, Bolvar et les rescapés de la Lame d’Ébène débarquèrent à leur tour. L'ancien roi-liche expliqua aux dirigeants de la Cité Éternelle ce qui s'était passé avec le Heaume de Domination. Mais lorsqu'il décrivit les créatures ailées qui avaient enlevé leurs amis, Tal-Inara s'offusqua. L'Auguste Voix parla pour la première fois des Kyrians, jurant qu'ils ne feraient jamais une chose pareille.
C'est ainsi que Faëline découvrit l'existence des quatre grandes congrégations. En tant qu'âme Sans-Entrave, il fut demandé à L'Elfe de mener l'enquête. Les surveillants Kah-Delen et Kah-Shir puisèrent dans les réserves d’ Anima de la cité pour ouvrir la voie menant au Bastion. Et c'est comme cela que la chasseresse débuta son voyage en Ombreterre.
Lors de ce périple, la Sin'dorei prêta main forte aux quatre congrégations principales. Elle y retrouva d'ailleurs quelques âmes parmi les plus connues d'Azeroth. À Bastion, elle découvrit qu'Uther avait rejoint les rangs des renégats, que Draka, la mère de Thrall, s'était élevée au titre de baronne chez les Maldraxxi et chez les Venthyrs, elle fit pour un temps équipe avec l'ancien prince déchu de Lune-d'Argent. Bien que ce dernier soit en pénitence à Revendreth, l'Elfe le trouva toujours aussi arrogant que de son vivant.
Même si son aide fut appréciée de chacun, se fut chez les Faë Nocturnes que l'Elfe de sang se sentit le plus dans son élément. Au point d'ailleurs de prêter allégeance à la Reine de l'hiver. À Sylvarden la chasseresse sauva l'âme d'Ysera. Malheureusement il y eut un prix à payer, et l'ancien Aspect du Vol draconique vert fut désormais liée au royaume de la mort.
Étant capable de voyager dans l'Antre et d'en revenir, le Maître-chasseur y sauva le plus d'âmes possible parmi celles qui auraient dû rejoindre les forêts de Sylvarden. Cela permit de palier quelque peu à la pénurie d’ Anima.
À son plus grand déplaisir, un jour où elle quittait le Cœur de la forêt, Faëline fut accostée par le Loa Bwonsamdi. Ce dernier lui demanda un service en l'honneur de leur collaboration passée. L'Elfe l'aida à mettre hors d'état de nuire Mueh'zala, son ancien mentor également responsable de la nomination de Sylvanas en tant que Cheffe de guerre de la Horde.
Lors de ses incursions sur les terres du Geôlier, la Sin'dorei rencontra la négociante Ve'nari avec qui elle fit quelques affaires. Plus elle remplissait de mission dans l'Antre et plus l'Elfe de sang en apprenait sur cet endroit maudit. Si bien qu'elle parvint même à exfiltrer Thrall, Baine et Jaina de Tourment, la tour des Damnés où le Geôlier les avait enfermés. Le souverain de Hurlevent quant à lui restait introuvable.
Avec l'aide d'Anduin et de Sylvanas, le maître de l'Antre finit par s'emparer des cachets que les dirigeants des congrégations conservaient précieusement cachés dans leurs royaumes respectifs. À partir de cet instant, Zovaal fut en mesure d'envoyer ses troupes attaquer directement Oribos.
Un jour, alors que tous cherchaient désespérément un moyen de contrer les Antreliges, le Scribe du destin Roh-Tahl annonça la présence dans l'Antre d'une seconde pierre d'accès. Il chargea alors la chasseresse de l'activer dans le but d'établir une connexion avec la Cité Éternelle. D'après le scribe, grâce aux pouvoirs de l'âme Sans-Entrave, cela permettrait aux armées des congrégations de circuler librement dans l'Antre à l'aller comme au retour.
Pour l'aider dans ses recherches, Faëline fit appel à Ve'nari. Cette dernière lui apprit alors que le Geôlier avait utilisé d'énormes chaînes pour attirer un royaume brisé dans son domaine. L'endroit revêtant un certain intérêt aux yeux de la négociante, elle accepta d'y conduire l'Elfe de sang. À Korthia, les deux femmes firent la rencontre de Tal-Galan, le gardien des secrets. À la suite d'une épreuve imposée à la chasseresse, il lui révéla qu'elle était au centre d'une très ancienne prophétie. Le sort de l'Ombreterre reposait entre ses mains. Ce fut sous le choc de cette découverte que la Sin'dorei activa la pierre d'accès de Korthia. Elle retourna ensuite à Oribos où les chefs de faction attendaient son feu vert pour envoyer leurs armées donner l'assaut.
Pendant cette campagne, le Maître-chasseur fut convoqué d'urgence par Ysera au Cœur de la forêt. La dragonne aux écailles émeraudes était très inquiète pour Tyrande Murmevent. En effet depuis l'attaque de Sylvanas contre la Reine de l'hiver et le vol de son cachet, les Faë Nocturnes avaient gardé sous surveillance la Guerrière de la Nuit. Les habitants de Sylvarden espéraient venir en aide à la Grande Prêtresse d'Elune. Malheureusement son état s'aggravait au grand dam de la Rêveuse et de Shandris Pennelune, la fille adoptive de Tyrande et Malfurion. Le pouvoir d'Elune menaçait de détruire l'essence même de Tyrande et l'ancien Aspect ignorait combien de temps encore, elle pourrait résister. Selon les informations recueillies auprès d'un précédent Guerrier de la Nuit résidant à Sylvarden, il y aurait un moyen de sauver la Grande Prêtresse. Avec l'aide de Huln Haut-Roc, Faëline et Shandris partirent à la recherche d'autres citoyens de l'Ombreterre ayant eux aussi jadis reçus le pouvoir de la déesse lunaire. S'ils acceptaient de les aider à accomplir le cérémonial, Tyrande pourrait être sauvée.
Bien que réticente au début la Kaldorei, très soucieuse pour sa mère, donna sa chance à la chasseresse et toutes deux finirent même par bien s'entendre.
En échange de menus services, Khaliiq de Maldraxxus puis la Créalithe de Revendreth acceptèrent de rejoindre Thiernax à Sylvarden. En les voyant arriver, Ysera fronça les sourcils d'un air préoccupé.
- Nous espérions rassembler d'avantage de Guerrier de la Nuit, mais nous allons devoir nous contenter de ceux que nous avons. En espérant que ce soit suffisant, soupira-t-elle.
Accompagnées de quelques Faë, la Dragonne et Faëline rejoignirent les autres et entamèrent le rituel. Hélas Tyrande ne se laissa pas faire et commença à se débattre. Shandris tenta de calmer sa mère pour permettre au rite de s'accomplir.
Alors qu'ils absorbaient une part du pouvoir de la Grande Prêtresse, les autres Guerriers de la Nuit se rappelèrent l'incommensurable pouvoir qui les avait investi autrefois. Récalcitrante, Tyrande continua à puiser dans la puissance d'Elune au lieu de s'en libérer. Les autres manquèrent alors d'être dépassés par les événements, obligeant la Reine de l'hiver à intervenir. Cette dernière était d'ailleurs en colère de ressentir le pouvoir de sa sœur dans son domaine. Mais à travers Tyrande, la déesse de la lune s'adressa à elle et le malentendu qui par le passé avait fâché la Reine fut dissipé. Tandis que la puissance de la Guerrière de la Nuit la libérait de son joug, une larme roula sur la joue de Tyrande. La perle salée appartenait à Elune elle-même, et une douce lumière en émana lorsqu'elle toucha le sol. Tout en se demandant ce qu'avait voulut dire la Reine de l'hiver en évoquant un destin réservé aux âmes des Kaldorei, Faëline la ramassa précautionneusement.
Grâce à la larme d'Elune, le Cœur de la forêt retrouva son intégrité et un nouveau cachet fut forgé pour Sylvarden. La Reine remercia, en son nom et celui de tous ses sujets, la chasseresse pour son aide précieuse et lui affirma qu'au jour de son trépas, une place de choix lui serait réservée dans les bosquets. Ysera également lui fit part de ses remerciements tout comme ses adieux avant de lui demander de regagner Korthia pour reprendre le combat.
En se dirigeant vers le portail qui la ramènerait à Oribos, la Sin'dorei croisa Tyrande en grande conversation avec les âmes des Elfes de la nuit qu'elle avait sauvées de l'Antre. Ces dernières assuraient la Grande Prêtresse de leur foi, lui affirmant qu'elle saurait mener les Kaldorei avec sagesse. Émue, l'épouse de Malfurion leur répondit qu'elle tâcherait de se montrer digne de leur confiance.
Une fois revenue de Sylvarden, c'est une autre âme que l'Elfe de sang tenta de sauver, celle d'Uther déchirée par Deuillegivre. Faëline parvint à dérober dans la collection privée du Geôlier, le fragment d'esprit appartenant à l'ancien paladin. Au Bastion, ils utilisèrent le miroir des âmes de Thénios. Faëline se retrouva dans les souvenirs complètement mélangés du passés d'Uther. Avec l'aide de Kléia et de Pélagos, elle réussit à accomplir le douloureux rituel permettant à Uther de redevenir un Kyrian.
- Si mon âme a pu être restaurée, notre union avec les désavoués peut l'être aussi, déclara-t-il vibrant d'espoir.
Suite à l'expérience d'Uther, le Marchedroit Adrestès annonça que le choix de conserver ou non leurs souvenirs serait désormais offert aux Kyrians. Ceux-ci n'étant plus considérés comme une faiblesse mais comme un moyens de les rendre plus forts.
Sur cet entrefaite, la Reine Banshee et le Geôlier attaquèrent en force Oribos. Aidé par un Anduin toujours contraint et forcé, le maître de l'Antre s'en prit à l'Arbitre dont il finit par absorber l'essence. Sylvanas Coursevent fut quant à elle vaincue par les aventuriers venus en renfort depuis Azeroth. N'appréciant pas les perdants, le Geôlier l'abandonna sans remord à ses détracteurs. Il lui offrit cependant un dernier cadeau d'adieu en lui rendant son fragment d'âme perdu. Le choc fut si violent que la Réprouvée sombra dans l'inconscience et Bolvar décida de la garder prisonnière à Oribos dans l'attente de son réveil.
Zovaal avait de nouveau disparut et Anduin avec lui. Le jeune souverain avait malgré tout réussit à trouver assez de force en lui pour reprendre un très court instant le contrôle. Cela lui avait suffit pour faire parvenir à ses alliés une magnifique boussole ouvragée. Faëline la ramassa et put sentir courir sous ses doigts les frémissements d'un enchantement.
À la suite du cuisant échec que venait de leur infliger le Geôlier, le Primat de Maldraxxus décida de réunir à Korthia les représentants des quatre congrégations. Profitant de la présence de Jaina, la chasseresse lui remit la boussole et l'Archimage rompit aisément le sceau magique. Un souvenir leur apparut alors sous forme de silhouettes vaporeuses. Il s'agissait d'Anduin et de Sylvanas et tous deux semblaient en grande discussion.
- La bataille est imminente, déclarait Coursevent, je m'occuperai des envahisseurs au sommet de Tourment. Une fois à Oribos, vous défendrez Zovaal le temps qu'il accomplisse le rituel.
- Dites plutôt qu'il me forcera à le défendre, lui rétorqua Anduin. Chaque fois qu'il me soumet à sa volonté, je sens que je perds un peu plus de moi. Est-ce ce que vous avez ressenti quand Arthas vous à transformée, Sylvanas ? Ce vide intérieur... Tout ce que vous étiez, dévoré par les ténèbres.
- Oui, jeune lion, répondit-elle après un court silence. Mais en fin de compte, les sacrifices consentis porteront leurs fruits. Une fois le cycle de la vie et de la mort brisé et reconstruit, nous...
- D'ici là, je serai irrémédiablement perdu, s'écria le souverain de Hurlevent, et vous aussi. Puis il déclara d'un ton amer : J'espère seulement que mes amis se souviendront de moi tel que j'étais... Et non pas tel que vous m'avez forcé à devenir.
La vision s’effaça peu à peu et bientôt la boussole cessa d'étinceler. Tous avaient gardé le silence et ce fut le regard brillant de larmes contenues que Jaina le rompit :
- Nous ne vous perdrons pas Anduin. Je vous le promets !
Bolvar Fordragon se tourna alors vers le Primat.
- Primat, ce qui s'est passé dans la salle de l'Arbitre dépasse l'entendement des mortels que nous sommes.
- Autrefois, Zovaal était notre Arbitre. Mais il a bravé la volonté des Fondateurs en cherchant à bouleverser l'équilibre du Cosmos. Pour le punir de ses crimes, nous l'avons privé de ses pouvoirs et lié à l'Antre. J'ai moi-même gravé les runes de domination dans sa chair. Nous avons ensuite utilisé son anima pour forger un nouvel Arbitre, impartial et juste cette fois. J'aurais dû comprendre qu'il ne renoncerait jamais facilement à son pouvoir... et ne reculerait devant rien pour parvenir à ses fins.
- Et maintenant, demanda le Généralissime, que compte-t-il faire ?
- Il cherche à s'emparer des secrets du sépulcre. S'il obtient ce qu'il veut, tout ce que vous connaissez est voué à disparaître. Les quatre nouveaux cachets symbolisent un nouvel espoir pour les congrégations. Il me permettront de forger une clé... mais je dois trouver un substitut à celui de l'Arbitre. Pour l'heure, poursuivez votre combat contre les troupes du Geôlier. Quand la clé sera prête, je vous le ferai savoir. La mort guette l'âme de votre monde, mais ensemble, nous pouvons encore le sauver.
Comme il l'avait dit, le Primat reprit contact avec les armées des congrégations. Il avait enfin pu créer la clé qui les mènerait à Zereth Mortis. Avec l'aide de Ve'nari, Faëline interrogea Tal-Galan pour en apprendre d'avantage sur le Sépulcre des Fondateurs. Au début le Gardien des secrets refusa de collaborer mais devant l’insistance des deux femmes, il finit par céder et leur dit tout ce qu'il savait.
Une expédition fut alors envoyée à Zereth Mortis. Là il découvrirent qu'une délégation de négociants était déjà sur place. Ces derniers étaient un jour partis en quête de Zereth Mortis et avaient été portés disparus depuis longtemps.
Sur les terres des Fondateurs, Faëline continua de travailler aux côtés de Shandris Pennelune. Leurs relations s'étant nettement améliorées depuis que les deux Elfes avaient œuvré ensemble pour secourir Tyrande. À Zereth Mortis, une bonne nouvelle attendait la Sin'dorei. Saezurah, une oracle à qui elle était venue en aide, était en mesure de créer un nouvel Arbitre. Dans les cryptes de l’Éternel, les sbires de Zovaal attendirent ce moment précis pour passer à l'offensive. Ils utilisèrent l'âme monde Argus pour prendre possession du réceptacle, empêchant ainsi l’avènement du nouvel Arbitre.
Une fois leurs ennemis vaincus tout espoir de rétablir l'équilibre en Ombreterre semblait perdu. C'est alors que Pélagos, l'apprenti Kyrian qui les avait accompagné tout au long de ce périple, prit la parole. Il avait bien mûrit tout au long de cette aventure et s'est avec détermination qu'il leur fit part de sa décision. Il était convaincu que s'il n'avait pas encore connu son ascension c'était pour une bonne raison. Il offrit son âme au réceptacle pour servir l'Ombreterre, devenant celui qu'il avait toujours été destiné à être, le nouvel Arbitre.
Pendant ce temps à Oribos, Sylvanas Coursevent était sortie du coma et avec l'aide d'Uther, elle put débuter un long travail de rédemption en commençant par apporter son aide dans le sauvetage d'Anduin.
Pour vaincre Zovaal, l'aide de tous ceux qui avaient réussis à résister à la Domination fut nécessaire. Ils imprégnèrent chaque morceau du heaume brisé de leur volonté inflexible et le Primat le reforgea sous la forme de la Couronne des Volontés. Ainsi armé, ils se rendirent au Sanctum des Fondateurs et infligèrent une cuisante défaite au Geôlier. l'Ombreterre et Azeroth étaient enfin sauvées. Il ne restait maintenant plus qu'à régler le cas de Sylvanas.
*****
Lorsqu'une goutte d'encre vint s'étaler sur le vélin qu'elle venait de couvrir de son écriture fine et élégante, Faëline laissa échapper un juron en thalassien. Elle déposa son matériel de calligraphie d'un geste brusque avant de remarquer l'ombre qui se dessinait par dessus son épaule.
- Jamais je n'aurais imaginé la championne d'Azeroth user d'un langage si peu châtié, déclara d'un ton moqueur le Généralissime Fordragon.
La Sin'dorei rougit, honteuse de s'être fait surprendre en train de jurer comme un charretier.
Redevenant rapidement sérieux, Bolvar poursuivit :
- À présent que nous avons vaincu le Geôlier, nous devons soigner les blessures de l'Ombreterre à commencer par le cas de Sylvanas Coursevent. Elle a certes joué un rôle essentiel dans notre victoire, mais personne n'a oublié ni pardonné les atrocités qu'elle a commises. Elle sera jugée par le nouvel Arbitre à Oribos. Uther vous attend à l'anneau des destins, Faëline. Vous escorterez ensemble Sylvanas jusqu'au Creuset. Je vais remettre la Couronne des Volontés à l'Arbitre, après quoi nous assisterons au jugement de la Banshee.
La rumeur de l'arrivée de Sylvanas s'était répandue dans toute l'Ombreterre. Beaucoup voulaient lui faire payer ses crimes. Une foule énorme était réunie venant d'Ombreterre comme d'Azeroth et les gardes d'Oribos faisaient autour d'elle une barrière de sécurité. Accompagné de la chasseresse, Uther s'approcha de Sylvanas et lui dit :
- Tenez-vous prête, ils ne seront pas tendre.
- Je n'en attends pas moins, lui répondit-elle.
- Allons, il est temps. L'Arbitre nous attends.
Alors qu'ils s'apprêtaient à traverser la foule, l'ancien paladin se pencha vers l'Elfe de sang et lui chuchota :
- Nous sommes loin d'être les seuls à avoir souffert de ses exactions. Tant ont eu à subir peines et douleurs indicibles par sa faute. La plupart de ses victimes devront se contenter de la huer sur son passage... Qu'ils crient donc à gorge déployée.
Les hurlements et les injures ne se firent pas attendre. La populace en colère, crachait son venin et certaines phrases prononcées plus fort leurs parvenaient aux oreilles.
- Vous avez profané nos bosquets sacrés !
- Vous méritez mille tourments !
- Combien d'âmes avez-vous condamnées ?
- On avait confiance en vous ! Vous nous avez trahis !
- Ma maison, ma famille ! Il n'en reste rien.
- Est-ce la justice qu'ils veulent ou la vengeance ? laissa échapper le Kyrian pensif.
- Dans la colère et la douleur, on confond souvent les deux, lui répondit leur prisonnière.
L'accès au Creuset était d'ordinaire restreint, mais en ce jour particulier, plusieurs habitants d'Azeroth avaient été autorisés à assister au jugement.
Après avoir obtenu le silence, L'Arbitre Pélagos prit la parole :
- Les âmes ont cessé d'affluer vers l'Antre. Les congrégations et l'Ombreterre ont été rétablies. Il ne reste qu'une chose à faire. Sylvanas Coursevent, l'heure de votre jugement est venue. Il ne peut y avoir de justice sans compassion... Et vos agissements portent la marque de l'influence du Geôlier. Une influence que nous n'avons pas su endiguer.
- Le Geôlier ne m'a jamais contrôlée, répondit Sylvanas, tout ce que j'ai fait, je l'ai fait de mon plein gré. J'en assume les conséquences.
- Dans ce cas... reprit l'Arbitre, vous savez au fond de vous à qui vous devrez répondre.
- Je m'en remets au jugement... de Tyrande Murmevent, déclara l'accusée en se tournant vers la Kaldorei.
- Vous placez donc la justice entre les mains de votre plus grande adversaire, prononça Pélagos d'une voix qui ne laissait transparaître aucune surprise. Y a-t-il des objections dans l’assistance? Aucun son ne s'éleva et il poursuivit : Qu'il en soit ainsi
- Votre petit jeu ne trompe personne, banshee. La Sylvanas que j'ai si longtemps traquée ne se soumettrait jamais à la lame de son ennemie, déclara la Grande Prêtresse d'un ton dur en plaçant son glaive de guerre à quelques centimètres à peine de la gorge de l'ancienne forestière de Lune-d'Argent.
- La mort serait une fin clémente, Tyrande, rétorqua calmement Sylvanas, et je ne compte pas sur votre clémence.
- Peut-être vos remords sont-ils sincères... dit alors la Kaldorei en abaissant son arme, mais cela n'effacera jamais vos crimes. Vous ne connaîtrez pas la paix, Coursevent. Pas temps que les âmes de vos victimes n'auront pas trouvé le repos.
Puis tournant le dos à celle qu'elle devait juger, elle s'éloigna de quelques pas avant d'ajouter :
- Le sort de la prisonnière est entre mes mains. Amenez-la !
Tandis que tous quittaient la salle, l'Arbitre s'adressa une dernière fois à Faëline.
- J'ai une petite idée de l'avis de Tyrande sur le destin qu'elle souhaite réserver à Sylvanas. Sa colère est tempérée par sa sagesse, et j'ai toute confiance en sa décision. Retrouvez-la à l'anneau de transfert et assurez-vous que son jugement soit exécuté.
Avant que le verdict ne soit rendu, on autorisa Sylvanas à parler avec ses sœurs et à leur faire ses adieux. Une fois que ce fut fait, elle s'adressa à la chasseresse :
- Ah, Faëline. J'aurais deux mots à vous dire, avant de connaître mon châtiment.
Bien que sur la défensive, la Sin'dorei accepta de l'écouter.
- Les événements récents m'ont rappelés qu'on ne pouvait pas changer le passé. Vous me haïssez sans doute pour ce que j'ai fait, et je ne peux pas vous le reprocher. Mais au nom de la cause que nous avons partagée autrefois et de votre dévouement maintes fois éprouvé envers la Horde, j'espère que vous continuerez à la défendre, quoi que l'avenir lui réserve.
L'Elfe de sang ne répondit rien et se contenta d'un hochement de tête approbateur.
Tyrande les attendait au centre de la Cité Éternelle. Elle se tenait au sommet du puits menant aux terres anciennement sous l'emprise du Geôlier.
- L'Antre est là, sous nos pieds. C'est un sort cruel auquel vous avez livré maints innocents.
L'épouse de Malfurion marchait en cercle autour de Sylvanas qui gardait les yeux baissés et le visage fermé.
- Et c'est là... que commence votre pénitence. Toutes ces âmes perdues, trahies ou condamnées... Vous les retrouverez et les renverrez à L'Arbitre... qui les jugera avec la compassion qu'elles méritent. Vous travaillerez sans relâche sous l’œil vigilant de Dori'thur... Écumerez jusqu'aux plus sombres recoins... jusqu'à ce que toutes soient libres et qu'il ne reste plus que vous. C'est ainsi que vous contribuerez à la renaissance de vos victimes et de mon peuple.
Sylvanas regarda enfin Tyrande et déclara :
- Quelque soit le temps que cela prendra... je m'y engage.
Une chouette se posa sur l'avant-bras de la Kaldorei qui lui murmura :
- Andu-falah-dor. Surveille-la bien, mon vieil ami.
Le rapace nocturne déploya ses ailes et prit son envol pour suivre la Réprouvée qui venait de sauter dans le gouffre. Alors que la foule commençait à se disperser, Tyrande s'adressa en aparté à la chasseresse.
- La pénitence de la banshee sauvera bien des âmes en perdition. Ce destin ne se serait pas accompli si je l'avais tuée en Sylvarden. Peut-être est-ce pour cela que mère Lune à retenu mon bras. Elle marqua un silence puis ajouta : La Horde a infligé une terrible blessure à mon peuple, Faëline. Vous n'aurez peut-être jamais plus ma confiance... mais merci pour votre intervention.