La voie du chasseur: Les pérégrinations d'une chasseresse Sin'dorei
Chapitre 8 : Épilogue : Une fin ou un commencement ?
1651 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 03/08/2025 11:07
Une fois le verdict de Tyrande au sujet de Sylvanas rendu, Faëline resta un long moment immobile, fixant en silence le centre de l'anneau de transfert. Puis réalisant enfin que tout était bel et bien terminé, elle se tourna vers les personnes encore présentes dans l'immense salle. De petits groupes s'étaient formés, parlant de ce qui venait de se passer, de se qu'ils allaient faire maintenant et de l'avenir qui s'offrait à eux.
La chasseresse profita alors de l'occasion pour retrouver Anduin. Elle n'avait guère eut le loisir de discuter avec lui depuis qu'il avait été libéré de l'emprise de Zovaal. L'Elfe était encore inquiète pour son ami et souhaitait prendre de ses nouvelles.
En la voyant approcher, le jeune homme lui adressa un faible sourire. Mais avant qu'ils n'aient le temps de se dire le moindre mot, ils furent interrompus par l'arrivée de Genn Grisetête. Ignorant superbement la Sin'dorei, il ne lui laissa même pas l'occasion de le saluer.
- Si vous saviez comme je suis soulagé de vous voir sain et sauf, sire ! s'exclama-t-il. Même après les récits de Jaina, je peine à imaginer les horreurs que vous avez endurées.
- Par moment, j'ai cru ne jamais échapper à l'emprise du Geôlier, confia Anduin à son aîné, quand je pense à ce qu'il m'a fait faire...
- Vous n'en êtes pas responsable ! Ne vous infligez pas cette culpabilité.
- Je... j'aurais dû lui résister...
- Anduin Wrynn, vous êtes l'homme le plus fort que je connaisse. Et quand vous regagnerez Hurlevent, c'est le royaume tout entier qui vous le dira.
- Je ne peux pas rentrer, Genn. Pas encore.
- Mais vos gens ont besoin...
- Turalyon veillera sur l'Alliance en mon absence. Et je sais que vous prendrez soin des nôtres... cher vieux loup.
- Bien sûr. Prenez le temps qu'il faudra et quand vous serez prêt... revenez-nous.
Le souverain de Gilnéas prit alors congé non sans cette fois, jeter une œillade mauvaise en direction de l'Elfe. Anduin eut un sourire contrit pour la chasseresse.
- Pardonnez-le Faëline. Je crains qu'il n'ait toujours pas accepté le fait que je ne vous ait pas tenue pour responsable de ce qu'il s'est passé lors de la Quatrième Guerre.
La Sin'dorei balaya d'un geste de la main, les explications du jeune homme.
- Le roi Grisetête peut bien penser ce qu'il veut de moi, je n'en ai cure. J'étais venue pour voir comment vous alliez.
- L'ombre des horreurs que j'ai vues... des crimes que le Geôlier m'a forcé à commettre... continue à planer sur ma conscience, avoua le roi de Hurlevent, je vous serai éternellement reconnaissant d'avoir contribué à ma délivrance.
Tout en parlant, il avait levé la main comme pour lui caresser la joue. Pourtant au dernier moment, il se retint. Comprenant à regret que son geste aurait été déplacé, il laissa retomber son bras.
- Mais on ne va pas se mentir, reprit-il, je ne peux pas reprendre le cours de ma vie comme si rien ne s'était passé. J'ai besoin... de temps.
Tandis qu'ils parlaient, les deux amis étaient sortis de la salle et déambulaient désormais sur une des promenades extérieures de la Cité Éternelle.
- Nul doute que la Horde fera de nouveau appel à votre bravoure à l'avenir, affirma le jeune homme pour donner à leur conversation une note moins tragique. Défendez Azeroth, Faëline. Quoi qu'il arrive.
Anduin et Faëline restèrent alors silencieux un long moment, contemplant l'infini de l'au-delà. Puis le roi rompit le silence :
- Vous devriez rentrer chez vous, il doit vous attendre avec impatience.
- Heu... Eh bien...
- Vous êtes venue ici sans son approbation, comprit Anduin en observant la réaction de l'Elfe.
Nouveau silence que le souverain de Hurlevent interrompit rapidement.
- Après le discours que je viens de vous tenir, je suis bien mal placé pour vous dire ce que vous avez à faire, mais je pense que rester ici ne serait pas un choix très judicieux.
La Sin'dorei acquiesça, son ami avait raison bien sûr. Rester dans les royaumes de la mort ne solutionnerait pas son cas, au contraire cela ne ferait qu'aggraver la situation. Fuir ne l'aiderait pas, il fallait qu'elle règle le problème et quel problème !
Elle avait abandonné l'homme qu'elle aimait sans même lui envoyer un mot d'explication. Elle avait choisi de porter secours à ses amis et ce au détriment de son couple. Irion devait être dans un état de fureur apocalyptique et elle craignait de le revoir. Ce qu'elle lui avait fait était impardonnable, mais la chasseresse espérait toute fois qu'il comprenne son geste.
La voie du chasseur était un chemin solitaire. Malgré cela son cœur s'était brisé le jour où elle avait renoncé à l'amour de sa vie pour se rendre en Ombreterre.
*****
Alors qu'elle traversait l'immense passerelle menant du centre d'Oribos à la plate-forme des portails, l'Elfe de sang sentit une présence inquiétante dans son dos. Elle s'arrêta de marcher et se retourna. Se faisant, la chasseresse se fit bousculer par le flot ininterrompu d'aventuriers et de badauds qui rentraient chez eux.
Là dans la foule assez dense, une haute silhouette drapée de noir attira son attention. Bien qu'il soit entièrement dissimulé sous une longue cape à capuchon, l'éclat rouge sang de son regard le trahit aussitôt. Sans un mot il passa devant la Sin'dorei mais l’œillade qu'il lui adressa était sans équivoque. Docilement elle lui emboîta le pas et emprunta le vortex qu'un mage pandaren venait d'ouvrir pour eux.
L'Elfe grimaça de douleur quand à peine de l'autre côté, le Dragon noir lui attrapa le poignet pour l'entraîner vers un lieu plus à l'écart. Une fois sur la terrasse panoramique qui permettait autrefois d'admirer les merveilles du Val de l’Éternel printemps, il abaissa sa capuche et se tourna vers le Maître-chasseur. Ses yeux flamboyaient de colère mais l'Elfe de sang cru aussi y déceler autre chose. Faëline osa alors le regarder et s'aperçut qu'il avait maigri, ses traits étaient tirés et d'énormes cernes sous ses yeux laissaient deviner les terribles nuits d'angoisse insomniaque que ces derniers mois lui avaient fait endurer en son absence. Lui, dont la forme anthropique était toujours parfaitement soignée et élégante, avait les cheveux en bataille et les vêtements froissés.
Souhaitant ne pas trop attirer l'attention sur eux, le Prince Noir tenta de contrôler le maelström d'émotions qui faisait rage en lui. Ce fut d'une voix grondante bien qu'assourdie qu'il s'adressa à elle.
- Des mois sans la moindre nouvelle ! Tu me dis te rendre à Orgrimmar tout en me promettant de revenir rapidement et puis... plus rien... J'ai imaginé le pire, pensant qu'il t'était arrivé quelque chose. Quand après quelques jours j'apprends par mes Griffes noires que tu vas bien, c'est pour découvrir que tu t'es lancée dans une mission suicide au cœur des royaumes de la mort.
Faëline encaissa sans broncher les reproches de son compagnon qui poursuivit :
- As-tu seulement imaginé ne serait-ce qu'une fraction de seconde ce que je pouvais ressentir ? Ma femme qui s'en va sans même un début d'explication... J'ai cru devenir fou en découvrant ce que tu avais fait. Ce n'est qu'après qu'Ébyssian m'ait empêché de réduire en poussière le Sanctuaire draconique d'Obsidienne que j'ai retrouvé mon calme. Je me suis traité d'imbécile pour avoir cru que tu ais pu m'aimer. Je t'en ai terriblement voulu de t'être moquée de mes sentiments, puis j'ai passé des semaines à ourdir ma vengeance. Quand enfin un passage stable et durable fut ouvert entre l'Ombreterre et Azeroth, j'ai envoyé mes Griffes noires à ta recherche. Mes agents avaient pour ordre de te ramener auprès de moi. Cependant quand leurs premiers rapports me sont parvenus, j'ai compris. Je me suis rendu compte que tu ne m'avais pas vraiment quitté mais qu'une fois encore, tu t'étais laissée entraîner par ton besoin inconditionnel d'aider les autres. C'est quelque chose d'inné chez toi et tu ne peux pas aller à l'encontre de ta nature altruiste. Alors que moi... c'est tout le contraire, je suis quelqu'un de très égoïste.
Au fur et à mesure qu'il parlait, Irion s'était apaisé. Il y eu un silence puis le plus jeune fils de Neltarion reprit la parole d'une voix plus douce.
- Faëline... je... j'ai besoin de savoir...
Le ton suppliant qu'il adopta alors fit frissonner le Maître-chasseur malgré les températures clémentes de cette région de la Pandarie.
- As-tu, ne serait-ce qu'un bref instant, regretté de m'avoir laissé ?
La chasseresse posa sa main sur la joue de son époux qui ferma les yeux, appréciant le contact de ses doigts contre sa peau.
- À chaque instant, murmura-t-elle en se blottissant contre lui.
Le Dragon noir laissa échapper un long soupir de soulagement avant d'enlacer sa compagne qui fondit en larmes sur son épaule.
- Je t'aime Irion, lui chuchota-t-elle entre deux sanglots, je m'en veux de t'avoir laissé croire le contraire.
Il ne répondit rien, savourant l'écho de ses mots au plus profond de son être. Il resserra son étreinte autour de l'Elfe avant d'embrasser son cou et de remonter jusqu'à ses lèvres auxquelles les larmes avaient donné le goût du sel.
- Tu ne me quitteras plus jamais ? demanda-t-il avec un soupçon d'inquiétude.
- Plus jamais ! affirma la Sin'dorei toujours lovée dans ses bras.
- Promets-le moi !
- Je jure sur le puits de soleil de rester à tes côtés jusqu'à la fin.
Le couple s'embrassa à nouveau, heureux de s'être retrouvé et prêts à affronter ensemble tous les défis de la vie.