The X-files Unsolved: Fahrenheit

Chapitre 9 : Les remous

Chapitre final

1500 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/04/2023 16:35

Lundi 5 mai

Solar Street

Syracuse, état de New York.


Descendant une butte herbeuse, au travers un terrain vague, Jimmy revenait tranquillement, le col de son polo ouvert de quelques boutons, un sac en papier rempli de pâtisserie à la main. Il aimait se lever tôt le lundi matin afin de profiter du soleil. Arborant son immuable sourire, aussi constant que ses cheveux figés en brosse, Jimmy Bond aimait son nouveau quotidien. Il avait réussi à donner une seconde vie aux publications des Bandits Solitaires, les faisant passer du papier à internet. Ses mentors auraient été fiers de lui. Jimmy Bond aimait également faire les recherches et gérer les dossiers pour Unsolved. Il avait de nouveau l'impression d'être utile. Le jeune homme traversa la route de la zone industrielle d'un pas léger. La vieille Ford de Leyla prenait le soleil devant l'ancien entrepôt qui leur servait désormais de bureau. Elle était toujours la première à arriver.

Jimmy poussa la porte de l'entrepôt, lança sa veste dans le recoin qui lui servait de bureau et de chambre puis salua sa collègue, assise face au tableau blanc, feuilletant le journal. La cafetière qu'il avait lancée avant de partir avait fini de couler, diffusant une agréable odeur dans le bâtiment. Il posa son petit sac de papier au milieu des gobelets en plastique et annonça gaiement :

-Sablés !

Leyla leva à peine le nez de sa lecture, articulant tout de même un machinal :

-Salut Jimmy.

Saisissant le pichet en verre pour remplir deux gobelets, le brun demanda :

-Alors ce week-end en famille ?

La jeune femme lui avait annoncé quelques jours plus tôt son projet de passer quelques jours chez ses parents. Il versa un sachet de sucre en poudre dans le nectar brûlant, remua à l'aide de la petite spatule de bois d'usage. Attendant toujours sa réponse, Jimmy passa le café par-dessus le journal. La jeune femme posa son journal sur ses genoux :

-Excuse-moi, bredouilla-t-elle en saisissant du bout des doigts la boisson chaude.

Elle souffla sur le café.

-Ils parlent de l'affaire Cooper là-dedans, se dédouana-t-elle en indiquant le journal d'un geste du menton.

-Je sais, s'amusât son collègue. C'est moi qui l'ai mis sur le bureau. Je suis un peu le préposé à la presse ici.

Jimmy but une gorgée à son gobelet et résuma :

-Quelques messages compromettants, le témoignage de M. Jones... Cooper va tomber pour négligence sanitaire et mise en danger d'individus. Ce doit être un sacré scandale pour une petite ville comme Willowcreek.

Leyla eu un soupir de soulagement et tenta un peu d'humour :

-Quoi qu'il en soit, Miss Automn s'en donne à cœur joie dans son article.

Le jeune femme posa le Willowcreek Gazette sur le coin du bureau.

-John n'est pas arrivé ?

-Il ne sera là que demain. Il devait se rendre à Washington.

Jimmy sorti un petit sablé du sachet, croqua dedans à pleine bouche, puis déclara, tout en mâchant :

-Z'avez fait du bon boulot !

Malgré tout, Leyla était inquiète. Pour John. Pour Willowcreek.

Elle souffla à nouveau sur les remous bruns de son café.


Lundi 5 mai

Georges Washington Hospital

Washington DC


Dans l'ascenseur aux parois chromées, Doggett faisait tourner la photo entre ses doigts. Une photo officielle, imprimée à la va-vite, avant de quitter définitivement le Bureau, quelques mois plus tôt. Cela lui semblait une autre vie. Un doux tintement se fit entendre et les portes s'ouvrirent. Après un rapide coup d'œil aux directions vissées sur le mur blancs en face de lui, John pris la direction du bureau des infirmières. Il avançait d'un pas résolu. Le long couloir blanc était encadré de part et d'autre par des enfilades de chambre. Certaines portes ouvertes dévoilaient des patients endormis, d'autres occupés à lire ou à zapper. Les infirmières distribuaient les plateaux du petit déjeuners. Le grand brun passa devant le chariot, y jetant un rapide coup d'œil : les madeleines étaient en sachet et l'odeur du café était un peu agressive. Il eut une pensée pour le petit déjeuner du lundi matin auquel Jimmy l'avait habitué.


-Excusez-moi, s'annonca t'il, impatient, en glissant la photo de Monica Reyes sur le bureau de l'infirmière. Je recherche mon amie.

Les yeux fatigués de celle qui avait travaillé toute la nuit, la femme, afro-américaine, la cinquantaine, inspecta à peine la photo et lâcha un "bonjour" plein de reproches. L'infirmière ne se formalisa pas davantage :

-Vous êtes un ami de Monica?

John confirma d'un mouvement de tête. Dans un dernier élan avant de disparaitre à nouveau dans l'anonymat, Mulder avait tenu parole: Il lui avait appris que Monica se rendait dans ce service chaque jour, depuis des mois. Sans doute par manque d'intérêt pour son ancienne collègue, Mulder ne connaissait pas l'identité de celui, ou celle, a qui son Monica rendait visite avec autant de régularité. L'infirmière reprit:

-Je ne l'ai pas vu aujourd'hui, essayez la chambre 1013, mais il me semble que son ami devait sortir ce matin.

Au pas de course, l'ancien agent du FBI se lança dans le couloir après avoir remercié son interlocutrice. Il compta les numéros : 1017, 1015 puis 1013. Il s'arrêta, les bras ballants. La porte était ouverte, deux femmes en blanc refaisaient le lit. John entra dans la petite chambre et se laissa tomber sur une petite chaise au revêtement en cuir marron.

-Monsieur ? Vous allez bien ? S'inquiéta l'une des jeunes femmes.

C'était une petite rouquine. John tendit la photo et, lasse, expliqua simplement :

-Je recherche mon amie.

L'infirmière inspecta la photo :

-Vous êtes un ami de Monica ? Malheureusement, son ami est sorti tôt ce matin. Elle est venue tous les jours, pendant des mois.

-Son ami ?

-Un vieux Monsieur, gravement brûlé, un traitement lourd.

John semblait perdu. La jeune femme lui retourna son précieux portrait.

-C'est une femme adorable. Son ami par contre…

Désespéré, John tenta :

-Vous auriez le nom de cet ami ?

Ce fut sa collègue, une latine aux cheveux gris qui se fit entendre, passablement énervée. Elle délaissa les draps :

-En plus de 20 ans de carrière, je n'avais jamais vu ça ! On l'a soigné ce gugusse, pendant des mois ! Et on n'a pas eut le droit de connaître son nom !

Elle plongea son regard dans celui de John :

-La direction nous a donné l'ordre de ne pas poser de question.

Elle indiqua le couloir :

-Des gorilles devant la porte tous les jours ! Comme si cette espèce de cadavre desséché était le putain de président des États-Unis !

La rouquine qui était maintenant en train de vérifier les tiroirs de la petite table de chevet blanche fit une découverte :

-Regarde-moi ça, le vieux salopard !

Elle sortit un cendrier du petit meuble. Sa collègue sortie de la chambre en trombe :

-Je le savais ! Ils ont débranché le détecteur de fumée !

John se leva, se dirigea lentement vers l'infirmière, plongea deux doigts dans le petit réceptacle de verre et en sorti un mégot de cigarettes sur lequel était inscrit "Morley".


Quelques jours plus tard

Bord du lac Erie

Willowcreek, Ohio


Au pied du phare, Darn contemplait la vie sur le lac. Quelques bateaux de pêche caressaient les vagues. Un pygargue leur rafla une prise. Les martins-pêcheurs faisaient montre de patience sur la rive. Une volée d'insectes dansait dans la vase du rivage. Les rayons du soleil scintillaient dans les reflets. La douleur lui tiraillait les côtes, Lucius leva la tête pour contempler le phare centenaire. Ce matin, l'ancien shérif se sentait aussi âgé que ce fier bâtiment rouge et blanc. Il avait tenu à venir ici aujourd'hui, premier jour officiel de sa retraite. En civil, vêtu d'une vieille chemise à carreaux, Lucius avait l'impression d'être déguisé. Il ne portera pas son uniforme lors de son témoignage. Les éléments contre Cooper et Woodrow étant accablant, tout était allé très vite. Et par chance, l'explosion n'ayant pas tellement endommagé le bâtiment, l'usine a vite retrouver un repreneur. Un coup de ménage, un peu de béton et le quotidien pourra reprendre sans impacter réellement le quotidien de Willowcreek. Seuls les familles des victimes seront marquées pour longtemps. Le vieux Jones également, qui, par miracle, était toujours vivant.

Un léger coup de klaxon le sorti de ses réflexions. Darn tourna les talons pour se diriger vers la voiture de fonction au volant de laquelle Francis l'attendait. Ce n'était pas le successeur rêvé, mais Gutierrez ferait un bon shérif. Il faut parfois être confronté au pire pour devenir meilleur. Et Gutierrez était devenu meilleur.

La portière de la voiture claqua, la voiture s'éloigna, laissant derrière elle le lac et ses remous.

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