The X-Files : Reborn
Mercredi 6 novembre 2024 – 12h10
Route 79, non loin de la route US-2
Le shérif et les agentes Ferrer et Gibson sortent de la cabane vétuste et se dirigent vers le Nissan Patrol. Ils doivent au plus vite aller jusqu’à la pharmacie des Kendrick, à Bonners Ferry, pour interroger ces derniers.
Après quelques minutes de marche, ils arrivent à la voiture, laissée sur le chemin de terre. Le shérif Dunn prend sa radio et contacte son adjoint Marshal Green afin de le prévenir de la tournure de l’enquête. Il le charge de constituer une équipe de 3 policiers, de se rendre au cabanon et de trier tous les détritus qui s’y trouvent. Ils doivent ensuite consigner toutes les preuves pouvant lier ce cabanon à des commerces de Bonners Ferry : tickets de caisse, sacs de course des commerces, produits se vendant dans certains magasins et pas d’autres, etc. Il lui explique également que les suspicions encerclent maintenant les Kendrick et que lui et les agentes du FBI vont de ce pas à leur pharmacie pour les questionner et les confronter aux indices qu’ils ont trouvés. L’adjoint Green répond par l’affirmative. Le shérif se retourne ensuite vers les agents Ferrer et Gibson :
- Comment allons-nous procéder avec les Kendrick ? se demande le shérif Dunn.
- Nous devons absolument les bousculer, nous devons obtenir des réponses maintenant. Leur petit jeu d’obstruction n’a que trop duré. Répond l’agent Ferrer.
- Vous êtes clairement un atout pour nous, vous les connaissez bien, ils ont confiance en vous. Je vous propose d’ouvrir la danse. Ferrer et moi interviendrons ensuite, afin de mettre un sérieux coup de pression en insistant sur les conséquences de leurs actes et de ce qu’ils encourent s’ils continuent à faire entrave à notre enquête fédérale. Continue l’agent Gibson.
- OK, on fait comme ça. Je ne vous cache pas que je suis désarçonné quant à la tournure des évènements. Je ne me serai jamais douté de ça de la part des Kendrick, ce sont vraiment des gens biens, qui ne font pas de vague et qui ont dédié leur vie à aider les autres. Déplore John Dunn.
- Concrètement, l’aide qu’ils ont sans doute apportée à cette famille montre justement leur grand cœur. Mais aujourd’hui, c’est le fait qu’ils fassent barrage à nos investigations qui pose un réel problème, pas tant l’assistance logistique et médicale qu’ils ont généreusement dispensée. Tempère l’agente Gibson.
- Mais leur bienveillance ne doit pas nous faire oublier qu’ils nous ont fait perdre beaucoup de temps dans notre enquête et ça c’est punissable par la loi. Termine Ferrer sur un ton ferme.
Après ce bref et intense échange, ils continuent leur chemin vers la pharmacie Kaniksu de Bonners Ferry, lieu où travaillent les Kendrick.
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Mercredi 6 novembre 2024 – 13h00
Pharmacie Kaniksu, Bonners Ferry
Le shérif gare son 4x4 sur le parking situé devant la pharmacie. En jetant un rapide coup d’œil sur ce dernier, ils n’aperçoivent pas le Ford Bronco de Joseph Kendrick. Comme ils ne veulent pas perdre de temps, ils ne sont pas repassés se changer et sont toujours avec leurs vêtements de randonnée. Ils sortent du véhicule et se dirigent vers la porte d’entrée du bâtiment. Ils entrent dans la pharmacie et invitent poliment les clients à se diriger vers la sortie. Une fois tous dehors, Ferrer retourne la pancarte « Ouvert » apposée sur la porte vitrée afin qu’elle affiche « Fermé ». Lise Kendrick sort alors de l’arrière de son comptoir.
- Mais de quel droit ordonnez-vous à mes clients de quitter mon établissement ! Fulmine Lise Kendrick.
- Lise, je pense que tu sais parfaitement pourquoi nous sommes ici. Vos mensonges, à Joseph et toi, ont assez duré. Par respect pour vous, le travail et l’aide que vous apportez à notre communauté, je te demande, de nous dire la vérité concernant ce garçon renversé sur l’US-2 et sa famille. Demande John Dunn avec beaucoup de bienveillance et d’empathie.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Répond sèchement Madame Kendrick en croisant les bras.
- Lise, je t’en prie… le shérif n’a pas le temps de finir sa phrase que l’agent Ferrer enchaîne.
- Madame Kendrick, nous avons des preuves solides contre vous, qui attestent que depuis le début, vous faites obstruction à notre enquête fédérale. Commence l’agent Ferrer.
- Selon l’article 18 USC alinéa 1503 et 1505 de la loi fédérale, la destruction de preuves et le refus de transmettre des documents sont passibles de 20 ans de prison Madame Kendrick. Quant au parjure et aux faux témoignages, selon le même article alinéa 1001 et 1621, vous et votre mari risquez 5 ans d’emprisonnement. Je vous rappelle que dans notre beau pays que sont les États-Unis, les peines sont cumulables. Termine l’agent Gibson, pour enfoncer le clou juridiquement.
Le laïus des agentes fait leur effet sur Lise Kendrick. Elles remarquent directement ses yeux s’écarquiller et ses bras se décroiser.
- Je ne savais pas que simplement aider son prochain pouvait avoir de telles conséquences. Mon mari et moi-même ne pensions pas à mal, nous tentions simplement de protéger cette famille qui souhaite vivre en dehors de notre société et garder l’anonymat. Et ça, ce n’est pas un crime il me semble. Enfin soit, je vais tout vous raconter, car nous ne sommes pas des criminels ! Insiste madame Kendrick.
Elle commence alors son récit. Tout commence au lendemain du tragique accident de voiture où leur fils Jacob a perdu la vie en 2016 sur la route US-2. Alors que Joseph Kendrick est sur les lieux de l’accident afin de tenter de comprendre comment tout cela a pu se produire. Il distingue une forme humaine dans la forêt qui l’observe. Il pense que ça pourrait être un témoin de l’accident qui pourrait l’aider et se lance à sa poursuite, à pied, dans les bois. C’est là qu’il tombe sur le chalet. Il est accueilli par un coup de fusil. Depuis l’extérieur du chalet, les bras levés en guise de bonne volonté, il explique la raison de sa présence : la recherche de témoins afin de comprendre l’accident de son fils. Sans doute attendrie par ses explications, une jeune fille, enceinte jusqu’aux dents, sort du pavillon, fusil à la main. Ce qui choque Joseph Kendrick, c’est qu’elle souffre de multiples malformations, visibles sur son visage, son dos bossu et ses membres déformés. Son hygiène corporelle est également extrêmement douteuse. Il arrive à échanger quelques mots avec elle, même si son langage est rudimentaire et qu’elle ne s’exprime qu’en utilisant qu’un mot à la fois, comme incapable de construire une phrase contenant également un sujet, un verbe et un complément. Il tente de savoir ce qu’elle fait là, s'il y a d’autres personnes avec elle, où est le père de l’enfant qu’elle porte ? Elle répond avec deux mots : « famille mort ». Il tente de savoir quand elle doit accoucher et lui propose de l’aide. Elle secoue la tête négativement en poussant un grognement et répond encore deux mots : « aide non ». Il tente d’expliquer, avec des mots simples, que vu son état, son enfant risque de souffrir des mêmes problèmes de santé qu’elle et que sans aide, ils pourraient tous les deux mourir en couche. Elle accepte finalement l’aide en hochant de la tête et en poussant un autre grognement. Il lui explique qu’il viendra tous les matins et tous les soirs dorénavant, qu’il apportera à chaque fois de quoi manger et boire ainsi que des médicaments. C’est comme ça que la relation entre les Kendrick et la jeune femme s’est créée. Ce sont les Kendricks qui ont mis au monde le garçon et qui ont continué ensuite à leur apporter de quoi se nourrir toutes les semaines. Jusqu’à ce tragique accident le 3 novembre 2024.
Madame Kendrick explique ensuite, que durant toutes ces années, ils ont à de nombreuses reprises, proposé à la jeune femme de venir, avec son fils, vivre avec eux en ville. Qu’ils prendraient soin d’eux, que l’enfant pourrait être scolarisé et avoir un semblant de vie normale. Elle a toujours refusé, sans doute par peur d’être en contact avec la civilisation. Ils ont toujours respecté cette décision ce qui explique leur comportement avec le shérif et les agents du FBI.
- Merci pour toutes ces explications Madame Kendrick. Savez-vous comme se nomme la jeune femme et son fils ? Demande Gibson.
- Caroline et le garçon, elle a décidé de l’appeler George. Répond Lise Kendrick.
- Et leur nom de famille ? Ajoute Ferrer.
- Je pense qu’elle ne le connaît pas elle-même. C’était encore une ado quand on l’a rencontrée l’été 2016, elle a accouché quelques semaines plus tard. Nous ne savons pas qui est le père de l’enfant, elle n’en parle jamais. Nous ne savons pas depuis quand elle était seule là-bas et nous ne savons pas comment elle est arrivée là. Il est très difficile de communiquer avec elle. Déclare madame Kendrick.
- Où est-elle maintenant ? Nous revenons du chalet, mais elle ne s’y trouve plus ? S’inquiète le shérif Dunn.
- Hier soir, mon mari est allé au cabanon, il lui a expliqué que la police la recherchait, suite à l’accident qui a coûté la vie à son fils George. Elle a paniqué et a enfin accepté de venir avec lui. Il l’a amenée à la maison. Répond madame Kendrick.
- Vous voulez dire, que là, maintenant, Caroline est chez vous avec votre mari ? S’étonne Gibson.
- Oui… Conclut madame Kendrick.
- Il y a une chose qui me chiffonne Madame Kendrick. Comment saviez-vous que nous allions partir à la recherche des parents de l’enfant ? Seules quatre personnes étaient au courant de notre expédition dans les bois. Ajoute Ferrer.
Madame Kendrick se retourne alors vers le shérif Dunn.
- John, promets-moi de ne pas t’emporter, ce n’est pas de sa faute, il a juste voulu nous aider. Implore Lise Kendrick.
- Je ne peux pas le croire… es-tu en train de me faire comprendre que c’est Marshall qui vous a aidés ? Qui vous a dit ce que nous allions faire aujourd’hui ? S’étonne le shérif.
- C’était le meilleur ami de Jacob, il est comme un fils pour nous et nous sommes sa deuxième famille Joseph et moi. Je t’en prie, sois indulgent avec lui. Ce boulot d’adjoint du shérif, c’est tout pour lui, il en est tellement fier. Supplie madame Kendrick.
- Nous verrons ça plus tard Lise, le plus important maintenant, c’est de retrouver la jeune femme. Répliqua sèchement le shérif Dunn.
Ils sortent tous les trois de la pharmacie, montent dans le véhicule et se dirige vers la maison des Kendrick, à quelques pâtés de maison de là.
Arrivé devant la maison des Kendrick, le véhicule de Joseph n’est pas garé dans l’allée, comme à son habitude. Le shérif Dunn parque sa voiture devant la maison. Ils descendent du 4x4 et se dirigent vers la porte d’entrée. Le shérif frappe à la porte, mais personne ne répond. Il essaie une deuxième fois mais toujours rien. L’agent Ferrer et Gibson décident de faire le tour du bâtiment, prudemment, arme au point. À chaque fois qu’elles passent devant une fenêtre, elles en profitent pour y jeter un furtif coup d’œil, mais elles ne voient personne. Au bout de l’allée, il y a également un garage et un abri de jardin, là c’est le shérif Dunn qui va les inspecter, mais il n’y trouve personne non plus. Le shérif décide alors de téléphoner à Madame Kendrick, à la pharmacie. Il sort son portable et compose le numéro. Lise répond quasi directement.
- Lise, c’est le shérif Dunn. Nous sommes à ton domicile mais Joseph n’est pas là. Son véhicule est également absent, où sont-ils partis avec Caroline ? Demande le shérif.
- Oh mon dieu, je suis désolée, dès que vous êtes partis je l’ai appelé pour le prévenir de votre venue. Il m’a promis qu’il vous attendrait… Répond Madame Kendrick, la voix tremblante, visiblement inquiète.
- Lise, dis-moi où ils sont partis !!! Insiste le shérif d’une voix menaçante.
- Il voulait l’emmener au Canada, la frontière n’est qu’à trente minutes, puis ça sort de votre juridiction, il pensait qu’elle pourrait être tranquille et en sécurité là-bas.
- Le Canada ! Hurle le shérif avec stupéfaction.
Les agents Ferrer et Gibson tournent leur tête vers le shérif, abasourdies. Le shérif raccroche brusquement, sans laisser le temps à Madame Kendrick de répondre.
- Ils n’ont que quelques minutes d’avance sur nous, on peut les rattraper. Vite, dans la voiture ! Dit-il aux agentes du FBI.
Ils se précipitent dans le 4x4, le shérif enclenche la sirène et le gyrophare de son véhicule tout-terrain et démarre dans un crissement de pneus.
- Il y a deux possibilités pour aller au Canada : par la route 95 ou par la route 34. Mais quoi qu’il arrive, ces deux routes se rejoignent ensuite à Good Grief à environ 40 kilomètres d’ici. La 34 est une route sinueuse de montagne, le plus rapide est par la 95. Je propose qu’on aille par là. On va rouler à vive allure, si ils sont sur la 95, on va vite les rattraper. S'ils ont emprunté la 34, on aura une longueur d’avance sur eux et on les attendra à l’intersection de Good Grief. Propose John Dunn.
- On n’a pas vraiment le choix, on ne peut définitivement pas demander de l’aide à votre adjoint, vu son manque de loyauté envers les forces de l’ordre. Répond Ferrer.
Le shérif roule à tombeau ouvert sur la route 95. Ça porte ses fruits, après 20 minutes de route, ils aperçoivent le Ford Bronco de Joseph Kendrick. Le shérif continue de rouler à allure soutenue, se rapprochant de plus en plus du véhicule qu’il traque. Monsieur Kendrick, au lieu de ralentir et de se mettre sur le bas-côté au son des gyrophares, décide d’accélérer pour tenter de les semer.
- Nom de dieu ! Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Il a perdu la raison ! Je préviens la police du poste-frontière américain pour qu’ils fassent un barrage au cas où on n’arriverait pas à l’arrêter. S’exclame le shérif.
Il prend sa radio CB, se met sur le canal de la police des frontières et les prévient tout en continuant sa course-poursuite. Après une petite minute, il touche quasiment au pare-chocs de Joseph Kendrick et tente un dépassement pour arriver à se mettre devant lui et le forcer à s’arrêter. Une fois devant lui, il ralentit et scrute ses moindres déplacements pour le bloquer, mais Kendrick, encore une fois, ne se laisse pas faire et fonce dans la voiture du shérif qui est à deux doigts d’en perdre le contrôle. Constatant l’agressivité de Joseph, il tente une autre approche. Il accélère soudainement et prend de la distance avec le véhicule de Kendrick. Les deux agentes voient le véhicule s’éloigner de plus en plus derrière elles. Ils arrivent au croisement de Good Grief.
- Accrochez-vous ! Dit-il aux deux agentes du FBI.
Le shérif tire son frein à main et met le véhicule en travers de la route afin de bloquer les deux voies de circulation. À cet endroit, il n’y a pas d’échappatoire. La route est bordée d’arbres. Joseph Kendrick devra s’arrêter, les percuter ou foncer dans un sapin.