The X-Files : Reborn

Chapitre 5 : La forêt

3100 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/11/2025 17:30

Mercredi 6 novembre 2024 – 9h00

Log Inn Hotel, Bonners Ferry

 

Après quelques préparatifs de circonstance et un copieux petit déjeuner, les agentes Ferrer et Gibson sont prêtes à affronter cette journée de randonnée forestière à la recherche du chalet où pourraient vivre aujourd’hui les Peacock.

 

Équipées de vêtements et de chaussures de marche, ainsi que d’un sac à dos contenant eau et nourriture frugale, elles attendent le shérif Dunn dans le lobby de l’hôtel. Ils ont prévu de partir à 9h00 afin que la luminosité du soleil soit parfaite pour commencer leur périple au cœur de la forêt. Il arrive pile à l’heure, à bord d’un véhicule tout-terrain de fonction.

 

- « Bonjour, j’espère que vous avez passé une bonne nuit et pris un bon petit déjeuner ? Une belle et longue marche nous attend ! » Demande le shérif Dunn.

- « Oui, merci. L’hôtel est vraiment très calme, les chambres sont confortables et le petit déjeuner très varié, de quoi satisfaire tous les appétits. » Répond l’e Ferrer.

- « On a vraiment de la chance, contrairement aux journées précédentes, le temps va être sec aujourd’hui. On risque même de voir le soleil pointer le bout de son nez une fois la légère brume matinale dissipée, ce qui ne devrait pas tarder. Ah oui, je me suis permis de prendre le véhicule 4x4 de notre bureau, ça nous permettra déjà d’aller assez profondément dans la forêt sans nous épuiser. » Continue le shérif Dunn.

- « Super, ça nous permettra de gagner un peu de temps ». Intervient l’agente Gibson.

-  « Oui, le premier chalet est accessible en voiture via un chemin de terre, ce sera déjà ça de gagné. Pour les quatre autres par contre, on ne devra compter que sur nos jambes. Mais le terrain est plutôt plat, bosselé et accidenté, mais plat. Mais ça ne devrait pas vous poser de problème, je vois que vous êtes bien équipées ». Indique le shérif Dunn.

 

Ils se mettent en route rapidement. Ils ne sont pas encore arrivés au premier chalet que la prévision météo du shérif s’avère exacte : le soleil est présent et illumine les arbres d’une couleur chaude, accentuée par les tons orangés du feuillage automnal de ceux-ci.

 

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Mercredi 6 novembre 2024 – 10h00

Forêt de Bonners Ferry, à l’est de la route US-2

 

Peu après l’endroit de l’accident, ou plutôt des deux accidents, le shérif tourne à gauche vers Herman Lake Road. Au début, la route est macadamisée, mais très vite, elle devient un chemin de gravier, puis de terre. Comme son nom l’indique, elle mène vers le lac Herman, proche de la frontière avec l’État du Montana. Les agentes Ferrer et Gibson remarquent une exploitation forestière non loin de la route US-2, mais ensuite, c’est une étendue quasi infinie d’arbres, essentiellement des résineux. Sans qu’elles ne s’y attendent, le shérif tourne brusquement à gauche et pénètre dans un chemin à peine plus large que leur véhicule. Elles comprennent maintenant mieux pourquoi il a choisi ce vieux Nissan Patrol comme moyen de locomotion pour leur balade en forêt : il a l’avantage de passer partout, même si ça secoue pas mal. Ils arrivent au premier chalet peu avant 10h00.

 

La cabane en bois n’est pas très grande. On n’y trouve rien alentour si ce n’est un amas de bûches de bois. Ils descendent du véhicule.

 

- « C’est le premier chalet dont je vous parlais ce matin, celui accessible en voiture. » Commence le shérif.

- « Accessible en voiture, c’est un grand mot ». Ironise Ferrer.

- « Ah oui, ça secoue un peu une fois qu’on sort de la route. » Dit le shérif Dunn en souriant.

- « C’est le moins qu’on puisse dire. » S'amuse l’agente Gibson.

-  « Nous devons être très prudents, car nous sommes en période de chasse. Lors de notre randonnée, il faudra bien veiller à toujours rester sur les sentiers et à ne pas s’engouffrer dans la forêt hors balisage. Il est également possible que nous rencontrions des chasseurs dans les cabanes que nous allons visiter, mais ne vous inquiétez pas, je les connais tous personnellement »

- « Très bien, commençons par rentrer dans celle-ci. » Conclut Ferrer.

 

Le shérif Dunn ouvre la porte. À l’intérieur, une seule pièce, spartiate mais propre. On y retrouve une cheminée en pierre, une table en bois avec six chaises, une petite kitchenette rudimentaire et un canapé placé en face du feu ouvert. L’agente Ferrer s’étonne que la porte ne soit pas fermée à clé. Le shérif indique que c’est une petite ville et que ces chalets sont perçus comme des lieux communautaires par les chasseurs, accessible à tous ceux qui s’adonnent à cette activité. Ils ont vite fait le tour, tant intérieur qu’extérieur, et n’y trouvent rien qui pourrait leur faire penser qu’une famille vit ici.

 

Ils continuent ensuite leur périple à pied, comme prévu, et se dirigent vers le second ermitage. Quarante minutes de marche plus tard, ils arrivent à la seconde cabane. De la fumée s’échappe de la cheminée. Les agentes Ferrer et Gibson sont sur leur garde, mais le shérif les rassure en leur disant que ce ne sont sans doute que des pisteurs ou des trappeurs. Il s’approche de la porte d’entrée, frappe tout en s’annonçant.

 

- « Hé ho, c’est le shérif Dunn ! »

- « Entre John ! » Répond la voix à l’intérieur du cabanon.

 

Le shérif ouvre la porte et entre, suivi des deux agentes du FBI.

 

- « Salut Jack ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ? Alors, il y a du gibier ? »

- « Ça peut aller John, ça peut aller… » Dit-il en lançant un regard suspicieux sur les deux femmes.

 

Jack est un homme, grand, d’une soixantaine d’années, avec une barbe et des cheveux mal entretenus de couleur blanche. Il est assis dans un vieux rocking-chair en bois, près du feu quand ils rentrent dans le cabanon.

 

- « Je te présente les agentes Vivian Ferrer et Catherine Gibson, du bureau du FBI de Salt Lake City » Indique le shérif.

- « Bonjour Mesdames. »répond Jack, qui se tourne ensuite vers John.

- « Mais pourquoi es-tu venu te perdre ici, en si bonne compagnie en plus ? » Continue Jack.

- « Ces agentes m’aident dans l’enquête sur la mort tragique de ce garçon sur la route US-2. Nous sommes à la recherche d’une habitation dans la forêt où pourrait vivre une famille. D’où notre présence ici aujourd’hui. » Répond le shérif.

- « J’ai entendu parler de cet accident, quelle horrible histoire la mort de ce gamin… mais si tu cherches un endroit habitable ici, ça va être compliqué. » Stipule Jack.

- « Habitable est un grand mot, la famille que nous cherchons est connue pour vivre recluse et dans une sobriété extrême. C’est pour ça que nous faisons le tour des chalets de chasse. » Se permet d’intervenir l’agente Gibson.

- « Tu as prévu de visiter quelle cabane John ? » Interroge Jack, ignorant l’intervention de l’agente Gibson.

- « Attends, je te montre sur la carte. »

 

Le shérif déplie sa carte et indique les emplacements qui leur restent. Jack lui apprend que le troisième chalet n’existe plus : un arbre est tombé dessus lors de la dernière tempête. Et dans le quatrième, il y trouvera actuellement Robert et Jim. Il les a croisés hier et ils passent quelques jours en forêt à la recherche de cerfs à observer. Quant au cinquième, ça vaut peut-être le coup d’y aller, mais c’est un chalet plus petit que celui-ci, difficile de croire qu’une famille y a trouvé refuge. De plus, il est proche du lac Herman, mieux vaut y aller en voiture par la route 72 qu’à pied d’ici.

 

- « Sinon, tu n’as rien remarqué de particulier ces derniers temps dans le coin ? Des pistes bizarres dans la forêt ? Des pièges à petit gibier ? Des mouvements inhabituels ? » Demande Dunn.

- « Maintenant que tu le dis, j’ai peut-être bien vu un truc hier soir, du côté de la route 79. Tu sais, il y a quelques maisons là-bas, dont une qui est proche d’un sentier fréquemment utilisé par les trappeurs. » Continue Jack.

-  « Oui, je vois bien l’endroit. » Acquiesce le shérif.

- « Figure-toi que j’y ai croisé le vieux Kendrick. » Dit Jack.

- « Le pharmacien ? » Intervient Ferrer.

- « Oui, le pharmacien. Il roulait sur le sentier à bord de son vieux Ford Bronco. » répond Jack à l’agente Ferrer, surpris qu’elle sache qui était monsieur Kendrick.

 

Un silence s’installe dans la seule et unique pièce que compte le chalet. On entend juste crépiter la bûche de bois dans le feu de la cheminée. Catherine interrompt le silence et demande à Jack d’indiquer le plus précisément possible l’endroit sur la carte, ce qu’il fait. Le shérif remercie Jack pour son hospitalité et sort du chalet accompagné des agentes Ferrer et Gibson. Ils s’éloignent de l’habitation avant de commencer à parler. Vivian échange rapidement un regard vers Catherine, comme pour décider muettement de ce qu’elle allait dire au shérif. Catherine la regarde et lui fait un léger signe de la tête en guise d’approbation.

 

- « Shérif Dunn, je sais que vous connaissez tout le monde ici, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que le pharmacien est lié à notre affaire. » Commence l’agente Ferrer.

- « Je ne peux pas y croire, les Kendrick sont des personnes, certes rustres, mais aux service de la population de Bonners Ferry depuis plusieurs décennies grâce à leur pharmacie familiale et de proximité. » S’entête le shérif.

- « Est-ce que, justement, leur bon cœur ne pourrait pas les pousser à aider secrètement une famille dans le besoin ? À leur apporter de quoi se soigner, par exemple ? » Continue l’agente Gibson.

- « Si, bien sûr, là je peux vous rejoindre. Mais alors pourquoi auraient-ils menti hier ? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ? Surtout après le terrible accident de ce week-end ? Pourquoi tant de secrets et de mensonges ? Là, je ne comprends pas. « Dit le shérif, abattu.

- « Ils agissent peut-être aujourd’hui sous la contrainte ? Nous savons que les Peacock sont violents. » Tente d’avancer Ferrer.

- « Une chose est sûre, c’est que les Kendrick ne souhaitent pas que nous identifions ce garçon. À nous de découvrir pourquoi. Je propose que nous retournions à la voiture, que nous allions à l’endroit indiqué par Jack à la recherche d’un endroit où pourrait vivre cette famille. » Conclut l’agente Gibson.

 

Le shérif et Ferrer acquiescent et ils commencent à marcher tous les trois en direction du premier chalet où est stationné leur véhicule.

 

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Mercredi 6 novembre 2024 – 12h10

Route 79, non loin de la route US-2

 

Une bonne heure plus tard, le 4x4 du shérif s’engouffre dans la route 79, qui n’est qu’un large chemin de terre. Il laisse passer deux autres chemins qui s’ouvrent sur sa droite, menant vers des habitations, et s’engage dans le troisième. Au bout de celui-ci se trouve une demeure vétuste faite de bois et de tôles ondulées. Juste avant d’arriver devant cette maison, une autre piste apparaît sur la droite. Le shérif s’y enfonce avant d’arrêter son véhicule.

 

- « C’est le sentier dont parlait Jack tout à l’heure. » Lance le shérif.

- « D’après la fraîcheur et la taille des ornières dans ce sol boueux, on distingue clairement qu’un véhicule est passé par ici récemment. Je suppose que le chemin n’est pas si fréquemment emprunté par des 4x4 ? » Demande Gibson.

- « Non en effet, c’est une piste étroite et difficilement accessible qui traverse la forêt et serpente jusqu’au Lac Herman. Elle est surtout utilisée par des marcheurs ou parfois des quads, mais rarement par des automobiles. »

- « Nous devons suivre ces marques de pneus au sol et voir où elles nous mènent. Ce sont, sans l’ombre d’un doute, celles du Ford Bronco des Kendrick. » Conclu Ferrer.

 

Ils descendent du 4x4 du shérif et décident de continuer à pied afin de suivre plus facilement ces traces de véhicule et ne pas les détériorer avec le passage du leur. Ils continuent à suivre les traces au sol pendant un petit kilomètre. Le sillon laissé par les pneus s’arrête soudain. Le shérif et les agentes Ferrer et Gibson commencent à inspecter les alentours afin de trouver d’autres empreintes au sol.

 

Le shérif distingue des traces de pas, assez larges, sans doute des bottes ou des bottines, qui pénètrent encore plus profondément dans la forêt déjà épaisse et dense à cet endroit. Ils suivent cette nouvelle piste pendant une centaine de mètres. Là, ils découvrent une vieille et petite bicoque en bois qui est dans un état de délabrement avancé. Ils marquent un arrêt, restent cachés derrière la végétation abondante et se concertent avant d’aller plus loin.

 

- « Nous devons être très prudents. Si nous avons bien affaire aux Peacock, la maison est sans doute truffée de pièges. Ils sont sans doute également armés. » Commence l’agente Gibson.

- « Ils ont perdu leur fils, ils savent que nous enquêtons. Ils sont aux abois, comme en 1996, ils ne reculeront devant rien ni personne pour protéger leur famille. » Continue l’agente Ferrer.

- « Je comprends, on ne peut pas simplement frapper à leur porte, c’est trop dangereux. » Confirme le shérif Dunn.

- « À l’époque, les agents Mulder et Scully ont tenté de faire diversion afin de les faire sortir de leur maison. Nous pourrions en faire de même. » Propose l’agente Ferrer.

- « Bonne idée. » Répond le shérif.

- « Il y a un gros tas de bûches, en forme de pyramide, à l’avant droit de la maison. Je propose de le renverser. Ça fera du bruit et les obligera peut-être à sortir ? » Indique l’agente Gibson.

- « Pendant ce temps, le shérif et moi, on se met à couvert derrière cet arbre, à gauche, juste à côté de l’habitation. » Continue Ferrer.

- « OK, parfait, on se met en place » Termine le shérif.

 

Une fois à leur poste respectif, l’agente Gibson fait tomber les bûches. Chacun est sur le qui-vive, arme au point. Mais rien ne bouge, aucun son ne s’échappe de la maison et personne n’en sort. L’agente Ferrer tente alors une approche seule vers la porte d’entrée. Le shérif et l’agente Gibson restent sur leur position et la couvrent. Elle passe devant une fenêtre et en profite pour y jeter un coup d’œil rapide. Elle n’y voit personne. Arrivée devant l’entrée, elle tourne doucement la poignée, la porte s’ouvre. Elle regarde furtivement dans la maison et n’y voit encore une fois personne. Le shérif et l’agente Gibson la rejoignent, toujours sur leur garde et arme à la main. Ils décident d’entrer ensemble dans l’habitation tout en regardant où ils mettent leurs pieds, de peur qu’un piège s’enclenche. Ils découvrent un logement vétuste et d’une saleté dégoûtante. On ne voit plus le sol tellement il est jonché de détritus et ce qui ressemble à des meubles de cuisine sont couverts de boîtes de conserves vides. Au fond de la seule et unique pièce, il y a ce qu’on pourrait appeler un matelas, ou du moins ce qu’il en reste, tellement il est sale et défoncé.

 

- « Il n’y a plus personne ici, mais il y avait quelqu’un il y a encore peu de temps. » déclare Gibson en indiquant une boîte de conserve dont le reste de nourriture n’est ni pourri, ni séché.

- « Je confirme. » Continue Ferrer, qui en fouillant dans un sac en papier, a trouvé un ticket de caisse datant de la semaine passée.

 

Ils continuent à fouiller dans les détritus afin de trouver des indices. Les produits alimentaires viennent d’un seul et même magasin de Bonners Ferry, proche de la pharmacie des Kendrick. Sur les tickets de caisse retrouvés dans certains sacs, ils n’y trouvent aucun numéro de compte qui pourrait formellement lier leur affaire aux Kendrick : tout a toujours été payé en liquide, pour ne laisser aucune trace.

 

- « Tous les indices convergent dans la même direction, l’étau se resserre… » Commence Gibson.

- « Nous devons retourner au centre-ville de Bonners Ferry, arracher aux Kendrick la vérité sur cette sordide histoire. » continue et conclut Ferrer.

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