Femme de super-héro

Chapitre 2 : Partie I Chapitre 1

1346 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/02/2017 14:36



Partie I

Chapitre 1




Toutes les

nuits, ensemble, ils sillonnaient les cieux. Mais un des autres esprits en éprouvait de la jalousie, Langue Fourchue voulait la lune pour lui tout seul. Il a donc dit à Kuekuachu que la lune voulait qu'il lui offre des fleurs, qu'il devait faire le voyage jusqu'à notre monde pour lui cueillir des roses. Mais Kuekuachu ignorait que celui qui laisse le monde des esprits derrière lui ne peut pas y revenir. Et toutes les nuits depuis, il contemple le ciel, voit la lune et il hurle son nom. Mais il ne peut plus la toucher.

Kayla


Allongée sur le lit, je m'éveille lentement sans cette fatigue du matin. Mes paupières se soulèvent avec lourdeur. C'est alors que se dessine une mince fente frangée de sourcils. La clarté qui a envahi la pièce s'y faufile et m'éblouie. En effet, les rideaux sont ouverts et le paysage canadien s'étend derrière la baie vitrée. La neige a recouvert la forêt toute entière. Tout est tranquille, paisible. Fini le brouhaha incessant de la ville. Les animaux sommeillent. Quelques-uns font résistance et s'élancent entre les buissons enneigés. Ici, les arbres ont gardé leur feuilles. Rien n'a l'air d'être mort. Tout reste simplement endormi, reposé. Les sapins me font pensé aux contes de Noël et réveillent en moi la petite fille que j’étais. Leurs branches se plie parfois sous la lourdeur de la neige.


Près de moi, la place de Logan est vide. Il doit certainement être en train de parler au le propriétaire du chalet. Le fait de savoir que le séjour ne dure qu'un week-end me rend déjà nostalgique. Cet endroit nous apporte l’intimité que nous recherchions depuis longtemps. Bien que petit, il est assez éloigné pour nous donner de la tranquillité et est suffisamment équipé pour nous permettre de rester bien au chaud. Les murs de bois sont joliment décorés de tableaux d’animaux de la forêt. L'ambiance est chaleureuse. La cheminé crépite grâce à Logan qui s’est levé plus tôt. Je me sens en sécurité dans ce deux pièces aménagé avec goût. C’est comme une bulle m’isolant de tout ce qui pourrait m’agresser.


Si seulement nous pouvions vivre ici ,loin des soucis du travail, de la famille, du monde. J’aimerais soudainement qu’il soit là.


A cette pensée, un sentiment amère apparaît. Je grimace. Quelle chochotte je suis. Jamais je ne n’avouerai au monde ce que je pense là. Personne ne doit savoir qu’une femme telle moi a parfois envie de céder à une telle passivité. Non. Je suis Hina Yamazaki, journaliste intrépide et indépendante.


Paresseusement, je baille, m'étire et m'extirpe du lit. J'enfile des vêtements chauds et m'aventure à l'extérieur. Mes poumons s'emplissent pleinement de l'air montagnard. Le silence environnant me fait frémir. C'est presque magique. Comme si une force bienveillante s'évertuait à protéger ce petit havre de paix.


« Hey Max ! » m'exclamé-je en voyant le chien-loup du propriétaire.


Posté à l'orée de la forêt, le huski me fixe de ses yeux vairons. Il aboie, comme s'il m'appelait. Perplexe, je plisse les yeux, hésite. L'animal fait un tour sur lui-même en s'impatientant. Il tire la langue et me fixe à nouveau avant d'émettre un autre appel. Enfonçant un peu plus mes poings dans les poches de mon gilet, je m'humecte les lèvres et avance d'un pas ferme vers lui .


Tous deux, nous traversons quelques mètres de forêt. Mes bottes s'enfoncent profondément dans la neige immaculée. Le froid me rafraîchit le visage. Bien vite, la ballade m'emballe et je me surprends à m'amuser en sillonnant entre les arbres. De temps en temps, je me penche et ramasse un peu de neige que je tasse en boule. Emportés par la pente douce, mes pas s'accélèrent d'eux-mêmes. Ainsi, prise d'une insensible euphorie, je me met à rire en me rendant compte que je ne peux plus m'arrêter. C’est comme si je communiais pleinement avec la nature. Bien que j’ai toujours aimé l’été, je me rend compte de tout ce que l’hiver a à nous offrir si nous prenons seulement le temps de le découvrir.


Je pose ma main contre l’écorce des arbres en cheminant patiemment. Mes oreilles se tendent vers les histoires et les secrets que pourraient me murmurer cette forêt.

 

Je prie le chien de m'attendre. Bien sûr, il n'en fait rien et me sème à un moment. Soudain, j'étouffe un petit cri en m'arrêtant de justesse devant un lac gelé. Hagarde, je me suis rattrapée à un arbre et respire fort. Plus loin, Max se tient sur la glace et aboie.


« Max, revient, c'est dangereux ! »


Mais le chien ne lâche pas l'affaire. Il gratte hargneusement la glace, bave à force d'aboyer. Ses grognements font écho au milieu de ce lac de taille moyenne. Il faut que je le ramène avant que la glace ne se brise.

J’inspire profondément et m'aventure sur l'eau, à première vue , solide. Je manque de glisser et retire mes mains de mes poches pour garder l'équilibre. Pas à pas, j'avance prudemment sur la glace. Cette dernière craque de temps en temps. Les bulles qui y éclatent ne me rassurent pas. Dans le ciel, le soleil fait tranquillement son ascension et les nuages s'évertuent à lui faire une place. Ses rayons ne vont pas tarder à fragiliser l'eau gelée. J'atteins enfin l'animal et m'accroupis devant lui.


« Max,enfin, qu'est-ce que tu as ? » pesté-je


Il jappe, regarde le sol. Mes yeux suivent les siens. Je sursaute. Je viens de voir un visage sous l'eau. Mes genoux tombent à terre et immédiatement, je me mets à balayer la surface gelée de l'eau pour y voir plus clair. Deux grands yeux m'observent, bien vivants. Ce sont ceux d'une femme à peine plus jeune que moi. Ils sont bleus et incroyablement profonds. J'ai l'impression d'y être tombée. Un vertige me prend.


« Oh mon Dieu!»


Je me lève d'un bon et porte une main à mon front en reculant. Plusieurs chose se bousculent dans ma tête, à savoir, que faire en premier. Fuir ? La sortir de là ? Appeler quelqu'un ? La glace craque sous mes pieds. Je m'en rends tout juste compte qu' elle se dérobe brusquement. J'ai à peine le temps de réagir que je m’enfonce dans l'eau avec des plaques de glace.


C'est comme si le trou m'aspirait. Les bras levés vers la surface, je bats furieusement des pieds pour remonter mais mes vêtements entravent mes mouvements. Le froid me paralyse et pénètre mes os. Désorientée, mes mains heurtent la glace sous laquelle je suis prisonnière. C'est comme dans un mauvais rêve. J'entends Max qui aboie juste au-dessus de moi. Il hurle, appelle mieux que personne ne l’aurait fait.


Des bulles d'airs s'échappent dangereusement de mes narines. Il fait sombre ici-bas. C'est angoissant. J'étouffe. Le sang cogne affreusement dans mes tempes. Je veux sortir. Deux bras aussi froids que fins me capturent soudainement. Ils m'entraînent vers le fond.


« Nhn! »


Je me débats furieusement. Ca y est. L'eau a envahi mes poumons. Ces derniers souffrent. En plus d'être à court d'oxygène, je suis prise de violent spasmes. Je veux remonter. C'est indescriptible. Jamais je n'ai ressenti pareille sensation. Je ne veux pas mourir. Pas maintenant. J’ai encore tellement à faire. Mon Dieu, s’il vous plaît, pas maintenant. Je revois des visages familiers, des souvenirs que je croyais enfouis.,Tout d'un coup, pour mettre fin à mon calvaire, un voile noir couvre mes yeux. Plus de froid, plus de chaud. Rien, excepté un horrible sentiment de tomber.



Laisser un commentaire ?