Quand la sirène sonne pour Jonah
Chapitre 7 : Petits cœurs, grandes peurs
1227 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 05/10/2025 22:14
La lumière pâle de l’aube filtrait à travers les stores, jetant une lueur grise sur la chambre d’hôpital. Tout était calme, mais ce calme était trompeur. Jonah, dans le lit, remuait encore, ses petits bras agités, un léger frisson parcourant son corps. Ses paupières papillonnaient, ses lèvres tremblaient, et il laissait échapper des sanglots étouffés dans le sommeil. La nuit avait été longue, trop longue.
— Chhh… c’est fini, bébé, c’est fini… murmura Carlos, à demi affalé sur le lit, une main posée sur le front moite de son fils.
TK, lui, ne dormait plus depuis des heures. Replié dans le fauteuil près du lit, le dos voûté, les yeux cernés et rouges, il fixait Jonah avec une attention obsessionnelle. Chaque respiration, chaque mouvement lui coupait le souffle. La fatigue le tirait vers le sol, mais la peur de laisser son fils seul l’empêchait de fermer les yeux.
Carlos échangea un regard épuisé avec lui.
— On doit dormir un peu, tous les deux. Sinon on ne tiendra pas le coup…
TK secoua la tête, la voix rauque :
— Je peux pas. Il a besoin de nous. Chaque fois qu’il se réveille, il panique… Je peux pas le laisser seul.
À ce moment, la porte s’ouvrit doucement. Andrea entra à pas feutrés, portant deux cafés fumants et un petit sac en papier avec de quoi manger. La fatigue marquait ses traits, mais son regard était empli de douceur et d’inquiétude.
— Mes amours… souffla-t-elle.
Carlos se redressa à peine, soulagé.
— Mama…
Il se leva et se jeta dans ses bras. Andrea l’enlaça, caressant doucement sa nuque, puis posa son regard sur Jonah, toujours agité sous la couverture, le visage partiellement masqué par la canule et la perfusion.
— Comment il va se matin ? murmura-t-elle, les yeux se posant sur son petit corps tremblant.
— Il a passé une nuit difficile, répondit TK, la voix brisée. Chaque fois qu’une infirmière entre, il panique. Il croit qu’on va encore lui faire mal…
Andrea posa les cafés sur la table de chevet et s’agenouilla près du lit.
— Pauvre petit cœur… Et vous, vous devez dormir. Laissez-moi veiller un moment sur lui.
TK secoua la tête, luttant contre l’épuisement.
— Je peux pas… Il a besoin de moi. Chaque fois qu’il se réveille, il panique.
À peine eut-elle terminé que la porte s’ouvrit de nouveau, et une infirmière entra.
— Il dort? demanda-t-elle
Carlos hocha la tête.
— Ok, je vais essayer de ne pas le réveiller, dit-elle avec un sourire doux.
Elle s’approcha du lit, ses gestes lents et précis, presque comme si elle craignait de troubler le sommeil fragile de Jonah. Ses mains se posèrent avec délicatesse sur la poitrine du petit garçon pour écouter son cœur. TK et Carlos retenaient leur souffle, chacun prêt à intervenir au moindre signe d’agitation.
— Très bien… murmura-t-elle, sa main suivant le rythme régulier du moniteur.
Mais le contact, aussi léger soit-il, réveilla Jonah. Ses yeux s’ouvrirent en grand, le visage figé par la peur. Un cri étouffé s’échappa de ses lèvres.
— Non ! Pas ça ! Pas ça ! cria-t-il, les petites mains cherchant frénétiquement à repousser la main de l’infirmière
TK se pencha immédiatement, le cœur battant, et attrapa doucement ses bras pour le calmer.
— Chhh… je suis là mon cœur… ça va aller…
L’infirmière, un peu embarrassée mais toujours douce, recula légèrement et posa une main rassurante sur le lit.
— Désolée, mon petit, je ne voulais pas te faire peur… Je veux juste écouter tes poumons…
Elle sourit doucement à Jonah.
— Tu aimerais que ton papa essaie avant moi ?
Jonah la regarda avec de gros yeux apeurés, puis se tourna vers TK.
— Tu veux ? demanda TK doucement.
Jonah hocha la tête. TK attrapa alors le stéthoscope et le plaqua délicatement contre la poitrine de son fils.
— D’accord… tu vois, ça ne fait pas mal. C’est juste froid… Je vais écouter, d’accord ? Reste tranquille… et respire bien fort pour moi.
Jonah inspira profondément. TK murmura à voix basse, le regard fixé sur lui :
— Sons respiratoires clairs… léger râle expiratoire… aucune crépitation. Capacité respiratoire intacte, mais fréquence légèrement accélérée.
L’infirmière leva un sourcil, amusée, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.
— Eh bien… vous êtes médecin ? demanda-t-elle, un brin taquine.
TK secoua la tête, un sourire fatigué sur le visage.
Mais c’est Jonah qui répondit, lentement :
— Non… papa TK est ambulancier.
L’infirmière rigola doucement, le sourire rassurant. Puis, prenant le stéthoscope, elle se pencha lentement vers Jonah.
Le petit se laissa faire, mais ses yeux restaient grands ouverts, scrutant chaque geste, comme s’il redoutait qu’on lui fasse mal à nouveau.
L’infirmière termina son examen et quitta la chambre en silence. Jonah se recroquevilla à nouveau contre son père, tremblant encore légèrement, mais ses mouvements se firent plus réguliers. Au bout de quelques minutes, il se rendormit, la respiration enfin plus calme.
Carlos posa une main douce mais ferme sur l’épaule de TK.
— TK… on n’a presque pas fermé l’œil depuis hier. On doit tenir pour lui. Ma mère est là maintenant. Tu peux fermer les yeux quelques minutes, il sera en sécurité, murmura-t-il, le regard plein de compassion.
TK hésita, le cœur serré, les yeux rivés sur le visage paisible de son fils. La fatigue le tirait pourtant vers la tentation de s’affaisser un instant. Il inspira profondément, sentant la chaleur rassurante de la main de Carlos et la présence vigilante d’Andréa à quelques pas.
— D’accord… juste quelques minutes, murmura-t-il enfin.
Il se leva doucement, mais ce simple mouvement fit gémir Jonah. Ses yeux papillonnèrent, la peur encore vive dans son regard.
— Tu n’es pas seul, mon trésor, chuchota Andréa en prenant place dans le lit. Abuela está aquí…
Jonah, apaisé par la voix tendre de sa grand-mère, déposa lentement sa tête sur son épaule. Ses petits doigts s’accrochèrent à sa chemise, et il se rendormit, cette fois plus profondément, rassuré par la chaleur et la présence d’Andréa.
Puis, la porte s’ouvrit brusquement.
— TK ! Carlos !
Owen entra à grandes enjambées, l’inquiétude gravée sur le visage, le sac de voyage encore sur l’épaule. TK se leva aussitôt et se jeta dans ses bras.
— Il va bien, murmura-t-il, la voix étranglée. Mais il a eu si peur, papa…
Andrea posa doucement sa main sur son épaule :
— Ton père et moi on veille sur lui. Aller vous reposer…
— Andréa a raison, reprit Owen. On prend le relais.
TK inspira profondément, son cœur battant encore à tout rompre, tandis qu’il observait Jonah se recroqueviller un peu plus sous sa couverture, toujours à demi effrayé à chaque bruit. Même avec sa famille autour, il savait que le plus dur n’était pas passé.