La journée Catastrophe
Matéo lisait un livre de pompiers à voix basse, assis dans un coin du dortoir. Jonah, lui, dormait paisiblement quand TK revint de son intervention. Profitant d’un moment de répit, TK reprit une nouvelle douche pour enlever la boue séchée de ses cheveux et enfila pour la troisième fois de la journée un nouvel uniforme.
— Il s’est endormi deux minutes, on dirait qu’il va un peu mieux, murmura Matéo quand TK revint dans le dortoir.
TK s’installa doucement dans le lit et attira Jonah contre lui. Le petit s’abandonna complètement, trop fatigué pour protester. TK laissa son front contre la joue chaude de son fils, respirant doucement son souffle tiède.
Au bout d’une vingtaine de minutes, Judd passa sa tête par la porte du dortoir.
— Tu crois qu’il accepterait un peu de bouillon ? demanda-t-il, un bol à la main. Je l’ai laissé tiédir un peu…
La bonne odeur chatouilla les narines de Jonah. Il entrouvrit lentement les yeux, encore embués de fièvre.
— Tu as un peu faim, mon cœur ? demanda TK en caressant ses cheveux légèrement humides de sueur.
Jonah hocha la tête avec effort. TK lui tendit le bol avec précaution, essayant de ne pas le renverser. Le petit prit une cuillère, savourant quelques bouchées, concentré sur le geste. Mais soudain, un petit mouvement maladroit et le bol bascula sur le côté, déversant une vague tiède sur le pantalon de TK.
TK souffla par le nez et ferma les yeux, laissant échapper un petit soupir.
— Désolé, papa… murmura une petite voix
— Ce n’est pas grave, mon cœur, répondit TK en souriant malgré tout. Je vais juste me changer… encore une fois. Espérons seulement qu’il me reste des uniformes propres…
Judd et Matéo échangèrent un regard amusé, secouant la tête.
Mais l’amusement fut de courte durée : la sirène stridente de la caserne fendit l’air, interrompant ce fragile instant de paix. Jonah, lové contre TK, sursauta, ses grands yeux embués de fièvre cherchant la source du bruit.
TK, déjà sur le qui-vive, soupira en entendant l’annonce.
— Feu de structure, besoin de renfort et service d’urgence… plusieurs victimes possibles…
Il savait que ce moment allait arriver. Il devait intervenir, mais il ne pouvait pas laisser Jonah seul à la caserne.
Judd se leva rapidement et hurla dans le couloir :
— Paul ! Tu prends le commandement de cette intervention. T’es capitaine temporaire, annonça-t-il d’une voix ferme.
— Quoi ? T’es sérieux ? fit Paul, surpris.
— Oui. Je reste ici avec le petit, répondit Judd en se tournant vers TK avec un regard rassurant. Je vais veiller sur lui. T’inquiète pas.
TK le fixa un moment, touché par ce geste. Il hocha lentement la tête, la gorge serrée.
— Merci, Judd… vraiment.
Judd tapota son épaule, puis s’approcha du lit. Il couvrit mieux Jonah avec la couverture et murmura :
— Papa revient vite, mon grand.
Il quitta la pièce d’un pas rapide, laissant TK un peu plus serein, même si l’inquiétude restait là, tapie en arrière-plan.