Aucun repos
Enfin. La salle de repos les accueillit comme une oasis en plein désert. Les murs semblaient absorber un peu de leur fatigue, et l’air chaud portait un parfum de café et de repas à moitié préparés. Les chaises grinçaient sous leurs corps exténués.
Nancy s’écroula dans un fauteuil, le souffle court, les épaules affaissées, et laissa échapper un soupir qui trahissait à la fois l’épuisement et le soulagement. TK, les traits tirés, porta enfin une tasse de café à ses lèvres. La chaleur liquide lui brûla doucement la langue, et il ferma les yeux comme pour savourer un miracle. Chaque gorgée semblait lui rendre un peu de force, comme si le liquide noir et amer était un élixir réparateur.
Mathéo — vaillant et naïf — s’était mis aux fourneaux, une spatule à la main, prêt à transformer un repas rapide en un petit festin. L’odeur du café mêlée à celle des tortillas et des épices flotta dans la pièce, offrant un réconfort bienvenu. TK laissa échapper un léger sourire, l’ombre d’un instant de normalité dans une journée cauchemardesque.
Son téléphone vibra sur la table, le tirant de sa bulle de réconfort. Un message de Carlos apparut : « J’ai du temps pour venir dîner avec toi. »
Un petit sourire naquit au coin des lèvres de TK, ses yeux s’illuminant d’un éclat de tendresse et d’espoir. Mais avant qu’il ne puisse répondre, la radio grésilla, implacable et cruelle :
— Explosion signalée dans un immeuble résidentiel. Plusieurs blessés.
Nancy leva les bras au ciel dans un cri silencieux, presque théâtral, tandis que Mathéo, épuisé mais stoïque, ferma le rond du poêle d’un geste sec et murmura :
— C’est une blague…
Le silence dura une fraction de seconde, lourd de fatigue et d’incrédulité, avant que chacun ne se relève, les traits tirés, les muscles tendus, prêt à replonger dans le chaos. La pause salvatrice venait à peine de commencer… et déjà, la 126 était rappelée à l’action.