Aucun repos
Ils boitaient presque en entrant dans la caserne, les vêtements poisseux de sueur et de cendre collant à leur peau, les visages tirés et les yeux cernés par la fatigue accumulée depuis le lever du jour. Chacun avançait comme un automate, encore imprégné de l’adrénaline des interventions précédentes. Le silence pesant n’était rompu que par le froissement des bottes sur le sol et le grincement des vestiaires.
Puis, dans le frigo, un petit miracle les attendait : Carlos avait laissé des plats préparés. Des tacos — les préférés de TK. L’odeur réconfortante emplit la pièce et fit naître quelques sourires fatigués.
— On a tous l’air de figurants dans un film d’apocalypse, constata Paul en ouvrant une cannette, la voix à peine plus forte qu’un souffle.
— Sauf qu’eux, ils crèvent pas de faim, grogna Mateo en s’affalant lourdement sur une chaise, laissant échapper un soupir de soulagement.
Tommy attrapa une pomme, en croqua un morceau avec avidité, tandis que Mathéo essayait pour la deuxième fois de préparer quelque chose à manger dans un coin de la cuisine. Chacun trouvait un petit moment de répit, un instant fragile où la normalité semblait presque revenir.
Mais ce fragile calme fut de courte durée : cinq minutes à peine s’écoulèrent avant que l’alarme ne hurle de nouveau, tranchant le silence comme un coup de tonnerre. Les regards se croisèrent, fatigués mais déterminés, et chacun se précipita vers son rôle, reprenant le rythme effréné d’une journée qui ne connaissait pas de pause.