Tranche de vie

Chapitre 2 : La première bouchée

720 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/10/2025 18:20

Ce matin-là, TK débarqua à la caserne avec un énorme sac à couches et une boule au ventre. Carlos le suivait de près, l’air mi-amusé, mi-exaspéré, Rose lovée dans ses bras.

— Ça va ? demanda Paul en voyant TK déposer le sac sur la table de la cuisine comme si c’était une bombe.

— Je t’dirai ça dans quelques minutes… marmonna TK en fouillant déjà dans le garde-manger.

Les membres de la 126 s’étaient tous rapprochés, intrigués par la scène.

— On peut savoir pourquoi Rosie fait son stage ici ce matin ? lança Judd avec un sourire en coin.

TK se retourna, triomphant, un énorme pot de beurre d’arachide dans les mains.

— Rose est rendue au stade où on doit introduire les allergènes, expliqua-t-il d’un ton beaucoup trop sérieux.

— Et tu veux faire ça ici ? demanda Mateo, les yeux ronds.

— TK est trop stressé pour le faire à la maison… intervint Carlos en retenant un rire.

— Mon cœur, répliqua TK d’un ton tranchant. Tu sais combien de temps ça prend à une ambulance pour se rendre jusqu’à chez nous ? Sept minutes, dix-huit secondes. Si Rose fait un choc anaphylactique, c’est long, sept minutes sans oxygène…

Carlos leva les yeux au ciel.

— J’veux même pas savoir comment t’as fait ton calcul.

— Bon, on va essayer de calmer le papa stressé, dit Tommy en s’avançant avec un sourire rassurant.

Elle prit Rose des bras de Carlos avec une douceur naturelle.

— Viens-là, ma toute belle. On va gérer ça comme des pros.

Sans attendre, elle se dirigea vers l’ambulance garée, ouvrit les portes arrière et installa Rose sur le brancard.

— Nancy, oxygène, ordonna-t-elle avec son assurance habituelle. TK, tu prends l’épinéphrine. Carlos… toi, tu m’apportes le pot de beurre d’arachide et une cuillère.

Dans l’ambulance, Rose observait tout ce manège avec de grands yeux curieux, mordillant ses poings et laissant des filets de bave sur le cuir du brancard. TK et Nancy grimpèrent dans le véhicule, préparant le matériel avec un sérieux digne d’une intervention réelle.

Carlos revint avec une cuillère débordante de beurre d’arachide et la tendit à Tommy, l’air de plus en plus sceptique.

Tout autour, la 126 s’était rassemblée devant l’ambulance, mi-amusée, mi-inquiète, se demandant si elle assistait à une scène d’entraînement… ou à une folie passagère des Strand-Reyes.

Tommy prit la cuillère avec un sérieux d’urgentiste en mission.

— Bien. Première introduction officielle au beurre d’arachide, déclara-t-elle comme si elle annonçait un protocole vital.

Elle approcha doucement la cuillère des lèvres de Rose. Tout le monde autour de l’ambulance se figea. Même Judd avait arrêté de respirer.

Rose renifla l’air, intriguée, puis ouvrit la bouche et engloutit la cuillerée avec un petit bruit satisfait.

— Oh mon Dieu… elle aime ça, chuchota Carlos, les yeux brillants d’un mélange de soulagement et d’émerveillement.

La petite fit une grimace, mâchonna un peu, puis battit joyeusement des bras en réclamant davantage, le visage barbouillé de beurre.

TK, crispé au départ, laissa échapper un souffle tremblant.

— Pas de gonflement… pas de rougeur… respiration normale…

Nancy, qui surveillait Rose comme si elle était en plein triage, hocha la tête.

— Santé parfaite. On a une grande amatrice, visiblement.

Un éclat de rire général secoua la 126. Judd tapa l’épaule de TK.

— Eh bien, t’as survécu, papa. Plus de peur que de mal.

Rose, quant à elle, continua de gigoter et de baver joyeusement, réclamant déjà une autre bouchée.

Carlos prit la cuillère encore à moitié pleine et la montra à TK avec un sourire malicieux.

— Alors, monsieur panique, tu veux lui donner la deuxième ?

Sous les regards amusés de toute l’équipe, TK prit une grande inspiration, s’assit près de sa fille et, le cœur battant, approcha la cuillère de sa bouche.

Rose la dévora avec un petit gloussement ravi, sans aucune réaction allergique.

TK finit par sourire pour de vrai, les yeux humides.

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